**** *creator_corneillet *book_corneillet_domcesardavalos *style_verse *genre_comedy *dist1_corneillet_verse_comedy_domcesardavalos *dist2_corneillet_verse_comedy *id_DONFERNAND *date_1674 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_donfernand Je t'apporte, ma fille, une bonne nouvelle. Don César ton époux est ici d'hier au soir. Il ne le sera point, qu'il vienne promptement. C'est beaucoup que d'avoir le don de l'entretien. Oui ? Comment, s'il est mon gendre; est-ce que... Les belles de Madrid ne sont pas trop farouches; Mais enfin à cela le remède est aisé. Si je trouve à l'hymen ton maître disposé, Pas plus tard que demain... Suffit qu'un prompt hymen puisse tout prévenir. Le parti, ma fille, est important. Quand Don César viendra, pour lui paraître aimable, Prends un air enjoué, complaisant, agréable, Et l'attire si bien, que l'hymen résolu, Par ses propres désirs dès demain soit conclu. Tu lui plairas sans doute. Il est unique, et c'est un Crésus que son père. Tu rouleras sur l'or, en l'épousant. Béatrix a raison, l'argent est le bon mot, Et tout gueux, quel qu'il soit, ne peut être qu'un sot. Je me souviens du temps où dans notre jeune âge Je fis avec son père un assez long voyage. Nous étions l'un pour l'autre Amis si complaisants, Qu'aux Indes pour lui seul je m'arrêtai six ans. C'est là qu'a commencé sa première fortune. Il me jura dès lors que nous l'aurions commune ; Elle s'est augmentée, et quoique rarement L'amitié tienne bon contre l'éloignement, Les lettres ont toujours, malgré vingt ans d'absence, Entretenu le cours de notre intelligence. Nous avons l'un de l'autre assuré le crédit. Je l'emploie à Séville, il m'emploie à Madrid, Et sur divers paiements, pour la première lettre, J'attends vingt mille écus qu'il cherche à me remettre. Son fils sera chargé de Lettres pour cela. Vous en dites assez, et cela va fort bien. Embrassez-moi. Ma fille, allons qu'on se démène. Saluez votre époux. Ni du mien. Les plus fins auraient par vous leur reste... Quel éveillé ! Elle est le vrai portrait de sa défunte mère. Il est bien tourmenté des gouttes ? Nous nous sommes connus en six cent trente trois. Ensemble de Goa nous fîmes le voyage. Grand commerce depuis d'écriture. À Don FERNAND DE VARGAS, à Madrid. Si j'étais moins sujet aux attaques de la goutte, je vous aurais mené mon fils moi-même pour goûter avec vous la joie que la Noce vous donnera. C'est un fils qui m'est d'autant plus cher, qu'il est unique. Je l'ai toujours élevé dans la vue d'en faire votre gendre, et je suis ravi qu'en épousant votre fille, il vous fasse part des grands biens que j'ai commencé d'amasser avec vous. Je m'acquitte par là de ce que je dois à notre vieille amitié, et meurs d'impatience que vous me donniez des nouvelles du Mariage. Comme mon fils n'est jamais sorti de Séville, ne vous étonnez point si vous ne le trouvez pas fait à l'usage de la Cour. Je suis content de vous. Il vous parlera d'une affaire fâcheuse qui est de la dernière importance pour lui. Je vous prie de l'y servir, en cas que vos soins lui soient nécessaires, et de ne point faire difficulté de lui donner l'argent dont il pourra avoir besoin. C'est pour vous en tout temps une sûre ressource. Employez mon crédit, servez-vous de ma bourse. Vous ne manquerez ni d'amis ni d'argent. Il vous porte des Lettres de Change pour la remise des vingt mille écus que vous m'avez fait toucher ici. Donnez-moi au plutôt de vos nouvelles, et me croyez toujours, Votre meilleur ami, Don ALONSE d'AVALOS, Que de bonté ! Sus, mon gendre, usez-en avec pleine franchise. Quelle est donc cette affaire où je puis vous servir ? Quoi ? Expliquez-moi la chose. Pour pouvoir promptement écrire à votre père, Demain, à petit bruit, nous conclurons l'affaire. Vos emplettes après se feront à loisir. Vous pouvez disposer de ma bourse au besoin Je vous l'ai déjà dit. Quant à l'hymen... Nous le verrons sans doute avant la fin du jour, Il doit être à Madrid. Ainsi, mon gendre, Soyez sûr que demain, sans davantage attendre... L'insensée ! Non, mon gendre, il est bon que vous restiez ici ; La Noce pour demain. Quand vous en serez quitte, Je prétends vous mener partout faire visite. Quoi, tu veux le perdre pour époux ? Inès et Béatrix, je n'ai rien à t'apprendre. S'il en voit une, adieu. Çà, qu'on songe à mon Gendre ; Qu'on aille donner ordre à son appartement. Ma fille, ayez-y l'oeil vous-même, promptement, Que tout soit propre. Je le sais bien, mon gendre. Quoi qu'Isabelle dise, elle sait comme moi L'honneur qu'elle reçoit à vous donner sa foi ; Mais souvent par pudeur une fille bien née Parle de reculer le jour de l'hyménée ; La grimace sied bien à son sexe. Elle en sera contente, J'en réponds. Cependant vous voulez acheter ? Quelle somme faut-il que j'aille vous compter ? Au moins ne faites pas de dépenses frivoles. Venez donc pour cela jusqu'en mon cabinet. Coupez, taillez en maître, Vous pouvez tout. Ah quel bonheur ! Il se peut donc qu'enfin je vous embrasse ! Vous n'êtes point changé. Quoi, pour me retrouver avec des cheveux gris, Vous pourriez ne me plus reconnaître ? Mon fils, Ouvrez les yeux. Il est vrai, j'eus pour vous, Quand vous prîtes la fuite, un peu trop de courroux ; Il m'en a bien coûté des larmes ; sans reproche, J'en pleure encor. Que n'ai-je point souffert, Tant que de votre sort je n'ai rien découvert ? Allâtes-vous d'abord aux Indes ? Vos Lettres de Goa me rendirent la vie. Les voyant, les lisant, que j'eus l'âme ravie ! Je vous avais cru mort. Mais, mon fils dites-moi... Moi, je ne serais pas son père ? Don Lope. Il m'a trompé peut-être, et sa femme est vivante. Hélas ! À quoi l'homme est sujet ! Mon fils consolez-vous. Viens, ma fille. Le moment est venu. Tu vois enfin ce frère à tes yeux inconnu. La mémoire peut-être un jour lui reviendra. Nous ferons tout ce qu'il faudra faire. Et bien ? Comme cet accident provient de maladie, Il sera bien fâcheux, si l'on n'y remédie. Plus qu'en tout autre lieu sur mille maux divers Nous avons à Madrid des Médecins experts Nous les assemblerons. Il a pour vous du zèle, et je lui sais bon gré. Enfin J'aurais tort, si j'osais me plaindre du Destin. Il ne manque plus rien, rien à ma joie. Et mon gendre ? Il va sans doute être ravi d'apprendre... Je crains qu'il ne visite, il fallait m'avertir. Par lettres la partie est peut-être liée. Non, et vous ne pouviez arriver plus au point. Ne la flattez point. Une fille à s'aimer n'est toujours que trop prête. Entrons, mon fils, je veux vous parler tête à tête. Depuis votre départ j'ai sur quoi m'expliquer. N'y pensons plus, mon fils, ces choses sont passées ; Qu'entre nous à jamais elles soient effacées. Le brusque entêtement qui vous fit marier, Fut un coup de jeune homme, il le faut oublier, Et songer seulement à bien goûter la joie Qu'après de longs chagrins le Ciel par vous m'envoie. Je vous aime, agissez avec moi comme un fils À qui tout ce que j'ai de fortune est acquis. Je veux avant ma mort pourvoir à ma Famille. Je ne suis déjà plus en peine pour ma fille, Ce soir pour son hymen on doit tout arrêter. Oui, mais non pas pour prétendre Celui que mon bonheur m'a fait trouver pour gendre. Il est riche au-delà de tout ce qu'on en croit. Je sais depuis dix ans... Qu'elle n'en sache rien, mon fils, je vous en prie. Son coeur a déjà pris je ne sais quels dégoûts Pour celui que mon choix lui donne pour époux. Ils pourraient s'augmenter en lui parlant d'un autre. Je sais ce qu'il lui faut, qu'elle me laisse faire. Si mon gendre n'est pas tout à fait sérieux, S'il a l'humeur trop gaie, il n'en vaudra que mieux. Les choses sont au point qu'on ne s'en peut défendre, J'ai donné ma parole, et ne puis la reprendre. C'est sur quoi je voulais vous parler en secret. Vous avez l'esprit doux, insinuant, discret. Conférez avec elle, et sur cet Hyménée Dites-lui ce que doit une fille bien née. Elle vous en croira. C'est là ce que mon coeur du vôtre s'est promis. Cependant il nous faut assembler vos Amis. Ah, qu'en vous embrassant Don Sanche aura de joie ! Don Pedre... Dix ans hors de Madrid passés sans revenir, Ont pu les éloigner de votre souvenir ; Mais au moins je croirais que les choses récentes... Quoi, ce qui dans Goa depuis peu s'est passé, Ce que vous avez vu... Belle Ville, Fort grande. Je n'avais pas trente ans lorsque j'en suis sorti. Vous remettez-vous point le Château de Garde. À propos de Carlin, dites-moi, Sganarelle, Qu'en est-il ? Oui, vous en faisiez cas. Qu'en avez-vous fait ? Qu'est-il devenu ? Le Pendard ! Mille écus ! L'accident est fâcheux ; quand à sa seule adresse On doit le peu qu'on a, la moindre perte blesse. Il vous sera resté quelques effets ? Comme toi. À ta mine... On s'en entête, Je ne l'ai pu quitter qu'avec peine. Pour vous mettre à votre aise, Et faire que Madrid après Goa vous plaise ; Je veux vous marier. On trouve Elvire aimable, elle est fort riche. Mais il faudra prouver que votre femme est morte. N'en apportez-vous pas quelque attestation ? Comment s'en souvient-il, s'il n'a point de mémoire ? Tire-le, si tu peux, du chagrin qui le ronge, Je te laisse avec lui. Tâchez donc, je vous prie, D'obtenir qu'au plutôt votre soeur se marie. Je vais vous l'envoyer. C'est assez. Vous m'étonnez, Enrique, Et quel rang parmi vous tenait ce Don Fabrique Ceux que le sang oblige à venger cette mort Sont-ce des gens à ne point vouloir parler d'accord ? Mon gendre a-t-il affaire à puissante Partie ? Il faut agir en Cour, nous obtiendrons sa Grâce. Cette mort qu'il m'a tue est sans doute l'affaire Que me recommandait la Lettre de son père. Vous en donner l'avis c'était bien s'adresser ; Mais, Enrique, avec moi c'est peu de commencer. Vous protégez mon gendre ; après ce bon office Souffrez avecque lui que je vous réunisse. Je ne saurais vous voir plus longtemps Ennemis. Je doute qu'il soit homme à se vouloir contraindre. Au reste, de Goa mon fils est de retour. Oui, de ce même jour. Absent depuis douze ans, le Ciel me le renvoie. Je vous le mènerai, c'est à quoi je m'engage. Don César n'a point eu le don de la charmer. Quoi que je puisse dire, elle a peine à l'aimer, Et si je veux pour elle écouter ma tendresse, Je dois suspendre au moins l'hymen dont il me presse ; Entre nous, je ne sais si l'air Provincial Donne à certaines Gens un trait original ; Mais dans sa gaie humeur ce Don César s'oublie, Et le bon sens toujours n'est pas de la partie. Au Portrait dont pour lui vous m'aviez prévenu Il faut vous l'avouer, je ne l'ai point connu. Je lui croyais l'esprit poli, galant, docile. Il est brusque, et de tout en Souverain décide. Si l'hymen dès demain ne remplit ses désirs, Il ne sait ce que c'est que pousser des soupirs. Il est riche, et partout peut choisir une femme. Le voici qui paraît. De peur de vous choquer, vous voyez qu'il me quitte. Il est prudent et sage ; Et pour ne pas aigrir les choses davantage, Il a voulu savoir avant que vous parler... Rien ; il m'a tout conté, c'est une bagatelle. Il n'en faut point parler avec tant de mépris. Enrique a du mérite, et chacun vaut son prix. Vos différends n'ont pas une assez juste cause. Il faut, pour vivre amis, mettre tout sous le pied. Vous pourriez parler mieux, ce me semble. Jamais vu ! Vous n'avez point tous deux sur certains intérêts, Lorsqu'un jour son avis fut si contraire au vôtre, Qu'il fallut... Et dans ce même instant que vous êtes venu, Pour Don César encor il vous a reconnu. D'Avalos. Il est né dans Séville, A du bien, des Amis, connaît toute la ville ; Il ne se passe rien qui par lui ne soit su. Çà, plus d'aigreur, mon gendre. Enrique veut la Paix, c'est trop vous en défendre. L'accord vous déplaisant, pour en fuir l'embarras, Vous auriez bien voulu ne le connaître pas. De grâce, oubliez tout, vous avez l'âme bonne. S'il a dit quelque chose... Il ne mérite point ce reste de colère. Il a montré pour vous une estime sincère, Et tout à l'heure encor il vient de m'avertir De ce que l'on hasarde à vous laisser sortir. Vous serez satisfait, ma fille obéira. Il agit comme il doit. Mais craignez tout pour vous, si l'on vous voit paraître. Chez moi pour Don César on a su vous connaître, Et pour vous arrêter on est au guet. Le beau déguisement ! À quoi bon vous cacher, quand la chose est publique ? Quoi qu'il en ait coûté la vie à Don Fabrique, On sait qu'en le tuant... L'honneur... On palliera l'affaire. C'est d'elle assurément que m'écrit votre père, Quand il veut qu'on vous trouve au besoin du support. Oui, je sais que l'honneur qui vous a fait agir, Vous doit sur cette mort empêcher de rougir. Comment arriva-t-elle ? En me contant l'affaire, Enrique ne m'a point expliqué comme quoi... Sur les cas de bravoure on doit être modeste, Je le sais ; mais non pas s'en taire entièrement. Fut-ce duel ? Rencontre ? Mais comment ? Sur le pré ? Dans la rue ? Il faut... Il m'a tout fait entendre. Cela n'est rien, ma fille, et malgré les Jaloux... Épargnant Don Fabrique, il eût passé pour lâche ; Il a dû le tuer. L'impertinente ! De quoi vous chagriner ? Demain Vous la trouverez prête à vous donner la main. Vous. Ne sortez point, de grâce. S'il fallait... Il est donc fort honnête, Qu'une fille avec moi n'en fasse qu'à sa tête ? En matière d'époux vous allez à grands frais ; Si l'on veut qu'il vous plaise, il faut le faire exprès. Allez, pour vous punir, si je n'étais bon père, Vous voulez tout perdre, je vous laisserais faire. Ne voir pas qu'un Parti si riche, si puissant... Quand on vous a nommé Don César pour époux, Qu'on l'a laissé venir, que ne l'empêchiez-vous ? Il fallait m'opposer alors votre scrupule. Taisez-vous, il vaut plus que vous ne méritez. C'est, si votre Morale en devient la Maîtresse, Dans votre cerveau seul que loge la Sagesse ; Et quand sur cet hymen nous sommes si pressants, Votre frère, ni moi n'avons pas le bon sens. Il a tort, et son goût devrait choquer le mien. Est-ce vous Béatrix, qui l'instruisez si bien ? Qui remplissez son coeur de ces belles idées ? Ah, voici Sganarelle. Bonjour. Pourquoi tant sangloter ? Apprends-nous quelle est cette tristesse. D'où te vient ce grand deuil ? Tu viens donc m'annoncer son trépas ? Il est mort ? Et l'as-tu vu mourir ? Où donc est arrivé ce funeste accident ? Coquin. Hem ? Tu m'envisages ? Donc, tu voles ton Maître, et soutiens qu'il est mort ? Regarde. Tu commences à craindre. Ah, Monsieur Sganarelle, enfin vous voilà pris. Il prétend qu'arrivant à Cadix, En cinq jours chez Gomez vous êtes mort. Quoi, tu penses Te sauver du gibet par tes extravagances ? Non, puisqu'à le perdre il nous veut animer, Tout droit à la potence, il est juste qu'il meure. Suis-moi, certain Caveau sera là-bas ton fait. Si tu n'y parles, va. Carlin, tiens-le bien, qu'il n'échappe. J'ai pour les confronter envoyé chez Enrique ; Mais mon fils, contre vous je crains qu'il ne s'explique ; Lui-même, en le voyant, l'a tantôt reconnu. Pour épouser ma fille il sait qu'il est venu, Et par trop de raisons prend part à mes affaires, Pour vouloir appuyer des fourbes si grossières. Mais il a regardé, vu, contemplé mon gendre. Les miens me trompent donc aussi ? J'ai pour ce Don César, qui n'a pas l'air de plaire, Reçu présentement des lettres de son père, Qui nous mande à tous deux que sur certaine mort La Partie est contente, et qu'on a fait l'accord. Mais les vingt mille écus qu'il m'a par lui remis ? Croyez-moi, l'on cherche à vous surprendre. Comme nouveau venu vous avez la foi tendre. Quelqu'un hait Don César, et vous a contre lui... La chose est difficile. D'où ? Comment ? Et de quand ? Dans Séville ! Avez-vous été là de Cadix ? Il vous l'a dit ? Carlin, son mal se passe, il a bonne mémoire. Il se souvient de tout. Carlin sait de grands mots. Et quand pourrons-nous voir Cet autre Don César ? Je ne sais où j'en suis, car enfin il me semble Qu'Enrique à m'abuser n'ayant point d'intérêt Devrait m'avoir conté la chose comme elle est. Pourquoi d'un Imposteur appuyer l'entreprise ? J'entends quelqu'un qui monte, et peut-être est-ce lui. Retirez-vous, mon Fils ; je veux de cette affaire, Lui parlant seul à seul, pénétrer le mystère Que peut prétendre Enrique à me tromper ainsi ? À croire un Imposteur il m'a vu trop facile. Tous ceux qui connaissaient la Carte de Séville, De mon gendre futur m'avaient dit trop de bien, Pour le voir sans mérite, et ne soupçonner rien. Son abord, ses discours remplis d'extravagance... Apprenez-moi de vous ce qu'il faut que je pense, Enrique. Vous voyez qu'on cherche à me duper, Qu'on me joue, et vous-même aidez à me tromper. Vous avez vu mon gendre ? Comme on se peut méprendre, En avez-vous assez examiné les traits ? C'est Don César ? Mais En êtes-vous bien sûr ? Don César d'Avalos ? Pourquoi ? Si je vous dis Que c'est un imposteur, en croirez-vous mon fils ? Il connaît Don César. Qu'à mon bien sous ce nom un Imposteur aspire, Qu'il n'est point Don César. Il prétend le savoir pourtant d'original. Voyez-le de nouveau, pour n'en pouvoir douter. Fais venir Don César. Autre aventure. La Lettre est de Cadix, je connais l'écriture, C'est Gomes qui m'écrit. Me pardonnerez-vous... Je ne me suis point hâté de vous écrire les funestes nouvelles que Sganarelle vous a portées. Je ne doute point que vous n'en n'ayez été fort surpris.La mort de Don Lope m'a tellement touché, que j'ai peine encore à m'en remettre. Il n'est rien qu'on n'ait fait pour le sauver. Les remèdes se sont trouvés sans force, et tout l'Art des Médecins n'a pu empêcher qu'il n'ait été emporté en cinq jours d'une fièvre continue. Sganarelle vous dira les soins que j'ai pris à lui faire rendre les derniers honneurs. Vous m'y voyez rêver. Permettez que je puisse achever. En arrivant chez moi il y a fait décharger douze caisses bien conditionnées dont vous pouvez disposer. J'exécuterai ponctuellement vos ordres, et prends part à votre douleur autant que le peut faire Votre très humble Serviteur GOMEZ. C'est de quoi, m'occuper. La Lettre de Gomez sans doute m'embarrasse. Je trouve du mystère en tout ce qui se passe, Et le retour d'un fils, dont on m'écrit la mort, Causerait quelque trouble à l'esprit le plus fort. Mais pour tout éclaircir, commençons par mon gendre. Voyez, qu'en dites-vous ? M'a-t-on voulu surprendre ? Plus de froideur, Enrique est prêt d'y renoncer. Allons, il faut vous embrasser. Voyez-le bien, de grâce, Observez tous ses traits. Daignez le regarder. Vous rêvez ? Vous croyez que je ris ? Cette froideur, Enrique, a droit de me surprendre, Quand mon gendre pour vous... Et bien qu'est-ce ? Sans colère. Mon gendre. Comment ? Je manque à Don César ? C'est lui qui sort. Lui-même. Vous riez ? Vous-même ici tantôt l'avez su reconnaître. Vous le revoyez, que me voulez-vous dire ? C'était le même. D'aujourd'hui Il n'est entré céans aucun autre que lui. Lui, vous dis-je. Je vous comprends bien moins. Encor, si vous disiez Qu'il ne vous paraît plus ce que vous le pensiez ; Qu'à Don César de loin l'ayant trouvé semblable, De près la différence à vos yeux est notable ; Mais, Enrique, nier que dans ce même lieu Vous l'ayez vu tantôt... M'abandonner, Enrique ? Approchez, j'ai besoin de votre témoignage. Lui ? C'est mon fils. Don Lope, qui vient de Goa. Vous en êtes sûr ? Justes Dieux ! Don César ! Mais comment n'en pas croire mes yeux ? Si j'ose être pour vous, j'entends qu'ils vous accusent ; Ils me montrent Don Lope. Vous n'êtes point mon fils ? Mais vous avez tantôt reconnu Sganarelle ! Je n'ai donc plus de fils ? Quand je crois le revoir, Don Lope cesse d'être. C'est un soulagement à ma douleur bien doux ; Mais ce Fourbe, à ma fille arrivé pour époux, Qui se dit Don César, quel est-il. Plus je veux de ses traits trouver la différence, Plus avecque mon fils j'y vois de ressemblance. Non, tout s'explique trop pour ne s'y pas fier ; Et j'ai sans doute au Ciel des grâces à rendre, Qu'ayant à perdre un fils, quand je fais choix d'un gendre, Par un enchaînement de bonheurs inouïs, Dans ce gendre choisi je retrouve ce fils. Notre fourbe paraît, il faut... Vous lui pouvez nommer vos parents de Séville, Il connaît tout. Mais... Oui, sans plus de remise. Ma fille, à Don César votre main est promise, Donnez-la j'y consens. Et vite, Béatrix, nous sommes affrontés. Aux voleurs, arrêtez. Coupez-lui le passage, empêchez qu'il ne sorte. Ah, ah, mon cavalier, vous décampez ainsi ? Et mes cinq cent pistoles ? Parlons net. Composons ? Comment ? Je ne vous quitte point, allons compter. **** *creator_corneillet *book_corneillet_domcesardavalos *style_verse *genre_comedy *dist1_corneillet_verse_comedy_domcesardavalos *dist2_corneillet_verse_comedy *id_DONCESAR *date_1674 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_doncesar Il n'était point connu dans cette hôtellerie ? Je n'en suis guère mieux, ne sachant où le prendre Jamais si lourdement a-t-on pu se méprendre ? Avoir changé de Malle en ce gîte maudit, Et n'en connaître rien que le soir à Madrid ! Blâme mon imprudence, elle amoindrit ta faute. La nuit s'avançait fort, lorsqu'on me vient prier De souffrir qu'en ma chambre on couche un cavalier. Je sais qu'elle est unique en cette Hôtellerie, Ma joie est d'obliger, et j'entends qu'on me prie. Pouvais-je au Survenant refuser l'autre Lit ? Mais puisqu'il n'est parti que longtemps après nous... De tout ce que je perds par ce bizarre échange, Je ne regrette rien que mes lettres de change. À Séville d'abord j'ai mandé l'accident. Il est vrai qu'il est peu de méprises semblables. Non. J'ai voulu pour les voir attendre ton retour. J'ai rêvé. La mort de Don Fabrique à me cacher m'engage. Personne dans Madrid ne connaît mon visage, Et quelque fort appui qu'on m'y doive prêter, Si j'avais dit mon nom, on pourrait m'arrêter. Avant que je l'avoue, il est bon que mon père Ait avec la partie accommodé l'affaire, En tous cas, force amis doivent agir pour moi, S'il faut solliciter ma grâce auprès du Roi. Enrique a de l'honneur, je n'en dois craindre rien. Quand il saurait l'affaire, il en userait bien ; L'estime est entre nous plus forte que la haine. J'avais cru ce matin ma précaution vaine ; Un Homme qui de près m'est venu regarder, Surpris de ma rencontre, a voulu m'aborder. J'ai reculé pour être en état de défense, S'il prétendait user de quelque violence, Et ne comprenant rien à tout ce qu'il m'a dit, J'ai cessé d'écouter. Ah, Carlin, qu'il en est quelquefois d'agréables ? Si tu savais... Mais... Ah, j'en suis enchanté. C'est... Imagine-toi la plus rare beauté. Un teint, des yeux, la bouche... Je ne sais. Elle ? Nous nous sommes parlé. Le jour de ton départ me promenant le soir, J'aperçois un brutal qui chagrinait deux dames. Moi, l'ennemi mortel des procédés infâmes, Je m'avance, et d'abord... Tu l'as dit ; mon brutal prend soudain le devant, Gagne au pied. Je m'approche, et vois en l'une d'elles Un si brillant amas de grâces naturelles, Que tout mon coeur charmé, dès ce premier moment, Malgré moi prend pour elle un tendre engagement. Elle y répond d'un air attirant, mais modeste. La nuit au lendemain fait remettre le reste. Tous les soirs je la vois, sans qu'il me soit permis De la suivre, autrement nous sommes ennemis. Ainsi je meurs d'amour, et j'ignore qui j'aime. Oui, toujours au lieu même. Elle s'en fâcherait. Je crains trop... À quand ? Plus pour moi d'Isabelle. Ah, parle avec respect d'un objet si charmant. C'est une modestie à surprendre, un visage Où l'honnêteté règne. Les choses ne sont pas si longtemps ignorées. On se connaît enfin. Moi ? Point d'autre que celui de mon coeur, de ma foi. Ce Diamant offert, pour en être le gage, Lui tient lieu contre moi du plus terrible outrage. Ma téméraire audace a pensé tout gâter. Non, elle n'a jamais qu'une jeune parente, Qui déjà mariée, accompagne ses pas. Elle est folle, Carlin. Béatrix ! Adieu, la belle. Viens Carlin. Va, tu rêves. Il faut qu'elle ait connu quelqu'un qui me ressemble. Celui qui m'a tantôt dans la rue arrêté, M'en avoir dit autant, si je l'eusse écouté. Et nous en croirait-on ? Un mensonge aisément toujours se développe. Par où justifier que je serais Don Lope ? D'où ? De quelle naissance ? Que de joie à me voir ? Quel est ce bon vieillard ? De grâce, Monsieur. De votre accueil, Monsieur, je me tiens obligé ; Mais bien d'autres que moi s'en laisseraient confondre. Ne vous connaissant pas, que puis-je vous répondre ? Que vas-tu dire ? Non, monsieur, j'ai respect pour votre âge, Et ne puis consentir à vous tromper. Je viens... Sans aller plus avant, Le nom de votre fils aurait de quoi me plaire, Mais... En vain on veut vous éblouir. Quelle Femme ? As-tu perdu l'esprit ? As-tu donc entrepris de ne finir jamais ? Ah, Carlin. Carlin, c'est la Beauté que je t'ai dit que j'aime. Que le destin m'est doux ! Quoi, vous êtes ma soeur ? Hélas ! Chacun raisonne Selon... Son gendre ! Quoi, mon père, ma soeur est-elle mariée ? Ma soeur mérite bien que... Ma soeur, au rendez-vous il vous faudra manquer. Aimez-moi seulement autant que je vous aime. Mon père, il serait bon de ne se point hâter, Vous avez du bien. Quelque riche qu'il soit, Si j'osais proposer un Ami que j'estime, Le choix vous semblerait peut-être légitime. Quand il n'aurait de bien que ce que je connais, Cela va loin. De taille il est fait comme moi, Et si ma soeur savait tout ce qui s'en publie... Je dois soumettre ici mon sentiment au Vôtre ; Mais si le mariage est souvent sans douceur, Vous hasardez beaucoup, en contraignant ma soeur. Le désordre est à craindre où l'époux ne peut plaire. Reposez-vous sur moi. J'appuierai vos desseins autant que je le dois, Et n'épargnerai rien pour vous faire connaître, Qu'aimé par vous en fils, je mérite de l'être Il ne faut pas encor que je les voie, À moins qu'on prenne soin de m'en entretenir. À peine de leurs noms je puis me souvenir, Et je crois qu'il serait à propos pour ma gloire De cacher quelque temps ma perte de mémoire. J'ai peine à m'en tenir les images présentes. C'est autant d'effacé. Je sais confusément que Goa... Oui, spacieuse, en habitants fertile, Où qui veut s'employer, trouve aisément parti. Ne me demandez rien de ce qui le regarde. Si le discours vous plaît, Carlin qui vient à nous En pourra mieux que moi raisonner avec vous. Tiens ferme, s'il le faut, et... Sganarelle ? Moi ? Je ne le connais pas. Non. Ah, Je sais. Tu l'as connu, Carlin ? Je n'avais que cela de comptant. Sans vous J'y serais demeuré, le séjour m'était doux, Je n'y manquais de rien. Ce doit m'être une loi, Que ce qu'il vous plaira de résoudre de moi. Disposez de ma main ; si jamais je la donne, Je prétends que l'amour par vous seul en ordonne, Et fais de votre aveu dépendre mon destin. Enfin Vous contenter, vous plaire, est tout ce qui m'importe. Elle est dans le tombeau, Hélas ! Mon père, c'en est fait. D'un tendre souvenir c'est le dernier effet ; N'en appréhendez rien. Soyez sûr de mes soins. Les effets en seront les témoins. Et l'incident bizarre. Des traits si ressemblants sont une chose rare. J'ai d'abord comme folle écouté Béatrix, Mais, Carlin, ce Vieillard me prendre pour son Fils ? Je m'en trouve fort bien. Il est vrai que sans elle J'eusse eu peine à me rendre. Ah ! Carlin, qu'elle est belle ! L'as-tu bien regardée, et ne vaut-elle pas Tous ses soins... Eh, mon Dieu, laisse faire. L'Amour, sous quelque habit qu'il s'ose déguiser, A toujours certains temps dont il sait bien user. Le plus grand embarras où par là je puisse être, Consiste à voir des Gens que je devrais connaître. C'est dont sans peine on ne vient pas à bout. Ma fuite de Madrid jointe à mon mariage, M'a fait jouer d'abord un mauvais personnage. Sans toi j'étais perdu. Il n'en serait que mieux. La ressemblance est telle entre nous, que peut-être J'aurai peine au besoin à me faire connaître. On peut de Don César me disputer le nom. Mais au moins as-tu su celui du père ? De la fille ? Ce point est nécessaire. S'il fallait en parler par hasard, comment faire ! Puisque avec Béatrix... Oui, ma soeur, il est vrai, je vous avais connue. J'appris qui vous étiez vous voyant dans la rue, Et sans savoir pourquoi je ne vous parlais pas, La curiosité me fit suivre vos pas. C'est par là que d'abord avecque tant de zèle, Contre un lâche Importun je pris votre querelle. Je vous cachai mon nom, pour avoir la douceur De connaître à loisir le fond de votre coeur Plus vous vous expliquiez sur la reconnaissance, Plus j'aimais à jouir de votre complaisance, Et pour pouvoir goûter plus longtemps avec vous Les charmes innocents d'un commerce si doux, Croyant qu'un autre Ciel, l'air de la Mer, et l'âge, Auraient assez changé les traits de mon visage, Rencontrant par malheur Béatrix sur mes pas, J'ai feint d'en être cru ce que je n'étais pas. J'en avais déjà fait autant avec mon Père ; Vous êtes survenue, il a fallu me taire. Plus de feinte à poursuivre étant connue de vous. Pour savoir ce qu'il faut que j'attende de moi. Un Indien, privé par une longue absence De ce que du beau Monde acquiert l'expérience, Avant qu'il se hasarde à paraître au grand jour, Doit par ce doux essais prendre l'air de la cour. Ainsi j'ai cru, ma soeur, que sans vous faire injure, Je pouvais d'un beau feu vous tracer la peinture ; Et ce que par le sang je sens pour vous d'ardeur, N'avait que trop de quoi faire parler mon coeur. Quoi, vous repentez-vous d'avoir été capable De suivre en me voyant un penchant favorable ? D'avoir souffert mes soins ? Méritai-je si peu qu'on me veuille du bien ? Soumis, passionné, suis-je indigne de plaire ? Eh du moins dites-moi, si je ne l'étais pas, Que de mes voeux offerts vous pourriez faire cas, Que votre coeur sensible aimerait à se rendre. Que de gloire pour moi ! Il vient de me l'apprendre. Quoi, ma soeur ? Et si je vous en prie ? Voudrez-vous de ma main refuser un époux ? Fiez-vous-en à moi, dont la tendresse extrême Me fait vous regarder comme un autre moi-même. Don César de vos jours peut faire le repos. Il est... Lui-même. On vous a prévenue avec un faux portrait, Ma soeur, et Don César... Quoi... Encor qui vous a fait cette belle peinture ? Vous me raillez, ma soeur. Et vous-même avez vu ce Don César. Carlin, démêles-tu tout ceci ? De mon étonnement Ne faites pas, de grâce, un mauvais jugement. Après avoir passé loin d'ici tant d'années, Par un heureux retour voir mes courses bornées, Arriver au moment qu'un Homme tel que vous Estime assez ma soeur pour s'en faire l'époux, Un homme rare, en qui tout passe l'ordinaire, C'est pour... Oui, ma soeur. Épousez Don César, vous ne sauriez mieux faire. C'est de quoi je me pique. Isabelle ! Vois-tu qu'il est de mon destin Que j'aime une Isabelle ? Carlin. Qu'elle est charmante ! Ah, ma soeur. Vargas ! Il n'en faut point douter, Carlin. Entends-tu ? Sais-tu qui je le crois ? Notre homme à la valise. Il faut m'en éclaircir. Ne fâchez point ma soeur, je saurai l'adoucir. Quand j'aurai dit trois mots, elle sera traitable. C'est donc avec chagrin que vous me revoyez, Ma soeur ? Pas tant que vous croyez. Vos intérêts me sont mieux connus qu'à vous-même. Je suis pour Don César, je l'avoue, il vous aime, Votre bonheur dépend de lui donner la main. Rendez-vous, ma soeur, de bonne grâce. Prenez pour Don César des sentiments plus doux ; Aussi bien je suis sûr qu'il sera votre époux. Oui, je vous le répète. Votre hymen est conclu, mon père le souhaite, Et quoi qu'à son amour vous puissiez opposer, Vous tiendrez à bonheur enfin de l'épouser. J'en ai la certitude. Ne vous étonnez point d'une telle réponse. Au reste, vous saurez que j'ai vu Don Alonse. J'ai passé par Séville, où fus averti Que depuis quatre jours vous en étiez parti. J'appris là votre hymen. Oui. Il me parla, je crois, en termes confus, Sur des lettres de change. Carlin. Vous n'avez rien à craindre. Que ma soeur parle, crie, elle aura beau se plaindre, Je me ris du couvent. Mon père a ce dessein, Et je vais d'autant plus presser le mariage, Qu'à me rendre à Burgos certain devoir m'engage. C'est pour y chercher un Don Pascal Giron. Si je le trouve... Le connaissez-vous ? Il a fait d'un ami certaine raillerie. Au talent de hâbleur il joint l'effronterie, Dit-on, et je lui veux montrer aux yeux de tous... Si l'on ne disait mot, il n'aurait qu'à poursuivre, À de pareils hâbleurs il faut apprendre à vivre. C'est un extravagant, un fat. Qu'en dis-tu ? J'en chercherai la voie ; Mais sans tant me hâter, peut être il serait bon, Comme ici Don Pascal fait connaître mon nom, D'attendre sous celui que le hasard me prête, Qu'avec nos Obstinés mon affaire soit faite. Si les Parents du Mort s'avisaient d'éclater, Ce serait Don Pascal qu'on viendrait arrêter. Plus les dédains sont forts, mieux je lis dans son coeur. Qu'il est doux de me voir mépriser pour moi-même ! Allons voir Quels mépris de nouveau j'en pourrai recevoir. Je vois Enrique, il faut rentrer. Qu'a-t-il donc à se plaindre ? Que cette frayeur cesse, Et sachons seulement où sont les mille écus. Point de bruit, j'en sais trop là-dessus. Tu me les as volés. Toi. Que dit-il ? Tant pis, Me voilà mal. Dans quelque Chambre sûre il le faut enfermer. Là... Quand on ne perd qu'un frère, Ma soeur, on se console, et la perte est légère. Ma soeur, Je ne prends son parti que pour votre bonheur. Je vous l'ai déjà dit. Et si je vous disais que lorsqu'on le connaît, Don César n'est rien moins que ce qu'il vous paraît. ? N'en jurez pas trop fort, je prétends vous l'ôter. Oui, J'ai pris plaisir par des raisons secrètes À jouir quelque temps de l'erreur où vous êtes ; Mais enfin apprenez qu'on vous abuse tous, Que le vrai Don César n'est point connu de vous, Et qu'un Extravagant qui tient ici sa place, Lui dérobant son nom, vous gêne, et s'embarrasse. En pouvez-vous douter ? À Madrid. Vous le verrez ; du moins on l'estime à Séville. Il a l'humeur accorte, obligeante, civile, Et si depuis l'instant que nous nous sommes vus, Je l'aimais un peu moins, j'en pourrais dire plus ; Mais l'amitié séduit sitôt qu'elle est extrême. À l'égal de moi-même. Tels que moi. Ce rapport de visage Est-ce qui l'un pour l'autre à l'envi nous engage. Le voudrez-vous, ma soeur, l'accepter pour Époux ? Là-dessus ne me demandez rien. Le temps éclaircira cet embrouillé mystère. J'y vais ; mais attendant que Don César vous voie, Je pourrai lui parler ; Que voulez-vous qu'il croie, Ma soeur ? Je le sais, mais croyez que dès qu'il me verra, Quoi qu'il ait pu vous dire, il le désavouera. Les choses quelquefois se peuvent mal entendre. Ses yeux dans ce moment l'auront mal éclairci, Ils l'ont trompé. L'accord est fait ? Tant mieux. J'attends de Don Alonse Sur des avis donnés une prompte réponse, Qui vous confirmera les choses que je dis. Pur hasard. Non, je ne parle point sur le rapport d'autrui. Je connais Don César. Je l'ai vu dans Séville. Suffit que je connais et le père et le fils. Don Alonse en partant m'a chargé de vous dire Que de ce qu'il attend par le premier navire ; Puisque vous le voulez, il vous mettra d'un quart ; Que pour l'autre à charger l'avis est venu tard. Lui-même, et vous m'en pouvez croire. Et fort peu ce qu'il dit. Quand vous lui parlerez, vous saurez la surprise Je crains peu que d'un Fourbe il veuille être l'appui. Allons voir Isabelle, et l'amenons ici. C'est à moi de parler, soyez présente à tout. Les débats seront grands, si je n'en viens à bout. Il est temps de rompre le silence. Oui, Monsieur, vous voyez Don César. Et ces yeux vous abusent. Par des traits ressemblants, ce sont témoins surpris. Non. Je l'ai fait pour jouir quelque temps d'un faux nom, Et quant au vol... On l'en retirera. Oubliez-vous qu'en moi vous le voyez paraître ? Pour l'apprendre, On m'a dit qu'il me cherche, il faut ici l'attendre. Soyons amis, Enrique, à l'heur où je me vois Il manque... Si vous doutez encor, je puis justifier... Et bien ? Pour vous, Madame, est-ce quelque douceur De voir que vous cessiez sitôt d'être ma soeur, Et suis-je à condamner, de vous avoir gênée, Quand j'ai de Don César appuyé l'hyménée ? Laissez-moi faire. Je viens d'apaiser tous ces petits débats. Comme une longue absence efface tout, Enrique A d'abord mal connu Don César. Sa main m'est donnée en dépôt, Tant que j'aie avec vous éclairci le mystère D'une étroite amitié que vous me voulez taire. On vient de m'assurer que Don Pascal Giron N'était qu'un avec vous. C'est un fourbe achevé, qui, quoi qu'il se déguise... Il parle avec franchise ; Prenons ce qu'il rendra sans contestation. Pour le reste, Monsieur, je suis sa caution. Il faut lui donner lieu de partager ma joie. Avec cinq cents écus Béatrix est à toi. Vois si tu lui plairas. **** *creator_corneillet *book_corneillet_domcesardavalos *style_verse *genre_comedy *dist1_corneillet_verse_comedy_domcesardavalos *dist2_corneillet_verse_comedy *id_DONPASCAL *date_1674 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_donpascal Ne t'inquiète point, je jouerai bien mon rôle. Excusez, si je suis un peu court de parole. Pour la première fois me trouver à la Cour, Où les mots recherchés se disent nuit et jour, Voir de plain-pied d'abord et Beau-père et Maîtresse, Savoir qu'ils font tous deux la même politesse, C'est de quoi m'étonner, mais cela passera. Mon espoir mal en train se raccommodera, Et bientôt pour vous faire une juste harangue, J'espère rattraper l'usage de ma langue. Pour la première fois, si je ne vous dis rien... A-t-elle la migraine ? Je lui vois certain air renfrogné, sérieux. Beau-père, seriez-vous pour l'humeur renfrognée ? Elle n'est nullement de mon goût. Allons, ma belle, allons, gaiement, tout ira bien. Puisque vous me voyez, tâchez de mettre à l'ombre La nébulosité de ce visage sombre. Riez, goguenardez, et vivons sans façon. Quant à moi, je suis gai toujours comme un Pinson. Cent jovialités me sont partout de mise, Et si le Mariage ôtait la gaillardise, Plutôt que ne pas rire, et danser, et sauter, Je ferais voeu cent fois de m'encélibater. Le mot est-il de Cour ? M'encélibater ! Peste. Qu'il est long ! J'ai cru qu'il eût été trop plat, De dire simplement, suivre le célibat. J'aime le style haut. Enfin à la bonne heure Vous riez. Elle en est plus aimable, ou je meure. Guzman, vois-tu ces yeux de feu tout pétillants ? Quand la friponne veut, qu'elle les a brillants ! J'oublie à vous donner les Lettres de mon père. Quelquefois. Lisez. Avecque les leçons du révérend beau-père, Avant qu'il soit très peu, je prétends bien m'y faire, En province, on ne peut qu'être provincial. Ah ! Trop d'honneur ; le Beau-père est un Homme obligeant, Qui... Voici les lettres de remise. C'est qu'un jour... Voyez-vous, l'honneur qu'on veut ravir, Porte souvent si loin la chaleur qu'il inspire, Que m'étant arrivé... Il est des gens hargneux, qui sur les moindres cas... Elle ne la vaut pas D'ailleurs, l'heur de vous voir si fortement me touche, Que sur toute autre chose il me ferme la bouche. Ne parlons que de joie, et jusqu'au conjungo, Laissez-moi, s'il vous plaît, m'en donner à gogo, Point d'affaires en jeu que celle de la Noce. Je vous promet au reste un superbe Carrosse, Avec six Chevaux... Là, de ces Chevaux fringants... Pour des jupes, des points, des coiffes, et des gants, À foison tout cela. Non, dites-vous ; et moi je presserai sans cesse, À moins que ce ne soit vous choquer, car mon coeur A déjà fait pour vous un si grand fond d'ardeur... Me marier demain ! Vous me ferez plaisir. J'ai naturellement quelques impatiences. Qu'elle est belle ! Plus cent fois que tu ne penses, Follette. Pardonnez, le style est familier ; Mais quand le lendemain on doit se marier... Beau-père, on remet la partie. Des six Chevaux fringants veut-elle être nantie ? Tout à l'heure, on en trouve à Madrid de tout faits. On m'a bien défendu de prendre garde aux frais Mon père a tant de bien, que pour être aimé d'elle, Semer dix mille écus c'est une bagatelle. J'ai quelque diamants qui nous mèneront loin. Quoi, ce frère indien, Don Lope, qu'autrefois L'Amour fit décamper ? Soleil ne vient de six mois ? Le terme serait long. De tout en arrivant je me suis fait instruire. On vous fait de ce fils espérer le retour ? Don Lope ? Il me faut mettre sur mes atours, Et pour me façonner aller voir quelque Belle. Béatrix de Guzman, j'ai des Lettres pour elle. Inès de Vélasco, je la dois voir aussi. Volontiers, c'est le mieux d'être produit par vous. À ne vous rien cacher, votre Infante Isabelle, Beau-père, est d'une humeur grandement telle quelle. Elle n'a qu'à parler, si je ne lui plais pas. Le bien, vous le savez, est un puissant appas, Je trouverai partout des Femmes à revendre. C'est par pure amitié... Demain, Je me tiendrai donc prêt à lui donner la main. Si je la trouve encor d'humeur contrariante, Bonsoir et bonne nuit. Je crois n'avoir besoin que de cinq cents Pistoles. Eh, Beau-père, il fera de l'argent après nous. J'irai faire tantôt emplette de bijoux, Je m'y connais. J'en veux régaler votre fille. C'est l'ornement du Sexe, il aime ce qui brille. Je vous suis, laissez-moi parlez à ce valet, J'ai quelque ordre à donner. Guzman. La rencontre est heureuse. Suffit Que je m'en suis tiré. Il pouvait s'y tromper ; qui fit l'une, a fait l'autre. Toi-même ne connus l'échange que le soir. Sans argent, nous cherchions le moyen d'en avoir, Le voilà tout trouvé. Va c'est si rarement que je viens à Madrid, Qu'à moins de Don César, je tiens la pie au nid. Moyennant ce que j'ai trouvé dans la valise, Je passe ici pour lui, Don Fernand me courtise, Et craint tant que de moi je n'ose disposer, Qu'au besoin pour sa fille il voudrait m'épouser. C'est par là que je plais, on me cherche partout. J'en ai pris l'habitude, et ne m'en puis défaire. Il s'agit d'attraper les écus du beau-père. Si Don César ici me vient prendre sans vert, Ce que j'aurai touché sera mis à couvert, J'aurai bientôt alors disparu. Va m'attendre Dans ce petit Logis qu'exprès tu m'as fait prendre La fourbe va trop bien pour ne pas l'achever ; Quand je serai garni, j'irai te retrouver. Je n'ose encor vous appeler mon père, Tant le trouble stupide où vous m'avez surpris Me fait peu mériter le nom de votre fils. J'eusse écouté le sang, et cru son témoignage, Sans la noire vapeur d'un importun nuage, Qui me cachant vos traits, m'a fait tenir suspect Ce que pour vous d'abord j'ai senti de respect. Cet oubli malgré moi de temps en temps m'arrive, Je me fais des Objets une image tardive, Mais enfin cela passe, et mes égarements Me laissent à moi-même après quelques moments. Ah, mon Cher, de Goa soyez bien revenu. À certain air sournois je l'aurais reconnu, Et juré mille fois, en voyant sa figure, Que de son propre père il est la géniture. Vers le menton aussi je lui trouve de vous Je ne sais quoi, non pas aussi beau, ni si doux, Mais assez approchant. Quoi qu'il en soit, beau-frère, Touchez là. Serez-vous jusqu'au soir à vous taire ? Vous ne me dites mot. Vous dites bien, si vous ne parlez guère, Et ce ne sont point là selles à tous chevaux. Peste, les indiens ne sont point des badauds, On a là le bon sens Pour votre bienvenue Je veux presser la noce, afin qu'en festoyant Nous fassions amitié. Le brave homme ! Non dea, je le maintiens. On devient de bon goût parmi les indiens ; Il se connaît en gens. Votre soeur Isabelle est un peu lunatique. Ah, vous en faites donc ainsi la dégoûtée, Sans le Beau-frère, allez, vous seriez rejetée, Et j'irais de ce pas, où me faisant honneur, Je suis sûr que le Oui se dirait de grand coeur Vous vous abaisseriez en m'épousant ? Gardez que je n'éclate, et qu'il ne vous en coûte. Oui ? Suffit, qu'elle y revienne. Ma Famille vaut mieux mille fois que la sienne ; Et si nous supputions, sans tout prendre en un tas, Le Quart d'un Avalos vaudrait quinze Vargas ; Soit dit sans offenser le Vargas, mon beau-frère. Dès maintenant J'en vais coucher ma plainte au vieux père Fernand. Il a bien fait d'en être revenu. Ma foi, j'en suis d'avis qu'à Goa, pour vous plaire, Le reste de ses jours on vous confine un frère. Avisez, car à moins que ce ne soit demain, Serviteur. La petite lionne ! Elle jase, ma foi. Vous avez vu mon père ? Don Alonse ? À Séville ? La maudite affaire ! Oui, pour vingt mille écus. Aux mains de Don Fernand ces lettres sont remises. Mon père est homme... Allez, je lui ferai savoir Que pour moi le beau-frère a bien fait son devoir. Cependant je crains fort... Si nous pouvions, demain Il faudrait que sans bruit... Quel ? Et bien ? Non. Cela mérite-t-il de vous mettre en courroux ? Sans compliment, Je vous quitte, et vais voir le beau-père un moment. Il pouvait jusqu'au soir prolonger sa visite, C'est à quoi nul de nous n'eût voulu s'opposer. Vous autres vieux Grisons, vous aimer à jaser, Vous ne finissez point. À moi ? Qu'avons-nous donc ensemble à démêler ? La Lune a-t-elle point disloqué sa cervelle ? Enrique soit, Enrique est pour moi peu de chose. Vous avez comme lui le timbre estropié, Beau-père. Que diable aussi veut-on que nous ayons ensemble ? Je ne l'ai jamais vu. Non jamais. Non, vous dis-je, il me prend pour un autre. D'Avalos ? Serais-je Don César sans m'en être aperçu ? N'importe, avouons tout. Et bien, je lui pardonne, Mais à condition que je ne le verrai Qu'après que de l'hymen j'aurai fait plein essai. Parce que je puis mettre une femme à son aise, Il craint qu'on ne m'engage ailleurs ? Ne vous déplaise, Je veux aller, courir, voir, me faire prier. Si l'on craint de me perdre, on peut me marier. Je suis jusqu'à demain de l'Épouse future Le très futur Époux ; passé cela, j'en jure, Je porte le mouchoir où le coeur m'en dira. Tantôt qu'elle a voulu jaser avec son frère, Il l'a bientôt réduite au parti de se taire Voyant que pour l'hymen elle n'allait pas droit, Il vous l'a chapitrée. Comment ? M'arrêter ! Et pourquoi ? Halte-là, s'il vous plaît. Moi, j'ai tué ? Je ne sais ce que c'est. Suis-je un tueur de gens ? Tirons-nous de la lettre, avouant cette mort. Sur tout cas chagrinant j'ai recours au silence, Mais puisque enfin du fait vous avez connaissance... Ah, l'importun beau-père ! Payons d'effronterie. Ce détail est de lui plus séant que de moi ; Puisqu'il a commencé, qu'il vous dise le reste. Environ. Enfin vaille que vaille, Le Mort mourut, et moi j'eus le champ de bataille. C'est un Mort bien complet, qu'un Mort de ma façon. Ah, vous voilà, mon aimable Dondon. Çà, qu'un peu moins de brun sur votre front se voie. Le chagrin ne vaut rien, tournez-vous à la joie, Je vous donne l'exemple. Je vous l'ai... Qu'on me fâche, Par la mort... Avez-vous des ennemis secrets ? Parlez, j'estramaçonne, et je vous en défais. De moi ? À vous le dé, beau-père. Vous pouvez bien user du pouvoir paternel ; Autrement (et j'en fais un serment solennel) Si vous ne la rendez, avant que le jour passe, D'humeur à souhaiter d'amplifier ma Race, Je prends parti. Couper la tête ! Diable, elle y va d'un plein faut. Beau-père, encor un coup, si vous n'y prenez pas garde, Rien de fait entre nous. Il faut vous donner temps De pouvoir seul à seul lui rendre le bon sens, Et cependant j'irai... Que pour moi rien ne vous embarrasse. Je vais vous envoyer le Beau-frère, avec lui Vous pouvez en résoudre encor tout aujourd'hui. Cela fait, je déloge. Encor Enrique ? Vous avais-je pas dit, impatient Beau-père, Qu'une si prompte paix n'était pas nécessaire ? Il va faire le fier de se voir recherché ; Cependant c'est lui seul qui gagne en ce marché. En fera-t-il un pas ? Si l'accord l'embarrasse, Je l'en quitte, et suis prêt à ne parler de rien. S'il ne l'a pas en tête, Vous l'en pressez en vain, c'est une fine bête. Voyez comme en silence il tient son quant à moi Dieu me damne, il se moque et de vous et de moi, Beau-père. Voilà Comme il est sans rancune ? Allons donc, touchez là. Votre gendre ? Oui son gendre, et des mieux engendrés. Beau-père, je suis las D'entendre un harangueur à qui je ne plais pas. Je suis venu ici par l'ordre de mon père ; S'il faut rompre, rompons, volontiers. Est-ce qu'ailleurs je pourrais trouver pis ? Allez, si ce n'était Don Lope votre fils, Qui m'aime, qui sait vivre et me demande grâce, Quand sa sotte de soeur me parle avec audace, J'aurais déjà dix fois... Je m'en vais le chercher, Lui conter mes raisons ; et si sans se fâcher Je puis vous planter là, vous et Soeur Isabelle, Tenez-vous tout planté. Soyez le bien trouvé, je vous cherchais, beau-frère. En deux mots comme en cent, je suis fort dégoûté Des sots raisonnements de votre Parenté. L'un fait l'homme important, l'autre la délicate ; Et ce vilain Monsieur, encor de fraîche date, À ce qu'il m'a paru, semble n'approuver pas Que... Qu'il s'explique ; J'ai l'honneur placé haut. Veut-il douter de moi ? Que je sois Don César ? Si c'est lui ? La méprise était bonne. Douter de Don César ! Je le suis en personne, Entre les Avalos César très signalé. Cela serait fort inutile. Tant mieux s'il les connaît, laissons-les en repos. Il n'est question ici que de trois mots. Veut-on conclure ou non ? Mais sans en rechigner ; Autrement, marché nul. Ah, vous entrez en goût à la fin. Si j'emploie Tout mon talent de plaire, il faudra que bientôt... Mais d'où vient que ... Vous savez bien que non. La valise ! À propos, j'oubliais un portrait Que pour vous de mon père un fameux peintre a fait, Il faut vous le donner. Qu'on apporte ma malle. Guzman, holà, Guzman. J'ai craint d'être importun, mais sans tant de paroles, En quoi vous suis-je utile ? Bon. Et bien, ça, de bonne amitié. Composons. J'en rendrai la moitié ; Sinon, dès à présent je prends la négative. Faites preuve. Il faut que chacun vive. Je perds encor assez à n'être point l'époux De cette belle infante ; et tout cela, pour vous. Je m'oppose à la fête à moins qu'on m'indemnise, Il y va trop du mien. Si l'on cherche un brave homme, en voici la monnaie. **** *creator_corneillet *book_corneillet_domcesardavalos *style_verse *genre_comedy *dist1_corneillet_verse_comedy_domcesardavalos *dist2_corneillet_verse_comedy *id_ENRIQUE *date_1674 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_enrique Voilà ce qu'on m'écrit. Non pas sans doute assez pour lui coûter la vie. Outre que l'action, à la prendre en rigueur, Telle qu'on me la mande, est d'un Homme de coeur ; Mais c'est toujours un Mort, et tout Mort embarrasse. Si l'affaire est tombée en accommodement ; Nous en aurons bientôt plus d'éclaircissement. Au moins à voir le jour dont ma Lettre est datée, C'est de beaucoup trop tard qu'elle m'est apportée. Comme avant cette mort Don Alonse avait dit Que son fils se venait marier à Madrid, Et qu'on nous voit toujours Ennemis, on veut croire Qu'agissant contre lui, je dois en faire gloire, Et que s'il est chez vous, comme on n'en peut douter, Je prêterai la main à le faire arrêter ; Mais la division n'empêche point l'estime, Et quand ma haine encor serait plus légitime, Le nom de votre gendre, et ce que je vous dois, Contre ses ennemis lui répondraient de moi. Ordonnez, je suis prêt, et tout vous est permis. Mais comme Don César est plus fier qu'il me semble, Ne vous commettez point à nous trouver ensemble, Que vous n'ayez pris soin vous-même de savoir S'il pourra sans aigreur consentir à me voir ; Me montrant tout à coup, j'ai peur qu'il ne s'emporte. Cependant empêchez quelques jours qu'il ne sorte. Il s'est trop fait connaître en arrivant chez vous ; La nouvelle en est sue, il a force jaloux, On l'épie, et pour lui la prison est à craindre. Don Lope est à Madrid ? Croyez qu'avecque vous j'en partage la joie, Quand Don César et moi nous serons réunis, Il faudra que je vienne embrasser ce cher fils. Et l'aimable Isabelle ? À quand le mariage ? Depuis de deux ans que j'ai quitté Séville, J'ignore ce qu'il est ; mais quand je suis parti, C'était de mille dons un esprit assorti. Je ne sais quoi d'aisé, du brillant, du solide. Ah, Don César n'a point cette bassesse d'âme. Il est civil, honnête, et dans ce que j'en sais... C'est lui-même, il est vrai. Je pense Qu'il aurait quelque peine à souffrir ma présence. Je m'éloigne, et vous laisse en pouvoir d'obtenir Qu'il consente à l'accord qui nous doit réunir. J'aide à vous tromper ? Moi ? Oui, tantôt un moment. Rien ne m'est plus connu. Oui. Autant que de moi-même. Ma surprise est extrême. Pourquoi ces questions ? Quoi, votre fils peut dire... C'est qu'il le connaît mal. J'appuierais contre vous un lâche stratagème ? Je l'ai vu, croyez-moi, c'est Don César lui-même Qu'il vienne. Lisez, les compliments sont bannis d'entre nous. L'avis est surprenant. Qu'est-ce qu'il vous en semble ? Votre fils est-il mort et vivant tout ensemble. Les termes sont précis. Je craindrais... Les Caisses chez Gomez par Don Lope laissées, Doivent causer un peu de trouble à vos pensées. Le fait est positif. Mais celui qui prétend que j'ose vous tromper, Qu'appuyant un faux nom j'ai part au stratagème, Dites, serait-il point quelque Imposteur lui-même. Qui chez vous introduit en qualité de fils, Sous des traits ressemblants vous aurait tous surpris ? Tout cela se dit-il par forme d'entretien ? Je n'ai rien à vous dire. C'est un jeu qui vous plaît, d'accord, songeons à rire. Oui sans doute. C'est donc là votre gendre ? Usez-en tout comme vous voudrez, Je ne dis mot. Un père est maître en sa famille, Et peut, comme il lui plaît, disposer de sa fille ; Mais si vous prétendez... La franchise est nouvelle. Quel est ce digne gendre, et par quel changement Manquez-vous de parole à Don César. De grâce, Entendons-nous. Celui qui nous quitte la place, C'est Don César ? Ah, si c'est lui, j'ai tort. D'avoir dit qu'il était d'un esprit doux, accort. Don César ! Un fou le pourrait être ? Quand avec vous ici j'ai tantôt discouru, Je l'avoue, à mes yeux Don César a paru ; Mais... Quoi, ce fou qui se retire, Est celui qui tantôt s'est montré ! Et c'est lui que j'ai vu ! Sans doute Vous avez vos desseins ; pour moi, je n'y vois goutte. Oui, je le nie. Adieu, Vous vous divertissez. Que puis-je, quand pour vous mon zèle en vain s'explique ? Et bien ? Prétendez-vous contester davantage ? Voici Don César. Votre fils ! Du retour de Goa j'ignore le mystère ; Mais pour lui, j'en suis sûr, Don Alonse est son père. Oui, je ne m'abuse point. C'est Don César. Gomez de sa mort vous écrit la nouvelle. Don Fernand vous répondra de moi. Oubliez cette perte, et d'une âme contente Donnez ordre à l'hymen qui charme son attente. Non, c'est lui que je vois. Je me rends. **** *creator_corneillet *book_corneillet_domcesardavalos *style_verse *genre_comedy *dist1_corneillet_verse_comedy_domcesardavalos *dist2_corneillet_verse_comedy *id_ISABELLE *date_1674 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_isabelle Va, ta direction aura son plein salaire. Ne crains rien ; mais dis-moi, je reviens à ce frère. Si Don Lope est ici, pourquoi ne vient-il pas ? Je n'avais que cinq ans, et me souviens fort bien Que mon père apprenant qu'ils avaient pris la fuite, En fit faire partout une exacte poursuite. C'était fait de Don Lope, il n'était plus son fils. Tu me fais réfléchir sur ce que je hasarde. C'est au bien seulement que mon père prend garde. L'époux qu'on me promet, peut n'être pas de ceux Qui font parler d'abord leur mérite pour eux. Mon coeur n'ose m'en faire une aimable peinture ; Et s'il faut t'expliquer ce que je m'en figure, Avec un tel excès la fortune lui rit, Qu'il me trompera fort, s'il est riche en esprit. Le bien fait de grands sots. Peut-être est-ce par là qu'il tâche de lui nuire. Quelquefois on élève afin de mieux détruire, Rien n'est plus dangereux que de préoccuper. Quand il faut dire oui, pour ne plus dire non, Crois-moi, l'on n'y saurait faire trop de façon ; La chose est pour mon compte. Ainsi sans nul scrupule Le bien te ferait prendre un mari ridicule, Un de ces obstinés dont rien ne vient à bout ? Moi, qu'y pourrai-je avoir ? Est-ce que l'on me voit... C'est ma cousine. Quoi, tu présumerais que j'aurais pu... Moi, non pas, Mais... Eh. Au moins garde-toi d'en rien dire. L'air, le port, la taille, tout en plaît. Galant, spirituel, mais je ne sais qui c'est. Apprends l'aventure bizarre Qui m'expose aux chagrins que l'amour me prépare. Un de ces derniers soirs étant sortie exprès Pour aller où chacun aime prendre le frais, Je marchais à pas lents avecque ma cousine, Quand un je ne sais qui d'assez mauvaise mine, Troublant notre entretien par de sots compliments, Nous ôte la douceur de ces heureux moments. Sa poursuite obstinée allant à l'insolence, Un Cavalier survient qui prend notre défense. Il repousse l'insulte, et d'un air peu commun, Met la main à l'épée, et fait fuir l'importun. Juge à quoi ce service engage une belle âme. Ce cavalier m'aborde, et d'un oeil tout de flamme S'attachant fortement à me considérer, Me fait l'offre d'un coeur que je fais soupirer. Cent discours obligeants secondent cet hommage. Que d'esprit ! On ne peut en montrer davantage ; Mais la nuit survenant, nous rompons l'entretien, Lui sans dire son nom, moi sans dire le mien. Le reste au lendemain, à même heure, au lieu même, Il me répond d'un feu qui va jusqu'à l'extrême, Et devant Léonor veut m'engager sa foi, Que jamais, quoi qu'on fasse, il n'aimera que moi. Je l'ai vu quatre fois ; toujours même assurance D'un amour sans égal, d'une entière constance. Mon coeur contre sa flamme a peine à s'obstiner, Et voudrait être à lui, s'il osait se donner. Tout de bon, Par tant de qualités il mérite qu'on l'aime... Il est fort riche. Mais quel mal en peut naître, Puisque apprenant mon nom il se fera connaître ? Son Maître, ou je me trompe, aime le compliment. Et s'il ne peut me plaire ? Tant mieux. L'or est d'une couleur qui réjouit les yeux ; Mais le coeur ? J'appréhende si fort... Qu'il est sot, Béatrix ! Ah, j'enrage. Béatrix, épouser un ridicule, moi ! Quel original ! Rien encor ne vous presse. Moi ? Non pas si tôt. Mon père, Vous voulez bien qu'au moins nous attendions mon frère. Pas tant qu'il dût détruire... Eh, mon père, daignez m'accorder quelques jours. Mon père. Hélas que je suis malheureuse ! Que vois-je ? C'est celui dont tantôt nous parlions. Lui-même. Que le sort m'est cruel ! Quoi, vous êtes mon frère ? Hélas ! Faut-il qu'il soit mon frère ? Car ne me parle plus de Don César. Que direz-vous de moi ? Ma honte en est extrême. Comment avecque vous faut-il que je m'explique, Mon Frère ? Je rougis lorsque je me souviens, Et de ma complaisance, et de nos entretiens. Quelles plaintes de vous n'ai-je pas lieu de faire ? Car vous saviez déjà que vous étiez mon frère, Et n'avez si longtemps caché votre retour, Que pour voir sur mon coeur ce que pourrait l'amour. Cependant la surprise est assez à blâmer. On sait de quelle sorte un frère doit aimer, Et je ne conçois point à quel dessein votre âme, Tournant tout sur l'amour, m'a fait voir tant de flamme. Pourquoi par mille voeux avoir tenté ma foi ? Ne me blâmez donc point, si m'y laissant surprendre, Il peut m'être échappé quelque soupir trop tendre. Vous vous étiez pour moi déclaré hautement, Vous avez du mérite, et parliez en amant. C'est par là que dans l'âme un beau feu se consomme, Un frère qui se cache est fait comme un autre Homme, Et pour se faire aimer, a d'autant plus d'appui, Que le sang en secret s'intéresse pour lui. Ne me demandez rien. Qu'ai-je à dire, hélas ! Quand vous êtes mon frère ? Vous n'avez là-dessus besoin de rien entendre, Et vouloir à l'hymen pour jamais renoncer, C'est... J'en dis trop, pourquoi m'en osez-vous presser ? Je sais qu'avec mon père, En prenant ce dessein, je me fais une affaire. Il veut sans résister que je donne ma main. Il le prétend en vain. De mes sens abusés j'ai cru la flatterie ; Plus d'hymen. Je pourrais l'accepter, s'il était tel que vous. Don César ? Quoi Don César d'Avalos, Dont le bien fait, dit-on, tant de bruit à Séville ? Vous prenez un soin fort inutile. Jamais homme ne fut jusques à maintenant, Et de moins de mérite, et plus impertinent. Un esprit bas, rampant, qui ne sent que la fange. Non, il est trait pour trait, Je ne m'abuse point. Mais aussi la nature... Mes yeux. Mes propres yeux. C'est la sottise même. Ainsi, mon frère, Quoi que vous me disiez, quoi qu'ordonne mon père... Oui, moi ! Mais à ce que je dis ne donnez point de foi, N'en croyez que vous seul, le voici qui s'avance. M'avait-on prévenue ? Le portrait est-il faux ? Vous êtes clairvoyant. Me conseilleriez-vous... Quoi, mon frère ? Pas mieux ? Ah, mon frère ! Il faut l'avouer, j'eusse en peine À croire en vous pour moi ce sentiment de haine, Car sur ce triste hymen me parler d'obéir, L'appuyer contre moi, c'est plus que me haïr. Vous pouvez y aller, car je vous certifie Que si c'est sur vos biens que votre amour se fie, Je n'en fais aucun cas, et crois valoir assez, Pour ne pas m'abaisser autant que vous pensez. Sans doute. Qu'il éclate autant qu'il lui plaira. Je perdrai sans regret ce qu'il m'en coûtera. Quoi, vous-même vouloir me rendre misérable ? Ah, qu'aux Indes encor n'êtes-vous retenu ! Du moins... J'en ai bien lieu. J'aime assez un amant qui menace. Lui ? Vous en êtes sûr ? Et moi, je vous déclare, À quoi que Don César contre moi se prépare, Que la chose avec lui n'ira point plus avant, Et que s'il faut parler, j'entre dans un couvent. Avec vous là-dessus qu'il prenne ses mesures ; Viens. Viens, te dis-je, suis moi. En puis-je profiter, Quand Enrique me dit qu'on vous doit arrêter ? Qui jamais aurait cru ce qu'il vient de m'apprendre. Mon Père ? Don César... Quand un homme est tué, ce n'est rien, dites-vous ? Si de vous seulement vous vouliez me défaire ?... Moi ? L'aveuglement pour moi serait honnête. L'épouser, et qu'ensuite on lui coupe la tête ? Qu'il se tire d'affaire ; ensuite, s'il le faut, Je m'expliquerai net sur ce qui le regarde. Le bien pour l'hyménée est un motif pressant ; Mais à quoi voulez-vous, mon père, qu'il m'engage, S'il n'est accompagné de quelque autre avantage ? Pouvais-je deviner qu'il était ridicule, Que son discours rempli de termes affectés... À parler franchement, j'admire que mon frère Sur le choix d'un tel gendre à vos souhaits défère. S'il fût ici venu quelque temps avant vous, L'imposture eût trouvé tout crédit parmi nous. Nous vous aurions cru mort. Ne vous connaissant pas, je dois tomber d'accord Que j'aurais moins senti l'ennui de votre mort. Vous pleurant, j'eusse au moins évité le supplice, Où de vos sentiments m'expose l'injustice. Me vouloir engager à Don César ! Et quel bonheur attendre, Quand je ne vois en lui que du bien à prétendre ? Ah, mon frère, toujours, encor qu'il se déguise, Il aura l'air choquant, dira quelque sottise. Le dégoût que j'en ai ne se peut surmonter. Vous ? Serait-il vrai, mon Frère ? J'admirais, à le voir, qu'on me l'eût pu vanter. Un Homme qui paraît n'aimer qu'à faire rire. Mais quand cet Imposteur joue un faux Personnage, Où le vrai Don César peut-il être ? En êtes-vous content du côté de l'esprit ? Vous l'aimez donc, mon frère ? S'il l'a pu mériter, il doit être parfait. Mais, mon frère, daignez achever son portrait. L'air, les traits ? Comment le refuser, s'il est fait comme vous ? Mais ce faux Don César qu'ici l'on voit paraître, Se dit le vrai, comment peut-il ne le pas être ? Mon père qui connaît l'écriture du sien, A pour lui... Allez donc en donner la nouvelle à mon père, Afin qu'instruit du piège, il puisse en l'évitant S'assurer, s'il le faut, du Fourbe qui le tend. Que s'il est tel que vous l'avez peint... Adieu mon frère. Béatrix. Serais-je heureuse jusqu'au point Qu'il ne fût pas... Je n'ose en former l'espérance. Se pourrait-il... Ah Ciel ! Si l'amour a sur vous un pouvoir absolu, Ce que j'en ai souffert ne vous a pas déplu. Non, j'y crois trop gagner, Pour ne pas obéir avec toute la joie... **** *creator_corneillet *book_corneillet_domcesardavalos *style_verse *genre_comedy *dist1_corneillet_verse_comedy_domcesardavalos *dist2_corneillet_verse_comedy *id_BEATRIX *date_1674 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_beatrix Oui, vous dis-je, l'on vient d'assurer votre père, Qu'ici, depuis une heure, on a vu votre frère. Par les derniers vaisseaux venus de Cadix De son prochain retour on avait eu l'avis. Peut-être est-il fâcheux qu'après douze ans d'absence Il vienne avecque vous partager la finance ; Mais le Ciel qui vous donne un époux à souhait, Répare assez le tort que ce frère vous fait. Les Ducats... À propos, quand vous serez sa femme, N'allez pas, s'il vous plaît, faire trop la grand'Dame. Je suis de la maison depuis plus de vingt ans. Je vous ai dirigée, et par là je prétends... Peut-être il craint encor le bonhomme ; en ce cas Il cherche quelque ami par qui pouvoir apprendre, Après son fol hymen, l'accueil qu'il doit attendre. Enlever une fille et sans nom et sans bien... Aussi pendant dix ans n'en a-t-on rien appris ; Mais enfin étant veuf, il a demandé grâce ; Sa femme était son crime, elle est morte, il s'efface. Les Lettres l'ont de loin assuré du pardon. Je crois le voir encor ; il avait l'air si bon. C'était un de ses Gens qu'on ne peut voir sans prendre, Dès la première fois, je ne sais quoi de tendre. Son malheur fut d'aimer un peu trop fortement. Qu'est-ce donc ? Vous voilà tout je ne sais comment ? C'est un prétexte honnête Pour porter sans rougir la qualité de bête. Mais n'appréhendez rien ; Don César d'Avalos, Quoique riche, n'est point du nombre de ces sots. La preuve par Enrique en est assez facile. Ainsi que Don César Enrique est de Séville, Et le bien qui s'en dit par lui-même affermi, Est d'autant moins suspect, qu'il est son Ennemi. Et vous croyez qu'Enrique oserait vous tromper, Lui qui depuis deux ans que dure son affaire, N'a d'amis à Madrid que ceux de votre père ? Eh, puisque c'est la mode, Ne songez qu'aux écus, c'est là le plus commode. Quand les maris en ont, de quoi s'inquiéter ? S'ils veulent être Sots, il faut les contenter. Est-il si difficile ? Vivent les gens d'esprit, ils se tirent de tout. Mais quand pour Don César la crainte vous arrête, Dites, n'auriez-vous point quelque autre chose en tête. Eh, mon Dieu, le mal vient plus vite qu'on ne croit. Que sait-on ? Depuis peu je vous trouve inquiète. De votre cabinet vous aimez la retraite, Sans moi chez Léonor vous allez fort souvent. Elle est une tête à l'évent ; Et pour vous parler franc, vous auriez bien la mine D'avoir fait un cousin en cherchant la cousine. Ma foi, Si vous me le cachez, défiez-vous de moi. Je vais, pour le savoir, mettre tout en usage ; Et si j'apprends sans vous... vous rougissez ? Courage, C'est bon signe. Enfin donc vous aimez ? Quelqu'un est épris de vos jeunes appas ! Poursuivez. Je ne sais rien encor. Ce quelqu'un qui soupire Est bien fait ? Vous l'ignorez ? Qu'au moindre mot d'amour la Jeunesse est crédule ! Ce diseur de beaux mots sait dorer la pilule ; Et si vous en croyez son doucereux jargon, Votre fortune est faite avec lui ? Bon, c'est la richesse même ; Il vous l'a dit, pourquoi ne l'en croiriez-vous pas ? Pour noble, on l'est d'abord qu'on fait le fier-à-bras. Ce fut là son début ? Tenez-vous-en, de grâce, à votre époux futur. Avec lui l'abondance est pour vous un coup sûr ; C'est là qu'il faut donner ; le reste, bagatelle. On t'attend, Va vite. De quel soin vous chargez-vous ? En somme Il est riche, peut-il n'être pas honnête homme ? Taisez-vous, le voilà. S'il l'est déjà, tant mieux. C'est pour vous au besoin de la peine épargnée. Il aime à rire, est-ce là tant de quoi ? Le plus grand des malheurs, c'est celui d'être gueuse. Tout vient avec le temps, laisse faire. Hélas ! Monsieur, quoi, c'est donc vous que le Ciel nous renvoie ? Vous revoir ? Quelle joie ! Si j'osais... Douze ans entiers sans vous ! Je ne me sens point d'aise, Monsieur. Pourquoi faire tant le surpris ? Vous ne connaissez plus la pauvre Béatrix ? Que dit cet insensé ? Allons, il ne faut point qu'ici je vous retarde. Entrez ; on vous attend, Monsieur. Sans doute, et des plus doux. Que veut-il dire ? Si je le connais ? Moi, qui dans ses feux secrets, Sitôt qu'on l'accusait, prenais ses intérêts ? Il n'est donc pas Don Lope. S'il m'en eût voulu croire, il se fût bien gardé D'épouser... Mais l'amour l'avait trop possédé. Tout est bien comme il est, n'importe. Craignez-vous d'entrer ? Plus de querelle, Le bonhomme est sans fiel, il vous pardonne tout. Son père en viendra mieux à bout ! Je m'en vais l'avertir. Vous avais-je pas dit qu'il avait bonne mine ? Quoi ? Vous soupirez ? Pour faire un tour en Ville il ne fait que sortir. Qu'est-ce ? Eh, comme tu sais. À ce compte, Tu m'aimerais un peu. Les jeunes gens toujours aiment à coqueter. Il faut bien avec eux entendre raillerie. Oh, quoi qu'il m'eût offert, comme j'aime la gloire, À moins que de l'honneur... Mais la petite soeur était avecque nous. C'était plus qu'avoir la porte ouverte, Dès l'âge de trois ans elle avait l'oeil alerte. Jamais rien que de bienséant ; Pour des paroles, passe ; autre chose, néant. Dame ! C'est le tout. Avec certaine fille il eut intelligence, Belle, mais mal en biens, de même qu'en naissance ; On la nommait Jacinte. Il la voyait souvent, Parlait de l'épouser, son père en eut le vent. Il pesta, fulmina, lui défendit sa vue, Et voyant par le temps sa passion accrue, Pour la mettre où son fils ne la pût retrouver, Il résolut enfin de la faire enlever. Mais ayant eu sur l'heure avis du stratagème, Le fils prévint le père, et l'enleva lui-même, Et prenant ce qu'il pût d'argent et de bijoux, Par une prompte fuite évita son courroux. Pour courir après eux, quelque soin qu'on pût prendre, Autant de pas perdus, on n'en put rien apprendre, Tant que Don Lope enfin après plus de dix ans Manda qu'il était Veuf, et n'avait point d'Enfants ; Qu'il s'était à Goa par un peu d'industrie, Fait un fonds assez grand pour y passer sa vie, Et qu'il s'y résolvait, si son père irrité Gardait toujours pour lui même sévérité. De son éloignement voilà ce qui fut cause. Il aimait bien sa Femme ? Quand elle mourut, Quelle angoisse ! Il pouvait la pleurer, elle avait bien des charmes. Des yeux perçants, un air à n'en point revenir. Autant qu'il m'en peut souvenir, Elle était médiocre. Et Sganarelle ? L'a t-on ramené ? Il était à ton Maître avant toi. Volé ! Qui l'aurait cru de lui ? C'était la fidélité même, Quand il était ici. Comme on change ! Il ne l'avait pas tant. Peut-être. Entrons. Nous le verrons. Pouvoir à Béatrix soutenir... Entre nous, Monsieur, vous savez bien ce qu'il faut que j'en pense. Vous ayant en tête, Tout autre auprès de vous, Monsieur, lui parait bête ; Mais Don César n'est point si sot qu'elle vous dit. Il a ce qui fait seul le mérite et l'esprit, Des ducats à milliers. Eh, Madame. Monsieur. Madame. Qui vous a donné ces belles tablatures ? Monsieur, ne croyez pas... Encor tout maintenant nous nous sommes grondées ; Il ne tient pas à moi qu'elle n'est le bon pli. Je trouve Don César un époux accompli. C'est le bien que j'en dis qui fait notre querelle ; Je ne puis... Mais que vois-je ? C'est autant de pendu. Où vas-tu malheureux ? Dieu te garde. Elle-même. Est-ce qu'il t'en souvient ? Assez. Que j'ai pitié de toi, mon pauvre Sganarelle ! J'y trouvais comme vous quelque chose à redire, Je le cherchais en lui, mais je savais en gros Qu'il était honnête homme, et j'étais en repos. Ai-je eu tort de vouloir toujours le mariage ? On fuit. Bonne marque, on se craint. Cette Lettre est pour vous, on vient de l'apporter. Écoutons. Mais cependant le malheureux soupire ; On l'entend au Caveau qui pousse les hauts cris. Monsieur, comme il détale. Sans Carlin c'était fait, il eût gagné la porte ; Il l'a pris au collet, et le ramène ici ? C'est le moyen de plaire, Prends-les. **** *creator_corneillet *book_corneillet_domcesardavalos *style_verse *genre_comedy *dist1_corneillet_verse_comedy_domcesardavalos *dist2_corneillet_verse_comedy *id_SGANARELLE *date_1674 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_sganarelle Bonjour, Monsieur. Qui se fut attendu... La douleur qui me presse... Ah, Monsieur ! Monsieur, si je l'ai pris, C'est à mon grand... Bonjour, ma pauvre Béatrix. Est-ce là la petite Babette ; Qui n'était qu'un bouchon quand nous fîmes retraite ? En douze ans comme une fille vient ? Je l'ai bien fait sauter. La voilà belle et grande. Mon pauvre Maître, En partant de Goa, brûlait de la connaître ; Mais sa mort... Si bien mort qu'il n'en reviendra pas. Oui, la mort de sa femme L'a si bien tourmenté, qu'il en a rendu l'âme. À Cadix, chez Gomez votre correspondant, En cinq jours. Il m'est dû la moitié de mes gages. Comment Coquin ? Quoi ? Les injures encor seront mon réconfort. Moi ? Au secours. La voix me manque, ah, ah. Qu'il ne m'approche point ; j'ai si peur des esprits... Pouvez-vous... Volés ? Patience, Pour un mort, vous n'avez guère de conscience. Il croit vivre encor ? Au diable soient les Morts, et toute leur séquelle. J'ai dit ce que j'ai fait. Monsieur. **** *creator_corneillet *book_corneillet_domcesardavalos *style_verse *genre_comedy *dist1_corneillet_verse_comedy_domcesardavalos *dist2_corneillet_verse_comedy *id_CARLIN *date_1674 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_carlin Non, j'ai su seulement du valet d'écurie, Qu'ayant jusques au jour dormi fort en repos, Il s'était fait montrer la route de Burgos. Je m'y rends au plus vite, et dans cette entreprise Me servant des billets trouvés dans sa valise, Qui tous sont adressés à Don Pascal Giron, Je m'informe avec soin si l'on connaît ce nom. Ma recherche n'est pas tout à fait inutile. J'apprends que Don Pascal est natif de la ville, Et que depuis deux mois et plus qu'on ne l'a vu, Aucun n'a découvert ce qu'il est devenu. À moins que de l'ouvrir, dites-moi, comment diable L'aurais-je pu connaître ? Elle est toute semblable. Voilà ce que nous vaut l'ardeur de votre amour. Vous nous faites partir une heure avant le jour. Sans savoir que la place avec vous était prise, J'entre dans votre chambre, et trouve une valise. Croyant que l'autre lit n'était point occupé, Je prends sans rien choisir ; qui ne s'y fût trompé ? Vous deviez m'avertir que vous aviez un Hôte. Ce voyageur nocturne a joué là d'esprit. Fait à trouver son compte aux tours de passe-passe, Sans doute il a changé nos valises de place. Eh, Monsieur, il est tant de ces adroits filous, Qui toujours pour le monde observant des mesures, Tournent sur le hasard toutes leurs aventures. Celui-ci, m'a-t-on dit, est des plus rusés, Malaisé, si jamais il fut des malaisés. Il a mangé son fait, et comme il ne subsiste Que par le don qu'il a de n'être pas fort triste, S'introduisant partout, partout faisant fracas, Quand il trouve à duper, il ne s'épargne pas. On vous traitera de jeune, d'imprudent. Mais au seul Don Fernand ces Lettres sont payables, À moins qu'il ne les signe, on n'en peut profiter. L'avez-vous vu ? C'est assez mal débuter. Quoi, vous, l'époux futur de sa fille Isabelle, Vous n'allez point chez lui ? La méthode est nouvelle. Vous veniez cependant tout échauffé d'amour. Et qu'avez-vous donc fait depuis votre arrivée ? La douceur est assez bien trouvée. En Auberge ! Personne en ce lieu de repos Ne sait que vous soyez Don César d'Avalos. Mais Enrique est ici qui peut vous reconnaître. Vous êtes mal ensemble, et s'il vous voit paraître... Rencontres de Madrid. Quoi ? Et de par tous les Diables, Contez-moi sans prélude... Et quelle est cette belle ? N'ose-t-on que la regarder ? Faites-moi donc savoir... J'entends, Flamberge au vent. La verrez-vous ce soir ? C'est assez, laissez-moi, Monsieur la déterrer. Quoi, toujours soupirer, Sans connaître l'objet que votre amour oblige ! Laissez-moi la déterrer, vous dis-je ; Tout n'en ira que mieux. Revenons sur nos pas. Votre Épouse Isabelle, et Don Fernand Vargas, À quand les voir ? Et si votre inconnue était quelque donzelle... Là, qui selon le cas fût d'accommodement ? Ah d'accord. Elle est sage, C'est la même pudeur, mais quel qu'en soit l'appas, Nous sommes à Madrid, ne vous y fiez pas. Il est ici, Monsieur, de terribles sucrées. Cependant, entre nous, Vous êtes sans argent, grand embarras pour vous. Rien ne vous eût manqué chez le futur Beau-père, C'était un sûr recours ; il faut donner pour plaire. Quel présent ferez-vous à votre aimable ? On recule souvent, dit-on, pour mieux sauter. Mais on vous rit de loin. N'est-ce pas sa suivante ? C'est à vous qu'on en veut. Comment on vous lorgne ! Peste, on vous court partout. Là, Monsieur, bras dessus, bras dessous. Voyez qu'on vous les rend. Au lieu de lui, veux-tu que je te baise ? Me voilà prêt. Comme on sait que nous sommes novices, Pour nous donner leçon, d'abord des Béatrices. Ma chère, fait-il sûr te voir dans ton Réduit ? Nous sommes bonnes Gens, qui n'aimons point le bruit. L'aventure est gaillarde. Que n'entrez-vous ? Le plaisir sera grand. As-tu quelque Marquise à montrer à mon Maître ? Enfin tu crois donc le connaître ? Il faut ici se rendre, Monsieur Don Lope, on sait pour qui l'on doit vous prendre. Monsieur, que vous en semble ? C'est de quoi vous cacher, si par quelque pratique On poursuivait ici la mort de Don Fabrique. Vous pourriez de Don Lope alors prendre le nom, N'être plus Don César. On pouvait le savoir, Béatrix eût parlé. Pour moi, j'ai cru d'abord, comme ici c'est la mode, Que cette Béatrix était d'humeur commode, Et que pour vous rentrer par un air ingénu, Elle feignait exprès de vous avoir connu. C'est ainsi, m'a-t-on dit, lorsque les gens s'y fient, Que celles du métier à Madrid négocient. Elles sentent de loin un provincial. Mais Je crois qu'on vous en veut encor sur de nouveaux frais. Voici bien le meilleur. Son fils ! Morbleu, la bonne affaire ! Faut-il tant barguigner à connaître son père ? Répondez à Nature. Voilà pour fendre un coeur de roche. Ah, Monsieur, votre fils m'avait toujours bien dit Que vous étiez un père aussi tendre... Il suffit ; Le sang... Acceptez-le pour père. Vous aimez, en aimant l'argent est nécessaire, Il vous en fournira. Bon voyage, Dites oui. Nous avons vu, Monsieur, de drôles d'Indiens. Le voilà bien vivant. Quoi, vous n'êtes pas le fils de votre père ? Vous vous moquez. À vous ouïr, La chose est sûre, il est votre fils, on le nomme... Oui, justement. Monsieur est honnête homme. Pourquoi de son accueil faire si peu de cas ? S'il n'était votre père, il ne le dirait pas. Je sais ce qui le tient, que rien ne vous tourmente. Sa femme... Ne vous étonnez point de tout ce qu'il vous dit. Revenant de Goa, nous avons eu du pire. La tempête a longtemps battu notre navire. Mon Maître a cru trois fois être englouti de l'eau, Et la peur a si bien desséché son cerveau, Que tombant par la fièvre en certaine humeur noire, Il en est demeuré tout perclus de mémoire. Voyages, villes, gens, rien ne s'imprime. Le plus souvent moi-même il ne me connaît pas. Parlez-lui de la Mer, des choses qu'il a vues, S'il répond, vous diriez qu'il est tombé des nues, Point de réminiscence. C'est votre fils tout fait. Dans Goa (sa mémoire était alors entière) Il m'a dit mille fois que vous étiez son père. Un homme entretaillé, sec, le visage frais. Je devine, Monsieur, la soeur vous plaît. Vite, l'embrassement doit être mutuel, Avancez. Voyez-vous comme Nature opère. Sans doute, avec le temps il se reconnaîtra. Débarquant à Cadix, c'était bien autre chose, Là, d'une potion il prit certaine dose, Qui dégageant le nez... Je crois qu'il serait bon De lui faire souvent humecter le poumon ; Car on tient... Surtout, Monsieur, la sueur vous est bonne, Car vous avez le sang humide, intempéré. Monsieur, il est bon Maître, et l'on n'en trouve guère. Écoute. Enfin, ma chère Béatrix, Comment sommes-nous ? Tu ris ; Mais quand on doit s'aimer, l'étoile étant fort prompte, D'abord que l'on se voit, on se sent. Tout franc, cela va bien. Le moyen que pour toi je ne sentisse rien ? Mon Maître en raisonnant sur ce qui te regarde, M'a parlé mille fois de ton humeur gaillarde. Tu ne haïssais pas qu'il t'en voulût conter ? Que diable ferait-on sans la friponnerie ? Il en faut bien. Je sais que tu lui plaisais tant, Que les soirs dans ta Chambre, en tout honneur s'entend... Vraiment, il le faut croire. Pour avoir quelquefois la nuit des rendez-vous... Je le sais. Voyez un peu. Ce que c'est que d'avoir de la conduite ! Mais dis-moi, mon maître avait pris femme ; C'est par là que tout jeune il s'était décrié. Je n'ai jamais bien su comme il s'était marié. Il m'avait, à peu près, conté la même chose ; Mais ma foi, je doutais s'il fallait qu'on le crût. Ah ! Vois-tu, c'étaient de grosses larmes. De grande taille. Il est vrai, mais bien prise. L'air fait tout, c'est par l'air que la taille est de mise. Et bien ? Quoi ? Sganarelle ? Ah, j'entends ; il peut bien ne se pas laisser prendre ; Sinon, point de quartier, mon Maître le fait pendre. Il l'a volé. Son procès est tout fait, qu'on l'attrape aujourd'hui, Demain pendu. Un teint blême Tel qu'il l'avait, est bien sujet à caution. Adieu, ma passion, Ma Béatrix, mon tout, tu m'aimeras ? J'enrage qu'il me faille aller joindre mon maître ; Mais il m'étrillerait, si je tardais. Mon coeur est tout à toi, sotte. J'ai bonne cervelle. Il ne le connaît pas ! Monsieur quel dommage ? Quoi, ce diable d'escroc, ce renverse-ménage, Qu'en partant de Madrid pour venir à Goa, Vous aviez amené comme un bon valet ? Il me le semble. Nous vous avons servi cinq ou six mois ensemble. Lui ? Vous ne le verrez plus. Le Coquin à mon Maître a volé mille écus. Oh, s'il est pris, je pense Qu'il fera le pendard au bout d'une potence ; En bon argent de mise et de poids, tout autant, Mille écus. Vraiment. Mon maître a fait son compte aux Indes grassement. Vous verrez apporter dans quelques jours... La peste ! En matière d'Enfants vous l'entendez de reste. Vous avez fait un fils aussi fin... Croyez-moi, Monsieur, qu'un Sot et lui ce sont deux. Il est vrai, qu'à moins qu'on ne soit bête, Quand on a vu Goa l'esprit... Il l'a ; mais pardonnez à son affliction. Vous avez réveillé la douleur sans son âme. La pauvre défunte ! Ah ! Monsieur, la brave femme ! Belle comme le jour, douce comme un agneau, Franchement, c'est dommage. Depuis deux ans la pleurer c'est sa gloire. Ah, Monsieur, une femme est un mal d'embarras Qui tient comme le Diable, on ne s'en défait pas. Il n'est oubli qui tienne, il faut que l'on y songe. Ma foi, la pièce est drôle. Profitons du bon temps que le hasard nous donne, Si je ne suis trompé, Monsieur, l'Auberge est bonne. Pouvions-nous mieux choisir ? Sans la soeur, avouez que je ne tenais rien, J'aurais eu beau prêcher. J'aurais fait tout comme, en pareil cas. Mais n'osant plus ici l'entretenir qu'en frère, Qu'en aurez-vous de joie ? La mémoire malade est un remède à tout. Je viens par Béatrix De me faire compter l'aventure du fils. Ainsi je parle instruit ; mais Béatrix est bonne. J'ai feint en vous pour elle une amitié friponne ; Qu'ensemble au temps jadis dans vos transports ardents Vous aviez rendez-vous. Elle a donné dedans, Et ce qu'elle m'a dit, m'a fait voir qu'avec elle L'Indien certains soirs allait en sentinelle. Mais lorsque vous passez pour Don Lope en ces lieux, S'il allait revenir ? Non. Aussi peu. Au premier entretien, Je saurai l'un et l'autre, ils ne tiennent à rien. Mais voici cette soeur dont la beauté vous pique. Là, deux pas en avant, renouez connaissance. Monsieur, entendez-vous ? Vers à votre louange. On ne peut dire mieux. Vous êtes en crédit, Monsieur. Patience. Si nous étions au logis du beau-père ? Quel matois ! Voyez-vous la surprise ? Cela pourrait bien être. Nous vous tenons, escroqueur de valise. Vous avez bien rabattu sa joie. Reste à vous découvrir... Quand on le coifferait, la prise serait belle. Il le mérite bien ; mais, Monsieur, Isabelle ? La pourrez-vous laisser si longtemps en erreur ? Elle était en partant dans un dépit extrême. Mais quand vous en riez, elle en souffre. Monsieur. Sganarelle ! Monsieur, continuez la pièce. C'est le valet du fils. Courage, il ne s'agit que d'un méchant quart d'heure ; C'est à quoi dès longtemps tu dois t'être attendu. N'es-tu pas bienheureux de n'être que pendu ? Marchons vite. Au Cachot noir. Tu viendras dans la trappe. Il faut avec le temps espérer que ce mal... Monsieur, c'est l'air natal. Hier encor, qui l'eût mis sur ce qu'il vous explique, C'eût été de l'Hébreu pour lui, point de réplique. Les lieux nataux ouvrant les pores de l'esprit... Si je dis mal, du moins je sais ce que je pense. Tâchez à rattraper votre réminiscence, Tout le reste ira bien. Peut-être dès ce soir. Nous sommes de Séville ici venus vous voir ensemble. Monsieur, il est de ma façon. Béatrix m'a nommé Sganarelle, et pour rire J'ai feint... Ah, fourbe de César, vous serez régalé. Ah, Don Pascal Giron, vous rendez la valise. J'ai bon pied. S'il m'échappe... Et moi ? Cinq cents écus ? Ma chère, Qu'est-ce ? Cinq cents écus. Quand nous serons mariés, touche-là, Nous irons, si tu veux, trafiquer à Goa. **** *creator_corneillet *book_corneillet_domcesardavalos *style_verse *genre_comedy *dist1_corneillet_verse_comedy_domcesardavalos *dist2_corneillet_verse_comedy *id_GUZMAN *date_1674 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_guzman Il est à quatre pas, qui brûle de vous voir, Madame, et comme il veut tout faire avec méthode, Dans la crainte qu'il a de vous être incommode... Ah, Madame, il n'a point son pareil pour en faire. C'est un esprit... Qu'il parle, on n'a plus qu'à se taire ; Il sera quatre jours à discourir sur rien. D'abord qu'on l'aperçoit, on accourt pour l'entendre. C'est l'humeur la plus drôle... S'il est votre gendre, Je vous tiens tout au moins rajeuni de vingt ans. Je m'entends, Il vient à ce dessein; mais comme enfin son père A tant et tant de biens qu'il n'en saurait que faire, Quoiqu'à Madrid encor on ne l'ait jamais vu, Ses amis ont écrit, il y sera connu. Pour attraper les gens, il est de fines mouches. C'est assez bien le prendre. Le plutôt vaut le mieux ; mon maître a le coeur tendre, Et quand on l'amadoue, il a peine à tenir. Vous verrez là-dessus ce qui se devra faire. Mais je cours l'avertir qu'il peut entrer. Ma chère, Nous ferons connaissance au retour. Si Don César arrive, adieu le personnage. Sous ce nom dérobé pressez le mariage. Qu'on découvre la fourbe après qu'il sera fait, Volontiers, les grands mots auront eu leur effet. Que lui va-t-il dire ? La Béatrix pour moi ne sent-elle encor rien ? Fort bien. Cela ne peut mieux être. Si le vrai Don César dont vous volez le nom, N'arrive point sitôt, demain, c'est tout de bon, Je vous tiens marié. Que ne répondiez-vous sur l'affaire fâcheuse, Dont votre passeport fait mention ? Tenez bon, tout vous rit. Arriver à minuit dans une Hôtellerie, N'y trouver qu'une Chambre, et grande gueuserie, Coucher sans vous rien dire où couche un Cavalier, Lui, partir avant vous, et si fort s'oublier Qu'au lieu de sa Valise il fait prendre la vôtre. Mais si, comme il peut être, Quelqu'un pour Don Pascal vous allait reconnaître ? Je crois de votre humeur qu'elle a pris de l'ombrage. Vous avez je ne sais quel diable de langage. Bon pour rire, mais quand un hymen se résout...