**** *creator_boursault *book_boursault_jalouxendormi *style_verse *genre_comedy *dist1_boursault_verse_comedy_jalouxendormi *dist2_boursault_verse_comedy *id_SPADARILLE *date_1662 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_spadarille Je vous l'avais bien dit pour calmer votre effroi, Que vous seriez toujours à votre aise avec moi. Et qu'assez de trésors vous auriez en partage, Si de me posséder vous aviez l'avantage ; Mentais-je ? Et le repos vous est-il assuré, Ayant eu le bonheur de m'avoir rencontré ! De semblables profits auriez-vous à prétendre, Si l'on vous eut laissée au pouvoir de Cléandre, Et si, par un destin à vos voux pas trop doux, J'eusse jeté les yeux sur une autre que vous ? Ah friande ! Que si je m'empêchais de vous être cruel, L'honneur dont vous parlez deviendrait casuel ; Et que sachant les tours dont les femmes sont dignes, On nous prendrait bientôt dans le Ciel pour des Signes, Puisque de vos plaisirs un bon Frère garni Produirait Capricorne, et ferait Gemini ! Sachez que de tout temps j'appréhende le blâme, Qu'au gré de mon désir je gouverne ma femme, Que sans en murmurer il faut suivre ma loi, Et que quand je vous pris ce ne fut que pour moi. Que si votre Mari dans ce lieu vous enferme, C'est qu'il croit votre honneur n'être pas assez ferme, Et que ne pas souffrir qu'on vous puisse approcher, C'est ôter à vos sens les moyens de pêcher. Les autres sont des sots et je ne veux pas l'être ; Nous savons mieux que vous ce que ces autres font, Et ne prétendons pas devenir ce qu'ils sont. Faut-il point pour vous plaire à l'exemple d'un autre, Souffrir en mon absence un Galant qui soit vôtre, Et qu'après qu'en honneur cinquante ans j'ai vécu. Je sois d'intelligence à me faire Cocu ? Faut-il point, dis-je encore, que moi-même je brigue ? Que je pousse à la roue, et conduise l'intrigue ? Et sur vos passions conformant mes désirs, Que l'époux ait la peine, et l'Amant les plaisirs ? Quand on vient pour vous voir, faut-il point que je sorte ? Sur vous, et vos Muguets que je ferme la porte ? Et que sous mon aveu vous ayez le moyen D'acheter du Brocart d'autre argent que du mien ? Voilà ce qu'aujourd'hui tous ces autres observent, Ils se font des Amis dont leurs femmes se servent, Et ne murmurent pas quand pour faire l'amour, Elles courent la nuit, et reposent le jour. Ah ! qu'il vaudrait bien mieux que du nombre assez ample, De ces Martyrisés je devinsse l'exemple ! Que si l'on enfermait chaque femme qui court Avec six cadenas, elle aurait le nez court ! Qu'on verrait de Maris marcher tête levée, Si ma règle par eux était bien observée ! Et que de quantité le destin serait doux, Si leur plus grand malheur était d'être jaloux ! Il me le semble, ô Madame la prude ! Et qui de la sagesse a le moindre rayon, Préfère un sort d'Argus au destin d'Actéon. Il vous plaisait beaucoup ce Cléandre ? Il avait votre estime ? Vous voudriez que je crois être à lui ? On dit bien vrai que l'amour n'a point d'yeux ! Vous aurez donc regret de vous voir ma conquête Madame la Mignonne ? Bonne bête ! De vos mauvais desseins c'est assez m'avertir, Vous voudriez être gueuse, et vous bien divertir. Je vois ce qui vous choque, et le ver qui vous pique, Il vous faut un Mari de nouvelle fabrique, Qui redoute une femme, et de crainte du choc, Laisse chanter la Poule, et plus haut que le Coq. Il vous faut un Mari qui crut faire un grand crime, S'il ne donnait de quoi pour jouer à la Prime, Et qui ne laisse pas de paraître gaillard, Si l'on quitte la Prime, et qu'on joue au Billard. Il vous faut un Mari qui confonde sa rente, Qui soit brave quatre ans, et gredin plus de trente, Et sur qui l'on saisisse au profit des Marchands, Et maisons de la ville, et revenus des champs. Oui, je vous charmerai, ô Coureuse recluse, Si vos débordements ne trouvaient une écluse, Et du moins dans mes biens vous verriez des appâts, Sans les doubles ressorts de mes six cadenas ; Mais quoique contre moi votre cour se propose, Sachez qu'avant la nuit j'en veux croître la dose, Et dussiez-vous cent fois vous en mettre en courroux, À vos six cadenas joindre autant de verrous, Rentrez ; car aussi bien je vois un Gentillâtre, De vos yeux bien fendus il serait idolâtre, Rentrez donc. Rentrez, sans vous embarrasser. Diable ! que j'ai bien fait de la cadenasser. Oui. Non. Oui. Non. Oui. Non. Vous, Monsieur, trouvez bon si je vais. Un si grand préambule est suspect à mon âme, Parlez bref. Mais Monsieur, mais Madame, J'ai des soins à donner autre part que vers vous, Avec mes cadenas j'ai besoin de verrous, Près de mon Serrurier il est temps de me rendre ; Pour pouvoir me parler il ne faut que m'attendre, Si je trouve mon fait, je reviens sur mes pas, Si je ne trouve rien, je ne reviendrai pas. Bonjour. Voici pour des Polis empêcher les approches ; Qu'ils s'y viennent frotter, ces mignons, ces poudrés. Oui l'on ose, et ce sont des Madrés, Qui voudraient sur ma terre usurper droit de chasse, Vous qui d'un Chien couchant affectez la grimace, Êtes-vous point aussi quelque Amant aux yeux doux, Qui pour plaire à l'épouse entretienne l'époux ? Et lors. Sa copie ? Bon, il semble à ce fat, Qu'on copie une femme aussi bien qu'un contrat. Et vous vous en allez ? Je vous puis rendre l'âme contente. Mais dans ce petit doigt vous avez un anneau Qui vous sied assez bien, et me semble fort beau ; Que je voie. Vous êtes étrange, Pour le voir un moment croyez-vous qu'on le mange ? Quoi mais ? A-t-il peur de mes yeux ? Où Diable avez-vous pris ce bijou précieux ? Parlez vite, ô l'Amant trop aimable, Où donc l'avez-vous pris ? Et j'ai tort, mon Cadet, de paraître Jaloux, Est-ce pas ? Et moi je sais fort bien qu'Olimpie est impie, Et sans les cadenas à sa porte attachés, Qu'elle ferait souvent d'agréables pêchés. Quelque doux traitement qu'à ce sexe on prépare, Une femme fidèle en ce temps est bien rare, Et qui peut s'en servir doit s'attendre à ce coup, D'acquérir peu d'honneur, et d'en perdre beaucoup ! N'espérez, cependant, passeport ni Patente, Ou soyez résolu de remplir mon attente ; Et d'un Original que je dois soupçonner, Donnez-moi la Copie à collationner, Sinon. Oui, je le veux, vous dis-je. Je vous tiens, ô la double traîtresse, Qui dans l'âpre dessein d'acquérir du renom, Avez l'air d'une Sainte, et l'esprit d'un Démon. J'aperçois tous les tours que votre esprit enfante. Vous donnez librement des faveurs par la fente ; Mais malgré vos desseins contre moi conjurés, Les ais de votre porte en seront resserrés. Voyons un peu sa mine. Approchez, la Matoise, Dont la vertu s'altère, et l'honneur s'apprivoise, Approchez. Moi ? Rien ; Je viens voir seulement si vous vous portez bien. Vous n'en savez donc rien, ô la sainte Nitouche ! Je viens de voir Cléandre, il vous baise les mains. Point du tout, je me moque, Je l'ai pris pour un autre, et c'est une équivoque. Belzébuth incarné, Démon acariâtre à me nuire obstiné, C'est à tort à présent que ton âme biaise ; Je sais pour me trahir que tu fais la niaise, Et que de ton honneur prévoyant l'abandon. À vos yeux je demande pardon ! Quelque soit le forfait dont mon cour vous soupçonne, C'est vous faire une injure, équitable friponne ; Et parmi votre sexe outrageux à chacun, Faire un mari Cocu c'est le vice commun. Rien ; sinon que j'ai vu l'un des doigts de Cléandre. Un des doigts. Et qu'en peut-on conclure ? Fin contre fin n'est pas bon à faire doublure La belle, et dans mon âge, il vous sied assez mal De vouloir me charger d'un brevet d'animal. Vous rend l'âme éperdue, Et je suis confondu de vous voir confondue. Voici pour mettre obstacle à tous vos petits tours, Les anneaux désormais n'iront plus en campagne, Et vous êtes sevrée, amoureuse compagne. Je suis donc fou ? Bas les gants. Bas les gants. Bas, vous dis-je. Bas, vous dis-je. Bas, vous dis-je, et tantôt votre esprit éclairci. Mais vertubleu que vois-je ? Et que Diable est-ce ci ? Que cet anneau ressemble à celui de Cléandre ! Sur ma foi je n'y puis rien comprendre, Et ces anneaux tous deux ont un rapport si grand, Que plus on les regarde, et plus on s'y méprend. Vous pouvez cependant, réchauffer la mitaine, Puis après de rentrer il faut prendre la peine, Aussi bien un vieillard adresse ici ses pas. Entrez, entrez, et ne raisonnez pas. Beau-père, ou non, laissez-nous un peu faire, Quand votre huis une fois sera clos à plaisir, De vous voir pleinement nous aurons le loisir ; Taisez-vous donc. Mais Monsieur vous-même, Dont le morne visage est passablement blême. Un peu trop prétendant, prétendez un peu moins, Et souffrez, s'il vous plaît, qu'à mon tour je prétende. Hé bien donc, ô Diseur de Légende, Dont je suis obligé d'enfermer le présent, Si le cour vous en dit, raisonnez à présent. Bien. Mal. Chaud. Froid. D'accord ; mais de vous deux, moi l'époux et le Gendre, Qui pour faire l'Amant pris le droit de Cléandre, Sachez que j'aurai lieu de paraître marri, Si par droit réciproque il faisait le mari. D'Olimpie, Il aime, à ce qu'il dit, seulement la copie ; Cependant d'un anneau je le trouve pourvu ; Autre part qu'en ses doigts je le crois avoir vu ; Aussitôt par ma bouche Olimpie appelée, À mes aigres propos contrefait la troublée ; Veut voir par mes discours son esprit éclairci ; Fait semblant d'ignorer que Cléandre est ici ; Me soutient à mon nez que souvent j'extravague ; Puis soudain se dégante, et me montre sa bague ; Et je crois là-dessus, consultant mon cerveau, Que qui la copia copia son Anneau. De Cléandre pourtant je crains peu la finesse, Il doit en ce lieu même amener sa Maîtresse, Je l'attends, nous verrons ; mais tenez je les vois. En effet, je le crois. La serait-ce ? Ma foi, si ce ne l'est, elle en a bien la mine. Olimpie ! Olimpie ! Ah j'enrage. Tout ceci me confond. Olimpie ! écoutez comme elle me répond ! De ce tracas, Beau-père, en un mot que vous semble. Et j'en tremble : Mais on pourrait sortir aussitôt de l'Enfer, Sa cheminée est close, et de grilles de fer, J'ai de même matière étoffée sa fenêtre, Beau-père ! Assez adroitement je la vais pressentir ; Je vous crois Olimpie, et ne crois pas mentir, Si vous ne l'êtes pas pour le moins sa jumelle, Daignez quelque moment discourir avec elle ; Entrez jusqu'en sa chambre, et trouvez à propos. Vous lui direz seulement quatre mots, Je vous en prie. Il ne faut autre chose. Mon Dieu, Monsieur, parlez à votre écho. Vous aussi, taisez-vous, idiot. Par ma foi Vous entrerez, Madame, ou vous direz pourquoi. Entrez, vous dis-je, ou bien point de patente. C'est fort bien dit, allez. Que lui dites-vous là ? Bon cela. Or ça, notre Beau-père, et vous Sire Cléandre, Qui jadis malgré lui vouliez être son gendre, Je vais vous faire voir Olimpie à l'instant. Et pourquoi ? Bagatelle. C'est tout dire, Et pour l'amour de vous je m'en vais de ce pas Réveiller les ressorts de mes six cadenas. Mes cadenas sont ouverts. Hola la Belle, Venez ça. Pourquoi donc se frotter la prunelle ? Qu'avez-vous ? Elle avait bien raison de ne pas me répondre Vraiment ! ça la dormeuse au sommeil un peu dur, Qui n'avez pu m'entendre à travers de ce mur, Ouvrez les yeux. Et celui-ci, Bel enfant, qui sera-ce ? Le tour est bon ; peste soit de la Buse. Il veut sans doute égayer nos esprits, Pauvre Butor ! Quand les gens sont si sots, ils le sont pour longtemps, Je le trouve bouffon avec sa jalousie. Beau-père, et picora campi. Quoi, vous n'en riez point ? Non ma foi, c'est ma femme. Quel niais compliment ce badin lui va faire ! Ne disons point plus ; mais disons tout de même. Il est penaud comme un fondeur de cloches. C'est qu'il aime. Il importe fort peu ; Mais je veux vous montrer à l'objet de son feu : Bientôt dans cet endroit nous aurons sa présence. Mon Dieu, forcez-vous de la voir, Et sachez. Mais enfin Aspasie. Pauvre Galant te voilà bien chanceux ! Vous voyez. À présent, vous ne la verrez point, Vous voilà ce me semble assez bien attrapée. Olimpie en un mot, ne vous aime pas tant, Si vous ne m'en croyez pas, demandez à Cléandre. Il pourra vous l'apprendre. De vous écouter je n'ai pas le loisir, Partez, ou demeurez, vous n'avez qu'à choisir. Tant de discours me font mal à la tête, Voulez-vous partir ? Mais la Patente est prête, Et qui plus est pour vous je la donne gratis, Tenez. N'affectons point d'importunes grimaces, Si vous voulez partir, partez. Notre Beau-père et moi sommes vos serviteurs, Adieu. De tout ceci le bon Dieu soit loué ! J'ai hors du pied, Beau-père, une vilaine épine ; De me tromper Cléandre avait toute la mine, Il faisait tout exprès le petit complaisant ; Dieu sait si votre fille est joyeuse à présent. Et si, loin de l'objet, qui lui porte bissêtre, Ses transports d'allégresse auront lieu de paraître ! Du départ de Cléandre allons la réjouir, Allons. Il n'est plus ici ce Cléandre, Ma Mie, Venez, venez. Beau-père ; elle s'est rendormie. Je ne la vis jamais si souvent sommeiller ; Mais entrons l'un et l'autre, et l'allons réveiller, Loin d'en être marrie, elle aura de la joie, Entrons. Sus, Beau-père, entrez donc. Je sais trop qu'on me doit de l'honneur, Mais entrez. Entrez, vous dis-je. Mais je vous le commande. Obéissez, Courtisan mal éclos. S'il en fait rien qu'on me brise les os. Vous êtes mon Beau-père, et je suis votre Gendre, Avec vos pieds de veau, passez donc. Sans tant dire de si, ni de car, ni de mais, Courtois souple jarret qui semblez par bravade Pour me faire enrager vouloir faire gambade, Entrez. Respectueux Beau-père, entrez donc après moi, Puisqu'en vos sentiments vous demeurez si ferme. Suivez donc. Vous m'enfermez ! Pourquoi ? Ah trigaud malfaisant, si je sors je te jure. Exécrable Barbon que ne puis-je descendre, Tu verras. Gueux par moi revêtu, que Dieu puisse confondre, En ses mains ! Tu t'en vas donc, Marchand de Chair humaine, Au voleur, au voleur. Le traître est échappé, Il court comme un beau Diable, et je suis attrapé. Jamais futé Renard dans sa propre tanière, Se vit-il enfermé de semblable manière ? Et peut-on en finesse égaler ce Grison, Qui m'enlève sa fille, et me met en prison ? Si la meilleure femme en malice est féconde, Peuples qui m'écoutez, laissez périr le Monde ; Et disant à ce sexe un éternel adieu, Songez que qui s'en passe est bien-aimé de Dieu. **** *creator_boursault *book_boursault_jalouxendormi *style_verse *genre_comedy *dist1_boursault_verse_comedy_jalouxendormi *dist2_boursault_verse_comedy *id_CLEANDRE *date_1662 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_cleandre Monsieur, vous savez bien qu'on me nomme Cléandre ? Vous ne savez pas ce que j'ose prétendre ? Mais il vous souvient que je fus amoureux ? Que je ne fus pas un amant fort heureux ? Que votre mérite emporta la balance ? Qu'enfin mon ardeur n'eut point de récompense ? Ainsi donc, Monsieur, ne trouvez pas mauvais Si je viens. Mais Monsieur. De ce qu'il fait j'aurai tort de me plaindre, Avec moins de faiblesse il serait plus à craindre, Si de quelque lumière il était éclairé, En vain à le tromper je serai préparé. Je veux à SPADARILLE arracher Olimpie, Mais je sais que son âme est sans cesse assoupie, Et quand secrètement j'ose agir contre lui, De sa brutalité je me fais un appui. Non, Spadarille a la tête trop sèche, Je n'appréhende pas qu'il découvre ma brèche, Si pour voir Olimpie en un coin fort obscur, On a fait de ma chambre une entrée à son mur, Tu sais qu'un lit superbe à ma flamme propice, Pour me favoriser cache mon artifice. D'ailleurs notre vaisseau sur la fin de ce jour, Doit partir pour Marseille et quitter ce séjour, Cet anneau d'Olimpie est la marque secrète, Qui doit malgré l'Argus assurer sa retraite, Et que pour accomplir d'équitables desseins, Par l'avis de son Père elle a mis dans mes mains. Ainsi de mon Rival le défaut effroyable. À sa suite il n'a nulle personne, De peur que de sa femme on pût voir les attraits, Ce Jaloux hypocrite a chassé les valets : Son âme scrupuleuse, et toujours défiante Ne peut près d'Olimpie endurer de servante, Dans la crainte qu'il a que l'on eut supposé, Sous l'habit d'une fille un garçon déguisé. Si bien. mais il écoute, évitons ses reproches. Quoi l'on ose ?. Ne craignez rien de la part d'Olimpie, Tous mes voux sont bornés à chérir sa copie. Oui, Monsieur. Avec une patente Je suis prêt. Ô malheur ! C'est. Non, Monsieur, mais. Je l'ai pris. Où prend-on les bijoux ? Je ne sais s'il se peut qu'Olimpie. Quoi vous voulez. C'est ma pensée, et j'y vais de ce pas. Puisqu'il vous plaît, Monsieur, d'admirer ma Maîtresse, J'obéis. Ah daignez tenir bon, Madame. Poltron fieffé. Des plaintes d'Olimpie elle ignore la case, Ainsi. J'obéis, et n'y contredis pas. Cascaret, d'Aspasie accompagne les pas. En effet la beauté que je vous ai fait voir, De tout autre visage affaiblit le pouvoir : Et s'il faut que mon âme à vos yeux se découvre, Rien ne m'est échappé que mon cour ne recouvre, Puisqu'à l'objet que j'aime avec tant de raison Pour paraître Olimpie il ne faut que le nom. C'est pour ce seul objet qu'en secret je soupire, Pour sa seule pensée je languis. Je vois peu d'apparence À pouvoir franchir d'une injuste puissance ; Mais enfin quelque effet qui succède à mes yeux, L'intérêt d'Olimpie est plus fort que mes feux. Nul espoir ne me flatte, et mon cour avec joie, La dérobe aux tourments dont le sien est la proie ; Et c'est le moindre effort qu'en semblable danger La vertu malheureuse ait le droit d'exiger. Ainsi. Souffrez qu'ici je me règle sur vous, Et que de cet objet je devienne jaloux ; Je crois voir Aspasie, et mon Âme confuse Voudrait. C'est un peu vainement que vous êtes surpris, C'est elle. Aspasie est-ce vous dont les yeux éclatants. Daignez donc me répondre, est-ce vous Aspasie ? Dissipez le chagrin qui me rend assoupi, Et pour le moins. Éclaircissez mon âme, Monsieur, ne l'est-ce pas ? Veuillez donc m'excuser si pour m'être mépris. J'ai toujours tout l'amour que vos yeux firent naître ; Mais si mon cour soupire, apprenez qu'il m'est doux De le voir soupirer pour une autre que vous : De ce cour enflammé la langueur est extrême, Mais cette autre que vous est une autre vous-même ; Et mon amour éteint serait tout consumé, Si vos mêmes appâts ne l'avaient rallumé. Oui, Madame, et de plus cet objet plein d'appâts En mérite, en vertu ne vous céderait pas : Quelque chose de plus est dans celle que j'aime, Et. J'ai raison d'oser dire. Quoi, Madame. Oui, Monsieur, je vois ce qui se passe : Si je m'en repentais j'aurai l'âme trop basse. J'aperçois qu'Olimpie a pour moi de l'horreur : Mais l'amour d'Aspasie adoucit cette aigreur. J'ai sujet de goûter une joie assez pleine, Si l'une a de l'amour quand l'autre a de la haine ; Ou plutôt j'aurai tort de me plaindre à mon tour, Quand des preuves de haine ont des marques d'amour. Mais je vois Aspasie. Lors. Mais. Puisqu'il vous plaît, nous voilà donc partis, Mais si pour m'acquitter de l'excès de vos grâces Je puis. Adieu Messieurs. L'occasion ne peut être plus belle, Allons. N'es soyez point en peine, il saura nous rejoindre, Nous avons rendez-vous, et j'en suis avoué, Allons. **** *creator_boursault *book_boursault_jalouxendormi *style_verse *genre_comedy *dist1_boursault_verse_comedy_jalouxendormi *dist2_boursault_verse_comedy *id_OLIMPIE *date_1662 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_olimpie Quand je songe au malheur où je suis condamnée, J'ai regret d'être à vous par les nouds d'Hyménée, Et j'éprouve du sort les plus sensibles coups, Puisqu'il m'a fait tomber dans les mains d'un jaloux, Qu'est-ce que de ma part votre cour appréhende ? Mon honneur m'est trop cher pour vouloir. Vous, Monsieur, apprenez qu'un discours incommode, D'un crime qu'on ignore enseigne la méthode, Et que pour confirmer vos injustes soupçons, D'un prétexte inutile on se fait des leçons : Pour épargner du trouble à votre âme alarmée, Peut-être avec raison m'avez-vous enfermée, Car de la liberté si j'usais pleinement, Qui doute de ma foi douterait justement. Voyez-vous qu'en effet d'autres fassent paraître. Et de tous les malheurs en est-il un plus rude Monsieur ! Quiconque peut avoir un rayon de sagesse, Dans les maux d'une femme à jamais s'intéresse, Et loin qu'à l'outrager il puisse être contraint, Il s'en veut faire aimer, et n'en pas être craint. Qui d'avoir des soupçons ne pouvait se défendre, Devait m'abandonner à l'amour de Cléandre, Et par l'éclat d'un bien dont je ne puis jouir, N'abusez pas mon Père, et ne pas l'éblouir. Sans doute. Encore même, il l'a toute. Plut aux Dieux, Mon sort. En effet. Mais. De ma part, désirez-vous. Quoi, se peut-il, Monsieur, que mon malheur vous touche ? Non, daignez m'expliquer vos bizarres desseins. Quoi Cléandre est ici ? Pourquoi donc voulez-vous. Cet outrage. Enfin, expliquez-vous, qu'avez-vous à m'apprendre ? Un des doigts de Cléandre ? Un des doigts ! Si vous m'en assurez, aisément je le crois, Mais qu'en concluez-vous ? Ce langage confus. Je ne puis rien comprendre à tout votre discours. Finissez ces discours, ils sont extravagants. Du moins on le croit. Quoi, Monsieur. Mais au moins. Si. Encore, quel dessein vous oblige. Ils sont bas. Amour. Ah Cléandre ! Monsieur. Il faut. Pour moi, Monsieur, le Ciel me deviendrait propice, S'il m'offrait un moyen de vous rendre service ; Mais enfin sur le point de partir. Je puis. Vous pouvoir obliger c'est me rendre contente ; Mais envers Olimpie agréez mon respect, Un visage inconnu lui peut être suspect, Durant donc un adieu qu'à l'instant je vais faire, Sachez si ma visite aura droit de lui plaire, Et tandis que Cléandre attendra mon retour. Je prépare un détour, Et quoi que de ma part ce perfide prétende. Je lui dis qu'il m'attende. Du sommeil, les pavots gracieux Assoupissent mon âme, et me sillent les yeux ; Depuis une heure ou deux, leur douceur pour confondre. Mon Père ! ô destin quelle grâce ! Ô Dieux ! De quoi, de la part de Cléandre, Est-ce là tout l'accueil que j'ai droit de prétendre ? À votre indifférence ajouter le mépris, Cléandre, et feindre ici de ne pas me connaître ? Quelque objet a donc l'heur de vous plaire ? Et quoi, pour vous venger du refus qu'on vous fit, Vous osez. Il suffit, Je connais vos desseins, et vous êtes un lâche, Dont l'indigne mépris, et me choque, et me fâche : Ne croyez pas pourtant que l'outrage soit grand, Votre amour, votre choix, tout m'est indifférent : Et ne présumez pas. Quoi, Traître, Vous avez pu m'aimer, et m'osez méconnaître ? Et prétendez me faire un outrage odieux, Qu'installer par mépris votre choix à mes yeux ? Je dédaigne à mon tour vos indignes approches, Allez. Et qu'importe ? Moi, Monsieur, me résoudre à cette complaisance ? Que je puisse. Sur mes sens j'ai trop peu de pouvoir, À m'expliquer ainsi son dédain m'autorise, J'ai peu de complaisance envers qui me méprise ; Et quoique mon époux, c'est avoir le cour bas Qu'exiger de mon âme un respect qu'il n'a pas. Aspasie ou Cléandre, Je ne veux ni les voir, ni jamais les entendre, Et préfère aux dédains de ce couple outrageux L'inflexible rigueur d'un époux soupçonneux. Renfermez-moi. Mon Père, Je ne fais rien ici qui ne soit nécessaire. De Cléandre en un mot je connais le désir, Dans ce lieu de me voir il a peu de plaisir : De ses voux mes souhaits précipitent le terme, C'est assez l'obliger que vouloir qu'on m'enferme ; Mais ce qui plus me charme, et que j'aime le mieux, C'est priver mes regards d'un Objet odieux. Je vous le dis encore, Aspasie ou Cléandre, à Spadarille Je ne veux ni les voir, ni jamais les entendre, Souscrivez sans murmure aux plus doux de mes voux, Adieu. À présent pour vous plaire Sur ce que j'ai promis je vous viens satisfaire. Je puis voir Olimpie, et je suis sur le point De lui rendre. Vous rendez en effet mon attente trompée, Me manquer de parole, et depuis un instant. Quel sujet aurait-elle. Et quoi. Mais mon Père, il fait signe des yeux, S'il n'est hors de ses mains, mon souci n'est pas moindre. **** *creator_boursault *book_boursault_jalouxendormi *style_verse *genre_comedy *dist1_boursault_verse_comedy_jalouxendormi *dist2_boursault_verse_comedy *id_ALCIDOR *date_1662 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_alcidor Monsieur le Gouverneur dont je suis le beau-père, Je viens. Monsieur, mais. Je prétendais de vous qu'en faveur de mes soins. Mais Monsieur. L'heur dont votre alliance a comblé ma famille, Fait que je viens ici m'informer de ma fille, Dites-moi donc comment elle se porte. Et de ses mours, Monsieur, ne m'apprendrez-vous rien ? Dites-moi, si parfois son humeur vous contente, Si parfois cette humeur est pour vous complaisante ; Tirez-moi de souci, comment vit-elle ? Mal, bon Dieu ! ce malheur est pour moi sans égal. Où peut-elle avoir pris de mauvaise teinture, Elle, que de ses dons a comblé la nature ? Pour me faire un outrage elle a donc le sang. C'est l'amour chaud sans doute, et plus chaud qu'il ne faut : Mais n'est-ce point à tort qu'envers vous je la blâme ? Ne lui faites-vous rien qui chagrine son âme ? Lors que vous la voyez, quel est son accueil ? D'en user de la sorte elle a bien peu de droit. Cléandre, oserait-il suborner. Il amène Olimpie. Ce l'est ; quelle erreur vous domine ? Il s'échauffe la bile. J'ai peur que ce ne soit Olimpie. S'il est vrai, ce ne peut donc pas l'être. Ce n'est pas. Si j'en suis cru, Monsieur, ne vous hâtez pas tant. Tout l'amour que Cléandre eut pour elle Pourra se rallumer à l'aspect. Parlons bas. Enfin brave Cléandre Ma fille en peu de temps en vos bras se va rendre : Si d'avec ce brutal son hymen se détruit, De vos soins généreux vous aurez tout le fruit. Mais surtout que l'honneur. Ma fille ! Il est fou. Ma fille, est-il juste. Hâtez-vous. De son erreur je le laisse jouir, Mais. De me venger je découvre une voie ; Je tiens. Ah ! Monsieur, Je sais trop. Moi commettre une faute si grande ! Mais. De grâce. Monsieur. Ce que je suis, Monsieur, me permet de vous rendre. Si jamais. Mais quand je songe aux respects que je dois. Un cadenas sans clef aisément se referme, Il est pris. Je n'ai pas le loisir. D'accord. Pour mon plaisir. Tu ne sortiras pas, c'est moi qui t'en assure ; Mais sans tenir ici d'inutiles propos, Tu peux par ta fenêtre écouter quatre mots. Olimpie est aux mains de Cléandre, Mais de quelques désirs dont il soit combattu, Il est trop généreux pour fouiller sa vertu. En ses mains, et je puis t'en répondre, Mais l'horrible défaut que chacun connaît bien, Pour rompre un mariage est un trop sûr moyen. La cruelle fureur dont tu l'as poursuivie, De l'ôter des mains m'a fait naître l'ennui ; Et si j'ai des regrets le plus rude de tous, Est de voir qu'un barbare ait le titre d'époux. En entrant le premier tu m'as mis hors de peine, Adieu. **** *creator_boursault *book_boursault_jalouxendormi *style_verse *genre_comedy *dist1_boursault_verse_comedy_jalouxendormi *dist2_boursault_verse_comedy *id_CASCARET *date_1662 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_cascaret Mais comme Spadarille est sujet à l'ombrage Quoique des cadenas il observe l'usage, Si pour votre malheur il advient que ce fou, De sa femme Olimpie aperçoive le trou ? Si d'un sensible affront se sentant l'âme outrée, De ce trou favorable il occupe l'entrée, Et que de son pouvoir se servant à propos, De coups drus comme grêle il nous brise les os ? Plaît-il ? Je sais que Spadarille est puant comme un Diable, Et que de son haleine il infecte tous ceux Qui de parler à lui sont assez malheureux ; Mais il est Gouverneur, et c'est dont je frissonne, Car son train. Répondez hardiment, et mentez comme un Diable. Par ce commandement ce Jaloux vous oblige, Avant qu'il ait ouvert cinq ou six cadenas, L'anneau. Ou je me trompe, ou j'aurai du bâton. Vous me parliez tantôt de m'envoyer en Ville Monsieur. Le pauvre Diable ! Il n'a plus de femelle, Je le donne en dix coups à qui fourbera mieux.