**** *creator_carmontelle *book_carmontelle_condamnezsansentendre *style_prose *genre_proverbe *dist1_carmontelle_prose_proverbe_condamnezsansentendre *dist2_carmontelle_prose_proverbe *id_MADEMOISELLEDERICHEVIERE *date_(inc *sexe_masculin *age_jeune *statut_exterieur *fonction_autres *role_mademoiselledericheviere Mais le marquis vous aimait sincèrement ! Comment pouvez-vous le soupçonner d'infidélité ? Ah ! Ma tante, je mourrais plutôt que d'avoir un pareil soupçon sur l'amour que le chevalier a pour moi. S'il y en a de perfides, je jurerais bien que le chevalier ne sera jamais de ce nombre-là. Peut-être craint-il de vous offenser en vous montrant de la jalousie. Cessez cette feinte puisqu'elle est inutile. Quoi ! Dès ce jour ! Ah ! Ma chère tante !... Mais si vous n'êtes pas heureuse, il manquera toujours quelque chose à la satisfaction que je vais goûter. Ô ciel ! Avec qui était-il ? Je frémis pour vous ! Et il parlait ? Vous n'avez sûrement pas vu à qui ? Il parlait à une statue ! Ici ? Mais il n'y en a point. Parler à une statue ! Ma tante, vous vous moquez de moi. Que peut-on lui dire ? Je crains en vérité que la tète lui ait tourné : cela est effrayant au moins, et je ne vois pas pourquoi vous seriez jalouse de cette statue. Mais où est-elle ? Cherchons-la. Je ne vois rien. Voyons promptement. Ah ! Ma tante ! Que ce soit moi je vous prie. Eh bien ! La niche ne s'ouvre pas. Ah ! Ma tante, que vois-je ? C'est vous-même. Oui, examinez bien, ce sont tous vos traits. Il vous aime toujours ! Ah ! Jouissez de tout votre bonheur. Et vous le croyiez ingrat ! Voyez, voyez bien, ma tante, qu'il ne faut pas soupçonner légèrement son amant d'être infidèle. À quoi pensez-vous donc ? Qu'est-ce que c'est ? Oh ! Pour cela, oui. J'en jurerais, moi. Oui, oui, venez. Ah ! Ma tante ! C'est l'amour même qui vous inspire. Qu'il sera délicieux pour lui, cet instant! Je ne demande pas mieux. Ma tante, voilà le chevalier. Si vous permettez... Je n'ai point d'autre affaire, je vous en réponds. Ne craignez rien. Le retard ne doit vous faire rien craindre. Non, tout au contraire : on doit jouir de son bonheur, surtout lorsque l'on est sûr d'être aimé. Quelle peine voulez-vous que j'aime ? Vous m'aimez, que me faut-il de plus ? Et qui vous dit que je sois vangée ? Je connais votre coeur : qui pourrait m'alarmer ? Ah ! Si je pouvais lui dire... Venez... Ce soir je vous dirai... Oui, vous le saurez. Calmez-vous : je vous réponds qu'il ne peut nous arriver rien que d'heureux. Non, je vous le jure : je ne sais point feindre, et ce soupçon m'offense. Je ne vous aime pas ? Achever le pensez-vous? Je ne veux rien, monsieur. Douter de mon coeur et dans quel instant ! Si votre bonheur et le mien ne dépendaient pas du secret que je vous fais, pourrais-je me taire ? J'entends quelqu'un. Oui, sans quoi nous y serions mais elle nous a promis de nous faire avertir quand elle serait libre. Ma tante me demande ? J'y vais. Venez-vous, monsieur chevalier ? Vous allez faire le bonheur de ma tante, le nôtre le suivra : nous n'avons rien à vous reprocher.