**** *creator_dancourt *book_dancourt_vacances *style_prose *genre_comedy *dist1_dancourt_prose_comedy_vacances *dist2_dancourt_prose_comedy *id_MONSIEURGRIMAUDIN *date_1697 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_monsieurgrimaudin Hé bien, mon pauvre Lépine, je suis sur mes terres ; et me voilà pourtant, en dépit de l'envie, propriétaire du Château et de la Seigneurie de Gaillardin. Oh : pour cela non, je t'en réponds ; je me la suis fait adjuger pour les frais d'une instances que j'ai eu l'esprit de faire durer dix-sept ans, et le fond du procès n'est pas jugé encore. Je l'espère. Quand des gens de notre profession ont un peu d'honneur et de conduite, ils font de bonnes maisons en bien peu de temps ; n'est-il pas vrai ? Laisse-moi faire, j'achèverai ta fortune ? Va ; quoique je n'eusse encore cette Terre-ci qu'à bail judiciaire, quand tu revins de Flandres l'année passée, j'ai trouvé le moyen de t'en faire le Procureur Fiscal : m'en voilà maintenant Seigneur, par la grâce de Dieu et du Châtelet ; tu es mon filleul, tu as de bons principes, je te pousserai, tu iras loin sur ma parole. Sur ce pied-là, je veux, avant qu'il soit dix ans que tu aies une petite Terre. Il y a plaisir, oui, de venir ainsi passer les Vacances dans ses petits États ? Il y a peu de mes Confrères qui en puisse faire autant. J'en attends ici trois ou quatre, que j'ai priés de me venir voir avec leurs familles pendant les Vacances. Je veux les régaler de manière à les faire crever de dépit Je le crois comme cela. Selon le monde qui viendra : je ne prétends pas que cela se fasse incognito, non ; j'ai donné ordre que tout le Village se mît sous les armes, j'aime à faire parler de moi. Que je vais vivre heureux ! Je suis veuf premièrement. Bon, le garçon s'est fait soldat, il n'oserait revenir ; et Dieu merci c'est un fripon que je suis en droit de déshériter, et de ne jamais voir. Et pour la fille, c'est une coquine qui ne vaudra pas mieux que son frère. Je veux la marier à un vieux greffier, dont je suis sûr qu'elle ne voudra point ; et je la gênerai tant, je la gênerai tant, qu'elle fera quelque sottise, qui m'autorisera à la mettre dans un Couvent. Oh ! J'ai des vues bien judicieuses. Tout conspire à mon bonheur, et je m'en vais avoir le plaisir de faire la fortune d'une personne que j'aime. Oui, mon enfant. Est-ce que Madame la Roche ne t'a parlé de rien ? Épouser Madame la Roche ! Tu rêves, je pense. Cela était bon quand je n'étais que simple Procureur ; mais à présent... Je veux te la faire épouser, à toi, laisse-moi ménager cela. La voici, je vais sur le champ lui proposer. Comment donc ? Que veux-tu dire ? Ils prennent bien de la peine et pourquoi ne vont-ils pas leur chemin ? Oui ; mais il ne fallait pas qu'il vînt avec tant de monde. Leurs chevaux dans le Château ! Ah, ah, je leur ferai bien voir... Allons, allons, mon filleul, un bon procès-verbal de Dieu, commençons toujours par là. Qu'est-ce qu'il y a ? Mon pauvre filleul ! Tu as raison ; je m'en vais leur faire donner assignation par mon Sergent, à ce qu'ils aient à se retirer, et à en venir par-devant le Bailli dans la huitaine, avec protestation de les prendre en partie en leur propre et privé nom, en cas de désordre. Mais voilà qui est extraordinaire, des Cavaliers dans ce Village-ci, ce n'est point un passage de troupes. Oui, c'est bien dit, parle aux gens de guerre, et je m'en vais recevoir les gens de robe. Hé, à quoi vous amusez-vous donc ? Toute la compagnie est en peine de vous. Il y a déjà de ces Messieurs à la chasse, des Dames dans le Parc, le reste joue à l'ombre dans la Salle de mon Château, et vous voilà encore ici, vous autres ? Ce sont des troupes du Roi qui passent sur mes terres, Madame, je ne puis me dispenser de les recevoir. Entre Seigneurs hauts Justiciers, on est obligé à certains devoirs l'un envers l'autre. Je relève de lui, au moins. Comment donc ? Qu'est-il arrivé ? Je sais cela, hé bien ? Ce sont des pièces qu'on me fait. Est-il arrivé quelque chose de nouveau ? Mais qu'est-ce que ce peut-être ? Vraiment, cela ne se fait point ; et ces officiers-là ne savent pas... Ah ! Je suis au désespoir. Je vais parler à ces Messieurs-là, Madame la Roche. Entrez au Château, Madame Perrinelle. Ne vous mettez pas en peine, on me les rendra, vous dis-je, ou je ferai sonner le tocsin sur tous ces gens-là. Mes paysans me prêteront main-forte, laissez faire. Comment, hé, c'est mon fils, c'est ce fripon de Charlot... Tu as Lieutenant de Cavalerie ? Qu'est-ce à dire, ta sœur fait fortune. Ah ! Ah, voici qui est admirable. Mais j'ai promis ma fille à Monsieur que voilà, moi. Mais sérieusement parlant. Ouais. Je dis qu'on n'aura pas ma fille malgré moi, et que je ne prétends pas... Je suis dans mon tort, moi ? Je n'ai que faire d'explication, et je... C'est ce qu'il me semble : mais... Oui. Quoi ? Je comprends bien ? Hé bien ? Je me moque de cela, et je ne donnerai point les mains... Est-il possible ? Me dis-tu vrai ? Mais j'avais dit qu'ils attendissent mes ordres pour... J'apprends ici de jolies choses, mademoiselle ma fille. Je souscris à tout, Monsieur, pourvu que je demeure Seigneur de Paroisse, et qu'on me rende tous les honneurs dus à la qualité de... Écoute, ne raille pas ici. Écoutez, mon gendre, puisque vous voulez l'être, je prétends... **** *creator_dancourt *book_dancourt_vacances *style_prose *genre_comedy *dist1_dancourt_prose_comedy_vacances *dist2_dancourt_prose_comedy *id_LEPINE *date_1697 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lepine Mais qu'est-ce que cela vous fait, Monsieur le Magister ? Puisqu'il faut que nous ayons un Seigneur une fois, que nous importe qui le soit ? C'est un honnête homme, qui a gagné du bien, et... Il a des amis, de bonnes connaissances, et nous nous trouverons bien de sa protection. Et que ferez-vous ? Qu'est-ce que cela produira ? Vous êtes un homme entendu et entreprenant, je vois bien cela. Mais je ne puis avec bienséance, moi... C'est une assez méchante engeance que la race paysanne, et notre Monsieur Grimaudin a toute la mine de n'être pas content dans la suite de l'acquisition qu'il vient de faire. Le voici, je pense. Le Magister a ma foi raison ; voilà un fort vilain Seigneur de Paroisse. Et à fort bon marché, n'est-ce pas ? On ne vous rapportera ni argent faux, ni vieilles espèces du paiement que vous avez fait. Quelle bénédiction ! Vous tirerez encore de là de bonnes nippes. La peste, oui. Vous autres Procureurs de Cour Souveraine, vous avez souvent de bonnes occasions : mais un pauvre diable comme moi... Il ne tiendra pas à moi que je ne fasse quelque chose dans la Robe, j'ai des inclinations admirables. Je vous bien obligé, mon parrain. Assurément. Il n'y an aura jamais qui fasse son chemin si promptement que vous ; et si, ils aiment à aller vite ces Messieurs-là. Vous ne manquerez pas de compagnie. Ils seront tous bien fâchés de vous voir faire si bonne figure. N'est-ce pas aujourd'hui que vous faites la cérémonie de prendre possession... C'est la folie de tous les grands hommes. Oui ; mais vous avez deux grands enfants. Cela est bien heureux. Oh, pour cela, vous êtes né coiffé, d'avoir des enfants qui secondent si bien vos bonnes intentions. Vous êtes amoureux ? Vous voulez épouser Madame la Roche ? Pourquoi non ? Pour l'acquit de votre conscience peut-être. Il y a longtemps qu'elle est votre gouvernante ; et depuis la mort de la défunte, il n'est pas que vous ne lui ayez promis quelquefois... Ah ! Le petit inconstant qui change avec la fortune ! Non, non, mon parrain ; si le cœur m'en dit, je ferai ma proposition moi-même. C'est quelque Officier de votre connaissance, apparemment, qui vient vous rendre visite pour honorer votre prise de possession. Autant de papier timbré perdu, mon parrain : on ne gagne rien à plaider avec ces gens-là. Vos petits États sont mal policés, mon parrain, il y faut mettre ordre. Leur signifiant que vous êtes Procureur, n'est-ce pas ? Il y a là-dessous quelque chose que je ne comprends pas bien : je m'en vais voir un peu ce que cela veut dire, et je viendrai vous en rendre compte, laissez-moi faire. Ah ! Monsieur, voici de belles affaires. Vos gens de Justice ont bien pris leur temps pour vous rendre visite. Trois de ces Messieurs avaient pris des fusils pour aller tirer du côté du petit bois. Cinq ou six de ces égrillards avec le Maréchal des Logis, les ont rencontrés. Oh non, Monsieur, de toute la compagnie il n'y a eu que votre visage qui leur a déplu. Non, Madame, ils ont chassé avec eux-mêmes, et ils leur ont trouvé tant de disposition, l'air si noble, les armes si belles, qu'ils disent que ce serait dommage de ne pas mettre en œuvre de si bons hommes ; ils les ont enrôlés, et à l'heure que je vous parle... Oui, vraiment, il n'y a pas de milieu, il faut qu'ils marchent. Ils ont voulu aussi les enrôler, peut-être ? Bon, revenir ; les maris sont enrôlés aussi de leur côté. Je me donne au diable, il faudra que les femmes marchent à la chasse encore, s'ils allaient revenir... Oh ! Pour cela non, je le garantis de tout, ils ont provision de vivandières. Ouais, qu'est-ce que tout cela veut dire ? On cherche à faire insulte à mon parrain le Procureur, sur ma parole ; et pour moi le cœur ne me dit rien de bon. Il me semble que j'ai vu quelques visages de ma connaissance. Je ne sais ce que cela veut dire, le temps présent ne va point trop mal, mais je crains diablement l'avenir à cause du passé. Ah ! Ventrebleu, j'avais bien raison. Je suis perdu, c'est mon dernier maître, c'est lui-même. Il pense mal, mais il pense vrai, c'est moi-même. La conversation finirait mal, ne l'entamons point, tirons nos chausses. Plaît-il, Monsieur ? Pardonnez-moi, Monsieur, vous me prenez pour un autre, je ne me nomme pas Monsieur de Lépine. Non, Monsieur, ni Lépine, ni pendart, je vous assure. En Flandres, Monsieur ? J'ai quelque idée confuse de vous avoir vu en ce pays-là. Oui, Monsieur, et en faveur de l'ancienne connaissance, s'il y a quelque chose pour votre service... Oh ! Je me donne au diable, Monsieur, si c'est moi qui vous l'ai prise. Non, la peste m'étouffe, je ne sais ce que c'est. N'allez pas ici me redemander... Ah ! Que vous en savez long. Je vous vois venir, vous m'allez parler d'une bourse, d'un diamant, d'une boîte à portrait, je gage ? Ce sont des idées confuses ; mais dans le fonds... Ah ! Ah ! Ah ! Soixante louis ! Il n'y en avait que trente neuf, ou le diable m'emporte. Comment, quatre cents écus ! Ah ! Monsieur, il faut avoir de la conscience ; ou l'Orfèvre, ou vous, vous êtes des fripons ; il n'y a pas de milieu. Je suis honnête garçon, moi, si j'en ai eu plus de quatre cents trente cinq livres... Oh ! Pour le portrait, je vous le rendrai. Celui qui a acheté la boîte n'en a point voulu, il est d'une vieille. Hé ! Miséricorde, Monsieur, ne me perdez pas, je suis un enfant de famille ! Mon grand-père est sergent, mon père cabaretier, mon oncle fripier, et ma mère sage-femme ; ne déshonorez pas notre maison, je vous le demande en grâce. Si j'en ai ? Je suis un des premiers Magistrats du village, Monsieur ; Procureur fiscal à votre service. Ce n'est point par aventure, Monsieur ; c'est par raison. Je me suis de tout temps senti les inclinations preneuses, comme vous l'avez éprouvé vous-même ; et parce que ces petites inclinations-là ont quelquefois de mauvaises suites, tant pour le repos de ma conscience, que pour exercer ma passion dominante sans aucun risque, mes amis m'ont conseillé de me faire Procureur. Mais que venez-vous faire ici, Monsieur ? Qui diantre vous y amène ? Votre Compagnie ! Je m'en étais bien douté ; mon parrain ne sera pas tranquille dans ses petits États. Je dis que ce maraud de Procureur est mon parrain, Monsieur. C'est un petit Seigneur bien aimé que mon parrain. Voilà un maître fou qui ne nuira pas aux bons desseins que vous avez pour le Procureur. Comment diable, Monsieur ? C'est l'original du portrait de vieille que je veux vous rendre. Elle les a laissées en ce pays-là, sur ma parole. Oh, pas tant que vous, Monsieur, à beaucoup près ; mais c'est la vieille du portrait, je l'ai d'abord reconnue. Vous n'êtes pas mal en quartier d'hiver pour cette année. Un Procureur à la campagne, Madame Perrinelle à Paris, vous serez bien payé de vos ustensiles. Vous voyez une fort jolie fille, et une fort bonne femme, c'est un assortiment des plus commodes. Bon, tant mieux, vous aurez bientôt fait connaissance avec la bonne femme. Je ne m'y attendais pas non plus, moi, la peste m'étouffe ; et je gage que Madame la Roche est aussi surprise de votre connaissance, que vous êtes surpris de vous rencontrer, et Monsieur votre père ne sera pas moins surpris d'une chose aussi surprenante. Oh diable, il y aura bien de la surprise dans tout ceci, sur ma parole. Allez, je le connais, je vous réponds de lui ; il fera bien les choses. Madame la Roche a parbleu raison, c'est le fils de mon parrain. Ce qu'il y ferait ? Il y vient prendre possession de la Terre qu'il s'est fait adjuger depuis trois semaines. Je comprends, Monsieur, je suis payé d'avance, je travaillerai utilement, sur ma parole. Allez faire ensemble un petit tout de promenade seulement ; mais fort court surtout, je vous suis caution qu'à votre retour les affaires seront bien avancées. Il ne s'attend à rien moins qu'à celle-ci, et il ne sera pas mal étonné. Le voici avec un de ses confrères, je pense. Il ne sera pas nécessaire que vous en veniez à ces extrémités-là, mon parrain : et voilà un des premiers Officiers de la Compagnie qui vient ici vous assurer... La guerre donne des sentiments bien nobles et bien relevés, au moins. De peur de vous faire mal, mon parrain. Oh ! Pour cela, mon parrain, vous êtes dans votre tort. Pardonnez-moi, mon parrain, donnez-vous patience. Vous comprenez bien, Monsieur ? Vous venez prendre possession de la Terre sans la permission de l'oncle, remarquez bien cela. Si vous ne faites pas les choses de bonne grâce, vous ne jouirez pas tranquillement de la Terre ; ils sont venus ici pour vous faire déguerpir, je vous avertis. Cela est plus avancé que vous ne croyez, au moins : et tenez les voilà, ils vous diront ce qui en est ; ils sont sincères. Et Monsieur le Greffier qu'en ferons-nous ? **** *creator_dancourt *book_dancourt_vacances *style_prose *genre_comedy *dist1_dancourt_prose_comedy_vacances *dist2_dancourt_prose_comedy *id_LEMAGISTER *date_1697 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lemagister Non, palsanguenne, vous avez beau dire, Monsieur de Lépine, je ne saurais m'accoutumer à stilà. Que nous importe ? Morgué, Ça est honteux que le cousin du Meunier de Rougemare, Monsieur Grimaudin, devianne Signeur du village de Gaillardin : je ne puis avaler cette pilule-là. Un Procureur honnête homme, et qui est devenu riche encore ! En vela une belle marque. Ly ? Il nous fera des procès à tous tant que je sommes : mais morgué je m'en gausse ; je sommes quatre ou cinq dans le village qui ly taillerons de la besogne, sur ma parole. Ce que je ferons ? Il n'est morgué pas plus gentilhomme que nous. Je sis collecteur, moi, Dieu marci, cette année ; palsanguenne, j'aurai le plaisir de mettre notre nouviau Signeur à la taille. Que je le ferons enrager, et s'il ne veux avoir la paix, il a de petits droits que je ly ferons pardre. Oh ! Je ne nous mouchons pas du pied, afin que vous le sachiais. Morgué, vous avez itou un peu d'esprit, gobergeons-nous ensemble de ce cousin de Meunier, qui viant être notre Signeur, maugré que j'en ayons. Quoi ! Parce qu'il vous a fait Procureur Fiscal ? Parguenne, il vous a baillé une belle charge. Acoutez, n'y a que deux mots qui sarvent ; vous êtes nouveau venu dans le village aussi bien que ly, ne vous brouillez point avec les habitants. C'est un petit avis que je vous baille, vous y ferez vos petites réflexions. Votre valet, Monsieur de Lépine. Palsanguenne, Monsieu l'Officier, vous devez être bian content de nous : je venons de disposer les billets ; et en conséquence de vos bonnes intentions pour notre nouviau Signeur, conformément à celles que j'avais itou pour ly-da, de vos cinquante hommes, j'en ons déjà logé trente cinq, tant dans son Château que dans sa farme ; ils seront morgué là à bouche que veux-tu : c'est un fesse-mathieu qui a de quoi, ne vous boutez pas en peine. Je les avons envoyés tous quinze chez un de ces nouviaux Monopoleux, qui a depuis peu acheté à nos dépends une petite métairie au bout du Village ; par ainsi je ne serons pas trop chargés : et comme vous ne nous incommodez pas, soyez les bienvenus. Oh, palsanguenne oui, j'en ai une, et des plus têtues, je vous en réponds : quand je l'ai parfois chauffée d'une certaine manière... Et à propos de ça : j'ai une petite grâce à vous demander, s'il vous plaît, vous nous ferez l'honneur de demeurer ici tout l'hiver, peut-être ? Morgué, n'importe, de près ou de loin ; comme note nouviau Signeur est un vilain, un manant, un goujat de Robe, vous serez toujours le maître ; je vous demande votre protection contre ly. À propos de ce que je veux ly faire du dépit. Morgué, je voudrais bian ne ly pas ôter mon chapiau, non plus que je fais à trois ou quatre filles qui m'avons fait pièce. Baillez-moi cette permission-là, Monsieur l'Officier, je vous en prie. Grand mercy, Monsieu. Que j'allons voir de gens penauds ! Oh tatigué, je sis un fier compère. Jamais le gros cheval de Troie Fait de sapin, N'entrit avec plus grande joie Chez le Troyen, Que Monseigneur de Grimaudin Dans son Château du Gaillardin. **** *creator_dancourt *book_dancourt_vacances *style_prose *genre_comedy *dist1_dancourt_prose_comedy_vacances *dist2_dancourt_prose_comedy *id_ANGELIQUE *date_1697 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_angelique Hé bien, ma chère Madame la Roche, je ne me trompais point dans mes conjectures : ce vilain Greffier, que je t'ai dit qui me venait voir au Couvent, et qui faisait tant le radouci. Son amour est autorisé de l'aveu de mon père, et il vient ici pour m'épouser : le voilà qui arrive. Quel homme, ma chère Madame la Roche ! Avec quelle dureté il en a toujours agi avec mon frère et avec moi ! J'ai bien à me plaindre de la nature de m'avoir donné pour père... Je te l'ai déjà dit, Madame la Roche, son dessein est de me persécuter, pour m'obliger, comme mon frère, à prendre un parti. Il veut que je fasse quelque extravagance, te dis-je. Que tu es extravagante ! Ah ! Ma chère Madame la Roche ! Il n'y en aurait point que je ne fusse capable de prendre, si je voyais jour à ne les pas prendre inutilement. Ah ! Qu'il y a peu de solidité dans le cœur des hommes, ma chère enfant. Non, vraiment, je ne m'en plains pas : mais... Hélas ! Non, c'est un jeune Officier, qui venait au Couvent où j'étais, voir une de ses parentes. Tout ce qu'on peut l'être. Au-delà de l'imagination. Nous avions fait partie pour cela ; mais il est parti pour l'armée. On m'a fait sortir du Couvent, j'ignore où il est ; il ne sait ce que je suis devenue ; je n'ai point de ses nouvelles. Oh, pour cela non ; mais si celle que je te dis se trouvait faisable... Ce Greffier de malheur est avec elle. Vous n'avez donc point encore vu mon père, Madame ? Je vais le faire chercher, Madame Perrinelle. Il viendra vous recevoir, comme vous le méritez, Madame Perrinelle. Ne vous impatientez pas, Madame Perrinelle. La compagnie que mon père a fait venir ici, se divertira mal ; et sa prise de possession ne sera pas tranquille. Ah, Madame la Roche ! Voilà ce jeune Officier dont je te parlais, qui venait au Couvent. Cette aventure est toute des plus imprévues pour moi, je vous l'avoue, et je ne m'attendais pas... Tu es vive, Madame la Roche, et tu prends les choses d'une manière... Cet ivrogne-là serait mon frère ? J'ai bien de la confusion que mon frère... C'est lui qui est depuis peu Seigneur du Château que vous voyez. On vous l'a dit, mon père ? Je croyais vous en apporter la première nouvelle. Monsieur veut m'épouser, il a déjà le consentement de mon frère et le mien, nous venons vous prier d'y joindre le vôtre, et de... **** *creator_dancourt *book_dancourt_vacances *style_prose *genre_comedy *dist1_dancourt_prose_comedy_vacances *dist2_dancourt_prose_comedy *id_MADAMELAROCHE *date_1697 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_madamelaroche Qu'est-ce que c'est donc, Monsieur, est-ce vous qui faites venir ici une Compagnie de Gens-d'armes, pour prendre possession de votre terre avec plus d'éclat ? Ils sont plus de cinquante hommes à cheval, qui logeront cette nuit dans le village : ils disent qu'ils se sont détournés de trois lieues pour passer par ici. Venez donc voir ce que vous en ferez ; ils veulent mettre leurs chevaux dans le Château, parce qu'il n'y a pas assez d'écuries dans le village. Il n'y a point de temps à perdre. Hé, Monsieur, vous n'y songez pas : ces gens-là jetteront votre Sergent dans le puits, et ils mettront le feu à la maison ; c'est moi qui vous le dis. Et je vais de mon côté moi lui préparer plus d'embarras que la guerre et la robe ne lui en peuvent faire. Je n'en ai pas douté non plus que vous. Il est amoureux de vous sans contredit ? Cela ne se peut pas. Il est vrai pourtant que votre père est assez fou : mais il ne l'est point assez pour... Mon Dieu ! Ne vous plaignez point si fort, il n'est peut-être pas tant votre père que vous vous l'imaginez ; et la défunte... Baste : le bon homme mérite assez d'avoir des héritiers de contrebande. Oh ! Je ne vous crois pas d'humeur à vous enrôler, quelque chose qu'il puisse faire. Hé bien, faites, ce sera sa faute ; et s'il ne faut que cela pour le contenter, je ne vois pas que la chose soit bien difficile. Point, je vous parle sérieusement : à la vérité je comprends bien, que comme vous êtes peu entreprenante, vous ne hasarderez jamais la chose toute seule, et qu'il vous faut un associé. Vous soupirez ? Votre associé est tout trouvé, je gage, ce n'est plus que la résolution qui vous manque ? Je vous en donnerai moi, ne vous mettez pas en peine. Qu'est-ce à dire inutilement ? Vous appréhendez qu'on ne veuille pas de vous ? Allez, allez, les jeunes gens d'à présent ont beau être ridicules et s'en faire accroire, il n'y en a point qui pousse la sottise jusques-là. Est-ce que vous y avez déjà été attrapée ? Vous ne vous en plaignez pas : mais vous avez sujet de vous plaindre peut-être ? Allons, allons, dites-moi franchement vos petites affaires : vous avez quelque godelureau dans le cœur ou dans la cervelle, sur ma parole. Ah ! Ah ! Ce jeune Officier-là est bien fait, je gage ? Il a de l'esprit ? Vous vous aimez ? Voilà une partie d'amour assez dérangée, à ce qu'il me semble ; et je ne vois pas que nous la puissions renouer à temps pour rompre celle du Greffier, vous verrez qu'il en faudra faire quelque autre. Voici la femme du Substitut, Madame Perrinelle. Si vous leur aviez parlé d'abord un peu ferme... Je vous donne le bonjour, Madame Perrinelle. Hé, Monsieur ! Quelle misère est-ce là ? On n'est pas en sûreté dans votre maison. Oui, vraiment. Venez en empêcher les suites, s'il vous plaît. La femme de Monsieur le Commissaire, et celle de Monsieur l'Avocat, sont entrées dans le parc ; le Sous-Lieutenant de cette compagnie et le Cornette y étaient avant elles. Non, vraiment, au contraire, beaucoup d'honnêtetés, et ils veulent à toute force les mener souper avec eux à la Croix blanche. Pardonnez-moi, ils savent bien que ce sont des bourgeoises : ils disent qu'ils les aiment mieux que des femmes de qualité. Cela est chagrinant ; les maris sont à la chasse encore, s'ils allaient revenir... Dépêchez-vous au moins. Il en ordonne la cérémonie burlesque avec grand soin, et il me semble qu'il s'en fait une belle affaire. Il a fait venir un Suisse de Gonesse avec toute sa famille. Cela n'est pas possible ? Mais que les surprises ne vous fassent perdre le jugement. Vous voilà à même de renouer la partie : mort de ma vie, finissez-la, il n'y a point de temps à perdre. On vous expliquera tout cela. C'est le même hasard qui l'a conduite ici, qui vous y amène. Vous vous aimez tous deux, vous vous retrouvez ; vous ne vous séparerez pas sans boire. Aussi n'y a-t-il qu'un mot qui serve. Vous m'avez dit que Monsieur vous aime, et que vous ne le haïssez pas ; je ne vois pas qu'on puisse être mieux d'accord. Hé que faut-il de plus pour un bon mariage. Hé ! Je crois, Dieu me pardonne, que c'est votre frère, Madame, dont il y a si longtemps qu'on a eu de nouvelles ; ce pauvre Charlot ! Je ne me trompe point, c'est lui-même. Vous ne vous ressouvenez pas de Madame la Roche ? C'est moi-même. Que votre Capitaine va devenir votre beau-frère. Au contraire, vraiment nous prétendons que tout le monde le sache, et que Monsieur votre père qui est ici en soit informé des premiers. Que veut-il donc dire ? La grande affaire est à présent de faire consentir votre père. **** *creator_dancourt *book_dancourt_vacances *style_prose *genre_comedy *dist1_dancourt_prose_comedy_vacances *dist2_dancourt_prose_comedy *id_CLITANDRE *date_1697 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_clitandre Les affaires prennent assez bon train, et la plupart des paysans sont disposés comme je le souhaite. Oh, palsanbleu, monsieur le Procureur, je vous ferai régaler de manière que vous vous repentirez d'être devenu Seigneur du Village aux dépends de mon oncle. Voilà un visage qui ne m'est pas inconnu. C'est un coquin, qui m'a volé, je pense ? Si je ne craignais point de me méprendre. Monsieur, Monsieur de Lépine ? Je ne me trompe point. Tu ne te nommes pas Lépine, pendart ? Ce n'est pas toi qui m'as quitté en Flandres l'année dernière, au commencement de la campagne ? Oui, coquin, en Flandres ; oserais-tu dire le contraire ? Quelque idée confuse ? Il y a pour mon service que tu commences par me rendre... Comment ? Quoi, prise ? Et si tu n'avais rien pris, qu'appréhendes-tu que je te demande ? Pour un homme qui n'a pas fait le coup, tu es bien informé de ce qu'on m'a volé, du moins. Oui, je le vois bien, tu n'as que des idées confuses : mais comme les miennes sont certaines, si tu ne me rends les soixante louis qui étaient dans ma bourse... Trente neuf fois. Mon diamant de quatre cents écus ? Tu as vendu le diamant ? Et la boîte ? Le portrait ? Il faut me rendre tout, autrement tu peux bien compter... Lève-toi. Que fais-tu ici ; y as-tu quelque connaissance ? Toi, Procureur ? Et par quelle aventure ? C'est ma Compagnie qui doit y passer le quartier d'hiver. Oui : j'ai demandé ce Village au bureau, j'ai eu le crédit de l'obtenir, et j'y viens faire expirer sous le bâton, ou à force de persécutions du moins, un maraud de Procureur qui a eu l'insolence de se faire adjuger la Terre de mon oncle. Hem, que dis-tu ? Voilà qui est bien. Et les autres qu'en avez-vous fait ? Où sont-ils ? Vous me paraissez un homme de tête. Selon les affaires qui m'y retiendront, ou celles qui m'appelleront à Paris. À propos de quoi ? Hé ! De quelle manière ? Très volontiers, Monsieur la Magister, vous ferez tant de sottises qu'il vous plaira, je ne vous en empêcherai point, je vous assure. Qu'est-ce que c'est que cette honnête Bourgeoise-ci ? Madame Perrinelle ! Quelle maudite rencontre ! Madame... Madame ! Oui, Madame, c'est ma Compagnie. Je ne m'attendais point à trouver ici cette vieille folle-là. Elle est des amies du Procureur, apparemment ? La connais-tu dis. Que vois-je Lépine ? La jolie fille ne m'est pas inconnue, Lépine. La surprise où je suis, Madame, de vous trouver à la campagne dans un temps... Par quelle heureuse destinée, Madame... Elle a raison, et je vous donne ma parole que le seul but de mon amour... Oh ! Que tu es ivre, mon pauvre garçon. Comment, son frère ? N'en rougissez point, Madame, il est honnête homme, et je me fais honneur de son amitié. Quoi, Madame, c'est Monsieur votre père qui... J'étais ici dans le dessein de troubler son acquisition : mais je vous assure que bien loin de faire la moindre démarche... Vous l'y trouverez. Ma lieutenance est vacante, je vous la donne. Monsieur de Lépine, au moins songez... Laissons nos intérêts entre leurs mains ; allons ensemble, Madame. Si vous voulez jouir paisiblement de la Terre de Gaillardin, Monsieur, il faut, s'il vous plaît, souscrire aux conditions... Vous serez content, et vous allez voir un échantillon de la complaisance qu'auront pour vous et les habitants du village, et les Cavaliers de ma compagnie. Qu'on fasse venir ces gens qui sont au Château. **** *creator_dancourt *book_dancourt_vacances *style_prose *genre_comedy *dist1_dancourt_prose_comedy_vacances *dist2_dancourt_prose_comedy *id_MARTINE *date_1697 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_martine Hé vite, hé tôt, Monsieur dépêchez-vous. Deux carrosses tout pleins de Madames, et une charretée de procureurs qui venont d'arriver dans la cour de la ferme. Ils sont pêle-mêle avec de grands soudards qui carressont les femmes, et qui battont les hommes. Ils disent tretous que vous leur faites pièce. **** *creator_dancourt *book_dancourt_vacances *style_prose *genre_comedy *dist1_dancourt_prose_comedy_vacances *dist2_dancourt_prose_comedy *id_COLIN *date_1697 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_colin Hé, venez vite, Monsieur, tout le village est dans la cour du Châtiau, qui vient vous faire la révérence. C'est Mademoiselle votre fille, et le Capitaine de ces gens-d'armes, qu'ils disont qui est votre gendre, qui les avont envoyés pour vous divartir, et pour commencer le prélude de leurs noces. **** *creator_dancourt *book_dancourt_vacances *style_prose *genre_comedy *dist1_dancourt_prose_comedy_vacances *dist2_dancourt_prose_comedy *id_LEBARBIER *date_1697 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lebarbier Je suis le Barbier du Village, Nommé Mambrin, Je raserai le gros visage Et le groin, De Monseigneur de Grimaudin Dans son Château du Gaillardin. **** *creator_dancourt *book_dancourt_vacances *style_prose *genre_comedy *dist1_dancourt_prose_comedy_vacances *dist2_dancourt_prose_comedy *id_LAMEUNIERE *date_1697 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lameuniere Sur un bras de votre Rivière J'avons du bien, Et je viens offrir la Meunière Et son Moulin À Monseigneur de Grimaudin Dans son Château du Gaillardin.