**** *creator_cadetgassicourt *book_cadetgassicourt_souperdemoliere *style_verse *genre_comedy *dist1_cadetgassicourt_verse_comedy_souperdemoliere *dist2_cadetgassicourt_verse_comedy *id_moliere *date_1795 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_moliere MES amis ! mes enfans ! votre attachement vous égare. Est-ce ainsi qu'on doit idolâtrer les hommes ? Quelle erreur ! (avec satisfaction.) Mais elle est douce pour moi. J'ai reçu les faveurs de la fortune, quelquefois celles de la gloire... elles ne valent pas celles de l'amitié. -- Eh bien ! Antoine, le jour de ton bonheur est-il enfin fixé ? Pourrais-je... J'espère bien aussi présider à votre noce ; mais, mon ami, ne compte pas sur moi pour l'église. Ignorez-vous, mes enfans, que je suis excommunié ? Laissons-là les imprécations⁎ des prêtres, AIR : Avec les jeux dans le village. Par-tout l'auteur de la nature Reçoit notre encens et nos vœux, Et par une conduite pure Nous saurons bien nous venger d'eux. Donnons toujours, donnons l'exemple, Bientôt, plus aimés, mieux connus, Nous ferons du théâtre un temple Et de talens et de vertus. Ce mot-là ne sera pas perdu. Demain la noce se fera ici ; mais ce soir venez me retrouver avec le tabellion⁎ ; nous avons une petite affaire à terminer, et je vous promets d'assister aux fiançailles, si elles se font assez tard pour que j'y paraisse... sans scandaliser. Adieu, mes enfans... A ce soir. MES bons amis, vous n'êtes guères curieux ; vous savez que je reçois du monde ce soir, et vous ne me demandez pas les noms des convives !... Remerciez-moi. J'ai écrit à Chapelle, à Lafontaine, et ils viendront souper avec nous. Il y a long-temps que nous ne nous somme réunis, et je veux, puisque je suis un peu rétabli, égayer notre soirée. Boileau viendra, je crois, aussi, quoiqu'il ne me l'ait pas assuré. (à Laforest.) Et toi ; songes à nous bien traiter. Sans doute. Oui : eh bien ? AIR de Joconde. J'ai pris un savant médecin, Je hais la médecine. Mon docteur a le coup d'œil fin, L'humeur vive et badine. Nous causons ensemble, et je ris Des remèdes qu'il cite : Je n'en prends aucuns, je guéris... Fleurant se félicite. Oui ; mais voilà plus de quinze scènes que j'ai faites depuis, et mon médecin m'en a fourni plus d'une. Ah !... Lulli ! trève pour les pointes⁎,... jusqu'au dessert. Je te le promets ; mais j'ai besoin de voir mes amis, et de rire avec eux des ridicules que ma plume, déjà trop hardie, n'ose pas encore mettre sur la scène. AIR : Tout roule aujourd'hui dans le monde. Hélas ! dans le siècle où nous sommes, On doit farder la vérité : Que ne suis-je au temps où les hommes Parleront avec liberté ! S'il m'était permis de tout dire, Que de vices seraient proscrits ! Mais ce que je ne puis écrire, Je le pense avec mes amis. COMBIEN j'ai de choses en arrière ! ... Voici des lettres que je n'ai pas encore lues... Voyons... De la Thorillière ? Que me mande-t-il ? Un nouveau succès... Bravo !... Ecoutez, écoutez... voici du comique. Je te préviens, mon ami, que les Poquelins, pour assurer leur nouvelle noblesse, viennent de faire dresser leur généalogie. ... Je l'ai vue chez ton oncle Bartholomé, le seul qui ait voulu accepter ses entrées à notre théâtre ; mais envain j'y ai cherché ton nom : ton père, y est-il dit, est mort sans enfans. – Ah ! ah ! ... ainsi donc ma famille me renie ? N'importe, Molière, travaille toujours, travaille pour ton siècle, et s'il se peut, pour la postérité. AIR : Vaudeville de l'Isle des femmes. Si j'obtiens des succès nombreux, Si la gloire m'est favorable, Par son mépris injurieux Envain ma famille m'accable. Dans un art par-tout estimé, C'est sur-tout, c'est l'homme qui brille ; Les grands hommes qui l'ont formé Sont ses ayeux, sont sa famille. Je ne travaille que pour cela. -- Je crois que j'aurai le tems avant le souper de te lire une scène de mon Bourgeois gentilhomme... Il y a dans cette pièce une certaine Nicole, qui t'est, je crois, un peu parente... Mets-toi là : écoute-moi sérieusement. Tant mieux !... C'est le moment où M. Jourdain reçoit son tailleur. M. Jourdain, Ah ! vous voilà ! je m'allais mettre en colère contre vous ; vous m'avez envoyé des bas de soie si étroits que j'ai eu... Mais quelqu'un vient, ce me semble, vois qui ce peut être. C'est lui, vraiment. Vîte, vîte, mettons mon plan à l'ombre ; ce n'est qu'une esquisse. TU viens de bonne heure, et c'est me faire plaisir : on m'avait fait craindre de ne pas te voir ce soir. Ne dirait-on pas à tes regrets que c'est la journée de Titus ! Va, mon pauvre Despreaux, Chapelle et Lulli sauront dissiper tes sombres idées. Chapelle t'aurait-il offensé ? Il en est incapable... à jeun. Quoi ! tout de bon ? C'est une scène ! Je ne vois, mon cher Despreaux, qu'un seul moyen de le punir ; c'est de l'enivrer ce soir. Et tu nous as préféré ? En vers ! Comme il a l'air occupé ! Taisons-nous. Le grand homme ! En ce cas, nous pouvons te la demander. Je te sais gré d'avoir pensé à nous en faisant cet apologue. Messieurs ! messieurs ! le bonhomme ira plus loin que nous. Comment la galiote ? Quand tu viens chez moi, tu prends donc le plus long ? Il te récitera la fable qu'il vient de faire... elle vaut bien un conte. A l'instant. Allons, mes amis, à table. Et nous ne sommes pas au dessert ! Allons, servez-vous et ne ménagez rien ; pour moi, vous le voyez, je suis au régime. Pour nous mettre en train, Lulli... fais-nous rire. Je puis vous consulter, à ce que je vois, pour retoucher mon Misantrope. Vous n'y pensez pas avec vos idées sombres... la veille d'une noce ! Que dites-vous ? J'aime fort mon état ; j'ai, d'ailleurs, des principes qui vous seraient, je crois, fort nécessaires. AIR : La comédie est un miroir. S'attendre à tout est le moyen D'alléger le poids de sa vie ; N'espérer ou ne craindre rien, Est la saine philosophie. Oui, pour être heureux en effet, Ma méthode est très salutaire : Jugeons le mal que l'on nous fait Par le mal qu'on pouvait nous faire. Que penser des hommes, si les plus sages, les plus éclairés peuvent s'oublier ainsi ? Voyons jusqu'où l'enthousiasme ira. Un moment. O mes amis ! que faisons nous ? N'abandonnons point une résolution si belle aux fausses interprétations qu'on peut lui donner. On saura qu'à la suite d'un long souper nous aurons fait le sacrifice de notre existence, et la calomnie, avide de tout dénigrer, répandra le bruit que l'ivresse nous a plus inspirés que la philosophie. Amis, sauvons notre sagesse, attendons le retour prochain du soleil ; alors, aux yeux de tout le monde, nous donnerons cette leçon publique du mépris de la vie. Laforest ? Feignons de prendre part à leurs folies, puisque je ne puis les ramener à la raison. (I) Cette tirade est de Voltaire Enfin les voilà tous endormis... Au réveil. On vient : ce sont nos jeunes gens. Pourquoi donc ? Approchez, approchez : oh ne craignez pas de les réveiller ; ils dorment bien. Ce m'est un grand plaisir ; mais il y manque encore une clause, père Mathurin. Mettez que Madelon a deux cents écus de dot. C'est un plaisir... Cela ne vaut pas... Eh ! mes amis, point de remercimens ; vous me faites un plus grand cadeau, vous autres ! vous me donnez votre amitié... Le cœur des honnêtes gens est sans prix. Cet argent me vient de gens fort singuliers... et que vous ne connaissez pas. AIR : Des portraits à la mode. Il me vient d'un Tartuffe amoureux, D'un Misantrope sombre, quinteux, D'un Etourdi, de quelques Fâcheux, Et d'un Malade bisarre. Ces gens-là peuvent bien se gêner⁎ ; Mais ce qui va tous vous étonner, Mes enfans, j'ai, pour vous le donner, Fait contribuer un Avare. A l'instant je vous rejoins, je vais passer un habit ; retournez au jardin, et vous rentrerez quand je vous le dirai. Laissons-les. Paix ! Allons, plus de retard, remplissons notre engagement : voici tout le village, qui est déjà prévenu, et qui se fait un plaisir de nous accompagner. Comment ! vous ne répondez rien ? Ne vous souvient-il plus de votre résolution ? Faut-il vous la répéter ? L'heure avance, et M. le curé... Allons, mes amis, distribuez-nous des fleurs. Avouez, Messieurs les esprits forts, que votre frayeur a été complette. Apprenez une autre fois à vous défier de votre imagination, et croyez que l'homme le plus malheureux tient à ce monde plus qu'il ne pense. Amis, la véritable gloire Dépend toujours de l'avenir ; Pour vivre au temple de mémoire, Il faut commencer par mourir : Tout écrivain prétend sans doute Passer à la postérité ; Mais, comme vous, chacun redoute Ce pas vers l'immortalité. **** *creator_cadetgassicourt *book_cadetgassicourt_souperdemoliere *style_verse *genre_comedy *dist1_cadetgassicourt_verse_comedy_souperdemoliere *dist2_cadetgassicourt_verse_comedy *id_boileau *date_1795 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_boileau Oui, mon ami, j'étais dans un de ces accès de misantropie où mon œil ne cherche et ne voit que des ridicules, où mon esprit se plaît à les peindre ; et comme on n'en trouve pas chez toi, j'avais peine à perdre ma journée. Chapelle ! Si j'avais su qu'il soupât ici, je me serais rendu plus difficile encore. Laissons, laissons cela. Le traître dit vrai. La belle gloire ! s'enivrer pour m'étourdir : c'est Guénaud qui s'éclabousse de la tête au pied pour tacher l'habit de son voisin. Le père des douze fois douze cents vers de la pucelle ! Voyons. AIR : Vaudeville d'Epicure. Si la grandeur et l'opulence Ont de l'éclat pour bien des yeux, Moi, je fuis la magnificence, Et ses plaisirs trop sérieux. Je n'irai point à vôtre fête, Ailleurs je me suis invité, Et chez Molière l'on m'apprête Le souper de l'égalité, Pour un aimable tête à tête Veuillez quelque jour m'inviter ; Je réponds qu'il vaudra la fête Où vous me priez d'assister. Une illusion agréable Y soutiendra notre gaîté, Et nous croirons à votre table Aux charmes de la liberté. Le trait⁎ est hardi... mais il est juste. Combien peu de ces hommes si grands, seront un jour de grands hommes ! Chapelle a bien fait, cela me racommode avec lui. Oui, un renard, une fourmi l'occupe. Et par un goût inconcevable Il laisse la réalité Pour une fable. Ce n'est pas une fable... Mais c'est l'ouvrage d'un poëte exercé. AIR : La plus belle promenade. Aurais-tu donc fait naufrage ? Ce malheur serait nouveau, Car jamais aucun orage N'a retardé ce vaisseau. Comme quand tu vas à l'Académie. Cela nous est parfaitement égal. T'enivrer ? Il suffit, pour cela, de te laisser à ta discrétion. Mais quoi ! point d'eau sur la table ? N'as-tu pas contre la Serre ou Colletet quelque chanson nouvelle ? Mignard a raison. La société n'offre qu'un plaisir, c'est celui d'y saisir des ridicules à censurer, ou des vices à combattre. Lorsque l'amour, la table, le vin, le jeu, la gloire, satisfont nos passions, nous appellons cela des plaisirs, et ce ne sont que des erreurs. L'amour enfante la jalousie. La gloire, l'envie. Bien pis que ça : Je vois la foule entrer dans un temple... je la suis... et c'est Cottin qui prêche. Et Pradon, et Chapelain, et Brebeuf, sont de l'Académie ! c'est un enfer ! Il n'y a plus de goût. Il faut le chercher dans le fond d'un cloître. Enfin je n'entendrai plus parler de la Serre, ni de l'abbé Depure. Il a raison ; c'est pour notre gloire que nous travaillons : il nous faut des témoins. Eh bien ! jurons que demain, à la pointe du jour... Combien le soleil enfante de bisarrerie ! AIR : On vit sortir d'une grotte profonde. Oui, je rêvais qu'une main ennemie Dans le tombeau m'avait précipité, Et que Cottin, en pleine académie, Sur mon fauteuil avait été porte. Je rêvais ; mais, non, je ne rêvais pas... Cette table, ces convives me rappellent... Allons, c'est une folie... Ce serait un crime... Si je pouvais savoir ce que pensent... Bon ! Lafontaine, Chapelle et Mignard ne dorment plus : écoutons. Une belle action ! Un curé ! Ah ! ah ! (à Molière.) Tu es un homme de précautions, et tu penses qu'on doit faire la chose en bons Chrétiens. Qu'est-ce donc ? Ouf ! nous l'avons échappé belle. Le vin, en troublant ma cervelle, A mis le feu dans tous mes sens ; Je sens que l'ivresse avec elle Peut entraîner trop d'accidens. A ces dangers pour me soustraire, Quand je serai dans un festin, Je prétends lire, à chaque verre, Une ou deux pages de Cottin. **** *creator_cadetgassicourt *book_cadetgassicourt_souperdemoliere *style_verse *genre_comedy *dist1_cadetgassicourt_verse_comedy_souperdemoliere *dist2_cadetgassicourt_verse_comedy *id_la-fontaine *date_1795 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lafontaine CELA n'est point malheureux, j'arrive au moment où je trouve mes deux derniers vers... Répétons-les tous. Oui, mes amis, c'est une fable que je viens d'achever, et c'est le plaisir de souper chez Molière qui me l'a inspirée. La voici, à peu près. Socrate un jour faisait bâtir, Chacun censurait son ouvrage ; L'un trouvait les dedans, pour ne lui point mentir, Indignes d'un tel personnage ; L'autre blâmait la face, et tous étaient d'avis Que les appartemens en étaient trop petits. Quelle maison pour lui ! On y tournait à peine. Plût au ciel que de vrais amis, Telle qu'elle est, dit-il, elle pût être pleine ! Le bon Socrate avait raison De trouver pour ceux-là trop grande sa maison : Chacun se dit ami, bien fou qui s'y repose. Rien n'est plus commun que le nom, Rien n'est plus rare que la chose. Je le crois. Par la galiote⁎. Oui. Cela paroît incroyable : Je vois qu'il faut dire tout. Eh bien ! mes bons amis, Je suis, en faisant une fable, Descendu... jusqu'à St.-Cloud. Eh bien ! de tous les deux. Nous allons boire à ta meilleure santé. Oui, oui ; point de satyre. Allons, allons : trêve à la folie... Parlons raison. Il y a des momens de folie où l'on maudit son existence. Le vin, l'ivresse. Allons, Molière, tu n'es pas plus heureux qu'un autre. Pillés par des plagiaires. Plus de probité. Oui, dans un désert, où nous irons tous ensemble. Partons ! Avons-nous sommeillé long-temps ? Des affaires ? eh bien ! il faut partir. Dans peu de temps sa guérison sera parfaite. Les voilà qui s'éveillent eux-mêmes. Je ne sais ce que tout cela veut dire. Un peintre avait perdu son ami le plus tendre, Jour et nuit il versait des pleurs : Son élève le voit. Touché de ses malheurs, Il cherche à le distraire, et même ose entreprendre D'adoucir ses chagrins, de calmer ses douleurs ; Il saisit un charbon; il le coupe, il le taille, Il en fait un crayon parfait, Et dessine sur la muraille Le profil de l'ami... que l'ami reconnaît L'ouvrage était grossier, méritait réprimande, Si l'on eût jugé le dessin ; Mais le motif le recommande, Et le peintre applaudit au cœur qui fait l'offrande, Quoique le vrai talent n'ait pas conduit la main. Dans cette juste allégorie, L'auteur de la pièce vous dit : Citoyens, voyez, je vous prie, L'intention, et non l'esprit. Vous êtes le peintre équitable, Molière l'ami regretté ; Je suis l'élève de la fable : Puissai-je être aussi bien traité ! FIN. **** *creator_cadetgassicourt *book_cadetgassicourt_souperdemoliere *style_verse *genre_comedy *dist1_cadetgassicourt_verse_comedy_souperdemoliere *dist2_cadetgassicourt_verse_comedy *id_lulli *date_1795 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lulli Qu'as-tu donc ? Tu parais animée. Pourquoi ? AIR : En revenant de la ville. Sur le sommet du Parnasse, Où siège le dieu des arts, La gloire a plus d'une place ; Elle offre d'égales parts. Dans le genre satyrique Despreaux est sans rival, Et sur la scène comique Molière n'a point d'égal. TE troublerai-je en faisant de la musique ? Oui, l'air doit être grave... la mesure bien marquée... Ces médecins dans leur épaisse fourrure ; ces apothicaires⁎ dans leur figure blême, enterrée dans une perruque noire... tout cela marche à pas comptés, et la musique doit avoir une cadence bien prononcée... Sol, mi, sol, ut, ut, ré, sol, fa... C'est cela. AIR : De la marche du malade imaginaire. Dignus, dignus est intrare In nostro, in nostro In nostro docto corporo. Ma foi, mon ami, soit dit sans vanité, je crois que nous ne nous sommes pas trompés sur notre vocation. Qui voulait te faire médecin ? Oui, Laforest : ne l'ai-je pas vu, pendant trois ans, suivre tous les pas d'un fameux docteur... en us, et faire avec lui toutes les visites, le pauvre garçon ! Ta vocation t'entraînait. Qui t'a dit cela ? Même air. Oui, mes amis, je l'avouerai : Voyez jusqu'où la peur nous mène ; A mon confesseur je livrai Mon opéra de Polixène : Me croyant certain de mourir, Je craignais de paraître impie ; Mais espérant bien en guérir, J'en avois gardé la copie. A souper... ? Mais à propos, Laforest, pourquoi tous les apprêts que j'ai vus aujourd'hui ? Notre ami donnerait-il une fête ? Que ne me disois-tu cela, j'aurais préparé quelque chose... Nous allons célébrer sa convalescence ? Ainsi donc, dans tous les temps, malade ou non, Molière fait toujours des mariages. Ne vois-je point les deux futurs ? C'est aujourd'hui le jour du bonheur !... Et lui présenter des fleurs, tribut ordinaire d'un jardinier. Cette semaine il a encore fait une belle action, que vous ignorez, j'en suis sûr. Bien volontiers. --- Un pauvre comédien, ancien camarade de Molière, vint, il y a trois jours, demander des secours pour gagner sa province... Baron était ici. -- Combien, dit Molière, faut-il lui donner ? -- Mais, répond Baron, quatre pistoles suffiront. -- Quatre pistoles... soit ; tenez, vous les lui remettrez pour moi ; mais en voici vingt que vous lui donnerez pour vous, et il joignit à ce présent un habit magnifique. Ses yeux sont pleins d'esprit. Il n'y a rien à désirer ; vérité, chaleur, dessin pur... Mignard ! tu me prouves par-là qu'on ne devrait donner qu'au vrai talent le droit de peindre le génie. Le grand écrivain ! Prévenons la postérité Qui déjà tresse sa couronne. Dis donc à renouveller, car vous vous aimez depuis long-temps. Sans qu'ici je te l'expose, Tu sauras, bientôt, je crois, Qu'amour fait plus d'une chose Qu'il aime à faire deux fois. Quel mal ! quel mal ! il a dit... la vérité. Il ne faut rien faire qui nuise à ta santé ; songes que depuis plus de quinze jours le théâtre te redemande. Cela n'est pas étonnant, il est fils d'un tailleur. Lafontaine viendra sans doute par le bois de Boulogne ; je vais au devant de lui. OUF ! je crois, mes amis, qu'il ne faut pas compter sur Lafontaine : il ne... (appercevant Lafontaine.) Par où diable est-il arrivé ! Tout cela est fort bien ; mais, pour me dédommager de ma course, il nous récitera un de ses contes. De celui que tu voudras. AIR : On compterait les diamans. En vérité, mon cher Boileau, Ta demande est fort indiscrète ; Jamais je ne cherche de l'eau Sur la table d'un bon poëte : Le vin est excellent chez lui, Buvons-le pur, à tasse pleine ; Mais si tu le crains aujourd'hui, Mets Boileau près de Lafontaine. Je vous ratraperai bien. (Il prend le violon.) Volontiers. Soit. Avec tous ses agrémens ? Approchez-vous ? C'est une chanson nouvelle, faite par un écrivain... qui est auteur... littéraire... et qui fait des airs... en couplets... lyriques. Attention ! Vous allez voir comme quoi une fille doit toujours être sur ses gardes. Sur la fin de l'automne Vint un rusé vieillard : Si la vendange est bonne, J'en veux avoir ma part. Cette prudente fille Lui répondit tout bas : Vieux vendangeur grapille, Mais ne vendange pas. Voilà la morale : retenez-la bien. Aux vignes de Cythère, Parmi les raisins doux, Est mainte grappe amère : N'en cueillez point pour vous. Ce choix pour une fille Est un grand embarras : La plus sage grapille, Et ne vendange pas. Pourquoi travaillons-nous ? pour être dénigrés par des sots. Non pas, s'il vous plaît, chacun le sien. Cette idée est grande, elle peut nous immortaliser. Je n'entendrai plus la musique de Colasse ni de Cambert. Ah !... Mais où suis-je ? Chapelle, Mignard, Boileau... Ah ! dieu ! j'avais oublié qu'hier... O funeste résolution ! J'étais ivre sans doute... Oui, j'étais ivre, et ce qu'on promet dans l'ivresse... Si je pouvais m'échapper... Quelle lâcheté ! Quel opprobre !... Boileau s'éveille... feignons de dormir encore. C'est très-honnête assurément. (à part.) Où ces gens-là mettent-ils leur plaisir ? Comptez maintenant sur vos amis. Ne crains-tu pas qu'elle s'arrête ? C'est ainsi que chez les Grecs... Ainh ! La noce ! Je veux en être le ménétrier⁎. Allons, amis, prenons courage, Et rappellons notre gaîté ? L'homme joyeux, quand il est sage, Possède la félicité : Qu'Epicure soit notre maître ; Il a dit dans certain endroit : On est heureux quand on croit l'être, Et quand on le veut, on le croit. **** *creator_cadetgassicourt *book_cadetgassicourt_souperdemoliere *style_verse *genre_comedy *dist1_cadetgassicourt_verse_comedy_souperdemoliere *dist2_cadetgassicourt_verse_comedy *id_mignard *date_1795 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_mignard ALLONS, mon ami, mettons-nous à l'ouvrage... Ah ! bonjour, Laforest. La question n'est pas aisée à résoudre. Au contraire, tu m'animeras... Les arts sont frères, et ne peuvent se nuire. Quel avantage de peindre un homme célèbre !... Un jour ceux qui n'auront pas eu le bonheur de connaître Molière, me sauront gré de leur avoir transmis son image : peut-être ils m'associeront à sa gloire, et ne diront pas : Voilà Molière ! ... sans ajouter, c'est Mignard qui l'a peint... Le bel art ! AIR : Les adieux de la mère républicaine, par le C. Piis. Ce fut de la main d'une femme Que naquit cet art enchanteur ; L'amour avait mis dans son ame Un rayon de feu créateur. Si cet enfant de la tendresse Quelque jour était oublié, Ah ! je sens à ma douce ivresse Qu'il renaîtrait par l'amitié. Bien, Lulli, très-bien. J'ai mieux connu la mienne que ma famille. Ajoutes que j'emportais mes crayons avec moi... Un jour... ah ! l'aventure est digne d'être rapportée... Un jour... AIR : Vaudeville des Chasseurs. Il me dictait une ordonnance Près du lit d'un vieux moribond ; Il nommait cent drogues, je pense, Afin de paraître profond. Quand il eut assez fait parade De ses grands mots, de son savoir, Il prend mon papier pour le voir... C'était le portrait du malade. Toi qui parles tant de vocation, tu as fait à la tienne une petite infidélité. Je le tiens de bonne part, et je vais le confier à Laforest (Laforest s'approche.) ... afin que tout le monde le sache. Sois-le pour ceci. --- Dans sa dernière maladie, il a sacrifié, par dévotion, son nouvel ouvrage. AIR : Alain était indifférent. Un adroit et saint confesseur, Ennemi de la comédie, Vint lui conter que tout auteur Brûle à jamais dans l'autre vie. Lulli, pénétré, soupira, Et, dans une frayeur extrême, Il a brûlé son opéra Pour n'être pas brûlé lui-même. Bravo ! Lulli ; je te pardonne, mon ami, je te pardonne, et ce soir à souper je veux te réhabiliter. Comment à la noce ? Oui ; mais celui-ci ne ressemble pas aux autres. AIR : Ainsi jadis un grand prophête. A ses amans, sur le théâtre, Pour dot il donne de l'esprit, Et de son talent idolâtre L'esprit du public applaudit ; Mais quand sa rare bienveillance Enrichit deux cœurs bien épris, Le sien trouve sa récompense Dans le cœur de ses vrais amis. GENTILLE Madelon, recevez mon compliment. Comment diable, Antoine, tu lis ton maître ? Antoine est digne d'un bienfait, puisqu'il sait le sentir. Qu'il serait à souhaiter que tout le monde connût Molière comme nous le connoissons. Quelle sublime leçon ! Si Racine est célèbre un jour, et cela pourrait bien être, il se rappellera sans doute que c'est à Molière qu'il doit ses premiers encouragemens. Dites-moi, mes enfans, ai-je bien réussi ? AIR : Il est, il est, il est toujours le même. C'est lui ! c'est lui ! Quelle réunion de tous les talens ! de toutes les vertus ! Ah ! je le vois ! L'admiration, l'amitié, la reconnaissance n'ont ici qu'une même pensée... AIR : Jeunes amans, ceuillez des fleurs. Reçois le prix mérité Qu'aujourd'hui l'amitié te donne. Ce que c'est !... Tous les ans, ma chère, le pape défend l'entrée de l'église aux rats, aux sorciers, aux sauterelles, au diable et aux comédiens... à lui sur-tout. C'est ainsi que Molière tire parti de tout, et fait des habits à toutes les tailles. Bon ! Quelle sottise ! Boileau ! gare la critique ! Ne laissons pas voir un ouvrage qui n'est pas terminé. Non pas, il faut nous mettre au fait. Chapelle, on t'accuse. Comme ils vont se venger ! Il blessera, j'en suis sûr, et il faut avoir des ménagemens avec les grands. Mes amis, je vois Lafontaine. Il a quelque grande affaire ? Le bonhomme n'a ni la rusticité d'Esope, ni la recherche de Phèdre ; mais il plaît à l'esprit, fait au cœur la leçon, et conte comme la nature. Avouons-le ; ce n'est qu'entre nous, ce n'est qu'ici, que nous sommes à notre place et que nous pouvons jouir d'une liberté que n'empoisonne point l'envie ou la sottise des hommes. Le jeu, la ruine. Nous heureux ! Qui peut dire cela ? Méprisés par des grands. Mes amis... il n'y a plus d'amis. Dans un désert ! AIR : Sans le savoir. Pour nous quel bonheur ! quelle gloire ! Notre mort un jour dans l'histoire Fixera l'admiration. Le besoin d'un prompt suicide A guidé Brutus et Caton ; Mais nous, nous ne prenons pour guide Que la raison. Je ne verrai plus de croutes. Non, mais bientôt il faudra... Sa santé lui aura fait craindre de veiller. Si nous éveillons nos camarades ? Je ne sais où j'en suis. Comme il est content, radieux ! Des bouquets ! Madelon parée ! Antoine avec des rubans ! Ah ! Molière, nous ne sommes pas ta dupe. La noce d'Antoine et de Madelon. **** *creator_cadetgassicourt *book_cadetgassicourt_souperdemoliere *style_verse *genre_comedy *dist1_cadetgassicourt_verse_comedy_souperdemoliere *dist2_cadetgassicourt_verse_comedy *id_chapelle *date_1795 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_chapelle N'en dites pas de mal ? Quoi ! toujours de la rancune ? Ah ! ah ! ah ! Mignard a raison, je dois me justifier. Vous saurez donc, mes bons amis, qu'il y a peu de jours je rencontrai Boileau ; il m'accosta, et soupçonnant que je n'étais pas... à jeun, comme vient de dire Molière, il se mit à me faire l'éloge le plus pompeux sur la sobriété. Aristote écrivit... Socrate a dit... Pline pensait... que sais-je ? Pendant cette belle érudition, il vint à pleuvoir à verse ; moi... AIR : Vaudeville des Visitandines. Pour soustraire au vent, à l'orage, Un moraliste aussi parfait, Mon amitié prudente et sage L'abrita dans un cabaret⁎. Là, son énergique éloquence Contre le vin se déchaîna, Et puis enfin il s'enivra En me vantant la tempérance. Je fus obligé de le reconduire, moi ! et ce qu'il y a de plus plaisant, c'est que nous fûmes rencontrés par Cottin et par Chapelain. J'accepte la revanche. Mais à propos, savez-vous bien que j'ai refusé pour vous la plus belle fête ! un souper délicieux, offert par un prince. Je choisis toujours le meilleur, mon ami ; tiens, vois la réponse que j'ai faite. En chanson même. Quand on dit des vérités un peu dures, il faut les dire gaîment. Lorsque la réunion des Auteurs s'intitule la République des Lettres, c'est pour que tous soient libres d'écrire ce qu'ils pensent. Il ne nous voit pas, j'en suis sûr. AIR : De la Baronne. Pour une fable, Sans cesse on le voit arrêté. Mais cela est bon... fort bon. Mais elle passe ici vers midi, et tu n'es arrivé qu'à sept heures. Récitatif⁎. Pardon, sage Lulli, pardon, sage Boileau ; Je suis, mes bons amis, plus difficile à table, Et je crois au vin blanc le rouge préférable, Puisqu'il approche moins de la couleur de l'eau. Laforest, mets le vin près de Despreaux ; c'est lui qui doit m'enivrer ce soir. Encore une turlupinade⁎. Ah ! laisse-le souper. Ils ont assez de tes satyres. (à Lulli.) Chantes-nous un de tes vaudevilles. Le chanteur public. Parlons du plaisir de nous voir tous réunis et bien portans. Il faut en convenir, les hommes sont plus traîtres... que le vin. Dis plutôt des momens de raison ; car c'est quand le vin me fait perdre la mienne, que je puis seulement supporter la vie... (Il verse à boire.) Buvons. Avec nos talens et notre réputation on nous croit fort heureux, et il s'en faut que nous le soyons... Nous venons de bien rire ? Nous venons de bien rire ? Eh bien ! je vous le demande, savons-nous pourquoi ? Par exemple, toi, je ne sais pas comment tu peux exister, oui, toi, Boileau... On promet une pension à un poëte, tout Paris te nomme, et c'est Chapelain qui l'obtient. Tu ne disais pas cela quand on arrêtait le Tartuffe, quand on n'allait qu'avec peine au Misantrope, tandis que tout Paris courait aux pièces de Pradon. Déchirés par les journalistes. De tout temps la vie (après avoir bu) est un fléau... et nous la supporterions !... Non... Mes amis, nous sommes des lâches ; le bonheur, le repos ne sont pas de ce monde... Bah ! bah ! bah ! vous ne savez pas ce qu'il vous faut. AIR : Du haut en bas. Quel embarras ! Un cloître pour moi, je vous jure, Est sans appas : Un désert ne nous convient pas. Mais parbleu⁎ ! je pense que nous ne sommes pas loin du pont... Eh bien ! mes amis, Vers ce pont allons en droiture, Et prenons-en tous la mesure Du haut en bas. Allons ! Toi, plus de Tartuffes. Sa réflexion est de bon sens : notre sagesse n'en sera que plus éclatante. Il n'est pas jour encore. Ahi ! ahi ! il ne l'a pas oublié. (haut.) Des affaires qui me rappellent à Paris. Des affaires pour lesquelles je voudrais que Molière... Où donc est-il ? Je le crois. (à part.) Oh dieu ! la mémoire lui revient-elle ? Non... non... pourquoi ? il n'est pas encore tems. Ah ! je tremble. Certainement (à part.) Quel chien d'honneur ! La cérémonie ! Oui, et chez les Cannibales on orne les victimes. Comment ! Ma foi, comme dit Lafontaine, Plutôt souffrir que de mourir, C'est la devise des hommes. **** *creator_cadetgassicourt *book_cadetgassicourt_souperdemoliere *style_verse *genre_comedy *dist1_cadetgassicourt_verse_comedy_souperdemoliere *dist2_cadetgassicourt_verse_comedy *id_laforest *date_1795 *sexe_feminin *age_sans-age *statut_serviteur *fonction_servante *role_laforest ALLONS, Antoine, laisse-moi ; nous avons du monde ce soir, et je n'ai pas plus de tems qu'il ne m'en faut... Je vois bien qu'il me faut débarrasser de toi… Eh bien ! oui, mon garçon ; tout est arrangé, et j'en ai la parole ; mais il faut te le dire : j'ai bien eu de la peine. Sans mon maitre, qui a promis de fouiller à l'escarcelle⁎, et de payer la dot de Madelon, ma foi je n'obtenois rien. Son père ! Oh ! si fait. Mathurin n'est pas un... harpagon. C'était sa mère qui refusait, parce que tu n'as pas beaucoup de ce qui se compte ; mais son mari lui a fait entendre raison ; car comme dit notre maitre : La poule ne doit pas chanter plus haut que le coq. Elle doit être bien contente ? Et puis, épouser le jardinier de M. Boileau ; dame, c'est bien flatteur ! AIR : Du haut en bas. Tiens, c'est un fait : Veut-on savoir ce qu'est un maître, Par son valet On juge, dit-on, ce qu'il est. Or moi qui pense m'y connaître, Je crois qu'on juge par ton maître De son valet. Peste ! Comme tu y vas, Antoine : et Molière donc ? Nous avons fait le Misantrope, l'Avare ! Et nous... le Tartuffe ! Le mien est plus fameux. Voici M. Mignard et M. Lulli ; je m'en rapporte à eux. Bonjour, M. Mignard. C'est que, voyez-vous, nous disputions nous deux, Antoine, pour savoir qu'est-ce qui était le plus habile de M. Molière ou de M. Despreaux, et nous sommes convenus de nous en rapporter à vous. Eh bien ! nous voilà d'accord. Comment donc ? Médecin ! Ah ! mon dieu. Vous me croyez donc bien indiscrète. C'est-il bien possible ! Sans doute, et vous l'approuverez. Nous allons à la noce. Molière veut marier Madelon, sa petite jardinière, à Antoine, jardinier de M. Despreaux, notre voisin ; les parens y consentent, et ça sera pour demain. Justement. Mes bons amis, Molière repose... Vous ne voudriez pas... Eh ! comment voulez-vous qu'on le connaisse ? On invente tant de choses contre lui. AIR : Vaudeville de l'Officier de fortune. L'un prétend qu'il n'a pas de mérite, L'autre dit qu'il a d'mauvaises mœurs, Un autre cont'lui sollicite Pour soutenir de plats auteurs ; Mais se moquant d'la calomnie, A tous leurs cris i' n répond rien : Molier', qui s'montre aux coups de l'envie, Se cache pour faire le bien. Vous ne savez que cela, M. Lulli ? Bon ! Le lendemain ce fut bien autre chose. Un jeune homme de 19 ans, nommé Racine, avait remis à Molière un poëme pour avoir son avis. L'ouvrage était mauvais... Il me l'a lu. -- Mais Molière vit que le jeune homme pouvait mieux faire... Aussi, en rendant le poëme, il y cacha cent louis, et le plan d'une tragédie. On dirait qu'il va parler. Oui... par jalousie de métier. Vous voulez faire grande chère⁎ ? Et votre régime ! (avec intérêt.) Ah ! mon maître souvenez-vous que M. Fleurant vous a défendu de voir beaucoup de monde. Vous n'avez pas un médecin pour marcher comme ça sur ses ordonnances. Je vois bien que le souper aura lieu, au moins promettez-moi que vous ne prendrez que du lait. Je ne me connais point en généalogie ; mais ce que je sais, je le sais bien, et tenez... AIR : Nous sommes précepteurs d'amour. Tous vos parens sont bien malins; Mais ils auront beau dir', beau faire, On oubliera les Poquelins, On n'oubliera jamais Molière. Le moyen !⁎ vous me faites toujours rire. C'est M. Boileau. PEUT-on vous servir ? De quel vin vous donnerai-je ? Du rouge ou du blanc. Quand il vous plaira. On dit que les auteurs ne peuvent pas vivre ensemble, il me semble cependant que l'on est ici de fort bonne intelligence... Que cet accord fait plaisir ! Un souper d'amis comme ceux-là n'est pas facile à trouver. AIR : Une fille est un oiseau. Au milieu de l'univers, Sur un mont, dit notre maître, Les auteurs vont pour connaître Quel est le prix de leurs vers. Ce mont s'appelle... Parnasse. Chacun y cherche une place ; Mais souvent, quoi que l'on fasse, On n'y trouve point accès : Ce mont me semble une fable ; Mais je vois à cette table Le vrai Parnasse Français. Voilà pour des gens gais une bien singulière conversation ! Ah ! mon dieu ! Plait-il ? J'entends, j'entends. Je les ai vus, moi, et je vous mettrai au fait. Mais je ne vois pas qu'il faille tant se faire prier ; pendant que vous rêvez à je ne sais quoi, il passe de l'eau sous le pont... AIR : Dans un des bosquets de sa mère. (Laborde.) En comptant les maux de la vie, Chacun dit : je veux en sortir. Ce projet insensé s'oublie Sitôt que s'offre le plaisir. Tel on voit près de sa maîtresse Un amant outré de courroux, Au premier regard de tendresse ; Rire et tomber à ses genoux. **** *creator_cadetgassicourt *book_cadetgassicourt_souperdemoliere *style_verse *genre_comedy *dist1_cadetgassicourt_verse_comedy_souperdemoliere *dist2_cadetgassicourt_verse_comedy *id_antoine *date_1795 *sexe_masculin *age_sans-age *statut_serviteur *fonction_valet *role_antoine Pourquoi me faire languir ; par pitié dites-moi si je puis espérer d'obtenir ma chère Madelon. De payer la dot de Madelon ? Quel bienfait ! Allez, allez, mamzelle Laforest, je l'en remercierai bien, ce bon M. Molière... Madelon aussi... Si bien donc que son père ne voulait pas... Enfin Madelon sera ma femme ! quelle joie !... Elle est bien aimable, Madelon, n'est-ce pas ? AIR : Anette à l'âge de 15 ans. Madelon est sans ornemens : Nature a fait ses agremens. La fleur que chaque jour fait voir Est sa parure, Et l'onde pure Est son miroir. Sans doute, car je l'aime bien. Ne croyez pas plaisanter ; nous nous écrivons, M. Boileau et moi. Et mon maître est le premier homme du monde, oui. Nous avons fait l'Art Poëtique. Et nous le Lutrin de la Sainte Chapelle ! Mon maître est plus habile. Vous dites cela... parce qu'il vous consulte. Soit, je le veux bien. Je vais voir Madelon, et nous reviendrons ensemble remercier votre maître... Sans adieu. Dites mieux, M. Lulli. AIR : Ce mouchoir, belle Raimonde. Jardinier n'est pas mon titre, Le mien m'fait bien plus d'honneur : Mon maître, dans une epître, M'appelle son gouverneur. Et pour que chacun y pense, Aux plus bell' roses d'Auteuil, J'mêle toujours d'préférence Le p'tit brin de chèvrefeuil. Sans doute, puisqu'il m'écrit. Oh ! non : Dieu nous garde de le troubler ! Un homme qui fait tant de bien quand il veille, doit être tranquille quand il dort. Que de générosité ! Madelon, il me vient une idée. Ne déposons pas ces fleurs dans son cabinet, comme c'était notre intention : faisons mieux. Vraiment c'est bien lui-même : Joyeuse humeur. On devine son cœur, Ce cœur que chacun aime. Quelle bienfaisance ! Pour que vous en soyez le témoin, le père de Madelon consent à ce que la cérémonie ait lieu demain, et nous venons vous prier d'assister au serment mutuel que nous avons tant de plaisir à faire. Votre présence sera bien agréable pour nous. Comment ! Excommunié ! Ce n'est pas Dieu, je le vois bien, ce sont les prêtres qui repoussent les comédiens. TOUT est prêt, nous n'attendons que notre bienfaiteur. Ah ! croyez que notre cœur... Oh ! de bien bon cœur. AIR : Frère Jacques. Du silence. Paix ! AIR : Amusez-vous, jeunes fillettes. Ne point accepter la partie, C'est vouloir nuire à not' bonheur. A tout l'village qui vous prie Ne refusez pas cet honneur... La cérémonie ne sera pas longue. **** *creator_cadetgassicourt *book_cadetgassicourt_souperdemoliere *style_verse *genre_comedy *dist1_cadetgassicourt_verse_comedy_souperdemoliere *dist2_cadetgassicourt_verse_comedy *id_madelon *date_1795 *sexe_feminin *age_sans-age *statut_serviteur *fonction_servante *role_madelon Grand merci, Monsieur. Oui. J'venons en témoigner notre reconnaissance à qui nous l'devons. M. Molière est sûrement dans sa chambre... Viens ? Ah ! de grace, racontez-nous-la. Tu as raison, mon ami... Et c'tair plein de douceur. Sa bouche me sourit. En voyant son image, je sens mieux encore ma reconnaissance, et je voudrais avoir un peu de son esprit pour la lui exprimer. AIR : On dit que le mariage. Oui, messieurs, de sa tendresse J'ai reçu le doux serment ; Mais cette aimable promesse Peut s'entendre à tout moment. Et... pourquoi ? Qu'est-ce que c'est que ça. Quel mal avez-vous donc fait ? Le village entier nous a suivi, et vous comble de bénédictions ; mais nous n'avons pas voulu qu'on entrât de peur de vous interrompre. Comment puis-je reconnaître... Nous n'avons jamais vu chez vous ces hommes-là. Paix ! Vous avez fait une promesse : Vous coûterait-elle à remplir ? Voyez la foule qui vous presse, Ne la privez pas d'un plaisir. Comment ! Mais nous ne voulons pas autrement ; nous ne sommes pas excommuniés nous autres. **** *creator_cadetgassicourt *book_cadetgassicourt_souperdemoliere *style_verse *genre_comedy *dist1_cadetgassicourt_verse_comedy_souperdemoliere *dist2_cadetgassicourt_verse_comedy *id_mathurin *date_1795 *sexe_masculin *age_veteran *statut_serviteur *fonction_valet *role_mathurin VOILA le contrat de nos enfans ; nous venons vous prier d'y bailler un mot de vot' signature. Nous nous souviendrons toujours... Mais vraiment, cela est fort extraordinaire. Vous allez venir avec nous ? Paix ! Il jouit du plaisir de faire une bonne action. **** *creator_cadetgassicourt *book_cadetgassicourt_souperdemoliere *style_verse *genre_comedy *dist1_cadetgassicourt_verse_comedy_souperdemoliere *dist2_cadetgassicourt_verse_comedy *id_villageois *date_1795 *sexe_masculin *age_sans-age *statut_exterieur *fonction_autres *role_villageois Du silence. Laissons les. Marchons avec prudence, Marchons avec prudence. Paix ! Paix ! AIR : Habitans de ce village. MES amis, le tems nous presse, Profitons de cet instant ; Livrons nos cœurs à l'ivresse Qu'inspire un si doux moment : Croyons tous à la promesse Du bonheur qui nous attend. Mes amis, le tems nous presse, Profitons de cet instant. Oui... sans doute... assurément.