**** *creator_marmontel *book_marmontel_herculemourant *style_verse *genre_opera *dist1_marmontel_verse_opera_herculemourant *dist2_marmontel_verse_opera *id_HERCULE *date_1761 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_hercule Trompeuse image de ma gloire, Cachez ma honte à l'univers. Destructeur des tyrans de la terre et des mers, Je ne puis sur mon coeur remporter la victoire ; Et dompté par l'amour, je languis dans ses fers. Trompeuse image de ma gloire, Cachez ma honte à l'univers. Puissent-ils me faire oublier Les charmes que j'évite et que je vois sans cesse ! Je ne t'ai point caché ma nouvelle faiblesse : La beauté fut toujours l'écueil de ma vertu. Trop indigne des noms et de père et d'époux, Je veux bien t'avouer la fureur qui m'anime. J'immolerais mon fils pour première victime, Si je m'abandonnais à mes transports jaloux. Il a su plaire à l'objet qui m'enflamme. La haine et la pitié, la nature et l'amour Partagent tour à tour Et déchirent mon âme. L'amour est dans mon coeur une hydre renaissante. Je le veux, mais en vain. Arbitre des destins, ô toi dont la puissance Remplit l'immensité des cieux ! Dieu souverain de tous les dieux ! Reconnais un mortel qui te doit la naissance. J'ai puni comme toi le crime audacieux ; Comme toi j'ai vengé la timide innocence ; De ton sang immortel suis-je digne à tes yeux ? Arbitre des destins, etc. Chantez, chantez le dieu terrible Qui donne la force à mon bras. Quoi ! mon fils de retour ? Je le craindrai ce coeur trop long-temps combattu. Vous ne me parlez point de la jeune captive ? Est-ce assez d'adoucir, de plaindre ses malheurs ? Dans un humble esclavage est-ce assez qu'elle vive ? Le ciel l'a mise au rang des rois Mon fils, du diadème il faut ceindre sa tête ; Et pour la couronner c'est vous dont j'ai fait choix. Vous l'aimez, je vous cède mes droits, Et je vous remets ma conquête. La vertu dans mon coeur te devra son retour ; Et sans l'amitié qui me guide Je me laissais encore égarer par l'amour. Avant de quitter ce rivage Allons à Jupiter présenter notre hommage. Viens, Lychas, porte-moi ce voile précieux : Puis-je m'en revêtir pour un plus digne usage Que pour sacrifier au souverain des dieux. Enfin je succombe à ma rage. L'excès de la douleur a vaincu mon courage. Cruel, à mes tourmens veux-tu m'abandonner ? Quelle mort ! sous les coups d'une femme perfide ! Oui, je veux lui survivre ; oui, je veux de ma main Arracher son coeur inhumain. Qui la dérobe à ma vengeance ? Quoi ! mon fils avec elle est-il d'intelligence ? Il me fuit. Approche. Hé bien, suis-je vengé ? Viens-tu d'immoler ma victime. Après son crime, Peux-tu la nommer sans horreur ? Son coeur n'est point coupable ! Qu'entends-je ? Quel cri gémissant ! Il faut les soutenir. Venez, trop aimable captive. Pour essuyer vos pleurs que mon fils me survive. En mourant je dois vous unir. Je dois de Palénor calmer l'ombre plaintive. Tous mes maux vont finir : mon fils, embrasse-moi... Non, non, arrête, éloigne-toi ; Ah ! crains de respirer le feu qui me consume : Avec plus de fureur je sens qu'il se rallume. Quel accès ! quel supplice ! ô dieux qui m'éprouvez, Qui vous offrit jamais plus d'encens, de victimes ? Et si tel est le sort que vous me réservez, Quel sort destinez-vous au crime ? Viens, mon fils, sois témoin de l'excès de mes maux. Peuples heureux par mes travaux, Est-ce là le bras invincible, Ce bras sous qui tombaient les lions étouffés ? Desséché, consumé d'une flamme invisible, Le reconnaissez-vous dans cet état horrible ? Hercule est abattu : tyrans vous triomphez. Au défaut de mes mains tremblantes Hâtez-vous me secourir. Je souffre mille morts, et je ne puis mourir. Déchirez, dispersez mes dépouilles sanglantes. Arrachez de mon sein mes entrailles brûlantes. Lâches, vous frémissez, vous m'abandonnez tous. Où sont-ils, ces brigands dont j'ai purgé la terre ? Ils seraient moins cruels que vous. Dieux ! accordez-moi le tonnerre. Mes yeux appesantis vont perdre la lumière. Hilus, jure-moi d'accomplir La volonté d'un père à son heure dernière. Jure-moi que tu vas la remplir. Viens délivrer mon âme De son infernale prison. Au bûcher de ton père ose porter la flamme. Frémis du parjure et de la trahison. Obéis, tu le dois. Je le veux. Ah ! Malheureux ! Peuples, recebez mes adieux. Digne ami, c'est à toi que je laisse mes armes. Mon fils, j'aurai sur vous les yeux. Princesse, embellissez la terre par vos charmes ; Mais tournez quelquefois vos regards vers les cieux. **** *creator_marmontel *book_marmontel_herculemourant *style_verse *genre_opera *dist1_marmontel_verse_opera_herculemourant *dist2_marmontel_verse_opera *id_DEJANIRE *date_1761 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_dejanire Dircé, voici le jour où mon sort se décide, Le jour qui doit me rendre Alcide, Hélas ! s'il peut m'être rendu. Lui-même il a marqué ce terme à son absence, Et ce jour expiré, tout espoir est perdu. Dieux ! Encor des dangers nouveaux ! Ne vous lassez-vous point d'éprouver sa constance ? Il vit pour l'univers ; il ne vit plus pour nous. Faible, plaintive, errante, aux larmes condamnée, Sa famille est abandonnée. Il dédaigne les soins et de père et d'époux. Sa gloire ? Ah ! sans frémir puis-je me rappeler Les périls, les combats où sa valeur l'expose ? Je crois le voir environné Des monstres de Némée et de ceux d'Erymante, J'entends les sifflements de l'Hydre menaçante, J'entends les cris affreux de Cerbère enchaîné ; Et mon époux sans cesse à mes yeux se présente Luttant contre le sort, à le perdre obstiné. Mais que vois-je ? mon fils ! en quels lieux est Alcide ? Et quelle est cette esclave ? Pense au retour d'Alcide, à ce jour plein de charmes. Dis-moi qu'il vient tarir les larmes Que son absence a fait couler. Mais j'entends des chants de victoire. Peuple, c'est votre appui qui revient en ces lieux : Allons à son retour intéresser les Dieux. Mon fils, que tes vaisseaux, avant la fin du jour, Soient prêts à s'élancer sur la plaine liquide. Chargé de mes présents, vole au devant d'Alcide, Va lui porter l'hommage et les voeux de l'amour. De mon bonheur puis-je douter encore, Dircé ? J'aime un héros que l'univers adore, Le digne sang des dieux, l'exemple des mortels, Un fils dont Jupiter s'honore, Qui doit lui-même un jour partager ses autels. Avec mille vertus Alcide eut sa faiblesse. Les plaisirs sur ses pas ont répandu des fleurs ; Ils ont égaré sa jeunesse. Le charme est enfin dissipé. Il s'éloigne d'Omphale, il me tient sa promesse, Il vient me rendre un coeur de moi seule occupé. Que de ces fers on les dégage. Princesse, au gré de la victoire Les trônes tour à tour sont détruits ou fondés. Le sort vous a trahie, et nous a secondés ; Mais à vaincre le sort un grand coeur met sa gloire. Vos droits vous sont rendus dans cet heureux séjour. Du fils de Jupiter la cour est votre asile. Non, non, si mes voeux sont remplis, Vous ne gémirez plus du malheur qui vous presse. Dans ces lieux, pour vous embellis, A vos destins tout s'intéresse. Non ; je veux les finir. C'en est assez. Alcide en ces lieux va venir ; Et vous êtes sous sa puissance. Dieux, qu'entends-je ! Et qui t'a révélé le crime du perfide ? Moi ! rougir à ses yeux ! Hélas ! pour m'accabler en faut-il davantage ? Je n'en ai que trop entendu. Cette esclave est tremblante et veut fuir ce rivage ; J'ai vu mon fils lui-même interdit, confondu. Du crime de l'ingrat leur trouble est le présage. La honte, la douleur, le désespoir, la rage Déchirent mon coeur éperdu. C'en est fait, mes enfants, vous avez tout perdu. L'opprobre et l'abandon, voila votre partage. Père barbare !... Ô dieux qui me l'avez rendu, Dans les pleurs ne l'ai-je attendu, Que pour lui voir briser le saint noeud qui l'engage ? Est-ce là le prix qui m'est dû ? Non, je ne puis survivre à ce dernier outrage. La honte, la douleur, le désespoir, la rage Déchirent mon coeur éperdu. Ah ! Dircé, quel recours ! je rougis d'y penser. Je ne me connais plus... je tremble, je frissonne... Au trouble de mes sens ma raison m'abandonne. Je le vois préparer cet hymen odieux... Je périrai moi-même avant qu'il s'accomplisse. Viens. À la perfide opposons l'artifice : C'est le dernier espoir que me laissent les dieux. Qu'ai-je fait ! Ô Nessus, ta fureur m'a trompée. Juge du coup mortel dont mon âme est frappée. Le sang où la robe est trempée, A mes yeux vient de s'enflammer. Tremblante au bord du précipice, J'avais craint d'employer ce funeste artifice : Tu m'en as inspiré le coupable dessein ; Ou plutôt c'est l'enfer qui l'a mis dans mon sein. Ciel ! Dieu, grand Dieu ! sois sensible à ma douleur profonde. Protège un héros cher au monde : Hélas ! il est ton sang, il est digne de toi. Ministres des autels, partagez mon effroi. De ce héros, l'espoir, le vengeur de la terre, D'Alcide en ce moment les jours sont menacés : Attirez sur moi le tonnerre ; Qu'Alcide vive, c'est assez. De tes autels j'approche en frémissant. Mon crime m'a rendu ton temple redoutable. Hélas ! ma main seule est coupable, Et mon coeur, tu le sais, mon coeur est innocent. Le temple est ébranlé ! Quels éclats menaçants ! Ah ! mon fils ! Tu méconnais ta mère ! Arrête. Hélas ! C'en est donc fait. Injustes Dieux ! cruels destins ! C'est vous qui dans le crime entraînez l'innocence. Après mon crime, Le voir ! Ah ! je vais le venger. De mes transports jaloux ton père est la victime. Par un charme inconnu j'ai voulu l'engager ; Ce charme est un poison funeste Qu'une furie a préparé. La rage des enfers, la colère céleste, Rien n'excuse l'erreur de mon coeur égaré. Qu'Alcide en mourant me déteste ; Que de tout l'univers mon nom soit abhorré. Mais en fermant les yeux de ton malheureux père, Peins-lui le désespoir de ta coupable mère ; Et dis-lui que mon coeur l'a toujours adoré. **** *creator_marmontel *book_marmontel_herculemourant *style_verse *genre_opera *dist1_marmontel_verse_opera_herculemourant *dist2_marmontel_verse_opera *id_HILUS *date_1761 *sexe_masculin *age_jeune *statut_exterieur *fonction_autres *role_hilus Il revient ; Junon même à ce vainqueur rapide Se lasse d'opposer d'inutiles efforts. Au pied du mont Olympe un saint devoir l'arrête. A Jupiter son père il consacre une fête. Cependant ses captifs s'avancent sur ces bords. Dans les fers du vainqueur, une beauté céleste Attire et charme tous les coeurs. Un silence modeste Nous cache son pays, son rang et ses aïeux, Mais, si j'en crois mon coeur, elle est du sang des Dieux. Tout en elle intéresse, enchante. Avec elle on gémit de sa captivité. Ah ! que la douleur est touchante Lorsqu'elle afflige la beauté ! Verrez-vous sans pitié cette aimable captive ? Il est si cruel d'accabler L'innocence faible et craintive, Et si doux de la consoler ! Venez, fille des rois, il est temps de paraître. Le rang où le ciel vous fit naître N'est plus ignoré dans ces lieux. Moi-même, avant de la connaître, J'ai lu vos destins dans vos yeux. L'amour vous a soumis un coeur dont il est maître. La beauté pour régner n'a pas besoin d'aïeux. Il est mort avec gloire. C'est le crime de la victoire, Et non pas celui du vainqueur. Mais, faut-il vous venger en me perçant le coeur ? Frappez. Pourquoi donc m'accabler d'une injuste rigueur ? Si vous m'aimez, quel bien manquerait à mes voeux ? Ah ! parlez. Quel effroi de mon âme s'empare ! Mon père est mon rival ! Ô dieux ! Qu'ai-je entendu ! Ô mère infortunée ! Ô malheureuse épouse ! De l'amour le plus tendre Recevez l'offrande et les voeux. Rendez à Déjanire un époux glorieux. Venez tarir les pleurs que vous faites répandre. Ah ! que n'avez-vous pu l'entendre ! Que n'avez-vous pu voir éclater ses transports ! Son coeur s'élançait vers ces bords, Impatient de vous attendre. Seigneur, venez jouir d'un spectacle si doux. Déjanire est tremblante, et n'ose croire encore Que le sort apaisé lui rende son époux. Les dieux même, les dieux que l'univers adore Ne sont pas aimés comme vous. La reine, qui la plaint, daigne essuyer ses pleurs. Moi ? Seigneur ! Mon père ! Ah ! Ce bienfait m'est plus cher que le jour. Dieux ! Qu'entends-je ? Et quelle voix m'appelle ? Laissez-moi. Ce nom me fait frémir d'effroi. Allez, allez cacher dans la nuit éternelle Un forfait qui vous rend l'horreur de l'univers. Quand je crois présenter les dons d'une main chère, C'est votre fureur que je sers ! Vous rendez votre fils le bourreau de son père ! Puis-je à ces traits affreux reconnaître ma mère ? La plus grand des humains, Alcide, votre époux, l'auteur de ma naissance A reçu la mort de mes mains. Alcide expire, consumé Du feu que dans son sein vous avez allumé. Couvert de la robe fatale, Il marchait à l'autel ; une flamme infernale Tout à coup pénètre ses sens. Il veut de la douleur étouffer les accents, Mais il n'en peut dompter l'horrible violence, Et par les cris les plus perçants Il rompt ce farouche silence. Son corps fumant exhale une noire vapeur A ses flancs embrasés le voile affreux s'attache Il le déchire avec fureur ; Mais en lambeaux sanglants c'est en vain qu'il l'arrache, Et le poison rapide a coulé dans son coeur. Il tombe, il se débat en mordant la poussière : Des pleurs mêlés de sang inondent sa paupière : Il se relève avec effort, Il embrasse l'autel, il implore la mort. Tout frémit : la terreur l'environne et nous glace. Il me voit, il m'appelle, et j'approche éperdu. Malheureux, m'a-t-il dit, ton erreur m'a perdu ; Mais elle est innocente, et ta douleur l'efface. Traîne-moi loin de ces autels Que ma faiblesse déshonore ; Fuyons, puisque je vis encore, Et cessons d'exciter la pitié des mortels. Vous l'allez voir. Elle est ma mère. Hélas ! Connaissez mon erreur : Pour vous rendre à ses voeux, dans ses tendres alarmes Elle a cru n'employer qu'un secours innocent. Nessus l'avait trompé ; et ce venin puissant Est le sang du perfide infecté par vos armes. Ah ! croyez-en mes larmes Et la douleur qu'elle ressent. La reine ?... Ô mon père ! Nos malheurs sont comblés. Ordonnez. J'en atteste les dieux. Moi ! Vous voulez que je sois l'horreur de la nature ! Les dieux me puniraient si je n'étais parjure. Je ne puis. Mon père ! **** *creator_marmontel *book_marmontel_herculemourant *style_verse *genre_opera *dist1_marmontel_verse_opera_herculemourant *dist2_marmontel_verse_opera *id_PHILOCTETE *date_1761 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_philoctete Au pied du monte Olympe, une illustre jeunesse Vient célébrer les jeux que tu fais publier. On succombe aisément au danger que l'on aime. Ton coeur ne connaît pas ce qu'il peut sur lui-même. Il eût vaincu l'amour, s'il avait combattu. Vois Déjanire dans les larmes ; Vois du plus tendre hymen les fruits abandonnés. A la honte, à l'oubli les as-tu condamnés ? Rompras-tu sans remords des noeuds si pleins de charmes ? Hilus ! Tous les monstres encor ne sont pas terrassés. Ranime contre lui ta force languissante. Tu le veux, c'est assez. Mais j'entends dans les airs la trompette éclatante. Les jeux sont annoncés. Entre un coupable amour et la plus belle flamme, Alcide, à quoi te résous-tu ? Le crime et la vertu se disputent ton âme ; Vas-tu céder au crime et trahir la vertu ? Enfin je reconnais Alcide. De ta gloire à jamais ce seul instant décide. Ose souffrir la vie, ose la couronner Par une mort digne d'Alcide. Tu le vois dans la douleur plongé. Alcide !... Quels gémissements ! Alcide. **** *creator_marmontel *book_marmontel_herculemourant *style_verse *genre_opera *dist1_marmontel_verse_opera_herculemourant *dist2_marmontel_verse_opera *id_IOLE *date_1761 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_iole Quelle voix suspend mes alarmes ? Quel Dieu vient adoucir la rigueur de mes fers ? En parcourant ces vastes mers Mes yeux ne versent plus de larmes. Que dis-je ? Mon exil, mes malheurs me sont chers. Pour moi l'esclavage a des charmes. Un calme heureux succède au tumulte des armes ; Et j'oublie en ces lieux les plus cruels revers. Quelle voix suspend mes alarmes ? Quel Dieu vient adoucir la rigueur de mes fers ? Laissez gémir une victime. Nos coeurs sont-ils faits pour l'amour ? Et puis-je pardonner au sang qui vous anime Sans révolter celui qui me donna le jour ? Hilus, mon père est mort. Vous n'êtes point coupable. Hélas ! À travers ma douleur Voyez-vous éclater une haine implacable ? Non, non, vous n'êtes point coupable. Héros sensible et généreux, Vous serez assez malheureux, Sans que ma haine vous accable. Ah ! Je frémis des maux que l'amour nous prépare. Mais dois-je révéler ce mystère fatal ? Perfide époux, tyran barbare, Alcide ose m'aimer. Fille de Palénor, j'ai vu la flamme errante Répandre dans nos murs sa fureur dévorante. J'ai vu le vainqueur inhumain Dans les fers me traîner mourante ; Et je l'ai vu m'offrir sa main Qui du sang de mon père était encore fumante. Son amour criminel Vient m'attacher à lui par un noeud solennel. Tremblez que sa fureur jalouse Ne le rende encor plus cruel. De nous voir et de nous entendre Fuyons, s'il se peut, le danger. Un regard, un soupir est facile à surprendre ; Le mystère en amour est un voile léger, Et tout peut trahir un coeur tendre. De nous voir et de nous entendre Fuyons, s'il se peut, le danger. Le malheur fuit l'éclat du jour, Il ne veut qu'un oubli tranquille. Et pour elle et pour moi quel horrible avenir ! Si vous êtes sensible aux pleurs de l'innocence, De ces bords dangereux laissez-moi me bannir. Laissez-moi retourner aux lieux de ma naissance, Y pleurer mes malheurs. Si vous êtes sensible aux pleurs de l'innocence, De ces bords dangereux laissez-moi me bannir. Elle n'est plus. À nos yeux Elle vient d'expirer, en demandant aux dieux D'épuiser leur rigueur sur elle. **** *creator_marmontel *book_marmontel_herculemourant *style_verse *genre_opera *dist1_marmontel_verse_opera_herculemourant *dist2_marmontel_verse_opera *id_DIRCE *date_1761 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_dirce Junon le tient sous sa puissance, Elle a prolongé ses travaux. De tous les ennuis qu'il vous cause, Sa gloire doit vous consoler. Puisse le tendre amour dont vous brûlez sans cesse Ne jamais vous coûter de pleurs ! Est-ce à vous de la retenir ? Apprenez qu'Alcide l'adore. On dit plus encore. Au mépris de vos feux l'hymen va les unir. L'esclave favori d'Alcide, Lychas a publié ce mystère odieux. Daignez l'interroger. Pour ramener l'ingrat n'avez-vous point encore Ce tissu précieux, ce présent du Centaure ? Vous laisserez-vous offenser ? Dans ce voile enchanté l'amour cache sa flamme. C'est un charme puissant pour attendrir son âme : Nessus vous l'a prédit expirant à vos yeux. Reine, qui peut vous alarmer ? **** *creator_marmontel *book_marmontel_herculemourant *style_verse *genre_opera *dist1_marmontel_verse_opera_herculemourant *dist2_marmontel_verse_opera *id_JUPITER *date_1761 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_jupiter Viens, mon fils, viens jouir de ta gloire nouvelle, La flamme a consumé ta dépouille mortelle ; Triomphe du trépas, affranchi toi des lois. Dieux, il est votre égal. Terre, il est mon image. Mondes qui m'adorez, rendez-lui votre hommage. Astres brillants des cieux, retracez ses exploits... **** *creator_marmontel *book_marmontel_herculemourant *style_verse *genre_opera *dist1_marmontel_verse_opera_herculemourant *dist2_marmontel_verse_opera *id_JUNON *date_1761 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_junon N'es-tu qu'à moi seule fatale, Jalousie infernale ? Dans les cieux, sur la terre, attachée à mes pas, Tu montes sur ton char, tu ne me quittes pas. N'es-tu qu'à moi seule fatale, Jalousie infernale ? Ne sais-tu tourmenter que le coeur de Junon ? Vois la gloire d'Alcide, et l'éclat de son nom ; Vois le triomphe heureux que ce rivage étale. Jalousie infernale, Ne sais-tu tourmenter que le coeur de Junon ? Va, répands dans son sein les feux qui me consument, Ces feux que la vengeance et que l'amour allument. Déjanire aime son époux ; Invisible à ses yeux, et sans cesse autour d'elle, Va signaler ta rage en servant mon courroux. **** *creator_marmontel *book_marmontel_herculemourant *style_verse *genre_opera *dist1_marmontel_verse_opera_herculemourant *dist2_marmontel_verse_opera *id_LAJALOUSIE *date_1761 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lajalousie Non, non, dans la nature entière Tous les heureux sont mes rivaux. Je voudrais du soleil obscurcir la lumière ; D'Alcide en frémissant j'admire les travaux. Le bonheur de Déjanire Me révolte, me déchire : Je voudrais l'en punir par des tourmens nouveaux. Noirs soupçons, tourments des jaloux, Par la voix de Dircé, sa compagne fidèle, Venez percer son coeur des plus sensibles coups. Oui, c'est la Jalousie, compagne et tyran de l'Amour. Je servais Junon, et Dircé m'a servie. Pleure Alcide expirant ; tu le perds sans retour.