**** *creator_archambault *book_archambault_hurlubrelu *style_prose *genre_comedy *dist1_archambault_prose_comedy_hurlubrelu *dist2_archambault_prose_comedy *id_GERMAIN *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_germain Il est déjà onze heures, et cet imbécile d'Hurlubrelu ne revient pas ; il m'aura fait encore quelque étourderie mais moi, bien imbécile aussi, de me servir d'un ahuri comme celui : je lui ai donné deux commissions ce matin, c'en est assez pour qu'il m'ait fait tout de travers. Je ne voudrais pourtant pas sortie avant qu'il m'ait rapporté la quittance de cet homme à qui je l'ai envoyé payer un billet de douze cens livres: il n'aurait qu'à la perdre, cela ne m'avancerait pas... Mais Monsieur Calandre, mon fabriquant, est un honnête homme, je ne risque rien avec lui. C'est égal, en attendant que Hurlubrelu revienne, je vais causer un moment avec mon Notaire ; aussi bien j'ai quelque chose à lui communiquer. Eh ! Hurlubrelu ? Voyez ce nigaud ! Par où j'ai passé... par la porte, apparemment. Tu la tiens ! Mais tu ne l'as pas toujours tenue. Eh ! Que ça te regarde ou non, laissons cela. Te voilà donc revenu à la fin ? Y a-t-il assez longtemps que tu es parti? Oh ! Tu ne l'épargnes pas, toi, le temps... Eh bien, as-tu donné mon argent ? Bon. Où est la quittance ? Oui, la quittance ; ne t'ai-je pas dit de m'en rapporter une, ou bien mon billet ? Comment ! Pas la peine... Est ce qu'on fait des affaires comme ça, donc? Il est bien bon ; il n'y a pas là de quoi tant me remercier : je lui paye une dette, il ne m'a pas d'obligation. --- Mais, dis-moi un peu; cet autre à qui je t'ai envoyé porter une lettre toute seule, il n'a pas été aussi content lui, n'est ce pas ? Effectivement, c'était bien difficile à croire ! Refuser de prêter de l'argent à un Gascon ! À un homme qui m'en a déjà emprunté vingt fois, et qui ne me l'a jamais rendu. Ah ! Parbleu oui, mal honnête !... J'aime mieux l'être comme ça que d'être dupe.... Hein ? Qu'est-ce que tu parles de fripon... Est-ce que je lui dois quelque chose, moi ? Qu'est-ce que tu m'embrouilles-là de papier et de danse ? Expliquons nous : tu dis que Craquignac a dit qu'il allait m'envoyer un huissier ? Le Normand !... Ah, misérable ! Je vois ce que c'est. Ah, le malheureux ! Voilà encor douze cent livres de jetés dans la rivière. Eh, Monsieur, de grâce !... Vous m'étouffez ; laissez moi. Le diable l'emporte ; il me ruine et me tue tout-à-la-fois. C'est bien malgré moi aussi que tu l'as. Quelle diable t'attrape, va !⁎⁎⁎⁎ C'est comme je le serais si tu me le rendais, toi. Oui, j'ai fait là une belle journée ! À propos, vous avez raison. Ah, morbleu ! Si j'en pouvais du moins rattraper la moitié. Oui, je me rappelle très bien, vous ne m'aviez demandé que six cent livres... C'est une erreur très forte. Comment la lettre ! Pourquoi faire ? Eh bien, après ? Eh, quel diable de compte : il est bien plus simple de me rendre mes vingt-cinq louis. Viens, misérable ! Je vais toujours t'en payer l'intérêt à toi... C'est moi-même, Monsieur. Qu'y a t-il pour votre service ? Qu'est-ce que c'est que Monsieur Roch Barbarin ? Malheureux étourdi ! Vois-tu à présent le fruit de ta sottise, et du misérable quiproquo que tu viens de me faire ? Eh non, vous n'êtes pas de trop, Monsieur Craquignac, vous pouvez entendre cela : vous y êtes pour quelque chose même. Oui, il est très raisonnable et très honnête ; car c'est à lui que j'ai l'obligation de votre visite. Par la faute de cet animal là qui lui a porté douze cent livres que j'envoyais à Monsieur de la Calandre ; de sorte qu'à présent vous m'apportez un protest en bref, et lui il m'emporte mon argent en bloc. Oui, c'en est un, et un fier même comme vous voyez. Eh bien, Monsieur Hurlubrelu, nous voilà bien avancé, n'est-ce pas ? Oui, je t'en réponds, drôle, qu'il y en aura un sort. Heureusement pour toi, je n'ai pas le temps de te payer à présent, mais tu ne la porteras pas loin. Ce diable de M. Barbarin m'a l'air d'aller vite en besogne : il faut que j'aille le prier de m'accorder quelques jours pour lui remettre ces douze cent livres là, et de m'épargner les frais... Attends-moi là, toi, et à mon retour nous compterons ensemble. Où vas-tu par-là ? Je ne veux pas que tu y remettes le pied, drôle... pour y faire encor quelque sottise ?... Nous y entrerons ensemble quand j'y reviendrai. Hein⁎⁎⁎ ?... Tu portes du chocolat à Madame ? Ah ! Madame prend donc toujours du chocolat malgré que je lui aie défendu... Outre que toutes ces folles dépenses là me ruinent, le chocolat lui fait du mal ; elle le sait bien. Le Médecin le lui a défendu aussi, et elle m'avait promis de n'en plus prendre. Non dà !... Mais je le sais, moi, et cela suffit. Donne le moi ce chocolat, que j'en voie la qualité. Non. Je ne le crois pas. Pour toi, mon ami, voilà pour payer ta complaisance pour Madame. C'est égal. Voilà toujours un petit à compte sur tes commissions: dans un moment nous acquitterons le reste. Ce diable de Monsieur Barbarin est bien nommé ! Je n'ai jamais vu de procureur plus rébarbatif. J'ai eu beau lui représenter mon accident, c'est tout ce que j'ai pu faire d'obtenir de lui un sursis de huit jours. Qu'est-ce que je sens donc! voilà bien de la fumée chez moi ; que diable est ce que cela veut dire ? D'où venez-vous, Mademoiselle ? Qu'est ce que c'est que cette fumée dans votre cuisine ? Hurlubrelu chez moi ! Ah, le gueux ! Il va brûler ma maison. Ah, le misérable ! Qui met le feu chez moi et qui me noie !... Veux-tu t'en aller, coquin ! Vas t'en, gueux: nous l'éteindrons sans toi. Oui, Mademoiselle, c'est votre faute. C'est un petit vaurien que vous soutenez, et que vous avez laissé entrer quand je lui avais défendu ma porte. En outre, vous vous entendez avec ma femme. Vous lui faites son chocolat tous les matins, et vous savez très bien, par exemple, que je lui ai défendu d'en prendre, et vous de lui en faire. Vous ne me direz pas non cette fois. Non sans doute, vous avez mieux aimé me désobéir à moi. Eh bien, ma fille, vous avez bien fait : à présent allez voir si Madame veut vous prendre à son service ; quant à moi je vous renvoie du mien : pour votre compte il n'est pas lourd : je crois même que nous sommes encore en avance avec vous, ainsi vous pouvez toujours aller vous munir d'une autre condition, et en revenant chercher votre paquet, nous finirons de compter ensemble : adieu, ma bonne. **** *creator_archambault *book_archambault_hurlubrelu *style_prose *genre_comedy *dist1_archambault_prose_comedy_hurlubrelu *dist2_archambault_prose_comedy *id_MADAMEGERMAIN *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_madamegermain Eh bien, mais, j'avais cru entendre mon mari. Il criait, ce me semble, qu'est-ce qu'il faisait donc ? Un acompte ! Et sur quoi? Il t'a pris mon chocolat ! Comment imbécile ! Pourquoi lui as-tu dit que tu m'en portais ? Voyez un peu st'animal ! Je lui recommande bien de cacher cela, et c'est le première chose qu'il va dire ! Oui, ça t'a coupé, animal ! Si cela t'avait coupé la langue encor, ce ne serait que demi mal. Ah ! Voilà donc une fois que tu as eu un peu de réflexion ! Oui. Oh ! Tu as une bonne tête !... Eh bien, voyons le donc ce mémoire, où est il ? Bon : cela suffit; je n'ai pas de monnaie pour te payer le port de cette lettre là, et je te le devrai ; mais pour mon déjeûner que tu m'as fait perdre, voilà ce que je dois en bonne conscience. Ah ! Ah ! Monsieur le misérable ! Voilà donc le chocolat que vous portez à ma fille ! Et vous, Mademoiselle, vous recevez des lettres à l'insu de votre père et de votre mère ? C'est fort bien. Mademoiselle : rentrez, s'il vous plaît: quand votre père reviendra, nous verrons ce qu'il dira de cela. Pour toi, coquin, si je te vois seulement approcher de la porte de ma maison, je te ferai renfermer pour le reste de tes jours. **** *creator_archambault *book_archambault_hurlubrelu *style_prose *genre_comedy *dist1_archambault_prose_comedy_hurlubrelu *dist2_archambault_prose_comedy *id_JOSEPH *sexe_masculin *age_jeune *statut_exterieur *fonction_autres *role_joseph Ah, te voilà, Hurlubrelu ! Eh bien, as-tu été ce matin souhaiter le bonjour à Madame Dugange ? Comment donc ! Mais c'est une galanterie on ne peut pas plus agréable, et je l'en remercierai demain sans faute. En attendant, toi, mon cher ami, je m'en vais toujours te donner la pièce : il est bien juste que tu boive sà notre santé. Que diable est-ce que c'est donc que ça ! Comment, animal ! Tu enveloppes du mou dans des bas de soie blanc ? Ah, gueux ! Je t'apprendrai à courir, moi. Attends, je vais te blanchir, moi. Tiens, drôle, tiens, coquin. Voilà du mou, mon ami; serre bien celui-là. **** *creator_archambault *book_archambault_hurlubrelu *style_prose *genre_comedy *dist1_archambault_prose_comedy_hurlubrelu *dist2_archambault_prose_comedy *id_MADEMOISELLEGERMAIN *sexe_masculin *age_jeune *statut_exterieur *fonction_autres *role_mademoisellegermain Hurluberlu ? C'est moi : as-tu passé ce matin dans la rue de... Se porte-t-il bien ? Qu'est ce que c'est ? Eh bien, apporte la-moi donc. Eh bien, je descends. Voyons, mon ami, donne-moi la lettre. Tu as raison. Madame, je vous envoie le compte du chocolat que je vous ai fourni... Je lis ce que tu m'as donné : qu'est-ce que cela veut dire ? Certainement. Et je vous prie de vouloir me faire passer le montant du présent mémoire. Eh bien, porte lui, et donne-moi l'autre. Dame, arrange-toi ; mais donne-moi toujours ma lettre. Ma chere mère, excusez ; je vous l'aurais fait voir... C'est un jeune homme bien honnête. **** *creator_archambault *book_archambault_hurlubrelu *style_prose *genre_comedy *dist1_archambault_prose_comedy_hurlubrelu *dist2_archambault_prose_comedy *id_JAVOTTE *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_javotte Qu'est-ce que c'est ? Ah ! Ben obligée : tandis que vous v'là dans la rue, faites-moi donc le plaisir d'aller jusques chez l'épicier m'acheter un peu de poivre. Je ne peux pas quitter, ma poêle est sur le feu : je suis après à faire une friture. Eh ben, à la bonne heure, vous n'avez qu'à entrer. Non, non, je ne ferai qu'aller et venir. À propos, y faudra que j'achète aussi du lard ; voyons si j'ai assez de monnaie. Oh ! Oui, j'ai plus qu'il ne me faut. Ah ! Mon dieu, Monsieur, c'est Hurlubrelu qui me tient la poêle sur le feu ; il aura répandu la friture. Comment, Monsieur, vous me mettez à la porte pour çà ! Est-ce que c'est ma faute à moi ? Mais, Monsieur, je ne le savais pas. Dame, Monsieur, Madame me commandait de la faire ; je ne pouvais pas lui désobéir non plus. C'est ce gueux d'Hurlubrelu qui m'a valu ça, voyez-vous ; il me le payera. Eh ben, Monsieur Hurlubrelu, il me paraît que ça ne va pas mal. Ah ! C'est une obligation que je vous ai aussi. Je prends à st'heure le frais en-dehors, parce que vous nous avez fait prendre le chaud en dedans, vous. Dame : v'là pourtant comme il l'entend. Preuve de ça, qu'il m'a mis à la porte, et que je ne vous conseille pas non pus d'aller rechercher vote reste, vous. Oui, vous la pernez ben ; quoique ça en attendant nous v'là ben avancés à stheure-ci ; à la porte tous les deux, et sans ressource, sans argent même ; car il ne m'a pas payé mes gages ; qu'est-ce que j'allons devenir ? Oui ! Un beau profit à faire.... et de l'argent pour vivre ? C'est vrai... mais on ne peut pas commencer par-là : auparavant que de se marier, faut ben regarder si on a des fonds. Hé ben, queuque vous en avez fait ? Eh non, Monsieur Hurlubrelu... C'est ben travaillé ça. Eh, où ce que je vas vous attende pendant ce tems-là ? Allons, je vous y attendrai. Ah, dame ! J'entends ben... Mais je vous ai dit, j'ai six cent livres de son onque à toucher pour nous établir nous deux lui; en ontre 'il a une promesse de moi que je l'y ai signée comme il m'en a signé une autre aussi. Que voulez-vous : je ne suis pas à m'en repentir ; mais dame, ce qui est fait est fait. Si ce n'était ça, vous pensez bien qu'on est pas si affriandé d'un ahuri comme ça. Eh ben, Monsieur Hurlubrelu, et ces six cent livres ! Où qui sont donc ? Ah, ciel ! Il s'est trompé de papier. C'est la promesse que je lui ai faite. Ben obligé, Monsieur... I n'y a pus que l'article du testament de son oncle qui nous gêne. Vous savez ben que je ne peux toucher les six cent livres qu'il m'a laissées qu'après avoir épousé storiginal d'Hurlubrelu : comment faire ? Oh ! Oui, ma fine, c'est lui qui est tombé, car le v'là qu'il se ramasse. Quoi ! Monsieur ; est-ce que vous auriez engagé ce pauvre garçon ? Oui, Monsieur Hurlubrelu, vous l'aviez ; mais votre bonne tête vous a encore trompé là-dedans. La voilà que vous venez de rendre au lieu du billet de votre bon ami Monsieur Jean. Mon cher Hurlubrelu ! **** *creator_archambault *book_archambault_hurlubrelu *style_prose *genre_comedy *dist1_archambault_prose_comedy_hurlubrelu *dist2_archambault_prose_comedy *id_HURLUBRELU *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_hurlubrelu Ah ! Me v'là t'a la fin cheux nous. Comme ce Paris s'allonge pourtant ! Faut avoir des fières jambes, dà, pour en faire les quatre coins comme moi !... Et une fière tête encor qui faut dans ces grandes maisons de ces gros marchands comme je suis là... Dame, je peux ben dire que je ne m'endors pas avec tout ce monde, qui sont là-dedans des familles et des parenTs, que ça n'en finit pas. Y a toujours queuque chose à leus y répondre ou à leus y faire : et vas-t-en à la cave, et monte au guernier, et frotte la cuisine, et échaude l'appartement... Oh ! L'esprit m'en retourne et les oreilles m'en cornent !... Si je sors dehors, allons, attrape ben vite vingt commissions à la fois: ce matin le père m'a t'envoyé porter de l'argent et pis une lettre, v'là tout de suite Madame et pis sa fille, qui m'ont chargé aussi de leus affaires : n'y a pas jusqu'à la servante qui m'a prié aussi de l'y apporter des carottes, et pi la grand-mère, du mou pour son chat. Oh ! Si ces gens là ne m'avaient pas, y leus en fiudroit quatre autes des domestiques ? Encor, j'dis, hus faudrait pas des imbéciles, dà ! Ils se cachent tous les uns des autres, n'y a que moi que je sais tous leus secrets. Si j'avais pas une bonne tête pourtant, où ce quis en seraient. Voyons toujours si j'ai bien là tout ce qu'il faut. - Oui, v'là d'abord le sac où ce qui n'y a pus d'argent dedans. Ça on ne dira pas que je l'ai gardé. V'là du chocolat pour la mère qu'il ne faut pas que le mari le voye : - V'là ben le mou pour la vieille, et pis v'là les carottes pour la servante. - Oh ! Celle là, je ne l'oublie jamais, parce que c'est une bonne fille, et pis je devons nous marier ensemble d'un moment à l'autre ; j'attends pus que d'avoir l'âge. Oh ! Oui, je compte ben dessus elle, et je l'ai dans ma poche même, sa promesse de se marier nous deux ; et pis mon onque qui est mort, qui nous a laissé de l'argent à hériter exprès pour ça : oh ! Pardine je regarde ben ce mariage là comme sait, moi, i n'y manque pus que la façon, v'la tout. Entrons toujours, et allons rendre nos comptes. De quoi que c'est ?... Ah ! Vous v'là, Monsieur : par où donc que vous avez passe? Par la porte ! Ah ! Ça ne se peut pas ptêtre, pisque je la tiens. Ah, dame : je ne réponds que pour le quart d'heure, moi. Si c'est d'avance, ça ne me regarde pas. Dame, Monsieur, n'y en a pas trop. J'ai tant d'affaires pour toute votre maison, que v'là dans ce pagnier-là, tenez ; pour pas se tromper, faut ben mettre le temps. Oui, Monsieur, et on l'a ben pris aussi, témoin de çà, même qu'en v'là le sac où vous en pouvez remettre d'autre à présent. La quittance ? I n'a pas voulu, le Monsieur; i m'a dit que c'était pas la peine. Ma fine, je ne sais pas, Monsieur, mais il était ben content toujours : sarpédié comme i retournait st'argent ! I sembe qui n'en avait jamais tant vu à la fois, i baisait tous les écus l'un après l'aute ; i m'a baisé aussi moi, Monsieur.... Oh ! I m'a dit de vous ben remercier, et pis qu'il viendrait encor par après quoique ça. Lui ! Oh ! Diable ; c'est ben différent, ça: i m'a reçu tout au contre-pied : i m'a dit que c'était indigne à vous, et qu'il ne l'aurait pas jamais cru. Ma fine, i s'est toujours ben fâché ; i m'a dit que vous étiez un mal honnête homme. Qui n'y avait que des fripons qui payaient comme ça leus dettes... Mais qu'il avait vote papier, et qu'il allait vous faire danser. Dame, oui, et ce maître de danse là, c'est un huissier qu'il a envoyé chercher tout de suite.... À cheval encor ; ainsi ça ira vite ça. N'y en a pas, Monsieur, tout ça est ben clair. Le Gascon ! Non pas, c'est l'aute, c'est le Normand. Dame, c'est ben visible comme ça. Non, pardine pas, Monsieur dans la rivière.... Je les ai ben donnés en main propre... Et, tenez, la preuve... Ah ! Jerni, i vient ben à propos... Je m'en vas t'être lavé de ça. Non, non, caressez-le bien pour le lui prouver. I ne veut pas le croire. Pardine, c'est clair. J'entends ben ça, moi. Ah, dame, mon maître peut dire que v'là de l'argent ben placé. Mais, est-ce que vous êtes fou, donc, Monsieur, est-ce que c'est pas une bonne affaire pour vous ça ? Dame, Monsieur !... On ne peut pas deviner tout ça aussi. Dame ! On ne peut pas mieux prendre la chose que lui. C'est vrai, Monsieur, ça ressemble comme si y avait un sort là-dessous. Eh ben, Monsieur, c'est bon; le compte sera bentôt fait. Pardine, je m'en vas cheus nous. Mais, Monsieur, faut ben que j'y entre. Oui ! I sera ben temps : v'là bentôt midi, et Madame m'attend pour prendre son chocolat, que ---- la, même. Ah, jarni ! V'là que je viens de nous vendre. Bah ! Monsieur le Médecin ne le saura pas, lui ! Pas si bête que de ly dire! Oh ! Il est bon, Monsieur. Je l'ai goûté en chemin. Celui là ne lui fera pas de mal, allez. Ah ! Ah ! Ah ! Monsieur, starticle là ne vous regarde pas, vous. Pardine ! Oui. Si c'est comme ça qu'il les paye, j'aime encor mieux les y faire gratis. J'ai cru mieux que ça, moi, j'ai cru le sentir. Ah ! Il me payait un acompte. Sur votre maudit chocolat qu'il m'a pris. Quiens ! Encor un acompte ! On ne me devra bentôt pus rien. Dame, Madame, c'est pas ma faute. C'est l'embrouillamini des douze cent livres. Vote mari m'a pris là en suspens, et ça m'a coupé, moi. Oui la langue ! I sembe toujours qu'on la trop longue avec vous. Si je ne l'avais ben tenu pourtant, je pouvais ben dire à vote mari que le marchand demandait son argent, et qu'il vous envoyait le mémoire du chocolat ; et dame, quand il aurait vu ça, je crois ben que ça aurait été vote tour aussi d'être grondée à vous. Pardine, j'en ai toujours, excepté quand j'oublie, et pis quand on m'ahurit comme ça. Le v'là, Madame. Eh, laissez donc, Madame ; vote mari me la payé celui-là... Et j'ai de la conscience aussi, moi ; je ne veux pas recevoir double. Dame aussi, si c'est qu'ils s'entendent pour me payer tous avec la même monnaie, y beuvent ben faire les commissions eux-mêmes. Eh ben, qu'est-ce qui y a encore ? Ah ! Dans la rue de chose... Oui, et j'ai vu Monsieur. Monsieur Chose, vous savez ben... qui m'a dit... Oh ! Il m'a dit tout plein de choses. Oh ! Je vous en réponds, allez: quand y m'a vu même, il a été tout de suite... Oh ! Il a été tout chose aussi, et pis y m'a donné quéque chose pour vous. Ah ! Dame, c'est une lettre. Oh ! Je n'ose pas : vote père m'a défendu d'entrer ; et pis vote mère qui n'a pas déjeuné, qu'a son chocolat sur le coeur !... Mais venez la chercher. Du moins celle là va me dédommager des autres On ne tombe pas toujours sur des ingrats aussi. Tenez, Mamselle, la v'là... Lisez-la tout de suite ici, parce que si y a t'une réponse, vous me la direz. Hem ? Queque vous dites donc, vous ? Comment ! Y a du chocolat là dedans ? Ah ! Ventrebille ! On s'est trompé. C'est pas pour vous ; c'est pour vote mère. Oui ! Au diable qui l'y portera ! Ah, ben, en v'là encor une bonne à présent : vote chienne de lettre ! là: c'est y pas un fair expres çà ? Eh non, Madame ; vous voyez ben que c'est un quiproquo... Mais vous n'avez qu'à retroquer de papiers, c'est la même chose. Oh mon dien oui, Madame, et qui est ben genti encor, allez. Diante ! C'est ben honnête !... Comme les gens sont injustes pourtant !... V'là que j'étais dans le train de faire trouver un mariage à sa fille, et v'là qu'elle dérange tout, elle !... Et tout ça pour pas me payer !... Ah ! V'là le fils qui revient de son bureau. J'ai pourtant queque chose de bon à lui dire aussi à lui. Faut voir si y sera aussi ingrat comme les autes. Écoutez donc, Monsieur Joseph. Oui-dà, Monsieur, alle est ben attentife à toutes vos politesses ; elle vous attend pour goûter demain avec elle, au sortir de vote bureau de l'après-midi, et pis elle m'a chargé de vous remettre une belle paire de bas de soie blanc tout neuf pour vous habiller dimanche. Allons, jarni ! V'là le pus brave et honnête homme de toute la famille... Tenez, Monsieur, avant que de prendre vote argent, v'là dabord vos bas. Ah, jarni ! Queu guignon que vous avez, Monsieur, c'est du mou que j'avais mais dans le pagnier pour vote grande-mère. Eh non, Monsieur, il était ben dans une feuille de chou ; mais ça se sera renversé en courant. Mais, Monsieur, c'est rien que ça ; ⁎⁎⁎⁎a des blanchisseuses, et pis comme je vous dis, c'est jamais que du mou. ⁎⁎⁎faut que je le rende à la cuisignière son pagnier et ses carottes... Je peux ben li donner sans entrer dans la maison. V'là la cuisine, je vas l'appeler par la fenêtre... Oh ! Mamselle Javotte. C'est vos carottes que j'apporte. Ah ! N'y a pas de poivre qui tienne ; je ne fais pas de commissions ; ça me tourne trop mal : allez-y vous-même. Eh ben, je vas entrer et je tiendrai votre poêle is que vous irez chercher ce qu'il vous faut. Ça fait que je déjeunerai moi aussi pendant stems-là. Ah ça, ne soyez pas longtems, au moins. Ah ! Serpedié, allons ben vite tirer un siau d'eau. Allons ben vite éteindre ça avant qu'il y revienne du monde. Dame, Monsieur, c'est pas ma faute si je vous ai adressé : je voulais le jeter sur le feu. Mais, est-ce que c'est à moi qu'il faut s'en prendre donc de çà ? C'est la poêle qu'a perdu l'équilibre... Et pis fallait faire ramoner vote cheminée, là !... Y sembe qu'on soit responsabe de tout... Me v'là ben à stheure ! Rentrer là, ne faut pus y penser. Tout le monde qui est contre moi !... Allons faut prendre son parti et faire comme si j'étais dessus le pavé. Faut chercher une aute condition... Où que j'irai ben m'adresser ? Les maîtres sont si ridicules ! Et pis je suis si las de servir cheus ces bourgeois... Faudrait putôr... Oui ; je crais que ça vaudra mieux Je me rappelle qu'autre fois j'avais tapris queuque tems à coiffer et à raser ; même que je commençais déjà ben a mordre sur le peigne... Et le rasoir encor qu'était mon fort... Faut que je voie si j'y aurai encor la main : v'là ici devant une boutique de perruquier, parlons-zy ; c'est aujourd'hui samedi justement, y a beaucoup de barbes de rencontte allons en faire queuquezune, ça me rapportera toujours queuque chose. Eh quoi ! Comme dit l'aute, n'y a que les zhonteux qui perdent. Eh ben, voulez-vous finir donc ! Et dame, pourquoi que vous remuez aussi ? Pardine vous êtes ben ridicule aussi, vous ! Vous voyez ben de pis le temps je n'y ai pus la main. Oui, écorcheu ! Pour un petit morceau de la joue !... Mais je vous dis, Monsieur le Maître, laissez-moi me remettre sus quéqu'aute, je ne les couperai ptêtre pas tous. Ah ! J'ai pas besoin de toi pour ma toilette. Oui, mamselle Javotte ; vous le voyez : c'est de tous les côtés la même danse... Queuque vous taites donc là en-dehors ? Quiens ! Pour ste misère du feu tantôt !... Pardine, il est donc ben regardant ce Maître là... Est-ce qu'un domestique peut répondre de tout ça ? Oh moi, je l'y laisse tout. Ces gens là sont trop ahuris pour moi. Bah ! Bah ! Vous avez toujours peur, vous. Faut pas encore se désespérer pour ça, au contraire, je pouvons faire une fin. Vous savez ben que je nous sommes promis de nous marier l'un contre l'aute ; eh ben v'là tune belle occasion : nous sommes sur le pavé tous les deux, ça fait que nous sommes nos maîtres. Faut profiter de ça. Écoutez moi donc, je sais où ce qui y en a. Vous savez ben dabord que vous avez six cent francs à toucher du testament de feu mon onque quand vous m'aurez t'épousé Eh ben, j'y ai regardé, et j'en ai, moi, des fonds. Mon onque m'a ti pas laissé aussi six cent livres que j'ai déjà touché, moi. Ah ! V'là donc le tuyautem⁎⁎⁎⁎ : j'en ai fait que je les ai placé cheus un Notaire où ce qui m'en rapporte encor d'autes des lives... C'est ti encor une bêtise de ma part, hein, celle-là ? Vous voyez donc ben qu'on sait se garder une poire pour la soif... Ainsi Mademoiselle Javotte v'là qu'est dit. V'là le Notaire qu'est là ; j'allons l'y redemander mon argent. Je nous marierons avec, j'irons après ça toucher vos six cent livres à vous, et pis je nous mettrons dans une petite chambe où ce que je resterons tous les deux nos maîtes jusqu'à ce que je trouvions à nous remettre les domestiques des autes. Tenez v'là t'un cabaret à devant. On ne peut pas donner des rendez-vous pus honnêtes : entrez y un petit quart-d'heure ; faites tirer chopine et j'allons vous y retrouver avec l'argent. N'est-ce pas Monsieur quequefois qui est Monsieur le Notaire ? Monsieur il me faut six cent francs. Pourquoi ? Pour me marier. Comment, sur quoi... Eh, pardine sur mes bras, sur mes épaules, sur ma tête même, comme vous voudrez. Ça n'est pas si lourd à porter. Quiens, des titres et des parts, et pardine de la mienne. Je vous les ai donné, faut ben me les rendre, et avec les autes francs que ça a refait depuis encor : ah, dame, c'est que je savons les affaires, allez. Oui, Monsieur, y a six mois. Ma fine, je ne vous ai jamais vu non plus, moi. Quiens, la belle malice ! Est-ce ma faute à moi si on ne vous voit pas : que Monsieur Jean, même, vote domestique, i m'a dit pus de vingt fois que vous n'y étiez jamais. Pardi, oui : des conséquences à st'heure; est ce que ça empêche, donc ? Eh mais, non... Comme il est donc simpe ce notaire-là !... J'ai toujours donné les six cent livres à Monsieur Jean, et pis y m'a donné un billet comme quoi que vous me les rendriez quand je les voudrais avec les pertintailles.... quoi.... les intérêts de tout ça.... Comment que ça s'appelle? Tout juste, Monsieur, vous voyez ben, v'là que vous compernez. Eh ben oui, Monsieur, c'est ça même, nous y voilà. Pardine, sans doute, Monsieur ; je ne viendrais pas sans ça ptête, comme un imbécile... Attendez... Où diable donc que je l'ai fouré à st'heure ?... Ah ! Le v'là. Oh ! C'était ben un joli garçon, un de mes pays même. Eh ben, c'est pas bête ça ; il a aussi ben fait. Monsieur, ben de l'honneur. Qu'est que vous chantez donc là, vous, Monsieur d'etcetera? Comment, Monsieur Jean ! Et qu'est-ce qui a siné çà ? Eh, qu'est-ce qui me payera ? Ah, le chien de Jean ! Que le diable l'emporte !... Me v'là ben, moi !... Et où ce que je vas le retrouver, moi, à présent, Monsieur Jean ? Là, confiez vous donc à quequezun à présent : v'là le Gascon, ce matin, qui m'attrapa douze cent livres de mon maîte, et pis v'là un aute Jean... de malheur là, qui m'en emporte six cent à moi... C'est égal, faut pas laisser ça là ; faut aller chercher un sergent, comme i dit le Notaire, et que je l'y fasse courir après. Oui, Monsieur, je vous en prie, Monsieur ; queu que ça vous fait, d'abord qu'on paiera ben, Monsieur... Écoutez-moi donc, mon cher monsieur ; est ce que vous n'êtes pas Sergent, vous ? Hé ben, Monsieur, tout juste, c'est ça qui me faut. Ah ! Vote très humble, Monsieur Nicolas... Est-ce que vous connaissez Monsieur ? Ah, pardine, Monsieur, je vous en prie, engagez-le donc à me faire ce plaisir-là, vous. Eh ben, c'est justement ça qui retourne. C'est un coquin de Jean, du Notaire, à qui que je les avais remis pour me les placer à fonds perdus ; i me les a t'emporté. Et i m'a laisse tun billet que j'ai là, qui ne vaut rien même.... Et Monsieur le Notaire m'a conseille de chercher un Greffier, un Sergent ; que diable, sais-je moi... Et v'là que je trouve Monsieur, ainsi faut qui me courte après ben vite. Oui ; i m'a dir qui fallait le faire poursuivre. Ah ! C'est ben heureux... Vous consentez donc, Monsieur, à me mener ça, là comme il faut ? Eh ben, Monsieur, faut se dépêcher ; car i n'y a pas de temps à perdre ; je ne sais seulement pas où il est sthomme-là. Pour son billet, c'est ben aisé; le v'lá. Mais pour de l'argent, j'en ai pas sus moi. Ah, mon ami, M. Nicolas !... Comment que je pourrais reconnaître ça ? C'est mordine ben pensé ça ! Vas, je m'en souvient drai de celle-là. Ah, jarni ! Mon ami, c'est ben émaginé. Monsieur, faites tout ce qu'il vous dira, je m'y accepte ; vous, Mamselle Javotte, attendez moi ici ; et toi, Nicolas, mets-moi le pagnier sus la tête. C'est bon, je vois çà d'ici ; c'est comme si y était ; va !... Allons, mes amis, je me recommande à vous, travaillez-moi ben ça. Serpedié ! C'est être ben malheureux toujours ! Oui des miracles ! Vos chiennes de rues qui sont glissantes comme tout. Eh non, c'est pas le vin, c'est le panier qui a tombé, et pis le contre-coup... Dont je m'en suis démanché les reins aussi moi. Ah, jarni ! Je peux ben dire que v'là une terribe journée pour moi ! Monsieur le Sergent ne m'abandonnez pas, s'il vous plaît. C'est-ti possibe, Monsieur ? Eh mais, mon dieu, Monsieur ! Queu bonté ! Queu générosité !... Et dessus quoi donc que vous reprendrez tout ça ? Comment donc ! C'est trop juste, ça ! Je suis pardine ben heureux d'avoir trouvé sthonnête homme là ! Oui, Monsieur, par bonheur ; c'est tout ce que j'ai pu retenir dans l'écriture : c'est encore ben heureux ça, pas vrai. Le v'là, Monsieur, et tout du long encor ! Et avec les qualites mêmes. Jean-Gilles-Nicodème Hurlubrelu. Grand merci, Monsieur : ça me portera bonheur, stargent-là. C'est le premier que je magne d'aujourd'hui. Au nom de la Loi !... Oh ! Je m'en dédis, Monsieur ; c'est une créancière trop noble pour moi, ça. Comment, Monsieur, des batailles ! Oh ! Je n'avons pas l'esprit à la dispute, nous ! Je n'aimons pas à nous battre. Et mais, Monsieur, queuque vous feriez de moi à wore guerre ? Moi qu'a déjà une si mauvaise tête, et dans vos régiments qu'on dit qu'on leus y casse ! Ça ne serait pas pour me la raccommoder, dame ! Ah, c'est ben différent çà ! Elle ne risque rien de ce côté-là la tête. Diantre ! Comme vous méprisez le monde ! Parce qu'on est un peu étourdi ; ça ne compromer rien ça ; mais c'est égal : si je ne suis pas racolé, qu'est-ce donc que j'ai siné là ? Quiens ! La belle attrappe : si elle touche l'argent avant, faudra toujours ben qu'elle m'épouse après. J'ai-ti pas là sa promesse, en écriture encore. Ah ! le diable de Jean, le v'là encor lá !... Sarpediè ! Comme ste tête là m'en joue donc des tours !... Allons, c'est égal. Ça sera du moins le dernier d'aujourd'hui... Et même ça me fait faire une aute réflexion ; aussi ben i faut faire une fin. Monsieur, j'ai vos reproches-là sus le cœur ! Appernez que n'y a pas ici de mauvais sujets, ni des gens malgré eux non pus. J'ai t'employé vos dix écus de la Loi ; vous me l'avez proposé pour créancière, et je m'y accorde ; et ce que vous avez fait là tout-à-l'heure pour une frime, je veux que ça soye du tout de bon, moi. Oui, Monsieur, je l'avons. Et moi je ne le veux pas. V'là mon dernier mot... Sans avoir de l'esprit, je vois ben que Mamselle Javotte ne m'aime pas, et qu'elle te veux ben, toi. Nicolas ; par ainsi, c'est pas encor mon tour : épouse-la, j'y consens, et garde ton argent pour la noce.... Mais à condition que tu seras un bon mari, qu'elle sera une bonne femme ; et que vous direz queque fois de moi que je suis un bon garçon aussi. Oui, Monsieur, c'est vrai, que je n'avons pas eu jusqu'à présent une bonne cervelle ; mais du moins j'avons un bon cœur, je suis bon Français, j'allons servit la République, et jarni ! Ptête qu'à la fin tout ça me fera revenir une bonne tête.