**** *creator_moline *book_moline_inconnue *style_verse *genre_comedy *dist1_moline_verse_comedy_inconnue *dist2_moline_verse_comedy *id_LEBARON *date_1776 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lebaron Je vous cherchais, mon fils... Ah vous voila Jeannette... J'ai suspendu pour quelque temps votre départ pour votre régiment... Un Seigneur de mes voisins veut s'allier ma famille, et... En un mot il vous destine sa fille : c'est un parti considérable, et son alliance m'honore. Comment, cela t'afflige : parbleu j'aurai la plus grande joie de te voir marié avant que tu partes pour l'armée. Je suis veuf, il ne me reste plus que ta soeur établir, et je veux que mes petits enfants me dédommagent de ton absence. L'affaire est décidée, et demain nous passons le contrat. Quoi, Jeannette ! Mon fils, y pensez-vous ? Ah le petit effronté ! Je vous ai dit mes intentions, éloignez-vous de ma présence et songez m'obéir. Vous, Jeannette, demeurez. Il en est amoureux, il faut que je m'explique avec elle. Jeannette, nous sommes seuls, parlez moi sans détour.... Auriez-vous quelque penchant pour Florival, seriez-vous sensible la folle tendresse de ce jeune étourdi ? Non, non, ma belle enfant, je ne l'imagine point, mais vous n'ignorez pas combien vous m'êtes chère. Depuis que vous êtes chez moi, j'exige que l'on vous rende autant d'égards qu'à moi-même. Je n'en fais pas encore assez, mais je crois que vous devez m'aimer par reconnaissance. Eh bien, pour vous prouver combien j'y suis sensible, je veux vous donner un époux riche, de bonne maison, et qui n'est ni trop jeune, ni trop vieux. C'est moi, belle Jeannette ! Oui, c'est moi-même qui depuis longtemps soupire pour vous, et j'ai résolu de vous prendre pour ma femme. Vous paraissez surprise ! Comment ? Ne seriez-vous point charmée de devenir Baronne ? Elle me quitte avec indifférence, et ses beaux yeux sont baignés de larmes : mais enfin, elle sait que je l'aime, cela me donne quelque espoir. Il s'agit à présent de marier mon fils au plutôt, ou de le faire partir pour son régiment, il n'aura plus la liberté de voir Jeannette, et je l'épouserai sans crainte... Cependant si mon âge lui donne quelque répugnance, malgré les droits que j'ai sur elle, est-il en mon pouvoir de forcer sa volonté ? Il est vrai, je suis son maître, Mais son époux, il n'en est rien. Eh comment me le promettre ?... Imaginons un moyen... Ah ! Que faire !... Je n'en sais rien. Téméraire ! C'en est assez modérez-vous, et calmez votre frénésie amoureuse : je viens de rompre le mariage qu'on vous proposait ; votre jeunesse m'a servi d'excuse : ainsi dès demain vous irez rejoindre votre régiment. Je n'écoute plus rien : prenez congé de Jeannette, et partez. Cet amour qui vous engage D'un guerrier plein de courage, Doit-il être le partage ? Il est indigne de vous. Et vous petite innocente, Soyez moins compatissante Croyez-vous que je consente Qu'il devienne votre époux ? Non je ne veux rien entendre, Ne pensez point me surprendre ; À mon ordre il faut se rendre, Craignez mon juste courroux. Quelle peine me tourmente ! Mais cette fille charmante. Je ne cesse d'y songer Je ne saurais l'affliger. Qu'entends-je ! Cruelle ! Eh ! Pourquoi me fuir ? Jeannette ! Infidèle ! Ah quel embarras ! Courons sur leurs pas. Mais où peut-elle être ! Fabrice, le traître, Ô ciel ! Que faire ? Mon coeur se dépite. Ah ma fille ! J'en étouffe ! Te voila traître ! Justes dieux ! Quel affront ! Mon coeur s'enflamme ! Ah mon fils ! Jeannette s'est sauvée de la maison : je suis dans la plus grande inquiétude. Je la méprise autant que je l'aimais. Oui : c'est toi seul fils ingrat qui est la cause de la fuite de Jeannette. C'est tort qu'on l'accuse d'aimer Fabrice, tu voulais l'enlever de chez moi !... Toi même : éloigne-toi de ma présence... Ah mon cher Vicomte, sauriez-vous en quel lieu elle pourrait être ? Vous me rendrez la vie. Je n'ai point de compte vous rendre. Allez, courrez, qu'on la ramène. Je veux réparer vis-à-vis d'elle mon injustice. Non : tu m'as trop offensé : je ne veux jamais te revoir. Non, pars d'ici tout l'heure, et ne m'irrite pas davantage. Oh ! Qu'il parte de chez moi sans différer ! Il n'abusera plus de mes bontés. Ah ! Zerbine, la colère me suffoque ; mon fils et Jeannette me font mourir de chagrin. Comment ? Que t'est-il arrivé ? Mais, qu'as-tu donc ? Qui te fait pleurer de la sorte. Ah ! Ma chère Jeannette ! Où puis-je te retrouver. Viens avez moi, Zerbine, allons la chercher de tous les côtés ; je ne tiens plus mon impatience. Comment ! Auriez-vous trouvé Jeannette ? Eh pour quel sujet ? Quelle heureuse nouvelle ! Quoi, je reverrai encore mon intime ami ? Racontez-moi cet événement. Quelle âme généreuse ! Voyons ce que c'est... Mais elle n'est pas pour moi... À Madame Simone, Fermière de Monsieur le Baron... Hélas ! La bonne femme est morte depuis six mois : qui pourrait lui écrire ? Ouvrons la lettre... Que vois-je, c'est votre père qui lui écrit... « Vous devez être étonnée, Madame, de n'avoir jamais entendu parler de moi depuis que j'ai mis ma fille entre vos mains : je vous ordonnai de l'élever secrètement sous le nom de Jeannette, ayant des raisons pour cacher sa naissance : elle se nomme Sophie, faites-la reconnaître à Monsieur le Baron... » Quoi, Sophie réduite au sort le plus affreux ! Viens mon fils ! Je te rends toute ma tendresse. Je me sens attendri et je renonce mes prétentions : épouse-là, elle est digne de toi... Tiens, lis cette lettre. Allons informer ma fille de cet heureux événement. Les voilà rassemblés : ah ! Ma chère Sophie ! Partage nos transports ! Que l'hymen t'unifie à mon fils ! Oui : tu mérites nos hommages autant par tes vertus, que par l'éclat de ta naissance. **** *creator_moline *book_moline_inconnue *style_verse *genre_comedy *dist1_moline_verse_comedy_inconnue *dist2_moline_verse_comedy *id_CLARISSE *date_1776 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_clarisse Ô Ciel ! Que vois-je ? Ah mon frère ! La déclaration est touchante. Je ne me serais jamais doutée que Jeannette fut l'objet de vos amours. Ne rougissez-vous point de votre faiblesse. Comment, une fille inconnue ?... Je vais en instruire mon père. Taisez-vous et sortez. Ah ! Quel indigne outrage ! Le dépit et la rage S'emparent de mon coeur ! Ce n'est plus un mystère. Jeannette a su vous plaire, Non, je ne puis mon frère Souffrir ce déshonneur. Ah ! Monsieur, si vous vous intéressez l'honneur de ma famille, et si vous avez pour elle quelque considération, vous m'en donnerez une preuve dès ce moment. Je vous ai tout appris : je sais combien vous avez de crédit sur l'esprit de mon père ; il faut absolument que vous l'engagiez renvoyer d'ici Jeanette, je veux qu'elle en sorte avant la fin du jour. Quoi qu'il en soit, Monsieur, je vous prie de me rendre ce service auprès de mon père : je ne vous demande là-dessus aucune réflexion : que je fasse bien ou mal, cela me convient, et je le veux ainsi ; adieu. Quel est donc tout ce tapage ? Qui cause tant de ravage ? Je vois sur chaque visage, Les signes de la douleur. Quelle ruse, quelle audace ! Et quelle âme vile et basse ! Il faut en avoir raison. Perfide arrête ! Ah ! Vous voilà perfide Quel sentiment vous guide ? Ah ! S'il est vrai qu'il l'aime Mon malheur est extrême ! Point d'excuse. Non mon frère rassurez-vous : son cher amant Fabrice votre digne rival l'accompagne dans sa fuite ainsi n'en soyez plus en peine l'un et l'autre, et si vous m'en croyez présent, vous ne vous disputerez plus la conquête de cette charmante Hélène. Oh ! Vous avez raison, elle ne mérite aucune pitié. Ah ! Croyez moi mon frère, Suivez votre carrière. Qu'une vertu guerrière Enflamme votre sang : Ayez moins de tendresse Une telle faiblesse, Dégrade votre rang. Vous prenez encore sa défense ! En vérité Mon- sieur, vous avez bonne grâce la justifier après- tout ce qu'elle a fait. Elle a mis le trouble et la confusion dans toute ma famille. Une fille de son état, oser prétendre la main de mon frère, et qui plus est, avoir la coquetterie de vouloir inspirer de l'amour mon père et même à Fabrice, avec lequel elle s'est sauvée sans aucun mystère ; mais, qu'est-ce que j'entends ? Quel est votre dessein ? Oh ! Tout ceci est une énigme pour moi. **** *creator_moline *book_moline_inconnue *style_verse *genre_comedy *dist1_moline_verse_comedy_inconnue *dist2_moline_verse_comedy *id_LEVICOMTE *date_1776 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_levicomte Ah ! Madame, qu'exigez-vous de moi ? Ce serait une tyrannie. Vous voulez faire le malheur de cet aimable enfant, parce que votre frère a du penchant pour elle. Réfléchissez de grâce sur la démarche que vous me proposez, et soyez moins inhumaine. Je crois que cette jeune fille ne mérite point le mépris dont vous l'accablez. Non je ne me prêterai jamais à une action si injuste. Je m'intéresse, Et j'y songe sans cesse ; Ses grâces, sa jeunesse Ont attendri mon coeur ; Tout parle en sa faveur. Hélas ! Quel trouble m'agite ! Clarisse en vain s'irrite ! Je veux la protéger, Je ne puis l'affliger. Calmez votre tristesse ! Votre sort m'intéresse, N'ayez plus de souci. Je ne suis point perfide Mais la pitié me guide, Je dois agir ainsi. Elle est sage. Vous voilà satisfaite, Madame : Jeannette a quitté votre maison ; elle n'y causera plus de désordre. Excusez-moi si je m'entretiens encore avec vous de cette infortunée, sa situation me touche et je ne saurais y penser sans émotion. Mais que peut-on lui reprocher ? Dites plutôt qu'elle en est la victime. Je l'ignore, et je voudrais le savoir ; mais je vais mettre tout en usage pour le découvrir, et si je la retrouve je vous promets de la ramener chez vous. Ah ! Monsieur le Baron, quelle est ma joie ? Non, Monsieur, mais je suis au comble de mes voeux. Je reçois une lettre de mon père que nous avions cru perdu ! Après quinze années d'absence, il m'apprend qu'il est arrivé à Naples et qu'il se dispose à partir pour Florence. Oui, nous ne tarderons point l'embrasser. Vous savez, Monsieur, que dans la dernière guerre de Venise, mon père fut pris par des corsaires, et que ces barbares le conduisirent esclave Tunis : depuis ce temps nous avons ignoré sa destinée, mais enfin notre auguste Monarque, dont la justice égale la clémence, vient d'obtenir sa liberté en accordant la rançon qu'on avait exigé pour lui. Mon coeur est si ému, que je puis peine respirer. Mon père ?... Quel pressentiment ! Quel soupçon ! Ah ! Monsieur, lisez vite. Dieux ! Jeannette est ma soeur! Ah ! Florival, accourez. Quel bonheur imprévu ! Un prodige, un enchantement, une lettre de mon père qui est à Naples. Mais, ce n'est pas encore tout... Apprenez... Jeannette ? Elle est ma soeur. Oh, n'en doutez point, elle se nomme Sophie... **** *creator_moline *book_moline_inconnue *style_verse *genre_comedy *dist1_moline_verse_comedy_inconnue *dist2_moline_verse_comedy *id_JEANNETTE *date_1776 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_jeannette Monsieur, vos bontés me rendent confuse : je ne mérite point votre affection. Oubliez-vous ce que vous êtes, et ignorez-vous ce que je suis ? Que dites-vous, Monsieur, quel est votre dessein ? Eh comment puis-je me flatter d'être aimée d'une personne de votre rang ; non, je ne le croirai jamais : ce serait trop vous abaisser. Ô Dieux ! Quel trouble me saisit. Je ne sais que lui répondre... Adieu Monsieur. Je ne puis rester plus longtemps avec vous. Je suis perdue ! Ah Madame, pourriez vous croire... Hélas ! Que pensera de moi Monsieur le Baron ? Moi, votre épouse ! Quel embarras ! Que son imprudence me chagrine ! Moi, Monsieur !en auriez-vous quelque soupçon ? Vous me comblez chaque jour de nouveaux bienfaits. Je ne les mérite pas. Ah ! Monsieur, tant que je vivrai. Quel est donc cet époux ? Pour votre femme ! Je respecte en vous mon maître, Je me plais à vous servir : Mais c'est trop vous méconnaître, Votre amour me fait rougir. Je suis une infortunée, Ignorant sa destinée... Ah ! Monsieur, quelle pensée ! Laissez-moi plutôt vous fuir. Je ne sais quel parti prendre... que de malheurs je prévois ! Comment les éviter ! Monsieur le Baron veut que je l'épouse et son fils plus dangereux encore, a conçu le projet de m'enlever. Que vais-je devenir! Non Monsieur, ne persistez plus dans votre dessein : la pudeur et la bienséance me défendent de vous suivre. Vous me pressez en vain, laissez-moi : votre père va nous surprendre. Vous me faites frémir : éloignez-vous. Oui, je l'exige en ce moment. Ah ! Quel effroi m'agite ! Hélas ! Mon coeur palpite ; Cessez de soupirer : Il faut nous séparer. Non jamais, sans l'aveu de votre père. Dieux ! Quel adieu funeste ! Que ma situation est cruelle ! C'est endurer trop de tourments la fois! Ciel ! Où vais-je ? Je frissonne ! Mon courage m'abandonne ! Du malheur qui m'environne, Rien ne peut me garantir. Ah ! C'est vous : pourquoi me plaindre ! Mais écoutons... Dieux ! Quel bruit ! Je me trouble ! Ah laissez moi, de grâce, Je cède ma disgrâce, Je veux quoique l'on fasse, Terminer mon malheur. Je demeure interdite ! Ne blâmez point ma fuite : Je déteste ces lieux, Ils me sont odieux ! Si l'on m'accuse... Ciel quel outrage ! Que mon destin malheureux, Touche votre âme. Par pitié ! Quel mépris, quelle injustice ! Quel supplice ! Ah ! C'est trop me faire souffrir. Ah ! Je jouis de ma liberté ! Mais... que dis-je ?.. Me voila seule... Sans appui... Sans secours... Et j'ignore où ma destinée me conduit... Hélas !... Errante dans ces lieux champêtres, j'y trouverai sans doute une retraite où l'innocence n'est point opprimée ?... Enfin me voilà délivrée de la persécution ! Restons dans cet asile : Je pourrai vivre ici tranquille. Sans peine, J'y braverai la haine. Ah ! Malheureuse ! On m'insulte sans cesse ! Une maîtresse Sans égard me menace, Et ma disgrâce Ne peut toucher personne. Florival m'abandonne. Son père inexorable, Me croit coupable. Ah, viens amant barbare ! Calme le trouble ou mon âme s'égare... Ô dieux ! qu'entends-je ? Est-ce lui qui m'appelle ? Ah ! Je chancelle... Il me croit infidèle... Il me méprise, et mon coeur le regrette ! Pauvre Jeannette ! Mais ; quel espoir m'arrête ? Ah parjure ! Ah je t'aime encore ! Cher amant que j'implore Devrais-tu me mépriser ? Oui parjure, je t'abhorre ! Quelle peine me dévore ! Quelle honte d'y penser! Pour jamais fuyons ce traître ; Sans qu'on puisse me connaître Je veux habiter ces lieux : Cachons nous tous les yeux. Habitants de ces bocages Je viens garder vos troupeaux ; Ces gazons, ces doux ombrages, Ces oiseaux par leurs ramages Me font oublier mes maux. Ô fortunés Bergers ! Je serai près de vous sans crainte, sans dangers. Vous ne connaissez point les soucis ni les larmes : Loin des alarmes Vous goûtez mille charmes. Votre amitié m'est chère ; Prenez moi pour bergère, Exaucez ma prière. Mais je respire peine, Je ne puis prendre haleine ! Cruel chagrin, sortez de ma pensée ! De mon amour suis je encore occupée ? Je me sens oppressée... Infortunée! Ô doux charme de la vie, Ô sommeil ! Fais que j'oublie Le cruel qui m'a trahie ! Satisfaits mon tendre coeur, Et viens calmer ma douleur. Je suis pénétrée des sentiments que vous avez pour moi ; mais, Fabrice, je ne saurais y être sensible ; cessez une vaine poursuite, et renoncez tout espoir : car il m'est impossible de vous aimer. Je vous prie même de vous éloigner de moi dans l'instant. Je ne puis avoir pitié de lui ; hélas ! Mon esprit inquiet n'est occupé que de Florival ! Mais, quoi me sert d'y penser, je ne le reverrai peut-être jamais... J'entends venir quelqu'un.... Ô dieux ! Que vois-je c'est lui... Je meurs ! Cher Florival ! Que n'est-il en mon pouvoir de disposer de la mienne comme de mon coeur ! Mais tout s'y oppose, vous le savez ?... Allez où votre devoir vous appelle, et laissez-moi vivre ignorée : je me croirai trop heureuse lorsque je penserai à vous. C'est l'amour qui m'inspire Le plus tendre délire ; Je languis, je soupire, Et mon âme désire De vous voir mon époux ; Mais hélas ! Quel martyre, Je ne puis être vous. Ô ciel ! Je serais la soeur du Vicomte, contraignons-nous pour un instant. Ah ! J'ai tout entendu ! Quoi, je suis sa soeur ? Ô Dieux ! Quelle trouble extrême ! Je fuis hors de moi-même, De mon bonheur suprême, Hélas ! Je doute encor. Viens, accours, tendre amour, Accours, vole en ce séjour ! Quel bien suprême ! Mon sort n'est plus une misère. Je revois un tendre frère, Ah ! Quels doux frémissements S'emparent de tous mes sens ! **** *creator_moline *book_moline_inconnue *style_verse *genre_comedy *dist1_moline_verse_comedy_inconnue *dist2_moline_verse_comedy *id_ZERBINE *date_1776 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_zerbine Bonjour Fabrice. Comme tu parais fier ! Quel ton brusque et méprisant ! Eh ! Dis moi donc, que t'ai-je fait pour me recevoir de la sorte ? Depuis quelque temps tu me fais sans cesse, et tu daignes peine me regarder.Ne suis-je pas toujours ta fidèle Zerbine ; hélas ! Ne m'aimerais-tu plus. Ingrat ! As-tu donc oublié toutes les promesses que tu m'as fait tant de fois. Pourquoi m'as-tu trompée ? Ah traître ! Crois-tu que j'ignore que tu m'abandonnes pour Jeannette ! Que ne puis-je changer comme toi et me venger de ta perfidie. Non : je ne veux aimer que toi. L'amour m'enflamme, Sa vive flamme Brûle mon âme ; Mais ton outrage Est mon partage, Ton coeur volage M'ose trahir. Hélas ! Il n'est plus en mon pouvoir. La tourterelle Est mon modèle : J'aime comme elle. On la délaisse, De sa tendresse Elle a sans cesse Le souvenir. Toute la maison est en désordre pour Jeannette, et on ne sait plus qui entendre : mais voici Fabrice, il a l'air tout affligé ; il ne me voit pas, épions-le et écoutons ce qu'il va dire. Enfin me voila bien convaincue de son infidélité. Le traître veut s'enfuir avec Jeannette, mais je l'en empêcherai ; je vais en avertir Monsieur le Baron ; il faut que je me venge du tour que Fabrice veut me jouer. Ah ! Qu'une fille est malheureuse de s'attacher à un amant volage ! Gentilles fillettes Craignez les fleurettes Et méfiez-vous des amants trompeurs. Ils ont un air tendre, C'est pour vous surprendre ; Cherchez à défendre Vos faibles coeurs. Loin de vous rendre À leurs douceurs, Il faut défendre Vos faibles coeurs. L'ingrat le parjure ! Voyez quelle injure. La belle Jeannette Cette fille honnête Qu'ici chacun fête S'en fait en cachette : C'est avec Fabrice. Ah ! Quelle malice ! Je suis au supplice, De son artifice Il faut le punir. Ah ! Quelle aventure L'ingrat le parjure, etc. Ah ! Quel dessein malhonnête Dans l'instant j'ai vu Jeannette, Avec Fabrice le traître Hélas pourriez-vous permettre Cette noire trahison ! Ah ! Quel nouveau malheur ! Quel sort plein de rigueur ! Jeannette va mourir Venez la secourir Elle succombe sa douleur ! Oui tout cet artifice Est digne de Fabrice. Oh ! Pour le coup, Fabrice ne m'attend pas ici. Le stratagème dont je vais me servir, l'empêchera de suivre Jeanette. Ah ! Pauvre Zerbine ! Quel détour te faut-il employer ! L'amour soutient mon espérance : Dans ces bois je viens en silence, Suivre les pas d'un inconstant. Malgré le soupçon qui me blesse, Hélas ! Je sens que ma tendresse, Pour lui redouble chaque instant, Ah ! Quand on attend ce qu'on aime, On éprouve un plaisir extrême Mais le coeur n'est jamais content. J'aperçois Fabrice, il faut que je le surprenne. Oui, c'est moi même ; je viens comme toi me promener dans cette campagne. Tu parais embarrassé de me voir.... Aurais-tu donné quelque rendez-vous Jeannette ? Oh ! Ne te gêne point mon ami, et va la trouver, je serais désolée de porter aucun ombrage aux inclinations de Monsieur Fabrice. Je ne le vois que trop pour mon malheur. Ah, tu le prends sur ce ton ! Eh bien adieu... Cependant avant de te quitter, je suis bien aise de t'avertir de quelque chose qui me fait de la peine pour toi. À la bonne heure. Mais s'il t'arrive quelque fâcheux événement, quelque désastre ! Que-sais-je ! Oh ce ne sera pas ma faute, adieu, adieu. Eh non, tu ne veux rien savoir. C'est une bagatelle, et tu n'as rien craindre. Si Monsieur le Baron te fait chercher partout pour te faire assommer, il est inutile que tu le saches ; d'ailleurs Monsieur Fabrice est un garçon si spirituel et si avisé qu'il évitera lui-même l'orage qui menace son dos... Oh tu n'en sauras pas davantage, fais ce que tu voudras, et console-toi avec Jeannette. Je suis donc présent ta chère Zerbine ? Eh bien il te faut renoncer à Jeannette, si tu veux que je te rende ce service. Jure moi donc de m'être toujours fidèle et de n'ai-mer que moi : mais... Que vois-je !... Tu soupires... Et tu n'oses point me regarder ? Dis-moi seulement une tendre parole qui m'assure de ton amour. Si l'amour t'engage, Ne sois plus volage, Rends moi ton hommage Donne moi ta foi ; Zerbine est à toi. Oui je veux sans cesse, Ne penser qu'à toi. Qu'avez-vous donc, Monsieur! Ah ! Mon cher maître, vous n'êtes pas le seul plaindre. Ah ! Monsieur, vous me voyez prête expirer de douleur. Un traître, un lâche, un perfide !... Il vient de me faire le plus tendre serment, et dans le même instant m'abandonne pour une autre. Voilà comme sont les amants : ils dédaignent toujours un coeur qui leur appartient et ne sont jaloux d'obtenir que celui qu'on leur refuse. Sans orgueil, j'ose vous dire Que plus d'un amant soupire Pour jouir de ma faveur. L'un me dit, ma chère amie, Je t'aime plus que ma vie ; Un autre me dit sans cesse De mes biens sois la maîtresse ; Mais du seul qui m'intéresse, Je ne puis toucher le coeur. Quelle peine ! Quelle gêne ! Je désire, Je soupire, Mais l'attente, Me tourmente, L'espérance qui m'enchante Augmente encore mon ardeur. Si je puis rencontrer Fabrice, je crois que je l'étranglerai dans ma fureur. Monsieur, voici une lettre qu'un courrier m'a chargé de vous remettre : je crois qu'elle est de conséquence, car il attend la réponse. Je ne m'étonne plus présent si elle était aussi fière avec moi. Voilà une aventure bien extraordinaire. Ne me fais donc plus la mine, Tu m'aimes, je le devine, Rends moi ton coeur et ta foi. **** *creator_moline *book_moline_inconnue *style_verse *genre_comedy *dist1_moline_verse_comedy_inconnue *dist2_moline_verse_comedy *id_FABRICE *date_1776 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_fabrice J'aime l'éclat des Françaises, L'air fripon des Milanaises, La fraîcheur des Hollandaises, Le port noble des Anglaises ; Allemandes, Piémontaises, Toutes m'enivrent d'amour, Et m'enflamment tour tour !... Mais mon aimable Jeanette Est si belle, si bien faite, Qu'elle fait tourner la tête ; Elle enchante tous les yeux, Elle est l'objet de mes voeux. J'aime l'éclat, etc. Je l'aperçois avec mon jeune maître... Comme elle lui parle avec agitation !... En serait-elle amoureuse ?... Éloignons-nous pour m'en éclaircir. Oh ! Oh ! Je croyais trouver encore ici Jeannette ! Elle n'y est plus. Où peut-elle être présent. Je la cherche partout et je m'impatiente, il faut cependant que je lui déclare mon amour, cela me pèse trop sur le coeur.... Mais voici Zerbine ; peste soit de l'importune ! Qu'elle vient ici mal propos. Serviteur. Eh ! Que sais-je ; cela pourrait bien être. Non : je m'en souviens encore, mais je n'y pense plus. Oh dame, je ne sais qui faire : c'est que j'ai changé de sentiment. Eh bien, prends un autre amoureux, je te le permets. Tiens, oublie moi tout fait et nous serons d'accord. Enfin m'en voilà débarrassé : mais je vois venir Clarisse avec le Vicomte, allons chercher partout ma belle Jeannette. Ô disgrâce imprévue ! On va renvoyer Jeannette, et elle doit sortir d'ici avant la fin du jour : non, je ne souffrirai point qu'elle s'en aille toute seule, et je m'enfuirai avec elle sans que personne s'en aperçoive. M'y voila tout résolu, allons la trouver. Ah ! Dissipez vos alarmes ! Je suis épris de vos charmes, Ne répandez plus de larmes, Je viens pour vous secourir. Je vous aime, j'ai tout à craindre ! Non, ce n'est rien. Oui je l'entends bien. Je vous aime. Mais le bruit toujours redouble. Hélas ! Que faire ! Dans cette affaire, Je désespère ; Ah pauvre hère, Où me cacher ! Chère maîtresse, Quelle détresse ! Chacun s'empresse À te chercher, Quelle tristesse Où me cacher! Modérez ce transport ! Quel triste sort ! Ah je suis mort ! Soyez plus doux Plus de courroux ! Ah ! Par pitié, Monsieur, modérez vous ! Je perds courage. Comment ! C'est toi Zerbine ! La fâcheuse rencontre ! De quoi te mêles-tu ? Je n'ai que faire de tes conseils. Tiens, tu feras mieux de me laisser tranquille... Elle ne s'en ira point. Je ne veux pas le savoir. Que veux-tu dire, attends. Quel est donc ce désastre, explique toi ? Ah ma chère Zerbine, écoutes moi, ne m'abandonnes pas, parles pour moi Monsieur le Baron. Oh ! Je te le promets. Allons, voila qui est fait : je ne pense plus à Jeannette, et je te rends mon coeur. Je dirai sans cesse Que cette finesse, Toujours m'intéresse : Que ta gentillesse Ton air de noblesse ; Sont dignes ma foi, De charmer un Roi. Je fais la promesse De n'aimer que toi. Ah ! Quelle allégresse ! Quelle douce ivresse, Reçois ma tendresse, Oui je veux sans cesse, Ne penser qu'à toi. Je te rends ma foi. La voilà ! Que je suis content ! Ah ! Jeannette, je viens partager votre infortune, et je veux vous aimer toute ma vie. Me voilà bien avancé. Ah ! Cruelle ! Devais-je m'attendre cet accueil ? Je quitte pour vous ma fidèle Zerbine, et je m'expose à la colère de mon maître... Ah ! C'en est trop ! Je ne veux pas survivre cet affront. Au fond d'un précipice, Je vais finir mon sort ! Du malheureux Fabrice Vous causerez la mort. Chacun dira d'abord, Voilà cette cruelle ! Amants, fuyez loin d'elle ! Redoutez sa rigueur, Ou craignez mon malheur. Je ne serai plus volage, Fabrice enfin est à toi, Qu'un tendre amour nous engage Reçois mon coeur et ma foi.