**** *creator_anonyme *book_anonyme_actricenouvelle *style_verse *genre_comedy *dist1_anonyme_verse_comedy_actricenouvelle *dist2_anonyme_verse_comedy *id_LABARONNE *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_labaronne Lisette savez-vous ce qu'on joue aujourd'hui ? Oui. Oh, je n'y irai donc pas. Je veux être à midi dans les premiers balcons, Je ne veux pas manquer notre actrice nouvelle, Quoi donc ? Je ne sais quel sera le sort De la malheureuse Chimène ; Mais je tremble d'avance, Et frissonne si fort, « Que je crains de tomber dès la première scène ; Daignez donc avertir pour demain vos amis, À vos ordres d'abord ils seront tous soumis, Quand vous leur aurez dit que Chimène vous touche, Ils prendront tous pour moi des sentiments humains Et même me battront des mains Avant que j'aie ouvert la bouche ; C'est mon peu de perfection ? Qui fait que je vous sollicite, Si je me croyais du mérite, Prendrais-je ces précautions ? Adieu belle et charmante Dame, Que j'aime de toute mon âme, Et que j'aimerai même au delà du trépas ; Cet Oracle est plus sûr que celui de Calchas. » Pour moi la pauvre enfant est pleine de tendresse ; Je veux qu'à l'applaudir tout le Public s'empresse : J'ai déjà prévenu bon nombre d'officiers ; Demain dans le parterre ils feront des premiers ; Ils prieront leurs amis de devenir les nôtres, Ils n'applaudiront qu'elle, et siffleront les autres ; Et de cette façon dès la première fois ; Ils la recevront tous d'une commune voix. Non, quelle cet-elle ? Dis-moi. Ah ! Je jure ma foi, Que je ne sais non plus ce que tu me veux dire. Je l'avouerai Lisette, et sans rien déguiser ? Que depuis quelques jours on m'a su faire entendre, Qu'il ressentait pour moi la flamme la plus rendre, Et que l'Hymen m'en fut sur l'heure proposé Que mon coeur à cela se trouvant opposé, La réponse pour lui ne fut pas favorable. Mais je l'avouerai. Je le trouve trop sage ; Il n'a pas l'enjouement et la vivacité, Que font voir aujourd'hui nos gens de qualité, J'aime l'air petit Maître, il m'enchante la vue. Donne moi donc Lisette un coeur comme le tien. Mais : désapprouve tu l'air naturel et tendre, Qui se fait remarquer dans le jeune Ciitandre, Je ne vois rien en lui qui lui soit reproché C'est un esprit pliant qui n'a rien de caché. Et Damon qu'en dis tu, n'est il pas beau bien fait ? Sa voix fait assez bien les honneurs d'un repas. Dites lui que tantôt il le rende chez moi. Lisette que je suis étonnée. De cette lettre en vers si galamment écrite, Tu ne m'avais pas dit qu'il avait ce mérite ; Comment, il fait des vers, Lisette il me plaira, Il veut avoir mon coeur,et je crois qu'il l'aura ; Pour se faire écouter, il fait ce qu'il faut faire. Elle est pleine d'esprit, Va, pour l'accommoder je ferai ce qu'il faut : Mais j'entends un carrosse entrer avec vitesse, Si c'est le Chevalier et la jeune Comtesse, Dis leur bien que je suis dans un moment ici En vers au Conseiller je veux écrire aussi. « Si Titus est jaloux , Tttus est amoureux , » Je vais le détromper. Monsieur le Conseiller, j'approuve votre flamme. Vous avez su me plaire et je veux devant tous Le déclarer ici, vous serez mon époux. Qu'en dit le Chevalier ? Vous vous aimez tous deux, hâtez ce doux lien. Puisque nous voilà tous dans la réjouissance, Donnons à notre actrice un moment d'audience, Quelques scènes du Cid, si vous le voulez bien. Elle fera demain l'ornement de la scène, Vous y viendrez sans doute. Claquez la bien Messieurs. Quand on aura servi qu'on nous vienne avertir ; Quel son de voix flatteur. Paix. Vous ne vous traitez point, quelle humeur étonnante ? Moi je n'ai jamais vu rien d'égal à cela. Ah ! Quelle expression, elle met dans son jeu, Je crois être Chimène et je suis toute en feu. Jusqu'à son jeu muet, on voit qu'elle à de l'âme, C'est une grande actrice avouez-le Madame ; Sur les autres demain on va crier haro. Qu'on le laisse achever moi j'en fuis fort contente Avec un air aisé je vois qu'il se présente, Et trouve qu'il serait excellent dans son jeu S'il avait de la voix, des gestes, et du feu. Mais venons je vous prie à la fin de la scène, C'est à vous à parler. Vous ne sauriez vous taire Monsieur. On ne peut jouer mieux il le faut avouer ; Qu'en dites vous, Meilleurs ? Elle sera reçue, elle s'y doit attendre ; Monsieur le Financier, vous la venez d'entendre. Dites nous votre avis qu'en pensez vous. Allons nous mettre à table. **** *creator_anonyme *book_anonyme_actricenouvelle *style_verse *genre_comedy *dist1_anonyme_verse_comedy_actricenouvelle *dist2_anonyme_verse_comedy *id_LACOMTESSE *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lacomtesse Chevalier faites trêve à cette humeur rêveuse, Ou je vais devenir plus que vous sérieuse : D'un mot dit en riant, vous devenez jaloux , Je ne puis plaisanter sans vous voir en courroux, Quoi parce que j'ai dit sans avoir nulle idée, « Est-ce ma faute à moi Si Licas me plaît plus que toi. » Votre âme est contre moi de fureur possédée, Je le dis franchement, si vous voulez m'aimer , À mon humeur badine il faut s'accoutumer. Mais quand j'ai dit cela, c'est sans réflexion. Qu'aurais- je dû répondre expliquez le vous-même ? Comment donc en pleurant, je hais le sérieux, Et ne veux point aimer un mouchoir sur les yeux ; Croyez-vous dites-moi, changer mon caractère ? Avec cet air chagrin avec ce ton colère. Je veux bien raisonner un instant avec vous, Je vous l'ai déjà dit, j'abhorre les jaloux ; Et si vous ne changez avec moi de langage, Il ne faut plus compter sur notre mariage. Je ne fais point un choix pour vivre dans l'ennui, Si je prends un époux, c'est pour rire avec lui. Et sur quoi voulez-vous que je vous éclaircisse ? Quoi Chevalier ? Et quoi le conseiller à présent vous occupe. Serez-vous donc toujours de vous-même la dupe ? Mais quel plaisir prend-on à faire son tourment ? Pour moi l'Amour est un plaisir charmant. Le Conseiller puisqu'il faut vous le dire. Je prétends rire. Attendez-moi je vais... Comment donc vous sortez. Vous partez, Renaud, vous partez. Lisette retenez-le empêchez qu'il ne sorte. Vous croirait-il Madame ? Le Chevalier croira, Que c'est encor ici quelques traits d'Opéra. Hélas ? Que son amour est différent du mien ; Mais je me sacrifie à son humeur jalouse ; C'en est fait Chevalier je serai votre épouse. Oh je veux voir Chimène. « Sangaride ce jour, est un grand pour vous. » Chimène est un prodige. **** *creator_anonyme *book_anonyme_actricenouvelle *style_verse *genre_comedy *dist1_anonyme_verse_comedy_actricenouvelle *dist2_anonyme_verse_comedy *id_LECHEVALIER *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lechevalier Mais Madame ai-je tort rendez-moi donc justice ; Mes mouvements jaloux viennent-t-ils du caprice ? Quoi : dans le même instant que je jure à vos yeux, Qu'excepté mon amour rien ne m'est précieux , Que je fais mon bonheur de vous aimer sans celle Que j'arrête le Ciel que ma vive tendresse , Jusqu'au dernier moment de mes jours durera , Morbleu, vous répondez par un trait d'Opéra ; Et pour comble de maux ce trait est un passage, Que je ne puis tourner qu'a mon désavantage. Vous me prêtiez vraiment beaucoup d'attention. Est-ce en chantant, morbleu, qu'on doit dire qu'on aime ? Croyez-vous que de rire on puisse avoir envie, Quand on vous fait mourir tous les jours de la vie ; Et qu'on ne prend jamais soin de vous radoucir Sur un doute, un soupçon qu'un mot peut éclaircir. Voilà ce qui fait seul aujourd'hui mon supplice. Par exemple tantôt j'ai vu. Oui, j'ai vu de chez vous sortir le conseiller. Sachons. Encor. Eh bien quoi vous rirez toujours. Ah Lisette ! Tu vois un homme au désespoir. Que je suis malheureux ! Morbleu j'aime une folle, Eh qui ne serait pas de fureur animé ! Quand on s'était flatté que l'on était aimé. Ah quand on aime bien, doit-on rire sans celle ? Mais Lisette sais-tu, quel secret aujourd'hui Peut avoir la Baronne avec la Comtesse ? Ah ! Dis-le moi Lisette ! Tu ne le diras pas, Lisette je me meurs. Ah quelle trahison ! Vous êtes adorable, et je ne sais comment M'acquitter envers vous d'un service si grand. Hélas ! Que voulez-vous que je pense Madame, Quand vous tardez toujours à couronner ma flamme ? Je ne suis point tranquille, et ne puis vivre heureux, Qu'au moment que l'hymen nous unira tous deux. De mes jaloux transports ne craignez plus l'effet, Je suis sur d'être aimé, mon coeur est satisfait. Moi je pense au contraire Qu'il va nous divertir, il faut le laisser faire. Il a raison, silence. Il récite assez bien. On ne peut que louer, sur tout monsieur l'Abbé. Madame il a fait rage. **** *creator_anonyme *book_anonyme_actricenouvelle *style_verse *genre_comedy *dist1_anonyme_verse_comedy_actricenouvelle *dist2_anonyme_verse_comedy *id_LECONSEILLER *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_leconseiller Je me garderai bien de rompre le silence. Vous voyez qu'il n'est pas un homme qui déguise. Madame à ce bonheur aurais-je dû m'attendre ? Vous comblez les souhaits de l'amant le plus tendre, **** *creator_anonyme *book_anonyme_actricenouvelle *style_verse *genre_comedy *dist1_anonyme_verse_comedy_actricenouvelle *dist2_anonyme_verse_comedy *id_LEFINANCIER *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lefinancier Moi je parle toujours à table ou bien au jeu ; Mais à la Comédie, oh par la ventrebleu ! Personne mieux que moi n'observe le silence, Car toujours je m'endors d'abord qu'elle commence. Hé , mais, j'applaudirai, mais sans savoir pourquoi ; Car enfin m n malheur, est d'avoir la faiblesse, D'ignorer le mauvais, ou le bon d'une pièce. Je règle mon avis, sur ce que chacun dit Par exemple, en voyant pleurer dans une scène, Je m'attendris, je sens que cela me fait peine ; Et sans savoir aussi, n'y pourquoi, ni par où, Quand le parterre rit, oh je ris comme un fou. Il s'agit bien ici du Grec et du Latin, Moi je parle François, j'aurai soin du festin. Je crains bien que ceci ne devienne ennuyeux. Qu'en dis tu Chevalier ? Allons Rodrigue, allons, alerte à repartir. Le mien étouffe. Allons Abbé Bidet, ne vous déferrez point. Et mon coeur qui respire, N'ose sans votre aveu sortir de votre empire. Qu'il meure donc, parbleu, cela m'impatiente. Il dit qu'il va mourir, Se reste toujours là. Pour moi je suis gelé quelque chose qu'on fasse, Et Rodrigue me vaut une tasse de glace. Et Rodrigue un zéro. Monsieur l'Abbé, haut les bras. Qu'il gesticule donc, je ne dirai plus rien. Lui combattre l'Abbé ? D'un coup de busque il tomberait par terre. Morbleu, Je n'ai point vu d'actrice avoir un si grand jeu. **** *creator_anonyme *book_anonyme_actricenouvelle *style_verse *genre_comedy *dist1_anonyme_verse_comedy_actricenouvelle *dist2_anonyme_verse_comedy *id_FRONTIN *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_frontin Te rendre ce Billet, et t'embrasser. Si j'avais cru devoir m'attendre à la riposte, Je vous l'aurais Madame envoyé par la Poste. Oh ! Dans notre maison nous aimons le mystère. À cinq heures demain. Oh depuis quinze jours j'ai bien fait des affaires ! Que de billets portés, de lettres circulaires ; Dans les hôtels garnis, les cafés et le cours : Il faut que j'aie été quinze fois chaque jour, Elle aura des batteurs, ou le diable me tue, Jamais actrice enfin ne fera plus battue. Ma maîtresse fera bien pis encor, crois moi, Je connais son esprit, et te donne ma foi, Que s'il en est qui vont dans les loges pour plaire, Celle-ci pourrait bien aller jusqu'au parterre : Tiens, Lisette elle est folle, et d'elle il est cent traits, Que l'on ne pourrait croire, et qui pourtant sont vrais De fables, de romans, sa chambre est toute pleine ; Sans celle elle s'habille en princesse romaine ; De sa fille de chambre elle a changé le nom. Je crois qu'elle l'appelle ; attendez : Charmion. Elle me nomme Arcas, et puis tantôt Auguste. Et celle qui nous fait la cuisine.... Laucuste. Mais écoute la peur qu'un jour elle me fit, Quand j'y pense j'en suis encor tout interdit : Morbleu qu'on est à plaindre avec telle maîtresse ; Une nuit répétant son rôle de Lucrèce Elle entra dans ma chambre un poignard à la main, Et vouloir malgré moi, que je fisse Tarquin. À reprendre mes sens j'eus d'abord quelque peine ; Mais je revins à moi, pour finit ce détail, Quand je vis le poignard n'être qu'un éventail. Je l'achète bien cher, hélas si c'en est une ! Je ne fus pas heureux dans mes conditions ; J'ai toujours essuyé des tribulations : Je me souviens d'avoir servi chez certain homme, S'il m'y fallait rentrer j'irais plutôt à Rome. Morbleu que celui-là me menait joli train : Il m'aurait fait crever, quoiqu'il fut médecin ; Tiens,dans cette maison je faisais tout sans aides, Je rasais, je frottais, je portais les remèdes ; Je faisais la cuisine, et battais les habits, Je balayais la Cour, et je faisais les lits ; Ratissais le Jardin, habillais la maîtresse Que te dirai-je enfin, courant, veillant sans cesse, Tantôt valet de chambre, et tantôt palefrenier, Tantôt à la toilette, et tantôt au grenier, Travaillant pour l'époux, agissant pour la femme, Je pansais le cheval, et je peignais Madame. Vous pensez vous moquer, mais apprenez la belle, Que toujours le Valet, au Maître se modèle ; Tel est notre destin chez ceux que nous servons, Nous sommes, mon enfant, de vrais caméléons ; Nous imitons leurs moeurs, leurs discours, leurs allures, Et souvent nous prenons jusques à leurs figures. Avec les Corneilles, nous devenons galants ; Nous prenons un air grave avec les présidents ; Servons nous un jaloux il nous faut être traître, Nous sommes comme fous avec un petit-maître ; Nous prenons un air doux chez le bénéficier ; Et sommes insolents derrière un sous-fermier ; Mais ta maîtresse à toi, madame la Baronne, Qui tranche de l'esprit, et sans raison raisonne, N'en parierons nous point ? Mais que dit-elle encor ? Je n'y viendrai donc pas, je suis las d'en entendre. Tu crois que la Comtesse aussi déclamera. Nous nous verrons tantôt, adieu, je me retire. Il est amoureux fou, de la jeune Comtesse, Et jaloux qui plus est, mais jaloux à mourir, Et quoiqu'il soit aimé, rien ne peux le guérir , Il se brouille souvent pour une bagatelle ; C'est toujours au logis quelque scène nouvelle ; Et comme ma maîtresse a de l'ambition, Quelle veut des amis, de la protection, Elle cherche à se rendre à chacun nécessaire, Et pour se ménager l'un et l'autre, et leur plaire, Le scrupule qu'elle a, te le dirai-je net : Elle veut les unir par un hymen complet, Elle en veut faire autant, je crois, de la Baronne Avec le conseiller, du moins, je le soupçonne. Adieu jusqu'au revoir, Je vais continuer mon fatigant devoir Et porter au plutôt des billets de parterre, Chez les étudiants et les clercs de notaire. Lisette, elle me fuit. C'est qu'elle donne audience là-bas. À peine a-t-elle mis un pied hors de sa chaise, Que de nos curieux environ quinze ou seize, Du Café fortins tous avec empressement, Lui sont venus donner la main fort poliment ; Le Conseiller ensuite empressé, plein de zèle, A su percer la foule, et se ranger prés d'elle ; Et je crois qu'elle monte à présent l'escalier Avec l'abbé Bidet, et le gros Financier ; Mais la voici. **** *creator_anonyme *book_anonyme_actricenouvelle *style_verse *genre_comedy *dist1_anonyme_verse_comedy_actricenouvelle *dist2_anonyme_verse_comedy *id_LISETTE *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lisette Que veut le beau Frontin aujourd'hui dans ce lieu ? Adieu. Tiens-tiens, baise ma main et ne te fâche plus ; C'est donc pour ma maîtresse pourquoi point de dessus ? Ta maîtresse renferme un rare caractère. Le manège qu'elle a pâlir l'esprit humain ; Mais quand débute-t-elle ? C'est sans doute pour faire applaudir ta maîtresse. Qu'on voit venir ici des gens de toute espèce ; Le chevalier, l'abbé, le conseiller aussi, Avec le financier doivent souper ici. Moi je blâme ses soins et les précautions, Et pourquoi mendier des approbations ? Si son mérite est sûr, il parlera pour elle ; Être loué de gré, vaut bien mieux que par zèle ; Je ne suis point la dupe et je le dis tout net. D'une actrice qui vient après son rôle fait, D'un air de suppliante entrer de loge en loge Et de chaque payant arracher un éloge. Et comment finit donc cette plaisante scène ? Parlons de son manège il ne se peut comprendre, J'en sais aussi des traits qui pourront te surprendre ; Il faut qu'elle ait entrée en vingt mille maisons ; Car avec tout le monde elle a des liaisons ; Se mêle du barreau, de la cour, de la guerre Et rien je crois n'est fait, que par son ministère : Qu'un emploi soit vaquant, elle le fait avoir, Sans trop solliciter à qui le peut vouloir Un mariage fait, elle le fait défaire ; Une terre vendue, elle la fait retraire ; Brouille tous ceux qui font étroitement liés, Et raccommode aussi tous ceux qui font brouillés ; Entre dans les détails des charges, des offices, Des fonds des hôpitaux, de ceux des bénéfices ; Par elle celui-là devient introducteur, Celui-ci secrétaire, Se l'autre ambassadeur. Non je ne pense pas que personne en la vie, Aie avec tel succès su pousser l'industrie D'un fripon qui volait partout impunément , Elle en fit d'un seul mot, hier un sous-traitant. Cette condition est ma foi ta Fortune. Il fallait y rester, peut être qu'à la fin, Tu serais comme lui devenu médecin. Son style précieux. Devient depuis un temps, tout-à-fait ennuyeux. De la nouvelle actrice, Tant que dure le jour, elle est l'admiratrice ; Et la rage qu'elle a pour entendre ( des Vers , Mettra je crois, bientôt, son esprit à l'envers; ) De ta maîtresse enfin, elle a la maladie Et ne parle à présent qu'en vers en Tragédie : Si la jeune Comtesse aujourd'hui la vient voir, On n'entendra que vers du matin jusqu'au soir. Si ta maîtresse y vient il faudra bien t'y rendre. Non mais elle a toujours son jargon d'Opéra ; De sorte que quand l'une a dit un vers tragique. L'autre prend la parole avec un vers lyrique, Et ce fol entretien règne si fréquemment, Qu'elles ne peuvent plus se parler autrement. Je crois avoir encor quelque chose à te dire, Je voulais te parler touchant le Chevalier ; Dis moi donc promptement, crainte de l'oublier ; Pourquoi nous le voyons toujours chez ta maîtresse ? J'en serais assez aise, et te dis franchement Que pour parler pour lui j'ai quelque engagement. Près d'elle j'ai promis de faire mon possible, Pour les coeurs généreux ; moi j'ai l'âme sensible, Mais j'entends ma maîtresse. Voulez-vous aller à la Comédie. La Pièce que l'on joue est plus belle que rare Car je pense avoir lu sur l'affiche l'Avare. Pour demain nous irons. Tenez, lisez. C'est une Lettre d'elle ! Tout le public je crois, fera fort content d'elle : Pour changer de propos, savez-vous la nouvelle, Que l'on débite ? Vous faites l'ignorante. Le jeune Concilier n'a pas sur vous empire, Et vous ne devez pas au plutôt l'épouser ? Il a beaucoup d'esprit, il est bien fait, aimable ; Il a de la noblesse et je ne sais comment, On peut le recevoir d'un oeil indiffèrent, À ne pas l'accepter quel sujet vous engage ? Quoi ? De ces petits Messieurs je suis bien revenue ; Ah qu'ils ont selon moi, l'air vain, fou, sot et plat ; Et je voudrais savoir quel fut le premier fat ; Qui fit naître à Paris cette secte nouvelle ; Ou le colifichet qu'ils prirent pour modèle : Est-il rien de plus lot que l'est leur entretien ? Ils vous parlent toujours et ne vous disent rien. Quel plaisir trouve-t-on à leur entendre dire ? Ah te voilà Marquis, vas-tu chez Arlemire ? Où soupes-tu ce soir, mon carrosse viendra ? Je revins ivre hier, as-tu vu l'Opéra ? Céphise est de retour ! Que dit de moi Belise ? Donne moi du Tabac, as-tu vu la Marquise ? Et cent autres discours, jargons des étourdis ; Qui pourraient rendre fou tel à qui l'on les die, Moi je prendrai bientôt un mari,je l'espère ; Mais il ne fera pas d'un pareil caractère ; Si vous faisiez ainsi vous ne feriez que bien. Non il ne cache rien, il est plein de franchise Car il montre partout les lettres de Belise. Hélas Madame à qui faites vous son Portrait ? Je ne suis pas encor à savoir, je vous jure, Qu'il pèche par l'esprit et non par la figure, Qu'il y chante toujours et qu'il n'y parle pas. Et de quoi ? Sans ce trait de folie, il n'aurait pu vous plaire : Lisons donc ce billet si joliment écrit, Voyons la Poésie. « L'amour ! Ô charmante Baronne, Va vous intenter un procès, Ne doutez point de son succès, Car je sais que sa cause est bonnes ; Il faut à l'amiable en arrêter le cours, ..................................... Il peut jusqu'au trépas, vous chicaner sans cesse ; Et quand on a passé sa jeunesse À Plaider contre les Amours, Il vient un temps où nous perdons toujours. » De traits vifs et galants, la lettre est assortie, Plaider contre l'Amour, oh la forte partie ! Il faut accommoder cette affaire au plutôt. La Lettre fera longue à ce que j'imagine, Et ne s'écrira pas sans Corneille, ou Racine. Madame va venir et vous prie instamment De vouloir bien l'attendre en cet appartement. Ma Maîtresse vous prie en ce même moment, De vouloir bien passer dans son appartement, Elle a quelques secrets à vous dire je pense. Qu'avez-vous donc Monsieur pour fuir de la forte ? Et de quoi s'il vous plaît ne puis-je le savoir ? Qu'est-ce qui vous désole ? Quel sujet de chagrin ? Quoi la Comtesse est folle et comment, et par où ? Mais n'est-ce point plutôt qu'elle aimerait un fou ? Je remarque en vos yeux un amour peu tranquille ; L'amour est ennuyeux quand il se tourne en bile. Eh vous n'êtes aimé que trop de la Comtesse. Oui. Et pourquoi, je n'ai garde , Ce n'est pas vous Monsieur que ce secret regarde. Oh je vois bien qu'il faut adoucir les fureurs. Rassurez-vous Monsieur tachez de vous remettre Au conseiller en vers on écrit une lettre , Voilà tout le mystère. Comment l'accès redouble, et par quelle raison. Mais j'aperçois Frontin. Ta maîtresse vient elle ? La réponse est nouvelle C'est à vous ce me semble à marcher sur ses pas, Monsieur. Je vais avertir ma maîtresse, Et compter vos fureurs à la jeune Comtesse. La lettre au Conseiller l'a rendu furieux.