**** *creator_dufresny *book_dufresny_fauxinstinct *style_prose *genre_comedy *dist1_dufresny_prose_comedy_fauxinstinct *dist2_dufresny_prose_comedy *id_LEVIEILLARD *date_1707 *sexe_masculin *age_veteran *statut_exterieur *fonction_autres *role_levieillard Vous êtes le Nourricier apparemment ? Si elle était ma femme et veuve, je serais donc mort ; peste soit du sot. Le benêt ! Ce misérable, me venir dire, comme si j'étais mort, cela m'a frappé, il ne faut qu'un mot pour porter malheur ; il y a comme cela des pronostics, ce coquin-là, vous prendre pour ma veuve. Çà , Madame, il faut attendre ici qu'on nous amène les deux enfants ensemble, sans nous les distinguer. Ô je gagnerai la gageure, car j'ai un instinct infaillible. C'est un instinct ordinaire ; mais le mien me fait aimer ou haïr par avance ceux qui sont destinés à me faire du bien ou du mal. Cela est tout commun cela, mais ce qui vous étonnera, c'est que je vois en rêve tous les lundis ce qui me doit arriver pendant la semaine. C'est une chose triviale, que la sympathie, un de mes amis se maria à Paris, et moi étant aux Indes, au moment de son mariage, je sentis dans le coeur, un épanouissement, une joie ; mais une joie que je ne savais pas d'où cela me venait. Mais ce qui vient de nous arriver à tous deux n'est-il pas visible. He bien oui, nous y passons sans le savoir, et cependant j'ai senti une émotion. J'ai senti tressaillir mes entrailles paternelles. Non, cela ne passe pas la septième, le nombre de sept est climatique, tout change dans la nature de sept ans, en sept ans. Ce sont nos petites filles, car ma tendresse. Oui sans que les yeux s'en mêlent. Elles sont proches de nous, car je commence à sentir un petit frémissement agréable. Oui, le plaisir fait que les jambes me tremblent. Qui a-t-il donc ? Ah ! Ciel... Voilà justement une dent qui me tomba l'autre jour. Je suis né sous une étoile bien malheureuse. Je veux m'emporter, ma femme, je veus me mettre en colère, ces canailles, ces misérables, me dire que ma petite fille est morte, et je la viens de voir à une fenêtre au bout du jardin, ils l'ont enfermée dans une chambre pour me la cacher. Je vois que vous y entendez finesse vous Madame, puisque vous les soutenez, ils l'ont caché sans doute, pour vous la donner à mon préjudice, cela est bien malhonnête de vous aproprier mon enfant. Vous avez gagne les témoins. Pour qu'on put croire un enfant à vous, il faudrait qu'il eu quinze ans. Vous voulez avoir un enfant pour vous faire honneur. Morbleu Madame. Parle-donc misérable, parle, cet enfant-là n'est-il pas à moi, hen. Plaît-il. Ce coquin. Ce que je vois clairement, c'est que vous êtes un fripon, et que pour avoir double pension, vous avez caché la chose. Quel animal, un enfant se souvenir du moment qu'il est né ! Un sot qui a pris l'argent. Ne nous amusons point avec ce misérable. L'affaire est obscure pour vous, Madame, mais je trouverai moi cent manières de l'éclaircir claires comme le jour, par exemple, n'y a t—il pas des devins. Allons conférer ensemble, Madame, des moyens que nous choisirons. Je viens de l'apercevoir aussi, Madame, et il vous regardait avec des yeux... Ce Valère a dans la physionomie quelque chose de funeste pour moi, et le rêve que j'ai fait... mais ne parlons à présent que de la petite filles ; j'en veux voir la vérité. Fort bien, mais vous ne me répondez point sur Valère, Madame, je vous dis que Valère n'a qu'à se résoudre à ne voir jamais Angélique. J'ai cent raisons pour haïr cer homme-là, premièrement, j'ai tiré sa figure, et j'ai vu dans les lettres de son nom, qu'il serait mon fléau, et cela joint au rêve que je fis la nuit que nous couchâmes à Lyon. Il n'y a point de chimère ; car en dormant je vous vis comme je vous vois vous promenant avec un jeune homme dans un bois. Ce n'est pas être trop furieux de ne vous avoir rien dit, et quand on a des certitudes aussi grandes... Mais ce n'est pas tout ; car je vis dans ce même songe, un lion et un chat noir, et Nostradamus dit, que quand le lion et le chat, j'ai oublié la centurie, mais il est clair qu'elle a été faite pour moi, car un lion, c'était en arrivant à lion, et un chat, c'est une trahison de femme, il ne faut point ; hauffer les épaules, car le lendemain, je fus tout étonné que Valère ressemblait à se jeune homme qui était avec vous dans ce bois. N'en parlons plus ma femme, je veux bien tout oublier, je vous pardonne. Enfin vous me dites que cela n'est pas vrai, cependant mon songe m'a dit le contraire, et les songes sont plus vrais que les femmes, et ils trompent moins. Oui Toinette, j'ai imaginé un moyen sûr pour connaître quelle est la mère de la petite fille. Ce qui est dit est dit, celle des deux mères que la petite fille reconnaîtra pour sa mère, la sera réellement, et il n'y a rien de plus sûr. Nous allons être jugez. En faut-il davantage , il n'y a que les premjers monvements qui soient vrais, parce qu'ils sont naturels, viens ma fille, viens embrasse ton papa. C'est moi qui suis ton papa, car je suis le mari de ta maman. Que vois-je ? Ah c'en est trop. Je n'en veux point, Madame, je n'en veux point, je renonce à la fille et à la mère. Non, je n'en reviendrai jamais, je suis convaincu, j'ai vu de mes propres yeux.Écoute Nouricier, si tu veux gagner de l'argent, il n'y a qu'un mot, j'ai à présent cette petite fille-là en horreur, il faut que tu rendes témoignage qu'elle est à la Veuve, et qu'elle n'est point à moi. Si, tu nous donne cet éclaircissement, je te promets cent louis d'or que j'ai sur moi. Les gens bêtes sont toujours méfiants. Tiens Toinette, tiens, je te remets ma bourse entre les mains, tu la lui donneras en cas qu'il prouve clairement que le petite fille n'est pas la mienne. Je te laisse. Je viens voir Madame si vous voulez que nous fassions un accomodement avant que de nous quitter. Voulez-vous nous en rapporter à ce que nous diront la Nourice et le Nouricier. Il faut signer que nous nous en tiendrons à leur décision. Il faut emmener avec nous à Paris le nouricier, la nourice et la petite fille, et nous choisirons un arbitre, un homme de tête. Voyons ces certificats. Il n'y manque rien, mais je songe à demander pardon à ma femme de l'injure que je lui ai faite. J'y consens, mais pour punir ce maraud de nourricier, qui nous a attrapé, il payera les frais de la noce car nous souperons chez lui. **** *creator_dufresny *book_dufresny_fauxinstinct *style_prose *genre_comedy *dist1_dufresny_prose_comedy_fauxinstinct *dist2_dufresny_prose_comedy *id_LAVEUVE *date_1707 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_laveuve Cela m'a aussi blessé, car le mot de veuve est un coup de poignard pour moi depuis la mort de mon mari. Oui, Monsieur, afin que nous les distinguions par l'instinct seul. Le mien me ferait discerner entre mille personnes inconnues, non seulement un enfant, mais un cousin, un petit cousin au dixième degré. Cela est tout naturel, et dès l'age de quatre ans, j'ai eu de l'antipathie pour le médecin qui devait faire mourir mon mari. Cela ne m'étonne point, mais ce qui va vous surprendre, c'est une de mes cousines, qui mourut paralytique à Paris, j'étais à Lyon, à mesure que la paralysie lui faisait mourir un bras, le mien s'engoutdissait : voilà sa jambe morte, la mienne est froide comme marbre, et j'ai vérifié minute pour minute, qu'il me prit un évanouissement dans l'instant qu'elle expira. Rien n'est plus ordinaire ; mais ce qui est singulier, c'est qu'à Huilant qu'il meure une personne dans le monde, tous ceux qui sont nés sous la même planète, sentent quelque chose, on n'y fait pas d'attention, parce que cela est imperceptible, mais cela est pourtant vrai. Plus que visible, palpable ; car on vient de vous dire ici, que nos deux petites filles sont dans ce Château où nous venons de passer. C'est moi qui vous ai dit la première, que le coeur me palpitait. Les entrailles maternelles sont plus sensibles. Hélas, il y a double sympathie entre ma petite fille et moi ; c'est mon mari que j'aime dans sa fille, je l'aimerai encore dans la fille de sa fille, et dans les enfants de leurs enfants, jusqu'à la dixième génération. J'entends quelqu'un. Ne les regardez pas, il faut deviner par la sympathie seule. Nous distinguerons par les simples mouvements du coeur. Mon coeur palpite, et le plaisir... Les larmes de tendresse, les larmes de joie me viennent aux yeux. Qu'avez-vous à pleurer ? Elles Sont mortes. Hélas, j'en eus hier un presentiment ! Je ne puis supporter ma douleur, je vais me reposer ou plutôt m'évanouir là-dedans. Vous m'abandonnez bien vous autres, si depuis le coup mortel que vous m'avez porté, vous deviez bien me venir parler de la petite défunte, et me conter toutes les circonstances de sa mort pour me consoler. Je donnerais la moitié de mon bien, pour lui rendre la vie. Que me dirais-tu? Parle vite. Ah c'est la mienne sans doute. Ah fais la moi voir, j'en meure d'impatience. On leur a ammené un carosse, je pourrai rester ici après eux, et j'emmènerai ma fille, ma chère fille, le gage précieux d'un mari que j'aimais tant. Je te récompenserai libérallement. Vous vous trompez sans doute, ces gens-ci sont de bonnes gens qui n'y entendent point finesse. Puisque vous le prenez sur ce ton là, Monsieur, l'enfant est à moi, ces gens-ci me tendront témoignage. Si je manquais de témoins, votre âge témoignerait contre vous. Il vous sied bien de reprocher l'âge. Vous auriez beau en avoir, ils ne vous seraient point honneur, car on ne croirais pas... Je n'ai point dessein de vous offenser, Madame, mais croyez-moi, vous devez me céder la petite fille, car pour votre honneur aussi, vous ne devez point avoir d'enfant avec un mari de cet âge-là. Madame a raison, car nous ne devons point souhaiter l'enfant d'autrui, dites la chose comme vous la savez Nouricier. Comment donc malheureux ? Explique-nous au moins ce qui rend l'affaire obscure. Il faut voir si la nourrice ne nous donnera point d'autres lumières. Monsieur a raison, n'y a-t-il pas des tireurs d'horoscope, s'ils disent que la petite fille n'a plus de père, c'est la mienne, cela est clair. Entrez toujours, Monsieur, j'ai un mot à dire à mon neveu que je viens d'apercevoir. La nourrice et le nouricier nous vont amener la petite fille, je vous sait bon gré d'avoir imaginé le premier un moyen sûr d'éviter un procès où les Juges seraient fort embarassés. Nous nous en tiendrons au jugement d'un juge infaillible, c'est l'instint naturel qui se trompe moins que tous les raisonnements, et qne la raison même. Regardez bien la belle enfant, quelle est jolie. Je suis sûre qu'elle va courir à mot. Oui, car les premiers mouvements sont trompeurs. Je vous dis qu'elle se trompe en mère comme en père. Venez me parler à moi, je vous donnerai tant de bonbons. Ah la petite malheureuse, c'est une petite fille ramassée, je vous la laisse Monsieur, je vous la laisse. Je veux bieu mettre la bague, entre les mains de mon neveu, puisque tu ne te fie pas à ma. parole. Voyons l'accomodement que vous voulez faire. Très volontiers. Je le veux bien, mais il n'y a point ici de Notaire. Je suis ravie que Madame soit justifiée. **** *creator_dufresny *book_dufresny_fauxinstinct *style_prose *genre_comedy *dist1_dufresny_prose_comedy_fauxinstinct *dist2_dufresny_prose_comedy *id_LAPETITEFILLE *date_1707 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lapetitefille Que me voilà aise ! Que me voilà aise ! Ha ma mère nourrice, que je suis aise, ma mie Toinette va venir bientôt, mon autre mie viendra aussi bientôt, et elles me donneront toutes les deux trés bien de bonnes choses ; voyez si je ne suis pas bein aise bien aise bien aise. Ho je sais bien ; je ne dirai rien que "bon jou ma mie", et puis "comment vous portez-vous", et puis "comment se porte mon papa", que je n'ai jamais vu, et puis "comment se porte maman qui est bien loin" , et puis mon autre papa, et puis... Et moi je vous dis que j'ai trois papas, tenez je m'en vas vous les compter avec mes doigts, mon papa nourissier et un. Hé bien, mais quand ma mie Toinette vient, elle me dit que mon papa est bien vieux, bien vieux, quand l'autre mie vient, elle me dit que mon papa est bien jeune bien jeune, ho un vieux et un jeune ce n'est pas tout de même, c'est donc deux papas que j'ai. Ne m'avez-vous rien apporté ma mie ? Donnez-moi encore la poche. Ha c'est mon autre mie, elles ne me donneront pu rien tout deux. Ce n'est personne, donnez-moi vite tout. C'est que... Je n'ai rien... mais c'est que... tenez je m'en vais dire à ma mère nourrice que vous êtes là toutes deux tout à la fois. Je ferme les yeux bien fort, bien fort, pour ne point voir tous mes papas et toutes mes mamans que quand vous me dirais, c'est fait comme a la climusette. Vous me l'avez die déjà, afin de voir si je sentirai remuer là-dedans mon papa et maman. Ô point, mais, je sens déjà... Ah c'est celle-là qui est ma belle maman. Oui, c'est vous qui êtes ma vraie maman. Fi, fi. Ca ne fait rien, car tenez, c'est celui-là qui est mon vrai papa. Baisez moi donc mon vrai papa. Je vous dis que ce n'est pas vous qui êtes ma man, vous êtes trop laide et trop vieille. Ah le méchant papa, j'aime bien mieux l'autre, je m'en vais le chercher. **** *creator_dufresny *book_dufresny_fauxinstinct *style_prose *genre_comedy *dist1_dufresny_prose_comedy_fauxinstinct *dist2_dufresny_prose_comedy *id_ANGELIQUE *date_1707 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_angelique Oui, Toinette. Oui, Toinette. Oui, Toinette. Je regarde cette maison champêtre, elle est située à faire plaisir. On respire ici un air... Cet endroit solitaire me fait rêver, et bois sombre m'inspire je ne sais quoi. Ah ! Toinette, je suis bien fâchée que tu aies raison. Comment ferai-je donc pour oublier Valère ? C'est moi qui souhaiterais être assez riche pour faire la sienne. Oui Toinette, pour oublier Valère, je me servirai de toute ma raison. Je ne le verrai plus Toinette, et quand j'ai su qu'il était parti pour Lyon, je te jure que j'en ai eu... une espèce de joie. C'en est fait, je ne veux plus parler de lui. Que vois-je, Valère à l'entrée de ce bois ! C'est Valère lui même. Crois-tu qu'il pense à moi en ce moment ? Je vous croyais à Lyon, Monsieur. Quel embarras donc, es-tu folle ? Cela est vrai, Monsieur, et j'avoue que la contrainte que je me suis faite en vous écoutant, m'a fait une vraie peine. Oui, Monsieur, nous allons tout disposer pour l'arrivée de mon oncle. Je suis au désespoir, Toinette, Valère a paru là, et ma tante s'est aperçue qu'il m'aime. Ah ! Toinette, je te cherchais pour me réjouir avec toi en liberté, ma joie n'est point intéressée, et c'est le plaisir seul de voir Valère espérer de grands biens, j'en espère encore de plus grands, et je puis à présent aimer Valere sans crainte. Votre joie est raisonnable, vous voilà héritier. C'est le vôtre seul aussi que j'envisage. Voir le mérite heureux. C'est un plaisir pour moi. Oui vous méritez. Je ne vous dis pas... Madame. Non, Valère, non, je ne puis me vaincre là-dessus, et quelqu'estime que j'aie pour vous, si vous étiez riche, et que je ne la fusse pas, j'aurais peine à me résoudre à vous devoir ma fortune. Je raisonne comme je pense. Je vois encore un grand obstacle, c'est le jalousie bigeare que mon oncle a conçus contre vous. Ah Toinette je suis desolée de toutes les manières, voilà mon oncle entêté d'une jalousie si violente, qu'il veut absolument se séparer d'avec sa femme, elle est outrée de désespoir, ell e apris mes intérêts avec tant de générosité, que je suis touchée de son malheur, autant qu'elle même, mon oncle est un homme à ne revenir jamais de ses soupçons, ah ma pauvre Toinette il ne reviendra jamais, non plus que de la haine qu'il a conçue contre Valère. Peut-on savoir, Madame, de quoi il est question. Vous avez aussi offensé Valère, mon oncle. **** *creator_dufresny *book_dufresny_fauxinstinct *style_prose *genre_comedy *dist1_dufresny_prose_comedy_fauxinstinct *dist2_dufresny_prose_comedy *id_VALERE *date_1707 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_valere Ah Ciel ! Vous rencontrer ici, Mademoiselle à huit lieues de Paris, quelle surprise est la mienne ! J'en arrive aussi, Mademoiselle, c'en est ici la route, et je vais vous conter par quelle aventure je me trouve ici seul. Je partis il y a quinze jours pour aller au devant de ma tante, je l'ai jointe dans Lyon à la diligence, elle y avait rencontré un vieil extravagant, qui a une femme assez jolie. Dés que ce vieillard me vit, il jetta un cri, fut saisi d'effroi, comme s'il eut vu un spectre, nous le questionâmes sur cette peur, lui n'osant s'expliquer, nous fit un récit obscur d'un songe qu'il avait eu, nous parla de pronostication, d'instinct, d'antipathies ; mais ce qui mérite attention, c'est que ce vieillard superstitieux crut avoir vu dans les astres, que j'étais passionnément amoureux ; il croyait vrai par hasard, Mademoiselle, il s'imaginait faussement que sa femme était l'objet de ma passion, et, que la connaissant avant son voyage, j'étais allé l'attendre à Lyon, moi fort embarrassé de lui voir faire une fausse application d'un amour véritable, je voulus jouer le rôle d'indifférent, mais une rêverie profonde, des distractions continuelles, quelques soupirs à demi étouffés, lui confirmant que j'aimais, ses règles d'astrologie lui prouvèrent que sa femme était l'objet de mon amour. Enfin Mademoiselle ce visionnaire, ce jaloux ce brutal, poussa si loin sa jalousie que je fus obligé par discrétion de ne point entrer dans le carosse avec sa femme. J'ai pris une chaise de poste pour venir attendre ici ma tante qui vient avec eux ; en les attendant, Mademoiselle, je m'étais enfoncé dans ce bois solitaire pour y rêver en liberté, tout occupé d'une passion la plus tendre, la plus vive... mais, Mademoiselle, je m'aperçois que mon récit vous ennuie. Pardonnez mon indiscrétion, Mademoiselle, qui eut pu deviner que cet homme qui revient des Indes... Que dois-je penser de l'embarras d'Angélique ? Mais qu'Angélique m'aime ou non, je dois éviter de la voir, puisque je ne suis pas assez riche pour l'établir comme elle le mérite. Pourquoi faut-il que la fortune... ah fortune cruelle ! Je vous suis obligé, mes enfants, j'attends ici la diligence de Lyon. Quelle agréable nouvelle, ah belle Angélique vous me voyez comblé de joie, transporté ... Hé, c'est de votre bonheur seul que je suis transporté. Voir ce qu'on aime heureux. C'est un plaisir si vif. Ah si mon amour ! Vous approuvez donc cette amour. Madame. Je conviendrai avec vous qu'il y a plus de plaisir à tout donner, mais il y a peut-être plus de délicatesse, à vouloir bien devoir tout à ce qu'on aime. Elle a raison , cet accomodement termine notre dispute. Vous êtes une petite sotte, voilà votre père. Cette bague vaut cent pistoles, je te la remettrai entre les mains en cas que tu prouves ce clairement que tu nous promets. Il a fait ce qu'il a promis, la bague est à lui. Réviendrez-vous de vos préventions contre moi ? **** *creator_dufresny *book_dufresny_fauxinstinct *style_prose *genre_comedy *dist1_dufresny_prose_comedy_fauxinstinct *dist2_dufresny_prose_comedy *id_TOINETTE *date_1707 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_toinette Je ne trouve ici ni la nourrisse ni le nourricier ni la petite fille, on dit qu'ils vont revenir, les attendrons-nous là dans leur jardin ? J'ai dit à l'hôtellerie qu'on ôta les chevaux du carrosse ; puisque vous avez tant fait que de venir jusqu'à ce village ci au devant de votre oncle, il faut l'y attendre. Il ne saurait manquer d'y passer, car il vous a écrit qu'il revient de Lyon par la diligence, et c'est ici la dernière dînée de la diligence de Lyon, il descendra ici pour voir sa petite fille unique. En attendant nous pourrions dîner, mais les filles qui sont occupées de leur amour ne s'amusent pas à dîner. Voulez-vous que j'y fasse apporter le dîner. Un air qui donne de l'appetit. Je sais bien quoi, moi ; je me suis douté que ce lieu-ci vous inspirerait ce que tous les lieux et tous les objets vous inspirent également depuis quelques jours ; hier en regardant par vos fenêtres dans la rue la plus passante de Paris, le bruit des carrosses, et le tintamare de la ville vous inspiraient une douce et tendre rêverie, comme la solitude la plus tranquille : c'est que tout inspire l'amour quand on aime, vous vous imaginiez voir Valère dans tous les carrosses qui passaient, et vous croirez voir Valère au pied de tous les arbres que vous allez trouver dans ce bois. Votre amour me chagrine, car Valère n'est pas assez riche pour faire votre fortune. Vous avez l'un et l'autre plus d'amour que de richesses, je vois entre vous et une convenance malheureuse : car vous étiez héritière d'un vieil oncle, Valère était heritier d'une tante veuve, votre oncle se remarie, sa tante se remarie aussi, et il leur vient à chacun une petite fille qui vous deshérite tous deux : votre visionnaire d'oncle appellerait cela, une fatalité d'étoile, cela me ferait croire comme aux conjonctions d'astres, un vieillard épouse une jeune femme, une vieille veuve épouse un jeune homme, vous voudriez épouser Valère ? Voilà deux conjonctions malheureuses, qui en empêchent une heureuse. Et Valère se servira de tout son mérite, pour vous faire oublier votre raison. Aye... Une espèce de joie qui fait soupirer, c'est une espèce de chagrin. L'amour n'y perdra rien, plus vous refermerez en dedans l'idée de Valère, plus elle se fortifiera, et à force de rêver à lui, sans parler, son image se gravera si fortement... Ne vous dis-je pas ? C'est son portrait qui se grave dans votre cerveau. Ha ha, vous avez raison, sans doute il a résolu aussi de ne plus parler de vous, car il y rêve fortement. Oui il grave aussi votre portrait dans sa tête. Ces deux portraits-là vont faire un regard admirable, mais à propos vous devriez l'éviter, Mademoiselle, il va vous déclarer son amour, et s'apercevoir du vôtre, c'est trop d'engagements quand on veut rompre. N'êtes-vous point venu ici-exprès pour être surpris de l'y trouver. C'est votre oncle sans doute. Je vois le contraire sans être astrologue. Vous vous trompez, Monsieur ce que vous prenez pour de l'ennui, ce n'est qu'un certain embarras. Ne nous en défendez point, Mademoiselle vous avez été embarassée, vous êtes même encore troublée, décontenancée ; et elle n'a pas tort, Monsieur, car ce vieillard que vous appellez visionnaire, jaloux, brutal ; c'est justement l'oncle de Mademoiselle, voyez si on peut entendre cela sans se troubler quand on aime... un oncle. Pour abréger une justification embarrassante ; nous vous laissons rêver, dans ce bois, et nous allons donner qnelqu'ordre à nos gens qui sont à l'hôtellerie. He voila Charlotte. Bonjour ma chère enfant. Pourquoi ne me sautes-tu donc pas au col comme à l'ordinaire ? Oui, Madame, je suis votre servante très humble. Mais qu'est-ce que tu as donc, Charlotte ? Comment je la connais, Madame ! Hé c'est moi qui en prends soin. Moi-même, Madame, je lui tiens lieu de mère, et si ma réputation de fille n'était bien établie, on me prendrait ici pour sa mère véritable, car on n'y en a jamais vu d'autre que moi. Vous voulez rire, et vous avez trouvé votre rieuse. Cette mort-là est pourtant une mort pour rire, car il m'écrivit hier, et dans sa lettre il ne me parle point de sa mort. Cela ne se peut, car j'ai reçu hier une lettre écrite de sa propre main, de sa main tremblante, car depuis soixante-quinze ans il a épousé une jeune femme, la main lui tremble et la tête aussi. Je ne connais point ce jeune épouseur de veuves, mais vous connaissez encore moins le père de Charlotte qui est un vieux négociant chargé de biens et d'années qui s'est tourmenté pendant quatre-vingts ans pour vivre à son aise jusqu'à cent cinquante. Comment m'y méprendrais-je, je l'ai vu naître. L'aventure commence à me réjouir, car c'est moi-même qui ai donné cet enfant à la nourrice, quand son père partit il y a quatre ans pour aller faire encore une promenade aux Indes, et il y emmena sa jeune femme parce qu'il est jaloux. Oui, quelque quiproquo d'enfant ; et si ce qui me vient en pensée est vrai, le tour est assez plaisant. Il est bon homme, il nous va dire la vérité Environ ce temps-là vous m'en fîtes voir une aussi qui en était toute marquée. Je suis au fait, je vois que depuis quatre ans il nous fait croire à chacune en particulier que celle qui reste est la nôtre. Mais dites-nous du moins à qui appartient celle qui reste. Ce n'est pas le premier enfant qu'on fait entretenir à plusieurs pères. Tu es de mes amis, Nouricier, dis-moi donc en particulier à qui est la petite fille restante. Hé qui diantre le saura donc. Oui vraiment et je donnerais toutes choses au monde pour qu'elle fut à la Veuve : car ma jeune Maîtresse aurait besoin pour se marier, d'hériter de son oncle, elle serait son héritière unique s'il n'avait point cette petite fille-ci. Qu'est-ce qu'il y a donc ? Nos gens venaient de Marseille, et la veuve du Languedoc ; ils se sont rencontrés à Lyon. C'est la femme du vieil oncle. Angélique est avec elle, que leur dirons-nous ? Tu as raison, cela nous donnera le temps de chercher un expédient. Hé Madame, que j'ai de joie de vous revoir après un voyage de quatre ans. J'en demandais des nouvelles au Nourricier. Fort bien, je ne les ai point vues de ce voyage-ci. Hé ! Quelle gageure, Madame ? Vous faites bien de nous avertir, je vais disposer tout pour la gageure, entrez-dans la salle du Nourricier. Nous parlerons de cela tantôt, entrez. Quand il n'y en a qu'une, la gageure m'embarrasse. Mais allons voir avec la Nourrice, quel tour nous donnerons à cette affaire-ci. Cette fève tombera à la veuve , si tu veux faire ce que je t'ai dit ; et je rendrai par là Angelique héritière de son oncle. Tu l'y trouveras ; mais pour arriver à notre but, il faut d'abord leur dire, à tous également, que les deux petites filles sont mortes. Attends, il faut que ce soit ta femme ; elle donnera mieux le ton à cette nouvelle affligeante, une femme a la feinte et les larmes plus en main, qu'un homme. Moi pour confirmer cette nouvelle au vieillard superstitieux, je le prendrai par son faible ; je lui dirai que son enfant ne pouvait pas vivre, qu'il étaìt né pendant l'éclipse ; il croit tout ce qu'on lui dit sur ce ton là. Il crut être mort une fois, parce qu'il avait été le treizième à table, et il soupçonna sa femme d'infidélité, parce qu'il avait renversé la salière, et qu'en rentrant chez lui, il avait vu le croissant à gauche. Voici le vieillard avec la veuve, je vais instruire ta femme, dis-leur seulement bonjour d'un air triste pour les préparer. Vous vous trompez, Madame, ce sont des larmes de tristesse. C'était en rêve apparemment. Nourice allez aider à Madame à s'évanouir. Cela commence a merveille, il faut comtinuer. Ça voila donc nôtre vieillard persuadé qu'il n'a plus d'enfant, il faut tirer secrètement de l'argent de la veuve comme je t'ai dit. Non sans doute, mais il ne faut pas que le vieillard sache cela d'ici à quelques jours. Je fais reflexion qu'il faut rendre service à Angélique sans l'en avertir. Car je déshérite Valère par ce manège ci, et l'amour d'Angélique pour lui. Il faut que je la guérisse de cette amour-là. Je vous dis moi que vous modériez tous deux la joie que vous avez d'hériter, allez consoler un oncle et une tante qui pleurent à présent de ce qui vous-rejouit. Séparez vous, votre jaloux pourrait vous écouter. Elle vient achever ce que tu as commencé, moi je vais disposer nos gens à partir sans approfondir l'affaire. Vos délicatesses m'ennuyent, vous avez l'un pour l'autre de petits sentiments délicats, minces, on voit le coeur à travers, raisonnons un peu plus solidement. Écoutez-moi, l'aventure d'aujourd'hui vous donne occasion d'accorder ensemble la bagatelle et le solide, vous ignorez encore qui de vous deux sera le plus riche, votre sort dépend de ce qui sera décidé sur la petite fille, en attendant la décision vous jouez gros jeu, mais vous avez jeu égal, composez, et promettez-vous l'un à l'autre, que celui de vous deux qui aura une succession, la partagera avec ce qu'il aime, quelque chose qui arrive vous n'aurez lien à vous reprocher. Le voici, éloignez-vous. Jaloux de votre femme, jaloux de votre nièce, ne l'êtes-vous point de moi aussi Monsieur. Ce bois était dans votre tête. Que celle d'un songe. Vous corrompez le Juge. Comment feras-tu donc pour gagner ces cent louis-là, est-ce que la chose est vraie, ou si tu le feras croire vraie quoi qu'elle soit fausse, parle-donc, pourquoi ne m'as-tu pas dit ce secret. Quel est donc son dessein, je n'y comprends rien. Je ne vois point de remède à cela,tenez qu'est ce que le nouricier negocie-là avec la veuve, Valère est avec eux. Qu'est-ce donc Monsieur, est-ce que cela n'est pas dans les formes. Il faut les marier au plus vite, afin qu'ils accomplissent le rêve de Monsieur. **** *creator_dufresny *book_dufresny_fauxinstinct *style_prose *genre_comedy *dist1_dufresny_prose_comedy_fauxinstinct *dist2_dufresny_prose_comedy *id_LAMIEDEPARIS *date_1707 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lamiedeparis Hélas je vous apporte une mauvaise nouvelle, le père de Charlotte est mort. J'en ai reçu la nouvelle à Paris la semaine passée. Le pauvre homme je l'avais élevé comme vous élevez sa petite fille, hélas, quand il partît pout le Languedoc, il croyait revenir six mois après, il y a demeuré quatre ans et le voilà mort ; mais n'en parlons plus, cela m'afflige trop. Ça Nourice je vous apporte soixante francs pour un quartier de la pension de Charlotte, où est votre mari pour me faire une quittance ? **** *creator_dufresny *book_dufresny_fauxinstinct *style_prose *genre_comedy *dist1_dufresny_prose_comedy_fauxinstinct *dist2_dufresny_prose_comedy *id_LENOURRICIER *date_1707 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lenourricier Excusez, mon Gentilhomme, si j'interrompons la fortune, si je savions la forteune à qui vous en voulez, et que je pussions vous rendre service... La forteune à qui il en veut, c'est queuque forteune décoche. Tu as toujours peur que l'esprit ne me manque, parce que j'ai la mine niaise, depuis dix ans que je suis ton mari, tu ne saurais t'accoutumer à croire que je ne suis pas un sot. Ne t'ai je pas montré cent fois que ma bêtise, c'est de tirer de l'argent de ceux qui sont pu bête que moi. Mais que n'attends-tu jusqu'au bout, tous ceux qui ont queuque négoce avec moi, disent au commencement, j'avons à faire à un benêt, queux benêts, nous l'attraperons ; et à la fin ils sont bien attrapés de voir que j'ai dans cette fête-là, tout le contraire de mon visage, et c'est un trésor qu'une mine de niais quand on a l'esprit de la mettre à profit. Te souviens-tu de la chanson que notre village fit sur nous deux dans le temps que tu étais jeune et gentille ? Écoute, écoute, c'est pour te dire que je mets tout à profit. Jean n'est pas niais, Quoiqu'il en ait la mine. Jean n'est pas niais. Venez vous cajoler sa belle Mathurine, Il vous laisse avec elle, mais Jean n'est pas niais. Il vous empruntera du vin, de la farine, Et ne vous les rendra jamais. Jean n'est pas niais. Allez à son scellier, lui demander chopine Il vous payera pinte , mais Jean n'est pas niais. Par un mauvais marché, qu'en buvant il machine, Il vous fera payer les frais. Jean n'est pas niais. Tout ce qui me vienra quand je les verrai venus, quand on me baillie l'office d'haranguer le Seigneur du village, je fis la harangue sur le champs, et si je ne fis rien qui vailie. La langue de ste petite fille-là a ben profité depuis trois mois, si al croît comme ça en babil encore eun an, alle sera femme devant que d'être grand fille. Oui, oui, mais vla ste petite fille levée, fais-lui un peu sa leçon avant qu'elle, voye sa mie. Bonjour, Madame, bonjour Mademoiselle, je suis bien aise de voir la bonne rencontre, car vous voilà toutes deux ensemble, et vous ne vous étiez jamais vues, n'est-ce pas ? En bonne vérité Madame vous l'avez deviné. Vous avez deviné aussi vous. Il faut que vous soyez sorcière toutes deux pour deviner cela. Ô devinez, vous devinez tout. Ô c'est un secret que je ne peux pas dire qu'aux pères et aux mères eux-mêmes. Laissez-moi donc l'argent de la pension. En conscience je n'en sais rien, ni la Nourrice non plus. Je vas vous dire l'histoire, mais avou queuque intérêt pour qual soit putôt à cetuI-ci qu'à cetui-là. Écoutez, Mademoiselle Toinette, baillez-moi votre protection là-dedans et je verrons ensemble le bien qui nous en reviendra. Tu peux parler haut, j'ai bouté Mademoiselle Toinette dans ma confidence. Cela est fâcheux, mais cela est drôle. Femme, va-t-en vite enfermer la petite fille dans notre autre maison, qui est au bout du jardin... Va donc vite , cours. Ma femme les est allé quérir à un Château, d'ici aux environs, c'est que l'y a une Dame qui nous les emprunte quelquefois pour jouer avec. Toutes deux ensemble, Madame Toinette. Vla l'histoire , Mademoiselle Toinette, vla l'histoire des deux petites filles, et cette histoire-là fait que ma femme ni moi ne savons pu à qui appartient celle-ci ; notre Bailli dit li-même qu'il ne pourrait baillé là-dessus qu'une sentence à croix ou pile, et qu'il faudrait tirer la petite fille, comme la fève au gâteau. Je ferai tout, par amitié, pour vous, en cas que j'y trouve moi compte. Ô ma femme pleure comme eune peinture. Bon, bon, je lui dirai, que notre berger avait ensorcelé le lait de la Nourrice, et qu'il avait dit des paroles venimeuses sur le mouton, d'où venait la laine du maillot de l'enfant. Bonjour, Mansieur, bonjour, Madame. Hélas oui, Monsieur, si vous l'avez pour agréable ? Hé vous êtes le mari de Madame ? Hé Madame est votre femme ? Est-ce vous, Madame, qu'on dit qui êtes veuve ? Je vous demande excuse, c'est que j'ai l'entendement triste. Ma femme va vous parler, car a n'est pas si benêt que moi. Quous avez d'esprit Mademoiselle Toinette, je suis tout hébay quous ayez pu d'esprit que moi, et si vous n'avez pas la mine si niaise. Oui quand j'aurai baillé à la sourdine l'enfant à la veuve avec ces brinborions de papiers que je vous ai dit, on ne pourra pas l'y ôter. Ça je m'en vas vite quérir les deux papiers pour négocier tout ça avec la veuve. Vla les deux papiers, Mademoiselle Toinette, j'en ai pour les deux petites filles, j'en brûlerai un et je donnerai l'autre à la veuve, pour que... Comment ferions nous pour ça, tenez, Madame, si vous pouviais ne dire mot et faire semblant de rien, je vous dirais queuque chose. Queuque chose qui vous feraiT ben aise, mais soyez donc ben aise tout bas, car quand les femmes sont ben aise ou bien fâché, a glapissons. Et il ne faut pas que ces autres pères et mères sachent ce quou saurais, ça fait que nous avons dit tout haut que les deux petites filles sont mortes, et li an a encore eune en vie, qui est si gentille, que c'est vous toute moulée. Paix donc, car si ce vieux homme savait ça il en voudrait avoir sa part. Patience, je l'ai serrée queuque part, maïs je ne veux pas l'aveindre tant que ces autres soient en allez. Al est à vous, ni a qua voir ce que voulez y voulez mettre. Oui Monsieur. Il est à vous aussi Madame. Hé mais, puisque je ne savons auquel il est, vous y avez chacun la moitié. Ne vous fachez point, et je m'en vas vous conter tout cela, quou n'y connaitrais goutte. Ce qui fait l'obscur, Madame, c'est la petite vérole, car quand la petite vérole s'adonnit cheux nous, ma femme l'eut qu'à n'en voyait goutte. Vos deux petites filles l'eurent qu'on les défigurait l'eune d'avec l'autre, car notre étourdie de servante en les remuant, les broullit toutes deux sans s'en apercevoir, tantia qu'il en mourut eune, ma femme quand ale revit claire ne vit plus sur le visage de l'autre les étiquettes de la ressemblance, pour voir laquelle c'était, et vous même qui ne les avez jamais vues, vous n'y verais goûte non plus. J'ai fait en conscience, Monsieur, car c'est que j'attendais que l'enfant fut en âge de raison, afin qual eut la raison de vous dire qui est son père et sa mère. Ha ha, vous me faites apercevoir que je suis un sot. Mais, est-ce ma faute, si je suis une bête, je n'y serai pu attrapé, car quand je prendrai deux petites nourissonnes ensemble, je les prendrai mâle et femelle. Accomodez-vous donc tous seuls, car ni a queune fille à vous tretous , je n'en ai d'autres à vous donner. Gare gare vla l'ìnstinct qui vient, vla l'instinct qui vient, ne faut pas que personne dise rien, pour que l'instinct parle tout seul. Oui et aprés, tout ce qu'a dira sera vrai, car j'en ai tant vu comme ça à Paris des petites filles aux enfans trouvés, qui disent, vla papa, vla maman, et ils n'en manquent pas un, cela est admirable. Hé mais Monsieur, si vous le voulez je ferai qu'à n'y sera pas, et qu'on verra ça clair comme si il faisait clair de lune. Vous promettez, c'est beau et bon, mais vous vouliais mettre au jeu, et que Mademoiselle Toinette garde les enjeux, car c'est que je n'aurai jamais l'esprit de vous les demander quand j'aurais tout dit. Excusez la bêtise. Allez dans la salle, je m'en vas chercher quelque brimborions, de papier qu'il faut pour ça. C'est que je ne dis jamais mes secrets qu'à mesure que ça me profite, vous avez déjà de l'argent, je m'en vas vous en faire bailler encore, et je partagerons. Je vous demande excuse mais c'est mon naturel d'être comme-ça craintif. Ni a que faire d'aller à Paris pour chercher un homme de tête, vla-t-il pas la mienne, je vas vous arbitrager tout seul, comme si j'étais quinze. Je vas leux dire tout comme ça est, ne le veux-tu pas bien, je m'en vas parler avec les papiers. Ces papiers-là c'est les certifications du Curé et du Tabellion, comme vos deux petites filles ont été entêrées toutes les deux à notre Paroisse. Oui la petite fille est du cru de ma femme, et je n'y avons pas nui. Jeun n'est pas niais. Vous souperez, chez nous, Servis par Maturine. Bon vin et bonne chère, mais Jeun n'est pas niais. Il me vient in instinct, Margué je le devine, Ces Messsieurs payeront les frais, Jeun n'est pas niais. **** *creator_dufresny *book_dufresny_fauxinstinct *style_prose *genre_comedy *dist1_dufresny_prose_comedy_fauxinstinct *dist2_dufresny_prose_comedy *id_LANOURRICE *date_1707 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lanourrice Tu es toujours en humeur de gognarder, nous avons biau avoir du chagrin, tu bois, tu chantes, tu vas toujours ton train, comme si n'y avait rien à craindre, je suis toute troublée, moi, je voudrais n'avoir jamais nourri les enfants des autres, comment feras-tu asteure vla tout ton esprit à bout. Tu n'en as que trop tiré avec les deux petites norissonnes : car asteure il nous en cuira. Tâche-donc de mettre encore à profit, tout ce mique-maque de nourrissons que tu nous a fait faire. Il n'est pu temps de chanter. Mais puisque tu es si futé, songe donc à quelque rubrique pour mettre eune fin à tout ça, car voilà cette petite fille qui grandit, via le vieux père et sa jeune mère d'un côté, vla la vieille mère et son jeune mari de l'autre, ils vont bientôt revenir tretous de leux voyages, que leur diras-tu sur leux enfants ? Ça va donc voir à cette hôtellerie s'il n'y a point de nouveiles, on m'a dit que la mie Toinette est venue de Paris pour voir la petite fille, cette petite fille va lui faire des questions comme l'autre voyage, elle pensa tout découvrir. Va donc vite à cette hôtellerie. La petite étourdie ? Faut-il courir comme çela ? Oui, mais si vous parlez de vôtre mie Toinetre à votre autre mie, elles ne vous donneront plus rien ni l'eune ni l'autre, ni l'eune ni l'autre ne vous donneront rien, je vous l'ai déjà dit. Et puis, epuis voilà-t-il pas la langue, je vous ai défendu de leur parler de papa ni de maman, car vous êtes une petite bête là-dessus, et vous ne voulez pas me croire quand je vous dis que vous n'avez qu'un papa et qu'une maman. Il ne faut pas compter celui-là. Ho je vous défends de jamais parler de tout cela, mais voilà cette autre mie, il faut la renvoyer avant que votre mie Toinette vienne, souvenez-vous bien que si celle-ci savait que vous avez une autre mie, elle ne vous donnerait plus rien. Hé bonjour, Madame, c'est une merveille de vous voir ici, car vous n'y venez que deux ou trois fois l'année. Mais qu'avez-vous donc, vous êtes toute triste. Son père est mort. Il est à quatre pas d'ici, je vais le chercher. Tout est perdu ma bonne Mademoiselle Toinette. Il semble que le démon se dêchaîne aujourd'hui pour amener ici tous les pères et mères, en vla tout plein la diligence de Lyon. Comment diable se sont-ils trouvez là tretous ensemble ? En vla déjà qui viennent. Toutes les deux mortes, c'est mon avis, j m'en vais donc leur dire la parole. Vous pouvez ouvrir les yeux, mais ne tournez pas la tête qu'on ne vous le dise, et regardez-les tous bien longtemps, bien longtemps avant que de parlers. Tu vas-donc prononcer leur sentence. Quels papiers font ça donc. Cela est vrai, et pour faire ma petite fille Bourgeoise, je fîmes le stratagème.