**** *creator_carmontelle *book_carmontelle_pari *style_prose *genre_proverbe *dist1_carmontelle_prose_proverbe_pari *dist2_carmontelle_prose_proverbe *id_MONSIEURDUVAL *date_1768 *sexe_masculin *age_jeune *statut_exterieur *fonction_autres *role_monsieurduval Bonjour, Madame Moka ; vous n'avez pas grand monde. Monsieur Delalande n'est pas venu ici aujourd'hui ? Il m'avait dit qu'il viendrait cette après-dînée. Ah, te voilà, Lalande. Qu'est-ce que tu as fait hier au Vingt-un ? Et Madame des Bruyères a-t-elle gagné ? Ah, tiens, n'est-ce pas la petite Aglaé qui passe, dans le vis-à-vis ? Qu'est-ce qui l'a à présent ? N'est-ce pas le Chevalier de la Merville ? Je ne sais pas. Qu'est-ce qu'on donne ? Et aux Français ? Je crois que tu ne lis guère. Ah , c'est du moins quelque chose. Ma foi, je n'en sais rien, je ne m'en informe seulement pas. À propos, as-tu vu mes derniers chevaux ? Ceux que j'avais hier à la plaine ? Vilains, oui, c'est ce qu'ils sont, et dressés ! Il n'y a rien de si agréable à mener ; j'ai pourtant envie de m'en défaire. Quoi cette grande rosse que tu avais l'autre jour au Bois de Boulogne ? Allons donc ! C'est vrai. Chez qui cela ? Elle se porte mieux que cet hiver à la foire. C'est dommage qu'elle aime son mari. Oui, on me l'a dit. Ah, je me rappelle ; c'est un homme qui... Hé bien, j'ai envie de le faire parler. Veux-tu parier dix louis ? Pourquoi ? Tout-à-l'heure s'il vient. Allons, voyons tes dix louis. Voilà les miens. Il n'y a qu'à les mettre entre les mains de Despressins. Vois s'il y a dix louis ? Il prend son café bien tard. Ne sois pas longtemps. Il n'est pas gourmand ! Monsieur, nous aurions des femmes fort jolies. Je crois que j'aurai bientôt tes dix louis. Ah, ah, ah, ah. Oh pour cela, non. Allons, donne-moi mes vingt louis. Mais n'as-tu pas parié que tu le ferais parler ? Hé bien ? Nous sommes convenus qu'il parlerait aujourd'hui, qu'as-tu à dire ? Tout de même. Si tu veux. Il est peut-être muet ? Veux-tu que je te mène, où vas-tu ? Garçon, vois si mon carosse est là. Allons, passe. **** *creator_carmontelle *book_carmontelle_pari *style_prose *genre_proverbe *dist1_carmontelle_prose_proverbe_pari *dist2_carmontelle_prose_proverbe *id_MONSIEURDELALANDE *date_1768 *sexe_masculin *age_jeune *statut_exterieur *fonction_autres *role_monsieurdelalande J'ai été te chercher chez Madame Delarue ; l'on m'a dit qu'on ne t'avait pas vu, et je suis venu voir ici. J'ai perdu trente-neuf louis, ils n'y savent pas jouer ; il n'y a pas moyen de rien faire avec des gens comme cela. Oui, je crois qu elle a eu une douzaine de louis. Je crois que oui. Il n'a tenu qu'à moi de souper avec elle, avant-hier ; mais je ne m'en suis pas soucié ; elle est trop blonde. Mais, tout le monde. Bon, il y a longtemps qu'il ne l'a plus, elle a eu un Anglais depuis. Vas-tu aux Italiens aujourd'hui ? Le Roi et le Fermier, avec les Soeurs rivales, je crois. Ma foi, je n'en sais rien. Je n'y vas jamais ; c'est un spectacle triste, et je ne donne pas dans l'esprit moi. Parbleu non, je n'ai pas le temps. Et puis que diable lire ? J'ai acheté pourtant la Bibliothèque de campagne ; mais c'est pour ceux qui viendront chez moi. Combien te coûte cet habit-là ? Lesquels ? Oui. Ils sont vilains. Si tu veux les troquer contre mon cheval anglais... Oui une rosse ! Je ne le donnerais pas pour quatre-vingt louis. Ah, voilà Despressins. Je m'en vais l'appeller. Despressins ? Ma foi rien. Où as-tu dîné ? Elle a été assez jolie au moins. Ah, je t'en réponds, je voudrais avoir autant de cinquante louis... À propos, Madame Moka, ce Monsieur que j'ai vû ici une fois, que vous disiez qui ne vous avait jamais parlé, vient-il encore ? Et il ne t'a jamais rien dit non plus à toi ? Parbleu, je suis curieux de le voir. Je les parie moi ; mais aujourd'hui. Les voilà. Je le veux bien. Tenez. Nous verrons. Il a parbleu raison, c'est lui-même. Range-toi donc de la porte. Et mes dix louis. Ce gaillard-là emporte les enjeux. Laissons passer notre homme sans faire semblant de rien. Monsieur, je vous attendais avec impatience, je suis charmé de vous voir. Monsieur, vous aimez beaucoup le café d'ici ? Monsieur, vous n'allez jamais à la campagne. Je crois que vous avez tort. Si vous preniez des eaux, cela serait peut-être bon pour votre main. Quel diable d'homme ! On ne sçait par où l'entamer. Aimez-vous un peu le spectacle ? Cela doit vous amuser , n'aimant pas à parler. Monsieur , pour faire connaissance avec vous, je voudrais bien que vous me fissiez le plaisir de venir dîner avec moi. Pas encore. Attends, attends. Monsieur, il y a un homme qui vous cherche pour vous remettre cinquante louis d'une restitution qu'il est charge de vous faire. Parbleu , il parlera. Que le Diable l'emporte. Est-ce que c'est un fou ? Dis donc toi ? Un moment. C'est vrai. Comme je lui ai marché sur le pied, peut-être qu'il m'enverra dire qu'il veut se battre, il faut attendre. C'est vrai ; mais si c'est par ce que je lui ai dit, qu'il parle demain, je le suppose, je n'aurai pas perdu. Non pas. Veux-tu parier encore dix louis ? Et comment ? Pourquoi cela ? Que diable, il fallait donc nous le dire. Aux Italiens. Allons-nous-en. Bonjour, Madame Moka.