**** *creator_biancolleli *book_biancolleli_oedipetravesti *style_verse *genre_parodie *dist1_biancolleli_verse_parodie_oedipetravesti *dist2_biancolleli_verse_parodie *id_COLOMBINE *date_1719 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_colombine Qu'ai-je entendu, grands Dieux ? On peut le soupçonner ! Une telle injustice a lieu de m'étonner, Claudine, se peut-il... Finebrette, dit-on... Scaramouche, cessez de tenir ce langage, Vous en avez menti, vous et tout le village, Sortez. De l'accuser on peut avoir le front ? À sa vertu, c'est faire un trop cruel affront. Ah ma chère Claudine ! Cet injuste soupçon désole Colombine : Finebrette accusé ! Peut-on l'imaginer ? Lui, qu'un assassinat ail pu souiller son âme ! Des lâches scélérats c'est le partage infâme. Non, il n'a point commis cette indigne action, Car il est tout ensemble honnête homme et Gascon, Apprends que ces soupçons irritent ma colère, Et qu'il est vertueux puisqu'il m'avait su plaire. Nous brûlâmes tous deux d'une inutile flamme ; Et malgré tout le feu qui dévorait son âme, Il ne put obtenir l'aveu de mes parents, Des désirs d'une fille indomptables tyrans. Mon père qui voyait Pierrot dans l'abondance, Sur l'autre lui donna d'abord la préférence. Il fallut oublier, dans ses embrassements, Et mes premiers amours, et mes premiers serments. Finebrette se fit soldat dans la milice. Il partit ; cet hymen pour lui fut un supplice. Depuis ce temps fatal, ce généreux Gascon, Par ses exploits guerriers s'est acquis un grand nom : On vante son courage, et même la gazette A parlé plusieurs fois du vaillant Finebrette. Un gros loup furieux désolait le village, Nul n'osait contre lui signaler son courage ; Le brave Trivelin, sans craindre le danger, De ce fier animal s'offrit à nous venger ; Ce héros exigea pour prix de sa vaillance, Qu'une femme du lieu devint sa récompense, Qu'à la plus opulente il pût donner la main : Tu sais bien que le choix ne fut pas incertain, Pour l'intérêt commun il fallut y souscrire ; Finebrette pour lors sur moi n'eut plus d'empire : Trivelin triomphant obtint d'abord ma foi, Et le vainqueur d'un loup était digne de moi. Je crains de succomber, évitons sa présence. Oui, seigneur. Oubliez ce qui peut encor vous chagriner. On forme un grand soupçon qui va vous étonner, Du meurtre de Pierrot, le village en furie, Vous accuse, et soutient... Non, je ne le crois point, et c'est vous faire injure, Que vouloir un moment combattre l'imposture ; Mais cependant, mon cher, puisqu'on a ce soupçon, Les archers vous pourraient fort bien mettre en prison. Que dites-vous ? Quoi ! Du pauvre Pierrot, vous seriez l'assassin ? Quoi donc, n'êtes-vous pas sûr de votre innocence ! Non, non, le Magister est un extravagant, Il vous a tenu même un discours arrogant. Non, son compère seul accompagnait ses pas. Pierrot, ce sublime génie, Dédaignait, comme vous, la grande compagnie. Il allait tous les jours faire un tour dans les champs, Il n'avait point, mon cher, d'autres amusements : Avec tous ses voisins, uni dès son enfance, Comme il était sans crainte, il marchait sans défense. Avec un ami seul, comme je vous l'ai dit, Un samedi matin mon pauvre époux partit : Montés sur deux bidets, Pierrot et son compère, Se mirent en voyage, hélas! Il allait en Bourgogne à l'emplette du vin, Quand il fut rencontré par un lâche assassin. Puisque vous rappelez ce souvenir fâcheux, Il était déjà vieux, mais malgré sa vieillesse, Il avait quelquefois des retours de jeunesse ; Ses yeux étaient petits, même fort enfoncés, Et le pauvre Pierrot vous ressemblait assez... Mon cher, qu'a ce discours qui doive vous surprendre ? Non, tout ce qu'il a dit n'est qu'une fausseté. Pour avoir cru jadis une vieille sorcière, Il m'en coûte mon fils, ô douleur trop amère ! Apprenez, apprenez dans ce péril extrême, Ce que j'aurais voulu me cacher à moi-même ; Et de vous alarmer ne soyez plus si sot. Je vous l'ai déjà dit, j'eus un fils de Pierrot ; Mais à peine avait-il commencé sa carrière, Que j'allai consulter une vieille sorcière. Pardonnez si je tremble à ce seul souvenir, Voici ses propres mots, J'ai dû les retenir : Ton fis tuera Pierrot, et ce fils téméraire... Achèverai-je ? Fera cocu son père... Que vois-Je, Trivelin ? Vous changez de couleur. Je crus cette laide mégère. Et renonçant enfin aux sentiments de mère, Je voulus l'arracher aux rigueurs de son sort. Et qu'aux enfants trouvés on le porta d'abord. Cet ordre fut suivi :( malgré mon injustice, Celui qui me rendit ce funeste service. Alla, deux jours après, s'informer de mon fils, Il sut qu'il était mort, à rigoureux ennuis ! Vaine précaution ! Sentiments trop sévères ! Pierrot fut massacré par des mains étrangères, Ce ne fut point son fils qui lui porta ces coups, Et j'ai perdu mon fils sans sauver mon époux. Ô ciel, que dites-vous? L'ai-je bien entendu ? je frissonne... Ah ! Que m'apprenez-vous Simon vers nous s'avance, il était le compère De Pierrot... Rassurez-vous, Simon, parlez à mon époux. Ne vous emportez pas. Ce n'est pas votre faute. Hélas ! Que faites-vous, ô Dieux ! Trivelin, épargnez ce spectacle à mes yeux ; Êtes-vous possédé, quel démon vous tourmente ? Je ne puis plus rester, ici tout m'épouvante. Quel horrible tapage, Faites-vous donc ici ? Vous n'êtes pas trop sage. Ah ! tranquillisez-vous, mon cher petit mari, Votre coeur à ce nom n'est-il point attendri ? Qu'entends-je ! **** *creator_biancolleli *book_biancolleli_oedipetravesti *style_verse *genre_parodie *dist1_biancolleli_verse_parodie_oedipetravesti *dist2_biancolleli_verse_parodie *id_CLAUDINE *date_1719 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_claudine Ma surprise est extrême. Que je vous plains, Madame ! On a quelques raisons, et pour le condamner. Finebrette longtemps vous a fait les yeux doux, Pourquoi donc n'est-il pas devenu votre époux ? Après avoir perdu votre premier époux, Puisqu'il vous plaisait tant, que ne l'épousiez-vous ? Ah ! Madone, en ces lieux Finebrette s'avance. **** *creator_biancolleli *book_biancolleli_oedipetravesti *style_verse *genre_parodie *dist1_biancolleli_verse_parodie_oedipetravesti *dist2_biancolleli_verse_parodie *id_SCARAMOUCHE *date_1719 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_scaramouche Oui, tous nos paysans accusent Finebrette, Madame, il est l'objet d'une haine secrète ; Le peuple furieux, animé de courroux, Assure que Pierrot expira sous ses coups. Son retour à nos maux donnera quelque trêve, Et va faire cesser la peste qui nous crève. Car depuis le trépas de notre ami Pierrot, Tous les malheurs ici s'avancent au grand trot : Nos moutons sont galeux ; la campagne stérile, Nous prive tous les ans de son secours utile ; Et dans tout le Bourget, il n'est point de roussin, Qui ne soit attaqué d'un dangereux farcin ; Les garçons n'osent plus aller jouer aux quilles, Et la jaunisse enfin gâte toutes nos filles. Oui, Madame, lui-même ; Tout franc, je ne crois pas qu'on puisse s'abuser. Et quel autre en effet pourrait-on accuser. On sait que le gaillard vous a compté fleurette, Que vous alliez souvent ensemble à ta guinguette, Et que votre mari jaloux avec raison, Craignait de votre part un peu de trahison... L'étranger qui s'avance, Veut vous entretenir. **** *creator_biancolleli *book_biancolleli_oedipetravesti *style_verse *genre_parodie *dist1_biancolleli_verse_parodie_oedipetravesti *dist2_biancolleli_verse_parodie *id_TRIVELIN *date_1719 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_trivelin Scaramouche, est-ce là le seigneur Finebrette ? Vous êtes, je l'avoue, un Alcide nouveau. Certes, je ne veux point vous imputer ce crime, Mais le ciel en courroux demande une victime. Par le sang du coupable il le faut apaiser, Seigneur, tout le village a su vous accuser. Croyez-moi, sans tarder, songez à vous défendre. Que veut le Magister ? Nommez son assassin, Qui peut vous retenir ?... Dites donc... Expliquez-vous. Obéissez, morbleu, je perdrai patience. Que ces retardement irritent mon courroux. Achevez, qui ? Moi ! Bon, vous vous moquez. Quel mensonge ! Peut-on m'outrager de la sorte ? Non ! Je ne reviens point de mon saisissement, Et ma rage est égale à mon étonnement. Je rendrais par ta mort ma vengeance certaine : Mais non, vieux radoteur, tu n'en vaux pas la peine... Va, fuis loin de ces lieux, fourbe, infâme, menteur. Arrête... que dis-tu, quoi maître André mon père... Quel cruel embarras ! Mon âme inquiétée, De soupçons importuns n'est que trop agitée : Le Magister me gêne, et prêt à l'excuser, Je commence en secret, moi-même à m'accuser. On est plus criminel quelquefois qu'on ne pense. Ma mie, un petit mot ; sans vous parler du reste, Quand Pierrot entreprit ce voyage funeste, Trois ou quatre valets ne le suivaient-ils pas ? Un seul homme ! Pour quelle affaire ! Des bons marchands de vin, exemple auguste et rare, Aurai-je pu sur toi porter ma main barbare ! Dépeignez-moi du moins cet époux malheureux. J'entrevois des malheurs que je ne puis comprendre : Le magister peut-être a dit la vérité. Votre fils ! Par quels coups l'avez-vous donc perdu ? Pourquoi jusqu'à présent n'en avais-je rien su ? Hé bien! De grâce, poursuivez, je suis saisi d'horreur... Qu'en fîtes-vous ? Qu'entends-je ! mais il faut que par reconnaissance, Je vous fasse à mon tour une autre confidence ; Et que vous connaissiez par ce triste entretien, Le rapport étonnant de votre sort au mien. Je suis né dans Montmartre, et tout franc j'en enrage, Je ne me plaisais point du tout dans ce village ; Mon père y fait encor le métier d'hôtellier. Un jour j'allai tirer du vin dans le cellier... Ô malheur ! Tout à coup les tonneaux s'entr'ouvrirent. Le vin coula partout, et les murs se rougirent ; Ma chandelle souillée augmenta ma terreur : A vous dire le vrai, j'avais diablement peur. Une effrayante voix me parla de la sorte : Éloignes-toi d'ici, gagne au plutôt la porte, Ne vient plus du bon vin souiller la pureté ; Bacchus est contre toi justement irrité... Cette voix me prédit, le croirez-vous, Madame ? Que ma mère devait un jour être ma femme, Que je tuerais mon père... Tout doux. Vraiment j'ai bien encore autre chose à vous dire, Laissez-moi respirer, et je vais vous instruire. Lorsque de cet effroi mes sens furent remis, Je résolus d'abord de quitter mon pays ; J'abandonnai Montmartre, et sans beaucoup de peine J'allai deux jours après courir la prétentaine. Je déguisai partout ma naissance et mon nom, Un jeune plâtrier fut mon seul compagnon : Nous avions l'un pour l'autre une amitié sincère. Un jour, près de Dijon (Il m'en souvient, ma chère, Je ne sais pas comment je l'avais oublié, L'oracle de la cave est trop vérifié.) Trouvant deux cavaliers dans un étroit passage ; Le vin qui me guidait seconda mon courage ; J'avais un peu trinqué, la bacchique liqueur M'échauffait la cervelle, et me donnait du coeur ; Je voulus disputer, comme un homme peu sage. Des vains honneurs du pas le frivole avantage. J'étais ivre en un mot, mon camarade aussi. Je marche donc vers eux, et comme un étourdi J'arrête des bidets la fougue impétueuse : Les voyageurs saisis, sous ma main furieuse, Succombent à l'instant, et sont percés de coups ; Ils tombent à mes pieds... Il pourra dévoiler ce mystère. Je veux être éclairci : viens malheureux vieillard, Approche... mais je crois t'avoir vu quelque part. Simon, venons au fait, je ne dis plus qu'un mot, Tu fus le seul témoin du meurtre de Pierrot, Tu fus blessé, dit-on, en voulant le défendre ? Moi, je t'aurais blessé ? Quoi c'est toi que ma rage Attaqua vers Dijon dans cet étroit passage ?... Oui Je te reconnais : que je suis étonné ! Que je suis un grand chien ! Il faut mourir. Vous devez vous venger de ma fureur extrême ; Punissez-moi, Madame, étranglez-moi vous-même, Ou de mes propres mains... Elle fait bien de fuir un monstre tel que moi, J'assassine Pierrot, et sans savoir pourquoi. Ah ! je suis un infâme, un gibier de potence, Et je mérite enfin... C'est assez, laissez-moi. Guillaume, est-ce vous que je vois ? Oui, c'est le cuisinier de maître André, mon père, C'est lut dont l'amitié m'a toujours été chère. Comment se porte-t-il ? Répondez. Quoi, maître André n'est plus ? Il a vraiment grand tort. Partons, Guillaume, allons ; je veux dans ma patrie, Prendre possession de son hôtellerie : Tu m'accompagneras. Qui de mon cabaret me défendrait l'entrée ? Parbleu je plaiderai, nous verrons si je puis Par la... Je n'étais pas son fils ! Et qul donc est mon père ? Près de Paris ? Éclaircis ce mystère Qu'entends-je ! Guillaume, ce vieillard, de qui tu m'as reçu ; Depuis ce temps fatal, ne l'as-tu jamais vu ? Pourquoi m'annonces-tu celle triste nouvelle ? Je ne puis résister à ma douleur mortelle, J'entrevois ma naissance, et j'ai quelque soupçon, En vérité je suis un fort joli garçon... Simon, approchez-vous, À la fin je respire. Mais quoi, vous vous taisez, n'avez-vous rien à dire ? Vous êtes donc mon père, et le ciel a permis... Tu redoubles ma rage ; Malheureux oses-tu me tenir ce langage ? Éloignez-vous tous deux, ou cent coups de bâton. De vos funestes soins vont me faire raison. Hé bien, es-tu content, Magister détestable ? Ton oracle à la fin n'est que trop véritable. Je n'ai pu me soustraire à mon cruel destin, De mon père je suis l'odieux assassin ; Moi-même sur son front j'osai planter des cornes : Pour moi, barbare sort, tes rigueurs sont sans bornes. Non, un crime si noir ne peut se pardonner. Que de gens à l'envi vont me turlupiner ! Il n'en faut point douter, les plumes satyriques, Écriront contre mol plusieurs lettres critiques. Tandis que d'un côté l'on me critiquera, De l'autre vainement l'on m'apologira... Mais quoi le jour s'enfuit !... Que vois-je ? Le village. Vient avec des flambeaux me brûler le visage ; Arrêtez... où fuirai-je... il va fondre sur moi. L'enfer s'ouvre... Ô Pierrot ! Ô mon père est-ce toi ? Je vois, je reconnais cette honteuse crête, Panache injurieux que j'ai mis sur ta tête ; Punis-loi, venge-toi d'un fils dénaturé, D'un fils, qui non content de l'avoir massacré, Livrant à ses forfaits son âme toute entière, Ose mettre en son lit son épouse, et sa mère ; C'en est trop, frappons-nous... mais je le veux en vain ; Je crains de me blesser, la peur retient ma main. C'est à toi de punir mes crimes effroyables : Approche, entraîne-moi toi-même à tous les diables. Pour moi d'affreux tourments doivent être inventés : Je ne m'en plaindrai point, je les ai mérités. Viens vite, je le suis. Qui moi, votre mari ? Ce titre abominable. Irrite en ce moment la douleur qui m'accable. C'en est fait, nos destins sont remplis, Pierrot était mon père, et je suis votre fils. **** *creator_biancolleli *book_biancolleli_oedipetravesti *style_verse *genre_parodie *dist1_biancolleli_verse_parodie_oedipetravesti *dist2_biancolleli_verse_parodie *id_FINEBRETTE *date_1719 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_finebrette Non : j'ai trop de courage, Va, va, j'ai vu la mort de plus près sans effroi ; Elle n'ose attaquer un héros tel que moi. Je ne crains point les coups de sa faulx meurtrière. Pour peu qu'elle voulût terminer ma carrière, Je la ferais, sandis, reculer de cent pas. De celle affreuse mort la fureur vengeresse, A-t-elle respecté les jours de ma maîtresse ? Colombine... Cette femme eut toujours un bon tempérament : Mais d'où peut provenir tout ce remue-ménage ? Et pourquoi donc la peste est-elle en ce village ? Qu'entends-je ! Cadedis ; qui l'eût jamais pensé ! Pierrot n'est plus au monde ? Ah l'heureuse nouvelle ! Sa femme est veuve, hé bien je m'unis avec elle. Dans mon coeur se réveille un espoir décevant... Elle oubliera bientôt le mort pour le vivant. Mais pourquoi le défunt n'est-il donc plus en vie ? Le trait est inhumain ! Mais la perte pourtant n'est pas irréparable. Je veux bien l'avouer, Pierrot était bon diable ; Mais quel rang tenait-il ? Il était gargotier ; Quant à moi je suis noble, et de plus, bon guerrier ; La Déesse à cent voix, de mes exploits charmée, Les a tant publiés, qu'elle en est enrhumée. Blaise, de mon ardeur je te ferai l'aveu, L'absence ni le temps n'ont point éteint mon feu : Mars n'a pu triompher de ma flamme fidèle, Pour Colombine, ami, j'en al toujours dans l'aile. Dès nos plus jeunes ans nous nous aimions tous deux, Et nous jouions ensemble à mille petits jeux. Ah ! Qu'elle était alors sémillante, badine ! Et cependant malgré sa jeunesse enfantine, Elle aimait le solide, et déjà l'on voyait Que la condition de fille l'ennuyait. J'admirais en secret son penchant pour la noce ; Dès ce temps elle était une femme précoce. Pierrot fut son époux, pour mes feux quel échec ! Le drôle me passa la plume par le bec. Je m'enrôlai d'abord, et partis pour la Flandre ; Mais de l'aimer toujours je n'ai pu me défendre. Pour ravir cette gloire à l'enfant de Cypris, J'ai rendu de mes faits tout l'univers surpris ; De lauriers immortels j'ai vu ceindre ma tête. Il est bien juste, après mainte et mainte conquête, Que Colombine ici me couronne à son tour, Et que l'hymen succède à mon parfait amour ; J'ai fait loin de ses yeux d'assez rudes épreuves. Me prends-tu pour un sol ? Blaise, que me dis-tu ? Je ne puis revenir de mon étonnement ! Je ne le cèle point, ce coup est assommant, Je n'aurais jamais pu former cette pensée... De ses nécessités, la veuve était pressée. Réfléchissons un peu, sans nous mettre en courroux : La mort la délivra de son premier époux, Sans doute du second elle en fera de même : Il faut patienter, je serai son troisième. Hé donc, vous me fuyez ! Quoi, vous fais-je trembler ? Osez me voir, osez m'entendre, et me parler. Je ne viens point ici vous chanter votre gamme. Puisqu'enfin je n'ai pu vous obtenir pour femme, J'en suis tout consolé, que faire à tout cela ? Se pendre ? Bagatelle, il en faut rester là : Vous n'étiez point du tout faite pour le veuvage. Hé bien, ma chère enfant, comment va le ménage ? Ce Trivelin a-t-il de l'esprit, du bon sens ? En êtes-vous contente, ayez-vous des enfants ? Cadedis, que vous êtes féconde ! J'en suis charmé ; pour moi, j'ai trimé par le monde, J'ai fait plus d'une fois trembler mes ennemis ; Tel que vous me voyez, j'ai vu bien du pays : Hé mais, vous n'en avez pas mal vu, ma charmante, Deux maris ! Cadédis, vous êtes prévoyante. Je ne vous blâme pas, chacun sent son besoin. Ma belle, cependant, si je n'eusse été loin, Quand ici ce gros loup faisait le diable à quatre, Contre cet animal vous m'auriez vu combattre : Par moi facilement il eût été dompté, Et moi-même à vos pieds je l'aurais apporté. Trivelin plus heureux triompha de la bête, Et fort mal à propos me ravit ma conquête. Vous vous moquez, ma mie, Qui, moi, de tels forfaits ? Moi, des assassinats ? Et que de votre époux... vous ne le croyez pas. En prison ? Dites-vous : ah ! je les en défie. Finebrette, morbleu, n'entend pas raillerie ; Qu'ils viennent contre moi, Messieurs les pousse-culs, Sandis, fussent-ils trente, lisseront tous vaincus. Oui, c'est lui qu'on outrage à tort, et qu'on maltraite, Lui qui n'a jamais fait une lâche action, Et qui soutient si bien sa réputation. On fait à mon honneur une sensible offense, Je sais qu'on ose ici noircir mon innocence : Je vous estimais fort, et je ne pensais pas, Que vous pussiez descendre à des soupçons si bas. L'injustice est criante, et ma valeur s'étonne, Qu'on accuse un héros des bords de la Garonne ; Joli-Coeur, la Ramée, et moi, braves soldats, Nous avons fait parler de nous dans les combats. Que de sang répandu, dans plus d'une bataille ! On sait bien, que j'allais, et d'estoc et de taille : Qu'il faisait beau me voir affronter les hasards ! Rien ne me fait trembler, je suis un second Mars, Plus vaillant que César, plus brave que Pompée. Si par quelque malheur je perdais mon épée. J'en abattais plus d'un avec le seul fourreau. Ce que je vous dis-là n'est point fanfaronnade. Quoique je sois Gascon, je hais la gasconnade. Je suis connu partout, j'ai bon coeur et bon bras, Et dans l'occasion, je ne recule pas ; Votre femme le sait, elle peut vous le dire. Vous m'accusez pourtant, sandis, je vous admire ; Je veux bien l'avouer, je croyais qu'un Gascon, Devait être toujours au-dessus du soupçon. Quelle raison a-t-il? je n'y puis rien comprendre. Pour un garçon d'honneur, partout on me connaît, Ma foi, si c'était moi, je le dirais tout net : Pourquoi tant finasser ? Allez je suis un drôle, Que l'on peut aisément croire sur sa parole. Un valeureux soldat, un grivois tel que moi, Quand il a dit un mot, en est cru sur sa foi. i Parlez, l'ami, parlez, voici bien autre chose : Non, cadedis, il faut me tirer d'embarras. Hé bien, vous m'accusiez, monsieur de Trivelin, J'avais assassiné Pierrot, à vous entendre ; Jugez, qui de nous deux à présent on va pendre. Qu'en dites-vous, l'ami ? Vous voilà bien camus. Je me retire, adieu, vous ne me verrez plus; On me dégraderait de noblesse, à Iran titre, Si je me faufilais avec un tel bélître. Colombine je pars : mon coeur, console-loi, En m'éloignant d'ici, je fais ce que je dois ; Je ferais d'y rester, une folie extrême : Tu m'aimais tendrement, et je t'aimais de même, Mais tu n'ignores pas, que j'ai trop de vertu, Pour vouloir épouser la veuve d'un pendu. **** *creator_biancolleli *book_biancolleli_oedipetravesti *style_verse *genre_parodie *dist1_biancolleli_verse_parodie_oedipetravesti *dist2_biancolleli_verse_parodie *id_LUCAS *date_1719 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lucas Non, morgué, s'il vous plaît, cette affaire nous touche, Et je voulons savoir de votre propre bouche, Qui fut l'assassineur ; ça, point tant de façons : Ce ne sont point ici des fables, des chansons, Dégoisez au plutôt : je mourrons de la peste, Si vous ne le nommez... Quand il sera branché, je nous sauverons tous. Non, je me donne au diable, J'en aurons dû plaisir, et du soulagement. Dans le village encor, osez-vous bien paraître ? Assassiner Pierrot ! Morgué le tour est traître. Il faut que cela soit, le Magister le dit ; Il ne se trompe pas, c'est un homme d'esprit : Pour nous je n'irons point demander votre grâce, Il faut tout au plutôt que justice se fasse. **** *creator_biancolleli *book_biancolleli_oedipetravesti *style_verse *genre_parodie *dist1_biancolleli_verse_parodie_oedipetravesti *dist2_biancolleli_verse_parodie *id_GUILLAUME *date_1719 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_guillaume Cher Trivelin ! Il est mort. Il n'y faut plus penser ; À Montmartre, mon cher, vous devez renoncer : Si vous y paraissez, votre mort est jurée. De maître André, vous n'étiez point le fils. La chose, à dire vrai, n'est pas encor bien claire. Vous fûtes, mais surtout, n'en faites point de bruit, Sur le haut de Montmartre exposé dans la nuit. Sans doute. Un vieillard vous porta dans ce lieu solitaire. Le hasard vous offrit sous mes pas ; La pitié me saisit, je vous pris dans nies bras, Je vous portai d'abord dans notre hôtellerie; Du pauvre maître André l'âme fut attendrie ; Il vous plaint, vous caresse : admirez votre sort ! Maître André vous adopte, au lieu de son fils mort. Mais la taverne enfin n'était point votre place, La pitié vous y mit, le remords vous en chasse. Jamais : lui seul savait le nom de votre père, Et pourrait aisément éclaircir ce mystère ; Il était fort ventru : si je le rencontrais, Je suis persuadé, que je le connaîtrais. Aurais-je la brelue ! Non, sans doute, sur lui plus j'attache ma vue... C'est lui... De Montmartre, l'ami, ne vous souvient-il plus ? Quoi ! Cet enfant, qu'une nuit vous portâtes ? Ce malheureux enfant, qu'enfin vous exposâtes ? Vous êtes trop discret ; Vous devez révéler cet important secret : Je sais ce que je fais en parlant de la sorte, Trivelin est l'enfant... Allez, n'en doutez pas ; Quoi que ce vieillard dise, il vous mit dans mes bras, Et voilà votre père. De grâce expliquez-vous, pourquoi tout ce mystère ? Parlez, ne craignez rien. Et fi donc, vous rêvez. **** *creator_biancolleli *book_biancolleli_oedipetravesti *style_verse *genre_parodie *dist1_biancolleli_verse_parodie_oedipetravesti *dist2_biancolleli_verse_parodie *id_BLAISE *date_1719 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_blaise Finebrette au Bourget ! À quoi donc pensiez-vous ? Morgue, gardez-vous bien d'habiter parmi nous : Ces lieux sont infectés, et j'y mourons par bande : Que la témérité de votre pied est grande ! Du reste des vivants je semblons séparés, Et je sommes ici tretous pestiférés : La mort a moissonné la moitié du village, Ça, rebroussez chemin... Croyez-moi, cependant, ne vous y fiez pas. Elle vit, je ne sais pas comment... Depuis que notre ami Pierrot est trépassé... Depuis plus de quatre ans une main ennemie, Lui fil en un moment perdre le goût du pain. Il fut assassiné. Vous n'êtes pas de taille à consoler les veuves, Vous occuperiez mal la place de Pierrot : Vous êtes trop duel. Attendez que du moins la place soit vacante. Quoi le diable vous tente ?... Feriez-vous cet affront à son second mari ? Trivelin de sa femme est tendrement chéri, Et vous ne pouvez pas en bonne conscience, De son lit, lui vivant, avoir la survivance. Oui vous l'épouserez, vous devez l'espérer, Peut-être pourra-t-elle aussi vous enterrer.