1778
Voltaire
LETTRE À L’ACADEMIE FRANÇAISE §
Messieurs,
Daignez recevoir le dernier hommage de ma voix mourante, avec les remerciements tendres et respectueux que je dois à vos extrêmes bontés. Si votre compagnie fut nécessaire à la France par son institution, dans un temps où nous n’avions aucun ouvrage de génie écrit d’un style pur et noble, elle est plus nécessaire que jamais dans la multitude des productions que fait naître aujourd’hui le goût généralement répandu de la littérature.
Il n’est permis à aucun membre de l’académie de la Crusca de prendre ce titre à la tête de son livre, si l’académie ne l’a déclaré écrit avec la pureté de la langue toscane. Autrefois, quand j’osais cultiver, quoique faiblement, l’art des Sophocles, je consultais toujours M. l’abbé d’Olivet, notre confrère, qui, sans me nommer, vous proposait mes doutes ; et lorsque je commentai le grand Corneille, j’envoyai toutes mes remarques à M Duclos, qui vous les communiqua. Vous les examinâtes ; et cette édition de Corneille semble être aujourd’hui regardée comme un livre classique, pour les remarques que je n’ai données que sur votre décision. Je prends aujourd’hui la liberté de vous demander des leçons sur les fautes où je suis tombé dans la tragédie d’Irène . Je n’en fais tirer quelques exemplaires que pour avoir l’honneur de vous consulter, et pour suivre les avis de ceux d’entre vous qui voudront bien m’en donner. La vieillesse passe pour incorrigible ; et moi, messieurs, je crois qu’on doit penser à se corriger à cent ans. On ne peut se donner du génie à aucun âge, mais on peut réparer ses fautes à tout âge. Peut-être cette méthode est la seule qui puisse préserver la langue française de la corruption qui semble, dit-on, la menacer.
Racine, celui de nos poëtes qui approcha le plus de la perfection, ne donna jamais au public aucun ouvrage sans avoir écouté les conseils de Boileau et de Patru : aussi c’est ce véritablement grand homme qui nous enseigna par son exemple l’art difficile de s’exprimer toujours naturellement, malgré la gêne prodigieuse de la rime ; de faire parler le coeur avec esprit sans la moindre ombre d’affectation ; d’employer toujours le mot propre, souvent inconnu au public étonné de l’entendre. invenit verba quibus deberent loqui, dit si bien Pétrone : " il inventa l’art de s’exprimer. " il mit dans la poésie dramatique cette élégance, cette harmonie continue qui nous manquait absolument, ce charme secret et inexprimable, égal à celui du quatrième livre de Virgile, cette douceur enchanteresse qui fait que, quand vous lisez au hasard dix ou douze vers d’une de ses pièces, un attrait irrésistible vous force de lire tout le reste. C’est lui qui a proscrit chez tous les gens de goût, et malheureusement chez eux seuls, ces idées gigantesques et vides de sens, ces apostrophes continuelles aux dieux, quand on ne sait pas faire parler les hommes ; ces lieux communs d’une politique ridiculement atroce, débités dans un style sauvage ; ces épithètes fausses et inutiles ; ces idées obscures, plus obscurément rendues ; ce style aussi dur que négligé, incorrect et barbare ; enfin tout ce que j’ai vu applaudi par un parterre composé alors de jeunes gens dont le goût n’était pas encore formé.
Je ne parle pas de l’artifice imperceptible des poèmes de Racine, de son grand art de conduire une tragédie, de renouer l’intérêt par des moyens délicats, de tirer un acte entier d’un seul sentiment ; je ne parle que de l’art d’écrire. C’est sur cet art si nécessaire, si facile aux yeux de l’ignorance, si difficile au génie même, que le législateur Boileau a donné ce précepte : et que tout ce qu’il dit, facile à retenir, de son ouvrage en vous laisse un long souvenir.
Voilà ce qui est arrivé toujours au seul Racine, depuis Andromaque jusqu’au chef-d’oeuvre d’Athalie .
J’ai remarqué ailleurs que, dans les livres de toute espèce, dans les sermons mêmes, dans les oraisons funèbres, les orateurs ont souvent employé les tours de phrase de cet élégant écrivain, ses expressions pittoresques, verba quibus deberent loqui . Cheminais, Massillon, ont été célèbres, l’un pendant quelque temps, l’autre pour toujours, par l’imitation du style de Racine. Ils se servaient de ses armes pour combattre en public un genre de littérature dont ils étaient idolâtres en secret. Ce peintre charmant de la vertu, cet aimable Fénelon, votre autre confrère, tant persécuté pour des disputes aujourd’hui méprisées, et si cher à la postérité par ses persécutions mêmes, forma sa prose élégante sur la poésie de Racine, ne pouvant l’imiter en vers ; car les vers sont une langue qu’il est donné à très peu d’esprits de posséder ; et quand les plus éloquents et les plus savants hommes, les sublimes Bossuet, les touchants Fénelon, les érudits Huet, ont voulu faire des vers français, ils sont tombés de la hauteur où les plaçait leur génie ou leur science dans cette triste classe qui est au-dessous de la médiocrité.
Mais les ouvrages de prose dans lesquels on a le mieux imité le style de Racine sont ce que nous avons de meilleur dans notre langue. Point de vrai succès aujourd’hui sans cette correction, sans cette pureté qui seule met le génie dans tout son jour, et sans laquelle ce génie ne déploierait qu’une force monstrueuse, tombant à chaque pas dans une faiblesse plus monstrueuse encore, et du haut des nues dans la fange.
Vous entretenez le feu sacré, messieurs ; c’est par vos soins que, depuis quelques années, les compositions pour les prix décernés par vous sont enfin devenues de véritables pièces d’éloquence. Le goût de la saine littérature s’est tellement déployé qu’on a vu quelquefois trois ou quatre ouvrages suspendre vos jugements, et partager vos suffrages ainsi que ceux du public.
Je sens combien il est peu convenable, à mon âge de quatre-vingt-quatre ans, d’oser arrêter un moment vos regards sur un des fruits dégénérés de ma vieillesse. La tragédie d’Irène ne peut être digne de vous ni du théâtre français ; elle n’a d’autre mérite que la fidélité aux règles données aux grecs par le digne précepteur d’Alexandre, et adoptées chez les français par le génie de Corneille, le père de notre théâtre.
À ce grand nom de Corneille, messieurs, permettez que je joigne ma faible voix à vos décisions souveraines sur l’éclat éternel qu’il sut donner à cette langue française peu connue avant lui, et devenue après lui la langue de l’Europe. Vous éclairâtes mes doutes, et vous confirmâtes mon opinion il y a deux ans, en voulant bien lire dans une de vos assemblées publiques la lettre que j’avais eu l’honneur de vous écrire sur Corneille et sur Shakespeare. Je rougis de joindre ensemble ces deux noms ; mais j’apprends qu’on renouvelle au milieu de Paris cette incroyable dispute. On s’appuie de l’opinion de Mme Montague, estimable citoyenne de Londres, qui montre pour sa patrie une passion si pardonnable. Elle préfère Shakespeare aux auteurs d’Iphigénie et d’Athalie , de Polyeucte et de Cinna . Elle a fait un livre entier pour lui assurer cette supériorité ; et ce livre est écrit avec la sorte d’enthousiasme que la nation anglaise retrouve dans quelques beaux morceaux de Shakespeare, échappés à la grossièreté de son siècle. Elle met Shakespeare au-dessus de tout, en faveur de ces morceaux qui sont en effet naturels et énergiques, quoique défigurés presque toujours par une familiarité basse. Mais est-il permis de préférer deux vers d’Ennius à tout Virgile, ou de Lycophron à tout Homère ?
On a représenté, messieurs, les chefs-d’oeuvre de la France devant toutes les cours, et dans les académies d’Italie. On les joue depuis les rivages de la mer glaciale jusqu’à la mer qui sépare l’Europe de l’Afrique. Qu’on fasse le même honneur à une seule pièce de Shakespeare, et alors nous pourrons disputer.
Qu’un chinois vienne nous dire : " nos tragédies composées sous la dynastie des yven font encore nos délices après cinq cents années. Nous avons sur le théâtre des scènes en prose, d’autres en vers rimés, d’autres en vers non rimés. Les discours de politique et les grands sentiments y sont interrompus par des chansons, comme dans votre Athalie . Nous avons de plus des sorciers qui descendent des airs sur un manche à balai, des vendeurs d’orviétan, et des gilles, qui, au milieu d’un entretien sérieux, viennent faire leurs grimaces, de peur que vous ne preniez à la pièce un intérêt trop tendre qui pourrait vous attrister. Nous faisons paraître des savetiers avec des mandarins, et des fossoyeurs avec des princes, pour rappeler aux hommes leur égalité primitive. Nos tragédies n’ont ni exposition, ni noeud, ni dénouement. Une de nos pièces dure cinq cents années, et un paysan qui est né au premier acte est pendu au dernier. Tous nos princes parlent en crocheteurs, et nos crocheteurs quelquefois en princes. Nos reines y prononcent des mots de turpitude qui n’échapperaient pas à des revendeuses entre les bras des derniers hommes, etc., etc. " je leur dirais : messieurs, jouez ces pièces à Nankin, mais ne vous avisez pas de les représenter aujourd’hui à Paris ou à Florence, quoiqu’on nous en donne quelquefois à Paris qui ont un plus grand défaut, celui d’être froides.
Mme Montague relève avec justice quelques défauts de la belle tragédie de Cinna et ceux de Rodogune . Tout n’est pas toujours ni bien dessiné ni bien exprimé dans ces fameuses pièces, je l’avoue : je suis même obligé de vous dire, messieurs, que cette dame spirituelle et éclairée ne reprend qu’une petite partie des fautes remarquées par moi-même, lorsque je vous consultai sur le commentaire de Corneille . Je me suis entièrement rencontré avec elle dans les justes critiques que j’ai été obligé d’en faire : mais c’est toujours en admirant son génie que j’ai remarqué ses écarts ; et quelle différence entre les défauts de Corneille dans ses bonnes pièces, et ceux de Skakespeare dans tous ses ouvrages ! Que peut-on reprocher à Corneille dans les tragédies de ce génie sublime qui sont restées à l’Europe (car il ne faut pas parler des autres) ? C’est d’avoir pris quelquefois de l’enflure pour de la grandeur ; de s’être permis quelques raisonnements que la tragédie ne peut admettre ; de s’être asservi dans presque toutes ses pièces à l’usage de son temps, d’introduire au milieu des intérêts politiques, toujours froids, des amours, plus insipides. On peut le plaindre de n’avoir point traité de vraies passions, excepté dans la pièce espagnole du cid , pièce dans laquelle il eut encore l’étonnant mérite de corriger son modèle en trente endroits, dans un temps où les bienséances théâtrales n’étaient pas encore connues en France. On le condamne surtout pour avoir trop négligé sa langue. Alors toutes les critiques faites par des hommes d’esprit sur un grand homme sont épuisées ; et l’on joue Cinna et Polyeucte devant l’impératrice des romains, devant celle de Russie, devant le doge et les sénateurs de Venise, comme devant le roi et la reine de France.
Que reproche-t-on à Shakespeare ? Vous le savez, messieurs : tout ce que vous venez de voir vanté par les chinois. Ce sont, comme dit M De Fontenelle dans ses mondes , presque d’autres principes de raisonnement. Mais ce qui est bien étrange, c’est qu’alors le théâtre espagnol, qui infectait l’Europe, en était le législateur. Lope De Vega avouait cet opprobre ; mais Shakespeare n’eut pas le courage de l’avouer. Que devaient faire les anglais ? Ce qu’on fait en France : se corriger.
Mme Montague condamne dans la perfection de Racine cet amour continuel qui est toujours la base du peu de tragédies que nous avons de lui, excepté dans Esther et dans Athalie . Il est beau, sans doute, à une dame de réprouver cette passion universelle qui fait régner son sexe ; mais qu’elle examine cette Bérénice tant condamnée par nous-mêmes pour n’être qu’une idylle amoureuse ; que le principal personnage de cette idylle soit représenté par une actrice telle que Mlle Gaussin : alors je réponds que Mme Montague versera des larmes. J’ai vu le roi de Prusse attendri à une simple lecture de Bérénice , qu’on faisait devant lui en prononçant les vers comme on doit les prononcer, ce qui est bien rare. Quel charme tira des larmes des yeux de ce héros philosophe ? La seule magie du style de ce vrai poëte, qui invenit verba quibus deberent loqui.
Les censures de réflexion n’ôtent jamais le plaisir du sentiment. Que la sévérité blâme Racine tant qu’elle voudra, le coeur vous ramènera toujours à ses pièces. Ceux qui connaissent les difficultés extrêmes et la délicatesse de la langue française voudront toujours lire et entendre les vers de cet homme inimitable, à qui le nom de grand n’a manqué que parce qu’il n’avait point de frère dont il fallût le distinguer. Si on lui reproche d’être le poëte de l’amour, il faut donc condamner le quatrième livre de l’énéide . On ne trouve pas quelquefois assez de force dans ses caractères et dans son style ; c’est ce qu’on a dit de Virgile ; mais on admire dans l’un et dans l’autre une élégance continue.
Mme Montague s’efforce d’être touchée des beautés d’Euripide, pour tâcher d’être insensible aux perfections de Racine. Je la plaindrais beaucoup, si elle avait le malheur de ne pas pleurer au rôle inimitable de la Phèdre française, et de n’être pas hors d’elle-même à toute la tragédie d’Iphigénie. Elle paraît estimer beaucoup Brumoy, parce que Brumoy, en qualité de traducteur d’Euripide, semble donner au poète grec la préférence sur le poète français. Mais si elle savait que Brumoy traduit le grec très infidèlement ; si elle savait que vous y serez, ma fille, n’est pas dans Euripide ; si elle savait que Clytemnestre embrasse les genoux d’Achille dans la pièce grecque, comme dans la française (quoique Brumoy ose supposer le contraire) ; enfin, si son oreille était accoutumée à cette mélodie enchanteresse qu’on ne trouve, parmi tous les tragiques de l’Europe, que chez Racine seul, alors Mme Montague changerait de sentiment.
"L’Achille de Racine, dit-elle, ressemble à un jeune amant qui a du courage : et pourtant l’Iphigénie est une des meilleures tragédies françaises. " je lui dirais : et pourtant, madame, elle est un chef-d’oeuvre qui honorera éternellement ce beau siècle de Louis XIV, ce siècle notre gloire, notre modèle, et notre désespoir. Si nous avons été indignés contre Mme De Sévigné, qui écrivait si bien et qui jugeait si mal ; si nous sommes révoltés de cet esprit misérable de parti, de cette aveugle prévention qui lui fait dire que " la mode d’aimer Racine passera comme la mode du café " , jugez, madame, combien nous devons être affligés qu’une personne aussi instruite que vous ne rende pas justice à l’extrême mérite d’un si grand homme. Je vous le dis, les yeux encore mouillés des larmes d’admiration et d’attendrissement que la centième lecture d’Iphigénie vient de m’arracher.
Je dois ajouter à cet extrême mérite d’émouvoir pendant cinq actes, le mérite plus rare, et moins senti, de vaincre pendant cinq actes la difficulté de la rime et de la mesure, au point de ne pas laisser échapper une seule ligne, un seul mot qui sente la moindre gêne, quoiqu’on ait été continuellement gêné. C’est à ce coin que sont marqués le peu de bons vers que nous avons dans notre langue. Mme Montague compte pour rien cette difficulté surmontée. Mais, madame, oubliez-vous qu’il n’y a jamais eu sur la terre aucun art, aucun amusement même où le prix ne fût attaché à la difficulté ? Ne cherchait-on pas dans la plus haute antiquité à rendre difficile l’explication de ces énigmes que les rois se proposaient les uns aux autres ? N’y a-t-il pas eu de très grandes difficultés à vaincre dans tous les jeux de la Grèce, depuis le disque jusqu’à la course des chars ? Nos tournois, nos carrousels, étaient-ils si faciles ? Que dis-je, aujourd’hui, dans la molle oisiveté où tous les grands perdent leurs journées, depuis Petersbourg jusqu’à Madrid, le seul attrait qui les pique dans leurs misérables jeux de cartes, n’est-ce pas la difficulté de la combinaison, sans quoi leur âme languirait assoupie ?
Il est donc bien étrange, et j’ose dire bien barbare, de vouloir ôter à la poésie ce qui la distingue du discours ordinaire. Les vers blancs n’ont été inventés que par la paresse et l’impuissance de faire des vers rimés, comme le célèbre Pope me l’a avoué vingt fois. Insérer dans une tragédie des scènes entières en prose, c’est l’aveu d’une impuissance encore plus honteuse.
Il est bien certain que les grecs ne placèrent les muses sur le haut du Parnasse que pour marquer le mérite et le plaisir de pouvoir aborder jusqu’à elles à travers des obstacles. Ne supprimez donc point ces obstacles, madame ; laissez subsister les barrières qui séparent la bonne compagnie des vendeurs d’orviétan et de leurs gilles ; souffrez que Pope imite les véritables génies italiens, les Arioste, les Tasse, qui se sont soumis à la gêne de la rime pour la vaincre. Enfin quand Boileau a prononcé, et que tout ce qu’il dit, facile à retenir, de son ouvrage en vous laisse un long souvenir, n’a-t-il pas entendu que la rime imprimait plus aisément les pensées dans la mémoire ? Je ne me flatte pas que mon discours et ma sensibilité passent dans le coeur de Mme Montague, et que je sois destiné à convertir divisos orbe britannos . Mais pourquoi faire une querelle nationale d’un objet de littérature ? Les anglais n’ont-ils pas assez de dissensions chez eux, et n’avons-nous pas assez de tracasseries chez nous ? Ou plutôt l’une et l’autre nation n’ont-elles pas eu assez de grands hommes dans tous les genres pour ne se rien envier, pour ne se rien reprocher ? Hélas ! Messieurs, permettez-moi de vous répéter que j’ai passé une partie de ma vie à faire connaître en France les passages les plus frappants des auteurs qui ont eu de la réputation chez les autres nations. Je fus le premier qui tirai un peu d’or de la fange où le génie de Shakespeare avait été plongé par son siècle. J’ai rendu justice à l’anglais Shakespeare, comme à l’espagnol Calderon, et je n’ai jamais écouté le préjugé national. J’ose dire que c’est de ma seule patrie que j’ai appris à regarder les autres peuples d’un oeil impartial. Les véritables gens de lettres en France n’ont jamais connu cette rivalité hautaine et pédantesque, cet amour-propre révoltant qui se déguise sous l’amour de son pays, et qui ne préfère les heureux génies de ses anciens concitoyens à tout mérite étranger que pour s’envelopper dans leur gloire.
Quels éloges n’avons-nous pas prodigués aux Bacon, aux Kepler, aux Copernic, sans même y mêler d’abord aucune émulation ! Que n’avons-nous pas dit du grand Galilée, le restaurateur et la victime de la raison en Italie, ce premier maître de la philosophie, que Descartes eut le malheur de ne citer jamais !
Nous sommes tous à présent les disciples de Newton : nous le remercions d’avoir seul trouvé et prouvé le vrai système du monde, d’avoir seul enseigné au genre humain à voir la lumière ; et nous lui pardonnons d’avoir commenté les visions de Daniel et l’apocalypse.
Nous admirons dans Locke la seule métaphysique qui ait paru dans le monde depuis que Platon la chercha, et nous n’avons rien à pardonner à Locke. N’en ferions-nous pas autant pour Shakespeare s’il avait ressuscité l’art des sophocles, comme Mme Montague, ou son traducteur, ose le prétendre ? Ne verrions-nous pas M De Laharpe, qui combat pour le bon goût avec les armes de la raison, élever sa voix en faveur de cet homme singulier ? Que fait-il au contraire ? Il a eu la patience de prouver dans son judicieux journal, ce que tout le monde sent, que Shakespeare est un sauvage avec des étincelles de génie qui brillent dans une nuit horrible.
Que l’Angleterre se contente de ses grands hommes en tant de genres ; elle a assez de gloire : la patrie du prince Noir et de Newton peut se passer du mérite des Sophocles, des Zeuxis, des Phidias, des Thimothées, qui lui manquent encore. Je finis ma carrière en souhaitant que celles de nos grands hommes en tout genre soient toujours remplies par des successeurs dignes d’eux : que les siècles à venir égalent le grand siècle de Louis XIV, et qu’ils ne dégénèrent pas en croyant le surpasser.
Je suis avec un profond respect, messieurs,
Votre très humble, très obéissant, et très obligé serviteur et confrère, etc.
ACTEURS §
- NICÉPHORE, empereur de Constantinople.
- IRÈNE, femme de Nicéphore.
- ALEXIS COMMÈNE, prince de Grèce.
- LÉONCE, père d’Irène.
- MEMNON, attaché au prince Alexis.
- ZOÉ, favorite, suivante d’Irène.
- UN OFFICIER de l’empereur.
- GARDES.
ACTE I §
SCÈNE I. Irène, Zoé. §
IRÈNE
ZOÉ
IRÈNE
ZOÉ
IRÈNE
ZOÉ
IRÈNE
IRÈNE
SCÈNE II. Irène, Zoé, Memnon. §
IRÈNE
MEMNON
IRÈNE
MEMNON
IRÈNE
MEMNON
SCÈNE III. Irène, Zoé. §
IRÈNE
ZOÉ
IRÈNE
SCÈNE IV. Irène, Alexis, Zoé. §
ALEXIS
IRÈNE
ALEXIS
IRÈNE
ALEXIS
IRÈNE
ALEXIS
IRÈNE
ALEXIS
IRÈNE
SCÈNE V. Irène, Alexis, Zoé, un garde. §
LE GARDE
ALEXIS
SCÈNE VI. Irène, Zoé. §
IRÈNE
ZOÉ
IRÈNE
ACTE II §
SCÈNE I. Alexis, Memnon. §
MEMNON
ALEXIS
MEMNON
ALEXIS
MEMNON
ALEXIS
MEMNON
ALEXIS
MEMNON
ALEXIS
MEMNON
SCÈNE II. Nicéphore, suivi de deux officiers ; Alexis, Memnon, gardes, au fond. §
NICÉPHORE
ALEXIS
NICÉPHORE
ALEXIS
NICÉPHORE
ALEXIS
NICÉPHORE
ALEXIS
NICÉPHORE
SCÈNE III. Alexis, Memnon. §
MEMNON
ALEXIS, après avoir observé le lieu où il se trouve.
MEMNON
ALEXIS, après avoir lu une partie du billet de sang-froid.
MEMNON
ALEXIS, relisant.
MEMNON
ALEXIS
MEMNON
ALEXIS
MEMNON
ALEXIS
MEMNON
ALEXIS
SCÈNE IV. Alexis, Irène, Memnon. §
IRÈNE
ALEXIS
SCÈNE V. §
IRÈNE
SCÈNE VI. Irène, Zoé. §
ZOÉ
IRÈNE
ZOÉ
IRÈNE
ACTE III §
SCÈNE I. Irène, Zoé. §
ZOÉ
IRÈNE
ZOÉ
IRÈNE
SCÈNE II. Irène, Léonce, Zoé. §
IRÈNE
LÉONCE
IRÈNE
SCÈNE III. Irène, Léonce, Zoé, Memnon, suite. §
MEMNON
SCÈNE IV. Irène, Léonce, Zoé. §
IRÈNE
LÉONCE
IRÈNE
LÉONCE
IRÈNE
LÉONCE
IRÈNE
LÉONCE
SCÈNE V. Irène, Zoé. §
ZOÉ
IRÈNE
ZOÉ
IRÈNE
SCÈNE VI. Irène, Alexis, gardes, qui se retirent après avoir mis un trophée aux pieds d’Irène. §
ALEXIS
IRÈNE
ALEXIS
IRÈNE
ALEXIS
IRÈNE
ALEXIS
IRÈNE
ALEXIS
IRÈNE
ALEXIS
IRÈNE
ALEXIS
IRÈNE
ALEXIS
SCÈNE VII. Irène, Alexis, Zoé. §
ZOÉ
IRÈNE
ALEXIS
SCÈNE VIII. §
IRÈNE
ACTE IV §
SCÈNE I. Irène, Zoé. §
ZOÉ
IRÈNE
ZOÉ
IRÈNE
ZOÉ
IRÈNE
ZOÉ
IRÈNE
ZOÉ
IRÈNE
ZOÉ
IRÈNE
ZOÉ
IRÈNE
IRÈNE
ZOÉ
IRÈNE
SCÈNE II. Irène, Léonce, Zoé. §
LÉONCE
IRÈNE
LÉONCE
SCÈNE III. Alexis, Léonce. §
ALEXIS
LÉONCE
ALEXIS, en se détournant.
LÉONCE
ALEXIS
LÉONCE
ALEXIS
LÉONCE
ALEXIS
LÉONCE
ALEXIS
LÉONCE
SCÈNE IV. §
ALEXIS
SCÈNE V. Alexis, Zoé. §
ALEXIS
ZOÉ
ALEXIS
SCÈNE VI. Alexis, Zoé, Memnon, gardes. §
ALEXIS
MEMNON
ALEXIS
ACTE V §
SCÈNE I. Alexis, Memnon. §
MEMNON
ALEXIS
MEMNON
ALEXIS
MEMNON
ALEXIS
SCÈNE II. Alexis, Zoé. §
ALEXIS
ZOÉ
ALEXIS
ZOÉ
ALEXIS
ZOÉ
ALEXIS
SCÈNE III. Alexis, Irène, Zoé. §
IRÈNE
ALEXIS
ALEXIS
IRÈNE
SCÈNE IV. §
IRÈNE, se levant.
SCÈNE V. Irène, mourante ; Alexis, Léonce, Memnon, suite. §
ALEXIS
LÉONCE
ALEXIS, se jetant aux genoux d’Irène.
IRÈNE, à Alexis, à Léonce.
LÉONCE
IRÈNE, lui tendant les mains.
ALEXIS, à genoux d’un côté.
LÉONCE, à genoux de l’autre côté.
IRÈNE