**** *creator_dancourt *book_dancourt_amants *style_verse *genre_comedy *dist1_dancourt_verse_comedy_amants *dist2_dancourt_verse_comedy *id_LAFORTUNE *date_1704 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lafortune Dans ce Vallon délicieux Que de ses dons simples, mais précieux, La nature paraît avoir, par préférence, Orné même aux dépens de tous les autres lieux, Joignons tout ce que l'art et la magnificence, Ont de plus grand, de plus ingénieux. Deux Princes, deux rivaux, pleins d'une ardeur extrême, Unissent tous leurs soins pour dompter la fierté D'un jeune objet qui, contre Vénus même, Peut disputer de la beauté. Dans ces aimables lieux sa mère l'a conduite. Les Princes à ses yeux font briller tour à tour Tout ce qui peut relever leur mérite, Et faire éclater leur amour. Ils m'ont prise pour leur Déesse, Tous deux également m'ont adressé leurs voeux ; C'est au doux succès de leurs feux, Que la Fortune s'intéresse. Mais quoi que je fasse pour eux, Un seul peut obtenir la main de la Princesse, Et de qui que ce soit des deux Que l'on couronne la tendresse, D'autres bienfaits avec largesse Consoleront le malheureux. Nymphes, Sylvains, et vous, ô Troupe fortunée ! Pour qui le Soleil dans son cours N'a jamais fait que de beaux jours, Tranquilles habitants des rives du Pénée, J'ai besoin de votre secours. Ajoutez aux douceurs charmantes Qu'on goûte en cet heureux séjour, De tendres jeux, et des fêtes galantes, Qui puissent inspirer l'amour. Par votre exemple invitez la Princesse À ne pas résister à des charmes si doux ; Et si son coeur se rend à la tendresse, Si par vos soins elle prend un époux, Je joindrai dans ces lieux le don de la richesse À ce que la nature a déjà fait pour vous. Mais quoi ? Nul ici ne s'empresse De répondre à ce que je veux ? Ne suis-je donc plus la Déesse Par qui les mortels sont heureux ? Pour avoir méprisé tant de voeux qu'on m'adresse, Essuierai-je à mon tour le reproche honteux D'avoir eu l'indigne faiblesse De former d'inutiles voeux ? Neptune, puissant Dieu des ondes, Toi dont le vaste Empire est soumis à mes lois, Sors pour quelques moments de tes grottes profondes, Et sois attentif à ma voix ; Punis ces peuples pleins d'audace, Qui méprisent de m'obéir : Que tes flots écumeux viennent les engloutir, Que de ces beaux vallons les mers prennent la place, Et qu'on ne puisse avoir l'orgueil de s'applaudir, D'avoir impunément mérité ma disgrâce. Hé ! Quels mortels pourraient ne la pas redouter ? Nulle fête sans vous ne saurait être belle, Les plus doux jeux vous sont tous consacrés, Et l'on attend de vous que pour faveur nouvelle, À ceux-ci vous présiderez : Ainsi que moi, Neptune s'intéresse À favoriser les Amants, Qui cherchent à toucher le coeur de la Princesse. **** *creator_dancourt *book_dancourt_amants *style_verse *genre_comedy *dist1_dancourt_verse_comedy_amants *dist2_dancourt_verse_comedy *id_NEPTUNE *date_1704 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_neptune Ma fille, (car toujours pour toi J'ai conservé des sentiments de père) Comme moi l'on te peint légère, De grâce en tout imite-moi. Je mets un frein aux mers que je tiens sous ma loi, Mets-en, ma fille, à ta colère, Pardonne aux Peuples de tes bords Le peu d'empressement qu'ils marquent de te plaire. Tes promesses et tes trésors Sont des biens dont ils n'ont que faire ; En vain tu crois gagner leurs coeurs Par l'espoir de la récompense, Les richesses et les grandeurs Ne touchent point des coeurs nés pour l'Indépendance ; Il ne cherche point tes faveurs, Et ne craignent point ta puissance. Ceux qui n'ont rien à craindre, et rien à souhaiter. Les Habitants de ces belles retraites, Qui, par des décrets éternels, Ressentent des douceurs parfaites Dont jouissent les Immortels. Qui, sans soins, sans désirs, dans l'heureuse innocence, Ne font fumer l'encens sur nos Autels, Que par amour et par reconnaissance. Presque au-dessus des demi-Dieux, Il ne faut pas qu'aucun de nous prétende Les gouverner d'un air impérieux, Et c'est en les payant enfin qu'on leur commande. Venez, accourez à la voix De Neptune qui vous appelle : C'est sans vouloir vous imposer de lois, Que la Fortune attend de votre zèle, Qu'aujourd'hui vous fassiez pour elle, Ce que pour d'autres Dieux vous fîtes tant de fois. Joignez-vous aux Nymphes des bois. Les Tritons et les Néréides Vont quitter, comme moi, leurs demeures humides, Pour former avec vous des concerts et des jeux, Nobles amusements d'une aimable jeunesse, Qui puissent attirer les regards curieux De l'incomparable Princesse, Que deux Princes rivaux régalent en ces lieux. Au pied de ce coteau qui nous cache la plaine, Cette jeune Cour se promène. On entend une symphonie par échos. Le bruit de vos concerts commence à retentir, Hâtons-nous, commençons la fête. Du spectacle qu'on leur apprête, Les échos vont les avertir ? **** *creator_dancourt *book_dancourt_amants *style_verse *genre_comedy *dist1_dancourt_verse_comedy_amants *dist2_dancourt_verse_comedy *id_LAMOUR *date_1704 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lamour Dans les jeux et dans les concerts, On ne trouva jamais ma présence importune ; Et je viens du plus haut des airs, Voir cette fête peu commune, Que d'accord avec la Fortune, Ordonne ici le Dieu des mers. Je destine à l'un d'eux les biens les plus charmants. Jusqu'ici la Princesse à mon pouvoir rebelle, En vain voudra dissimuler Les feux dont elle va brûler ; Et mes traits aujourd'hui doivent triompher d'elle. Sûr de cette victoire en ce charmant séjour, J'ai donné rendez-vous au Dieu de l'Hyménée ; Par lui dans cette jeune Cour, Ma suite et la sienne amenée, Termineront cet heureux jour, Et vous verrez l'heureuse destinée Que peut faire l'hymen d'accord avec l'Amour. Quels doux plaisirs Le Dieu des Amours donne, Quand on fait ce qu'il ordonne ! Quels doux plaisirs ; Qu'ici l'Écho ne résonne Que de nos tendres soupirs. Sostrate, et vous, jeune Princesse, Reconnaissez le Dieu qui vient de vous unir De la plus parfaite tendresse. Servez tous deux d'exemple aux siècles à venir. Le bizarre Dieu d'Hyménée, Qui souvent des heureux amants, Sitôt qu'ils sont époux, changent la destinée, Ne prépare pour vous que les plus doux moments. Pour mériter toujours sa faveur et la mienne, Qui vous promet tant de félicité, Modelez-vous sur la simplicité Des époux qu'en ces lieux Clitidas vous amène.