**** *creator_cubieres-palmezeaux *book_cubieres-palmezeaux_mortdemoliere3a *style_verse *genre_comedy *dist1_cubieres-palmezeaux_verse_comedy_mortdemoliere3a *dist2_cubieres-palmezeaux_verse_comedy *id_MOLIERE *date_1788 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_moliere Je ne sais que penser de mon ami Chapelle. Veut-il me rendre fou ? Dans l'excès de son zèle, L'autre jour, il m'emporte un de mes manuscrits, Et me laisse un des siens. Messieurs les beaux esprits Prétendent, me dit-il, que, dans mes comédies, Je blesse le bon ton, et qu'elles sont remplies De mots ignobles, bas, et de détails bourgeois. Il veut me corriger et m'apprendre les lois Du beau monde qu'il hante ; et, si je le dois croire, J'aurai moins de profit et beaucoup plus de gloire. C'est fort bien fait à vous, Monsieur l'Epicurien ! Votre projet sans doute est d'un homme de bien ; Mais de me réformer il n'est plus temps, je pense, Et vous perdrez ici toute votre science. On ne redresse point un arbre déjà vieux, Et je ferais plus mal, pour vouloir faire mieux. Chapelle cependant n'arrive point, j'enrage. Si du moins il m'avait renvoyé mon ouvrage ! J'en ai besoin. Holà !... Je suis d'une fureur ! Chapelle n'a-t-il rien envoyé ? Qu'on me laisse ! Il me faut, en attendant qu'il vienne Me rapporter ma pièce, examiner la sienne. Il m'en a tant prié ! Lisons. Chapelle aussi S'avise d'être auteur. Asseyons-nous ici, Et tâchons d'étouffer ma trop juste colère. De l'esprit, de l'esprit, comme à son ordinaire ! Encore de l'esprit, des traits vifs et brillants, Des détails fins, légers et des portraits saillants, Un jargon de ruelle, un ton de persiflage, Qui sans doute des sots obtiendra le suffrage ; Mais pas le sens commun, pas l'ombre de raison, Et de grands sentiments toujours hors de saison. Croit-il, mon pauvre ami, que, pour la comédie, L'esprit soit suffisant ? Du bon sens, du génie, Voilà, voilà surtout les dons qu'il faut avoir. Tel qu'il est, en un mot, l'homme cherche à se voir, Et non tel qu'on l'a peint dans cette œuvre infidèle. Qui manque la copie est sifflé du modèle. Je ne répondrais point que cet ouvrage là Ne réussît pourtant, qu'il ne plût, et voilà Comme de beaux esprits, membres d'Académies, Quand je ne serai plus, feront des comédies ! Ils uniront ensemble, et l'esprit et le cour, La nature et l'amour, la peine et le bonheur : Leurs vers tout hérissés d'antithèses pointues, Rediront ce qu'ont dit, en phrases rebattues, Vizé, Balzac, Voiture et Monsieur Trissotin, Grands Auteurs dont on sait le malheureux destin. Mais achevons... Je crois qu'en chantant il s'annonce. Oh ! Qu'il mériterait une vive semonce ! Eh bien ! M'apportez-vous mon manuscrit enfin ? Divin ! Vous plaisantez : je n'ai point fait d'ouvrage. Dont je sois satisfait, et c'est ce dont j'enrage. Vous ne croyez donc pas que j'aie à corriger Rien dans ma comédie ? Pas un mot ? Eh bien, je suis sincère : À la vôtre non plus je ne vois rien à faire ; Mais pour d'autres raisons. Je m'en garderai bien. À vous mettre en courroux Vous ne tarderiez pas ; et Dieu merci, ma femme Se fâche assez souvent. Tout à fait. « Franchement il est bon à mettre au cabinet ». Je me cite moi-même, en parlant de la sorte. Pardonnez ; mais, ma foi ! La vérité m'emporte, Et puis, vous le savez, je ne suis point flatteur. Votre style n'a rien de ce feu créateur, Qui distingua toujours les sublimes poètes : Il est semé d'éclairs, de clinquant, de bluettes ; Il éblouit souvent et n'échauffe jamais. D'accord ; et puisqu'enfin vous ne me croyez pas, Voulez-vous essayer, pour sortir d'embarras, Un moyen des plus sûrs ? À ma bonne servante Je lis tous mes écrits. Elle n'est point savante, Elle n'a point d'esprit ; mais un jugement sain. Mon ami, la nature est son guide fidèle, Et, pour plaire toujours, il faut n'écouter qu'elle. Je vais, si vous voulez, lui lire un acte ou deux De votre Comédie. Disons-lui que la pièce est de moi. Laforêt ! Laforêt ! Tenez-vous là . Je vais lire une pièce. Sans doute. Elle est nouvelle même, et je voudrais savoir Ce que vous en pensez. « L'Insouciant, Comédie en cinq Actes ». D'accord. À son maintien, Je vois déjà qu'au titre elle ne comprend rien. « ACTE PREMIER. SCÈNE PREMIÈRE. Lafleur, Rosette. ROSETTE. Ton Maître est-il ici ? LAFLEUR. Non, il vient de sortir. ROSETTE. Tant pis ! LAFLEUR. Pourquoi cela ? ROSETTE. Je venais l'avertir. Que Madame l'attend à souper. LAFLEUR. Oh ! je pense Qu'il ne s'y rendra pas : il n'est pas d'homme en France Qui soit plus invité. Chez nous, chaque matin, Trottent les billets doux. C'est un tapage, un train... Mais dans notre antichambre on a beau se morfondre, À personne jamais nous ne daignons répondre ; Et lorsque nous sortons, s'il faut ne rien celer, Nous ne savons encore où nous devons aller. Le hasard nous conduit selon sa fantaisie : Nous visitons Eglé, Célimene, Julie. Et notre seule étude est celle du plaisir. Vrais papillons, en vain on nous voudrait saisir ; Nous choisissons parfois la fleur la mieux éclose, Et nous volons toujours de l'oillet à la rose. ROSETTE. Ton maître est singulier, à ce qu'il me paraît, Et je crois mal aisé de faire son portrait. LAFLEUR. J'espère cependant esquisser son image : Il est insouciant, on ne peut davantage, C'est-à-dire, insensible à la peine, au bonheur, Cherchant la vérité, courant après l'erreur, Et n'écoutant jamais l'amour ni la nature... » Laforêt ! Vous voyez l'effet de la lecture : Elle dort tout debout. Ah ! ah ! ah ! Laforêt ! Quoi ! vous dormez debout, lorsque je lis ma pièce ! Eh bien, vous l'entendez ? Dites mieux, mon enfant, qui soit plus détestable : Mon dialogue est faux, et mes vers précieux, Entrelacés de mots prétendus gracieux, N'offrent rien à l'esprit que des billevesées, Que des phrases déjà sur le théâtre usées. De quel style surtout s'exprime mon valet ! Il parle comme un maître ; enfin tout m'en déplaît, Et déjà partageant votre fatigue extrême, Quand vous avez dormi, j'allais dormir moi-même. Le sommeil reviendrait : allez vous reposer, Seul avec mon ami je veux ici causer. Eh bien, vous l'avez vu. C'est la simple nature Qui vient de vous juger. Après cette lecture Prétendez-vous encore à mon suffrage ? Vous pourriez, comme un autre, avec du temps, des peines, Arranger une intrigue et filer quelques scènes ; Mais il faudrait d'abord choisir mieux vos sujets. C'est de là seulement que dépend le succès. L'insouciant ! Quel titre ! Un pareil caractère Peut fournir tout au plus une esquisse légère. Il n'est qu'épisodique, et pour le bien traiter, C'est au fond du tableau qu'il faut le présenter. Voulez-vous réussir ? Peignez dans vos ouvrages L'homme de tous les lieux, celui de tous les âges Dessinez largement : que de tous vos portraits À Paris, comme à Londres, on admire les traits. Aux Peintres des boudoirs laissez la miniature, Et soyez, s'il se peut, grand comme la nature. Ce qu'il reste ? Du beau les sources immortelles Ne s'épuisent jamais, et l'esprit créateur Moissonne où glanerait un médiocre auteur. Ai-je peint l'envieux à l'oil cave, au teint blême, Qui se meurt des poisons qu'il distille lui-même ? Et ces nobles altiers, qui tyrans sous nos Rois, De l'humanité sainte ont usurpé les droits, Qui traînent dans les cours des noms qu'ils déshonorent, Et, pour mieux s'illustrer, l'un l'autre se dévorent ? Ai-je peint ces traitants qu'on voit avec éclat, Enfler leurs coffres-forts des trésors de l'État, Et qui meurent du luxe et martyrs et victimes ? De l'avide joueur ai-je tracé les crimes ? Ceux de l'ambitieux ? Ceux du vil séducteur, De l'adroit courtisan, de l'ingrat, du flatteur, De mille autres encor, qui brillent, disparaissent, Et, tous les cinquante ans expirent et renaissent, Pareils à ces essaims d'insectes qu'au printemps La chaleur renaissante éveille dans les champs ? Il faut que je vous laisse. Le voilà ; je vous suis. D'après un tel message, Si vous ne m'eussiez point rapporté mon ouvrage, Vous le voyez ; parbleu j'étais joli garçon. Non, ma femme, jamais je n'y consentirai Ma fille m'est soumise, et je la marierai Selon qu'il me plaira. La Cour ! Voilà les femmes ! Elles veulent toujours être de grandes Dames Et toujours s'élever : ivres d'un vain éclat Elles ne savent point rester dans leur état, Je n'ai fait qu'indiquer dans une Comédie Ce travers singulier ; mais si je m'étudie à le représenter comme il s'offre à mes yeux, C'est vous que je peindrai ; je ne puis choisir mieux. Oui, ma femme, vous même. Nous verrons. Ma femme, vous parlez comme feu Cicéron ; Mais quel sera le fruit de votre ambition ? Vous perdrez votre fille : elle est simple, ingénue : Si jamais les grandeurs lui donnent dans la vue, Elle deviendra vaine, altière comme vous ; Elle mettra sa gloire à nous mépriser tous Et se fera bientôt mépriser elle-même. Et quel est ce Marquis ? Dans le siècle où nous sommes, Il est de faux dévots et de faux Gentilshommes : Je les ai démasqués ces imposteurs cruels, Qui méditent le crime à l'ombre des autels. Du bon Monsieur Tartuffe on se souvient encore, Et si vous me fâchez, craignez tout pour Milflore. Jusques à ce moment de Messieurs les Marquis Je n'ai peint que les airs. Il court de certains bruits Que Milflore est de ceux dont la coupable adresse Usurpe les honneurs qu'on doit à la noblesse. Qu'il tremble : avec le temps chacun aura son tour, Et je puis peindre aussi les Tartuffes de Cour. Vous voulez donc qu'il soit de qualité ? J'y consens ; mais sachez une autre vérité Beaucoup plus importante, et vous perdrez l'envie De voir bientôt ma fille avec Milflore unie. Pour rendre fortuné le lien conjugal, Il faut, tant que l'on peut, épouser son égal. George Dandin le prouve avec clarté : je pense Y montrer les dangers d'une mésalliance. Cette pièce vous donne une bonne leçon. Profitez-en. Soit ; mais je ne veux point d'un Marquis pour ma fille ; Un Marquis n'entrera jamais dans ma famille. Je sais que Baron l'aime, et qu'elle aime Baron, Et je le lui destine. Et pourquoi, s'il vous plaît, la forcer au silence ? Une mère doit-elle user de violence ? Elle raisonne juste ; il est permis, je crois, Lorsque l'on n'a point tort de défendre ses droits. Ce trait est si naïf, que j'en veux faire usage, Et je le placerai bientôt dans quelqu'ouvrage, Poursuis, ma chère enfant. Laissez-la s'expliquer, Votre fille vous aime et ne veut point manquer À ce qu'elle vous doit. Madame, la Duparc emplira votre place : Elle sait votre rôle. Qu'entends-je ? Ma foi ! C'est me réduire à vous crier, merci. Un Médecin !... Ma femme ! Ô Ciel ! Quelle incartade N'est-ce donc pas assez pour moi d'être malade ? Prenez pitié de moi. Qu'est-ce, mon cher Baron ? Vous paraissez rêveur. Et quel est le malheur Qui fait naître chez vous cette mélancolie ? Daignez me l'expliquer ; votre ami vous en prie. Oui, c'est un comédien Pauvre à la vérité ; mais honnête homme. Mon camarade ! Ô ciel ! Qu'il vienne, qu'il paraisse ! Doute-t-il que je l'aime ? Si je le veux ! Sur l'heure. Je vous entends, Baron, et je serai discret. Cacher le bienfaiteur, c'est doubler le bienfait. Eh bien ! De ses besoins causons même en silence. Qu'est-ce qu'il lui faudrait. Très chers. Quels sont ses rôles ? Il faut les lui porter. De ma part : les voilà. Puis, il faut ajouter Ces vingt-cinq de la vôtre. De l'obliger aussi te voilà donc jalouse ? Oh ! Que j'aime à te voir ces généreux désirs ! Je conçois à quel point elle vous intéresse : Vous pourrez en parler ; mais dans un autre instant. Songez que, près d'ici, Mondorge vous attend, Et qu'il faut, avant tout, soulager l'infortune. Attendez ; j'ai dessein De joindre un habit neuf à la modique somme Que va de notre part toucher cet honnête homme. Si j'en crois mes soupçons, il n'est pas trop vêtu, Et le froid n'a jamais respecté la vertu. L'habit qu'on m'apporta, la semaine dernière, Est d'une bonne étoffe et doublé de manière À résister longtemps aux rigueurs des saisons, Sans faire à Laforêt connaître mes raisons, Dites-lui qu'à l'instant je veux qu'elle le donne À notre pauvre ami, que c'est moi qui l'ordonne. Que de délicatesse et de discrétion Il vient de nous montrer ! Et combien l'un et l'autre Vous m'avez enchanté ! Loin de lui faire un crime De son ardeur pour vous, je l'aime, je l'estime Plus que jamais, ma fille, et je veux qu'aujourd'hui Un fortuné lien vous unisse avec lui. Et que m'importe à moi que sur tout elle glose ? Le Marquis, dont sans cesse elle vante le nom, Montre-t-il, après tout, les vertus de Baron ? Aurait-il d'un ami prévenu la misère ? Mondorge est malheureux. Baron le traite en frère, Et sans l'humilier, il vole à son secours. Que de tels procédés sont rares de nos jours ! Le pauvre est dédaigné. Ce n'est que la richesse, Le rang ou le crédit qu'on loue avec bassesse, Et l'on me blâmerait de peindre ces travers ? Vous n'êtes pas au bout. Tremblez, hommes pervers ! Demande singulière ! Sans doute ; qu'on allume et qu'on se tienne prêt. Je vous suis à l'instant. Ma fragile santé Chaque jour, j'en conviens, s'affaiblit davantage ; Mais de l'humanité les maux sont le partage : Il faut les supporter ; il faut savoir souffrir, Et l'on vit seulement pour apprendre à mourir. Je me sens beaucoup mieux que ce matin. J'espère Que ma toux est passée. Non, vous dis-je, calmez ces alarmes mortelles ; Rassurez-vous, ma fille, et venez avec moi ; On nous attend tous deux. Je le dois. Relève-toi, ma fille ; à ton amitié tendre Je ne puis résister, mais daigne au moins m'entendre ; Et terminons enfin ces douloureux débats. Je le voudrais en vain. Écoute-moi, te dis-je, Et ne m'interromps pas d'un seul mot, je l'exige. Né de parents obscurs, dès mes plus jeunes ans, J'eus l'amour de la gloire ; et de mes seuls talents, Je voulus emprunter toute ma renommée : Un Conquérant l'obtient en guidant une armée, Et chef de Comédiens, par de joyeux écrits Je me rendis célèbre avant d'être à Paris, J'aurais vu cependant mes tristes destinées À deux ou trois succès obscurément bornées, Si l'on ne m'eût aidé, si l'amour de mon art N'eût de même enflammé la Duparc, la Béjart, La Grange, la de Brie et plus d'un autre encore Dont l'amitié m'est chère autant qu'elle m'honore. Ces Acteurs renommés, l'un de l'autre rivaux, Ont acquis quelque bien ; mais ceux que mes travaux Soutiennent chaque jour et chaque jour font vivre, Ceux qui manquent de tout, faut-il que je les livre Au besoin qui souvent naît d'un pénible emploi ? Tous ces infortunés sont pères comme moi ; Leur sort est dans mes mains, et par ma négligence Dois-je de leur famille augmenter l'indigence, Et les priver enfin du prix de leurs efforts ? Ah ! Ne m'expose point à sentir un remords, Et laisse moi remplir un devoir nécessaire. Non : mais c'est moi qui dois venir à leur secours : Je dois être leur père encor plus que leur maître. Obliger de sa bourse, Est un petit mérite ; et l'homme sans ressource A des droits infinis sur les cours généreux. Ce n'est pas l'argent seul qui sert les malheureux. Ma fille, on donne plus quand on a l'âme bonne ; Payer de ses talents, payer de sa personne, Voilà, dans ce moment, quel est mon vrai devoir. Encore un embarras ! Vous savez, mon cher Molière, que je travaille depuis longtemps à votre portrait ; l'amitié qui nous unit et votre grande réputation me faisaient une loi d'y mettre tout le soin dont je suis capable, et cette loi a été ma règle unique : je l'ai achevé enfin, et si vous voulez m'attendre chez vous aujourd'hui, je vous le ferai porter, afin que vous m'en disiez votre avis. Ce n'est jamais en vain que je vous ai consulté sur mes ouvrages. Si vous trouvez à redire à celui ci, je le retoucherai et vous prouverai par ma docilité les sentiments respectueux et tendres que vous m'avez toujours inspirés. Pour attendre Mignard, Je ne resterai point. Qu'on aille de ma part Le lui faire savoir : Ma fille, vous avez sur moi beaucoup d'empire. Quand vous avez voulu me retenir ici, Je vous ai refusée et votre mère aussi, Et, pour voir si Mignard m'a peint d'après nature, J'y resterais ! Non, non ; ce serait faire injure À ma fille, à ma femme, et je connais leurs droits : Ainsi que l'amitié la nature a ses lois. Oui ; mais, pour trop m'aimer, elle fait mon tourment. À me désobéir, elle passe sa vie : Je me brouille avec elle et me réconcilie Au moins dix fois le jour. Et qu'est-ce qu'elle dit Pour ses raisons ? Mais encor ? Eh bien, il faut que j'aille, à mon tour la prêcher. Toujours me contrôler ! Je lui ferai connaître Si l'on remplit ainsi les ordres de son maître... Répétez cependant la scène, où, de tous deux, Quand je feins d'être mort, en regrets vertueux S'exhale la douleur et touchante et sincère : Il faut la bien savoir ; rien n'est plus nécessaire ; Mondorge part content, et je le suis moi-même. J'ai rempli mon devoir envers l'ami que j'aime. Mais un autre me reste. Avez-vous répété ? Baron est encor affecté De quelque grand chagrin. Sans doute. Quand on fait son devoir, qu'est-ce que l'on redoute ? Le devoir avant tout. Lorsqu'on a quelque droit à des lauriers nouveaux, Et qu'on n'est pas encor au bout de sa carrière, On pourrait lâchement retourner en arrière ! Non, non ; je ne suis point de ces faibles esprits Qu'apaise un peu de gloire obtenue à vil prix. La gloire est une soif qui toujours me dévore, Et je voudrais mourant m'en abreuver encore. Ce n'est pas que je tende au puéril honneur D'être partout cité comme un sublime auteur. Non, je veux méprisant une vaine fumée, Devoir à la vertu toute ma renommée. D'ailleurs, mes chers enfants, ensemble nous jouerons ! Vous serez près de moi : qu'ai-je à craindre ? Partons. Oh ! Quel nouveau supplice ! Morbleu ! Que vous importe ? Si je souffre, tant mieux. De quoi vous mêlez-vous ? Voulez-vous qu'à la fin, je me mette en courroux ? Aisément pour cela ma force se ranime. Eh bien ! Entre mes bras Jetez-vous, mon ami. Si le Ciel l'abandonne, Et s'il meurt aujourd'hui, Molière vous pardonne ; Mais je ne mourrai point. Dissipez votre effroi : Le Ciel n'est point injuste ; il veillera sur moi. Ô combien de vos soins je suis reconnaissant ! Ma fille, la douleur, sous son bras tout puissant, Vient de courber ma tête. Un intérêt si tendre, Le plaisir de vous voir, celui de vous entendre, Tout fait rentrer l'espoir dans mon cour alarmé. Pour vous aimer encor, je me sens ranimé. Mais où donc est Chapelle ? Ah ! pardon, ma paupière Ne peut que par degrés s'ouvrir à la lumière. Pardon, mon cher ami, je ne vous voyais pas... Et ma femme en ces lieux n'a point porté ses pas ? Ah ! puisse-t-elle Ignorer mes tourments ! Dans l'excès de son zèle Elle m'accablerait de reproches. Je veux Épargner, s'il se peut, des chagrins à tous deux. D'ailleurs mon accident n'a rien que je redoute, Et sur ma guérison je ne suis plus en doute. De vos soins, mes amis, elle sera l'effet. Mais qui frappe si fort ? Vois un peu Laforêt. Oui, j'espère demain remonter sur la scène : Ma force est revenue, et j'ai la tête saine. Qu'il entre comme ami, non comme Médecin. Le grand art d'Hippocrate est sans pouvoir sur moi, J'en conviens ; mais toujours à l'amitié fidèle, Mon plaisir le plus doux fut de vivre pour elle. Dites moi donc comment vous vous portez. Vos enfants, votre femme ? Vous aviez un procès de grande conséquence. Quand le jugera-t-on ? Votre fille est aimable. Un époux Lui conviendrait je crois, vous en occupez-vous ? Ah ! Nous sommes perdus, s'il se met en courroux. Rien n'est plus dangereux qu'un docteur en colère. Oui, j'aime sa franchise. Me guérir ! Et comment ? Saignaré, purgaré. Et clistérisaré. À merveille, Docteur ! l'ordonnance est hardie. Est-ce que nous jouons encor la Comédie ? Et faites-vous ici le rôle de Purgon ? Vous y réussirez ; vous prenez son jargon, Et même, en ce moment, vous avez sa figure : Vous la représentez, ma foi ! d'après nature. Eh bien mon cher Docteur, il n'est plus temps de feindre. Vous savez ce qu'un jour je répondis au Roi Qui me parlait de vous. Je suis de bonne foi, Et, sans y rien changer, je vais vous le redire : Suivez vous ses avis ? Non, répliquai-je, Sire Et je guéris toujours. Je pense qu'aujourd'hui Il en sera de même. Un doux espoir m'a lui Dès que j'ai vu ma fille, Et ce cher camarade S'intéresser à moi. Puis-je être encor malade ? De tout ce qui m'est cher, je me vois entouré. C'est le cour qui fait vivre, et par lui je vivrai. C'est bien parler, et pour le coup je pense Qu'enfin il vous échappe une bonne ordonnance. Conduisez-moi, ma fille, et vous, mon cher Baron, Restez pour recevoir ma femme : il serait bon De lui cacher l'état où son époux se trouve. Malgré son humeur brusque, elle m'aime, et j'éprouve Un chagrin si réel, quand je la vois souffrir, Qu'à ses yeux maintenant je craindrais de m'offrir. **** *creator_cubieres-palmezeaux *book_cubieres-palmezeaux_mortdemoliere3a *style_verse *genre_comedy *dist1_cubieres-palmezeaux_verse_comedy_mortdemoliere3a *dist2_cubieres-palmezeaux_verse_comedy *id_LAMOLIERE *date_1788 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lamoliere Du bon vin ! Du bon vin ! Voilà comme vous êtes ! Boire et passer vos nuits dans les jeux, dans les fêtes ; Voilà votre méthode, et c'est, grâce à vous, Que je te touche au moment de perdre mon époux. Je le vois chaque jour dépérir et s'éteindre. Les plaisirs de la table N'ont jamais rien valu pour sa faible santé. Il était au régime : avec soin apprêté, Un lait doux humectait sa poitrine affaiblie. Vous vous êtes moqué de son genre de vie : Vous l'avez fait manger et boire autant que vous, Et, dans cet instant même, une incurable toux Le tourmente, l'oppresse ; il en perd la parole, Et je viens de le voir balbutier son rôle, Et, contre son usage, obligé de s'asseoir. Vous savez cependant qu'il doit jouer ce soir. Quel discours ! Vous parlez comme un franc libertin. M'injurier chez moi !... Quelle audace insensée ! Moi, je me fâcherais ! Et pourquoi, je vous prie ? Votre raison, Monsieur, à chaque instant varie : Vous êtes si souvent à la perdre exposé ! Chapelle a t-il raison ? Je veux être maîtresse, Commander en ces lieux ; mais Molière sans cesse Ne veut-il pas user d'un suprême pouvoir, Et me faire, dit-il, rentrer dans mon devoir ? Qu'il cède quelquefois, je céderai. Qu'entends-je ? C'est ma fille. D'où vient cette pâleur étrange Qu'on voit sur votre front ? Molière est-il plus mal ? Rassurez-vous, ma fille, Il faut qu'il y renonce et qu'il se déshabille. Votre père m'est cher. Je ne souffrirai pas Qu'au trépas il s'expose en feignant le trépas. Son rôle est fatiguant, et tout me persuade Qu'il faut se bien porter pour faire le malade. Je veillerai, vous dis-je, au salut de ses jours. Vous-même renoncez à de folles amours Dont je suis informée, et songez, pour me plaire, Qu'il vous faut obéir en tout à votre mère. Oui, oui, Mademoiselle, Je connais votre humeur indocile et rebelle ; Mais je saurai bientôt vous mettre à la raison. M'oserez-vous nier que vous aimez Baron, Et qu'il ressent pour vous une égale tendresse ? Vous en convenez ? Soit ; mais ignorez-vous qu'orgueilleux à l'excès, Il pense que lui seul doit avoir des succès ? Que nous sommes toujours d'un sentiment contraire, Et que dix fois le jour il me met en colère ? Lui-même avec plus d'art ne pourrait s'excuser. Vous songez en secret peut-être à l'épouser. Eh bien ! Je vous défends de nourrir dans votre âme Un espoir qui m'offense, et d'écouter la flamme Qu'au mépris de mes droits il a fait naître en vous. Je viens de vous choisir, d'ailleurs un autre époux. Le Marquis de Milflore est épris de vos charmes, Sitôt qu'il vous a vue, il a rendu les armes : À vous plaire, en un mot, tous ses voux sont bornés. Pourquoi non ? Il m'a fait les plus vives instances : Il vous aime, et l'amour rapproche les distances. Il est sûr d'obtenir bientôt mon agrément. Oui vraiment. On vous appellera Madame la Marquise. Vous aurez une hôtel, un nom. Je suis surprise Que vous ne sentiez pas l'excès d'un tel honneur. Riez de sa folie. Votre père voit mal... Ah ! S'il avait mes yeux !... De votre père, en dot, vous porterez la gloire. Molière s'est rendu fameux par ses écrits : Il tient le plus beau rang parmi les beaux esprits : Ses ouvrages ; voilà ses titres de noblesse. Eh bien ! Il faut aller le trouver de ce pas. Suivez-moi je prétends que vous m'aidiez vous-même À lui faire agréer Milflore qui vous aime. Mais songez donc, Molière, Que ma fille aux honneurs s'ouvrira la carrière, Et que l'hymen s'unit avec le tendre amour Pour la faire bientôt parvenir à la Cour. Songez qu'incessamment... Et vous ferez, je gage Une pièce ennuyeuse, un détestable ouvrage. Et pourquoi blâmer l'ambition Que je vous fais paraître en cette occasion ? Elle est noble, elle tend au bonheur de ma fille. N'a-t-on pas vu cent fois d'une obscure famille Les humbles rejetons par le sort transplantés, Eux-mêmes s'étonnant de leurs prospérités, Briller modestement à la première place Et leur éclat s'étendre aussi loin que leur race ? Quelle obstination ! puisque le Marquis l'aime, Et puisqu'il est honnête, elle en prendra les mours, Et sera de la sorte à l'abri des censeurs. Avec plus de respect parlez d'un homme illustre De qui les seuls aïeux font la gloire et le lustre. Les bruits qu'on a semés sont faux : avec le Roi Il chasse, m'a-t-on dit, et je suis sûre, moi, Que personne, à la Cour, n'a plus de droits peut-être D'obtenir la faveur et l'oreille du maître, Et que... Ma foi ! Je n'y vois rien de bon. Eh quoi ! Ce fanfaron Qui, fier de son talent, méprise tout le monde ? Taisez vous. Qu'a-t-elle encore à dire ? Je souffre le martyre Puisque vous la servez de tout votre pouvoir, J'ai des droits qu'à mon tour je veux faire valoir. Qu'elle épouse Milflore ou Baron, peu m'importe ; Je ne m'en mêle plus. Ma crainte la plus forte Est que vous ne tombiez malade gravement, Si toujours dominé par votre entêtement, Vous jouez aujourd'hui dans votre Comédie. Votre santé n'est pas assez bien rétablie Pour le rôle d'Argan. Ainsi je vous préviens Qu'aujourd'hui je renonce à jouer dans le mien. Eh bien ! Qu'elle le fasse ! Qu'elle soit de vos maux et complice et témoin ! Ne pouvant l'empêcher, d'un plus utile soin Je me vais acquitter. On m'a dit la demeure Du Docteur Mauvilain. Dans une heure Et peut-être plus tôt vous le verrez ici. Vous avez beau railler. Non, non ; un médecin... mais qu'est-ce que je vois ? Baron ! je ne saurais supporter sa présence. Sortons ; chez le Docteur allons en diligence. Pleure, pleure, ma fille, à ta douleur sincère Je viens mêler la mienne. Il est trop vrai ; ton père. **** *creator_cubieres-palmezeaux *book_cubieres-palmezeaux_mortdemoliere3a *style_verse *genre_comedy *dist1_cubieres-palmezeaux_verse_comedy_mortdemoliere3a *dist2_cubieres-palmezeaux_verse_comedy *id_ISABELLE *date_1788 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_isabelle Ah ! Je crains qu'il ne touche à son terme fatal. Plus que jamais il souffre, et j'en suis désolée. Je le quitte à l'instant : sa toux est redoublée, Et ce qui doit surtout combler mon désespoir, Il s'y montre insensible, et, pour jouer, ce soir, Il vient de s'habiller. C'est mon voeu le plus cher. À vos ordres soumis Mon cour, sans votre aveu, s'est-il jamais permis De former un désir. Non. Sans doute il m'intéresse ; Mais je ne savais pas que ce pur sentiment Fût un crime à vos yeux, et même en ce moment, J'ai peine à concevoir qu'il puisse vous déplaire. Baron, depuis longtemps, est l'ami de mon père : Il est son camarade, et son talent d'acteur Prête un charme de plus aux talents de l'auteur : Mon père l'a formé ; mon père l'idolâtre Et fonde sur lui seul l'espoir de son théâtre. L'orgueil est un défaut ; mais un grand comédien Est homme comme un autre, et peut avoir le sien. Baron fait un emploi qui le rend excusable. Des Conquérants, des Rois l'orgueil est pardonnable À les représenter Baron accoutumé En héros quelquefois se croyant transformé, Conserve leur fierté, même hors de la scène, Et n'en a point, je pense, une âme plus hautaine. Eh quoi ! C'est un marquis que vous me destinez ! J'abandonnerai donc le théâtre ? Des titres si pompeux ne font pas le bonheur, Et mon père d'ailleurs n'aime pas qu'on s'allie À de plus grands que soi. On peut me demander quels furent mes aïeux, Quelle est ma dot. Jamais on n'en doit faire accroire... Mon père de Baron approuve la tendresse, Et je crains qu'à vos voux il ne consente pas. Votre refus toujours sur son orgueil se fonde ; Mais, Madame, mon père a des talents aussi, Dont il peut être fier, puisqu'ils ont réussi, Et lorsque vous l'aimiez, quand le nom de Molière Surprit et captiva votre âme toute entière, Si l'on vous eût offert un Marquis pour époux, Auriez vous sans regret renoncé... Madame, j'ai tout dit. Et de la mienne douze. Il me reste l'argent de mes menus plaisirs. Puis-je mieux l'employer ? D'ailleurs je vous imite, Et faire son devoir n'est pas un grand mérite. Cet éloge est le vôtre : Ô mon père ! C'est vous, vous qui le méritez : Vos exemples par nous viennent d'être imités : C'est vous qu'il faut louer. Si ma mère pourtant à cet hymen s'oppose... Quoi ! Mon père, en effet Vous jouerez aujourd'hui, lorsqu'avec tant de peine Je vous ai vu tantôt répéter votre scène ? D'une cruelle toux votre organe affecté M'inspire une frayeur... On ne le sait que trop : il faut que chacun meure. Mais pourquoi, sans sujet, hâter sa dernière heure ? Pourquoi vous exposer à des périls certains, Et ne pas éviter un malheur que je crains ? Ah ! Croyez-moi, mon père ; Elle peut revenir ; elle peut vous forcer D'abandonner la scène, et vous devez penser Qu'un pareil accident a des suites cruelles. Vous jouerez ? Non, vous ne jouerez point ; non ; j'ai trop d'épouvante Pour vous laisser sortir. Votre fille tremblante Vous conjure à genoux de rester en ces lieux. Écoutez mes terreurs comme un avis des cieux Qui veulent conserver un père à sa famille. Ils ne trompent jamais et surtout une fille. Si je respire enfin, et si je vois le jour, De vous seul je le tiens, et je dois, à mon tour, Veiller sur votre vie. Ah ! Mon père, de grâce, Soyez moins insensible au sort qui vous menace, Et ne réduisez point mon cour au désespoir. Pour la dernière fois je tremble de vous voir. Ils seront terminés, si vous ne jouez pas. Nécessaire ! Et pourquoi ? Prétendent ils, mon père, Que vous vous immoliez pour conserver leurs jours. Peuvent-ils l'exiger ? Ils doivent vous connaître. Mondorge partira chargé de vos bienfaits, Et l'on n'ignore pas que toujours les effets Suivent votre promesse. Ainsi mes pleurs sur vous n'auront aucun pourvoir. Eh quoi ! Lorsqu'il désire... ! Soyez moins étonné. Sur ce père que j'aime J'ai des pressentiments qui me glacent d'effroi. Il souffre ; il est malade, et je ne sais pourquoi Je crains que, dès ce soir, ne nous l'enlève. Et peut-on sur ce point rien obtenir de lui ? Il vient de rejeter mes voux et ma prière. Ah ! Monsieur le Docteur, Qu'à propos vous venez ! Une toux obstinée L'a fait beaucoup souffrir toute la matinée. Il faudrait lui donner quelque ordonnance. Vous l'entendez ? Oui, mon père. Son zèle doit vous plaire. Laissez-moi, laissez-moi ; je n'ai plus qu'à mourir. Je viens de voir mon père à son dernier soupir, Et sa fille, s'il meurt, n'aspire qu'à le suivre. Je n'espère plus rien. Ciel ! Ne m'épargnez pas, Si mon père, en ce jour, doit subir le trépas, Et terminez aussi ma trop longue carrière ! Le portrait de mon père ! Ah ! Qu'on offre à mes yeux Sans tarder un moment un don si précieux. C'est mon père ! c'est lui ! Dans mon malheur extrême Je puis encor le voir... De grâce, laissez-moi Seule avec ce portrait. Ô respectable image ! Toi, qui m'offres les traits du père le plus cher, Mes larmes devant toi peuvent donc s'épancher ! Le sort va me ravir ce père que j'adore. Tu me restes, par toi, je le revois encore, Et je puis, à mon gré, t'exprimer mes douleurs ! Que ne peux-tu sur toi sentir couler mes pleurs ! Entendre mes soupirs, et leur répondre même ! D'autres vont t'admirer ; moi, je fais plus, je t'aime Et je voudrais jamais ne m'éloigner de toi. Ô portrait révéré ! Sois toujours avec moi ! L'amitié te créa pour calmer ma souffrance. En proie à tous les maux, n'ayant plus d'espérance Sans doute à ma tendresse un miracle était dû. Tel qu'il est dans mon cour le pinceau l'a rendu. Ah ! Ce mot a suffi pour me donner la mort. **** *creator_cubieres-palmezeaux *book_cubieres-palmezeaux_mortdemoliere3a *style_verse *genre_comedy *dist1_cubieres-palmezeaux_verse_comedy_mortdemoliere3a *dist2_cubieres-palmezeaux_verse_comedy *id_CHAPELLE *date_1788 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_chapelle Le voilà, mon ami, votre ouvrage est divin. Je m'étais figuré d'abord que vos écrits Fourmillaient de défauts ; mais j'en sens tout le prix, Depuis que j'en ai fait à tête reposée Un examen suivi. Votre prose est aisée ; Vos caractères, vrais, comiques, amusants, Et vous offrez partout des traits neufs et plaisants. Je voudrais pour beaucoup avoir votre génie. Quoi qu'en dise des sots la tourbe réunie, Votre bonhomme Argan m'a surtout enchanté. Il se croit bien malade et crève de santé ; Et cette belle-mère intéressée, avide, Que j'aime à voir les traits de son âme sordide Si bien représentés ! Votre Diafoirus M'amuse infiniment par son docte Phobus. Votre Purgon me charme, et, dans cette peinture J'ai partout admiré le ton de la nature. Il n'y faut rien changer : Pas un mot. Comment ! Expliquez-vous. Il est vrai que Madame N'est pas douce ; mais moi, je m'amuse de tout. De moi-même je ris quelquefois ; c'est mon goût. Boire la nuit, dormir la grasse matinée, À rien ne réfléchir, vivre au jour la journée, En deux mots me voilà. Sans projet ni chagrin J'entends tout, je vois tout avec un front serein ; Parlez donc franchement. Est-ce que mon ouvrage Vous a paru mauvais ? Et de votre suffrage Me faudrait-il passer tout à fait ? Je n'ai pas, comme vous, l'art de peindre à grands traits, J'en conviens ; cependant il faut être équitable. Votre genre peut-être est le seul véritable. Si j'en crois néanmoins de célèbres auteurs, De plus d'une manière on corrige les mours, Et, sans vous ressembler ou marcher sur vos traces, J'ai pu, tout comme vous, sacrifier aux grâces. Consulter Laforêt ! Quel bizarre dessein ! Il serait hasardeux De tenter cette épreuve : elle est accoutumée À ce qui vient de vous, et votre renommée, Quand vous la consultez, lui fait trouver tout bien. Ne peut-on réussir par un autre moyen. Cette ruse Me plaît infiniment, et je n'ai plus d'excuse. Ne vous pressez pas trop : par des chutes exactes Marquez bien chaque vers. J'en veux rire à mon tour ; c'est un excellent trait. Ah ! ah ! ah ! Laforêt ! Elle a raison, ma foi ! Tu n'admires donc pas l'ouvrage de ton maître ? Elle l'a fait paraître. Non. Qu'on se moque de moi je sens qu'on a raison. Vous ne l'ignorez pas, Molière ; ma paresse Ne m'a jamais permis de soigner une pièce, Et d'en approfondir l'intrigue, les tableaux : Je n'ai pas vos talents et surtout vos pinceaux. Je suivrais ces conseils par la raison dictés ; Mais les sujets majeurs vous les avez traités. Un caractère neuf est devenu si rare ! Les pédants, les fâcheux, l'hypocrite, l'avare, Le bourgeois gentilhomme et les tuteurs jaloux Le misanthrope enfin qui les surpasse tous, Que reste-t-il encore après de tels modèles ? Il vient de me donner une sage leçon, Je veux en profiter : oui, j'en croirai Molière, Et je condamne au feu ma Comédie entière, Quel pénible métier que celui d'écrivain ! Il vaut mieux ne rien faire et sabler du bon vin. Comment cela ? De moi vous auriez à vous plaindre ? Je ne le croyais pas. Molière est mon ami, Et ce noud qui m'est cher, par le temps raffermi, Veut que vous m'expliquiez en quoi je suis coupable. Molière m'a caché... Je suis de son état affligé ; mais j'espère Qu'il sera peu durable, et puis la bonne chère Ne fut jamais fatale aux enfants d'Apollon : Horace en est la preuve, ainsi qu'Anacréon. Oui, c'est du vin d'Ail la mousse pétillante, Qui seule peut donner une santé brillante. Je l'éprouve à mon tour ; regardez bien mes yeux : On y voit éclater ce nectar radieux ; Mon visage est empreint de sa couleur vermeille, Le meilleur élixir est celui de la treille. Oh ! Non ; mais comme un homme ennemi du chagrin. Voulez-vous maintenant que je vous parle en sage ? Ce n'est pas, croyez moi, le bachique breuvage, Qu'au milieu d'un souper je verse à votre époux, Qui cause ses douleurs et fait naître sa toux ; C'est votre humeur, Madame, elle est un peu changeante Elle est impérieuse, et jamais indulgente. Ce discours vous surprend : pardonnez, mais je crois Qu'ami de votre époux, j'ai sur vous quelques droits Et que je puis vous dire une fois ma pensée. Fâchez-vous, j'y consens ; je n'en rabattrai rien. Quand l'âme est en repos, le corps se porte bien. Bon ! Le trait est malin, quoique peu déguisé ; Mais je n'en suis pas moins très jaloux de vous plaire Et je sors pour calmer votre juste colère. Je vais à votre époux offrir tous mes secours : Pour prolonger les siens, je donnerais mes jours. Non, non ; vous resterez. Lorsque vous répétiez, caché dans la coulisse, Je vous ai vu tantôt sur vos genoux tremblants Vous soutenir à peine, et même, en ces instants Vous ne m'annoncez pas une santé bien forte. Vous avez l'air souffrant. C'est moi qui vous ai fait quitter votre régime : Votre femme tantôt me l'a dit aigrement, Et s'il vous arrivait quelque triste accident, On m'en accuserait. Dans sa douleur mortelle, Chacun de vos amis s'en prendrait à Chapelle, Et quoique je ne sois rien moins que médecin, Chacun verrait en moi peut-être un assassin : On dirait hautement, il a tué Molière, Pour l'avoir obligé de vivre à sa manière Chacun me maudirait ; et vous ne voulez pas Qu'ici vous retenant !... Il compte vainement se soustraire à mon zèle. Suivons ses pas, volons où l'amitié m'appelle. Laforêt ! Laforêt ! Où donc est cette fille ? Quel désespoir pour elle et toute la famille ! Certainement. Je viens d'être témoin d'un triste événement, Molière était malade, et, malgré nos instances, Il a voulu jouer. Votre crainte est fondée : en ce moment fatal, Il est dans un état !... Il va bientôt paraître. Restez ; il est conduit par sa fille et Baron, Et peut avoir besoin de vous dans la maison. À la fin de la pièce, Je l'ai vu pâle et prêt à tomber en faiblesse En prononçant Juro : dès lors il aurait dû De la scène sortir, et laisser suspendu Un divertissement à sa santé funeste ; Mais, malgré ses douleurs, il continue, il reste : Pour cacher sa souffrance au public assemblé, Il redouble d'efforts, et bientôt accablé, Quand la toile est baissée, il chancelle, il succombe : J'accours, et sans vigueur entre mes bras il tombe, En proie à des tourments qu'on ne peut apaiser : Un crachement de sang finit par l'épuiser ; Mais j'entends quelque bruit... En ces lieux on l'amène. Un fauteuil ? Des coussins ?... Comme il marche avec peine ! Elle n'est point encor rentrée. Pour nous, suivons ses pas, et, quoiqu'il puisse dire, Allons lui prodiguer nos utiles secours Et tâchons, malgré lui, de prolonger ses jours. Pourquoi ce désespoir ?... Molière encor peut vivre, Et la Parque n'a point encor tranché ses jours, Espérez tout de l'art dont les heureux secours... Son ordre est une loi ! Sortons ; ne troublons pas sa douleur davantage. L'infortune est sacrée. Que vois-je ?... Ô triste effet de la rigueur du sort ! La mère est dans les pleurs : la fille évanouie... Madame, hâtez-vous de la rendre à la vie. Et vous conduisez-les dans leur appartement. Vous, amis de Molière, et dont, en ce moment, Je partage la peine, enlevez cette image ; C'est le reste chéri d'un grand homme, d'un sage : Il attend les honneurs qui sont dûs aux talents, Retournons au théâtre, et de nobles accents Faisons-le retentir en l'honneur Couronnons de lauriers une tête si chère Et qu'une apothéose y consacre à jamais Ses vertus, son génie et surtout nos regrets. **** *creator_cubieres-palmezeaux *book_cubieres-palmezeaux_mortdemoliere3a *style_verse *genre_comedy *dist1_cubieres-palmezeaux_verse_comedy_mortdemoliere3a *dist2_cubieres-palmezeaux_verse_comedy *id_BARON *date_1788 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_baron Ah ! J'ai sujet de l'être. Vous connaissez Mondorge ? Eh bien ! Il est plus que jamais plongé dans la détresse. Je sais qu'aux malheureux votre cour s'intéresse, Et je viens vous prier... Il est essentiel Qu'il ne se montre pas. Quand la peine est extrême, On craint d'être importun. Non ; mais si vous voulez être son bienfaiteur... Épargnez la pudeur : Dont son front, à vos yeux se couvrirait peut-être, D'une rougeur subite il ne serait pas maître... Il fait son tour de France, Jouant la Comédie à Marseille, à Bordeaux : Il dépense beaucoup en habits, en chevaux : Les voyages sont chers. Ceux de Rois. Il pourrait avec quinze pistoles Demain se mettre en route. Vous l'entendez, Molière. Ah ! Que ces mots sont doux Pour mon cour qui l'adore ! Elle est digne de vous ; Sans cessée elle le prouve, et ma vive tendresse... La louange en effet doit paraître importune À la vertu modeste, et je m'en vais soudain Remettre en votre nom... Ah ! Que je suis charmé de la commission ! Je quitte Laforêt, et ma surprise est telle, Qu'à peine j'en reviens. Rien n'égale son zèle. Cette fille est honnête et vous aime vraiment. Son obstination Plus que jamais éclate en cette occasion. Malgré vous, de vos droits elle veut faire usage. Mondorge allait partir : il suspend son voyage. Laforêt ne veut point lui remettre l'habit Que vous lui destinez. Que sais-je ? Elle abonde en paroles. Ces raisons vous paraîtront frivoles, Et j'y vois néanmoins un air de vérité. Vous êtes trop humain, trop rempli de bonté, À ce qu'elle prétend. Elle se plaint sans cesse Que vous ne sentez point le prix de la richesse, Que vous vous ruinez ; et, pour vous empêcher... Quel naturel ! j'en suis dans un étonnement Qui ne peut s'exprimer. Permettez qu'un moment J'interrompe mon rôle. Eh quoi ! Mademoiselle, Est-ce que vous sentez une douleur réelle ? Au désordre qui règne en vos sens éperdus, On dirait qu'en effet votre père n'est plus. Ce n'est plus l'art enfin ; c'est la nature même. La même crainte, hélas ! dans mon ame s'élève. Il faudrait l'empêcher de jouer aujourd'hui. Ô mon ami ! Mon maître Pourrais-je m'empêcher de le faire paraître. Je tremble pour vos jours. Vous savez que d'Argan Le rôle est difficile et surtout fatigant, Et vous vous disposez à le jouer ! Votre devoir n'est pas D'affronter la douleur, d'insulter au trépas ; Par de travaux nombreux la source de la vie, Se montrant, chaque jour, en vous plus affaiblie Semble vous commander un utile repos. À vos moindres désirs vous me verrez souscrire. Molière jusqu'au bout garde son caractère. Il hait les Médecins, et quand leur ministère Pourrait de ses douleurs alléger le fardeau, Il les plaisante même aux portes du tombeau. Il voit sans s'émouvoir la fin de sa carrière. Monsieur de Montausier ! Qu'il sera doux pour moi de le remercier. Il est si vertueux ! Montausier est un homme Tel qu'on en vit jadis aux beaux siècles de Rome. Hélas ! Il ne va pas trop bien : Nous le craignons : sa force est presque anéantie. Heureusement pour lui qu'il ne voit point son mal, Et qu'il marche, en riant, sur l'abîme fatal. Vous en serez instruit Incessamment, je pense, et de la même crainte Si je ne sentais point aussi mon âme atteinte, J'irais... À quel point votre cour partage nos alarmes ! C'est vous, Monsieur Pirlon ! Ciel ! Et que venez-vous faire en cette maison ? Assez mal. C'est Tartuffe. En propre original. Ciel! Isabelle en pleurs ! À quoi dois-je m'attendre ! Ô ma chère Isabelle ! Chassez de votre cour cette crainte mortelle, Et souffrez que nos soins... **** *creator_cubieres-palmezeaux *book_cubieres-palmezeaux_mortdemoliere3a *style_verse *genre_comedy *dist1_cubieres-palmezeaux_verse_comedy_mortdemoliere3a *dist2_cubieres-palmezeaux_verse_comedy *id_MONTAUSIER *date_1788 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_montausier De Molière toujours j'estimai les talents, Et la plus juste crainte a passé dans mes sens, Lorsqu'une toux funeste, à la fin de son rôle, A failli tout-à-coup lui couper la parole. Comment va-t-il ? Ici, moi-même, exprès je viens Pour le savoir. Tant pis ! Est-ce qu'il est en danger de la vie ? Ce serait pour la France une perte réelle Que la mort de Molière, et ma frayeur est telle, Qu'ici je resterai jusqu'à ce qu'on m'ait dit S'il est mieux ou plus mal. Non, demeurez : respectons les douleurs Du malheureux qui souffre, et cachons-lui nos pleurs. Qui plus que le génie aurait droit à mes larmes ? Quel est cet insensé qui raisonne si mal ? Tartuffe ! Laissez-moi lui parler : laissez-moi le confondre. On devrait vous punir, au lieu de vous répondre. Est ce ainsi que l'on vient insulter un mourant ? Votre discours m'indigne autant qu'il me surprend. Oui, j'aime le théâtre, et ne m'en cache pas. J'ai toujours honoré la noble poésie, Et l'on sait que je hais surtout l'hypocrisie. Mon nom est Montausier. Tout doux : expliquons-nous, de grâce, Sans mettre en nos discours de partialité Je chéris les beaux arts moins que la vérité. En quoi donc, s'il vous plaît, Molière est-il coupable ? Et quel crime a commis ce génie admirable ? Serait-ce en vous jouant qu'il a blessé l'honneur. Et lui reprochez-vous son sublime imposteur ? Mais dans le Misanthrope il ma joué moi-même ; On me l'assure au moins, et cependant je l'aime, Autant que je l'estime, et loin de l'accabler, J'ai dit qu'à son héros je voudrais ressembler. Oui, Monsieur, ses talents ont sur moi tant d'empire, Que de moi-même enfin je lui permets de rire, Et s'il peut des humains corriger les travers, Je défendrai toujours et sa prose et ses vers. Je le vois. J'ai cru qu'il le peignait des plus noires couleurs ; Et de vous le prouver il me serait facile. Et pourquoi non, Monsieur ? Est-ce un crime à vos yeux Que d'écrire en vers doux, aisés, harmonieux ? Que vous connaissez mal la divine clémence, Si vous imaginez qu'un tendre amour l'offense ! Nommez, nommez, plutôt la fausse piété, Et l'infâme avarice et l'orgueil indompté, Et l'altier misanthrope et ses humeurs bizarres, Et la présomption de ces tuteurs barbares, Qui pensant que, pour eux, Dieu créa la beauté, La tiennent dans les fers, et dont l'autorité, S'élevant quelquefois jusques à la licence, Pour la première fois fait rougir l'innocence. Voilà, Monsieur, voilà les vices, les erreurs Qui peuvent provoquer les célestes rigueurs ; Voilà ceux que poursuit, que terrasse Molière ! Ces monstres, parmi nous, levaient leur tête altière Au glaive de Thémis tout fiers d'être échappés D'un joyeux anathème il les a tous frappés : Ils ont senti les traits de sa verve féconde, Et, comme un autre Alcide, il a purgé le monde. Il n'a point, j'en conviens, cet orgueil doctoral, Qui distingue souvent les charlatans en titre : Entre le Ciel et l'homme il craindrait d'être arbitre. Il ne vient point armé d'un zèle doucereux, Saintement abréger les jours d'un malheureux, Lui faire le procès à son heure dernière, Et du Ciel pour jamais lui fermer la carrière ; Mais quiconque le lit avec attention, Pourrait-il ne pas voir que son intention Est celle d'un mortel d'une probité rare ? C'est en le punissant qu'il corrige l'avare : Il fait plus dans Tartuffe : il montre avec clarté Jusqu'où mène l'excès de la crédulité ; Et qui n'admire point dans les Femmes Savantes De l'abus de l'esprit ces peintures vivantes, Et ces traits avec art sur le sexe lancés, Qui lui disent tout haut : renoncez, renoncez À l'érudition dont le vain étalage Vous rend plus orgueilleux, sans vous rendre plus sage ? Ainsi parle Molière. On voit sous ses pinceaux Pêle-mêle tomber les méchants et les sots. Le vice, à son aspect, d'épouvante recule. Et ne voyez-vous pas qu'une vertu trop rude ; Fatigante, à la longue, importune les yeux ; Qu'il faut haïr le vice et non les vicieux, Et que Molière enfin, dans cette ouvre admirable Veut qu'on soit vertueux, sans cesser d'être aimable, Que l'on soit indulgent, et que l'aménité Est le premier lien de la société ? Mais j'entends quelque bruit : sans doute on va m'apprendre... **** *creator_cubieres-palmezeaux *book_cubieres-palmezeaux_mortdemoliere3a *style_verse *genre_comedy *dist1_cubieres-palmezeaux_verse_comedy_mortdemoliere3a *dist2_cubieres-palmezeaux_verse_comedy *id_PIRLON *date_1788 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_pirlon Comment se porte-t-il ? Molière m'a jadis immolé sur la scène ; Je m'en souviens encor ; mais je n'ai point de haine. Dieu veut que l'on pardonne à tous ses ennemis ; Qu'à ses moindres devoirs on se montre soumis, Et je viens pour savoir comment va le cher homme. Ah ! Tant pis ! Ses talents qu'on renomme Et qu'admire sans cesse un monde peu chrétien, Ont pu scandaliser pourtant les gens de bien : Molière a, je l'avoue, un talent agréable, Mais de combien d'erreurs il s'est rendu coupable ! On reconnaît, Monsieur, que vous êtes du monde, Que sur ses vains plaisirs votre plaisir se fonde Et que la Comédie a pour vous mille appas. Monsieur le Duc, eh quoi Un homme tel que vous, en faveur près du Roi, Vient chez un comédien dont l'indiscrète audace Mériterait... Je suis pour mon prochain tout rempli d'indulgence, Et je crois cependant qu'il n'est personne en France, Qui plus que cet auteur ait offensé le Ciel. Dans mes discours, Monsieur, je ne mets point de fiel. Mais je dois dénoncer un coupable On fait aimer le vice en le rendant aimable, Et Molière partout le couronne de fleurs. Quoi ! Vous approuveriez les grâces de son style ? Je ne dis pas cela ; mais ce qu'en lui je blâme, C'est de les employer à décrire la flamme D'un amour tout mondain, et que, dans son courroux, Punit le juste Ciel de notre encens jaloux. J'ai peine à concevoir ce prodige inouï Et d'un éclat trompeur je vous crois ébloui. Molière, à vous entendre, en attaquant les vies, à tout le genre humain a rendu des services. Je doute cependant qu'il ait un but moral. Oui ; mais il a rendu la vertu ridicule, Et dans le Misantrope on est fâché de voir Alceste bafoué. Fidèle à son devoir Alceste le remplit avec exactitude. **** *creator_cubieres-palmezeaux *book_cubieres-palmezeaux_mortdemoliere3a *style_verse *genre_comedy *dist1_cubieres-palmezeaux_verse_comedy_mortdemoliere3a *dist2_cubieres-palmezeaux_verse_comedy *id_LAFORET *date_1788 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_laforet Qu'est-ce ? Oh ! J'aimons bien cela. Quand vous nous en montrais, je rions tant ! J'écoute Déjà de tout mon cour. Alle est de vous ? Je grillons de la voir. Lisais. Eh bien ! qu'est-ce ? Pardonnez-nous, Monsieur ; mais je n'ons rien compris À tous ces biaux discours, et je sommes d'avis Que vous jetiez au feu toutes ces fariboles. Il faut, pour m'égayer des choses qui soient drôles, Et ce Monsieur Lafleur a trop d'esprit pour moi. Oh ! Pour celui-là, non. Encore un coup, Monsieur, excusez si j'avons Un tantinet dormi : je nous y connaissons, Et vous n'avez rien fait qui soit moins agréable. Vous avez appelé, je crois. Je sommes dans les transes. Ah ! Monsieur, j'ons bien peur qu'il ne se trouve mal. Ah ! Notre pauvre maître ! J'allons le secourir. Et d'où vient son désastre ? Laisserez vous entrer le Docteur Mauvilain ? **** *creator_cubieres-palmezeaux *book_cubieres-palmezeaux_mortdemoliere3a *style_verse *genre_comedy *dist1_cubieres-palmezeaux_verse_comedy_mortdemoliere3a *dist2_cubieres-palmezeaux_verse_comedy *id_LESBIN *date_1788 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lesbin Non, Monsieur. De Mignard à l'instant on apporte une lettre. ............................................. Mignard envoie ici le portrait de Molière. Et Mignard va bientôt venir ici lui-même.