**** *creator_fuzelierlegrand *book_fuzelierlegrand_animauxraisonnables *style_verse *genre_opera comique *dist1_fuzelierlegrand_verse_opera comique_animauxraisonnables *dist2_fuzelierlegrand_verse_opera comique *id_CIRCE *date_1718 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_circe Feinte inutile. Là. Séparons-nous sans tricher. Oh ! Je ne suis pas une dupe, au moins ! Je ne m'y trompe pas, Ulysse est las de faire L'amour La nuit et le jour. Turelure. Robin, turelure, lure. Vous n'étiez pas les premiers jours Si bon fils, si bon père. Croyez-moi, laissons les détours. Ma foi, non. Dans ces occasions, voyez-vous, je me sers de ma raison. Je me voyais dans ces retraites Seule avec vous à tout moment : Vous pouvez partir, cher Amant, Adieu paniers, vendanges sont faites. Partez donc, Seigneur Ulysse. Vous trouverez dans le Port un vaisseau prêt à vous éloigner d'ici. Exprès pour cette affaire Je l'ai fait fabriquer. Vous n'avez qu'à parler. Je vous jure par le Soleil mon Père que je vous accorderai tout, excepté un délai. De quoi donc s'agit-il ? Je le veux bien, s'ils y consentent. Assurément. La condition des Bêtes est préférable à celle des hommes. Elle est sensée. Interrogez vous-même les Animaux que vous voulez démetamorphoser. Tenez. Avec cette baguette vous leur rendrez la parole et la figure humaine pendant qu'ils seront avec vous. Ils auront feulement une légère marque de leur espèce, qui vous les fera distinguer. Non. La raison leur ferait prendre un mauvais parti ; l'instinct est plus sûr. Adieu, sage Ulysse. Vous m'avez bien la mine de partir tout seul. Va-t-en voir s'ils viennent, Jean, Va-t-en voir s'ils viennent. **** *creator_fuzelierlegrand *book_fuzelierlegrand_animauxraisonnables *style_verse *genre_opera comique *dist1_fuzelierlegrand_verse_opera comique_animauxraisonnables *dist2_fuzelierlegrand_verse_opera comique *id_ULYSSE *date_1718 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_ulysse Charmante Circé, de votre île Il faut donc enfin m'arracher. Dieux ! Quel effort ! Dans mes tristes États Je me crois nécessaire. Hé, non, Madame, non. Je vous l'ai déjà dit : Tout me rappelle dans ma ville d'Ithaque. Une femme, un père, un fils Font qu'ici le temps me dure ; Leur fort trouble mes esprits. Et je cède à la nature. Très volontiers, ma chère. Aussi bien, je m'aperçois que vous n'aurez pas besoin d'eau de la Reine de Hongrie pour soutenir mon départ. Quel rapport d'humeur ! Fort bien. Que les femmes sont raisonnables, quand l'amour chez elles commence à s'user. Oui, parbleu. Et si bien faites, qu'il n'y a pas seulement de quoi grapiller. Je ne tarderai guère, Madame, à m'embarquer. Je vous demande une grâce, avant que nous nous quittions. Un délai ! Je partirais plutôt sur une planche. Rendez-moi tous les Grecs de l'un et de l'autre sexe que vous avez métamorphosés dans cette île. Permettez que je les ramène avec moi. En pouvez-vous douter ? Voilà de la morale que je ne laisserai pas imprimer dans Ithaque. Eh ! Comment les interroger ? Je ne sais ni aboyer, ni mugir, ni braire. Mais cette baguette leur rendra-t-elle aussi la raison. Oh ! Que non. Tous mes Grecs assurément De moi se souviennent : Ils vont très joyeusement Accepter l'embarquement. Voyons s'ils seront aussi sots que Circé le dit. Tai ! Tai !... Oh ! Que d'Animaux je vois ici ! Parlez, Messieurs les Ours, Cochons et Ânes. Voudrez-vous bien m'honorer de votre compagnie ? Peste ! Voilà un concert à donner dans une écurie. Çà, faisons l'essai de la baguette enchantée. Voilà un de mes Grecs. Il a la physionomie d'une bête fauve. Qui êtes-vous, Animal mon ami ? La triste figure ! Pourquoi donc ? Comment, misérable Loup ? Je crois, que tu me trouves plus à plaindre que toi. Ce n'est pas manque de bons sujets pour cela. Hé, qui étais-tu ? Je t'entends. C'est-à-dire que tu dévorais tes parties. La distinction est d'une conscience déficate. Je vois bien que ce n'était pas ton fort. Mais il me semble que dans ces bois ne gibier ne vient pas te chercher. Tu as l'air d'en avoir bien expédié. Hoçà, babillard, veux-tu redevenir homme ? Ô l'indigne Loup ! Je ne sais qui me tient que... Voilà un beau commencement ! Mais ne nous rebutons point. Le Cochon que je vois me paraît assez docile. Il ne sera pas fâché de quitter la fange. Parlons-lui. Cochon , mon ami. Quel gros réjoui ! Tu me parais bien gaillard. Écoute, gros Cochon. Qui étais-tu avant que d'être métamorphosé en porc ? Ô Ciel ! Quel changement !' Effectivement, Circé t'a conservé ta jolie panse. Tout cela est bien, mais il n'est rien tel que d'être homme. Veux-tu retourner dans la Grèce avec moi ? Tu vivras dans ma Cour. Suis-moi, mon cher, tu seras mon favori. Encore un coup, mon ami, quitte ta sale figure. Viens avec moi dans Ithaque. Je t'y donnerai un bon emploi et une belle femme. Ô le Cochon de Cochon ! Quoi, sagouin, après avoir tâté des mets les plus exquis, tu peux t'accommoder de... Va-t-en au diable vilain Cochon. J'aperçois une Poule de belle taille. C'est apparemment une Poule de Caux Bonjour, belle Poule. En seriez-vous fâchée ? D'où vient ? Hé-bien, charmante Poule, il n'y a qu'à vous en donner un autre, qui ne rira que chez vous. Il est vrai qu'un bon coq ne peut assez se payer. Vous avez beau dire. La condition d'une jolie femme est préférable à celle d'une Poule même huppée. Le plaisir d'avoir des enfants bien nés... Si cela continue, Circé aura raison. Mais voyons ce taureau qui levé la tête. Approche, gros Taureau. Ne reconnais-tu pas ton souverain ? Il ne tiendra qu'à toi de reprendre toute ta figure humaine. Hé ! Peux-tu te plaire sous celle d'un Taureau ? Fi ! Deux cornes sur le front ! La vilaine garniture ! Robin, turelure lure. Oh ! Pénélope est sage. Un jour les Poètes chanteront sa vertu. Voilà une vraie chanson de Petit-Maître ; et à t'entendre parler, il semble que tu as été homme à bonnes fortunes. Mais, Monsieur le Taureau, comment vous nommiez-vous étant homme ? Quel nom est-ce là ? Quel était ton emploi ? L'honorable charge ! Elle ne te fatiguait pas. Trêve de bagatelles. Suis-moi dans mon Empire, Et quitte ce poil roux. Je t'offre un sort des plus doux. Ce Taureau-là raisonne comme un boeuf. Mais j'aperçois une jeune Linotte qui sera charmée, je crois, de quitter les plumes pour reprendre les fontanges. Petite, petite, petite. Ouais ! Elle est farouche ! On voit bien qu'elle n'est plus fille. Aimable Linotte, si vous voulez, je vous rendrai votre première figure. Oh ! Toutes les mies ne sont pas des boudrillons ; il y en a de fort complaisantes. Je le crois bien ; l'ennui est un enfant de le Morale. Les filles courent le bal. Les filles s'en moquent. Les filles ce qu'on veut. Je vous donnerai des amants. Que diable ! Aucun de ces animaux ne veut rentrer dans sa première condition ! Serait-il donc si doux d'être bête. Voyons enfin si les poissons ressemblent aux quadrupèdes. Bon. Un Dauphin sort de l'eau fort à propos. Interrogeons-le. Salut au noble Poisson. Il ne répond rien ! Aimable Dauphin, parlez-moi donc. Tu parles pourtant. Qui es-tu ? Eh ! C'est Arlequin ! Le plus fidèle de tous mes serviteurs ! Ma figure plaisait trop à Circé pour la changer. Console-toi, mon ami. Je puis te faire redevenir Arlequin. Tu en feras donc ravi. Je respire enfin, j'ai trouvé un animal véritablement raisonnable. Éprouve le pouvoir de cette baguette. Mais pourquoi as-tu souhaité de redevenir homme ? Parle moi sincèrement. Le glouton ! Hé, dis-moi. Quelques-uns de tes camarades ne seraient-ils pas comme toi las de leur métamorphose ? Je les pêcherai. Elles profiteront de la grâce que Circé m'a accordée. Que ces musiciens et ces dames, par la vertu de ma baguette sortent de la mer sous leur première forme. Voici déjà les hommes.