**** *creator_dorneval *book_dorneval_jugementdeparis *style_verse *genre_prologue *dist1_dorneval_verse_prologue_jugementdeparis *dist2_dorneval_verse_prologue *id_JUPITER *date_1718 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_jupiter Allons, allons, allons À la Guinguette, allons. De la joie, mes enfants, de la joie.Je suis en train aujourd'hui. Divertissons-nous.Du vin, du vin comme de l'eau. Et des violons, n'y en a-t-il pas ici ? Bon. Tant mieux. Je veux danser, et me réjouir comme un compère. Dansons. Chantons. Morbleu ! Qu'il est doux de laisser sa qualité à la porte d'une Guinguette, et de goûter des plaisirs à la croque-au-sel ! Mais, Dame Vénus, je ne vois point ici votre fils. Où est-il donc, ce petit coquin ? Mes enfants, point de querelle. Hé-bien, hé-bien... Cela finira-t-il ; bientôt ? On vient ici pour se réjouir, et... Je veux que vous vous raccommodiez avec l'Hymen : Tout en ira mieux. Voyons. Il a raison. Cela est véritable. Mais, mais, il a raison. Tout cela est le mieux du monde, mon enfant ; mais fais quelque chose pour Thétis et Pelée. Voilà qui est bien. Dansons présentement. Que signifie donc cette vapeur-là ? Qui diable fait un si grand sabat ? Ah, morbleu ! C'est cette vilaine Discorde ! Voila bien du rabat-joie. Jarni ! Peste de Normande, ta présence m'afflige. Va-t-en au Diable. Morguienne de vous. Quell' femme, quell' femme, Morguienne de vous, Quell' femme êtes vous. Plaisante puissance. Que voulez-vous que j'en fasse, moi ? Peste de la Carogne, avec sa chienne de pomme. Oui, j'ai tort, il est vrai, j'ai tort. Ah ! Maudite Discorde ! Hé bien, hé bien, ne voilà-t-il pas déjà le commencement du branle ? Ah ! Que je prévois de maux à l'heure qu'il est ! Turelure. Oh ! Que je me garderai bien de prononcer entre vous. Je n'en ferai rien, vous dis-je. Rapportez-vous-en à quelque mortel qui ait du discernement. Portez vite cette pomme à Pâris : Qu'il la donne à qui elle appartient. Pour nous, que cela ne regarde plus, continuons de nous réjouir. **** *creator_dorneval *book_dorneval_jugementdeparis *style_verse *genre_prologue *dist1_dorneval_verse_prologue_jugementdeparis *dist2_dorneval_verse_prologue *id_JUNON *date_1718 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_junon Ma Comète, ne te fâche point. Si nous ne t'avons pas mise de la partie, ce n'a point été par mépris. Tu sais que je t'ai toujours aimée. Tu n'aurois rien perdu pour cela, mon enfant, nous t'aurons gardé une part de gâteau. Ah ! donne-la moi, ma mignonne. Avec quel plaisir je la vois 1 Ça, ça, qu'on nous donne cette pomme. Allons, mon fils, jugez-nous. Laire la, laire lan-laire, Laire la, Laire lan-la. Qui ? Berger, ce qui cause ta peur N'était que pour te faire honneur : Le Dieu des Cieux et de la Terre A bien voulu te régaler De ce petit coup de tonnerre, Que tu viens d'entendre rouler. Je compte sur la préférence. Charmant Berger, accepte l'abondance. Il n'est rien de bon que la bourse ; Et l'amant comme le héros N'est jamais en repos. Tu ne choisis point les richesses ! Et moi, des biens et des honneurs. Que veux-tu faire ? Tu décides sur les présents, Au lieu de juger sur nos charmes ? Va. Je me donne au Diable, Tu seras, Misérable, Toujours gueux comme un rat, **** *creator_dorneval *book_dorneval_jugementdeparis *style_verse *genre_prologue *dist1_dorneval_verse_prologue_jugementdeparis *dist2_dorneval_verse_prologue *id_PALLAS *date_1718 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_pallas Ne différons point. Mon Papa, dépêchez-vous. Considérez ma figure. Robin, turelure lure. Décidez en Maître des Dieux. J'ai entendu parler de ce drôle-là. Suis, Pâris mes étendards, Si tu veux, briller dans l'histoire ; Viens dans les nobles hasards Chercher une immortelle gloire, La fière Pallas, Suivra tes pas Dans les combats ; Tu deviendras Un fier-à-bras. Ne crains rien. C'est Junon qui s'approche. Mon ami, juge en ma faveur. C'est moi, mon cher, qui donne la prudence, Et la valeur mère des grands exploits. De la valeur je suis la source. La valeur ne te touche pas ! Je te donne le bras d'Ulysse. Est-ce là juger sainement ? Tu méprises la gloire ! Tu mourras dans l'histoire Comme un lâche soldat. **** *creator_dorneval *book_dorneval_jugementdeparis *style_verse *genre_prologue *dist1_dorneval_verse_prologue_jugementdeparis *dist2_dorneval_verse_prologue *id_VENUS *date_1718 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_venus Je ne sais. Il ne suit que sa fantaisie. Hé, d'où venez-vous donc, petit fripon. Comme vous répondez ! Qu'avez-vous donc ? Quelle mine vous faites ? Allons, mon fils, soyez sage. L'Enfant dit vrai. Oh, pour cela, oui. L'Enfant dit vrai. On nous a dit que tu avais affaire aujourd'hui. Voyons, voyons. C'est le plus pressé. J'aurai le prix, je vous jure. Il ne faut avoir que des yeux ; Pour bien décider cette affaire. Qu'il juge donc trois Immortelles ; Qu'il ait cet honneur en ce jour. De toi dépend toute ma gloire, Aurai-je le don précieux ? Oui, Berger, je lis dans tes yeux Ma prochaine victoire. Je connais bien son tendre coeur ; Je ferai pencher la balance. Le petit badin ! Je te promets des plaisirs à ton choix. Laisse-là les armes ; Les travaux guerriers, Pour de vains lauriers Causent mille alarmes : Ce sont les Amours Qui font les beaux jours. Pâris, sois plus sage, Méprise son or ; Le plus grand trésor Offre un esclavage ; Ce sont les Amours Qui font les beaux jours. Moi, la main d'une jeune actrice, Qui doit ruiner vingt seigneurs. Je veux tout ou rien. Bon. Peux-tu craindre l'hôpital ? Je te donne une belle femme. **** *creator_dorneval *book_dorneval_jugementdeparis *style_verse *genre_prologue *dist1_dorneval_verse_prologue_jugementdeparis *dist2_dorneval_verse_prologue *id_MERCURE *date_1718 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_mercure Serviteur à Monsieur Gargot. Je vous amène un bon écot. Non. Jupiter vient en ce jour. Chez vous avec toute sa Cour. Nous y venons célébrer les noces de Thétis et de Pelée. Vous y verrez Pallas, Junon, Vous y verrez Pallas, Junon, Et la Mère de Cupidon : Dondaine, dondaine, Et mainte autre Dondon. Olympienne. Ils ont déjà dîné. Ils viennent pour passer ici l'après-dinée, et y souper ensuite. Tenez. Voilà l'ordre du repas. Mettez vite la main à la pâte. L'ordre est judicieux. Ils choisissent bien les logements. Ce sont apparemment deux Maréchaux des Logis. Oui ; mais point de chasse-cousin, s'il vous plaît. Eh ! Mon enfant, à qui vendez-vous vos coquilles ? Ce n'est pas le vin qu'on vient chercher ici. Il faudra qu'il soit exquis pour piquer des gosiers accoutumés au nectar. Un peu trop de douceur ou d'âcreté les dégoûtera. Si cela arrive, les Déesses seront aussi bien conditionnées, sur ma parole. Ma foi, le Sexe féminin Aujourd'hui fait honneur au vin, Lon-lan la, derirette. Mais, voici Jupiter. Vous lui faites grâce du peu. Aussi, cela se fait assez souvent. Vous ne l'attendrez pas longtemps. Le voici. On a grand tort, assurément. Hé, pourquoi la preniez-vous ? En vous la donnant on vous avertit qu'elle sera fatale, vous êtes assez sot pour la recevoir. J'ai votre fait, Mesdames. Pâris. C'est un Berger de Charenton, un Virtuose, qui fait arrêter les carrosses, et nouer l'éguillette. C'est lui qui juge les querelles De tous les Bergers d'alentour. Apprends à quel sort glorieux T'élève le Maître des Dieux ; Il met en tes mains la querelle De Junon, Pallas et Venus ; Donne ce prix à la plus belle. Voilà ses ordres absolus. C'est Pallas qui s'offre à tes yeux. **** *creator_dorneval *book_dorneval_jugementdeparis *style_verse *genre_prologue *dist1_dorneval_verse_prologue_jugementdeparis *dist2_dorneval_verse_prologue *id_LAMOUR *date_1718 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lamour Oh, dame ! Chacun a ses affaires. Je ne saurais la faire meilleure, tant que je verrai devant moi ce benêt d'Hymen. C'est ma bête. Cédez-le vous-même à l'Amour. Ha, ha, ha ! Regardez un peu ce nigaud, avec sa face de papier mâché. Ah ! Voyez donc comme il est fait ! Avec ton air plat et discret. Tu fais trop le Dieu d'importance. Y-avance , y-avance, y-avance, Avec ton habit d'ordonnance. Je suis fâché d'être venu ici, puisque je l'y trouve. Il est vrai que vous êtes un prête-nom. Mais sans moi, mon ami, vous auriez l'air d'attendre longtemps la pratique. J'aveugle les amants Qui prennent votre chaîne ; C'est moi qui vous les mène, Qui, cachant vos tourments, Leur peins vos noeuds charmants, Après tout, vous n'avez que mes restes. Oui ; mais cela va d'une belle dégaine, quand je ne suis pas de la partie. Et vous, qu'un vil esclave. Écoutez ce que dit l'Opéra : L'Hymen vient quand on l'appelle, L'Amour vient quand il lui plaît. L'Opéra met entre nous bien de la différence comme vous voyez. Et vous, vous êtes un sot. Au contraire. Sans mes petits tours de passe-passe, tout irait sans-dessus-dessous. Voulez-vous que je vous le prouve. Si d'une pudique flamme Le Magistrat, le Marquis Brûlait toujours pour sa femme, Que deviendraient cent belles à Paris ? Très souvent d'un père à béquille, Qui se voit sans espoir d'enfants, Je fais recruter la famille , Et faire honneur à ses vieux ans. Ce Procureur à mine austère Pourrait-il, par sa maigre chère, Garder jamais de clercs chez lui, Si Madame la Procureuse, En secret plaignant leur ennui, Ne leur devenait gracieuse. C'est pourtant mon ouvrage, cela. Sans moi, que deviendraient la Villette, Passy, les Bois de Boulogne et de Vincennes, Charenton, la Râpée, etc. Ces doux asiles des époux mal-assortis, ces correctifs de la nonchalance des maris deviendraient d'affreux déserts. Soit : Mais, ce sera sans tirer à conséquence. **** *creator_dorneval *book_dorneval_jugementdeparis *style_verse *genre_prologue *dist1_dorneval_verse_prologue_jugementdeparis *dist2_dorneval_verse_prologue *id_LHYMEN *date_1718 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lhymen En vain vous faites la grimace ; Je triomphe en cet heureux jour. Cédez le pas de bonne grâce. Tout beau, Seigneur Cupidon. Ma compagnie vous fait honneur, au moins. Malgré cette humeur vaine, Dans plus d'une maison, Boudrillon, Vous ne pouvez,, sans peine, Entrer que sous mon nom, Boudrillon. Petit boudrillon, Boudrillon, dondaine, Petit boudrillon, Boudrillon, dondon. Pourquoi donc, sans vous ? Oh ! Je me passe de vous assez souvent. Allez. Vous n'êtes qu'un libertin. L'Opéra dit bien d'autres sottises. C'est un impertinent, et vous aussi. À qui en veut donc ce brutal ? **** *creator_dorneval *book_dorneval_jugementdeparis *style_verse *genre_prologue *dist1_dorneval_verse_prologue_jugementdeparis *dist2_dorneval_verse_prologue *id_MONSIEURGARGOT *date_1718 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_monsieurgargot Que vois-je ! C'est le Dieu Mercure. C'est quelque galante aventure. Le Grand Jupiter fait trop d'honneur à ma Guinguette. Je vais me mettre en quatre, pour contenter une si belle compagnie. Je ne perdrai point de temps. Holà ! Garçons ! Vous placerez ces deux Bourgeoises avec ces deux Officiers dans la chambre sur le devant. Ils avaient retenu celle-ci qui est plus particulière. Garçons ! Mettez du vin au frais. Oh ! Nous n'avons que du bon. D'accord, mais j'en ai d'excellent. De l'âcreté ! Loin de trouver mes vins trop acres, Je réponds que Messieurs les Dieux. S'en retourneront tous aux Cieux Plus ivres que des Fiacres. Qui le voit mieux que nous ici ? Lonlan la, deriri. Vous en aurez bientôt de frais. D'excellents. Ce Jupiter me paraît bonhomme : Je le crois même un peu bête. **** *creator_dorneval *book_dorneval_jugementdeparis *style_verse *genre_prologue *dist1_dorneval_verse_prologue_jugementdeparis *dist2_dorneval_verse_prologue *id_PARIS *date_1718 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_paris Gardons nos moutons, Lirette , liron, Liron, lire, lirette. Jupiter me gonfle d'honneur. Vous pouvez, mon ami Mercure, Aller dire à ce bon Seigneur Qu'il doit compter sur ma droiture. Quel bruit fait retentir ces lieux ? Hoïmé ! Je suis mort. Morbleu, Madame Junon, vous m'avez fait grand-peur ! Ne sauriez vous m'aider d'une manière moins bruyante ? Beau régal, ma foi. Tudieu ! Quel essaim d'appas ! Peut-on voir un plus beau bras ? Plus blanc, plus mignon Plus ferme et plus rond ? Ah ! Quelle main jolie ! Ces petits doigts d'un moribond Rappelleraient la vie, Loula, Rappelleraient la vie. Mais voulez-vous sur l'apparence Que je prononce ma sentence ? Puisqu'il s'agit de vos attraits, Il faut, Mesdames les Déesses, Qu'à fond de ce fameux procès J'examine toutes les pièces. Ne vantez point les combats, Je n'en tâterai pas. Cela mérite réflexion. Je penche fort vers les espèces ; Mais l'Amour a bien des appas. Oh, parbleu, attendez. Je vais vous accorder toutes trois. Partager la pomme entre vous ! Et pour mes trois pièces, vous me donnerez chacune un peu de votre marchandise. Eh bien, elle est à vous, belle Vénus. Au diable l'argent et les armes ; À vos promesses je me rends. L'Opéra fait-il autrement ? Je pourrais bien être un sot homme, D'avoir ainsi livré la pomme. Junon m'annonce un sort fatal : Vous l'avez entendu, Madame. Et vogue la galère, Tant qu'elle, tant qu'elle, Et vogue la galère, Tant qu'elle pourra voguer.