M. DCC. XXXI. AVEC APPROBATION ET PRIVILÈGE DU ROI.
de MONSIEUR DE VOLTAIRE
APPROBATION §
J’ai lu, par ordre de Monseigneur le Garde des Sceaux, la TRAGEDIE DE BRUTUS, avec le Discours à Mylord Bolingbroocke. A Paris, ce 13 Janvier 1731.
DUVAL.
PRIVILÈGE DU ROI. §
LOUIS, par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre ; À nos amés et féaux Conseillers, les Gens tenants nos Cours de Parlement, Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand-Conseil, Prévôt de Paris, Baillifs, Sénéchaux, leurs Lieutenants Civils, et autres nos Justiciers, qu’il appartiendra : SALUT. Notre bien amé-le Sieur *************************** , Nous ayant fait remontrer qu’il souhaiterait faire imprimer et donner au Public un ouvrage qui a pour titre : BRUTUS, Tragédie, s’il Nous plaisait lui accorder nos Lettres de privilège sur nécessaires ; offrant pour cet effet de le faire imprimer en bon papier et beaux caractères, suivant la feuille imprimée et attachée pour modelé sous le contre-scel des présentes. À CES CAUSES, voulant traiter favorablement ledit Sieur Exposant, Nous lui avons permis et permettons par ces Présentes, de faire imprimer ledit ouvrage ci-dessus spécifié, conjointement ou séparément, et autant de fois que bon lui semblera, sur papier et caractères conformes à ladite feuille imprimée et attachée sous notre-dit contre-scel, et de le faire vendre et débiter partout notre Royaume pendant le temps de six années consécutives, 3 compter du jour de la date des-dites Présentes.; FAISONS défenses à toutes sortes de personnes, de quelque qualité et condition qu’elles soient, d’en introduire d’impression étrangère dans aucun lieu de notre obéissance : comme aussi à tous Libraires, Imprimeurs, et autres, d’imprimer, faire imprimer, vendre, faire vendre, débiter, ni contrefaire le dit ouvrage ci-dessus exposé en tout, ni en partie, ni d’en faire aucuns extraits, sous quelque prétexte que ce soit, d’augmentation, correction, changement de titre, même de traduction étrangère, ou autrement, sans la permission expresse et par écrit dudit Sieur Explosant, où de ceux qui auront droit de lui, à peine de confiscation des exemplaires contrefaits, quinze cens livres d’amende contre chacun des contrevenants, dont un tiers à Nous, un tiers à l’Hôtel-Dieu de Paris, l’autre tiers audit Sieur Exposant, et de tous dépens, dommages et intérêts ; À la charge que ces Présentes seront enregistrées tout au long sur le Registre de la Communauté des Libraires et Imprimeurs de Paris, dans trois mois de la datte d’icelle : que l’impression de cet Ouvrage sera faite dans notre Royaume et non ailleurs, et que l’impetrant se conformera en tout aux réglements de la librairie, et notamment à celui du dixième Avril 1725 : et qu’avant que de l’exposer en vente, le Manuscrit ou Imprimé qui aura servi de copie à l’impression dudit Ouvrage, sera remis dans le même état où l’approbation y aura été donnée ès mains de notre très cher féal Chevalier Garde des Sceaux de France , le Sieur Chauvelin ; et qu’il en sera ensuite remis deux Exemplaires dans notre Bibliothèque publique, un dans celle de notre Château du Louvre, et un dans celle de notre dit très-cher et féal Chevalier, Garde des Sceaux de France, le Sieur Chauvelin ; le tout à peine de nullité des présentes. Du contenu desquelles vous mandons et enjoignons de faire jouir ledit Sieur Exposant, ou ses ayants cause pleinement et paisiblement ; sans souffrir qu’il leur soit fait aucun trouble ou empêchement. VOULONS que la copie desdites Présentes, qui fera imprimée tout au long au commencement ou à la fin dudit Ouvrage , soit tenue pour, dûment signifiée, et qu’aux Copies collationnées par l’un de nos amés et féaux conseillers-secrétaires foi soit ajouté, comme à l’Original. COMMANDONS au premier notre huissier ou sergent de faire pour l’exécution d’icelles tous actes requis et nécessaires, sans demander autre permission, et nonobstant clameur de Haro, Charte Normande, et Lettres à ce contraires. CAR tel est notre plaisir, Donné à Paris le quinzième jour du mois de Décembre, l’an de grâce mil sept cent trente, et de notre règne le seizième. Par le ROI en son Conseil, SAINSON.
Registré, ensemble la cesion, sur le Registre VIII. de la Chambre Royale des Libraires et Imprimeurs de Paris, n°87. fol. 87, conformément aux anciens réglements , confirmés par celui du 28, février 1723. À Paris, le 22 Décembre 1730.
P. A. LE MERCIER, Syndic.
Je cède et transporte à M. JOSSE le Fils, Libraire à Paris, le privilège de la TRAGEDIE DE BRUTUS, Fait à Paris, ce 12, Décembre 1730. VOLTAIRE.
De l’imprimerie d’André KNAPEN, 1731.
DISCOURS SUR LA TRAGEDIE À MYLORD BOLINGBROOKE. §
Si je dédie à un anglais un ouvrage représenté à Paris ; ce n’est pas, MYLORD, qu’il n’y ait aussi dans ma Patrie des Juges très éclairés et d’exellents ssprits auxquels j’eusse pu rendre cet hommage. Mais vous savez que la Tragédie de Brutus est née en Angleterre : vous vous souvenez que lorsque j’étais retiré à Wandsworth, chez mon ami M. Faukener, ce digne et vertueux citoyen, je m’occupai chez lui à écrire en prose anglaise le premier acte de cette pièce, à peu près tel qu’il est aujourd’hui en vers français ; Je vous en parlais quelquefois, et nous nous étonnions qu’aucun Anglais n’eût traité ce sujet, qui de tous est peut-être le plus convenable à votre théâtre. Vous m’encouragiez à continuer un ouvrage susceptible de si grands sentiments.
Souffrez donc que je vous présente Brutus, quoiqu’écrit dans une autre langue, a vous docte sermones utriusque linguetae, à vous qui me donneriez des leçons de français aussi bien que d’anglais, à vous qui m’apprendriez du moins à rendre a ma langue cette force et cette énergie qu’inspire la noble liberté de penser ; car les sentiments vigoureux de l’âme passent toujours dans le langage, et qui pense fortement parle de même.
Je vous avoue, MYLORD, qu’à mon retour d’Angleterre où j’avais passé deux années dans une étude continuelle de votre langue, je me trouvai embarrassé lorsque je voulus composer une tragédie française. Je m’étais presque accoutumé à penser en anglais, je sentais que les termes de ma Langue ne venaient plus se présenter à mon imagination avec la même abondance qu’auparavant ; c’était comme un ruisseau dont la source avait été détournée ; il me fallut du temps et de la peine pour le faire couler dans son premier lit. Je compris bien alors que pour réussir dans un art, il le faut cultiver toute sa vie.
Ce qui m’effraya le plus en rentrant dans cette carrière , ce fut la sévérité de notre poésie, et l’esclavage de la rime. Je regrettais cette heureuse liberté que vous avez d’écrire vos tragédies en vers non rimés, d’allonger, et surtout d’accourcir presque tous vos mots, de faire enjamber les vers les uns sur les autres , et de créer dans le besoin des termes nouveaux, qui sont toujours adoptés chez vous, lorsqu’ils font sonores, intelligibles et nécessaires. Un poète anglais, disais-je, est un homme libre qui asservit sa langue à son génie, le français est un esclave de la rime, obligé de faire quelquefois quatre vers, pour exprimer une pensée qu’un anglais peut rendre en une seule ligne. L’Anglais dit tout ce qu’il veut, le François ne dit que ce qu’il peut. L’un court dans une carrière vaste, et l’autre marche avec des entraves dans un chemin glissant et étroit.
Malgré toutes ces réflexions et toutes ces plaintes, nous ne pourrons jamais secouer le joug de la rime, elle est essentielle à la poésie française. Notre Langue ne comporte point d’inversions, nos vers ne souffrent point d’enjambement : nos syllabes ne peuvent produire une harmonie sensible par leurs mesures longues ou brèves : nos césures, et un certain nombre de pieds ne suffiraient pas pour distinguer la Prose d’avec la Versification ; la rime est donc nécessaire aux vers françois.
De plus, tant de Grands Maîtres qui ont fait des vers, rimés, tels que les Corneilles, les Racines, les Despréaux , ont tellement accoutumé nos oreilles à cette harmonie, que nous n’en pourrions pas supporter d’autre ; et je le repère encore, quiconque voudrait se délivrer d’un fardeau qu’a porté le Grand Corneille, serait regardé avec raison, non pas comme un génie hardi qui s’ouvre une route nouvelle mais comme un homme, très faible qui ne peut pas se soutenir dans l’ancienne carrière.
On a tenté de nous donner des tragédies en prose ; mais je ne crois pas que cette entreprise puisse désormais réussir ; qui a le plus ne saurait se contenter du moins. On sera toujours malvenu à dire au public, je viens diminuer votre plaisir. Si au milieu des tableaux de Rubens ou de Paul Véronese, quelqu’un venait placer ses dessins au crayon, n’aurait-il pas tort de s’égaler à ces Peintres ? On est accoutumé dans les fêtes à des danses et à des chants. Serait-ce assez de marcher et de parler, sous prétexte qu’on marcherait et qu’on parlerait bien, et que cela serait plus aisé et plus naturel ?
Il y a grande apparence qu’il faudra toujours des vers sur tous les théâtres tragiques, et de plus toujours des rimes sur le nôtre. C’est même à cette contrainte de la rime, et à cette sévérité extrême de notre versification que nous devons ces excellents ouvrages que nous avons dans notre Langue.
Nous-voulons que la rime ne coûte jamais rien aux pensées, qu’elle ne soit ni triviale ni trop recherchée, nous exigeons rigoureusement dans un vers la même pureté et la même exactitude que dans la prose. Nous ne permettons pas la moindre licence ; nous demandons qu’un auteur, porte sans discontinuer toutes ces chaînes, et cependant qu’il paraisse toujours libre, et nous ne reconnoissons pour Poètes que ceux qui ont rempli toutes ces conditions.
Voilà pourquoi il est plus aisé de faire, cent vers en toute autre langue, que quatre vers en français. L’exemple de notre Abbé Régnier Desmarets de l’Académie Française et de celle De La Crusca, en est une preuve bien évidente. Il traduisit Anacréon en Italien avec succès, et ses vers français sont, à l’exception de deux ou trois quatrains, au rang des plus médiocres. Notre Ménage était dans le même cas, et combien de nos beaux Esprits ont fait de très beaux vers latins, et n’ont pu être supportables en leur Langue ?
Je sais combien de disputes j’ai essuyées sur notre versification en Angleterre, et quels reproches, me fait souvent le savant Évêque de Rochester sur cette contrainte puérile qu’il prétend que nous nous imposons de gaîté de cour. Mais soyez persuadé, MYLORD, que plus un étranger connaîtra notre langue, et plus il se réconciliera avec cette rime qui l’effraye d’abord. Non seulement elle est nécessaire a notre tragédie , mais elle embellie nos comédies même. Un bon mot en vers en est retenu plus aisément ; les portraits de la vie humaine seront toujours plus frappants en vers qu’en prose, et qui dit Vers en Français , dit nécessairement des vers rimés : en un mot nous avons des comédies en prose du célèbre Molière, que l’on a été obligé de mettre en vers après sa mort, et qui ne font plus jouées que de cette manière nouvelle.
Ne pouvant, MYLORD, hasarder sur le Théâtre Français des vers non rimés, tels qu’ils font en usage en Italie et en Angleterre, j’aurais du moins voulu transporter sur notre scène certaines beautés de la vôtre. Il est vrai, et je l’avoue, que le Théâtre Anglais est bien défectueux : j’ai entendu de votre bouche, que vous n’aviez pas une bonne tragédie ; mais en récompense dans ces pièces si monstrueuses, vous avez des scènes admirables. Il a manqué jusqu’à présent à, presque tous les auteurs tragiques de votre nation, cette pureté, cette conduite régulière, ces bienséances de l’action et du style, cette élégance, et toutes ces finesses de l’Art, qui ont établi la réputation du Théâtre Français depuis le Grand Corneille. Mais vos pièces les plus irrégulières ont un grand mérite, c’est celui de l’action.
Nous avons en France des tragédies estimées, qui sont plutôt des conversations qu’elles ne sont la représentation, d’un événement. Un auteur italien m’écrivait dans une Lettre fur les Theâtres "Un critico del nostro Pastor fido disse che quel componimento era un riassunto di bellissimi Madrigali, credo, se vivesse, che direbbe delle Tragédie Francesi, che sono un riassunto di belle, elegie et sontuofi Epitalami.
J’ai bien peur que cet Italien n’ait trop raison. Notre délicatesse excessive nous force quelquefois à mettre en récit ce que nous voudrions exposer aux yeux. Nous craignons de hasarder sur la scène des spectacles nouveaux devant une Nation accoutumée à tourner en ridicule tout ce qui n’est pas d’usage.
L’endroit où l’on joue la Comédie, et les abus qui s’y sont glissés, sont, encore une cause de cette sécheresse qu’on peut, reprocher a quelques-unes de nos pièces. Les bancs qui sont sur le théâtre destinés aux spectateurs, rétrécissent la scène, et rendent toute action presque impraticable. Ce défaut est cause que les décorations tant recommandées par les anciens, sont rarement convenables à la pièce. Il empêche surtout que les acteurs ne passent d’un appartement dans un autre aux yeux des spectateurs, comme les Grecs et les Romains le pratiquaient sagement pour conserver à la fois l’unité de lieu et la vraisemblance.
Comment oserions-nous sur nos théâtres faire paraître, par exemple, l’ombre de Pompée, ou le génie de Brutus au milieu de tant de jeunes gens qui ne regardent jamais les choses les plus sérieuses que comme l’occasion de dire un bon mot ? Comment apporter au milieu d’eux sur la scène, le corps de Marcus, devant Caton son père, qui s’écrie : « Heureux jeune homme, tu es mort pour ton pays ! Ô mes amis laissez-moi compter ces glorieuses blessures ! Qui ne voudrait mourir ainsi pour la patrie ? Pourquoi n’a-t-on qu’une vie à lui sacrifier !... Mes amis ne pleurez point ma perte, ne regrettez point mon fils, pleurez Rome, la maîtresse du monde n’est plus, ô liberté ! Ô ma patrie !... Ô vertu ; etc. »
Voilà ce que feu M. Addisson ne craignit point de faire représenter à Londres ; voilà, ce qui fut joué, traduit en Italien, dans plus d’une ville d’Italie. Mais si nous hasardions à Paris un tel spectacle , n’entendez-vous pas déjà le parterre qui se récrie ? Et ne voyez-vous pas nos femmes qui détournent la tête ?
Vous n’imagineriez pas à quel point va cette délicatesse. L’Auteur de notre Tragédie de Manlius [d’Antoine La Fosse 1698] prit, son sujet de la pièce anglaise de M. Otway, intitulée, Venise sauvée [1682]. Le sujet est tiré de l’histoire de la conjuration du Marquis de Bedemar, écrite par l’Abbé de S. Réal ; et permettez-moi de dire en passant que ce morceau d’Histoire, égal peut-être à Saluste, est fort au-dessus de de la pièce d’Otway et de notre Manlius.
Premièrement, vous remarquez le préjugé qui a forcé l’auteur français à déguiser sous des noms Romains une aventure connue, que l’Anglais a traitée naturellement sous les noms véritables. On n’a point trouvé ridicule au Théâtre de Londres, qu’un Ambassadeur Espagnol s’appellât Bedemare ; et que des conjurés eussent le nom de Jaffier, de Jacques-Pierre, d’Eliot , cela seul en France eût pu faire tomber la pièce.
Mais voyez qu’Otway ne craint point d’assembler tous les conjurés. Renaud prend leurs serments, assigne à chacun son poste , prescrit l’heure du carnage, et jette de temps en temps des regards inquiets et soupçonneux sur Jaffier dont il se défie. Il leur fait à tous ce discours pathétique , traduit mot pour mot de l’Abbé de S. Real.
« Jamais repos si profond ne précéda un trouble si grand. Notre bonne destinée a aveuglé les plus clairvoyants de tous les hommes, rassuré les plus timides, endormi les plus soupçonneux, confondu les plus subtils : nous vivons encore, mes chers amis... nous vivons , et noire vie fera bientôt funeste aux tyrans de ces lieux , etc. »
Qu’a fait l’auteur français ? Il a craint de hasarder tant de personnages fur la scène ; il se contente de faire réciter par Renaud sous le nom de Rutile, une faible partie de ce même discours qu’il vient, dit-il, de tenir aux conjurés. Ne sentez-vous pas par ce seul exposé combien cette scène anglaise est au-dessus de la française, la pièce d’Otway fût-elle d’ailleurs monstrueuse.
Avec quel plaisir n’ai-je point vu à Londres votre Tragédie de Jules César, qui depuis cent cinquante années fait les délices de votre Nation ; Je ne prétends pas assurément approuver les irrégularités barbares dont elle est remplie. Il est seulement étonnant qu’il ne s’en trouve pas davantage dans un ouvrage composé dans un siècle d’ignorance, par un homme qui même ne savait pas le Latin, et qui n’eut de maître que son génie ; mais au milieu de tant de fautes grossières, avec quel ravissement je voyais Brutus tenant encore poignard teint du sang de César, assembler le Peuple Romain, et lui parler ainsi du haut de la Tribune aux Harangues :
« Romains, compatriotes, amis, s’il est quelqu’un de vous qui ait été attache à César, qu’il sache que Brutus ne l’était pas moins : Oui ; je l’aimais, Romain, et si vous me demandez, pourquoi j’ai versé son sang, c’est que j’aimais Rome davantage. Voudriez-vous voir César vivant, et mourir ses esclaves, plutôt que d’acheter votre liberté par sa mort. César était mon ami, je le pleure ; il était heureux, j’applaudis à ses triomphes ; il était vaillant, je l’honore ; mais il était ambitieux, je l’ai tué.
Y a-t-il quelqu’un parmi vous assez lâche pour regretter la servitude. S’il en est un seul, qu’il parle, qu’il se montre ; c’est lui que j’ai offensé : Y a-t-il quelqu’un assez infâme pour oublier qu’il est Romain ? Qu’il parle, c’est lui seul qui est mon ennemi.
CHOEUR DES ROMAINS.
Personne ; Non, Brutus , personne.
BRUTUS.
Ainsi donc je n’ai offensé personne. Voici le corps du Dictateur qu’on vous apporte ; les derniers devoirs lui seront rendus par Antoine, par cet Antoine, qui n’ayant point eu de part au châtiment de César, en retirera le même avantage que moi et que chacun de vous, le bonheur inestimable d’être libre. Je n’ai plus qu’un mot à vous dire : J’ai tué de cette main mon meilleur ami pour le salut de Rome ; je garde ce même poignard pour moi, quand Rome demandera ma vie.
LE CHOEUR.
Vivez, Brutus, vivez, à jamais. »
Après cette Scène, Antoine vient émouvoir de pitié ces mêmes Romains, à qui Brutus avait inspiré sa rigueur et sa barbarie. Antoine par un discours artificieux ramène insensiblement ces esprits superbes, et quand il les voit radoucis, alors il leur montre le corps de César, et se servant des figures les plus pathétiques, il les excite au tumulte et à la vengeance.
Peut-être les Français ne souffriraient pas que l’on fit paraître sur leur théâtre un chour composé d’artisans et de plébéiens romains ; que le corps sanglant de César y fût exposé aux yeux du peuple, et qu’on excitât ce peuple à la vengeance du haut de la Tribune aux Harangues ; c’est à la coutume qui est la reine de ce monde, à changer le goût des Nations, et à tourner en plaisir les objets de notre aversion.
Les Grecs ont hasardé des Spectacles non moins révoltants pour nous. Hippolyte brisé par sa chute vient compter ses blessures et pousser des cris douloureux. Philoctete tombe dans ses accès de souffrance, un sang noir coule de sa plaie. OEdipe couvert du sang qui dégoûte encore des restes de ses yeux qu’il vient d’arracher, se plaint des Dieux et des hommes. On entend les cris de Clytemnestre que son propre fils égorge ; et Électre crie sur le Théâtre : « Frappez, ne l’épargnez pas, elle n’a pas épargné notre père ». Prometée est attaché sur un Rocher avec des clous qu’on lui enfonce dans l’estomac et dans les bras. Les furies répondent à l’ombre sanglante de Clytemnestre par des hurlements sans aucune articulation ; Beaucoup de Tragédies Grecques, en un mot, sont remplies de cette terreur portée à l’excès.
Je sais bien que les Tragiques Grecs, d’ailleurs supérieurs aux Anglais, ont erré en prenant souvent l’horreur pour la terreur, et le dégoûtant et l’incroyable pour le tragique et le merveilleux. L’Art était dans son enfance à Athènes du temps d’Achille, comme à Londres du temps de Shakespeare ; mais parmi les grandes fautes des Poètes Grecs, et même des vôtres, on trouve un vrai pathétique et de singulières beautés ; et si quelques Français qui ne connaissent les Tragédies et les mours étrangères que par des traductions et sur des oui-dire, les condamnent sans aucune restriction, ils sont, ce me semble comme des aveugles, qui assureraient qu’une rose ne peut avoir de couleurs vives, parce qu’ils en compteraient les épines à tâtons.
Mais si les Grecs et vous, vous passez les bornes de la bienséance, et si surtout les Anglais ont donné des spectacles effroyables, voulant en donner de terribles ; nous autres Français aussi scrupuleux que vous avez été téméraires, nous nous arrêtons trop de peur de nous emporter, et quelquefois nous n’arrivons pas au tragique dans la crainte d’en passer les bornes.
Je suis bien loin de proposer que la scène devienne un lieu de carnage, comme elle l’est dans Shakespeare et dans ses successeurs, qui n’ayant pas son génie, n’ont imité que ses défauts ; mais j’ose ; croire qu’il y a des situations qui ne paraissent encore que dégoûtantes et horribles aux Français, et qui bien ménagées, représentées avec art, et surtout adoucies par le charme des beaux vers, pourraient nous faire une sorte de plaisir, dont nous ne nous doutons pas.
Du moins que l’on me dise pourquoi il est permis à nos Héros et à nos héroïnes de théâtre de se tuer, et qu’il leur est défendu de tuer personne ? La Scène est-elle moins ensanglantée par la mort d’Atalide qui se poignarde pour son amant, qu’elle ne le serait par le meurtre de César ? Et si le spectacle du fils de Caton qui paraît mort aux yeux de son père, est l’occasion d’un discours admirable de ce vieux Romain, si, ce morceau a été applaudi en Angleterre et en Italie par ceux qui sont les plus grands partisans de la bienséance française, si les femmes les plus délicates n’en ont point été choquées, pourquoi, les Français ne s’y accoutumeraient-ils pas ? La nature n’est-elle pas la même dans tous les hommes ?
Toutes ces lois de ne point ensanglanter la scène, de ne point faire parler plus de trois interlocuteurs, et sont des lois qui, ce me semble, pourraient avoir quelques exceptions parmi nous, comme elles en ont eu chez les Grecs ; il n’en est pas des règles de la bienséance toujours un peu arbitraire, comme des règles fondamentales du Théâtre qui font les trois unités. Il y aurait de la faiblesse et de la stérilité à étendre une action au-delà de l’espace du temps et du lieu convenables. Demandez à quiconque aura inséré dans une pièce trop d’événements, la raison de cette faute et s’il est de bonne foi, il vous dira qu’il n’a pas eu assez de génie pour remplir sa pièce d’un seul fait, et s’il prend deux jours et deux villes pour son action, croyez que c’est parce qu’il n’aurait pas eu l’adresse de la resserrer dans l’espace de trois heures, et dans l’enceinte d’un Palais, comme l’exige la vraisemblance.
Il en est tout autrement de celui qui hasarderait un spectacle horrible sur le théâtre ; il ne choquerait point la vraisemblance, et cette hardiesse loin de supposer de la faiblesse dans l’auteur, demanderait au contraire un grand génie, pour mettre par ses vers de la véritable grandeur dans une action qui sans un style sublime, ne serait qu’atroce et dégoûtante.
Voilà ce qu’a osé tenter une fois notre Grand Corneille dans sa Rodogune. Il fait paraître une mère qui en présence de sa Cour et d’un Ambassadeur, veut empoisonner son fils et sa belle-fille après avoir tué son autre fils de sa propre main ; elle leur présente la coupe empoisonnée, et sur leur refus et leurs soupçons, elle la boit elle-même, et meurt du poison qu’elle leur destinait.
Des coups aussi terribles ne doivent pas être prodigués, et il n’appartient pas à tout le monde d’oser les frapper. Ces nouveautés demandent une grande circonspection, et une exécution de Maître. Les Anglais eux-mêmes avouent que Shakespeare, par exemple, a été le seul parmi eux qui ait pu faire évoquer et parler des ombres avec succès.
Plus une action théâtrale est majestueuse ou effrayante, plus elle deviendrait insipide, si elle était souvent répétée ; à peu près comme les détails de batailles, qui étant par eux-mêmes ce qu’il y a de plus terrible, deviennent froids et ennuyeux, à force de reparaître souvent dans les Histoires.
La seule Piéce où M. de Racine ait mis du spectacle, c’est son chef-d’oeuvre d’Athalie. On y voit un enfant sur un Trône, sa nourrice et des Prêtres qui l’environnent ; une Reine qui commande à ses Soldats de le massacrer, des Lévites armés qui accourent pour le défendre. Toute cette action est pathétique ; mais si le style ne l’était pas aussi, elle n’était que puérile.
Plus on veut frapper les yeux par un appareil éclatant, plus on s’impose la nécessité de dire de grandes choses ; autrement on ne serait qu’un décorateur, et non un poète tragique. Il y a près de trente années qu’on réprésente la Tragédie de Montesume à Paris, la scène ouvrait par un spectacle nouveau ; c’était un Palais d’un goût magnifique et barbare ; Montesume paraissait avec un habit singulier ; des esclaves armés de flèches étaient dans le fonds ; autour de lui étaient huit Grands de sa Cour, prosternés le visage contre terre : Montesume commençait la pièce en leur disant,
Ce spectacle charma, mais voilà tout ce qu’il y eut de beau dans cette Tragédie.
Pour moi j’avoue que ce n’a pas été sans quelque crainte que j’ai introduit sur la scène française le Sénat de Rome en robes rouges, allant aux Opinions. Je me souvenais que lorsque j’introduisis autrefois dans OEdipe un Choeur de Thébains qui disait,
Le Parterre au lieu d’être frappé du pathétique qui pouvait être en cet endroit, ne sentit d’abord que le prétendu ridicule d’avoir mis ces vers dans la bouche d’Acteurs peu accoutumés, et il fit un éclat de rire. C’est ce qui m’a empêché dans Brutus de faire parler les Sénateurs, quand Titus est accusé devant eux, et d’augmenter la terreur de la situation, en exprimant l’étonnement et la douleur de ces pères de Rome, qui sans doute devraient marquer leur surprise autrement que par un jeu muet qui même n’a pas été exécuté.
Au reste, MYLORD, s’il y a quelques endroits passables dans cet Ouvrage, il faut que j’avoue que j’en ai l’obligation à des Amis qui pensent comme vous. Ils m’encourageaient à tempérer l’austérité de Brutus par l’amour paternel ? Afin qu’on admirât et qu’on plaignît l’effort qu’il se fait en condamnant son fils. Ils m’exhortaient à donner à la jeune Tullie un caractère de tendresse et d’innocence, parce que si j’en avais fait une héroïne altière, qui n’eût parlé à Titus que comme à un sujet qui devait servir son Prince ; alors Titus aurait été avili, et l’Ambassadeur eût été inutile. Ils voulaient que Titus fût un jeune homme furieux dans ses passions, aimant Rome et son Père, adorant Tullie, se faisant un devoir d’être fidèle au Sénat même dont il se plaignait, et emporté loin de son devoir par une passion dont il avait cru être le maître.
En effet, si Titus avait été de l’avis de sa Maîtresse, et s’était dit à lui-même de bonnes raisons en faveur des Rois, Brutus alors n’eût été regardé que comme un Chef de Rebelles, Titus n’aurait plus eu de remords, son Père n’eût plus excité la pitié.
Gardez, me disaient-ils, que les deux enfants de Brutus paraissent sur la scène ; vous savez que l’intérêt est perdu quand il se partage : mais surtout que votre pièce soit simple ; imitez cette beauté, des Grecs ; croyez que la multiplicité des événements et des intérêts compliqués, n’est que la ressource des génies stériles, qui ne savent pas tirer d’une feule passion de quoi faire cinq actes. Tâchez de travailler chaque scène comme si c’était la seule que vous eussiez à écrire. Ce sont les beautés de détail qui soutiennent les ouvrages en vers, et qui les font passer à la postérité. C’est souvent la manière singulière de dire des choses communes, c’est cet art d’embellir par la diction ce que pensent, et ce que sentent tous les hommes, qui fais les Grands Poètes. Il n’y a ni sentiments recherchés, ni aventure romanesque dans le quatrième Livre de Virgile ; il est tout naturel, et c’est l’effort de l’esprit humain. M. Racine n’est si au-dessus des autres qui ont tous dit les mêmes choses que lui, que parce qu’il les a mieux dites. Corneille n’est véritablement Grand, que quand il s’exprime aussi bien qu’il pense. Souvenez-vous de ce précepte de M. Despreaux,
Voilà ce que n’ont point tant d’Ouvrages Dramatiques, que l’Art d’un acteur, et la figure et la voix d’une actrice ont fait valoir sur nos théâtres. Combien de pièces mal écrites ont eu plus de représentations que Cinna et Britannicus ; mais on n’a jamais retenu deux vers de ces faibles poèmes au lieu qu’on sait Britannicus et Cinna par cour. En vain le Regulus de Pradon a fait verser des larmes par quelques situations touchantes, l’Ouvrage et tous ceux qui lui ressemblent font méprisés, tandis que leurs auteurs s’applaudissent dans leurs Préfaces.
Il me semble, MYLORD, que vous m’allez demander comment des Critiques si judicieux ont pu me permettre de parler d’amour dans une tragédie dont le titre est Junius Brutus, et de mêler cette passion avec l’austère vertu du Sénat Romain, et la politique d’un Ambassadeur ?
On reproche à notre Nation d’avoir amolli le Théâtre par trop de tendresse, et les Anglais méritent bien le même reproche depuis près d’un siècle ; car vous avez toujours un peu pris nos modes et nos vices. Mais me permettrez-vous de vous dire mon sentiment sur cette matière ?
Vouloir de l’amour dans toutes les tragédies me paraît un goût efféminé ; l’en proscrire toujours est une mauvaise humeur bien déraisonnable.
Le théâtre soit tragique, soit comique, est la peinture vivante des passions humaines ; l’ambition d’un Prince est représentée dans la tragédie ; la comédie tourne en ridicule la vanité d’un Bourgeois. Ici vous riez de la coquetterie et des intrigues d’une citoyenne ; là vous pleurez la malheureuse passion de Phèdre ; de même l’amour vous amuse dans un Roman, et il vous transporte dans la Didon de Virgile.
L’amour dans une tragédie n’est pas plus un défaut essentiel, que dans l’Enéide ; il n’est à reprendre que ; quand il est amené mal à propos, ou traité sans art.
Les Grecs ont rarement hasardé cette passion sur le théâtre d’Athènes. Premièrement, parce que leurs tragédies n’ayant roulé d’abord que sur des sujets terribles, l’esprit des Spectateurs était plié à ce genre de spectacles ; secondement, parce que les femmes menaient une vie infiniment plus retirée que les nôtres, et qu’ainsi le langage de l’amour n’étant pas comme aujourd’hui le sujet de toutes les conversations, les poètes en étaient moins invités à traiter cette passion, qui de toutes est la plus difficile à représenter, par les ménagements infinis qu’elle demandé.
Une troisième raison qui me paraît assez forte, c’est que l’on n’avait point de comédiennes ; les rôles de femme étaient joués par des hommes masqués. Il semble que l’amour eût été ridicule dans leur bouche.
C’est tout le contraire à Londres et à Paris, et il faut avouer que les auteurs n’auraient guère entendu leurs intérêts, ni connu leur auditoire, s’ils n’avaient jamais fait parler les Oldeélds, ou les Duclos et les Lecouvreur, que d’ambition et de politique.
Le mal est que l’amour n’est souvent chez nos héros de théâtre que de la galanterie, et que chez les vôtres il dégénère quelquefois en débauche.
Dans notre Alcibiade, pièce très suivie, mais faiblement écrite, et ainsi peu estimée, on a admiré longtemps ces mauvais vers que récitait d’un ton séduisant l’Esopus du dernier siècle.
Dans votre Venise sauvée, le vieux Renaud veut violer la femme de Jaffier , et elle s’en plaint en termes assez indécents, jusqu’à dire qu’il est venu à elle un button d.
Pour que l’amour soit digne du théâtre tragique, il faut qu’il soit le noud nécessaire de la pièce, et non qu’il soit amené par force pour remplir le vide de vos tragédies et des nôtres qui sont toutes trop longues ; il faut que ce soit une passion véritablement tragique, regardée comme une faiblesse, et combattue par des remords : il faut ou que l’amour conduise aux malheurs et aux crimes, pour faire voir combien il est dangereux, ou que la vertu en triomphe, pour montrer qu’elle n’est pas invincible ; sans cela ce n’est plus qu’un amour d’Eglogue ou de Comédie.
C’est à vous, MYLORD, à décider si j’ai rempli quelques-unes de ces conditions ; mais que vos amis daignent surtout ne point juger du génie et du goût de notre Nation par ce discours, et par cette tragédie que je vous envoye. Je suis peut-être un de ceux qui cultivent les Lettres en France avec moins de succès ; et si les sentiments que je soumets ici à votre censure, sont désapprouvés, c’est à moi seul qu’en appartient le blâme.
Au reste, je dois vous dire que dans le grand nombre de fautes dont cette tragédie est pleine, il y en a quelques-unes contre l’exacte pureté de notre Langue. Je ne suis point un auteur assez considérable pour qu’il me soit permis de passer quelquefois pardessus les régles sévères de la Grammaire.
Il y a un endroit où Tullie dit,
Il fallait dire pour parler purement,
J’ai fait la même faute en deux ou trois endroits, et c’est beaucoup trop dans un ouvrage dont les défauts font rachetés par si peu de beautés.
ERRATA. §
Les numéros de page correspondent à ceu de l’édition originale
PREFACE
PAGE xvij. ligne 3. Achille , lisez AEchile.
Page xxvij. ligne 10. Oldeeds, lisez., Oldfields.
TRAGEDIE
Page 13. dernier vers, "sa réponse", lisez, "ma réponse".
Page 46, "croit-on qu’on l’introduise", lisez, "crois-tu qu’on l’introduise ?"
Page 48. "par degré", lisez, "par degrés".
Page 51. "sa suprême grandeur", lisez, "la suprême grandeur".
Page 52. "je peu parler", lisez, "je peux parler".
Page 16. rendant la pureté, lisez , rendant leur pureté.
Page 79.
lisez,
Page 94. "pensez-vous d’abaisser", lisez, "pensez-vous abaisser",
Idem, "que l’on vient insulter", lisez, "que l’on veut insulter".
Page 104. "Peut-être on hait sa gloire, on cherche à le flétrir", lisez, "à la flétrir".
PERSONNAGES §
- JUNIUS BRUTUS, consul.
- VALÉRIUS PUBLICOLA , consul.
- TITUS, fils de Brutus.
- TULLIE, fille de Tarquin.
- ALGINE, confidente de Tullie.
- ARONS, ambassadeur de Porsenna.
- MESSALA, ami de Titus.
- PROCULUS, tribun militaire.
- ALBIN, confident d’Arons.
- SÉNATEURS.
- LICTEURS.
ACTE I §
SCÈNE I. Brutus, Valérius Publicola, Les Sénateurs. §
BRUTUS.
VALÉRIUS PUBLICOLA.
BRUTUS.
VALÉRIUS PUBLICOLA.
SCÈNE II. Le Sénat, Arons, Albin, Suite. §
ARONS.
BRUTUS.
ARONS.
BRUTUS.
ARONS.
BRUTUS.
ARONS, avançant vers l’autel.
BRUTUS se tournant vers Arons.
SCÈNE III. Arons, Albin qui sont supposés être entrés de la salle d’audience dans un autre appartement de la maison de Brutus. §
ARONS.
ALBIN.
ARONS.
ALBIN.
ARONS.
SCÈNE IV. Arons, Messala, Albin. §
ARONS.
MESSALA.
ARONS.
MESSALA.
ARONS.
MESSALA.
ARONS.
MESSALA.
ARONS.
MESSALA.
ARONS.
MESSALA.
ARONS.
ACTE II §
SCÈNE I. Titus, Messala. §
MESSALA.
TITUS.
MESSALA.
TITUS.
MESSALA.
TITUS.
MESSALA.
TITUS.
MESSALA.
TITUS.
MESSALA.
TITUS.
MESSALA.
TITUS.
MESSALA.
TITUS.
MESSALA.
TITUS.
MESSALA.
TITUS.
SCÈNE II. Titus, Arons. §
ARONS.
TITUS.
ARONS.
TITUS.
ARONS.
TITUS, en se détournant.
ARONS, en regardant Titus.
SCÈNE III. Titus, Messala. §
TITUS.
MESSALA.
TITUS.
MESSALA.
TITUS.
MESSALA.
TITUS.
MESSALA.
TITUS.
MESSALA.
SCÈNE IV. Brutus, Messala. §
BRUTUS.
MESSALA.
BRUTUS.
MESSALA.
BRUTUS.
MESSALA.
BRUTUS.
MESSALA.
BRUTUS.
MESSALA.
BRUTUS.
MESSALA.
BRUTUS.
SCÈNE V. §
MESSALA.
ACTE III §
SCÈNE I. Arons, Albin, Massala. §
ARONS, une lettre à la main.
ALBIN.
ARONS.
SCÈNE II. Arons, Messala. §
ARONS.
MESSALA.
ARONS.
MESSALA.
ARONS.
MESSALA.
ARONS.
MESSALA.
ARONS.
MESSALA.
ARONS.
MESSALA.
ARONS.
SCÈNE III. Tullie, Arons, Algine. §
ARONS.
TULLIE.
ARONS.
TULLIE.
ARONS.
SCÈNE IV. Tullie, Algine. §
TULLIE.
ALGINE.
TULLIE.
SCÈNE V. Titus, Tullie. §
TITUS.
TULLIE.
TITUS.
TULLIE.
TITUS.
TULLIE, en donnant la lettre.
TITUS.
TULLIE.
TITUS.
TULLIE.
TITUS, en lui rendant la lettre..
TULLIE.
TITUS.
TULLIE.
TITUS.
TULLIE.
TITUS.
TULLIE.
TITUS.
TULLIE.
TITUS.
TULLIE.
TITUS.
TULLIE.
TITUS.
TULLIE.
SCÈNE VI. Brutus, Arons, Titus, Tullie, Messala, Albin, Proculus, Licteurs. §
BRUTUS, à tullie.
TITUS, éloigné.
ARONS.
SCÈNE VII. Titus, Messala. §
TITUS.
MESSALA.
TITUS.
MESSALA.
TITUS.
MESSALA.
TITUS.
MESSALA.
TITUS.
MESSALA.
TITUS.
MESSALA.
TITUS.
MESSALA.
TITUS.
MESSALA.
TITUS.
SCÈNE VIII. Titus, Messala, Albin. §
ALBIN.
TITUS.
MESSALA.
TITUS.
ACTE IV §
SCÈNE I. Titus, Arons, Messala. §
TITUS.
ARONS.
TITUS.
ARONS.
TITUS.
ARONS.
MESSALA.
SCÈNE II. Titus, Messala. §
TITUS.
MESSALA.
TITUS.
MESSALA.
TITUS.
MESSALA.
TITUS.
MESSALA.
TITUS.
SCÈNE III. Titus, Messala, Tullie, Algine. §
ALGINE.
TULLIE.
TITUS.
TULLIE.
TITUS.
TULLIE.
TITUS.
TULLIE.
TITUS l’arrêtant.
TULLIE.
TITUS.
TULLIE.
SCÈNE IV. §
TITUS, seul.
SCÈNE V. Titus, Messala. §
TITUS.
MESSALA.
TITUS.
SCÈNE VI. Brutus, Titus, Messala, Licteurs. §
BRUTUS.
TITUS.
BRUTUS.
TITUS.
MESSALA.
BRUTUS.
TITUS.
BRUTUS.
TITUS.
SCÈNE VII. Brutus, Valérus, Titus, Messala. §
VALÉRIUS.
BRUTUS à son fils.
VALÉRIUS.
BRUTUS.
VALÉRIUS.
BRUTUS.
VALÉRIUS.
BRUTUS.
SCÈNE VIII. Brutus, Valérus, Proculus. §
PROCULUS.
BRUTUS.
PROCULUS.
BRUTUS.
ACTE V §
SCÈNE I. Brutus, Les Sénateurs, Proculus, Licteurs, L’esclave Vindex. §
BRUTUS.
PROCULUS.
BRUTUS.
SCÈNE II. Brutus, Les Sénateurs, Arons, Licteurs. §
ARONS.
BRUTUS.
ARONS.
BRUTUS.
SCÈNE III. Les Sénateurs, Brutus, Valérus, Proculus. §
BRUTUS.
VALÉRIUS.
BRUTUS.
VALÉRIUS.
BRUTUS, prenant les tablettes.
VALÉRIUS.
BRUTUS.
VALÉRIUS.
BRUTUS.
VALÉRIUS.
BRUTUS.
SCÈNE IV. §
BRUTUS, seul.
SCÈNE V. Brutus, Valérus, Suite, Licteurs. §
VALÉRIUS.
BRUTUS.
VALÉRIUS.
BRUTUS.
VALÉRIUS.
BRUTUS.
VALÉRIUS.
BRUTUS.
VALÉRIUS.
BRUTUS.
VALÉRIUS.
BRUTUS.
VALÉRIUS.
BRUTUS.
VALÉRIUS.
BRUTUS.
VALÉRIUS.
BRUTUS.
VALÉRIUS.
SCÈNE VI. Brutus, Proculus. §
BRUTUS.
PROCULUS.
BRUTUS.
PROCULUS.
BRUTUS.
SCENE VII. Brutus, Proculus, Titus, dans le fond du théâtre, avec des licteurs. §
PROCULUS.
TITUS.
BRUTUS.
TITUS.
BRUTUS.
TITUS.
BRUTUS.
TITUS.
BRUTUS.
TITUS.
BRUTUS.
TITUS.
SCÈNE VIII. Brutus, Proculus. §
PROCULUS.
BRUTUS.
SCÈNE IX. Brutus, Proculus, un Sénateur. §
LE SÉNATEUR.
BRUTUS.
LE SÉNATEUR.
BRUTUS.