**** *creator_dufresny *book_dufresny_espritdecontradiction *style_prose *genre_comedy *dist1_dufresny_prose_comedy_espritdecontradiction *dist2_dufresny_prose_comedy *id_LUCAS *date_1700 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lucas Morgué de la contrediseuse, et de sa cotredition. Non, Monsieur, je ne peu pu duré avec l'esprit de Madame votre femme. Qua vou conterdise rou son son sou, vous qui êtes son mari, ça est naturel ça, mais y n'est pas naturel qu'a vienne conterdire mon jardin. Tout franc je n'aime point à être jardinier là ou li a des femmes, car eune femme dan eun jardin fait pu de dégât qu'un millier de taupes. Al arrache ce que j'ai planté, a replante ce que j'ai arraché, quand je greffe du Bon-Crequin, a di que c'est de la Bargamote ; là où j'ai planté des Choux, a veut qu'il y vienne des Raves, n'y a rien dont a ne s'avise pour ale à rebours de moi ; hier a vlait pour avoir des preunes pu grosses, qu'on les semi su couche comme des melons , je crois, Gueu me pardonne , qu'a me fera bentos planter des citrouilles en espalier. Gnia pu de conseil dan ma tête, drès que j'ai disputé avec Madame, ça me met en friche moi et mon jardin, epi c'est que a me vient de bailler mon congé. Comment me souquinriais vous contre elle, qu'on ne pouvé pas vous y souteni vous-même, ne vous dis je pas toujou qu'ous ete trop docile, drès qu'à veut queuque chose, vous dite ouy , drès qua vois qu'ou dite oui, a dit on, et vous le dite itou , épi a redit oui par controvarse, et vou le voulez bian. Vou ly laisseriais donc itou la petite satisfaction de..... Si c'était son plaisir da ; mais gna rien à crainde, son humeur est trop reveche pour ça : tantia, Monsieur , qu'en cas de votre fille, si je nétais pu cian, comment feriais-vous, car gn'y à que moi qui a assez d'entendement pour faire revirer l'esprit de vote femme ; vous n'y entendérian-vous ? Tené, Monsieur, il a des paysans qui ont la Philosophie d'avoir de l'esprit en argent, ma Philosophie à moi, c'est de gouvarner la vie du monde par mon mequé de jardinier ; vou ulé marier vote fille, par parenthèse ; vou ne savez ce qui en sera ; mais moi j'ai vu tout ça dans mon jardinage,car j'ai dit, quand Madame vient dans mon jardin, et qu'al voit qu'eun abre est d'humeur à profiter au soleil, a le plante à l'ombre. Ô, si a voit que sa fille est d'humeur à profiter en mariage, a la plantera dans un couvent. Madame m'a voulu faire jaser là-dessus ; mais Lucas, m'a-t-elle dit, queque tu penses de ce mariage-là ? Je n'en sais rian, Madame. Mais, ma fille, par-ci ; Néant. Mais, mon mari par là, Motus ; et parce qu'al a vu que je ne l'y baillais pas de quoi contredire, c'est pour ça qu'a m'a chasssé comme ça tous les jours, et j'ai des finesses pour qu'a me reflatte par contradiction. La v'la qui vient dans c't'allée-cy ; laisse-moi me racommoder tout seul. Je serais morgué bien fâché de quitter ce bourgeois-ci, sa bourgeoiserie est pu argenteuse que ben des gentilhommeries que li a. Je fuis bien fiché de vous quitter. Ha, ha, ha, ha ! Cela m'afflige. Ha ha, ha t Rien, rien. Ha, ha, ha.... Ça, Madame, je vas vous rendre vos clefs. Ha, ha, ha, ha ! Je ne peu pu me retenir, aussi ben me vla tou chassé, je ne vous crains pu. Ha, ha, je dois deun drôle de tour que je vous ai fait. Ha , ha, tout franc c'est que comme li a longtemps que je fis las de vote humeur acariate, de que je veux vous plante là, j'ai di à par moi : si Madame voit que je veux mon congé, a ne sera pas de stavis-là, si je veux être payé de mes gages, a me les requindra pour n'ete pas de mon opignion : ô faut mieux que je la fâche afin qu'a me chasse par elle-même. Je vous ai fat eune querelle ; ha, ha...Mais je vas vous bailler vos clefs. C'est pour ça que je m'en vas. Ce sera dès tout-à-l'heure. Demain vous ne sériais pu en train de me chasser, je veux vous quitter. On ne requint point les gens malgré eux, et vous éte d'eun humeur.... Tanquîa que j'en soufre trop. Morgué nani, je sais bian que ce n'est pas par malice qu'ou faîte endever tout le monde , mais c'est que vote volonté est du naturel des hiboux, a ne va jamais de compagnée avec la volonté des autres. On n'en a guère, c'est vrai. He ! Il m'en a dit queuque petite chose. Je me doute ben itou de la pensée de Mademoiselle Angélique. Je sais ben encore mon avis a moi su tout ça. Mais ni de ma pensée ni de celle de Monsieur, ni de celle de vote fille , je ne vous en dirai non pu qu'il en pleut. Vou n'en fçaurais rain vou di-je car je vous vois veni, vous été tantôt su le oui, tantôt su le non. Je la marierai, je né la marierai pas, qu'en dit-il, qu'en dit-elle, et tou ça jusqu'à ce qu'ou voyais tous les chemins que les autres enfilerons, pour en prendre eun tout de guingouois qui ne ravienne à pas eun de ceux-là. Allons retrouvé Monsieur sous berciau. Chut. Monsieu que vla, veut bain de Mademoiselle Angélique, a veut ben de ly, Madame le veu ben, vous le voulez ben, et moi itou, vla ques don fait. Je dis que ça n'est pas fait, car drés qua vera, que je le voulons tré-tous, a ne le voudra pu elle. Ô ! je vous demande si.... Je vou demande don, si ne saurai pas que je fissions là... Comme si... Vla de biaux avis qu'ous avé-là, fau vous faire Conseillé de Village, vous opinerais par écho ; je dis don moi, que la volonté de vote femme, est comme eune giroite, qui voudrait toujou se torner à l'encontre du vent, fau donc faire semblant que le vent vient d'aval, pour qu'a tourne d'amont ; ô ! L'y a doux vents qui soufflons su Mademoiselle Angélique, Monsieur deun côté, et ce Valère de l'autre , gna don qu'à dire à vote femme, que c'est Valère que nous voulons, et a nous baillera sti-ci par opposite ; via ma sentence. Faut faire deux noeuds pour que ça quienne, mais il y a encore une cérémonie, pour mettre Madame ben en humeur de s'ostiner à ça. Oui, mais pour qu'a le fine ben vue, fau qu'a le sine de rage ; et j'ai le secret pour l'agacer, c'est comme quand a vient pour argoter sur mon jardin, je fais semblant de ne dire mot, je ratisse ma bêche, a s'ostine su ma contenance, je secoue la tête, a pren ça pour des paroles, et a dispute contre ; le feu s'i boute, et quand sa conterdition est allumée, si vou l'y aliais soutenir qu al est honnête femme, a vou dirait, qu'ous en avé menti ; mais la via. Je vas l'ostiner, epi vou viendrais tou d'un coup l'y demander Valère. Hon. Pta. Hé, hé, hé! Hé ! Mais. Baon. Mais, mais, mais... Morgué. Palsangoy. Ha... Pao. Pa-ta-ta Prrr... Ô parguenne pour cette fois-ci, a fera vote volonté, et sera la première fois de sa vie. Je m'en vas voir, et pi je reviendrons encor crier que je voulons Valère, afin qu'a sine vitement pour l'autre. Courage, Monsieur, crions ben fort que je ne voulons point Monsieur Tbibaudois, afin qua nous le baille pu vite. Je vous disons donc que... Que je sommes vote mari. Al en en veut un pu délicat. C'est moi itou qui trouve à propos que... Poussons ferme, c'est que la contredition n'est pas encore en branle. Bon ! Vote parole, a va et vient comme l'air du temps. Ouais, li de la leune là-dedans. À vous obéir, ça n'est pas naturel. Hon, fau que li ai la queuque chose, je me doute quasiment. On vous va baillé vote congé à vous, Madame vous cherche pour ça. Je m'en vas voir encore tout ça, moi-même, attendez-moi là. Non, morgué, ce ne serait pas malgré vous ; car serait de bon coeur qu'ou l'épouseriais, mais ça ne sera pas pourtant ; car je me sis douté qu'ou maniganciais l'amour ensemble, et que vous faisiais semblant de faire semblant, vote mère aloi baillé ladedan, oui, mais je l'ai averti qu'ou la trompiais. Sera peut vou le malheur, car Madame va revouloir, ce qua vouloir, de van qua su, qu'ou vouliais li faire vouloir , tanquia que je li ai dit tout ça moi, car Monsieur Thibaudois me baille cent écus. Il n'est pu temps, Madame sait tout, stanpendant si je voyais là vote argent, i ne serait pu vrai que Madame sait tout, car morgué a ne sait rien. Et via Madame qui revient, je iras vous épauler. Vené don vite, Madame, vla des jeunes gens qui se querellont, vené vite les séparer, je les ai trouvez qui se disiont rage , ils se disputiont tant,que j'ai cru qu'ils étaient déja mariés ensemble. Je vous avais ben dit, Madame, qui s'aimaient l'un l'autre. **** *creator_dufresny *book_dufresny_espritdecontradiction *style_prose *genre_comedy *dist1_dufresny_prose_comedy_espritdecontradiction *dist2_dufresny_prose_comedy *id_ANGELIQUE *date_1700 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_angelique Que souhaitez-vous de moi , ma mère ? Me voila prête à vous écouter. Je vous ai déjà dit, ma mère, que je ne dois point avoir de volonté. Je vois quelques femmes qui se louent de leur état. Mais j'en vois beaucoup qui s'en plaignent. Oui vraiment, ma mère. Point du tout, car cette femme vint hier affliger par ses plaintes la même assemblée qu elle avait fatiguée l'autre jour par l'éloge de son époux. Je ne dis pas cela, ma mère. Je ne le souhaite ni ne le crains ; je n'ai fait là-dessus que de simples réflexions, fur lesquelles je n'ai pris aucun parti, les raisons pour et contre me paraissent à peu près égales ; c'est ce qui a suspendu mon choix jusqu'à présent. C'est la situation où une fille doit être, afin que sa mère puisse la déterminer sans peine. Mes raisons pour le mariage deviendraient les plus fortes ; car la raison du devoir me ferait oublier toutes les raisons contraires. Pour lors les raisons pour le mariage me paraîtront les meilleures. Mon inclination est de suivre la vôtre. Je vous obéirai jusqu'à la mort. Ce n'est point par obstination. Vouloir tout ce que vous voulez, est-ce vous contredire ? Mais, ma mère... Quelle violence il faut que je me fasse ? Sincère comme je le suis naturellement, d'être contrainte à dissimuler avec tout le monde. Cependant je n'ose me confier à personne, dans la situation où je vois les choses. Vous devez juger que je suis prudente, et rien plus. Je n'en sais rien. Vous ne vous êtes point encore aperçu que j'eusse aucune inclination pour vous ? N'est-ce pas ? Vous n'avez pas remarqué non plus que j'ai de l'aversion. Cela suffit pour moi, car j'ai intérêt d'être impénétrable à vôtre curiosité ; ne vous ai-je pas dit déjà, que j'ai formé certain projet pour mon établissement, et que suivant ce projet, il ne faut pas que ma mère sache, si je vous aime , ou si j'en aime un autre : il faut que mon père l'ignore aussi, et par conséquent, que vous l'ignoriez vous-même : car si vous le saviez, mon père, ma mère, et tous ceux qui vous voient, en seraient bientôt instruits. Non, mais votre vivacité vous tient lieu d'indiscrétion. Mais si ce mot était que je n'ai nul dessein de vous épouser. Vous n'êtes pas tranquille, le seriez-vous davantage si je vous promettais de n'être jamais a d'autre qu'à vous. Que vous iriez le publier aussitôt, voila comment vos transports de joie, ou vos désespoirs outrés pourraient divulguer mon secret s et dès que ma mère saurait le choix que je veux faire, elle en ferait un contraire à coup sîr ; ainsi trouvez bon que je vous laisse ignorer mes desseins. Cela pourrait être. He bien, retournez-vous-en. Empêcher ce mariage ! Je vous serais trop galant homme pour empêcher un établissement avantageux pour moi. Vous pourriez traverser mes desseins, mais s'il est vrai que je n'ai point d'inclination pour vous, vous ne la ferez pas venir à force de me chagriner ; prenez donc le parti qui me convient, ne voyez aujourd'hui ni mon père ni ma mère, je vous ai défendu de paraître ici, retirez-vous, je vous prie. Je ne vous tromperai point, car je ne vous promets rien. Ô pour me dire des injures attendez que je les ai méritées, je les mériterai peut-être bientôt, ne vous impatientez point. Voilà mon père, partez vite. Ah, mon père, je crains bien. Si la pensée est venue d'elle, l'exécution suivra bientôt. Je pardonne la grossièreté en faveur de la franchise. Je ne sais. Nous n'en sommes pas encore là. Il faut prendre des mesures. Pendant que vous délibérez , il est à propos que je me tienne auprès de ma mère. Que voulez-vous que je vous conte ? Il est temps que j'aille. Vous m'aimez, je vous en suis fort obligée, voila le conte fini. J'ai tout entendu, j'étais là sous ce berceau avec le notaire ; il vient d'arriver, il est temps qu'il paraisse. Voilà les choses au point où je les souhaitais et les mesures que je prends, pourront réussir. Examinons ce que tout ceci deviendra. Voila un fâcheux contre-temps. Allez donc vous joindre à mon père, secondez-le bien, parlez ensemble à ma mère, priez-la, pressez-la. Hà vous êtes-là, Valère ? Rien du tout, Monsieur Thibaudois : je voudrais bien savoir, Monsieur, de quel droit vous venez m'injurier ? Sur quoi, je vous prie, pouviez-vous fonder vos espérances ? Premièrement mon père peut-il balancer, entre les richesses de Monsieur, et le peu de bien que vous avez ? Pour moi, je préfère la bonne humeur de Monsieur, à ce sérieux passionné dont vous ne sortez jamais. Ses bons mots me touchent plus que toutes vos mines de désespéré. Vous allez vous emporter ; retirez-vous, je vous prie, je n'aime pas les emportés. Je vous parlerai à vous seul, comme je vous a parlé en la présence de Monsieur Thibaudois. Mon père veut que je l'épouse, et je vous déclare que j'en suis ravie. Allez , Monsieur, allez ; vous pouvez lui dire , que je n'ai nulle inclination pour vous. Quoi ma mère, vous voudriez m'engager malgré moi ? Hélas ! Quand je vous parlais ainsi je ne parlais pas sincèrement, pourquoi voulez-vous empêcher un riche établissement que je trouve avec Mr Thibaudois ? Hé ! Ma mère, je vous en conjure. J'aimerais mieux mourir que d'épouser votre fille ! Vous prononcez cela bien naturellement. Et comme je le souhaitais, car pour vous le faire prononcer d'un ton à le persuader à ma mère, il a bien fallu vous le faire sentir vivement ; vous ne l'auriez pas si bien trompée, si je ne vous avais trompé vous-même. Pour faire consentir ma mère à ce que je souhaitais, il a fallu laisser aussi mon père dans l'erreur, il a agi naturellement ; et quand j'ai vu qu'ils étaient tous pour Monsieur Thibaudois, j'en ai fait avertir ma mère, afin qu'elle fût contre ; un billet inconnu l'a instruite du complot, c'est ce billet qui a excité sa contradiction, voyant tout le monde contre vous, elle a pris votre parti, pour contredire tout le monde, et veut vous contraindre à m'épouser, pour vous contredire aussi. Je voudrais que vous ne le vissiez qu'après la signature. Je crains quelque transport de joie indiscrète ; non, Valère, ne soyez point encore convaincu que je vous aime. Quelqu'un vient, feignons encore. Non Valère, non, je ne vous épouserai jamais malgré moi. Ah Ciel ! Ha, mon pauvre Lucas... Je ne serai pas mariée pour cela ; car mon père ne veut pas signer. Je me jette à vos pieds, ma mère, **** *creator_dufresny *book_dufresny_espritdecontradiction *style_prose *genre_comedy *dist1_dufresny_prose_comedy_espritdecontradiction *dist2_dufresny_prose_comedy *id_VALERE *date_1700 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_valere Voici encore, Mademoiselle, et j'ai résolu de ne point retourner à Paris que vous ne vous soyez expliquée avec moi. Je vous l'avoue, vos manières ont mis ma patience à bout ; je suis outré, non, je ne me possède plus, quand je pense que depuis le temps que je viens céans, ni mon amour, ni mon respect, ni mes prières, ni mes reproches, n'ont encore pu vous arracher une seule parole, sur quoi je puisse tabler... Quand je vous parle de la plus violente passion qui fut jamais, vous m'écoutez avec une tranquillité, une indolence incompréhensible : car enfin on témoigne aux gens ou de la reconnaissance ou du mépris, ou de la pitié, ou de la colère. Juste ciel ! Que dois- je donc juger d'un silence si obstiné ! Mais enfin approuvez-vous mon amour, ou si vous le condamnez ? Quoi, toujours sur le même ton ? C'est ce qui me désole. Non vraiment, mais cela ne suffit pas. Vous me croyez donc bien indiscret. Je sais modérer cette vivacité, par exemple au moment que je vous parle je me possède plus que vous ne pensez, et je vous jure qu'un mot d'éclaircissement, oui un seul mot de votre bouche va me rendre aussi tranquille que vous. Ah ! C'est ce que vous n'osez me dire, qu'entends-je ? Juste ciel ! Si vous me le promettiez, ah ! J'en mourrais de plaisir, oui, mon bonheur serait si grand ! Je ne les ignore plus, ingrate, et puisqu'il faut vous le dire, je viens d'apprendre céans que vous épousez aujourd'hui Monsieur Thibaudois. C'est pour cela que je suis revenu sur mes pas. Et c'est ce qui m'a fait comprendre toute votre politique, je vois que vous m'avez ménagé jusqu'à présent, parce que je suis ami de votre mère ; vous craignez qu'irrité par vos refus, je n'empêche ce mariage. Non, cruelle, non, ne craignez rien, si vous pouvez être heureuse avec un autre, j'en mourrai de douceur, mais je ne m'y opposerai point. J'obéis aveuglement, mais si vous me trompez.... Si vous me trompez vous êtes la plus cruelle, la plus... Quoi ! Vous pourriez... Ce que je viens d'entendre, et ce que vous m'avez dit tantôt, votre affectation à me renvoyer, le Notaire que j'ai vu ; tout enfin me prouve assez votre trahison ; mais vous ne méritez pas que j'en fois assez touché pour vous la reprocher. Je prends le parti à du mépris et du silence. N'attendez pas de moi, ni des emportements, ni des reproches, ingrate ; non, perfide ! Non, traîtresse... Juste ciel ! Hé ! Morbleu, Monsieur... Votre procédé me paraît si outré, que je pourrais vous soupçonner de feindre : je ne m'en flatte pas ; mais enfin , s'il était vrai que vous eussiez affecté de parler ainsi en présence de Monsieur Thibaudois... Le voilà parti, justifiez-vous. Justifiez-vous donc, ou convenez que vous m'avez trahi ; parlez, nous sommes seuls. Ô ! Je ne puis plus me contenir ; plus de ménagements, je vais trouver votre mère. Madame, avez-vous entendu ? Je suis trahi, Madame, car enfin , il n'est plus temps de vous cacher mon amour pour une ingrate, vous voyez comme elle me traite. Non, après le procédé d'Angélique, je ne veux jamais entendre prier d'elle. Vous me la proposeriez en vain. Je refuse vos offres, Madame, je ne fuis pas homme à violenter les inclinations. Il n'en sera rien. Non, Madame, non, je ne signerai point , j'aimerais mieux mourir que d'épouser votre fille. Comme je le sens, ingrate. Expliquez- vous ! Ce que j'entends est-il bien vrai ? Mon malheur m'accablait , mon bonheur m'éblouit, je ne le vois pas encore. Ah ! Trop aimable Angélique ! Malheureux que tu es. Hé, maraut, que ne m'en demandais-tu deux cents ? Tiens, voila ma bourse. Hé ! Je n'ai que faire de votre donation, fuyez, Monsieur, emportez vite la minute, de peur que Madame ne se dédise. Mille pardons, Madame. Nous la ferons revenir à force de soumissions. **** *creator_dufresny *book_dufresny_espritdecontradiction *style_prose *genre_comedy *dist1_dufresny_prose_comedy_espritdecontradiction *dist2_dufresny_prose_comedy *id_LENOTAIRE *date_1700 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lenotaire Si j'osais, Madame, vous représenter. L'affaire est consommée.