**** *creator_bohaire *book_bohaire_jesuschrist *style_verse *genre_tragedy *dist1_bohaire_verse_tragedy_jesuschrist *dist2_bohaire_verse_tragedy *id_JESUS *date_(inc *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_jesus Relevez-vous !.... Allez , ô Madeleine ! La foi, le repentir vont briser votre chaîne. En vain l'esprit impur, pour régner sur vos sens , Accable votre coeur de funèbres accents ; Cette âme est toute au Ciel ; désormais la sagesse, Par le calme et la paix, portera l'allégresse... Relevez-vous, vous dis-je, et connaissez un Dieu, Un Père et juste et bon, indulgent en tout lieu  ; Consolant ses enfants, et loin d'aigrir votre âme, À le glorifier soyez toute de flamme ! Allez, marchez en paix ! Il faut vous expliquer pourquoi je la console ; Je vais vous réciter certaine parabole : « Un riche Pharisien avait deux débiteurs, Qu'il venait à l'instant d'aider dans leurs malheurs : L'un de cinq cents deniers et l'autre de cinquante ; Il avait su calmer leur détresse pressante ; Il leur remit la dette.» Or, dites-moi , Docteur, Lequel devait le plus à son vrai bienfaiteur ? Ainsi, la bienfaisance Est le vrai contre-poids de la reconnaissance. Allez , je vous le dis ; plus vous accorderez , Plus on vous aimera, plus vous vous aimerez, Plus vous serez heureux ; c'est la tendre indulgence Qui, d'un être immortel, consacre l'existence. Heureux le Citoyen, Soldat ou Général, Qui peut, par des bienfaits, s'attacher son égal ! Devant l'Être-suprême un homme n'est qu'un home, La grandeur d'ici bas n'en accroît pas la somme. Ou vrai juste, ou pêcheur, n'est-on pas son enfant ? Remettre en droit chemin un être chancelant, Est un signe certain de la vaste puissance D'un Dieu qui veut régner par l'auguste clémence. Je marche sur vos pas. Amis, vous le voyez, Dieu combattait pour nous ! Soyons dans la victoire et cléments et plus doux. Sauvons tous les débris des loges abattues ; Qu'à leurs maîtres, enfin, toutes choses rendues Leur prouvent bien encor, que rien de personnel, N'a pu nous engager à venger l'Éternel De ce trafic honteux manoeuvré dans son temple, Offrant un grand scandale, un très mauvais exemple ! Ayons soin des blessés ; ah ! Décernons aux morts Des funèbres honneurs, et déplorons leurs torts ! Ô Dieu ! Dans ta vengeance, apaise ta colère ! Daigne des ennemis soulager la misère ! S'ils furent criminels, certes, leur repentir T'en fera promptement perdre le souvenir ! Mais pour nous, satisfaits d'avoir vengé ton culte, Ah ! Nous profitons tous de la fin du tumulte, Pour te glorifier, célébrer tes bienfaits, Et dans nos coeurs ici les graver à jamais... Mais j'entends bien du bruit ! Une femme éplorée D'une troupe de gens me paraît entourée ? Ils s'avancent vers nous... Que celui d'entre vous Se trouvant sans péché, ramasse cette pierre, Et que sur cette femme il jette la première. Femme, vous le voyez... et vos accusateurs, Loin de vous condamner, ont respecté vos pleurs. Allez en paix ! Allez, et puisse votre coeur, Mériter désormais les bontés du Sauveur ! Vous êtes étonnés ! Croyez-en ma parole ; Jugez de ma clémence en cette parabole : « Un père de famille ayant des ouvriers Loués de grand matin, il plaça les premiers, Et leur dit de partir pour cultiver sa vigne : Il convint d'un denier, et leur donna le signe Pour aller au travail : étant sorti plus tard, Il retint de nouveau des gens, que, par hasard, Il aperçut oisifs pendant la matinée ; Il en retint de même en toute la journée. Ensuite, il fit venir ces gens, ces ouvriers, Payant également derniers comme premiers. Mais ceux-ci murmuraient de voir que leurs confrères Recevaient du bourgeois de semblables salaires. Nous avons, disaient-ils, travaillés plus longtemps, Ils sont venus fort tard nous aider dans les champs ; Vous leur avez donné la même récompense ! Or, il leur répondit : Dès que ma bienfaisance Ne vous fait point de tort, je vous dois un denier ; Vous ai-je donné moins ? Ou dernier, ou premier, J'en veux agir ainsi. Quoi ! Votre ingratitude, De médire toujours, vous donne l'habitude ? Recevez mes bienfaits, et ne les jugez pas. Seriez-vous mécontents, si, dans quelque embarras De trouver de l'ouvrage, ou vous eût retenu, Et qu'un vrai bienfaiteur payât le temps perdu ? » Je vous le dis encor, qu'une tendre indulgence Entre frères, amis, cimente l'alliance. Je vole vers ce juste, et vais le soulager. Vous, Pierre, il faut rester, pour veiller sur ce temple, Et de notre clémence à tous donner l'exemple. Il le faut donc remplir, mon destin en ce lieu ! Exécuter en tout les décrets de mon Dieu ! Allez, mon temps s'approche, et mon heure est venue ! Amis, jusqu'à la mort, mon âme est abattue... Enfin, ce sacrifice ; ah ! Je le dois subir ! Ô mon Père ! Ô mon Dieu ! C'est à moi d'obéir... Nous sommes à la Pâque, et le lieu de la cène Se trouve près d'ici. Vous, avant qu'on y prenne Votre fidèle Maître, allez aux Oliviers, Préparez ce qu'il faut, soyez-y les premiers : N'oubliez point les lois d'un Dieu, de son Prophète ; Lui seul , lui seul, toujours, il en est l'interprète. Je vous le dis encor, oui, mon heure est venue ; Et, jusqu'à cet instant, l'âme triste , abattue Mais j'aperçois Caïphe ; allez aux Oliviers, Faites tout préparer sous ces arbres fruitiers. Je devrais mépriser les discours d'un athée, Et plaindre les noirceurs de son âme irritée ; Mais avant de mourir pour la Religion, Il faut bien lui donner, ah ! Quelque instruction. Tiens, voilà ma réponse, écoute ma prière, Puisses-tu la porter dans le sein de mon père ! Ô Dieu de l'Univers ! Rends-moi bien vertueux ; Quand on est juste et sage, on est toujours heureux. Que si tu me fais riche, alors, pour l'indigence, D'un tendre régisseur, j'aurai la bienveillance. Je prendrai soin du pauvre, et ton or dans mes mains, Ne sera qu'un dépôt pour aider les humains. Que la discrétion, le zèle et l'indulgence., L'amitié, la candeur, fixent mon existence. Grand Dieu ! De ton aspect ne m'éloigne jamais ! T'aimer, te contempler, est un de tes bienfaits. Quand mon âme est en toi, je la trouve parfaite ; Mais ton éloignement la ferait indiscrète. Que si tu me rends pauvre, alors, sans murmurer, On dira qu'à ton ordre on me voit déférer. Non, non, je ne dois pas, atome, ver de terre, Critiquer, ô mon Dieu ! Ta bonté, ta colère ! Quand tu fais un arrêt, qui peut le mieux sentir ! Tu sais, quand il le faut, récompenser, punir : Tes suprêmes décrets, ton éternelle essence, De la pure équité ne sont que la substance. Je m'abandonne à toi, tu fus mon créateur, Et toi seul as le droit d'être mon destructeur. Patient, modéré, la peine et l'infortune, Ne m'arracheront plus ni plainte, ni rancune. Je bénirai ton nom, et, subissant mon sort, Je chanterai ta gloire aux portes de la mort. Rapportant tout à toi, c'est, en réglant sa vie, Qu'on trouve le bonheur, et qu'on se glorifie. Quant à ton existence, ô chef-d'oeuvre des Cieux ? C'est à lui qu'il faut dire : Impie ! Ouvre les yeux ! Où tu vois ce chef-d'oeuvre, il faut un ouvrier, Et plus il est parfait, plus il est régulier, Plus il faut que sa main soit céleste et divine. Vois-donc ce firmament, réfléchis, examine ; Vois cet astre du jour, et ces champs, et ces bois Les rivières, la mer, tant de divins exploits, Serait-ce ton ouvrage, ou bien de ton semblable ? La nature est un mot ; mais cet être admirable Qui dirige son but, n'est-il pas le vrai Dieu ? Va , tu le connaîtras quelque jour en ce lieu. Et quant à ta menace, ainsi que tes injures , Je remplis mes destins, et par des routes sûres, Je pourrais d'un seul mot te perdre et te punir ; Mais les plus grands décrets il me faut accomplir. Ton âme vile et basse est loin de les comprendre, Je ne veux point du tout te gagner ou surprendre, Et mes voeux et ma gloire ont tous autres motifs, Qu'il n'est pas encor temps de révéler aux Juifs. Adieu. Plaçons-nous... Je vous l'ai déjà dit, Ah ! Mon heure s'approche et tout vous est prédit ! Je vais être livré ; des ennemis avides Du sang de votre maître, en leurs complots perfides Vont consommer leur crime ! Ah ! Judas ! C'est vous même. Oui, vous-même, vous dis-je... Oui... mais vous, Pierre aussi, votre maître en ce lieu Vous allez renier... Allez, n'en parlons plus ; en tout la prophétie Le prédit de la sorte, et doit être accomplie : Je vous dois maintenant un gage précieux De l'éternelle paix que j'apporte en ces lieux. C'est le prix de mon sang, celui du Fils-de-1'homme : Il faut qu'un sacrifice à la fin se consomme ; Que le pain et le vin consacrés désormais, Et bénits de vos mains vous présentent mes traits. Ce sera le mystère et le voeu de mon culte, De celui d'un vrai Dieu, qu'en tout j'aime et consulte. Pierre, soyez le chef de la religion , Et prêchez l'Évangile en cette région. Se répandra partout ; oui , depuis la chaumière  ? ................................ Jusques dans les Palais, on connaîtra mes lois. Celle de votre Dieu, qui parle par ma voix... Mais voici les docteurs et les princes des prêtres... Ah ! C'est pour me tenter que s'avancent les traîtres  ! Docteur, que dit la loi ? Que vous commande-t-elle ? Aimez votre prochain. Par une parabole, il faut l'apprendre ici. « Près de Jérusalem un voyageur s'égare ; Il tombe entre les mains d'un assassin barbare, Qui le vole et dépouille, et le laisse pour mort Un Prêtre passe là ; sans pitié de son sort, Il ne s'arrête pas : il y passe un Lévite , Loin de porter secours, le voyant il l'évite. Mais un Samaritain, survenant par hasard, Prend pitié du blessé, malgré qu'il fut très tard ; En ayant eu grand soin, et pansé sa blessure, Le met sur son cheval, et dans cette aventure, Devenant charitable, humain et bienfaisant, Dans une hôtellerie il le mène en pleurant, Le recommande bien à son hôte, à l'hôtesse, Et les paye d'avance avec zèle et largesse ». Or, lequel donc des trois vous semble le prochain ? Eh bien ! Faites de même envers votre semblable ; Usez des procédés d'une âme charitable, Et vous serez heureux... Croyez-moi, je le dis ; si pour servir deux maîtres Vous calculez toujours, à l'un vous serez traîtres ; Vous ne pouvez servir l'argent et votre Dieu ; C'est pourquoi dans ce temps, ici, comme en tout lieu, Ne perdez-point de vue une vérité sûre, C'est qu'un Dieu tout-puissant oblige sans mesure : De l'oeil de la justice il voit cet univers, Si le soleil l'éclaire en ses rayons divers : Dieu nourrit ses enfants, c'est une providence Qui domine partout, et porte l'abondance ; Alimente tout être, insectes et lions. Les soutient ou détruit dans les occasions. Voyez le lys des champs, l'herbe la plus grossière, Une main invisible est de tout l'ouvrière ; Et Salomon lui-même, en son plus grand éclat, Ne fut pas mieux vêtu que l'est le seringat. Ne vous défiez point de cette providence, Et pour faire du bien, toujours courez sa chance. Le céleste Royaume et la gloire d'un Dieu, Du véritable juste animent le beau feu. Parlez et n'agissez qu'en votre conscience, Consultez-la dans tout, c'est la seule science Et le miroir de l'âme. Adieu , soyez en paix : Pour moi, mon temps n'est plus, je m'en vais à jamais... Vous l'avez dit, c'est moi... Réservez-moi ce coup. Ah ! Pour ma dernière heure ! J'ai bien plus à souffrir, avant qu'ici je meure ; Telle est la loi d'un Dieu, les prophètes l'ont dit, Tout, suivant leur décret, en ce jour s'accomplit. Ô mon Dieu ! Dieu puissant ! Puisque le Fils-de-l'homme Doit de ces maux cruels subir toute la somme, Épargne mes bourreaux ; à la fatalité Impute, ô juste Dieu ! Toute leur cruauté ! Marchons. Allez, qu'aucune crainte De me voir parmi vous ne trouble cette enceinte, Soyez en paix, croyez que le fils d'un vrai Dieu Pour le salut de tous a souffert dans ce lieu Vos Prophètes ici prédirent ces souffrances Dont il fut la victime avec zèle et constance ; Je ne vous quitte pas, et toujours avec vous Ce sera pour mon coeur les instants les plus doux. Je vole vers mon Père, et sous diverses formes Vous me verrez souvent ; que vos désirs conformes À la Religion que je viens d'établir, Vous retrouvent partout enclains à me servir Soyez en paix, adieu. Femme, soyez en paix et retenez vos larmes ; Pourquoi cette douleur, tant de sujets d'alarmes ? Vos remords ont suffi ; pensez-vous donc qu'un Dieu Soit injuste et barbare ? Ah ! Croyez qu'en tout lieu Il aime à pardonner, et c'est cette clémence Qui vous démontre en tout l'auguste Providence. Mais hélas ! Pour Jesus il a fallu qu'ici Des plus noirs attentats il fut en tout noirci : Dieu l'avait décidé ; ses plus sages Prophètes, De son affreuse mort furent les interprêtes ; Ce mystère est d'un Dieu, vous ne devez entrer Dans ses desseins secrets ; loin de les pénétrer Adorez en silence, et sachez qu'il fait grâce, Qu'en bontés et bienfaits rien ici le surpasse. La paix soit avec vous ; de vos tendres hommages J'accepte dans ce jour les plus heureux présages, Je vous ai tous sauvés, méritez ce bonheur, Et garantissez-vous à jamais de l'erreur Du culte des feux Dieux ; mais ayez pour maxime Que la vertu sutout méritât mon esitme : Chérissez votre frère, idolâtre ou chrétien, S'il est honnête et juste il sera toujours bien : Fut-ce un jour de Sabat, il faut d'un bon office, Autant que vous pourrez, lui rendre le service, Mais sans bruit, sans éclat ; ne confondez jamais Les mots avec la chose, et sachez désormais Que les mets en tous temps souilleront moins votre âme, Que fait le médisance ou bne une épigramme. Innocent ou coupable, aimez votre prochain, Avec zèele et candeur présentez-lui la main ; N'adorez qu'un seul Dieu, soulagez votre frère, Eussiez-vous éprouvé son injuste colère. Le véritable culte est dans la charité, Ainsi qu'en vos vertus et dans la chasteté : Et c'est par ces vertus que de toute la terre Vous pourrez triompher dans ce vaste hémisphère. La philosophe en tout, fut-il un vrai païen, Reconnaîtra son Dieu dans les lois d'un chrétien, Ah ! C'est par sa morale qussi juste que pure Qu'il chérira l'Auteur d'une sainte Écriture. Allez, soyez en paix, adorant le vrai Dieu, Donnant l'exemple en tout, en public, en ce lieu Que l'homme ne doit plus esclave en sa patrie De la foi des docteurs, et de l'idolâtrie. **** *creator_bohaire *book_bohaire_jesuschrist *style_verse *genre_tragedy *dist1_bohaire_verse_tragedy_jesuschrist *dist2_bohaire_verse_tragedy *id_PILATE *date_(inc *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_pilate J'admire sa sagesse et prise son système ; Ce sont ses qualités que j'estime et que j'aime ; Une morale pure anime ses discours, Et par la bienfaisance, il dirige ses jours, L'aménité le guide, et tant de modestie, Par le moindre forfait n'est jamais démentie. Juste, humain et traitable , ou pauvre ou fortuné, L'homme de bien, par lui, fut toujours couronné : Jusqu'à ses ennemis, il leur pardonne en frère. Ha ! S'il n'est point leur Dieu, n'est-il donc pas leur Père ? Si je me peins un Dieu, je me peins ses vertus, Et se le peindre ainsi, c'est le voir dans Jésus. Votre Religion vous promet un Messie ; Vous attendez l'effet de cette prophétie. Un Dieu, m'avez-vous dit, sous les traits d'un mortel, Doit descendre ici bas pour nous ouvrir le ciel. Et quel mortel plus digne en ces lieux d'injustice , Peut chasser de vos coeurs la noirceur, la malice ? Il est afflable et doux, il pardonne aisément, Et pour faire du bien il est toujours ardent. Qu'on soit puissant ou riche , ou bien dans la misère, Il aime son prochain, et tout homme est son frère. Il fait grâce au coupable, et par lui consolé, Pour s'éloigner du crime, il devient plus zélé ; Et c'est par sa douceur, cette grande clémence , Que du Peuple en ces lieux il a la confiance. Puisqu'il vous faut un Dieu, choisissez celui-ci, Et nous autres Romains, ha ! Puissions nous aussi En avoir un pareil ! Car, à voir nos idoles, Qui pourrait retenir ses écrits, ses paroles ? Nous adorons, la pierre ; et le bois bien sculpté Est, comme un Dieu, par nous dans Rome respecté ; Et plus grossiers encor les Égyptiens barbares ; Dans leur aveuglement, se font des Dieux bizarres : L'encensoir à la main, suivant les animaux, Ils s'estiment bien moins que leurs vils bestiaux. Jésus veut réformer tous ces absurdes cultes ; Contre les siens et lui pourquoi tant de tumultes ?... Loin de le traverser, vous Ministre d'un Dieu , Accueillez son projet ; et Pilate en ce lieu Estimant votre zèle et suivant votre exemple, D'un mortel vertueux ornera votre Temple. Je ne vous trahis point, je défends les vertus ; Je vous vois à regret calomnier Jésus ; Mais dans un autre instant vous parlant sans mystère Je vous dirai ce que je blâme ou considère ; Nous pourrons raisonner de la religion, Qui nous convient à nous à votre Nation. J'aperçois Madeleine ; elle gémit, soupire, Hélas ! Dans ses remords chacun ici l'admire ? Ne l'interrompons point, laissons son coeur en paix ; Puisses-t-il être heureux au gré de ses souhaits ! Je vous entends, Messieurs, il faut perdre Jésus Ce n'est pas votre Culte ? Ha ! Vous craignez bien plus La perte du crédit, celle de la fortune ! L'intérêt seul vous guide, et ce qui m'importune Me fait grand déplaisir, c'est de voir la furie Que l'on met à poursuivre et ses jours et sa vie. Certes, je ne suis point de votre nation, Je ne suis pas non plus de sa religion ; Et pourtant, je le dis, il me paraît étrange Qu'un Temple ait des bureaux de commerce et de change : Ces lieux doivent servir au vrai Culte des Dieux, Et non pour enrichir des gens luxurieux. Je vous en avertis, le parti qu'on oppose Me paraît formidable, et c'est d'un Dieu la cause : Jésus, pour la gagner, se trouve défendu ; Par de bons citoyens il se dit soutenu ; Tous paraissent armés, l'affaire est délicate, Et passe les pouvoirs que peut avoir Pilate. Voyez, réfléchissez ; car, en un tel assaut, Je ne puis d'un secours vous donner l'assurance , Et sur de vains efforts n'ayez point d'espérance. Je le vois, aux vertus de ton maître, Pierre, il se trame encore quelque projet de traître : On en veut à Jésus ; les prêtres et les Juifs, Se sont ligués entre-eux, et les soins les plus vifs Sont employés ici pour tâcher de corrompre Les magistrats du peuple. On voudrait interrompre Les succès de Jésus ; pour le sacrifier On manoeuvre partout, et de le crucifier Ils forment le dessein ; les prêtres les séduisent, Des volontés d'un Dieu , les vengeurs ils se disent. Le peuple révolté se porte en mon palais ; Il réclame justice, et sans aucuns délais. Prévenez votre maître, et que cette contrée, De sa présence, enfin, ne soit plus illustrée. Si vous avez besoin de quelques prompts secours, Parlez, vous le savez, mes bienfaits pour toujours... Voilà de vos défauts ; j'admire les vertus , Et j'admire surtout les talents de Jésus ; Mais je vois avec peine, en toute sa conduite, Qu'en véritable Dieu l'on vous mène à sa suite. Sa morale est superbe, on la dirait d'un Dieu : Que dans Jérusalem... qu'il la prêche en tout lieu, Je suis prêt d'y souscrire, et même à ses miracles Je veux bien croire encor , ainsi qu'à ses oracles : Mais l'adorer en Dieu ; croire un homme divin, Parce qu'il est honnête ? Ho non ! Un vrai Romain, Bien qu'il méprise au fond ces encens, ces idoles, Qui dirigent les voeux de populaces folles , Et qu'il préférerait voir l'image d'un Dieu En son semblable, en lui... mais pourtant en ce lieu Le Peuple est éclairé ; quoique Jésus surprenne, Il est homme , il est homme.... et, pour qu'on s'y méprenne, Il faudrait s'aveugler !... Je suis loin d'attaquer votre religion, D'affaiblir pour Jésus la juste opinion Qu'on doit à son mérite ; il est digne qu'on l'aime : Mais pourtant le danger est urgent, est extrême  ! La Pâque va se faire, et je crains un malheur : Ah ! Je vous le répète, on veut perdre l'auteur Du schisme qui s'opère ici , dans cette secte ! La vôtre en ces climats déplaît, paraît suspecte. J'ai dû vous avertir, adieu. Non, suivez-moi : Caïphe vient, paraît, les docteurs de la Loi Le suivent en ces lieux : évitons leur présence ; Mon amitié pour vous et l'irrite et l'offense. Quel embarras cruel ! Deux partis dans la ville Agitent les esprits ; ma prudence inutile Veut en vain les calmer, car la Religion Est le prétexte faux de cette passion. L'un paraît animé par l'honneur et la gloire ; L'autre ourdit en secret la trame la plus noire. Grand Dieu ! Si, d'un mortel écoutant les raisons, Tu me permets ici quelques réflexions, J'oserai définir ton éternelle essence , Et même combiner ta divine existence. A tes oeuvres, sans doute, on reconnaît un Dieu ; De vouloir te cacher qui pût te donner lieu ? On ne voit parmi nous aucune architecture, De tes moindres sujets égaler la nature ; Mais, enfin, un héros, dont j'aperçois les faits, N'es-t-il plus un grand homme alors qu'on voit ses traits ? Puisque ta volonté nous fait rois de la terre, À tes enfants chéris dois-tu celer un Père ? Crains-tu que ta présence ils ne puissent point voir ? Mais de la contempler donne leur le pouvoir ; Désignant ton ouvrage, achevant tes miracles, Pour te montrer à nous écarte les obstacles ; Dis seulement un mot, et d'un oeil paternel, Honore l'Univers dans un jour solennel. Que ne vint-il ce jour ? hélas ! que ta présence Eût épargné de sang ! L'erreur en ton absence Se plut à nous aigrir ; pour toi l'absurdité A commis tant d'abus ; par-tout la cruauté Immola l'innocent, et de tristes victimes Subirent des destins qui ne sont dûs qu'aux crimes. Un seul signe de toi, un seul de tes regards, Nous eût tous préservés de funestes écarts. Il règne en tes hauts faits, un ordre magnifique ; Notre félicité est seule hyperbolique ; Bien souvent en danger, rarement le bonheur Des jours les plus sereins fait goûter la douceur. Si richesse et vertu contentent tout le monde, De ces dons précieux que l'univers abonde ; Un Dieu n'a qu'à parler, il fait tout, il peut tout, Et l'on est ici bas suivant qu'il le résout : Il dispense à son gré le vrai bonheur des hommes, En partage à son choix les différentes sommes. Quant à notre existence, est-elle ce bonheur ? Et la mort même, enfin, est-elle un vrai malheur ? De notre individu la fin toujours hideuse, De ce corps corrompu, la perspective affreuse... Mais avant d'exister, quand on est au néant, Que pour le bien, le mal, on n'a point de penchant, Que me ferait alors de venir sur la terre, Pour supporter des maux la cruelle misère ? A-t-on quelque plaisir ? On a mille embarras ; Car pour de vrai bonheur, non, non, il n'en est pas. Or, respirer ici pour être dans la peine, Être toujours en transe, et toujours dans la gêne : Au moins, dans le néant, si vous n'avez du bien , Les maux qu'on souffre au jour vous ne sentez en rien. C'est pourquoi je calcule, et, dans cette aventure, Réfléchissant au bien, pour le mal que j'endure, Si l'essence est trop forte en ce mauvais côté, J'entends préférer l'autre avec grande équité. Au néant, au sommeil, on est comme insensible ; Quel bonheur de sentir ce qui nous est nuisible ! Il vaut mieux n'être pas, qu'être dans le malheur ; Si je n'ai du plaisir, je n'ai point de douleur. Peignons-nous le tableau des revers détestables, De nos gémissements, sources intarissables Et nous verrons alors que sortir du néant, Pour pleurer et souffrir, n'est pas un beau présent. Cependant, de nos soins surveillons cette ville : Puisse mon zèle à tous leur être encor utile ! Si vous voulez sa mort, que vous fait ma présence ? Pourquoi me demander, dans le sang innocent, Caïphe à vous venger ? Cruel et trop ardent, Ne trempez pas vos mains !... Mais quel est donc son crime ? Hélas ! Qu'a-t-il donc fait pour perdre votre estime ? Vous vous dites leur Roi, Parlez, l'êtes vous donc ? Vous l'entendez, Seigneur, c'est ainsi qu'il blasphème ? Et que faut-il de plus ? L'imposture est extrême ! Il se dit notre Prince, il se dît notre Dieu, Et tel crime est puni de la mort en tout lieu. Qu'il soit crucifié !... Moi, de son innocence , Je suis trop convaincu, pour rendre la sentence : La prenez-vous sur vous ? Je ne me mêle point de cette iniquité ; Je ne me souille pas de votre cruauté : Je me garderai bien de m'en rendre complice. De l'attentat, je sais le faible et la malice. Certes, vous l'avez dit, le sang de l'innocent Retombera sur vous : un Dieu toujours présent Et toujours équitable, aura cette justice ; Et tôt ou tard, sans doute, ha ! D'un tel sacrifice ! Vous serez tous punis ! Allez, sortez d'ici ; Et que ce jour, enfin, ne soit plus obscurci, De l'horreur de vous voir... Serait-il donc possible Qu'à mes voeux pour Jésus on devînt inflexible ? Mais Judas en ces lieux demande à me parler. Ciel ! Quel acharnement ! Un si grand repentir Annonce bien le Dieu qu'il venait de trahir ! Caïphe tu l'emportes, et les princes des prêtres Refusent d'obéir aux Romains , leurs vrais maîtres ! Disposant son supplice, ils vont perdre Jésus ; Rien ne les touche en lui, sa candeur, ses vertus... Mais je vois un bourgeois... Non ! Arrêtez ! Ô barbare Caïphe ! Voilà donc les excès d'un prêtre, d'un pontife ! As-tu bien pu le croire , ah ! Que de vrais Romains Ne pussent arracher de tes sanglantes mains Le juste et l'innocent ? Il faut que ta furie À vous, à vos Soldats, vous coûte à tous la vie, Frappons... Tu triomphes Caïphe et les barbares prêtres, Pour flatter tes désirs sont autant de vrais traîtres. Mais Peuple, écoutez-moi ; j'ai le droit dans ce temps De sauver un coupable une fois tous les ans, Au lieu de Barrabas, sauvons votre prophète ; Que parmi vous encor, Jésus soit l'interprète De la Religion ; respectez sa candeur, Et si toujours pour vous il eut un si bon coeur, Ne persécutez point la vertu, la sagesse ; Craignez de votre Dieu la fureur vengeresse. Rien ne peut attendrir, de vos coeurs corrompus, L'affreuse barbarie , âmes viles, cruelles , Vous répondrez un jour de vos mains criminelles. Quel crime a-t-il commis pour le faire mourir ? En est-ce un d'être sage et de vous pervertir ? Que lui reprochez-vous en tous lieux, comme au temple, D'une piété vraie, il vous donnait l'exemple ? Il soulageait le pauvre, honorait la vertu, Et le vice par lui fut toujours combattu ; S'il trouvait un coupable et son disciple en faute, Par une parabole, ou bien une anecdote, Il savait le reprendre et jamais par l'aigreur, De son frère en public il découvrit l'erreur. Ménageant son prochain, épargnant son semblable, Jésus était clément, humain et charitable ; Il pardonnait à tout, même à son ennemi, Et des hommes toujours il fut vraiment l'ami ; Mais voici Madeleine... Ah ! L'âme de Jésus retourne vers les Cieux, Le crime est consommé ; la mort la plus hideuse Vient de nous enlever cette âme vertueuse ; Un Soldat en furie a lancé vers son coeur Le dernier coup, hélas ! De toute leur fureur. Jusqu'au dernier moment assouvissant leur rage, Pour étancher sa soif du vinaigre en breuvage, Ils ont avec l'éponge offert à leur Sauveur. Le Ciel vient de venger un aussi grand malheur, Et la nature enfin a su faire connaître Qu'en immolant Jésus, on immolait son Maître. Mais moi tout le premier l'ai-je bien pu ; Il me l'avait prédit,... ma trop faible vertu... J'ai pu le renier... ô Ciel toute la vie J'aurai regret d'avoir été traître au Messie. Ainsi donc par les siens il vient d'être trahi, Judas l'aura livré, dans le crime endurci Il a perdu son maître ; et moi craintif et lâche Je n'ai pu l'avouer : ah ! Quel affreuse tache À nous, ses compagnons, qui de tant de bienfaits, De ses tendres avis ressentions tous les traits : Il était notre père, il était notre maître : Et moi le plus zélé je suis devenu traître. Judas s'en est puni, je crains donc bien la mort... Pour avoir pu survivre à ses jours, à son sort. Qui nous rendra seigneur ce guide doux et sage Qui de notre salut s'etait rendu l'otage Riches, ou malheureux tous le mortels enfin : Vous perdez ses bienfaits ; la veuve et l'orphelin Seront sans defenseur. Ah ! Jésus notre maître Était le seul ici qui se plaisait à l'être. Allez je le prédis, notre Religion Sera seule partout digne d'attention. Cette secte à son chef devra donc la fortune En vain pour se venger, la fureur peu commune Des Prêtres et des Juifs inventant les détours D'un homme vraiment Dieu pouvait trancher les jours. Ils se verront les seuls, leur noire perfidie Ne peut se soutenir contre notre Messie. Qu'on cite une Morale, une Religion Et plus sainte et plus belle, où les sens la passion Liés avec plus d'art puissent dans leur faiblesse Attacher les humains aux moeurs, à la sagesse. Sainte Religion tu regras un jour L'Univers en entier ; Jésus par son amour, Par ses grandes vertus, enfin par son courage Retire les humains du barbare esclavage De funestes erreurs. Les mortels en ce lieu Comme en tout l'Univers, verront que d'un seul Dieu Il nous faut reconnaître et les droits, la puissance Et que pour l'adorer nous avons l'existence. Lui seul, oui ce vrai Dieu fut le grand ouvrier De tout ce qui respire en l'Univers entier. Un auteur à fait tout, c'est l'effet à la cause ; Certes c'est blasphemer que penser autre chose. Car rien n'est fait par rien, ce qui n'est pas prescrit, Ou n'est pas ordonné, tout, tout le contredit. Le haSard manque tout et sur nulle assurance On ne pourrait au moins en calculer la chance Il faut donc un esprit, un être tout divin Qui détermine ici le principe et la fin. Naturaliste, Athée examine l'ouvrage, Et vois si le hazard d'un si riche assemblage A combiné l'essor ; ce temple, ce vaisseau, Cette horloge superbe et ce que le pinceau Pourrait nous peindre ici, tout enfin est l'ouvrage D'un homme et d'un auteur ; mais lui seul, son image La Nature en ensemble, un Dieu juste et Puissant Est, est vraiment l'auteur de ce tout surprenant... Mais songeons au malheur... Mais permettez, Seigneur, votre Religion N'est pas exempte en tout de telle fiction. Votre religion de semblable merveilles Partout est un tissu ; le seul attouchement Du prophète Elisée eut tel enchantement ; Un mort ressuscita ; depuis notre naissance. Ah ! Pour notre malheur, tout n'est qu'extravagance. Depuis Adam, Noé ; depuis Eléazar, Tout n'est qu'enchatement de l'une et l'autre part ; Ici, c'est Noé le merveilleux déluge, Et lus loisn c'est Moïse qui, grand prophète et juge, Dicte de décalogue, en un nuage épais, Sur le mont Sinaï, dont il fait un Palais Éclatant de lumière et de feux et de foudre, Paraissant menaceer de mettre tout en poudre. Et là, c'est Daniel dans la fosse aux lions... Où de snages aux Cieux, différents escadrons, Fixant les éléments, les changeant de nature, Pratiquant sur les eaux la route la plus sûre, Otant la force au feu, arrêtant le soleil ; Sans cesse nous montrant quelqu'accident pareil. Et sur ces faits pourtant croyants opiniâtres, Les autres vous traitez de païens, d'idolâtres. Mais la mythologie et ses religions, Comme la vôtre folle en leurs opinions, Dénaturent les Cieux et chacun se croit sage ; Mais c'est Dieu qui l'est seul, le sera dans tout âge. Que lui sert en effet qu'un Être si petit Observe dans son culte ou l'un ou l'autre rite ? N'est-il pas au dessus de leurs folles prières, Des honneurs qu'on lui rend dans nos fourmilières ? Il a pitié de l'homme, et loin de se venger, Il met toute sa gloire à ne pas y songer. ne critiquez donc pas votre nouveau Messir, Respectez ses vertus et votre prophétie ; Et puisqu'enfin il faut une Religion, Honorez dans chacun sa propre illusion. Puisqu'enfin ils sont traîtres et imposteurs Qu'importent leurs défauts, les vertus des docteurs ; Ne suffit-il donc pas qu'on puisse reconnaître Les êrfides desseins et le staelnts d'un traître ? Devant sur tout choisir, cest le plus vertueux Qui mérite le plus de gouverner les Cieux. Or, entre nous, Jésus par sa sage morale, Ses grandes qualités, cette vertu loyale Qui dirigeait ses pas, s'il fut un imposteur Il était un grand homme : il n'est point de docteur Qui dans Jérusalem ait prêché plus l'exmple, Aus places, dans les champs, la cabane, ou le Temple ; Non, jamais l'intérêt et l'ostentation Ne le portèrent point à la Religion ; Il était pauvre et humble, et modeste et vrai sage ; De vous autres dcoteurs il abhorrait l'usage ; Ce qu'il aimait le plus, il l'enseignait aussi, Jamais, jamais en faute on le surpris ici. Et pour lui pardonner, en vain ma voix plaintive Implora de vos Juifs la fureur trop active ; Vous avez tous pensé qu'en le faisant mourir, Vous pourriez étouffer jusqu'à son souvenir : Le Ciel vous en punit, ses vertus et sa gloire Survivront dans nos coeurs au temple de mémoire : Entendez-vous ce peuple et des cris et ces chants ? Tout de leur allégresse annonce les accents. **** *creator_bohaire *book_bohaire_jesuschrist *style_verse *genre_tragedy *dist1_bohaire_verse_tragedy_jesuschrist *dist2_bohaire_verse_tragedy *id_CAIPHE *date_(inc *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_caiphe Quoi ! Seigneur ! Vous pourriez croire à telle imposture ! Confondre l'Éternel avec sa Créature ! Le fils d'un charpentier, le plus vil séducteur, Vous ferait respecter son culte et son erreur. Ainsi ce personnage, avec humilité , Peut se déifier , vous aurez la bonté De l'adorer partout, de croire en ses miracles Que ses moindres propos nous sont autant d'oracles ; Et ses Disciples même , enhardis par vos voeux,. Se font donner aussi pour autant de vrais Dieux ; Eux, des grossiers humains, ramassés sur des places Et confondus avec de viles populaces ! Voilà quels sont les Dieux qu'il nous faudra choisir ? Non, non, Pilate, en vain on veut nous avilir ! Grand Dieu ! Dieu d'Abraham ! Ha ! Par un faux mérite, Laisse-tu triompher un fourbe , un hypocrite ? Est-ce là le Messie, est-ce là le Sauveur Qui pour ton peuple, au Ciel est le médiateur ? Souffriras-tu que moi , le premier de tes Prêtres, Sois forcé de céder à des intrus, des traîtres ? Caïphe t'en conjure, ô vrai Dieu d'Israël, Éloigne un imposteur menaçant ton autel ! Et si, pour nous sauver, tu dois par un Messie De tes divins décrets remplir la prophétie, Honore dans ton choix un plus noble sujet Qui de tout ton éclat nous montre au moins l'effet. Puisses-tu couronner la richesse ou naissance, Ne point nous avilir dans l'affreuse indigence ! Quoi ! Vous Pilate ! Aussi, vous, notre Gouverneur ! L'envoyé des Romains ! Pour un tel imposteur Vous prêtez votre organe ? Et de votre Patrie Trahissant tous les Dieux, vous voulez un Messie ? Va, j'y pensais ; crois-moi, daigne en croire ton maître, Avant la fin du jour, j'aurai perdu ce traître : Ses Disciples sur nous ont vainement les yeux ; Je les tromperai tous, et remplirai vos voeux. Déjà l'un de mes gens a séduit ses apôtres, Qui, sous l'air hypocrite, avaient surpris les nôtres. Judas doit me livrer ce prétendu sauveur ; Et, s'il hésite encor, ce n'est point la frayeur Qui le guide ou retient ; il marchande son maître. Trente pièces d'argent, pour surprendre ce traître, Suffisent, m'a-t-on dit ; et je cours à l'instant Les lui faire compter pour gagner ce brigand. Mais j'entrevois quelqu'un. Que vient-on nous apprendre ? Judas a-t-il changé ? A-t-il pu le surprendre ? Suivi de son parti, Jésus vient vers ces lieux ; Nous, allons au prétoire et consultons les cieux Sur un projet qui doit faire honneur à leur culte ; Parmi le peuple et nous apaiser le tumulte. Malheureux ! Je veux bien me compromettre encor Pour te sauver ici des dangers de la mort ! Mais fuis ! Il en est temps, ou tu perdras la vie. Oses-tu bien te dire un prophète, un messie ? Va, je t'estime assez , pour parler avec toi, Non, comme un Dieu, mais comme un docteur de la loi. Insensé ! Conçois-tu quelle est ton entreprise ? Ce qu'elle coûterait, comme elle nous divise ? As-tu pu l'espérer, de gagner nos docteurs, Et qu'ils accueilleraient tes oracles trompeurs ? Va prêcher ta morale aux viles populaces , Que toi, tes compagnons, fréquentez sur les places. Écoute, faux Prophète ? Il faut croire en un Dieu , Pour croire en un Messie, et je t'en fais l'aveu , Certes, je ne crois rien ni de l'un, ni de l'autre, Et notre opinion, va, ressemble à la vôtre. Penses-tu nous ravir la fortune et l'État, Et que nous souffrirons ce perfide attentat ? Il faut nous massacrer, avant d'avoir la place ; Je pourrais te punir, je viens t'offrir ta grâce : C'est à condition de sortir de ces lieux. Tu passe ici pour juste ; on te dit vertueux : Allons, n'abuse plus de ton charlatanisme ; Redoute la fureur du plus noir athéisme Ouvre les yeux, connais nos prêtres, nos bourgeois ; Sur la religion ils empruntent ma voix : Nous n'obéissons tous qu'à la seule nature ; C'est, pour fuir toute erreur, la route la plus sûre. Le hasard fait tout naître, et le hasard détruit. Oui, la nature en tout produit et reproduit ; Les éléments ensemble entretiennent la sève ; Tout être végétal de lui-même s'élève ; Il croît comme il décroît, son principe est en lui ; Où finit le principe, il n'est plus reproduit. Et quant à notre Dieu, voit-on une chimère Qu'on dise plus inepte ? Et quel est l'atmosphère Où tu le trouveras ? Définis-donc ce Dieu : Peux-tu l'apercevoir ? En quel temps, en quel lieu ?... Tu le veux donc, eh bien ! Ô faux Messie ! En ce jour, dans ces lieux, tu vas perdre la vie !... Mais j'aperçois Pilate, il protège Jésus, Et je dois lui cacher des desseins résolus. Oui c'en est fait, enfin, Jésus sera livré ; c'est là, dans ce jardin, Que Judas l'a vendu ; la troupe doit le prendre, Et puis des Oliviers ensuite nous le rendre. Il ne tardera pas ; j'entends déjà du bruit, Et c'est sans doute lui qu'on amène et conduit. Que pour juger ce traître on mande ici Pilate. De punir ce faussaire il faut bien qu'on se hâte , À moins de révolter les prêtres et docteurs. Mais le voici pourtant le Dieu des imposteurs.... Eh bien ! Perfide ! Eh bien ! Ton supplice s'approche ! Et de le mériter ah ! Ton cceur se reproche ! Tes forfaits ont lassé le souverain des Dieux Et lui-même il te livre à nous suivant nos voeux. Combien de fois cruel ! Par de vives instances, Pour déjouer le cours de tes extravagances, Ne t'ai-je pas montré cet abîme profond, Où le plus fol espoir te jette et te confond ? Non non , il n'est plus temps ! Le ciel te fait justice, Lui seul, je te l'ai dit, dispose ton supplice. Mais j'aperçois Pilate environné des Juifs, Ils demandent Jésus ; leurs voeux sont expressifs, Et nous allons, enfin, jouir de la vengeance. Ce qu'il a fait ! Ô Ciel ! Il se dit notre Roi ! Il se dit un prophète, et prétend sur sa foi, Qu'on doit le croire un Dieu, qu'il est le vrai Messie : Il vient pour nous sauver, telle est sa prophétie. Vous pouvez demander... Allons, que des Soldats placés sur le Calvaire, Oui, même après sa mort, veillent sur le faussaire. Quoi ! Vous ? Pourriez encor, Seigneur, ajouter foi À ce mensonge affreux ? Ah ! Certes quant à moi, La résurrection me paraît un vrai songe Bien digne du mépris où leur secte les plonge. Vous allez comparer notre sainte écriture À ces faits inventés de la folle aventure, Dans ces vils suborneurs boursouflent le récit. Qu'avons-nous de commun avec un Anté-Christ ? Avons-nous fabriqué des histoires pareilles ? Il faudra donc quitter les Dieux de sa Patrie, Honorer, encenser l'astuce et l'industrie Des premiers charlatans qui se diront des Cieux Les envoyés secrets ; des docteurs captieux Loin d'être réprimée, il sauront onc la gloire De commander au peuple et de lui faire croire Tout ce qu'il leur plaira : disposant de nos biens Ils pourront ruiner l'État, les citoyens. Il faudra contenter leur extrême avarice, Se résoudre à souffrir le plus affreux supplice ; Et les prêtres privés de leur religion ; Et forcés d'assouvir la rage et passion De ces crues intru, ils verront leurs richesses, Leurs rangs, leurs dignités, des peuples les largesses Être bientôt la proie, en ces siècles de fer, Du premier imposteur qui pour les étouffer Et les perdre à son gré par son hypocrisie, De paraître un prophète aura la frénésie. **** *creator_bohaire *book_bohaire_jesuschrist *style_verse *genre_tragedy *dist1_bohaire_verse_tragedy_jesuschrist *dist2_bohaire_verse_tragedy *id_MADELEINE *date_(inc *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_madeleine Ô grand Dieu ! Madeleine à tes pieds prosternée, Implore ta clémence ! Elle-même étonnée De l'état déplorable où ses affreux excès Ont plongé sa jeunesse ; et craignant les progrès De sa faiblesse extrême, elle fond dans ses larmes, Et ne voit plus la fin de ses sujets d'alarmes. En vain la pénitence , en vain l'austérité Lui présentent l'espoir d'exciter ta bonté : Grand Dieu ! Si tu ne vois mon repentir sincère. Madeleine périt de douleur et misère ! Ô Jésus ! Ô mon Maître ! Ô vertueux Pasteur ! Tout nous annonce en vous un Messie, un Sauveur. Daignez prier pour moi, que le Dieu votre Père , Connaissant mes remords, apaise sa colère ! Ciel ! Le voici Jésus !... Environné des siens , Et suivi, dans ces lieux, de plusieurs citoyens ! Jésus !... Je m'attache à Jésus, et l'amour le plus pur, Pour marcher vers le Ciel, me montre un chemin sûr ; Mon coeur est tout à lui, je lui donne mon âme ; Va, rien ne peut changer cette céleste flamme. J'aime, j'aime en Jésus et la gloire et l'honneur ; Non, aucun fol espoir n'a prise sur mon coeur. Qui peut aimer un Dieu sait maîtriser son âme, Et je ne serai point son amante ou sa femme : L'aimer et l'adorer forment mon seul désir, Et je le chéris trop pour vouloir l'avilir ; Mais je suis aux abois, dans ces lieux où des traîtres Veulent faire périr le plus humain des maîtres. Ses disciples, en vain, par les soins les plus vifs, Prétendent le sauver de la fureur des juifs ; Leurs Prêtres animés contre le vrai Messie, Voient dans ses bienfaits, des torts pour leur patrie, Mais leur seul intérêt leur fait haïr Jésus : Ne pouvant dénigrer sa gloire et ses vertus, Ils le font insensé ; ce n'est qu'un faux prophète , De nos divins décrets imposteur interprète. Tantôt, pour le chasser, ils font de vains efforts ; Et toujours, lui prêtant des crimes et des torts , Caïphe ici, surtout, excite la tempête ; Seul il conduit la trame, en secret il l'apprête ; Il ne peut pardonner qu'on admire en Jésus, Ce qu'on ne lui voit point des moeurs et des vertus ! Ah ! Dieu ! Fuyons ces traîtres ! Eh quoi ! Jésus leur est enfin livré, De ce malheur affreux mon coeur est pénétré... Je le sais trop, hélas ! Les docteurs et les prêtres Voudront sacrifier le plus humain des maîtres, Ils voudront sur Jésus rejeter leurs forfaits ; Déjà de leur fureur on reconnaît les traits. Ah ! Puissé-je mourir avec Jésus, mon maître ! Et son disciple, ici, Judas, ingrat et traître, A donc pu le trahir ! Dieu juste ! Dieu vengeur... Souffriras-tu ce crime ? Un prêtre, un imposteur Réussirait enfin dans ses complots perfides ! Du meurtre de Jésus, ces cruels homicides Jouiraient en ce jour ! Je ne puis le penser, Si je le supposais, je croirais t'offenser... Cependant ô mon Dieu ! Ton fils, le vrai Messie, Ah ! Suit de tes décrets la sage prophétie ! Il a fallu, dit-on, qu'il fût ainsi trahi, Et l'arrêt de sa mort doit être en tout suivi. Le sang de l'innocent doit sceller ce mystère, Et, pour nous sauver tous, ainsi le veut son Père. Puisqu'il le faut subir ce destin rigoureux. Je ne survivrai pas au sort le plus affreux. Oui, Jésus, en ce jour, oui, je me sacrifie ; S'il faut que tu périsse, ah ! Je perdrai la vie ; Je m'attache à tes pas. Ô Jésus ! Tes douleurs Vont être le signal de mes sanglots, mes pleurs ; Tes cruels ennemis, et ces prêtres barbares, Avides de ton sang, dont ils seraient avares , S'ils avaient tous mon coeur ; ils ne lanceront pas Un seul trait, un seul coup, qu'au plus affreux trépas. Je ne m'expose aussi ! Toi le meilleur des maîtres, Oui, je te sauverai de la fureur des traîtres, Ou leurs sanglantes mains arracheront ce coeur Qui ne veut respirer que pour son Créateur... Dans cette extrémité, Pierre éperdu, sans armes, Paraît nous annoncer de nouvelles alarmes. Jésus est-il sauvé ? Ah vous ! Vous, son intime ! Quoi, vous l'abandonnez ! Quelle faiblesse ! Ô crime ! Il renonce son maître, et cherche à se sauver ; Ainsi, c'en est donc fait ; ce sanglant sacrifice, Il va donc s'accomplir ! Ce que peut l'artifice, La noire calomnie, ah ! Tout est disposé, Et de sauver Jésus il serait mal aisé : Allons, puisqu'il le faut, mourir avec mon maître ; Leurs complots, leurs forfaits, achevons de connaître... Pilate qui paraît, voudrait bien contenir Des prêtres factieux cherchant à le trahir. Ah ! Seigneur ces barbares Dans leur vengeance atroce, inhumains et bizarres... Ils ont assassiné le plus doux des humains ! Si vous les eussiez vus de leurs cloux dans ses mains, Enfoncer les poignards, son sang jaillir sur terre, Il subit ces tourments sans fiel, ni colère... On l'élève à la Croix, entre deux criminels ; Il leur donnait encor des avis fraternels ; Il les encourageait, et ses vives prières , Pour les porter au bien, sont des traits de lumières. Enfin sur cette croix, avili dans ce lieu, Son corps annonce un homme et son esprit un Dieu ; C'est la seule vertu, c'est la seule sagesse, Qui sur Jésus attire une fureur traîtresse ; Et tout prêt d'expirer, ah ! Jésus prouve aux Juifs, Que malgré leurs forfaits, leurs efforts excessifs Pour le calomnier ; s'il n'est point leur Messie Il mérite de l'être. Oui, si la prophétie Parut nous annoncer un être tout divin, N'en doutons point Seigneur, Jésus est cet humain ; C'est le mortel choisi pour régner sur nos Pères, Un jour on connaîtra le plus grand des mystères. Mais j'aperçois déjà la vengeance d'un Dieu ; La terre et les Enfers tout s'agite en ce lieu. Reconnaissez ô Juifs ! Au bruit de ce tonnere, À ce boulversement et tremblement de terre, Cet Être tout divin. Quelle confusion ! Tout semble consterné... dans l'agitation.... Des morts ressuscités, et du temple la voûte Par un coup de tonnerre abbatue et dissoute.... Ces soldats renversés... Dieu ! Prend pitié de nous, Et que sur les seuls juifs soient lancés tous tes coups. Dieu conserve mon Maître, ah ! Sauve-lui la vie ; Puissai-je me jetter aux pieds de ce Messie, Le revoir, l'arroser du torrent de mes pleurs ! Ô Ciel, daigne calmer, appaiser ses douleurs ! Mais Caïphe en ces lieux, il ose encor paraître ; Il faut que de ma main je punisse ce traître.... Non, Dieu saura venger ses insignes forfaits ; Il en connaît le but, la noirceur et les traits ? Scélérat tu le vois, et la nature entière Semble enfin condamner ta fureur meurtrière. Mais quels nouveaux malheurs vient-on nous annoncer ?... Puisqu'en cette journée Notre infortune ici, la triste destinée Nous ont privé d'un maître, allons l'ensevelir L'embaumer et lui rendre avant que de périr Tous les derniers honneurs qu'on doit à sa mémoire, À nous, à nous amis consacrons en la gloire... J'aperçois ses bourreaux, fuyons.... Madeleine, ô mon Dieu ! Pleurant en ton absence ! Ne cesse d'invoquer ta divine présence ! Telle est de son amour le zèle et la ferveur, Qu'elle ne vivrait point sans son Dieu, son Sauveur. Qui formerait ses voeux ? De tout abandonnée, Eh ! Que ne suis-je, hélas ! À la mort condamnée ? Quoi ! Je n'entendrais plus en ces tristes climats Celui qui par sa voix savait guider mes pas ; Ô mon Dieu ! Trop longtemps à moi-même livrée, Je devins le jouet d'une foiblesse outrée. En vain le repentir a réparé mes torts ; Je ne puis étouffer les sinistres remords Qui m'accablent toujours, ô Jesus ! Ô mon Maître, Mon vrai Consolateur, le seul qui puisse l'être ! Connaissez ma détresse et détournez mes pleurs ; Ah ! Daignez, s'il se peut, apaiser mes douleurs. C'est Jésus, c'est mon Dieu, c'est lui, c'est mon Sauveur Qui me parle si bien, avec tant de douceur ! Seigneur je me prosterne... Ah ! Cette prophétie Qui faisait mon espoir, elle est donc accomplie... Il est ressuscité mon vrai Maître... Ô Jésus !... Je le puis donc encor, contempler vos vertus. L'existence à Jesus en ces lieux fut ravie ; Mais la mort fut contrainte à lui rendre la vie ; Le vrai Dieu qui la donne a renoué le fil, Et Jésus va le suivre à présent sans péril. L'éternité pour vous va célébrer la gloire, Du Père et de son Fils, d'un Dieu dont la mémoire Restera toujours là... C'est là... C'est dans ce coeur Que sont gravés les traits de mon divin Sauveur... Mon Maître est disparu ; Jésus quitte la terre Il retourne régner au céleste hémisphère. Ah ! Je vais méditer dans ma félicité Les moyens de jouir de toute sa bonté... Pilate avec Caïphe en ces lieux va paraître Leur demarche et leur voix je pense reconnaître. **** *creator_bohaire *book_bohaire_jesuschrist *style_verse *genre_tragedy *dist1_bohaire_verse_tragedy_jesuschrist *dist2_bohaire_verse_tragedy *id_ZELINE *date_(inc *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_zeline Si Jésus est un Dieu, croyez-vous que l'amour Peut vous faire espérer le plus léger retour ? Aux bonnes actions Jésus toujours se livre, Et c'est le seul plaisir dont son âme s'enivre : Vous pouvez l'adorer ; mais l'aimer dans l'espoir Qu'une amante pourrait avec un autre avoir, C'est se tromper, Madame : en vain d'une alliance Vous pouvez pour un Dieu méditer l'espérance. Madame, vers ces lieux, il s'avance des Prêtres Parlant avec chaleur....