**** *creator_fuzelierlesage *book_fuzelierlesage_tableaudumariage *style_prose *genre_opera comique *dist1_fuzelierlesage_prose_opera comique_tableaudumariage *dist2_fuzelierlesage_prose_opera comique *id_DIAMANTINE *date_1716 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_diamantine Je ne sais. Ma chère Olivette, apprends ce qui m'effraye. J'ai fait un songe épouvantable. J'ai vu deux pigeons qui sortaient d'un colombier... Ils se sont arrêtés dans un champ. La femelle caressait le mâle, qui, bien, loin de répondre à ses caresses, lui a donné deux coups de bec en fureur, et s'est envolé. Ce spectacle m'a réveillée. J'ai regardé mon longe comme un avis que- le ciel ; me donne de me défier des hommes. Je ne signerai point le contrat. Je veux auparavant essayer encore le coeur d'Octave, et lui demander un délai. Tu me connais. Tu sais que j'ai pour le mariage une répugnance naturelle. Tes plaisanteries sont hors de saison. J'aime Octave, mais je ne veux pas être malheureuse. Je devine ce qui vous fait perdre patience. Vous craignez que le retardement de mes noces ne recule les vôtres ; mais rassurez-vous, mademoiselle Olivette. Vous pouvez, dès aujourd'hui, épouser Arlequin. Là-dessus fois sans effroi. De plus, je te jure Que les apprêts faits pour moi, Mon enfant, seront pour toi. Ah ! Voilà monsieur Minutin, mon flegmatique notaire ! De qui parlez-vous ? Ah ! Ah ! Assurément. Qu'a-t-elle donc fait, monsieur Francoeur ? C'est là le sujet de votre colère ! Doucement, monsieur Francoeur. N'insultez pas Monsieur Minutin, mon notaire. À propos, comment se porte-t-elle, madame Minutin ? À l'agonie, Olivette ! À l'agonie ! Avec quel sang-froid il dit cela ! Il dit cela avec une gaieté qui me révolte. Ô ciel ! Allez messieurs, je n'ai pas besoin de vous. Ce ne sera pas pour aujourd'hui. Je n'ai pas tort, comme tu vois, de m'arrêter à mon songe. Il me faut une autre caution que toi. Faites-la passer dans le salon au bout du jardin. Qu'on laisse la salle à la compagnie qui viendra. Oui. Si Monsieur Pépin, mon oncle, me donne une idée du mariage qui autorise vos empressements, je vous promets de rien écouter que mon coeur. Elles ne doivent point vous offenser. Je vous estime ; et la seule crainte de voir finir trop tôt des sentiments qui me sont chers, m'empêche de vous rendre heureux. Laissons-là les protestations. Mon oncle et ma tante me détermineront. Ils seront bientôt ici. Que veux-tu ? Je me suis enfin rendue aux pressantes instances d'Octave. Qu'entends-je ! Toi, qui tantôt... Ah ! Mon cher oncle ! Oh ! Pour cela, mon oncle et ma tante vivent dans une intelligence qui fait plaisir. Rien n'est si charmant. Ma tante ! Madame Pépin ! Vous voyez, Octave, quelle idée me donnent du mariage les arbitres que vous avez choisis. J'y renonce absolument. Modérez-vous, ma tante. Voici l'assemblée. **** *creator_fuzelierlesage *book_fuzelierlesage_tableaudumariage *style_prose *genre_opera comique *dist1_fuzelierlesage_prose_opera comique_tableaudumariage *dist2_fuzelierlesage_prose_opera comique *id_OCTAVE *date_1716 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_octave Quel heureux jour, ma chère Olivette ! Enfin, l'aimable Diamantine fixe ses irrésolutions et se livre à ma tendresse. Je n'ai jamais été si content ; mon coeur ne peut contenir ses transports. Que veux-tu dire ? Explique-toi, de grâce. Vous me le promettez donc, charmante Diamantine. Je vais trouver monsieur et madame Pépin. Ils sont trop unis pour ne pas condamner vos incertitudes. Ah ! Je vous proteste. Je vais au-devant d'eux. Pardonnez-moi cette impatience. Vous l'entendez, belle Diamantine. Monsieur Pépin. Allons, monsieur Pépin, allons ! Que je suis malheureux ! Il faut attendre un temps plus favorable pour vaincre son entêtement. **** *creator_fuzelierlesage *book_fuzelierlesage_tableaudumariage *style_prose *genre_opera comique *dist1_fuzelierlesage_prose_opera comique_tableaudumariage *dist2_fuzelierlesage_prose_opera comique *id_OLIVETTE *date_1716 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_olivette Sangaride, ce jour est un grand jour pour vous. Vous allez donc enfin signer les articles de votre mariage. Là, vous sentez-vous la main assez ferme ?... Je ne sais ! Ouais ! Ce je ne sais présage une rechute d'incertitude. En vérité, je vous admire. Comment ? Après que devant moi Octave a reçu votre foi, Vous voilà prête à vous dédire ! Vous trahiriez votre ferment ! Fi ! Vous avez le coeur normand ! Voyons. Deux pigeons qui sortaient d'un colombier ! Voilà un commencement de rêve qui fait trembler. Ah ! Le vilain mâle ! Vous aimez, et l'on vous adore, Pourquoi ces bizarres essais ? Je n'ai point vu de fille encore Demander de pareils délais. Oh ! Dites surnaturelle, s'il vous plaît. Le principe est contre vous. Avouez-le entre nous. On peut bien trouver dans des belles Des répugnances naturelles. Pour certains maris concedo : Mais pour l'hymen, nego Que fera-t-on du festin qu'on apprête, Que diront vos amis ? Ils vont bientôt s'assembler pour la fête ; Le bal leur edt promis, On rira .bien de cette contredanse. Je perds patience, Moi, Je perds patience. La bonne aventure, Ô gai La bonne aventure. Et voici le brusque monsieur Francoeur, marchand de rubans. Ce sont deux caractères bien opposés. Qui donc, monsieur Francoeur ? Vous en êtes occupé agréablement. Entendez-yous, monsieur Francoeur ? Heu ! Le vilain pigeon ! Quoi ! C'est pour cela que vous êtes si fort irrité contre elle ? Aurez-vous toujours cette bile ? Regardez, monsieur Minutin : Quel maintien joyeux et tranquille ! Voilà la perle des époux. Le bourreau ! Voici bien un autre pigeon, ma, foi ! Mathieu Grâce à Dieu, Ma femme est morte... Quel coup de bec ! Quels maris ! Cela ne presse pas. Tirez, tirez, tendres époux... Oh ! Madame, Octave vous prépare un sort plus agréable ! Je vous en réponds. Lorsque l'hymen vient l'appeler, Un songe la fait reculer. Ne faisons point la même faute : Toute prête, à donner la main, Je ne serai pas assez sotte Pour rester en si beau chemin. Je pense en ce moment Qu'un Hymen qu'on diffère N'en est que plus charmant Ma maîtresse est dans le salon au bout du jardin. Elle a fait un rêve qui l'embarrasse. Allez lui mettre l'esprit en repos là-dessus. Rends grâces au ciel de ce que je ne donne pas dans les songes, moi. Malgré tous les appas Du plus doux hyménée, Olivette obstinée Fuirait jusqu'au trépas, Ne m'entendez-vous pas. Non. Un rêve qu'a fait Diamantine va peut-être rompre son mariage. Elle a vu en songe deux pigeons... Le mâle a donné deux coups de bec à la femelle. Oh ! Le pigeon de notre rêve était en fureur ! Mais laissons cela. Seras-tu bon mari ? Mais on ne nous prendra jamais Pour l'époux et la femme. Sans adieu. Je vais rejoindre ma maîtresse. Arlequin est encore, ici ! Écoutons un peu cette conversation. Rien n'est plus galant. Hé bien ? Vous prendriez votre canne. Ô le scélérat ! Je vois que le songe a raison : Diamantine est sage. Ma foi, je serai un oison De me mettre en ménage. Arlequin ferait le pigeon, La faridondaine, La faridondon ; Attends, tu seras mon mari, Biribi, À la façon de barbari, Mon ami. Mais, voici, ce me semble, un changement de décoration. Vous me paraissez rentrer en goût. C'est fort bien fait à vous, Craignez de vous en repentir. J'ai fait mes réflexions. Je commence à donner dans les songes. Croyez-moi. Tenons-nous comme nous sommes, Jamais ne nous engageons : Je vois qu'aujourd'hui les hommes Sont tous de méchants pigeons. Au diable le meilleur ! Peste ! Madame Pépin a l'esprit fort ! Oui, je crois qu'entre les galants Votre oncle brillait fort du temps De Jean de Vert (trois fois) en France. Le mariage lui fait peur. Quelle union ! Sans vous donner le moindre coup de bec ? Montrez-vous la plus sage. Ma tante ! Et moi, tout de même. Vous, monsieur Arlequin, prenez votre canne, et vous allez promener. Commençons la fête préparée. Faisons les contre-fiançailles. Réjouissons-nous de n'avoir pas fait la sottise de nous marier. **** *creator_fuzelierlesage *book_fuzelierlesage_tableaudumariage *style_prose *genre_opera comique *dist1_fuzelierlesage_prose_opera comique_tableaudumariage *dist2_fuzelierlesage_prose_opera comique *id_ARLEQUIN *date_1716 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_arlequin Oui, tiens ne crois pas qu'il se moque ; Écoute ce tendre sanglot. Ouf ! L'amour tous deux nous suffoque. Nous en avons jusqu'au goulot. Quoi, Vous rêvez, ma chère ! Pour une fille nubile, c'est penser bien extraordinairement. Belle brune, Belle brune, Quel changement feraient donc Les songes dans ma fortune,, Belle brune, Belle brune ? Tu ne m'épouserais pas, si tu croyais aux songes ? Comment, diable ! Étaient-ils à la crapaudine ? Deux coups de bec. Attendez, cela est équivoque. J'ai vu, moi, cent pigeons de Paris, assemblés au bois de Boulogne, se donner de bonne amitié cent coups de bec. Tous les jours (j'en jure ma foi), Oui, ma petite brune, Je prétends souper avec toi, Et plutôt deux fois qu'une. Tous deux contents ; tous deux en paix, Tous deux n'ayant qu'une âme... Et moi, les danseurs et les symphonistes qui doivent se rendre ici ; j'ai des ordres à leur donner de la part de mon maître... Mais que vois-je ! C'est Scaramouche. Est-ce que tu n'y es plus, toi ? Bel établissement, ma foi ! Voilà de ton ouvrage, apparemment ? J'en veux goûter, pour voir ce que tu sais faire. À la besogne, on connaît l'ouvrier. Tu es bon confiseur. Parbleu, tu travailles à merveilles. Par quelle aventure as-tu embrassé une si belle profession ? Fort bien. Jeune et belle ? Blonde ? Brune donc ? Ah ! Oui. En demi-deuil. Mignon, mignon. Tenez, mon fils. C'est que je veux donner du bonbon à l'enfant. Conter fleurettes. Je vous entends. Diable ! Vous êtes un fin matois. C'est que j'entends de ce côté Mieux que de l'autre, en vérité, Lon lan-la, derirette. Vous avez fort bien fait. Une femme. Oui, c'est tout dire. Hé, ne pouvez-vous dompter cette bête quinteuse ? Comment ? Ventrebleu ! Je dirais à ma très honorée épouse : Regardez, ma mie, j'ai le bras vigoureux, le poignet ferme le geste vif ; Ensuite, je prendrais ma canne... Hoïmé ! Oui... Oui... Je prendrais ma canne... et... et j'irais me promener. Vivent les ris et les jeux ! Ne parlons que de boire. L'oncle et la tante tous deux Viennent seconder nos voeux. Victoire, victoire, victoire ! Voici monsieur et madame Pépin. Gare, gare ! Il est là d'un fort bel écot. Souvenez-vous que vous êtes marguillier. Mon oncle ! Et moi, mademoiselle Olivette, que vais-je devenir ? Le diable emporte tous les Pépin présents et à venir. **** *creator_fuzelierlesage *book_fuzelierlesage_tableaudumariage *style_prose *genre_opera comique *dist1_fuzelierlesage_prose_opera comique_tableaudumariage *dist2_fuzelierlesage_prose_opera comique *id_SCARAMOUCHE *date_1716 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_scaramouche Eh ! Bonjour, Arlequin ! Tu es toujours dans le service, à ce qu'il me semble. J'ai fait une fin, mon enfant. Je suis devenu bourgeois de Paris. Je suis confiturier. Sans doute. Ce sont des fruits confits que j'apporte dans cette maison pour une noce. Hé bien, qu'en dis-tu ? Et toi, de même. Tudieu ! Vous êtes bien expéditif ! Je vais te le dire. Au commencement de cette année, j'entrai dans une boutique de confiturier, pour y acheter quelques petites douceurs, pour faire des étrennes. Je vois dans le comptoir una dona qui avait un petit enfant auprès d'elle, ma una dona bene fatta. Là, là. Non. Pas tout à fait. Ses cheveux sont noirs et blancs par-ci ; par-là... Je la salue... Je caresse le petit-enfant... Mais, que faites-vous là ? Vous prenez mes confitures, je crois. Hé, non, non ! Vous lui gâterez les dents... Je vous disais donc que je salue la marchande. Je lui demande des dragées, et je commence (vous m'entendez bien) à lui conter fleurettes. Hé ! Hé !... Elle m'écoute ; et pour vous le couper court, elle m'apprend qu'elle est veuve. Je m'offre à l'épouser elle me prend au mot, et... Oh, oh ! Vous vous plaisez diablement de ce côté-là ! Demeurez-y donc, mon ami, Lon lan-la, deriri. J'ai donc épousé cette veuve, et je me suis fait confiturier. Pas trop. Je me suis bientôt aperçu que j'avais épousé une diablesse, une... En un mot, une femme... Elle me contrecarre sans cesse, et défait ce que je fais. Comment feriez-vous pour cela. Rendez-moi du moins le panier.