**** *creator_dornevallesage *book_dornevallesage_amoursdenanterre *style_verse *genre_opera comique *dist1_dornevallesage_verse_opera comique_amoursdenanterre *dist2_dornevallesage_verse_opera comique *id_MADAMETHOMAS *date_1718 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_madamethomas Bonjour, ma Nièce. Que l'état du veuvage Me paraît ennuyeux. Ah ! Ma chère nièce, tel que fût mon pauvre mari, il m'était d'un grand secours. Que de soins mon état renferme ! Une grande fille, une femme ; Toujours des procès sur les bras ; Tantôt acheter, tantôt vendre. Sans mon pauvre Valet Lucas, Saurois-je par quel bout m'y prendre? Oui. Ce garçon-là fait toute ma consolation. N'est-ce pas, ma nièce ? Il n'est rien de plus parfait. Que cet aimable valet. À l'ouvrage il se démène : Tique, tique, taque, et lon-lan-la ; Il en vaut une douzaine. Tous les autres sont des fainéants ; lui seul est né pour le travail. Vous avez de l'esprit, ma nièce ; et je vous crois capable de me donner conseil sur une affaire importante. Je songe à me remarier. Ne t'imagine pas que ce soit par caprice ; Mais je veux empêcher que mon bien ne périsse. J'ai besoin d'un Mari vigilant, entendu ; Et je pense à Lucas. Que me conseilles-tu ? Il est grand, il a belle face. Là, franchement, ne crois-tu pas Qu'il puisse du défunt Thomas Fort bien remplir la place ? Mais, est-ce que tu n'approuves pas mon choix ? Oh ! Ce sera bien autre chose, Quand j'aurai joint son sort au mien. Je ne pense pas comme cela, moi. Je trouve que ce garçon-là est bien mon fait. Oh ! Cela ne presse pas. Je sais qu'il en fera grand bruit ; Mais, ma foi, je n'en sais que rire : Quand les gens auront tout dit, Ils n'auront plus rien à dire, Ils n'auront plus rien à dire. Ne suis-je pas maîtresse de mes volontés ? Adieu, ma Nièce. Allez. On n'a pas besoin de votre consentement pour faire cette affaire-là. Voyez un peu cette bégueule. Mon ami, c'est contre ma Nièce, Qui veut me donner des leçons. Pour cela, oui. Et dans le fond, je suis bien bonne de m'amuser à consulter une petite bête. Comment donc, Lucas ! Sais-tu de quoi il était question entre nous ? De quoi ? Je t'entends à merveilles. Tu as fort bien deviné. Que tu as d'esprit, Coquin ! Hé, qui donc ? Que disaient ils ? Voyez un peu les médisants ! Mais je sais le moyen de les faire taire. C'est ce que je voulois dire, mon cher Lucas. Oui, malgré tous les jaloux,. Tu deviendras mon époux : Je ferai ce mariage À la barbe du Village. Je veux, je veux, Mon ami, te rendre heureux. Tu seras content. Mais, sais-tu bien, mon poulet, ce que j'ai fait pour toi ? J'ai méprisé la tendresse Des plus huppés du Canton. Si j'avais voulu écouter certaines propositions, je serais à l'heure qu'il est une grosse Madame de Paris ; mais j'aime mieux un bon paysan qu'un Monsieur. Cours vite t'aquitter de la commission que je t'ai donnée. Je vais t'attendre au logis! Mon cher ami, ne tarde pas : Tu sais que la pauvre Thomas Sans toi ne saurait vivre. Que veut cet animal ? Vraiment, j'ai bien affaire... Ah ! Il veut se raccommoder tout de bon ? Hé bien, soit. J'y consens. Puisqu'il est raisonnable, C'est assez. Je me rends. De mon coeur tout est effacé. Voilà quelle en est l'assurance. Malgré mon courroux, Monsieur Griffart, je n'ai jamais cessé de vous estimer. Quand j'ai rencontré des gens qui voulaient attaquer votre probité, je vous ai toujours rendu justice. Il est vrai que ce jour-là Monsieur le Procureur Fiscal n'était pas de bonne humeur. Un travers ! Moi, prendre un travers ! Oh ! J'ai trop d'esprit pour cela. C'est vous qui n'entendez quelquefois ni rime ni raison. Vous n'êtes qu'un bourru, qu'un brutal, qu'un emporté. Monsieur Griffart ! Allez. Si je vous jetai une assiette à la tête, vous le méritiez bien. Tous les noms ! Tous les noms ! Allez, mon ami, vous êtes un plaisant sot. Ah ! Fripon, il faut que je te... Le dévisager. Ah, ha ! Lucas avec ma fille ! Qu'entends je ! Le Coquin ! Le traître ! Sarlababorita Petite Impertinence, Comment donc à mes yeux... Ôtez vous de ces lieux. Et toi, traître, volage... ! Il faut que dans ma rage Je te coupe le cou. Tu m'abandonnes donc aujourd'hui pour Colette, Toi, que depuis quinze ans j'élève à la brochette ! Ah ! Perfide, tais-toi ! Où seras tu jamais plus heureux que chez moi ? Ne trouves-tu pas le matin , Pour te raccommoder la panse, Du pain blanc et d'excellent vin ? On double au dîné ta pitance ; Au soupé, ne garde-toi pas Le jus de l'éclanche à Lucas ? Hé bien, petit inconstant, petit scélérat, j'y consens. Va. Épouse Colette. Mais tu n'auras pas le sou, je t'en avertis. Tu mourras de faim. Grand-Jacques profitera de ta folie ; je l'épouserai. Je n'en ai pas sujet, n'est-ce pas ? Pour rire ! Quoi, Lucas, il n'est donc pas vrai que tu aimes Colette ? Est-il bien vrai, m'es-tu fidèle ? Sur ce pied-là, faisons la paix : Lucas, lions-nous pour jamais. Attend-moi ici. Je vais parler au Tabellion. Je reviendrai te joindre. Qu'y a-t-il donc, Lucas ! Que t'a-t-on fait ? Allez, allez, Monsieur Valére, Je m'en souviendrai plus d'un jour. Vous voulez venger votre père, En me jouant ce mauvais tour. Tout beau, Messieurs. J'ai de quoi le racheter. Combien vous faut-il ? Mais, cent pistoles ! S'il est propre pour le Roi, Par ma foi , Il l'est encor plus pour moi. Pour payer sa délivrance Voici de bonne finance. Puisqu'il n'y a rien à rabattre, je vais vous compter les cent pistoles. Heu ! L'étourdi ! Vois ce que tu me coûtes. Je vois tout le mystère. Ah ! Coquine, c'est vous... Monsieur, j'ai des raison pour vous refuser ma fille. Ma fille demeurera auprès de moi. Arrêtez, Valére. J'aime mieux vous donner deux cens pistoles. Monsieur, voulez-vous mille écus ? Puisqu'on ne peut s'en tirer autrement, je vous accorde donc ma fille. Que tous ceux que j'avais invités à mes noces viennent célébrer ce double mariage. **** *creator_dornevallesage *book_dornevallesage_amoursdenanterre *style_verse *genre_opera comique *dist1_dornevallesage_verse_opera comique_amoursdenanterre *dist2_dornevallesage_verse_opera comique *id_COLETTE *date_1718 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_colette Tu ne le vois que trop, friponne. Qu'une fille à vingt ans Est fille avec chagrin dans de certains instants ! Peut-on l'être toujours, quand on l'est trop longtemps ? Ah ! Que dis-tu ? Plus elle est fille de vertu, Et plus elle a d'impatience. Plus elle est fille de vertu, Plus elle a d'impatience. Je vous en réponds. Quand un Amant Auprès de nous badine Trop librement, On fait bien la mutine ; Mais, hélas ! En secret On sent Qu'on l'a fait à regret ! Imite ma franchise, Cousine. Ne serais-tu pas bien-aise aussi d'être mariée ? Tu fais la sotte. Achève. Tu t'imagines que c'est un grand bonheur, n'est-ce pas ? Même en dormant un faux hymen sait plaire. Dans un sommeil je rêvais à Valère : On m'éveilla : que j'en fus en colère ! Ah ! ah ! L'hymen s'allait faire ! N'en vaut-il pas bien la peine ? Il est déjà sous-lieutenant d'infanterie. C'est qu'il a de grands amis, voyez-vous. Ma Cousine, je vous entends. Je sais que le Procureur-Fifcal et ma mère sont brouillés. Peut-être ma mère ne voudra-t-elle pas que j'épouse Valére. Je vais prier le Magister Nicolas de les réconcilier. Je vais le trouver pour le presser de faire cet accommodement... Ma mère vient. Je te laisse avec elle. Vous allez donc trouver ma Mère ? Parlez-lui bien... Mais... Laissons agir Maître Nicolas ; et si par malheur il ne réussit point dans son entreprise, nous aurons recours à d'autres expédients. L'amour, cher Valére, Nous unit tous deux. Si le sort contraire Traverse nos feux, Le Dieu de Cythére, Propice à nos voeux, Fera son affaire De nous rendre heureux. Ah ! Je vous vois, Valére ! Vous faites trop paraître. L'empressement.... Ah ! Valère doucement. Calmez ce transport : Votre ardeur est trop grande. C'est à Paris qu'on prend d'abord ; Au Village on demande, Lonla, Au Village on demande. Vous allez bien vite au fait ! Connaissez un peu mieux Colette. Vous allez bien vite au fait ! Quittez ce trop libre caquet. Vous en seriez mal satisfait ; Je pourrais de ma main blanchette... Je vous le dis franc et net... Je prendrai mon sérieux. Mon enjouement Vous donne un faux présage : D'un tendre amant J'aime assez le langage ; Mais, Avant notre mariage, Rengainez tous vos souhaits. Plus on donne de gages pour ce marché-là, et moins il tient. Je suis là-dessus Paysanne et demie. Parlons sérieusement de nos affaires. Notre Magister s'est chargé de réconcilier nos parents. J'ai un autre moyen tout prêt. Il faudra nous séparer. Nous séparer ! Qu'ai-je entendu ! Non, non, vous n'aimez plus Valère. Mais, quand tout espoir est perdu, Cher amant, que voulez-vous faire. Hé bien , quelles nouvelles ? Avez vous fait la paix? Oh, que non ! Puisque le Magister n'a pas réussi, je vais employer la ruse que je t'ai dite. Justement. Cela donnera de la jalousie à ma mère. Qui, dans son jaloux effroi, Je le crois, Va se défaire de moi. C'est que suis amoureuse. Parlons de lui, sans faire semblant de l'apercevoir. Apprend, mais sois discrète Que j'aime ce Lucas. S'il savait sur Colette Ce qu'ont fait ses appas, Que deviendrais je, hélas ! Je te l'avoue aujourd'hui. T'étonnes-tu que ma mère Ait pris tant de goût pour lui ? Sa taille est charmante. Mais ce qui m'enchante, C'est son beau, tourelourirette, C'est son beau, lan-la derirette, C'est son beau minois. Oui, je prétends satisfaire Ma nouvelle flamme ; De Lucas, malgré ma mère, Je veux être femme. Si l'on ne me donn' ce garçon-là, On verra tout ce qu'on verra : J'en ferai la folie, Ma mie, J'en ferai la folie. Ah ! Mais, qui t'a donc mis dans l'esprit Que Colette t'aime ? Puis-je savoir qui te l'a dit ? Quoi, tu m'as entendue ? Je suis, je suis perdue ! Assurément, c'en est un ; car tu l'iras peut-être dire à ma mère. Quoi, Lucas, tu voudrais pour moi Renoncer au coeur de ma mère ? Fripon, tu seras donc bienaise, Quand tu deviendras mon Epoux ? Ah ! Lucas, tenez-vous! Ayez de la politesse. Ah ! Lucas, tenez vous ! Et craignez mon courroux. Tu prends un mauvais parti. Non, non, toujours auprès d'elles Un air poli l'emporta. C'est ainsi qu'on prend les Belles. Lon, lan-la, o gué, lon-la. Que veux-tu dire par-là. Qu'as-tu à rire ? Explique-toi donc. Diantre ! Cela est déjà bien avancé. Ah ! Maman, point de colère. Donnez-moi cet époux. Par-là, vous allez faire D'une pierre deux coups ; En m'accordant Valère Lucas sera pour vous. Ma chère mère, épargnez votre argent. Ma chère mère !... **** *creator_dornevallesage *book_dornevallesage_amoursdenanterre *style_verse *genre_opera comique *dist1_dornevallesage_verse_opera comique_amoursdenanterre *dist2_dornevallesage_verse_opera comique *id_MATHURINE *date_1718 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_mathurine Qu'as-tu donc, ma chère Colette ? Tu parais chagrine, inquiète. Eh ! D'où vient cette sombre humeur ? Ne me cache rien, ma mignonne ; Découvre-moi ton petit coeur. Paix ma Cousine. Fille sage avec confiance Attend l'hymen. Il est vrai que cela coûte. Hé, mais... Je n'en serais pas fâchée. Sans doute. Oh, oh ! C'est donc Valère que vous aimez ? Oui vraiment. Peste ! Il est bien avancé ! Mais il est fils du Procureur Fiscal, et vous fille de Madame Thomas. Le Magister est homme d'esprit : je compte beaucoup sur lui. Bonjour, ma Tante. D'où vient ce sérieux, Cet air triste et sauvage ? Tout vous rit dans ces beaux lieux ; Au plaisir tout vous engage. Vous ne pleurez pas votre mari, peut-être ? Un vieil époux sombre et sévère N'est regretté que faiblement : L'époux même le plus charmant Quelquefois ne l'est guère. Oh ! Pour cela, il a bien du mérite ! Oui, vraiment, ma tante. Le bon Valet que voilà ! C'est la pièce de résistance. Ah, ah ! Tout ce qu'il vous plaira, ma Tante. C'est votre affaire, ma Tante. Si vous voulez que je vous parle naturellement, je ne vois pas qu'il soit nécessaire que vous l'épousiez, puisqu'il fait vos affaires avec zèle. Quelle erreur ! Valet qui jamais ne repose, Devenu Maître, ne fait rien. Croyez-moi. Vous devriez plutôt penser à marier ma cousine. Mais songez à ce que dira tout le village, si... C'est fort bien fait à vous. Assurément. Tenez. Voilà votre Lucas. Je vous laisse libres. Adieu, ma Tante. Il a perdu ses pas, Nicolas, Voilà votre hymen à bas. Feindre de l'amour pour Lucas ? Vous êtes ingénieuse. Eh ! Le voilà, Lucas ! Lucas a donc su vous plaire ? Non, vraiment. J'admire sa voix. Tu la connais. Elle ferait un beau vacarme. C'est parler net. Te voilà ravie, ma Cousine. Quel drôle ! Pourquoi ris-tu? Hé bien ? Ô Ciel ! Ne grondez point, ma Tante. Quelle fureur est la tienne ! Vite sauvons-nous. Madame Thomas Épouse Lucas. Célébrons ce mariage. Elle agit en femme sage : Il fait déjà son tracas ; Il est fait à son ménage. **** *creator_dornevallesage *book_dornevallesage_amoursdenanterre *style_verse *genre_opera comique *dist1_dornevallesage_verse_opera comique_amoursdenanterre *dist2_dornevallesage_verse_opera comique *id_MONSIEURGRIFFART *date_1718 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_monsieurgriffart Je me rends à vos raisons. Mon ressentiment s'éteint ; et je suis prêt à vivre en bonne union avec Madame Thomas, si elle le veut. Elle fait la fâchée. Oublions tous deux le passé ? Vivons en bonne intelligence Quoique prévenu contre vous, Madame Thomas, je vous ai toujours regardée comme une femme de mérite. Quand je me suis trouvé avec des médisants qui voulaient me rendre votre vertu suspecte ; oh ! Je leur ai bien dit ce que j'en pensais ! De bonne humeur ! Oh ! Pardi, c'est vous qui prîtes un travers. Madame Thomas ! Et vous, vous méritiez bien aussi tous les noms que je vous donnai. Vous croyez parler encore à votre benêt de mari. Vous êtes une extravagante. Allez. Vous êtes une... Vous êtes une... Vous êtes une femme. **** *creator_dornevallesage *book_dornevallesage_amoursdenanterre *style_verse *genre_opera comique *dist1_dornevallesage_verse_opera comique_amoursdenanterre *dist2_dornevallesage_verse_opera comique *id_VALERE *date_1718 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_valere Ah ! Colette, c'est vous ! Permettez-moi, ma chère, D'embrasser vos genoux. Hélas ! De moi puis-je être maître, Quand je vois tant d'appas ? Un baiser, ma chère Colette. Un doux baiser seulement. Ma Reine, quel tort... ? Je vous le demande aussi. Allons, ne faites donc point la villageoise. Un peu moins de sévérité. Oh ! Je vais m'exposer à tout. Vous vous fâchez ! Cela ne vous convient point : un air enjoué vous sied mieux. Mais, je ne vous demandais que les arrhes du marché. Franchement, votre vertu sent le village. Ah ! Belle Colette, connaissez mieux Valère à votre tour. Votre sévérité m'enchante, Bien loin de me rendre confus : Plus la faveur paraît charmante, Et plus j'en aime le refus. Mais, s'il n'y réussit pas ? J'en ai aussi imaginé un, qu'Arlequin mon Tambour est sur le point d'exécuter : mais si tous ces moyens deviennent inutiles, que ferons-nous ? En attendant un meilleur sort, Nous aimer jusques à la mort. J'aperçois mon père avec Maître Nicolas. Retirons-nous. Je ne sais si Arlequin aura réussi. Cela me fait plaisir. Lucas est un bon enfant. LJa, mes amis, j'ai ordre de partir demain pour aller joindre le Régiment en Flandres. Nous allons apparemment recommencer la guerre. Allons, allons. Point tant de raisons. Tu es engagé, tu marcheras. Madame, vous me connaissez mal. La fuite vous désabusera. Votre argent ne me tente point, Madame ; la possession de l'aimable Colette peut seule me toucher. Ce n'est qu'à cela que la liberté de Lucas est attachée. Madame, j'ai aussi les miennes pour vous refuser Lucas. Vous avez pris votre parti, Madame. Adieu. Madame, cela est inutile. Madame, vous m'en offririez cent mille inutilement. Madame, vous me rendez le plus heureux de tous les hommes. **** *creator_dornevallesage *book_dornevallesage_amoursdenanterre *style_verse *genre_opera comique *dist1_dornevallesage_verse_opera comique_amoursdenanterre *dist2_dornevallesage_verse_opera comique *id_LUCAS *date_1718 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lucas Qu'y a-t-il donc, notre Maîtresse ? Il semble que vous soyez en rogne. Voyez un peu la bonne pièce. Mais, ma foi, je nous en gaussons. C'est morgué bian dit. Vous ne devez consulter que vous-même, surtout dans la chose dont il s'agit. Oh ! Pargué, je ne suis pas un sot. Tenez. Vous li parliez de çà. Ne m'entendez vous pas ? Est-ce un si grand mystère? Vous voulez, un Compère Fait tout comme Lucas. Ne m'entendez vous pas? Oh, dame ! Je devine les fêtes quand alles sont arrivées. D'autres que moi en avont itout de l'esprit, je vous en avartis. Gros-Jean, Maître Piarre le Tavarnier et Blaise le Veigneron. Je les acoutis tous trois jaboter hier a soir au travars d'une haye. Tâtigué, comme il en dégoisiont ! Voyez-vous ste Madame Thomas, ce faisiont-ils : voyez-vous comme alle se redresse. Je gagerais, ce disait Gros-Jean, qu'al'ne sera pas encor tras mois sans reprendre du poil de la bête. Pargué, ce faisait Maître Piarre, est-ce qu'vous ne fsavez pas bian qu'aile lorgne son valet Lucas ? Par ma foi, ce disait Blaise, ils se connaissont bian tous deux ; et si alle fait ce marché-là, al'n'achera pas chat en poche. Et moi, itout. Je n'avons besoin pour çà que du Curé et du Tabellion. C'est bian de l'honneur pour moi, dà. Mais il faudra que cela vase. Je vous pourrais bian, Maîtresse ; Parler sur le même ton. Vingt filles des plus fringantes, Qui grillont pour mon musiau, Se trouveriont bian contentes De se charger de ma piau. Vous avez raison. Les paysans avont l'amiquié plus farme. Allez. Je vas bientôt vous suivre. Oh, oh ! Alles parlont de moi ! Accoutons. Colette m'aime ! Qui diantre l'aurait deviné ? Hé, hé, hé, hé, hé, hé. Fatigué ! Comme alle en tient ! Vous avez raison, la Plante, Il est bon sur ce ton-là, Larira. Oh, oh ! Vous m'aimez donc, Mademoiselle Colette ? Eh ! Vous n'en sonniez mot. Parguié , c'est vous-même. Vous disiez présentement... Que vous m'aimiez tendrement. Le grand malheur ! Nennin, nennin, je ne li dirai pas. Al'ne sait morgué pas tout ce que je fais : Queuque sot. Après tout, quand al'le sauroit , est-ce qu'al' me r'abattroit ça sur mes gages ? Hé ! Palsanguié, qui s'en soucie ? Acoutez, Mademoiselle Colette. Il gn'ya qu'un mot qui sarve. Si vous vlez je l'enverrai au barniquet. J'aime mieux être, par ma foi, Son gendre, que votre biau-père. Ah ! J'ai le coeur chaud comme braise, Charmante Colette, pour vous ! Nuit et jour vous m'entendrez dire : Talaleri, talaleri, talalerie. Oh ! J'aime à rire sans cesse ; À batifoler toujours, À pousser la tendresse Tout au travers des choux. On dit qu'avec les fumelles Il faut être comme ça. Serpedié ! Vous ne chassez pas de race ! Je veux dire que votre mère n'aime pas tant la poulitesse que vous. Hé , hé, hé, hé, hé. Je ris de ce que... Hé, hé, hé, hé, hé. Je ris de ce que votre mère... Hé, hé, hé, hé, hé. Aile croit bonnement que je l'épouserai ; mais, prrr. A l'a déjà fait avartir les ménêtriers pour note noce. Alle payera les violons ; mais jarnonbille , je danserons pour elle. Le bon de l'affaire, c'est qu'al' ne sait pas que Colette m'aime, et que j'aime itout Colette. Tâtigné ! Madame Thomas, Mirlababibobette ; Queu fracas Alle fera, belle Colette. Mirlababi, farlababo , mirlababibobette. Oh ! La voilà. Que ne suis je en un trou ! Couper le cou tatiguienne ! Il est bon que le cou tienne, Arrêtez-vous, Arrêtez vous. Mais, Madame Thomas... Si vous me nourrissez bian, je travaille de même. La besogne est forte cheux vous. Ce n'est pas-là mon compte. Malepeste ! Serviteur à Colette. Tenons-nous au gros de l'arbre. Ah ! Voyez donc comme alle se fâche ! Bon. Allez. Tout ce que j'ai dit à Colette n'était que pour rire. Vous croyez donc que je ne vous ai pas apparçue ? Eh non ! J'ai dit comme çà, à part moi : Vla Madame Thomas qui vient à pas de loup, pour nous accouter ; baillons-li un peu la venette. Fi donc ! Vla encore une plaisante morveuse. Vous m'avez dégoûté, Madame Thomas, vous m'avez dégoûté de la jeunesse. Oui, je le suis, n'en doutez pas. Vos écus ont bien plus d'appas Que les yeux d'une Parronelle. Comme les femmes qui aimont baillent dans le pagniau.... Ah, ah ! Voici le Tambour de la Compagnie de Monsieur Valére. Courage, courage, Monsieur Arlequin. Vous êtes toujours un drôle de corps. Pardi ! Vous n'engendrez point de mélancolie, Monsieur Arlequin. Je ne suis encore que le garçon de la Farme ; mais , entre nous, j'en serai biantôt queuqne chose de plus, dà. Je vais de Madame Thomas Tarminer le veuvage. Oui. Elle me prend pour son mari, À cause de mon teint fleuri. Tope. Morgué ! Vla de bon vin. Varsez-m'en encore. À vous et à moi présentement. Hoçà, à st'heure, à qui boirons-je ? Pargué, à votre amoureuse, Monsieur Arlequin. Oui ; mais il ne faut qu'un coup feulement Pour bouttre un homme au monument. Jarni ! Si je savais ça, je me bouttrois tout-à-l'heure dans le sarvice. J'aimerais à ne sarvir que dans les Revues. Oh ! Ce n'est pas que je balance ! J'ai du coeur comme un enragé : Mais, si la guerre recommence, Je prétends avoir mon congé. Allons, oui. Vive la guerre pendant la paix. Oui ; Je demande donc mon congé. Je ne me suis engagé qu'à condition que je ne sarvirois point pendant la guerre. Ce sont ces vendeurs de chair humaine, qui m'avont enroullé pour la guerre. Oui ; mais il faudra donc toujours que je marche à bon compte ? Eh ! Madame Thomas ! Eh ! Là , là, Maman Thomas, Ne me le reprochez pas ! Je bêcherai tant , Je piocherai tant ; Un peu de patience : Ne plaignez point votre comptant, J'en tirerons quittance, Lon-là, J'en tirerons quittance. C'est bian dit. Madame Thomas ! Vous m'abandonnez donc, Madame Thomas. Madame Thomas. Eh ! Bâillez-li votre fille ! Vivat. Mon enroullement a fait marveilles. **** *creator_dornevallesage *book_dornevallesage_amoursdenanterre *style_verse *genre_opera comique *dist1_dornevallesage_verse_opera comique_amoursdenanterre *dist2_dornevallesage_verse_opera comique *id_LEMAGISTER *date_1718 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lemagister Cela suffit, belle Colette ; J'entreprends l'accommodement. La chose sera bien tôt faite : Je n'entreprends rien vainement. Oui, ma mignonne, de ce pas. Laissez-moi faire. Ne vous embarrassez pas. Orsus, Monsieur le Procureur Fiscal, je crois vous en avoir assez dit pour vous persuader que vous devez, vous réconcilier avec Madame Thomas. Oh ! Je vous réponds d'elle. La Voici. Tenez-vous un peu à l'écart. Je vais la prévenir. Arrêtez, Madame, deux mots. Vous arrivez fort à propos. Ne faites plus mauvaise mine À notre Procureur Fiscal, Je vous proteste, ma voisine, Qu'il veut... Eh ! Parlez sans colère ! Oh ! Point d'emportement ? D'un coeur franc et sincère, Avec vous il veut faire Son raccommodement. Tout de bon. Répondez, je vous prie, Madame, à son envie. Ma foi, c'est un bon diable. Monsieur Griffart, vous l'entendez. Madame Thomas est un petit coeur de femme. Allons, embrassez-vous. J'en suis témoin. Pour cela, oui. Elle est généreuse. Il est charitable, Monsieur le Procureur Fiscal. Jarnicoton ! Je ne me sens pas d'aise d'avoir rapatrié deux esprits d'un si bon caractère. Que je vous embrasse. Que cette paix, mes chers enfans , Puisse durer long-tems. Maudit le festin malheureux Qui vous brouilla tous deux. Eh ! Laissons-là ce festin! Que diable... Eh ! Madame Thomas ! Mais , mais , mais... Que voulez-vous faire ? Voilà de la besogne bien faite ! Je les ai mis un peu plus mal ensemble qu'ils n'étaient. Hélas! Ils font, les Belles , Plus divisés que jamais. **** *creator_dornevallesage *book_dornevallesage_amoursdenanterre *style_verse *genre_opera comique *dist1_dornevallesage_verse_opera comique_amoursdenanterre *dist2_dornevallesage_verse_opera comique *id_ARLEQUIN *date_1718 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_arlequin Si des Vilageoises, Avec leur fierté ! Vivent nos grivoises, J'en suis enchanté. Souvent au Village On nous fait souffrir ; Au Camp la plus sage À nous vient s'offrir. Tambour battant. Mon cher Lucas, je me promène, Tambour battant. De mon sort je suis fort content ; Bon pain, bon vin, bon Capitaine, Avec un tendron que je mène Tambour battant. Non, vraiment. Ni vous non plus, Monsieur Lucas ; vous qui êtes la coqueluche de Nanterre, et le factoton de Madame Thomas. Que je t'embrasse, cher Lucas. C'est une veuve sage : Elle te prend pour son mari, À cause de ton teint fleuri. Je l'en estime d'avantage. C'est une brave femme. Il faut boire à sa santé. Allons, buvons à la santé De cette grosse mère. Sans oublier la Beauté Dont est charmé Valere, Trinque à la postérité Dont tu dois être père. Allons, à nous deux. Je vous remercie, mon ami. Lucas est un bon garçon, Il entend bien à vider un flacon. Oh ! Par ma foi, c'est grand dommage Qu'il croupisse en un Village ! Il aurait fait l'ornement Du plus célèbre Régiment. Tu crains la mort, parce que tu n'y ès pas fait. Tiens. Si tu avais seulement deux Campagnes par devers toi, tu écouterais ronfler le canon comme une flûte douce, Tu t'y accoutumeras, te dis-je... Sur ce pied-là tu peux t'engager à présent. Nous sommes en paix ; il n'y a rien à risquer. Buvons un coup : un verre de vin porte conseil. Cela va sans dire. Allons, mon Brave, à la santé du Roi. Bon. Voici Monsieur Valére. Camarade saluez votre Officier. Monsieur, vous voyez dans ce garçon-là un des meilleurs soldats de votre Compagnie. Sans doute ; et c'est trop perdre de temps. Partons. Cent pistoles. Grand, carré, de bon aloi, Dans l'emploi Il servira bien le Roi. Peut-on trop payer la taille ? Sans en rabattre une maille. Vous voyez bien que nous nous mettons à la raison. Lucas demeurera dans le Régiment. Allons, marche. Marche. Non, non. Nous allons joindre le Régiment ! Marche, Gueux, marche. Il n'en démordra pas. Et moi, par reconnaissance, je vous donne Lucas. Madame Thomas, En prenant Lucas, Vous prenez la fleur de Nanterre ; Vous ôtez au Dieu des Combats Un vrai fier-à-bras, Un foudre de guerre.