**** *creator_dancourt *book_dancourt_inconnu *style_verse *genre_comedy *dist1_dancourt_verse_comedy_inconnu *dist2_dancourt_verse_comedy *id_THALIE *date_1703 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_thalie Quelle favorable puissance A rétabli les agréments, La pompe et la magnificence D'un Théâtre que mon absence Avait laissé sans ornements ? Moi, qu'on nomme en tous lieux la divine Thalie ; Moi, Muse de la Comédie, L'amour des plus rares esprits, Je n'ai donc pu par leurs écrits Soutenir l'honneur de la Scène ? J'ai pris une inutile peine, Malgré les efforts que j'ai faits, On a déserté mes Palais : Depuis un temps une juste colère M'a fait abandonné ces lieux ; Un retour de tendresse, un désir curieux, De voir ce que sans moi l'on y peut encore faire Me fait y reporter et mes pas et mes yeux : Je reviens, je n'y vois rien qui ne doive plaire. Une foule de connaisseurs, Par le bon goût au spectacle appelée, Me fait penser que l'une de mes Sœurs À ma place s'en est mêlée. Se pourrait-il qu'à mon emploi Elle réussit mieux que moi ! N'est-ce pas là Crispin qui me parle. Je l'ai favorisé, j'ai connu les talents Qu'il eût du Ciel pour faire rire, Et pour plaire aux honnêtes gens : Mais enfin depuis quelque temps, En termes assez bons on m'a parlé des vôtres, Et l'on m'en a tant dit… La louange n'est pas mon fort, La raillerie est mon partage. Laissons cette matière, Et me dites un peu ce que l'on fait ici. Arrive-t-il souvent que l'on y réussisse ? Et pendant mon absence… De bons Acteurs la Troupe est-elle bien fournie ? Comment donc ! Et qui peut produire Chez vous cette inégalité ? Cela se comprend aisément ; Mais à qui d'une Pièce attribuer la chute ? Vous avez de nouveaux Acteurs ? Cela vous fait plaisir. Le proverbe est très véritable. Mais, dites-moi de grâce, à ces Acteurs nouveaux Le parterre est-il favorable ? Avec succès je crois que chacun s'en acquitte ; Si par hasard la chose est autrement, Le zèle tient lieu de mérite ; Et le public qui de l'orgueil s'irrite, Aux modernes Acteurs se prête bonnement ; Quoi qu'il en soit, faites-les-moi connaître, Je prétends les encourager ; Et suivant ce qu'ils pourront être, Je m'engage à les protéger. Non, qu'ils viennent. Melpomène ma sœur m'en a déjà parlé. N'avez-vous pas le fils de la Thorillière ? De mes faveurs je l'ai toujours comblé, Et sa famille aussi me sera toujours chère. Assurément. J'aime à voir dans cette jeunesse, Des Acteurs que j'aimais avec tant de tendresse, Le mérite renouvelé. Venez tous reconnaître en moi, Une des Muses du Théâtre. Vos Acteurs, à ce que je vois, Ont presque tous du talent pour la danse ? Quelqu'un de vous n'a-t-il pas de la voix ? Cette manière de récit Sera pour moi toute nouvelle, Et peut-être me plaira-t-elle ; La nouveauté quelque fois réussit. Messieurs, que l'on me fasse entendre Ceux en qui ce défaut est le moins vicieux. Cet Acteur a la voix touchante, Et je suis tout à fait contente De cette sorte de récit. Vous pourriez, à ce qu'il me semble, Réciter ainsi deux ensemble ? Vous récitez très galamment, Et marchez tous légèrement. J'approuve fort cette manière, Et sans aucun secours d'une main étrangère, Vous pourriez assez aisément Mettre des Pièces d'agrément. Je voudrais un sujet Comique, Bien manié, bien entendu, Et plus galant que magnifique. Je me souviens autrefois d'avoir vu Réussir certain INCONNU : Il ne serait pas mal je pense, Après l'avoir si longtemps négligé, D'essayer sans trop de dépense Si le goût du Public ne serait point changé. Je vous seconderai de toute ma puissance. Non, le simple. **** *creator_dancourt *book_dancourt_inconnu *style_verse *genre_comedy *dist1_dancourt_verse_comedy_inconnu *dist2_dancourt_verse_comedy *id_CRISPIN *date_1703 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_crispin Dieu vous garde, Madame Thalie. Hé ! Depuis quand à Paris de retour ? Je vous croyais en Italie, Où vous aviez dit-on, fixé votre séjour. Lui-même. Crispin cadet, fils de Crispin l'aîné, Sous une heureuse étoile né S'il pouvait se flatter de la gloire suprême D'être autant de vos favoris Que feu son père en fut jadis ; Car il en fut beaucoup, à ce que j'entends dire. À d'autres, Comme toujours de la Profession L'amour propre fut l'apanage, Ne me louez qu'avec précaution, Je n'ai que trop de pente à la présomption, Ne m'en donnez pas davantage. Fort bien, vous me raillez, je gage, Et j'ai donné dedans. J'ai tort. D'autres que moi… On fait tout ce qu'on peut pour plaire, Et l'on est fort content quand on a réussi. On s'est passé de vous, Et pour peu qu'on nous applaudisse, Nous redoublons nos soins, enfin nous sommes tous Fort contents de Paris, quand Paris l'est de nous. Troupe, Madame ! On dit à présent Compagnie. Malepeste ! Sur un bon pied Nous avons mis la Comédie ; Et si par quelque heureux génie Le théâtre était appuyé… Car voyez-vous, j'ai l'âme la plus ronde, Et ne sais point faire le fin. Vous nous voyez aujourd'hui bien du monde, Nous n'aurons personne demain. C'est que… Comprenez bien ce que je vais vous dire. Une première fois par curiosité… On vient voir en foule un ouvrage. Quand… la première fois… on en est dégoûté, On n'y revient pas davantage. On en parle différemment. L'Auteur aux Acteurs l'impute Les Acteurs parlent autrement, Le Parterre ordinairement Est le Juge de la dispute ; Et comme il juge sainement, Il juge souverainement : Ce qu'il a jugé s'exécute. Oh ! Beaucoup, presque autant que de nouveaux Auteurs. Que l'un de nous quitte ou trépasse, Il en viendra quatre à sa place. Le proverbe le dit, Plus on est de fous, plus on rit. S'il ne leur était pas, ce serait bien le diable. Nous n'avons presque plus de ces originaux, Que vous aviez formés vous-même. Grand changement d'un temps à l'autre y a ; Et quand on n'a pas ce qu'on aime, Il faut bien aimer ce qu'on a. Nous nous formons sur le meilleur modèle. À vous faire la cour tous ardents comme moi, Nous avons tous le même zèle, Pour réussir chacun dans son emploi. N'est-ce point trop vous engager. Holà, Monsieur Dufort, la France ? Voyez si ces Messieurs, ces Dames sont là-haut. Une Muse de connaissance Nous honore de sa présence ; Qu'ils accourent tous au plutôt, Lui faire la révérence. En voici deux nouveaux, c'est Ponteuil et Sallé. Oui, dont vous aimiez tant le père. Tant mieux. La famille a peuplé, En voici de la jeune espèce. Vous aimiez fort aussi, dit-on, la Champmeslé ? Hé bien, tenez, voilà sa nièce. Mesdames, voilà la déesse, Par les faveurs de qui nos aïeux ont brillé. Allons gaiement, la Muse est gaillarde et folâtre Et le Comique est son emploi. Fi donc ! Vous vous moquez, je crois ? Ce n'est pas là danser, c'est marcher en cadence. Pour chanter non. Il est vrai que parfois Ils vous prennent un ton tendrement énergique, Demi gaillard, demi tragique, Une façon de réciter, Qu'on prendrait pour de la Musique, Quand le tour du Vers est Lyrique, Ce diable de ton-là ne se peut éviter. C'est un grand défaut au Comique. Allons, Monsieur Sallé, du grand, du beau, du tendre, De l'enjoué, du sérieux, Quelque chose qui touche l'âme. C'est assurément lui, Madame, À qui sans contredit ce défaut sied le mieux. Sombre forêt, aimable solitude, Votre ombre impénétrable à la clarté du jour, Ne l'est pas à l'inquiétude Que me cause un funeste amour. De l'inhumaine que j'adore L'image me suit en tous lieux, Et le cruel Amour la présente à mes yeux Plus belle qu'elle n'est encore. Elle ne me plaît point, moi, je trouve qu'il chante… Et cependant le public l'applaudit. Deux soit, n'allez pas jusqu'à trois ; Car c'en serait trop à la fois. Allons, Messieurs du Chromatique, De l'enjouement avec du pathétique, Et puis à peu près, là, sur le ton qu'ils prendront, Pour ne pas rester à rien faire, Les autres Acteurs marcheront, Ou par-devant, ou par derrière, Tantôt de biais, tantôt en rond. Ô l'heureux jour ! Muse adorable : Que ton retour Nous est favorable ! Qu'il charme nos sens ! Vous qui de nos jeux innocents, Faites un usage agréable, Venez seconder nos désirs, Venez partager nos plaisirs, Approuvez nos efforts, approuvez notre zèle, Et nous favorisez comme elle. Des Pièces d'agrément sans Danse, sans Musique ? Autant vaut fermer la Boutique. Oui : mais au double il a fallu la mettre, Et le Public s'en est presque fâché. Demandez, demandez, hem… Où la prendre ? Où l'aller chercher ? Si ce n'est par bonne fortune Que Madame Thalie en indique quelqu'une, Qui de loin seulement paraisse s'en approcher. Par de certains Auteurs il sera mal rendu, Si vous ne les aidez de votre Rhétorique. Mais la Musique est égarée, Les Airs et les Chansons ne se retrouvent plus. Elle ne nous a pas conseillé la dépense, De crainte d'accident ne faisons pas grands frais. Ne prendra-t-on que le prix ordinaire, Ou le double, comme à Psyché ? Messieurs, la Muse aime à vous plaire ! En sa faveur on vous fait bon marché. En sa faveur aussi… Voici ce qu'il faut faire. Agréez nos efforts, louez, applaudissez, Venez en foule, et souvent, c'est assez. **** *creator_dancourt *book_dancourt_inconnu *style_verse *genre_comedy *dist1_dancourt_verse_comedy_inconnu *dist2_dancourt_verse_comedy *id_MADEMOISELLEDESMARRES *date_1703 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_mademoiselledesmarres Pourquoi donc ? Nous venons de remettre Psyché, Avec tout le succès qu'on s'en pouvait promettre. Malgré sa colère, En foule il est venu la voir, Et nous sortions bienheureux d'en avoir Une qui pût autant lui plaire. Oui, l'Inconnu, la Pièce est toute préparée, Et je crois que déjà les Rôles en sont sus. Le conseil de la Muse assure le succès. L'âme la plus fière Aux traits des amours, Follement espère Résister toujours : On fuit, on échappe À leurs premiers coups ; Si l'un ne nous frappe, L'autre nous attrape : Ces petits libertins sont tous Tôt ou tard les maîtres de nous. L'âme la plus fière Aux traits des amours, Follement espère Résister toujours. Aux cœurs sans défense Leur empire est doux, Trop de résistance Souvent les offense. Ces petits libertins sont tous, Tôt ou tard les maîtres de nous. L'âme la plus fière Aux traits des amours, Follement espère Résister toujours. Un Inconnu pour vos charmes soupire. Son sort égalerait celui des Dieux, S'il pouvait lire Dans vos beaux yeux, Qu'avec plaisir vous souffrez en ces lieux, Les soins qu'il prend de vous le faire dire. Sur son destin, que faut-il qu'il apprenne ? D'un tendre aveu soulagera le souci D'un cœur en peine D'être éclairci, Nous disons la bonne aventure ici, Ne pourrons-nous l'instruire de la sienne. Monsieur Ponteuil en Bohémien. Belles, qui voulez apprendre Quelle fortune vous aurez, Ne pouvez-vous pas prétendre À celle que vous voudrez ? Il est un sort qui de vous doit dépendre ; D'heureux destins Sont en vos mains, C'est à vous de les faire, à nous de les attendre. **** *creator_dancourt *book_dancourt_inconnu *style_verse *genre_comedy *dist1_dancourt_verse_comedy_inconnu *dist2_dancourt_verse_comedy *id_MONSIEURPONTEUIL *date_1703 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_monsieurponteuil S'il faut tôt ou tard que l'on aime, Si les traits des amours ne peuvent se parer, N'est-ce pas une erreur extrême De s'obstiner à différer, S'il faut tôt ou tard que l'on aime, **** *creator_dancourt *book_dancourt_inconnu *style_verse *genre_comedy *dist1_dancourt_verse_comedy_inconnu *dist2_dancourt_verse_comedy *id_MONSIEURSALLE *date_1703 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_monsieursalle Tous les moments que l'on diffère Sans éteindre nos feux contraignent nos désirs, L'amour est un mal nécessaire, Et l'on dérobe à ses plaisirs Tous les moments que l'on diffère On ne saurait être heureux, Si l'on n'a pas l'art de plaire, Si l'on n'est pas amoureux, On ne saurait être heureux, Sans amour on ne plaît guère. On ne saurait être heureux, Si l'on n'a pas l'art de plaire, L'on ne saurait être heureux, Si l'on n'est pas amoureux, À la santé de Colin, L'heureux mari de Colette ; Outre qu'il est mon voisin, C'est qu'il aime le vin, C'est qu'il aime le vin. Sa femme aime peu la diète. Fessons notre vin, Buvons à Colette, Fessons notre vin, Buvons à Colin. Vive Colette et Colin, Et les enfants qu'ils vont faire. Comme je suis bon voisin, J'en serai le Parrain, J'en serai le Parrain. Colin prendra bien l'affaire. S'il n'est pas certain D'en être le père, Il sera certain D'avoir bon voisin. **** *creator_dancourt *book_dancourt_inconnu *style_verse *genre_comedy *dist1_dancourt_verse_comedy_inconnu *dist2_dancourt_verse_comedy *id_LACOMTESSE *date_1703 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lacomtesse Et qui les a conduits ? Nous allons le savoir. Il n'est rien de si beau. Il faut les écouter ; car je me persuade Qu'ils nous vont de l'Amour faire un joli tableau. Ignorant qui me les adresse, Ce sont d'assez vaines ardeurs. Mais tâchons d'accorder l'Amour et la Jeunesse. Lisons. Il n'est rien plus galant. Quoique ma passion extrême Me fasse un souverain bonheur Du plaisir de vous dire à quel point je vous aime, Permettez que l'Amour vous parle en ma faveur, Avant que je parle moi-même. J'ose attendre beaucoup d'un entretien si doux. Hé ! Qui sait mieux que ce que je sens pour vous. On dit plus qu'on ne sent : mais je veux à mon tour Faire un présent à la Jeunesse. Je ne donne rien à l'Amour. Il se vante, et je crains ses contes ordinaires. Tâche à les amuser. Virgine, les enfants n'aiment point à se taire, Et de notre Inconnu par eux… Et toujours galamment ; Du moins j'ai tout sujet d'en être satisfaite. Sur l'espérance des douceurs Dont l'Amour doit combler nos cœurs, Quand une fois il s'en empare, Je suivrais volontiers ses pas : Mais comme il est enfant, j'ai peur qu'il ne s'égare, Et j'aime à ne me perdre pas. Je ne veux pas les laisser inutiles, Olimpe y prendra part ainsi que son Amant. J'ai besoin d'une main, la vôtre est-elle prête, Marquis ? Non, vous me conduirez. Point d'excuse, point de défaite, Je veux que vous veniez. Hé ! Marquis, Sans façon, croyez-moi, faites ce que je dis. Vous vous montrez plus jaloux que vous n'êtes. Je connais votre cœur mieux que vous, Et c'est si rarement que le trouble y peut naître… Il aura tout le loisir de s'en rendre le maître : Cependant divertissons-nous. Leur danse, leur voix, tout m'enchante. La beauté de la Fête a passé mon attente. Comus peut s'assurer partout de son bonheur, Si Comus s'en fait un de plaire. Mais comme en terre quelquefois La divinité s'humanise, Le Dieu Comus pourrait m'apprendre à qui je dois Le divertissement dont il me voit surprise. Je ne m'explique pas ainsi, Je veux connaître avant qu'entrer en confidence. Se taire, se cacher si longtemps quand on aime ? Pour moi, je ne sais plus qu'en dire. Il faut tâcher d'en rire, En attendant que ce temps soit venu. Pour des bohémiens, cet équipage est beau. Rien n'est si propre qu'eux. J'en suis très satisfaite. La figure est galante. Puisque vous le voulez, il faut y consentir. Tous deux ? Laissons-là tout ce badinage, Et songeons à nous divertir, Point de mort, ni de mariage. Chevalier, les jaloux souvent se font haïr. Finissons, et prions quelqu'une de la bande, Puisque nous avons le loisir De danser une sarabande. J'admire également et la voix et la danse, Il n'est rien, dont par là, vous ne veniez à bout, Et vous méritez tous, que pour reconnaissance… Mais je veux qu'un présent… Suivez-les, Virgine, et que l'on fasse Tout ce qui se pourra pour les bien régaler. Que veut-on ? Voyez qui c'est, Virgine, et l'amenez ici. Je suis fort obligée à votre complaisance ; Mais ne sachant à qui… Et comment jouerez-vous ? Qui ne le voudrait pas ? Avancez. Vous allez entendre un Dialogue, Dont j'ai vu jusqu'ici tout le monde charmé. Quoi, déjà de retour ? De quoi ? L'assemblée est risible, et c'est un raccourci… Hé bien voyons. Assurément. Oui. Non ? À votre ordinaire Vous êtes complaisant. Hé bien, Je veux me divertir à m'ennuyer. C'est que le Marquis sait… Mais enfin je le veux. Vous ne seriez pas sage, De hasarder beaucoup, vous perdriez. Qu'on aurait peine à se divertir mieux. Voyons, à cela près, ce qui suit. Vous voulez que je danse ? Quand je la danserais, le grand malheur ! En vérité, Marquis, ils m'ont bien divertie. L'Inconnu ? Je dis… Voyez. Quoi, c'est vous dont l'adresse cachée Cherchait à m'engager ? Qui l'aurait cru, qu'en vous il l'eût fallu chercher ? C'est là mon diamant. Vous étiez destiné À recevoir enfin la main qui l'a donné ; Il est juste, et j'en fais le prix de votre flamme. Vous prendrez patience. Le prendrez-vous, Marquis ? Il vous regarde. Allons. **** *creator_dancourt *book_dancourt_inconnu *style_verse *genre_comedy *dist1_dancourt_verse_comedy_inconnu *dist2_dancourt_verse_comedy *id_OLIMPE *date_1703 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_olimpe C'est encor l'Inconnu. L'aimable couple ! De leur petite mascarade, Le dessein est assez nouveau. En toute langue on vous dit des douceurs. Qu'il est bien fait ! Mais Dieux ! À l'aimable Comtesse. Madame, c'est à vous que ce billet s'adresse. De l'Inconnu j'admire le talent. Tout ce qu'il fait enchante. C'est s'exprimer avec tendresse. On les a bien instruits. N'épargner ni peine ni dépense, Pour fournir des plaisirs toujours en abondance, C'est là ce qui s'appelle aimer. Volontiers. Les refus sont assez difficiles, Quand on agit si galamment. On dirait qu'ils sont en courroux. L'Inconnu l'ordonnant, aviez-vous à douter Qu'elle ne fût toute galante ? Le temps éclaircira l'amour de l'Inconnu, Un peu de patience. Elle vaut bien la voir. Et fort bien ordonnée, Partout où vous irez, le prix vous est certain. Mais voyez cette belle main, Et nous dites à qui l'Amour l'a destinée. Si pour constant ce décret est tenu, Madame, du Marquis nous demandons la vie, Il vous a le premier servie : Quand vous serez veuve de l'Inconnu, Vous pourrez l'épouser, s'il vous en prend envie. Et ces enfants qu'ils mènent avec eux Disent-ils la bonne aventure. Je vous écouterai plus volontiers qu'un autre, Venez, j'abandonne ma main. Il peut garder son privilège, Sans qu'on songe à le contester. À faire un conte en l'air, l'âge lui sert d'excuse, Il parle comme il peut, sans savoir ce qu'il dit. Ils sortent. Nous, Circé ? Non, Monsieur, Paris seul est capable… C'est là le bel endroit. La Comédie enchante, et j'en suis idolâtre. Vous êtes gai. Madame, après cela que l'Inconnu hasarde De se faire connaître. La Chanson est jolie : Mais en chantant toujours le Théâtre s'oublie. Ah, Madame, voyons. Courage, Tenez ferme. Et ce pauvre benêt Que je vois auprès d'elle, est-ce l'époux ? Ah ! Oh dame, Quoique nés dans les champs, j'ons appris les cinq pas, Et j'ons des qualités que bian d'autres n'ont pas. Pour moi j'en suis très satisfaite. Et ce bon Gentilhomme ? Ce n'est point l'Inconnu. Si rien ne le déguise, Vous y verrez des traits… Vus en êtes surprise ? Hé bien, a-t-il l'air bon ; qu'en dites-vous ? Le Marquis ! Juste Ciel ! Oui, je ne puis oublier Que je vous ai promis d'aimer le Chevalier ; Vous avez de l'honneur, c'est assez vous en dire. Si ma mère y consent, je vous réponds de moi. C'est un extravagant dont nous sommes défaits. **** *creator_dancourt *book_dancourt_inconnu *style_verse *genre_comedy *dist1_dancourt_verse_comedy_inconnu *dist2_dancourt_verse_comedy *id_LEMARQUIS *date_1703 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lemarquis Vous devez les attendre, Madame, et l'Inconnu ne saurait moins prétendre : Il connaît mieux que moi ce que c'est qu'être Amant, Partout il vous régale. Vous pouvez l'écouter, voici son Interprète. Vous vous moquez, je crois ? Je renonce à la Fête, Elle n'est pas faite pour moi. Hé ! Madame. Justement. Oui, Madame, j'ai tort de paraître jaloux, Car je n'ai pas sujet de l'être. Non, non, je prends sur moi de démentir La nécessité du veuvage. Comment ? Parlez-vous tout de bon, Madame ? La cohue, une noce aurait de quoi vous plaire ? Vous n'y songez pas. Je ne m'oppose à rien ; Mais tant de sottes gens vous ennuieront. Je sais ce qu'il vous faut. Je n'ai plus rien à dire. Je gage Que vous vous ennuyez. Vos yeux Font voir… Non, jamais je ne danse. Allez, Madame, allez faire la révérence, Danser une pavane avec Monsieur Colin. Enfin, Vous faites vos plaisirs d'une noce. En êtes-vous fâchée ? Les soins de l'Inconnu pourront-ils vous toucher, Non, ne m'en croyez pas : mais, aimable Comtesse, Croyez-en ce présent que m'a fait la Jeunesse. Ô bonheur, qui remplit tous mes vœux ! Mais, Madame, Vous souvenez-vous… Que ne ferais-je point ? Puisse l'Amour ne nous quitter jamais. **** *creator_dancourt *book_dancourt_inconnu *style_verse *genre_comedy *dist1_dancourt_verse_comedy_inconnu *dist2_dancourt_verse_comedy *id_LECHEVALIER *date_1703 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lechevalier Quoique j'ignore encor quel spectacle on apprête, Je puis vous préparer à quelque grande fête, Madame, dans ce bois j'ai vu des gens épars, Qui pour vous la donner viennent de toutes parts. Ils s'avancent vers vous. Tant de galanterie a droit de vous charmer, Madame. On aurait peine à mieux chanter. La bande est fort complète. Leur rapport ne peut rien que sur les scrupuleux, Qui s'en font un fâcheux augure. Vous le voyez, Madame, un enfant vous accuse, Condamnez mon jaloux dépit. Quand il a fait son rôle, Le Vicomte d'abord a remis sa parole. Sur ce sujet, il faut nous satisfaire, Et de force ou de gré nous prétendons savoir… C'est le Marquis. Doux et charmant aveu, qui finit mon martyre ? Madame, je puis donc prétendre à votre foi ? La retraite est gaillarde. **** *creator_dancourt *book_dancourt_inconnu *style_verse *genre_comedy *dist1_dancourt_verse_comedy_inconnu *dist2_dancourt_verse_comedy *id_LEVICOMTE *date_1703 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_levicomte Ah, serviteur. Ne vous manque-t-il rien, Pour nous pouvoir ici donner la Comédie ? Il faudrait quelque Pièce applaudie, Où l'emploi des Acteurs répondit… Et Circé, l'avez-vous ? Les singes m'y charmaient, leur scène est admirable. Il plaît à bien des gens. Avec des Paravents. J'en voudrais retrancher ces grandes passions, On y pleure, et je hais les lamentations… Jamais aucun chagrin en tête, Je ris toujours. Ce début de chanteurs servira de prologue. Voyons ce Dialogue. Oh, vraiment, il n'a garde, Mais aux airs sérieux, je prends peu de plaisir. Morbleu que je le suis ! Allons-y faire travailler, Et leur choisir un lieu commode à s'habiller. Madame. Ah ma foi Nous allons bien ici nous divertir. Hé ! Cela vaudrait mieux que votre Comédie, Pour moi je n'ai rien vu de plus gai de ma vie, Et vous en ferez cas sans doute à votre tour. J'ai pris, en vous quittant, mon chemin par le bourg, À dessein d'obliger notre troupe obstinée, À nous tenir ce soir la parole donnée : Mais à peine ai-je fait vingt pas, que j'ai trouvé De quoi recevoir tous un plaisir achevé. Une noce morbleu ; mais noce de village, Plaisante au dernier point par chaque personnage ; Et j'ai si bien prêché, qu'elle vient sur mes pas. Que vous rirez voyant ce grotesque fracas ! Ah morbleu, que ne puis-je en faire la peinture ! Vous en ririez d'avance, et diriez comme moi, Que tout cet attirail est un plaisir de Roi. Entre autres l'on y voit, outre la mariée, Qui suit en bel arroi la troupe conviée, Un ramas d'animaux, qui des plus sottes gens En différente espèce offre le passe-temps. Un Suisse, un vieux bourgeois, des clercs, des villageoises, Des grisettes, un page, et de riches Bourgeoises, Et deux badauds, dont l'un est aussi sot, et plus, Que ne fut en son temps Thomas Diafoirus. Ah, qu'en guerre un parti ferait là de ravages ! Ma foi les beaux habits resteraient pour les gages. Vous en aurez la vue en demeurant ici. Si par quelque accident la noce n'est troublée, J'ai fait de cet endroit le lieu de l'assemblée. Faut-il consulter davantage ? Vous diriez qu'il s'agit de donner un assaut. Voici toute la bande, apprêtez-vous à rire. Dame, c'est La perle du pays. Lui-même. Sa figure allongée est d'un vrai Nicodème. Savez-vous à quoi je le trouverais bon ? À faire de sa tête un boulet de canon. Qu'il ferait beau la voir rebondir en l'air ! Je vais prendre sa place, C'est qu'il a du chagrin. Attendant qu'il se passe, Voyons ce qu'à la danse un gentilhomme vaut. Hé bien ! N'est-ce pas trémousser comme il faut ? J'en fais partout de même. À vous la mariée. Elle est jolie. Un air, la taille déliée. Allons, courage, ferme, à la recharge, bon. Voilà s'en acquitter de la belle façon, Je l'aime ; elle a les yeux tournés d'une manière… Voulez-vous être ma vivandière, Si je vais à l'armée ? Ah, morbleu, je prétends Vous faire vivre en Reine, et bien passer le temps. Qu'en dites-vous ? Ah ! Qu'il ne lui déplaise, Serviteur à Colin. Hé ! Ne dans-t-il pas ! Monsieur Colin, allons ; debout et haut les bras. À moins qu'un marié ne soit d'humeur gaillarde, J'en dis fi. Pourquoi ? Fort bien. Le volte face, et les jambes en l'air. Ferme en avant, jamais il ne faut reculer. Quel compère ! Ah, parbleu ! L'on ne peut mieux l'entendre. Voyons ce grand nigaud. La galante chanson ! Peste, par haut voilà s'escrimer des talons ! Il est très souple, sur mon âme. Vous avez bien choisi, la mariée. Qu'en dites-vous ? Mais à quoi rêvez-vous, aimable friponnette ? Quittez le sérieux, Ma belle, et comme moi prenez un air joyeux ; Je veux vous mettre en train. Non, vous avez et beau faire et beau dire, Je vous déroberai, deux baisers seulement. Tout cela bagatelle, Je les aurai, parbleu. La petite cruelle ! Il a vécu, Madame. Un mot, mon cher, ô çà, parlons sans raillerie. Non, non, restez ici. Voilà le Pèlerin qui nous met en souci. Le Grosset. Ce l'est assurément, Madame. Parlez donc, Sieur Grosset, autrement. Vous saurez ce que c'est qu'un Vicomte en colère. Le Marquis ! Je vous vois là tous quatre en bonne intelligence, Et moi, que devenir ? Oui, de mes pas pour vous c'est donc là le succès, Se charge qui voudra du soin de vos procès. Adieu. **** *creator_dancourt *book_dancourt_inconnu *style_verse *genre_comedy *dist1_dancourt_verse_comedy_inconnu *dist2_dancourt_verse_comedy *id_LAMONTAGNE *date_1703 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lamontagne Nous ne faisons qu'arriver de Paris, Où pour avoir dit des nouvelles Assez agréables aux Belles, On nous a fait présent de ces riches habits : Mais rien n'approche là de ce qu'on voit paraître, Où vos divins attraits cessent d'être cachés. Comme de tous les cœurs leur éclat se rend maître, Souffrez qu'en l'admirant, nous vous fassions connaître Combien nous en sommes touchés. Comme nous sommes gens de qui la connaissance Sut toujours de l'erreur se garantir, C'est sur nous seuls qu'on doit prendre assurance, Les autres ne font que mentir. Dans vos plus grands projets vous serez traversée ; Mais en vain contre vous la brigue emploiera tout, Vous aurez le plaisir de la voir renversée, Et d'en venir toujours à bout. Vous avez quelquefois de flatteuses manières, Qui seraient pour l'espoir un motif bien pressant, Si pour les balancer vous n'en aviez de fières, Qui le font mourir en naissant. Cette ligne qui croise avec celle de vie, Marque pour votre gloire un murmure fatal ; Sur des traits ressemblants on en parlera mal, Et vous aurez une copie Qui vous fera croire l'original. D'un honneur ennemi de la Cérémonie, N'en prenez pas trop de chagrin ; Si notre gaillarde figure, Contre vous quelque temps cause un fâcheux murmure, Un tour de ville y mettra fin, Et vous rirez de l'aventure. Votre cœur est brigué par quantité d'amants ; Mais le premier de tous pourrait s'en rendre maître, Si le dernier, sans se faire connaître, Ne vous inspirait pas de tendres sentiments : Cependant vous aurez beau à faire, Même prix, même gloire est acquise à leurs feux, Vous les épouserez tous deux, C'est du destin, un décret nécessaire. Il est de notre cru, nous y ferons figure. Ça morguenne, Dansons de la gaillarde, et que l'on se démène. Mais quoi… Regardez ce portrait, vous saurez mon pouvoir, Et quel est l'Inconnu. **** *creator_dancourt *book_dancourt_inconnu *style_verse *genre_comedy *dist1_dancourt_verse_comedy_inconnu *dist2_dancourt_verse_comedy *id_VIRGINIE *date_1703 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_virginie Ah, que la mariée est drôle ! **** *creator_dancourt *book_dancourt_inconnu *style_verse *genre_comedy *dist1_dancourt_verse_comedy_inconnu *dist2_dancourt_verse_comedy *id_CASCARET *date_1703 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_cascaret Madame… Un Monsieur vous demande.