**** *creator_lafontaine *book_lafontaine_climene *style_verse *genre_comedy *dist1_lafontaine_verse_comedy_climene *dist2_lafontaine_verse_comedy *id_APOLLON *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_apollon Comment, vous, Uranie ! En ce cas, Terpsichore, Euterpe, et Polymnie, Qui n'ont pas des emplois du tout si relevés, M'en apprendront encor plus que vous n'en savez. Si ma prière n'est aux Muses importune, Devant moi tour à tour chantez cette beauté ; Mais sur de nouveaux tons, car je suis dégoûté. Que chacune pourtant suive son caractère. Commencez donc, Euterpe, ainsi qu'il vous plaira. Terpsichore, aidez-la mais surtout évitez Les traits que tant de fois l'églogue a répétés ; II me faut du nouveau, n'en fût-il point au monde. Vous sortez de l'églogue. Assez. Que Melpomène Sur un ton qui nous touche introduise Clymène. Vous, Thalie, il vous faut contrefaire un amant Qui ne veut point borner son amoureux tourment. Fort bien nous écoutons remplissez notre attente. Voilà du pathétique assez pour le présent : Sur le même sujet donnez-nous du plaisant. Acanthe et sa maîtresse. II est fou ; c'est déjà la moitié du chemin. Tant mieux ; j'en suis fort aise, Nous le demandons tel je ne vois rien qui plaise, En matière d'amour, comme les gens outrés. Mille exemples pourraient vous en être montrés. Vous finissez bientôt ! Moi, me moquer pourquoi ? J'en ouïs l'autre jour Deux de quinze ans parler plus savamment d'amour. Ce que sur vos amants je trouverais à dire C'est qu'ils pleuraient tantôt, et vous les faites rire. De l'air dont ils se sont tout à l'heure expliqués, Ce ne sauraient être eux, s'ils ne se sont masqués. J'en voulais, il est vrai, mais dans leur caractère. Clio, divertissez un peu la compagnie. Il me prend une envie De goûter de ce genre où Marot excellait. C'est trop ; vous nous deviez proposer un distique. Au reste, n'allez pas chercher ce style antique Dont à peine les mots s'entendent aujourd'hui : Montez jusqu'à Marot, et point par delà lui : Même son tour suffit. En un sujet si beau Le dizain est trop court ; et, vu votre matière, La ballade n'a point de trop ample carrière. Votre tour est venu, Calliope essayez Un de ces deux chemins qu'aux auteurs ont frayés Deux écrivains fameux ; je veux dire Malherbe, Qui louait ses héros en un style superbe ; Et puis maître Vincent, qui même aurait loué Proserpine et Pluton en un style enjoué. Il faut que je me sois sans doute expliqué mal . Car, vouloir qu'on imite aucun original N'est mon but, ni ne doit non plus être le vôtre, Hors ce qu'on fait passer d'une langue en une autre. C'est un bétail servile et sot, à mon avis, Que les imitateurs ; on dirait des brebis Qui n'osent avancer qu'en suivant la première, Et s'iraient sur ses pas jeter dans la rivière. Je veux donc seulement que vous nous fassiez voir, En ce style où Malherbe a montré son savoir, Quelque essai des beautés qui sont propres à l'ode ; Ou si, ce genre-là n'étant plus à la mode Et demandant d'ailleurs un peu trop de loisir, L'autre vous semble plus selon votre désir, Vous louiez galamment la maîtresse d'Acanthe, Comme maître Vincent, dont la plume élégante Donnait à son encens un goût exquis et fin, Que n'avait pas celui qui partait d'autre main. Calliope manquer ! Calliope a raison ; qu'elle achève à son tour. à vous donc, Polymnie ; entrez en lice aussi. Je vois bien que sur ce dernier-ci L'on ne réussit pas toujours comme on souhaite. Calliope a bien fait d'user d'une défaite ; Cette interruption est venue à propos / C'est pourquoi choisissez des tons un peu moins hauts. Horace en a de tous ; voyez ceux qui vous duisent : J'aime fort les auteurs qui sur lui se conduisent Voilà les gens qu'il faut à présent imiter. J'en conviens, jusque même au métier d'Apollon : Il n'est rien qui n'empire, hommes, dieux ; mais que faire ? Irons-nous pour cela nous cacher et nous taire ? Je ne regarde pas ce que j'étais jadis, Mais ce que je serai quelque jour, si je vis. Nous vieillissons enfin, tout autant que nous sommes De dieux nés de la fable, et forgés par les hommes. Je prévois par mon art un temps où l'univers Ne se souciera plus ni d'auteurs, ni de vers ; Où vos divinités périront, et la mienne. Jouons de notre reste avant que ce temps vienne. C'est à vous, Polymnie, à nous entretenir. Érato, que veut dire Que vous, qui d'ordinaire aimez si fort à rire, Demeurez taciturne, et laissez tout passer? Sur quoi ? Savoir si vous aimez ? Pourquoi? Si cette qualité vous paraît odieuse, Du voeu de chasteté l'on vous dispensera. Choisissez un galant. Un peu d'hymen est bon. Vous vous marieriez donc, ainsi qu'au temps jadis Oriane épousa monseigneur Amadis ? La méthode, en effet, en est bonne. Mais encore avec qui ? Car je ne vois personne Qui veuille dans l'Olympe à l'hymen s'arrêter : Les Sylvains ne sont pas des gens pour vous tenter. Un auteur ? Vous, déesse ? Aux auteurs Érato pourrait mettre la presse. Ce n'est pas votre fait, pour plus d'une raison. Rarement un auteur demeure à la maison. Nous nous entretiendrons de votre mariage À fond une autre fois. Cependant chantez-nous, Non pas du sérieux, du tendre, ni du doux ; Mais de ce qu'en français on nomme bagatelle : Un jeu dont je voudrais Voiture pour modèle. Il excelle en cet art maître Clément et lui S'y prenaient beaucoup mieux que nos gens d'aujourd'hui. Dizain, soit. Vous pourrez dire encor les charmes, les attraits, Les appas. Cent et cent mille choses. Je ne vous ai compté ni les lis, ni les roses : On n'a qu'à retourner seulement ces mots-là. Eh bien ? Blâmez Clymène, à qui d'aucune flamme On ne peut désormais inspirer le désir. Cela ne vous fait rien, la chose est infinie ; Toujours notre cabale y trouve à regratter. Eh, que coûte un dizain ? Il ne nous reste plus qu'Uranie, et c'est fait. Mais quand j'y pense bien, je trouve qu'en effet Tant de louange ennuie, et surtout quand on loue Toujours le même objet : enfin je vous avoue Que pour peu que durât l'éloge encor de temps, Vous me verriez bâiller. Comment peuvent les gens Entendre, sans dormir, une oraison funèbre ? Il n'est panégyriste au monde si célèbre, Qui ne soit un Morphée à tous ses auditeurs. Uranie, il vous faut reployer vos douceurs Aussi bien qui pourrait mieux parler de Clymène Que l'amoureux Acanthe? Allons vers l'Hippocrène . Nous l'y rencontrerons encore assurément Ce nous sera sans doute un divertissement. La solitude est grande autour de ces ombrages. Que vous semble ? On croirait, au nombre des ouvrages Et des compositeurs (car chacun fait des vers), Qu'il nous faudrait chercher un mont dans l'univers, Non pas double, mais triple, et de plus d'étendue Que l'Atlas : cependant ma cour est morfondue ; Je ne rencontre ici que deux ou trois mortels, Encor très-peu dévots à nos sacrés autels. Cherchez-en la raison dans les cieux, Uranie. Vous en parlez très-bien, Mais qu'entends-je ? Nous sommes Auprès de l'Hippoerène. Acanthe assurément S'entretient avec elle ; écoutons un moment. C'est lui, j'entends sa voix. Sans doute il n'est pas sage : Sachons ce qu'il veut dire. Acanthe ! Levez-vous, et nous dites Quelles sont ces faveurs, soit grandes ou petites, Dont le fils de Vénus a payé vos tourments. Comment ? Je l'étais, et Daphné ne m'en traita pas mieux ; Perdons ce souvenir. Vous triomphez, Acanthe : Nous vous laissons, adieu ; notre troupe est contente.