**** *creator_aude *book_aude_ecoletragique *style_prose *genre_comedy *dist1_aude_prose_comedy_ecoletragique *dist2_aude_prose_comedy *id_LINVAL *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_linval Courage. Des grands mots, des phrases, des murmures, Sans connaître l'ouvrage, insulte à son auteur. Si l'on y rit, mon cher, je suis sûr que son coeur Te pardonneras tes injures. Nous sommes au café ; le public nous entend. Quitte ce ton d'énergumène ; On va croire, Humorin, qu'un sujet important Allume contre moi ta haine ; Je veux avec l'auteur te réconcilier. Tu sais qu'il a fait quelques drames. Apprends, mon cher, qu'en ces moments, Il met en action le plus beau des romans. Il va dans quatre jours faire courir les femmes, Des spectres, des combats, des poignards, des tombeaux ; Voilà ses instruments et ses matériaux. Je ne plaisante pas ; il a reçu de Londres Un ouvrage étonnant, sombre création, Fruit bilieux et noir de la consomption. Tiens, deux traits, seulement : une femme perfide, A, de milord Ousei, trompé le chaste amour. Milord attend son homme à la chute du jour : Tu vois, dit-il, l'époux d'une femme coupable ; Il l'étrangle et s'enfuit : il va se mettre à table, Soupe auprès de sa femme, et sous un front serein; Lui cache le vautour qui dévore son sein : Il lui parle, au dessert, du mépris de la vie : Elle y tenait beaucoup, car elle était jolie. Eh bien ! Madame, eh bien ! Vivez... une heure encor ; La seconde est pour vous, le signal de la mort. Elle, pleure, elle crie, et ce monstre farouche, La main sur un poignard, et l'autre sur sa bouche, Fait conduire à l'instant, Jenni (tel est son nom) Dans le plus noir caveau de a vaste maison ; On place auprès d'un puits, la victime tremblante, Le jaloux va frapper, lèvre sa main sanglante, Lorsqu'un cri qu'elle pousse auprès de son bourreau, Fait sortir deux voleurs cachés sous un tonneau. Milord frémit, décampe à cet aspect funeste. Demain, je te dirai le reste. C'est un tissu parfait d'incidents désastreux... Suicide, combat... oh ! c'est miraculeux ; On croit être mon cher, au fond des noirs abîmes. Le roman produira des écrits merveilleux ; J'en vois sortir au moins, vingt drames pantomimes. Que l'auteur soit sans gloire, oh ! Linval y consent ; Qu'il doive à l'indigence un succès d'un moment ; Je sais qu'à d'autres voeux il n'ose pas prétendre : Mais parlons sans emportement. C'est le genre et non lui ; C'est Vadé, c'est Calot Qui peignirent la Halle, et la gloire et leur lot. Leurs tableaux sont toujours à ma pensée ; Je me souviens encore de la Pipe cassée. Et des lieux où Ténière a montré si souvent Les richesses de l'art dans un cadre indigent. Humorin, doucement, je n'offense personne. Finissons. Le grand genre à ses yeux plaît exclusivement ; C'est outrager les moeurs, être indigne, indécent, Que d'oser, observant le peuple et ses nuances, D'un tableau jovial garder les convenances. Bonsoir. Voyons si vous pourrez terminer la querelle. Pas un mot. Elle est, du moins, encor douteuse. Il n'a pas attendu vos avis aussi tard Pour consacrer leur gloire : et vos voeux sont les nôtres. On les relit chez soi, chacun les sait par coeur. Et qu'on en fasse d'autre. **** *creator_aude *book_aude_ecoletragique *style_prose *genre_comedy *dist1_aude_prose_comedy_ecoletragique *dist2_aude_prose_comedy *id_HUMORIN *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_humorin Allez voir des tableaux charmants. Ils sont fous... Il est de la clique. Allez vite assister à ses nobles leçons, Il va peindre à grands traits. **** *creator_aude *book_aude_ecoletragique *style_prose *genre_comedy *dist1_aude_prose_comedy_ecoletragique *dist2_aude_prose_comedy *id_GERMON *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_germon Comment donc, quels éclats ? Parlez l'un après l'autre. Je conçois... deux amis ont un débat mortel, Et pourquoi ? Je le sais, j'entendais vos mots depuis une heure. Non, mon ami, demeure ; On m'a choisi pour juge, et je dois prononcer. Mais, je veux du silence... Vous perdez tous deux votre procès. L'un fait tort à l'auteur en vengeant ses ouvrages, L'autre lui fait ici de trop sanglants outrages. Écoutez, mes amis, je ne suis pas suspect : Voyons tout sous un simple et véritable aspect. Croyez-vous que l'auteur de cette oeuvre frivole Au fond d'un cabinet, l'ait placée en idole, Et qu'il soit à genoux, Narcisse déhonté, Devant une grotesque et bizarre gaîté ? Plus que vous ne pensez, lui-même il se condamne, C'est lui qui vous répond ici par mon organe. Oh ! qu'il est malheureux, me disait-il hier, De ne peindre jamais qu'un phosphore, un éclair. De porter aux abus, dont le bon goût s'offense, Un trait plus prompt, plus sûr avec l'extravagance : Et le but proposé, je vous en sais l'aveu, Même à mon tribunal, le justifie un peu. Dans mes premiers Roussel, j'attaquai les barbares, Ces êtres si communs qui s'estiment si rares ; Assimilons enfin, tous ces dégradateurs Qui volent à l'état leurs soins et leurs labeurs ; Composons, disait-il, cette bande grotesque A la horde roulante, absurde, gigantesque, Qui va sur les tréteaux que la honte éleva, Insulter aux beaux vers que Corneille enfanta. Il n'est pas temps encor, doucement, je suis juge. C'est ainsi qu'il parlait. Que l'ouvrage soit nul, Mais le but est louable, et voici mon calcul : Si son nouveau Roussel a quelque réussite, Il ne peut y trouver ni gloire, ni mérite ; C'est au public, sans doute, aux efforts de l'acteur, Que d'oser reparaître, il devra la faveur ; Et s'il tombe, sa chute est ignominieuse. Je ne dois ni parler, ni présager son sort ; Le parterre attentif juge en dernier ressort. Je n'ajoute qu'un mot, trop sévère Humorin : A la gaîté, toujours le Français fut enclin ; Ce peuple, qui voit l'ordre établir son empire, Après un deuil si long, a tant besoin de rire ? Il me faut du nouveau, dit l'administrateur ; Leurs chef-d'oeuvres connus... On le voudrait, C'est un secret, Il échappe à la foule : L'un est comique en larmoyant, L'autre est tragique en effrayant : Du sentiment, De l'enjouement, On a brisé le moule. Vite, allons voir Cadet, à l'école tragique. Nous verrons, nous verrons ; Pourquoi ne pas vouloir qu'on peigne Les abus qu'on voit dans Paris ? Ici, comme ailleurs, plus d'un savant enseigne Ce qu'il n'a pas encore appris. **** *creator_aude *book_aude_ecoletragique *style_prose *genre_comedy *dist1_aude_prose_comedy_ecoletragique *dist2_aude_prose_comedy *id_PREMIERHABITUE *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_premierhabitue Le journal de Paris citoyen, je vous prie, Je vous l'ai demandé. On va lever la toile, arrivez, il est temps. **** *creator_aude *book_aude_ecoletragique *style_prose *genre_comedy *dist1_aude_prose_comedy_ecoletragique *dist2_aude_prose_comedy *id_BLANCHETPERE *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_blanchetpere Je vous l'ont dit, mère Cloutier, je vous le répétons ; il ne sera pas dit que mon fils s'incorpore dans un état ou's qu'il n'entend rien. Diable ! C'est donc ben changé ; ce n'était pas d'même quand ils poursuiviont le même objet pour le mariage, et que Blanchet était son rival. Je n'entendons rien à tout ça ; mais ce que je savons très ben, c'est qu'il veut quitter sa place de la marée pour se fourrer dans les comédies, et jarni, ça ne sera pas. Oui, morgué, je le sais, et il y en a très ben qui escamotont ce nom-là dans Paris, qui n'en connaissont pas pus que moi, et qui feriont ben mieux d'aller piler du poivre cheu l'épicier, ou de peser du foin à la diligence. Non, de par tous les diables ; il reviendra cheu nous, à Montreuil ; ou ben il travaillera comme un brave garçon, à son bureau de la halle. Oui, l'honneur d'être plus bête que son père, et de se rendre ridicule sans profit. Tenez v'là trop de paroles, je sis son père, c'est un fait ; mais pas d'aveuglement pour ça, je sais ce qu'il tient, et mon jugement en vaut bien un autre : Blanchet déclamateur ! Artiss't, allez donc, est-ce que c'est possible ? Je ne sis qu'un paysan, mais je les ons vus les comédies et les comédiens, et depuis trente-cinq ans que j'amenons du bois à Paris, je savons distinguer un homme d'un fagot, dans s'tétat de la parole ; chacun s'en mêle, il y en a des nichées aujourd'hui, et morgué, je ne voulons pas qu'il augmente la fourmilière. Il fera le chemin d'ici à Montreuil, drès demain, pour y labourer comme moi ; s'il s'obstine à perdre son temps et à fâcher ses protecteurs. Comment ! V'là six jours que je sommes ici, et je l'ons vu deux fois ! Il ne paraît pas à son bureau de la halle, ou, crac, il disparaît après l'heure du poisson. Il est ici les trois-quarts de la journée, hier encore on me l'a caché, je ne sauriont le trouver. Avisez-le aujourd'hui, s'il vient encore déclamer, s'haurir et lever les bras, que j'y rabattrai ses gess' avec ce gourdin-là. Et ben, qu'il se l'épargne c't'embarras, ou jarni... Je n'avons jamais manqué à personne ; je vous demandons not' fieu. Vous y rendrez service, ainsi qu'à vote fils, à vot'école et à moi ; je ne vous dis que ça. Adieu, citoyenne. T'y prends de belles leçons, scélérat, tu traitais joliment ton père. À ton poisson, libertin, à ton poisson, ou à la charrue. Oui, appelle du monde pour défendre un garnement, contre son père ; va-t-en écouter les voisins. Ce n'est pas l'histoire de la déclamance qui attire ici ce débauché, c'est ton divorce qu'il voudrait, tout le quartier m'en a instruit. Un démenti à ton père, coquin. Marche, marche. Où est-il ? Où est-il ? Ah ! Misérable, tu vas tout me payer aujourd'hui. **** *creator_aude *book_aude_ecoletragique *style_prose *genre_comedy *dist1_aude_prose_comedy_ecoletragique *dist2_aude_prose_comedy *id_BLANCHETFILS *sexe_masculin *age_jeune *statut_exterieur *fonction_autres *role_blanchetfils Citoyenne Roussel, est il parti ? Est il parti ? Qu'es qu'il a dit ? Et laissez donc ; laissez donc, ès-ce que la justice peut z'empêcher l'avancement d'un jeune homme ? Suis-je t'y un enfant de quatre jours, pour être mené z'à la baguette ? Faut'y que je sois borné z'à la halle, pour plaire à mes parents ? Ce que j'ai ramassé z'est à moi, et je peu-t'en faire usage pour mes talents, sans que personne y trouve à redire. Oui, c'est à moi z'à faire ce qui me convient et j'ai six bonnes raisons pour ça. Oui plus de six raisons : la première que j'y trouve mon plaisir, la seconde que c'est mon goût, la troisième que ça me plaît, la quatrième que ça m'amuse, la cinquième que j'aime ça... Oh ! La sixième, bernic, je la garde pour moi, dans mon coeur. Je vous traîne à l'autel aux yeux de mon rival, Et ma main sur sa main à votre main donnée, Trempera dans le feu le flambeau d'hyménée. Il faut ça pour le genre terrible, hem ! Queu position de tyran !... Je vous ai pas dit la sixième, citoyenne Manon, mais vous la comprenez bien, je ne veut plus vous appeler Roussel, ça raugmente mon désespoir. Roussel, est-ce le nom que vous devez porter ? N'ayez crainte, citoyenne ; votre mariage est consumé, n'y a plus de remède pour moi ; je suis t'une bête, un enfant, je le sais ; vous voyez mes pleurs de mes yeux, laissez-les couler, c'est un moribond qui se plaint. Il vous a battu rappor z'à moi ! Ah ! Voilà la condamnation de mon arrêt ; j'ai mis, comme un désespéré, des centimes dans du vinaigre, j'avale à ce soir le paquet. Rassurez-vous, objet respectueux, je ne veux plus jamais mourir à cause de vous ; j'ai un petit brin d'espérance, oui j'attends. Je suis sûr que Cadet vous battra z'encor plus, et vous en viendrez au divorce. Manon, Manon, pardonnez-moi. Je sais tout mon rôle par coeur, dans la tragédie du citoyen Beuglan. Vous avez entendu l'aveu de mon amour. Cet ironique ton cause peu mon souci, Je peux dans tout les lieux idolâtrer ses charmes. Oui, je pleure la nuit, oui je pleure le jour : Je pleure en la quittant, je pleure à mon retour ; Je pleure : et ce qui peut adoucir mon martyre, C'est l'espoir consolant d'un gracieux sourire. Bon, bon, je retiendrai ça. Que ce palais sanglant, ou s'écroule, ou s'embrase. Je t'aimerai toujours, ou le diable m'écrase. C'est le naturel de ma passion. Es-tu content ? Mon père à mon bonheur oserait mettre obstacle ! Mon père qui, dans moi, vit toujours un oracle, Sans égard pour ma gloire et mon nom triomphant, Lèverait aujourd'hui la main sur son enfant !... Laissez donc, laissez donc. Est-ce que c'est de vous que je parlais ? Est-il possible ? Ne croyez donc pas ça. Me v'là, Cadet, me v'là z'encore ; a-t-on commencé la tragédie ? Quoi donc ? Tu croirais les propos de menterie qu'on tient ! Je serais capable de susplanter un ami ! Voilà pour trois mois d'avance de cachets nouveaux ; onze francs, vingt-cinq centimes : avance-moi dans l'état, j'aurai celui de le reconnaître. C'est fini ; il part demain pour Montreuil, et je l'ai t'esquivé aujourd'hui. Il voulait me ramener cheu nous, j'ai fais mine d'y consentir ; nous v'là bons amis : il a affaire dans la rue Jacques-Rousseau, à la maison de la Post', pour y tirer de l'argent. Nous y vons ; il me charge de ça, parce que je connais les chiffres. Tu sais que cette maison de la Post'traperse de l'autre côté ; crac, me v'là dans la rue du Bouloy, je li plante à l'aut'porte ; je cours ici, et me v'là. Mais, mon dieu ! Queu simplicité ! On le lairra pas entrer, j'ai prévenu pour ça. Comment, c'est-y le soupçon de la méchanceté des mauvaises langues qui vous fait z'agir comm'çà. Citoyenne Manon. Je ne vous demande qu'une raison. Plutôt la mort cent fois, je vous respecte trop, je ne vous dis qu'une parole qui ne compromet z'en rien votre honneur. Il n'y a pas un quart-d'heure que je me suis cru z'éloigné de vous pour la vie ; un père me violentait. J'ai trouvé le moment de vous écrire dans mon désespoir, la façon de penser d'un coeur sensible qui ne vous manquera jamais ; prenez-en lecture, c'est pour not'bonheur, à tous deux ; la voilà. Prenez la lettre, je vous en prie. Arrête malheureuse et reconnais ton crime ; Tu seras drès ce soir ma femme ou ma victime. Garganida vaincu ne peut plus rien sur toi : Choisis entre nous deux, il ne reste que moi. Tiens, c'est la mienne ; queu coup de possédé ! Cadet, donne-moi la lettre. Ah ! C'est fini, c'est fini ; queu traîtrise. Détache-moi, je veux m'en aller. Grignardet, ôte-moi les cordes. Décrochez-moi, je veux m'en aller. Détachez-moi, ou je casse la mécanique. Laissez donc, laissez donc, j'irai à Montreuil. **** *creator_aude *book_aude_ecoletragique *style_prose *genre_comedy *dist1_aude_prose_comedy_ecoletragique *dist2_aude_prose_comedy *id_LAMERECLOUTIER *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lamerecloutier Mais, citoyen, vous ne savez pas ce que votre enfant peut devenir dans les mains de mon gendre ; Cadet l'aime comme ses yeux. Sans doute, il faut une finition z'à tout ; Cadet a-t-eu la préférence, le voilà z'établi. Blanchet s'est fai-z'une raison ; les voilà bons amis : il prend des leçons depuis un mois, mon fils veut en faire un sujet, c'est le premier de ses élèves. J'étais dans l'aveuglement comme vous sur cet artique, je ne voulais pas de Cadet : savez-vous ben ce que c'est que d'être un artiss' ? Je ne dis pas non ; mais fiez-vous à nous, père Blanchet, votre fils a des dispositions superbes ; puisque Cadet l'a commencé, laissez-le finir. Il faut pousser ses enfants, les mettre plus haut que soi ; le vôtre vous fera t'honneur. Sans profit ! Que dites-vous donc ? Il peut se mettre en troupe dans six mois ; on a déjà voulu l'enrôler de société, dans la rue des Boucheries, pour jouer le grand turc à Chartres, en Beauce, dans les pièces de comédie, pour les rôles de tyran. Vous n'avez donc pas entendu son genre de déclamation, pour un commençant tout nouveau ? Mais les bons, les bons, c'est une différence : avec la corporence de votre fils et l'encolure de son maintien, il peut faire un chemin magnifique. Au bout du compte, qu'est-ce-que ça nous fait ? Pour six blancs par cachet qu'il donne, c'est trop d'embarras pour mon gendre. Pas de ton comme ça, je vous prie, dans une maison comme celle-ci. Il n'est pas dans la salle d'étude, on vous l'a dit, on l'avertira s'il vien z'à la répétition. Bonjour. Tiens, Jacquot l'éveillé ! Au diable des pratiques comme ça. Queu désagrément pour un écolier de plus ! Oui, et le marché, ma place, qui la gardera ? Ton père est à la Chapelle. Il n'y a pas de voisine, il faut avoir l'oeil à ses affaires ; d'ailleurs, reste ici qui voudra ? Elle me plante-là pendant z'une heure pour avoir des raisons. Eh ! Le père à Blanchet... Et moi j'ai supporté sa mauvaise himeur. Il y est ben allé, à ce qu'il m'a dit. Qu'il s'arrange comme il voudra. Donne-moi les serviettes de s'te vente, que je m'en aille. T'aurais dû t'arranger de ça pour ton ménage ; c'est du solide et pas cher. Pardine, il n'en faut pas des sacs. Ton homme est donc bien à court ? ta fortune devait être faite avec lui. Tu l'as voulu, ce gain de la loterie m'a fait succomber au goût de ton inclination. Vous avez déjà eu du bruit, je le sais, à cause de Blanchet qui apprend l'état malgré son père. Allons vela que ça commence ; j'ai tout prophétisé pour ton bien, ma pauvre Manon ; prends ton mari du bon côté et tâche de vivre en travaillant ; car, comme dit le proverbe, vois-tu, quand il n'y a pas de foin au ratelier... Vela Blanchet. Il a dit qu'il irait plutôt en justice pour t'empêcher d'être de l'état. On vous dit ce qu'il a dit, et c'est à vous à faire... Et la sixième ? Garde-là tant que tu voudras ; ce sont tes affaires : mais qu'es donc que je fais ici ? Je n'ai pas encore étalé et vela l'heure du marché. Ton père est allé pour du charbon : je n'ai pûs d'aide : pûs personne, il faut que tout roule sur moi. Adieu, mes enfants. Tiens de quoi z'il a l'air, on dirait qu'il va nous avaler. J'y dirais adieu ; je reviendrai ce soir. Encore des mots, des bavardages, des jalousies ; inculper ce garçon pour des riens ; chasser tes écoliers, perdre ton état ; faire sécher ma fille sur pied... jour de Dieu ! Que ça finisse, Monsieur Roussel, vous me connaissez. Attends, c'est devant tout le monde que j'y veux donner ma leçon. Écoute donc, Cadet. C'est quelqu'un qui veut te parler. L'épicier de la rue Jean-Robert. La clef de la commode. Ah ! Ma foi, voilà une lettre. Dans la corbeille de ta femme. Quoi donc ? Qu'es que c'est ? Es qu'il est fou ? Ah ! Scélérat ! C'est toi qui fait soupçonner ma fille. Mon gendre ! Tu vois donc, mon ami, l'innocence de mon enfant. La voilà ; j'en suis sûre. Queu tintamarre as'te porte, et mon dieu... **** *creator_aude *book_aude_ecoletragique *style_prose *genre_comedy *dist1_aude_prose_comedy_ecoletragique *dist2_aude_prose_comedy *id_MANON *sexe_masculin *age_jeune *statut_exterieur *fonction_autres *role_manon Ma mère, madame Grugeot vient de me payer les quinze jours de déclamation de sa fille, avec z'une oie qu'elle nous fait présent ; restez à dîner avec nous. Eh ben, et les voisines... De quoi donc ? Je l'ai vu venir ; son fils s'est caché ; c'est un des élèves qui paie le mieux. Toi tout d'même hier, qu'il voulait aller se plaindre cheu le commissaire qui demeure au premier, dans s'te maison. Oui, mais Cadet est sûr que les commissaires ne peuvent pas empêcher la déclamation. N'y a pas de patente pour les artiss'. Où est-ce que vous avez donc les yeux ? Vous ne les voyez pas sur ce buffet. Et de l'argent ? Jolie fortune ! On n'est pas sorcier, plus d'apparence que d'effet ; il ne me gagne pas mon savon à la halle et les cachets de déclamations paient à peine le local. Je lui croyais beaucoup plus d'avance, et le caractère moins taquin. Il est jaloux de son ombre, et ce garçon que j'ai méprisé rapport z'à lui et qui m'offrait tout, n'aurait pas agi comme ça, si j'avais pu avoir celui de correspondre à sa passion. Tiens il y a pus d'une heure. Ça vous regarde ; et faut les faire valoir. Ma mère, renvoyez-moi mon homme, s'il a fini ses barbes ; tous les écoliers sont venus, ils étudient dans la cuisine, on n'attend put que Grignardet. De bonne heure, ma mère, vous verrez déclamer la tragédie. Ne criez donc pas si fort, vous me fendez la tête. Vous seriez assez bon pour effrayer le monde ; mais vous ne pouvez pas continuer, puisque votre père n'entend pas vos raisons. Ah ça, si vous allez recommencer vous bêtise, je file... Je vous dit que ça m'endort ; je n'ai déjà pas trop de repos dans mon ménage ; je m'en vas, si vous continuez. Vous m'avez déjà fait battre deux fois, j'en supporterai pas davantage. Il le ferait comme il le dit. Je vas tous dire d'abord, si c'est comme ça ; je ne serai pas cause d'un massacre ; vous me faites peur comme tout. Voulez vous finir ces manières ; levez-vous, ou sinon... Vela mon mari, vela mon mari. C'est bien, vous n'avez pas manqué une parole, mais, tenez, voilà mon homme, répétez avec lui, j'ai affaire. Taisez-vous. Faut-il avertir les élèves ? En suis-je ti cause, moi, donc ? Queu conduite ? Allez-vous recommencer ; je n'ai pas fait une fin avec vous, pour me mettre dans un enfer ; ma mère le saura, cette fois ici. Oui, mais quand vous n'y êtes pas. Ma mère, il me menace pour ce soir. Vous m'ahurissez ; c'est vous qui m'occasionnez tout ça. Vous ne voyez pas qu'on vient ; voulez-vous faire mon malheur ? Gardez votre papier, et allez-vous-en avec les autres. Ne restez pas seule avec moi. Je n'en veux pas, j'entends du monde, on vient, vous me perdez. Vela qu'on vient, que je le cache au moins : je l'ai voulu, queu vie ! Quel enfer ? Après ça, mariez-vous par faiblesse d'inclination ; comme on dit, qui choisit prend le pire ; nos père et mère en savent plus que nous sur ça. Qui-ès qui a cherché tout ça ? Quoi ! Cette lettre... C'est pour cette lettre ; je l'aurais laissée par terre ; j'ai été forcée de la ramasser pour la brûler, seule à ce soir, en défendant la porte à Blanchet. Peux-tu z'en douter. **** *creator_aude *book_aude_ecoletragique *style_prose *genre_comedy *dist1_aude_prose_comedy_ecoletragique *dist2_aude_prose_comedy *id_MADAMEGRUGEOT *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_madamegrugeot Elle vient z'après moi ; elle est dans l'allée avec sa cousine Picard, qu'elle a rencontrée, qu'est donneuse de cachets au bal de la montagne Sainte-Geneviève. Je ne suis pas straordinairement fatiguée ; je viens du théâtre des petits enfans, ousque je compte placer mon filleul pour la pantomime. Pas mal ; il a la poitrine assez forte. Je le sais, de l'Estrapade, il a du talent. Il n'aura pas d'autre maître que Cadet ; il le commencera en rachevant ma fille. Et rien que trois mois de leçons : hardie comme un page, une mémoire de possédé, un gosier superbe dans les exclamations ; d'une couleur manifique sur scène, quand elle a du rouge avec ce turban espagnol, ous-qu'il y a des paillettes d'argent, avec de belles plumes d'oiseau. Ce n'est pas pour dire, mais c'est un phénix pour le prématuré de son âge, elle n'a que trente-deux ans. Je n'y plains ni mon argent, ni mes soins, ça va faire un fier chemin, grâce à votre fils ; c'est ma joie, ma consolation : que voulez- vous ? Je n'ai qu'elle ; je travaille pour son éducation ; quand la providence m'en séparera, si la pauvre enfant n'est pas riche, j'y laisserai du moins de quoi z'en amasser ; avec de l'argent, on se tire de partout. Oh ! Ça ne tarit jamais dans le discours ; c'est une voracité de paroles qui ne finit pas ; c'téait juss'ce qu'il fallait pour une déclamatrice, elle a une langue d'enragé. Quoique ça dans le doux, pour le sentiment, un son flûté, comme un violon, dans les réponses d'amour ; elle tient de son père qu'était chantre à Saint-Leu, pour la musique. C'est pas comme moi, j'ai la voix un peu rembrunie, sans quoi je me serais peut-être mis dans la danse, dans les ballets. Quoi ! J'ai aimé ça de jeunesse ; sitôt que je pouvais m'échapper, crac, ous qu'on me trouvait ? Aux parades : c'est qu'il n'y a pas de ressource sans l'instruction ; j'en suis folle, mâme Roussel, je ne vivrais que de ça : mon mari, que j'aime comme mes yeux, monsieur Grugeot, n'est pus rien pour moi, quand je tiens un morceau de comédie. Preuve de ça ; quoi, j'oubliais de vous conter... Tenez, quintidi dernier, au théâtre du Mont-Parnasse, plus haut que l'allée des Invalides, l'extravagance ou moi, c'était la même chose : ma fille a manqué me faire mourir de joie. Elle a été couronnée d'une couronne de laurier : tous les voisins y étaient, la rue Guerin-Boisseau ; mademoiselle Grugeot s'est surpassée ; si jamais mère a reçu des glorifications, je peux ben dire que c'est moi. Dans une tragédie de Molière, que Cadet y a montré les gess'pendant quinze jours. Non, c'est pas ça, je m'en souviens à présent, ils sont six : je m'en vas vous faire voir ça, comme si vous y étiez ! Y en a d'abord deux qui se parlent pour le complot, il en vient un autre en épée, de la part du maître de ce pays-là, et puis, quand la victime sort de la prison, c'était ma fille, l'autre qui est en robe cramoisie vient pour y parler ; son camarade s'en va sur un monticule ; on vient annoncer que l'autre est parti, et puis ma fille se jette dans le feu. Elle s'est précipitée sur le bûcher, c'est-à-dire, sur des paillaises par derrière, ous qu'elle est restée plaquée, afin que le monde crût qu'elle était consommée par les flammes, et c'était dans ce qu'il y avait de plus beau ; et puis ce n'est pas pour me flatter, c'est un beau corps de femme pour le grand genre. Fort bien, mais, pourquoi se faire attendre ? Eh bien, vous ne voyez pas la mère de votre maître. Vous faites donc deux déjeuners, aujourd'hui ? Non, j'ai ce qu'il lui faut : elle aime à croustiller ; quatre ou cinq flûtes, voilà son repas du matin. Sa cousine l'a retenue. Trop de vivacité, Monsieur Cadet ; à la fin du compte, elle est votre mère. Viens-nous-en ; je vais te costumer en deux minutes. Ous-qu'elle va s'habiller, Monsieur Cadet ? Pas de cirimonies, je vous en prie ; venez, mamzelle Grugeot. Ferme dans la démarche, mamzelle Grugeot, la tête droite ; est-ce t'y ça, Monsieur Cadet ? Comme elle fait la soeur du grand turc, j'y ai mis le doliman du côté gauche, c'est le véritable costume espagnol. L'auteur m'en a priée ; je fais une comparse en place de la citoyenne Moutié, n'y a pas grand chose à dire, et puis, quand on est estilée à la chose, on ne peut pas se tromper le papier à la main. Bien, bien, la velà rendu cette fois-là. C'est moi qui la fais. Vous ici, juste ciel, dieux vengeurs ! quel audace ? Qui venez-vous chercher ? Qui ? Vous venez de signer l'arrêt de son trépas ; Si vous restez encore, il périt ; Cupidon, Cupidon toi pour qui je succombe, Oses-tu déchirer le coeur d'une colombe ! Viens, et fléchis l'amant que dévorent mes yeux. Es-que c'est dans la pièce ça, Monsieur Cadet ? Mon cher Cadet. Au contraire ; je vas vous ressusciter d'un seul coup. La lettre n'était pas décachetée ; votre femme la méprisée. On répétera donc demain. **** *creator_aude *book_aude_ecoletragique *style_prose *genre_comedy *dist1_aude_prose_comedy_ecoletragique *dist2_aude_prose_comedy *id_BEUGLAN *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_beuglan Mon ami, mon ami, ce n'est pas là mon intention. Les gestes. C'est un scandale. Vous voyez que c'est la médisance. Allons, mon ami, dépêchons-nous. Voici sa mère. Les timbales, c'est l'acte de l'incendie que nous répétons. Moi, je verrai mieux les positions. Y sommes-nous ? Ce n'est pas ça : ce dernier vers n'est pas assez senti. C'est ça. Continuons. C'est l'exposition de la pièce. Des pruneaux, des pruneaux. De Maroc. Je suis fort content du tableau. Vite, à la femme du sérail. Allons, vite, l'invocation à l'amour ; descendez l'amour. L'invocation ; est-elle sublime ? Allons, ne refroidissons pas. Pas d'interruption. Mon ami, écoutez la raison ; vous n'êtes pas le seul qu'on soupçonne injustement. Voilà ma tragédie au croc à présent, comment voulez-vous qu'elle aille à présent, décadi prochain. Si nous répétions seulement les combats ; avons-nous les tambours. **** *creator_aude *book_aude_ecoletragique *style_prose *genre_comedy *dist1_aude_prose_comedy_ecoletragique *dist2_aude_prose_comedy *id_GRIGNARDET *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_grignardet Tous, excepté la citoyenne Grugeot. Vous faites devant vous reculer la nature. Amour, cruel amour ! Que ta force est terrible ! C'est la première fois qu'on répète cet acque ; m'avez-vous montré les gess'pour ce morceau ? Faut-il recommencer ? Amour, cruel amour ! que ta force est terrible ! Tout homme est insensé, s'il n'est pas insensible. Beuglan, je te le dis, c'est ton chef-d'oeuvre. Je n'en perdrai rien. Faut-il fuir ou chercher à la revoir encore ? Attendrai-je la nuit ; attendrai-je l'aurore ? Si l'on ne m'entend pas, mes cris sont superflus ; Si je pars pour toujours, je ne reviendrai plus. Plus d'espoir, mon ami, Comment ? Par qui ? Par où ? Ils garderont ma femme, et j'aurai le Poitou. Qu'ai-je entendu ? Grands dieux ! Marianne ! Comment ? Par quel destin ?... Se peut-il ? Que d'amour, d'infortune, de transe ! Qu'avez vous ? Des torches, des flambeaux... Les tambours. **** *creator_aude *book_aude_ecoletragique *style_prose *genre_comedy *dist1_aude_prose_comedy_ecoletragique *dist2_aude_prose_comedy *id_JOBAR *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_jobar Fanfan, tu vas la voir ; la voici qui s'avance. Ce mot d'écrit, Seigneur trouvé sous les berceaux... Ce mot d'écrit, Seigneur, trouvé sous les berceaux... On ne m'en a pas donné. Ce mot d'écrit, Seigneur, trouvé sous les berceaux... **** *creator_aude *book_aude_ecoletragique *style_prose *genre_comedy *dist1_aude_prose_comedy_ecoletragique *dist2_aude_prose_comedy *id_LAMEREROUSSEL *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lamereroussel C'est superbe. Jobar ! Grignardet ! Cette femme n'a pas de torts. Il sera gentil ton ménage, avez s'te humeur-là, ça sera un plaisir. Est-ce que je peux m'y reconnaître, t'as tout renfermé dans la suspente avant-z'hier. Mâme Grugeot, donnez-vous la peine de vous asseoir. Allez étudier avec les autres. C'est Grignardet. C'est de l'ouvrage de mon fils. Ah ça, vous parlez de votre filleul, j'espère que ça nous fera un écolier de plus. Elle va bon train dans l'état. Je l'ai vue. Elle tarde ben à monter. Oui, elle a une belle organe. Oh ! C'est sûr ; il n'y a rien de si farce que les choses qui font rire. Oui, je sais qu'elle s'en est bien sortie ; mais dans queu pièce que c'était ? Ous-que l'autre s'empoisonne, à cause d'elle. Ah ! Oui, c'est la comédie de Didon. Mon fils était ben fâché de n'avoir pas pu... Tenez, la voilà, la voilà, mademoiselle Grugeot. C'est ben de l'honneur pour moi, je vas aller avertir mon fils. Voulez-vous prendre quelque chose ? Un verre de vin, une croûte ? Elle ne fait que de venir. Mais puisque... Tant mieux pour toi, si t'a de l'esprit. Eh ! Ne fais pas tant tes embarras. Voyons : lis donc ça. Mon fils ! **** *creator_aude *book_aude_ecoletragique *style_prose *genre_comedy *dist1_aude_prose_comedy_ecoletragique *dist2_aude_prose_comedy *id_LEPETITROUSSEL *sexe_masculin *age_jeune *statut_exterieur *fonction_autres *role_lepetitroussel Voyez, voyez ses yeux, ils ont versé des larmes : Eh ! Quoi ! Vous l'entendez, seigneur, et votre bouche Reste immobile auprès de ce monstre farouche ! Elle nourrit sa flamme, oui, j'en suis convaincu, Vous êtes, vous serez, ou vous fûtes... Sans cesse vous portez la main sur votre front, Et votre orgueil blessé s'arrête à la menace !... J'y cours. Vous la verrez, Fanfan ; c'est moi qui vous l'assure. Ma valeur vous le jure. Vous aurez ce bonheur. Bramar passe. **** *creator_aude *book_aude_ecoletragique *style_prose *genre_comedy *dist1_aude_prose_comedy_ecoletragique *dist2_aude_prose_comedy *id_LAMOUR *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lamour Élève tes regards sur la voûte des cieux. Est-ce que c'est ma faute, à moi ? Il n'est pas si difficile d'en faire faire une autre.