**** *creator_dancourt *book_dancourt_sancho *style_verse *genre_comedy *dist1_dancourt_verse_comedy_sancho *dist2_dancourt_verse_comedy *id_LEDUC *date_1712 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_leduc Valeureux Don Guichot, dont les faits héroïques Sont chantés hautement dans les places publiques, Je ne puis exprimer quel plaisir je reçois D'avoir encor l'honneur de vous revoit chez moi. Que m'apprenez-vous là ? L'Infante Dulcinée, Qu'avec tant de vertus chacun sait être née, De tout le Toboso le plus digne ornement, L'objet de tous vos veux… Certes, vous me contez une étrange aventure. Le Seigneur Don Guichot unit dans son grand cœur L'excès de politesse, et l'excès de valeur. Cette troisième fois aura sa récompense : Je puis vous l'assurer, moi, Sancho. Ami, Sancho, pour l'Île elle vous est acquise, Vous l'aurez sûrement, car je vous l'ai promise. Oui, tout présentement je veux vous la donner, Et que dès aujourd'hui vous puissiez gouverner. Vous allez le savoir par votre expérience : Mais, pour gouverner, il faut à la science Joindre le bon esprit, la droiture de cœur… Sans doute, et je vois bien qu'il serait difficile De vous instruire en rien : mais je veux de cette Île Vous voir dès aujourd'hui prendre possession. Comme il faut pour cela quelque cérémonie. Vous savez la coutume ? Qu'on publie Qu'à compter d'aujourd'hui, du grand Sancho Pança L'heureux gouvernement dans l'Île commença. Moi-même j'aurai soin de tous vos équipages, Je choisirai vos gens, vos Officiers, vos Pages, Cuisiniers… Secrétaire, Intendant. Les miens vous serviront toujours en attendant. Linge, parure, habits, les choses nécessaires, À trouver tout cela l'on ne tardera guères. Oui. Mais quand je vous mets dans la place éclatante De Gouverneur, c'est moi que Sancho représente, Songez que c'est pour moi que vous figurerez. Non ; je me persuade Que la chasse lui plaît moins que la promenade : Je veux la divertir, et non la fatiguer, Et j'ai quelque dessein à lui communiquer. Mais, pour la prévenir, annoncez-lui d'avance Du Seigneur Guichot l'agréable présence, Et celle de Sancho, que tout présentement Je viens de revêtir de son Gouvernement. Volontiers, aussi bien je veux avoir l'honneur D'entretenir un peu Monsieur le Gouverneur. Je le veux. Vous êtes trop modeste. Couvrez-vous. Point de façons, je vous prie, entre nous ! Vous êtes Gouverneur, une fois. Allons. Je l'ordonne, il suffit. Ainsi valez-vous mieux qu'ils n'ont jamais valu. Venons au fait. Il court un bruit qui me fait peine : Que Don Guichot n'a pas la cervelle bien saine : Je ne m'en suis pas fort aperçu jusqu'ici. On croit pouvoir juger du valet par le maître. Mais si la chose était, il serait difficile Que vous pussiez jamais bien gouverner votre Île. Oui, vous êtes, Sancho, de bon entendement, D'esprit droit, de cœur pur, d'excellent jugement. Peuples vraiment heureux, Île trop fortunée, Qui par le grand Sancho se verra gouvernée ! Sur votre probité, Sancho, je fais grand fonds. Adieu, grand Gouverneur, je vous laisse avec eux, Qu'on ait soin de l'orner d'habits les plus pompeux, Dans peu je vous rejoins. Sancho, je suis né Duc, et vous dans la roture : Mais je vous tiens égal à moi, je vous assure, Et je fais tant de cas de votre bon esprit… Commandez. Tous chez moi prompts à vous satisfaire, Sitôt que vous parlez, s'empressent de vous plaire, Suivez au moindre mot l'ordre du Gouverneur. Pourquoi vous refuser à d'innocents plaisirs ? Puisque le Ciel pour nous a fait d'heureux loisirs, Madame, occupons-les de ce qui se présente, Et mettons à profit l'aventure plaisante De deux fous que le sort adresse ici chez vous, Et qui peut-être au fond sont plus sages que nous. Penser modestement de soi-même, est-ce un crime. On s'amuse, on médite Combien du sage au fou la distance est petite, Et l'on rend grâce au Ciel de nous avoir tourné Le cerveau de manière à n'être point berné. Pour prendre ces plaisirs plus agréablement, J'ai fait choix de ce lieu pour le Gouvernement Du bon Sancho. Je veux avec exactitude Voir ce que l'instinct seul, sans art et sans étude, Dans un homme grossier, mais plein de vérité, Peut produire de juste en sa simplicité. Vous, Carisal… Préparez la harangue Qu'on doit au Gouverneur. Ce soin que l'on prendrait, loin d'être charitable, Les priverait tous deux d'une vie agréable, Et ferait à chacun sentir la fausseté Des chimériques biens dont il est enchanté. Don Guichot aujourd'hui rempli de ce qu'il pense, Goûte tous les plaisirs d'un homme d'importance, Aspire à la Couronne, et croit en conquérir, Et sans le ruiner on ne peut le guérir. Sancho Pança, trompé par de belles promesses, De son Gouvernement espère des richesses, Qui pourront l'élever au rang des plus puissants ; Il perd tous ses biens-là s'il recouvre le sens. Qu'importe qu'ils soient vrais, ou bien imaginaires, Si ces fous sont contents de leur bonheur parfait ; Et dès qu'ils pensent l'être, ils le sont en effet. Je sens la politesse, et je vous en rends grâce. C'est Sancho lui-même. Elle est expédiée en ce même moment. Dont je fais le Palais du Gouverneur nouveau. Vous ferez ici votre séjour, Et moi dans d'autres lieux j'irai tenir ma Cour : Enfin voici votre Île, où je veux qu'on vous aime, Et qu'on vous considère à l'égal de moi-même. Je veux que tous vos jours y soient des Mardis-gras, Qu'on vous serve par jour cinq à six mille plats : Que de la table au lit, et du lit à la table Vous ne fassiez qu'un cours fréquent, mais agréable. Que jamais le Soleil ne dore l'Orient, Que vous n'ayez goûté de quelque mets friand ; Que depuis son lever, jusqu'à ce qu'il se couche, Vous ayez l'œil au plat, et le verre à la bouche ; Sans que jamais, Géant, Enchanteur, ou Lutin Ose vous traverser dans votre heureux destin. Oui. Vous, en exagérant, mettez sans préjudice. Au reste, votre exorde a fort bien réussi, Docteur. Vive le grand Sancho très grand nombre d'années. Seigneur ? N'importe, avant que d'y songer D'un soin indispensable il faut vous dégager. La loi de l'Île veut qu'un Gouverneur commence Par donner en Public au peuple une audience. C'est là qu'on fait l'essai de son Gouvernement, Ensuite il va dîner dans son appartement. Laissez-moi faire. Allons, et d'un esprit content Montrons le Gouverneur au Peuple qui l'attend. Qu'avez-vous, grand Sancho, vous semblez en courroux ? Mon ordre est dans ces lieux que chacun vous révère. Non, avec politesse il faut l'expédier : Qu'on sache ce qu'il veut, et comment il se nomme. Volontiers, qu'il avance. Vous pouvez disposer de moi, de mes États : Quels meilleurs sujets puis-je prendre ? L'un pour les gouverner, l'autre pour les défendre. Mais du Gouvernement Sancho doit être las, Avant que vous voyiez la fin de l'aventure. Est quelques procès de ceux qu'on vous prépare, Qu'on doit juger à jeun. C'est un droit qu'avec nous vous aurez n tous lieux. Hâtez-vous de juger. C'est fort bien décider. C'est celui qu'on ne peut voir qu'à jeun. Quel Gouverneur jamais parut plus éclairé ? Cette incivilité, Sancho, serait trop grande ; Aux étrangers, surtout, on doit certains égards. N'écouter que celui-ci. Qu'il entre. Je ne souffrirais pas cette plaisanterie. Vive le Grand Sancho. J'en suis tout étonné. Allez donc bien dîner. Ainsi Qu'avec nous Don Guichot vienne dîner aussi. Pendant que Don Guichot dessous la cheminée Peut-être, ou dans son lit rêve à sa Dulcinée, Feignons de la tirer de son enchantement, Et délivrons Sancho de son Gouvernement ; J'ai donné pour cela les ordres nécessaires. Hé bien, chimère soit : Tous les plaisirs qu'on prend Méritent-ils, Madame, un nom bien différent ? Ceux que donnent le jeu, la danse, la musique, Et la chasse, ont-ils rien qui ne soit chimérique ? Tous ensemble n'ont point d'autre solidité, Que d'user nos moments avec tranquillité, La fête qu'aujourd'hui nous nous sommes donnée Ne peut, à mon avis, être mieux terminée Que par quelque concert, quelque façon de bal, Dont nous pouvons nous faire un innocent régal. Vos gens sont avertis de ce qu'ils ont à faire, Et le peuple, qui vient en foule d'ordinaire Aux fêtes qu'en ces lieux souvent nous lui donnons, Prendra part aux plaisirs que nous nous proposons. Ne vous alarmez point, j'ai su prévoir à tout, Le fer de son épée est rivé par le bout ? Et la pointe est ôtée à celui de sa lance. Je crois qu'en ce moment rêveur et bien fâché, De son Gouvernement il ferait bon marché. Allez tout préparer pour cette mascarade, Et revenez ici pour lui donner l'aubade. Don Guichot à propos l'en tirera sur l'heure. Vous ne soupçonnez pas que j'aie autre dessein. Il est seul dans sa chambre, allons voir s'il repose. Qu'on épargne le sang autant qu'on le pourra ; Tuer qui fuit, est chose et honteuse et facile, Suffit que l'ennemi soit chassé de la Ville. Oui, Sancho, c'en est fait, Votre Île est secourue, l'ennemi défait. Soyez sûr d'une entière victoire : Vous eûtes part au trouble, ayez part à la gloire. Mais à propos, vraiment, n'êtes-vous pas blessé ? Désarmez-le, voyons. Quoi, vous-même, Sancho, blâmez votre conduite ? Quand tout est dans ces lieux plein de votre mérite ? Quand tout fuit devant vous, Enchanteurs, ennemis. Jouissons de l'état où vous les avez mis, Qu'à jamais votre nom soit fameux dans l'histoire. C'est le propre d'un cœur et noble et généreux, Sancho, de refuser la gloire et la louange. Parmi tant de périls qui vous a pu conduire ? Seriez-vous mécontent ? Ne perdez point de temps, qu'on serve tout à l'heure. Sancho, ne partez point. Vous le voulez, il faut vous satisfaire, Puisque le grand Sancho, pour être tout à lui, À mes besoins pressants se dérobe aujourd'hui, Je ne l'accuse point de commettre une faute : Mais je pleure avec vous le malheur qui nous l'ôte. Non, Sancho, l'Île est vôtre, C'est à vous d'y pourvoir d'un nouveau Gouverneur, Vous devez le choisir. Allons en rendre grâce à ses hautes vertus ; Et tandis que Pedro Rezio se détermine, Qu'au lieu de l'Île, Sancho gouverne la cuisine. Parmi ces Enchanteurs vous avez des amis Qui sauront vous tenir ce qu'ils vous ont promis. Cette Île par Sancho n'étant plus gouvernée, Et renonçant lui-même à son Gouvernement, Si je me suis trompé, nous touchons au moment De voir désenchanter l'aimable Dulcinée. Quelle agréable symphonie. Se fait entendre dans ces lieux ! L'Enchanteur vient lui-même ici. Très volontiers, Docteur, qu'on lui fasse grand' chère. Allez, et revenez nous joindre. Ne nous laissez donc pas dans une longue attente. Nous sommes assemblés, célébrons l'hyménée Du vaillant Don Guichot et de sa Dulcinée. **** *creator_dancourt *book_dancourt_sancho *style_verse *genre_comedy *dist1_dancourt_verse_comedy_sancho *dist2_dancourt_verse_comedy *id_LADUCHESSE *date_1712 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_laduchesse De vous et de vos gens vous faites peu d'estime. Je ne dis pas cela : mais parlons sensément, Avec de telles gens quel divertissement Peut-on prendre, Monsieur ? C'est, je vous l'avouerai, lorsque ainsi l'on raisonne, Savoir mettre à profit les plaisirs qu'on se donne. Ce n'est pas mon dessein dans cette occasion De faire trop, Monsieur, valoir ma complaisance : Mais loin d'aimer les fous dans leur extravagance, Je sens, en les voyant, un certain mouvement Qui cause en moi toujours quelque dérangement ; Enfin, je voudrais fort qu'au fond de leurs villages, Le maître et le valet fussent devenus sages ; Ou qu'on les détrompât pendant qu'ils sont chez vous, Des folles visions qui les ont rendus fous. Mais enfin tous ces biens ne sont que des chimères. Puisque c'est les servir que flatter leur manie, Je veux bien avec vous tirer de leur folie Les plaisirs innocents que vous vous promettez, Et je me livre à tout ce que vous souhaitez. Quelqu'un vient. Seigneur, c'en est ici la Ville capitale. Vous prenez mal, Seigneur, l'honneur qu'on vient vous faire ; Vous devez de ces clefs être dépositaire. C'est un de vos droits les plus beaux. Monseigneur Don Guichot, permettez qu'il finisse. Qu'il porte jusqu'au Ciel ses hautes destinées. J'amène un bon vieillard qui veut absolument Dire au grand Gouverneur quatre mots seulement. Seigneur, modérez-vous, Un Grand ne doit jamais marquer tant de colère. À qui dans ses besoins voulez-vous qu'il s'adresse ? Les Enchanteurs n'ont pas raison. Toujours les Enchanteurs parlent ambigument, Et peut-être ceci n'est qu'une phrase obscure, Que nous pénétrerons après l'événement. C'est l'ordre. Tout ce que vous ferez l'Île l'approuvera. Pour être les témoins de votre expérience. Un semblable dessein amène Don Guichot. Quel excès de clémence ! Le grand Sancho ne peut être assez admiré. Ah ! Ne le croyez pas, Sancho, je vous en prie. C'est juger, que cela. L'histoire dans cent ans n'en sera pas croyable. Je vous le recommande. Traitez-le en Prince. Cela se doit. Que nous nous occupons de frivoles chimères. Pourvu que tout cela se passe sans tumulte, Que le preux Chevalier n'y fasse point d'insulte. Je suis, je vous l'avoue, en grande impatience De voir un peu comment le bon Sancho Pança, De cette épreuve-ci d'affaire sortira. Pour nous jusqu'à présent l'aventure est plaisante : Mais je souffre en voyant la faim qui le tourmente. Sans lui faire de mal ? Ce sera trop encore, et j'ai peur qu'il n'en meure. Il faut se divertir sans nul désordre, enfin. Les valets quelquefois poussent trop loin la chose. Tout est calme, Seigneur, l'ennemi se retire, Et je viens rendre grâce au fameux Gouverneur, Par qui l'île jouit d'un si parfait bonheur. Rien n'est plus assuré. Qu'a-t-on fait qui vous choque ? Et d'où vient votre plainte ? Les mets les plus friands. Et moi je lui promets Que ce Gouvernement ne finira jamais. Sancho raisonne en homme sage. **** *creator_dancourt *book_dancourt_sancho *style_verse *genre_comedy *dist1_dancourt_verse_comedy_sancho *dist2_dancourt_verse_comedy *id_CARISAL *date_1712 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_carisal Seigneur. Je réponds de ma langue. Qui de vous est, Messieurs, le grand Sancho Pança, Le digne Gouverneur de l'île ? Magnanime Héros, acceptez nos offrandes, Et recevez ces clefs qui sont un peu bien grandes, Mais que sans se peiner peut porter le grison, De vos nobles travaux illustre compagnon, Entre deux vrais amis de qui l'un fait fortune, Il faut que des emplois la gloire soit commune. Moi? Non. Puissant Libérateur D'Infantes, d'orphelins… Seigneur, on peut mentir dans un Panégyrique. N'interrompez donc plus. Donc, fameux Gouverneur plus craint que le tonnerre, Terrible dans la paix, paisible dans la guerre, Le vaillant des vaillants. Enfin, tout le Peuple m'envoie Pour vous entretenir de l'excès de sa joie, Et pour vous protester qu'il tient à grand honneur, De vivre sous les lois d'un pareil Gouverneur. Dirai-je les exploits qu'a faits votre Excellence, Et combien tout l'État doit à votre vaillance ? Compterai-je les morts que votre cimeterre Immole chaque jour au Démon de la guerre ? Je m'en tairai, Seigneur, et votre modestie Souffrirait d'en entendre une moindre partie. Ferai-je voir combien vous tirez peu d'éclat D'une suite d'aïeux renommés dans l'État ? Cette vaine grandeur est pour vous trop petite ; Vous devez votre gloire à votre seul mérite : Et marchant sur les pas du fameux Tamerlan, On vous fait Gouverneur de simple paysan. Tels ces fameux Romains, ces foudres de la guerre, Commandaient une armée et labouraient la terre : C'est là que l'on vous prit pour vous faire Écuyer, Ou plutôt compagnon d'un brave Chevalier. Je le sais bien. L'Orateur doit cacher ce que sait le vulgaire. Quels furent vos exploits avec ce grand Héros, Quand cinq ou six Marchands, vous chargèrent le dos ; Quand le More enchanté, dans une chambre noire, Vint à grands coups de poings vous casser la mâchoire ! Mais tout cela n'est rien au prix de la valeur Qu'on reconnut en vous dans ce pressant malheur, Qui dans certain Château qui vous parut taverne… Jamais votre vertu n'avait volé si haut. Hé le puis-je ? Quoi ? Vous me commandez de passer sous silence Et votre extrême soin, et votre vigilance ? Surtout quand le grison, cet âne sans pareil, D'où descendrons un jour les mulets du Soleil, Vous fut volé sous vous à la montagne noire, D'une façon étrange et difficile à croire ? Plutôt en ce moment Votre esprit grand et fort pensait profondément ; Et se considérant avec sagesse extrême, Pour être trop à soi, n'était pas à soi-même. Vous étiez en extase, et non pas endormi. Mais qu'ai-je affaire ici de porter vos pensées, Par un pénible soin sur les choses passées ? Regardez seulement votre bonheur présent, Voyez la dignité dont on vous fait présent ; Est-ce à des gens communs que l'on donne des Îles ? Qu'on donne à gouverner des Peuples et des Villes ? On dit communément : La fortune aide aux fous ! Mais le proverbe est faux quand on parle de vous. Que toujours l'appétit préside en ses repas. N'en faites rien, Monsieur, et je vous le conseille. **** *creator_dancourt *book_dancourt_sancho *style_verse *genre_comedy *dist1_dancourt_verse_comedy_sancho *dist2_dancourt_verse_comedy *id_DONLOPE *date_1712 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_donlope Oui, Seigneur. Vos habits sont tous prêts, Seigneur, prenez la peine De passer seulement dans la chambre prochaine. Combien en cas pareil en ont fait tout autant ? Il voudra dans huit jours qu'on le traite d'Altesse. Monseigneur. Les principaux de l'île Vous apportent les clefs des portes de la ville. Le voilà. Entrez. Seigneur, on vous attend pour tenir l'audience. Entrez, vous, Madame l'éplorée. D'un arrêt décisif le peuple est en attente. Il murmure, et l'on craint qu'il ne s'impatiente. Oui, vraiment, Monseigneur. Le voici. Monseigneur ? C'est un courrier du Duc. Sortant de l'audience il a quitté ce lieu. Au secours, tue, tue, tue, tue. Seigneur, venez nous secourir ; À la force, au secours, que chacun s'évertue, Monsieur le Gouverneur, ne perdons point de temps. L'Île est surprise, et l'ennemi dedans ; Armez-vous vite. Marchons, Monseigneur, nos amis sont aux coups. Venez de vos soldats animer le courage. Ô malheur effroyable ! L'ennemi va bientôt nous investir ici, Prévenons-les, de grâce ; aux armes, les voici : Sauvons l'honneur de l'Île, et notre propre gloire : Monsieur le Gouverneur, courons à la victoire. Savez-vous qu'on s'apprête à nous jeter des caques Pleines de feu grégeois, pour nous brûler tout vifs ? Nous rendre, Monseigneur, à la brèche, à la brèche. Du vaillant Don Guichot la force triomphante Remplit nos ennemis de trouble et d'épouvante ; À son aspect terrible ils ont tous disparu, Et l'on croirait qu'ici l'on n'en a jamais vu. Quoiqu'un nombre infini soit resté sur la place, De morts, ni de mourants on ne voit nulle trace. Voici le grand vainqueur, qu'en pompe l'on amène. **** *creator_dancourt *book_dancourt_sancho *style_verse *genre_comedy *dist1_dancourt_verse_comedy_sancho *dist2_dancourt_verse_comedy *id_FABRICE *date_1712 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_fabrice Le servir et lui plaire est pour nous trop d'honneur. Taisons-nous, j'aperçois le Duc et la Duchesse. Monseigneur ? C'est l'Écuyer d'un fameux Enchanteur. Hé bien ? C'est une lettre, Qu'aux mains de Don Guichot l'Écuyer veut remettre. Un homme vénérable Qui paraît étranger, souhaite avoir l'honneur De dire avant dîner un mot au Gouverneur. Monseigneur, prenez cette cuirasse. Épargnez celui-ci, faites-moi cette grâce. Don Guichot dans ces lieux s'apprête à nous forcer, Il vient avec le Duc. **** *creator_dancourt *book_dancourt_sancho *style_verse *genre_comedy *dist1_dancourt_verse_comedy_sancho *dist2_dancourt_verse_comedy *id_FEDERIC *date_1712 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_federic Place, place. Au nouveau Gouverneur noble comme le Roi. **** *creator_dancourt *book_dancourt_sancho *style_verse *genre_comedy *dist1_dancourt_verse_comedy_sancho *dist2_dancourt_verse_comedy *id_BASILE *date_1712 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_basile Le Duc et la Duchesse, avec leur compagnie, Sont pour voir le dîner dans cette jalousie ; Ils ont déjà pris place, et quand il vous plaira… Coiffez-vous cet armet, fait tout exprès pour vous. **** *creator_dancourt *book_dancourt_sancho *style_verse *genre_comedy *dist1_dancourt_verse_comedy_sancho *dist2_dancourt_verse_comedy *id_CARLOS *date_1712 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_carlos Tout est perdu, Seigneur, empoignez cette lance, Ne nous refusez point une prompte assistance. Le moindre amusement nous peut être fatal. Sauvons-nous par un dernier effort. **** *creator_dancourt *book_dancourt_sancho *style_verse *genre_comedy *dist1_dancourt_verse_comedy_sancho *dist2_dancourt_verse_comedy *id_HENRIQUE *date_1712 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_henrique La hallebarde encore ne vous fiera point mal. **** *creator_dancourt *book_dancourt_sancho *style_verse *genre_comedy *dist1_dancourt_verse_comedy_sancho *dist2_dancourt_verse_comedy *id_PERALTE *date_1712 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_peralte Déjà ce fat fait de l'homme important. Grand et fameux Sancho, c'est donc vous que je vois ? Je vous rends l'honneur que je vous dois. Me ferez-vous la grâce D'écouter le discours qu'il faut que je vous fasse ? Le fait est, monsieur le Gouverneur, Que je suis, comme vous, le fils d'un laboureur, Natif de Miguel-Turre, et dès mon jeune âge J'étais, sauf votre honneur, le coq de mon village. J'ai deux enfants ; car je suis marié : L'un d'eux est Bachelier, l'autre est Licencié. Je suis veuf ; car ma femme est déjà dans la fosse : On voulut la purger pendant qu'elle était grosse ; Un mauvais médecin lui donna cet avis. Ils causent ma ruine, Ma femme rendit l'âme avec la médecine. Monseigneur, je le crois. Je vais vous en instruire. S'il vous plaît, Monseigneur, de me laisser conclure. J'y viens. Mon Bachelier depuis deux ou trois mois, Étant allé mener nos pourceaux dans nos bois, Se rendit amoureux de Claire Perlerine, Fille d'un laboureur, notre proche voisine, Qu'on peut bien appeler la perle du hameau : Depuis pour l'amour d'elle il pleure comme un veau : Mais je ne puis blâmer l'amour qui le transporte, Qu'il en perde l'esprit, que le diable l'emporte, C'est peu pour mériter une telle beauté. Je dis la vérité. Monsieur le Gouverneur, elle est incomparable ; Elle est belle, archi-belle, et lorsque l'on la voit De profil seulement, et par le côté droit, Elle paraît aux yeux une rose nouvelle ; Que si du côté gauche elle paraît moins belle, C'est qu'étant autrefois tombée en un grand feu, Ce petit accident la défigure un peu ; Et l'on n'y reconnaît aucun trait du visage. Mais pour sa taille et son gentil corsage, Si je les dépeignais, Monseigneur, vous verriez Qu'un Bachelier, d'amour peut mourir à ses pieds. Il ne m'est pas possible, Ce serait vous dépeindre une chose invisible. Et si je vous parais modeste sur ce point, Si je n'en parle pas, qu'elle n'en a point ; Car depuis cinquante ans qu'on dit qu'elle est tombée Du faîte d'une grange, elle est toute courbée, Et se tient sur ses pieds d'une telle façon, Que ses genoux toujours touchent au menton : Le beau brin de femelle ! Ah, la triste aventure ! Quatre mots d'écriture De votre propre main, pour que la parenté Consente au mariage, et signe le traité. Oui, c'est ce que je désire. J'aurais besoin encore d'une petite grâce : Mais je n'ose espérer que Monseigneur la fasse. C'est de me faire en ce même moment Délivrer un millier de ducats seulement, Pour aider à mon fils dans son nouveau ménage. Cela leur suffira pour un commencement. Dans vos coffres ; un Grand, un homme d'importance, Un Gouverneur qui vit ici dans l'opulence, Qui peut, quand il lui plaît, mesurer l'or aux muids… Il va vous en pleuvoir de partout. Quelle inhumanité ! Que vous êtes peu tendre, Monsieur le Gouverneur ! Sollicitai-je en vain votre magnificence ? J'avais si sûrement compté sur vos bontés. Je prendrai sans peser. Prenons le Gouverneur, c'est ce qui nous importe, Prenons-le vif ou mort. Çà soldats, Qu'aucun des ennemis n'évite le trépas, Voici le Gouverneur ; il est mort. Sans tumulte, À l'ennemi vaincu ne faisons point d'insulte. Il l'est assurément. La fâcheuse nouvelle ! Que le jour de l'hyménée Elle ne boive point d'eau, Au hasard d'être enivrée Au Toboso. **** *creator_dancourt *book_dancourt_sancho *style_verse *genre_comedy *dist1_dancourt_verse_comedy_sancho *dist2_dancourt_verse_comedy *id_LEMAITREDHOTEL *date_1712 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lemaitredhotel Oui, Seigneur. Seigneur ? S'il vous plaît, Monseigneur, je le lirai fort bien. L'affaire est importante ou je n'y connais rien. Pour une affaire d'importance Il a fallu qu'en diligence, Mon cher Sancho, je sois parti. Attendant mon retour, de tout ce qu'on vous donne Gardez-vous de manger, et soyez averti De ne vous fier à personne ; Pour garantir vos jours c'est le plus sûr parti, Et je crains fort qu'on ne vous empoisonne. Ce n'est pas tout, par ruse, ou par la force ouverte, Cinq ou six enchanteurs méditent votre perte, Et vous ont envoyés quatre homme déguisés ; Prenez donc garde à vous, mettez-vous en défense, Faites garde toute la nuit, On veut vous enlever sans bruit, J'attends tout de vos soins et de votre prudence, Votre meilleur ami, le Duc de Médina. Il faut, Seigneur, s'armer de patience. Faites tête à l'orage, Desservira-t-on ? Le soin de votre table à présent me regarde ; Le Docteur est chassé, Seigneur, je prendrai garde Que vous puissiez manger de tout en sûreté. Il faut dans ce péril assembler le Conseil. **** *creator_dancourt *book_dancourt_sancho *style_verse *genre_comedy *dist1_dancourt_verse_comedy_sancho *dist2_dancourt_verse_comedy *id_DULCINEE *date_1712 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_dulcinee Levez-vous, Chevalier, je sens comme je dois Ce que vous avez fait pour moi. Puisque vous m'avouez pour votre Souveraine, Il faut que je vous traite en Reine, Et que de vos vertus je vous donne le prix : Vous ne voudriez pas le recevoir d'une autre ! Remettez vos esprits, Que me demandez-vous ? Il m'a déjà rendu visite au Toboso. Je le connais, je l'estime, je l'aime, Et je prétends qu'il ait part au bonheur, À la félicité suprême Que nous fait ce sage Enchanteur. Venez, mon Chevalier, près de moi prendre place, Mais que dis-je ? Ce nom n'est point assez pour vous ; Devant mes yeux vous avez trouvé grâce, Et je vous prends pour mon époux. Sancho partage la gloire De ce grand événement, Et c'est la fin de l'histoire De son beau Gouvernement. Pour modèle Sancho l'Écuyer fidèle Prend les bons buveurs de vin, Et sans la peur de la berne, Il serait à la taverne Du soir au matin. **** *creator_dancourt *book_dancourt_sancho *style_verse *genre_comedy *dist1_dancourt_verse_comedy_sancho *dist2_dancourt_verse_comedy *id_LEONOR *date_1712 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_leonor Je viens vous avertir qu'il est jour chez Madame ; Son premier soin, Seigneur, est d'envoyer savoir Si vous vous en tenez au projet d'hier au soir : Si l'on chasse aujourd'hui ? Et je vous réponds, moi, que tous ceux de vos gens Que vous avez chargés de rôles différents, Dans le plaisir qu'ici vous vous donnez vous-même, Sauront s'en acquitter avec un soin extrême. Justice, Monseigneur, on m'a déshonorée, On m'a pris mon argent. **** *creator_dancourt *book_dancourt_sancho *style_verse *genre_comedy *dist1_dancourt_verse_comedy_sancho *dist2_dancourt_verse_comedy *id_ELVIRE *date_1712 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_elvire Madame la Duchesse Demande à vous parler pour affaire qui presse : Et de plus, Don Guichot de son noble entretien Commence à l'ennuyer. Du testament d'un père Pour et contre son fils, de certaine manière Que le fils, quoique fils, ne se peut marier Que par mon seul aveu, s'il veut être héritier. Quelle heureuse destinée Pour le vaillant Don Guichot, D'épouser sa Dulcinée Du Toboso ! **** *creator_dancourt *book_dancourt_sancho *style_verse *genre_comedy *dist1_dancourt_verse_comedy_sancho *dist2_dancourt_verse_comedy *id_ARCHELAUS *date_1712 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_archelaus Je suis Archélaüs, ce fameux Enchanteur Si connu par toute la terre, Des Chevaliers errants le zélé protecteur, L'ennemi déclaré de qui leur fait la guerre, Sage et discret dispensateur Des prix qu'on doit à leur vaillance ; De mon Palais en diligence Dans celui-ci je viens exprès, Récompenser les nobles faits Du preux Chevalier de Manche ; Pour le rendre heureux à jamais, J'ai tout ce qu'il faut dans ma manche. Démons, lutins et farfadets, Troupe à m'obéir destinée, Ici par des chemins secrets Amenez promptement la belle Dulcinée ; Montrez-vous sous d'aimables traits, De crainte de donner quelque terreur panique À son Excellence Sanchique, Qui de la peur des ennemis N'est pas encore trop bien remis. Vous, habitants de cette Île charmante, Que le vrai parangon des chevaliers Errants Vient par sa valeur éclatante De délivrer des périls les plus grands ; De sa force et de son courage Vous avez été les témoins, Vous en avez tout l'avantage, Et vous ne pouvez faire moins, Que de venir avec moi rendre hommage À l'Infante de Toboso, Que les exploits de Don Guichot Par mes soins tirent d'esclavage. Mais dans les airs quel bruit nouveau En ce moment se fait entendre ? C'est elle justement qu'au pied de ce coteau Ma calèche vient de descendre, La voilà. Vive le grand Don Guichot, Et son écuyer Sancho : Oh, oh, oh, Qu'il est glorieux, qu'il est beau D'avoir changé la destinée De Dulcinée Du Toboso. La Manche est toute étonnée De ce soudain changement, Qui délivre Dulcinée Par les mains de son amant. Pour son guide Don Guichot a pris Alcide ; Le premier de ces héros Est descendu dans l'Averne Et l'autre dans la caverne De Montezinos. Dans cette Île fortunée Que gouverna peu Sancho, Admirons tous Dulcinée Du Toboso. Que sur sa haquenée L'Infante bien à gogo, En pompe soit remenée Au Toboso. Puis de myrte couronnée, Ayant au doigt un anneau, Elle sera fiancée Au Toboso. Et de grande matinée Du plus excellent chaudeau Qu'elle ait pleine poêlonnée Au Toboso.