**** *creator_moncrif *book_moncrif_abderites *style_verse *genre_comedy *dist1_moncrif_verse_comedy_abderites *dist2_moncrif_verse_comedy *id_NICANDRE *date_1732 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_nicandre Adieu Lisis. Pour les soins de l'État, il me faut vous quitter. Sur une scène ? Hé bien ; la République, Le conseil achevé, pourra vous écouter. C'est un bon citoyen, il n'est pas sans mérite : Qu'en dit Phorbas ? Sans doute. Des rôles entre nous, il faut fixer le choix. Moi j'ai choisi les rois. Vous, Seigneur ? Fort bien ; mais à propos, il est temps de peser Un intérêt qui paraît d'importance : L'envoyé de Sardis attend son audience; Il vient, dit-on, nous proposer Un traité de commerce. Nous avons un théâtre à faire, Et bien des acteurs à dresser. Peut-on être plus décemment, Qu'en habit de tragédie. Allez, qu'il vienne. Vous voyez les trois chefs de notre République. Il débite avec grâce. Ah qu'il réussirait à jouer le tragique ! C'est pour vous applaudir, Poursuivez ; tout en vous, Seigneur, nous intéresse. Est trop inquiétée, De soins plus importants, je l'ai cru agitée: Ce n'est ps-là le ton , je me ferais siffler. La Grèce en ma faveur, est trop inquiétée, D'un soin plus important, je l'ai cru agitée, Seigneur, et fur le nom de son ambassadeur, J'avais dans ses desseins conçu plus de grandeur. Quoi ! Tandis que mous déclamions, L'Ambassadeur a quitté l'audience ? Songeons à mettre enfin un théâtre en état. Et vous, Seigneur? Vous pouvez... Aller choisir des fleurs pour coiffer les actrices. J'aurai soin d'ordonner la pompe des habits. Une troupe ! Elle est nombreuse. Sans doute ? Un ! Il faut l'écouter. Cette énigme me cause une surprise extrême. Que vois-je ! C'est Aristème. Vous méritez une statue. Quel est le sujet ? Elle peut commencer. Ah ! J'en fuis enchanté. Avec tendresse et dignité. Une reconnaissance à vous seul, je l'avoue, Est un morceau tout neuf, et bien exécuté. Vous voulez, je le sais entrer dans ma famille, Je vais de votre hymen hâter les doux instants, Je romps avec Lisis tous mes engagements : Il n'a que ma parole et le coeur de ma fille, Des trésors, des vertus ; vous avez des talents. Allez faire dresser cet acte intéressant, Qui de l'hymen forme les chaînes. J'estime fort Lisis je connais son mérite. Je songe à son hymen. Votre époux est parfait. Il a le geste admirable, L'intelligence, et la voix.. C'est Aristeme enfin. Voilà mon choix, Un gendre qui déclame est toujours préférable. Quel avis diffère ?... Seigneur, tout y déclame ! ai-je pu faire mieux ? Seigneur, vous me frappez par un trait de clarté ; Mais la grossièreté D'une bergère et d'un pâtre, Serait-elle sensible à la sublimité Des grands sentiments du théâtre ? Comment est-on saisi par des scènes pareilles ? Quoi ! Sans prose, ni vers ! Que fait le spectateur ? Vous nous annoncez-là d'étonnantes merveilles. C'est la fin. Pouvez-vous le soupçonner? Seigneur, je vous admire et vous m'allez connaître : Quiconque a la vertu que vous faites paraître, Mieux que moi, dans Abdere, a droit de gouverner. Je vous cède ma place. Vaine réplique, Je vais vous y forcer par l'aveu du Sénat, Charmé de procurer à notre République, Un aussi grand homme d'État. Puis-je désespérer le Seigneur Aristème ! Il a de grands talents , s'il allait nous quitter : J'abandonne en ce jour pour pouvoir m'acquitter, À lui ma fille, à vous le rang suprême. Le Sénat bientôt s'assemblera, Entre Aristème et vous, c'est lui qui jugera. ! Ah ! C'est Aristème. Anaximene suit et j'aperçois Phorbas, Leur avis m'ôtera d'un embarras extrême. Hé bien ! Nos actrices, hé bien, vous avez eu pour elles, De parfaitement belles fleurs ? Voyons ce qu'il expose. Comment ? En prose ? Ô sublime génie ! Un contrat poétique : ah quelle autorité! Lisez. Taisez-vous. Je suis charmé, je signe en cet acte, Seigneur, L'époque de notre grandeur. Pour couronner le jour de cet heureux lien, Il faut sur le théâtre en célébrer la fête. Quel trésor de sagesse! Un amant conte les rigueurs Que lui fait souffrir sa Silvie. Mais plus discret sur les saveurs, Il doit jouer la Comédie. Un sot prétend vous amuser, La plus laide se croit jolie, Chercher à les désabuser, Ce serait bien une folie. Un sage a de quoi s'excuser, D'avoir joué la comédie. Pour plaire affecter chaque jour, Les transports d'une âme attendrie, Il vaut mieux même sans retour Aimer tout le temps de sa vie. L'état le plus dupe en amour, Est de jouer la comédie. **** *creator_moncrif *book_moncrif_abderites *style_verse *genre_comedy *dist1_moncrif_verse_comedy_abderites *dist2_moncrif_verse_comedy *id_ANAXIMENE *date_1732 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_anaximene Sans la frivolité, sans l'erreur qui l'agite, D'accroître ses honneurs, ses titres et son bien, Nous en ferions, je pense, un grand comédien. Je ferai les héros. Il faudra qu'il diffère ; Un autre objet a droit de nous intéresser. Un moment. Faut-il le recevoir, dans cet ajustement ? Oui, ce grand appareil doit être à l'avenir Notre habit de cérémonie. Il a du pathétique. Votre fille vivra je puis vous le prédire, Cet oracle est plus sûr que celui de Calchas. La gloire m'excitant, d'un vol audacieux J'ai fait la guerre aux rois, je la ferais aux Dieux. Héros, votre valeur rivale du tonnerre, Vous fait plus que les rois, les maîtres de la Terre, Il a vu que nous répétions, Il s'est retire par prudence. Hé bien, je vais dresser un décret du Sénat Qui fixera la forme des coulisses. J'apporte ici d'importantes nouvelles. Le théâtre est dressé, formons vite les Choeurs. Il contient, comprenant les ailes, Mille ou douze cents acteurs. En prose ? Il est digne d'un temple. Modèle séduisant pour la postérité. Et pour la préparer quatre jours seulement. Prête déjà ? Comment ? À peine arrivez-vous et pour ce soin pénible... **** *creator_moncrif *book_moncrif_abderites *style_verse *genre_comedy *dist1_moncrif_verse_comedy_abderites *dist2_moncrif_verse_comedy *id_PHORBAS *date_1732 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_phorbas Fort bien ! Très bien ! Du mérite ; il est vrai : mérite et citoyen. Le croyez-vous? Il jouerait bien je pense ! Les amants ! Et c'est par convenance. Il m'enchante : à dresser et le Théâtre à faire. Allez ; il peut venir. J'y songeais, au tragique il pourrait réussir. Dans ces tendres instants, j'ai cent fois éprouvé, Qu'un mortel peut goûter un bonheur achevé. Ah ! Lorsque pénétré d'un amour véritable, Et gémissant aux pieds d'un objet adorable , J'ai connu dans ses yeux, timides ou distraits, Que mes soins de son coeur avaient troublé la paix. Et moi.. . Oui, je puis.... Oui des fleurs parfaitement belles. En prose ? Lisez. Oui, me taire. Déjà prête. Oui plaçons. Que Nicandre connaît les coeurs! Oui, les rigueurs on les publie. **** *creator_moncrif *book_moncrif_abderites *style_verse *genre_comedy *dist1_moncrif_verse_comedy_abderites *dist2_moncrif_verse_comedy *id_MIRTO *date_1732 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_mirto J'ai bien à vous conter fans doute ; Vous arrivez apparemment ? Mais enfin, dites-moi donc comment Vous vous trouvez de votre route ; Vos affaires, votre santé, En êtes-vous content, tout a-t-il bien été ? Il faut ne me rien taire. Un bizarre malheur depuis peu nous agite. Depuis que vous êtes absent, Mon pauvre époux ! Quelle manie! Un charme de la Thessalie, Car cela ne se peut sans un enchantement, L'a fait passer en un moment, De la raison à la folie. Il s'est engoué d'Aristeme. De ma fille peut-être, il en fera l'époux. Depuis l'enchantement dont il est tourmenté, Le reste lui paraît frivole. Bon, hors nous, sa manie ici n'étonne guère, Presque tous les cerveaux d'Abdere, Sont en aussi mauvais état. Ah c'est une contagion! Oui, j'en reviens toujours à ma réflexion ; L'art de la Thessalie entre dans cette affaire. Tenez, voici l'occasion De cette malédiction, Dont Abdere jamais n'avait connu d'exemple. Des étrangers dans le cirque un matin, Dressèrent à nos yeux une espèce de Temple : L'espace n'était pas fort ample ; Mais leur art les servit si bien, Qu'ayant fasciné notre vue, Nous vîmes un palais d'une immense étendue, Puis des monts, des rochers, et puis dévastes mers : Un Dragon en sortit qui jetait dans les airs, (J'en ai l'âme encor toute émue,) Des torrents de feux et d'éclairs. Enfin ces étrangers conservant leurs visages, Mais ayant certain vêtement, Nécessaire sans doute, à cet enchantement, Devinrent tout à coup d'étonnants personnages : C'était des Dieux et des héros ; Ils l'étaient en effet ; car avec certains mots, Dont ils frappèrent nos oreilles, La crainte ou le respect, la joie ou la douleur, À leur gré se glissait au fond de notre coeur. De ces dangereuses merveilles, Mon esprit sagement se sentit alarmé ; Je ramenai Carite, et je fus m'enfermer Pour ne point voir choses pareilles. Vraiment vous ignorez la suite épouvantable, Du pouvoir de ces démons-là. Je ne sais de leur voix quel charme s'exhala, Mais depuis, chacun dans Abdere, Est à les imiter sans relâche occupé : On ne connaît plus,.d'autre affaire. Nicandre mon époux, et je m'en désespère, De la contagion paraît le plus frappé Bon, des jeux ! Ces jeux rendent fous ! À les représenter tout. Abdere s'applique, Et pour s'en occuper, mon insensé d'époux , Néglige la chose publique, Et tous les devoirs de chez nous. Bon : Phorbas est un sot, Anaximene un fat, Que la même fureur promène Sur ce que Nicandre prescrit, Phorbas est sans cesse en extase, Et répétant toujours mot pour mot ce qu'on dit, Pourvu qu'il retourne la phrase, Il se croit un fort bel esprit. Anaximene est, ne vous en déplaise, D'esprit si gauche et si diffus : On voit qu'il est tant à son aise, Quand il saisit le faux pour l'outrer encor plus. Les voilà : le bel assemblage! Ô cela fait pleurer, les voir en cet état. Je vais... vous allez voir. Ô Minerve ! De mon époux, Retournez un peu la cervelle. Je viens à vos genoux rougir de l'ignorance Qui me faisait si sottement, Exercer votre patience, En condamnant obstinément, L'ingénieux amusement, Que j'accusais d'extravagance. Quand je dirais que ma haute prudence, Ma vive pénétration, Ont démêlé l'illusion : Ce serait mentir d'importance. Pourtant me pardonnerait-on, En faveur de l'effort, rarement efficace, Qu'il faut qu'une femme se fasse Pour revenir à la raison. De bonne foi, je veux bien vous le dire, De mon ridicule délire, Lisis seul a détruit la folle impression, De votre aveu, je lui promis ma fille. Unissons-le à notre famille. Il sait guérir l'esprit, croyez-moi, cher époux, Un pareil empirique est un trésor pour nous. Mais que décidez-vous sur le sort de Carite ? Faut-il,savoir jamais ? Quoi, vous trouverez bon... Discourir sans parler, ce sont contes frivoles. Ils me divertissaient. Lisis lui plaît et l'aime. Après avoir promis, pouvez-vous hésiter ? Vous le savez, je suis la complaisance même, Mais si vous croyez l'emporter. Le Sénat. Pour moi, c'est un plaisir extrême : Quand je me marierais moi-même, Je n'aurais pas assurément, Un plus parfait contentement. Puissiez-vous éternellement, Joyeusement, fidèlement. Oh le gendre charmant ! **** *creator_moncrif *book_moncrif_abderites *style_verse *genre_comedy *dist1_moncrif_verse_comedy_abderites *dist2_moncrif_verse_comedy *id_CARITE *date_1732 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_carite Maman, c'est Lisis ! Je le vois. Lisis. Vous parlez toujours à ma mère, Vous ne m'avez encor rien dit. Jugez s'il est dans son bon sens : Il ne veut plus que je vous aime. Je ne voudrai jamais. J'en partis à regret, on y parlait d'aimer : Un de ces enchanteurs, son nom, c'était Persée ; Je m'en souviendrai plus d'un jour ; Il aimait Andromède, et lui parlait d'amour ; Vous me veniez d'abord en la pensée. Tout ce qu'il exprimait ma paraissait si doux ; Pour mes yeux c'était lui, pour mon coeur c'était vous. Ah ! Que vous me plaisez ! Nous pourrons en jouir J'avais grand peiné à les haïr, Ils parlent si bien:de tendresse ! Ramenez, revenez, Lisis ; dépêchez-vous. J'y songe bien aussi. Mon coeur me l'a choisi. Lisis. Moi je n'en ai donc guère, Lisis, de vous aimer si bien, Non vraiment. Eh ! n'en croyez rien. Pourquoi ? Tenez, j'entends un geste de Lisis, Mieux que d'un autre les paroles. Ils m'attendrissaient. Me donnez-vous aussi ?... Eh pourquoi sur cet embarras , Ne me pas consulter moi-même ? Sur le choix d'un époux qu'est ce qu'ils m'apprendront ? C'est moi qui dois l'aimer, c'est eux qui choisiront ? Maman, dépêchez je vous prie. Ah ! Je viens de signer le bonheur de ma vie. Amour, que mon rôle est charmant ! Il me plaît plus je l'étudie : J'épouse aujourd'hui mon amant Pour mieux l'aimer toute ma vie. Ah que d'aimer bien tendrement, Est une douce comédie ! **** *creator_moncrif *book_moncrif_abderites *style_verse *genre_comedy *dist1_moncrif_verse_comedy_abderites *dist2_moncrif_verse_comedy *id_LISIS *date_1732 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lisis Mais Dromon, es-tu fou ? Réponds, mais nettement ; la lettre Qu'à Nicandre il fallait remettre ?... Hé bien, qu'a-t-il répondu ? Va dormir, va. L'ivresse quelquefois met dans l'esprit des gens Une bizarre rêverie. De bonne foi, Dromon , Dis-moi quelle vapeur t'a troublé la mémoire? Fort bien. Qui te dit le contraire ? Après ? Ah ! Te voilà dans ta chimère. Pauvre Dromon ! Cerveau pour jamais éventé. Je vous retrouve enfin, De grâce apprenez-moi... Oui. Mon coeur ! Mirto, je vais d'abord... Écoutez un récit, Que ce maraud vient de me faire. Je soupire, je crains, c'est vous parler, Carite. Quel est ce chagrin si pressant ? Ah quel événement ! Nicandre était la raison même : Tourner à la folie, et dans si peu d'instants! Quel excès ! Que m'apprenez-vous ! Que devient sa parole ? Entre nous tout est concerté. Quoi ! de la République un premier Magistrat, Nicandre, à nous régir homme si nécessaire ! Son malheur s'il est su fera bien de l'éclat. Voici bien un autre mystère! Cette naïveté la rend plus adorable. Carite, croyez-moi mieux que ces enchanteurs, Vous possédez l'art admirable, De vous assujettir les coeurs. Dissipez ces frayeurs, perdez votre tristesse; Cette puissance enchanteresse, Dont la nouveauté vous séduit : N'est qu'une ingénieuse adresse, Pour amuser le coeoeur, pour embellir l'esprit. Les plus sages peuples de Grèce, De ces utiles jeux font leur plus grand plaisir. Mais quoi ! Phorbas, Anaximene, Ses collègues chargés comme lui de l'État ?... D'accord. Ils aiment le métier: porter cet équipage, Dans le lieu même où se tient le Sénat ! Eh ! Point de pétulance, Croyez-moi la patience Sert bien mieux que le courroux. Fiez-vous à mon coeur. Fiez-vous à mon zèle. Je vais joindre Nicandre, et ramener à nous.... Seigneur, mon retour m'est bien doux ; Tout ; m'appelle auprès de Nicandre. J'ose prétendre... Sur une scène tragique, Je venais vous consulter. Oui les Abdérites sont fous, D'aimer ainsi la comédie. Mais le voici. Sur sa manie, Songez à le flatter ; ayez l'esprit plus doux. Le Seigneur Nicandre a raison. Calmez-vous, et me laissez faire. Je dis raison... Peut-être en ma faveur son âme était séduite, Quand il me promit que Carite Unirait son sort et le mien ; Il est juste, après tout, qu'il pèse le mérite Des concurrents dont la poursuite A pour objet un si grand bien. Je l'avouerai d'ailleurs, dussai-je lui déplaire, Sur cet art devenu notre plus grande affaire, Mon sentiment est diffèrent du sien. Un moment. La scène entre les dons répandus par les Dieux, Sans doute est la faveur aux mortels la plus chère. Vous gouvernez l'État, et fixez dans Abdere , Un Trésor si précieux ! Tristes habitants des campagnes, Quoi vous seriez réduits dans votre obscurité, À vivre sans théâtre avec tranquillité ! L'innocente simplicité, La paix et l'amitié, ses fidèles compagnes, Feraient dans les vallons, même fur les montagnes, Votre unique félicité ! J'ai formé des acteurs, qui sans prose, ni vers , Peuvent être entendus dans le vaste univers. Leur art ingénieux Parle à l'esprit, au coeur, sans frapper les oreilles. Il ouvre de grands yeux. Soyez bien attentif, leurs discours sont précis. Allez. Seigneur, vous gardez le silence, Est-ce mépris, indifférence? . . Hé non. Quoi ! C'est-là votre contrat ? Donnez. C'est-là votre contrat ? Carite est à moi. Vous y renoncez, je le vois. Sans doute. Le contrat est en prose. Je ne le force pas, il le dit librement : Je vous réclame, ici profonde politique, De ces illustres Chefs de notre République. À combien de clarté nos yeux se sont ouverts? Depuis que nos esprits devenus dramatiques, Passent à déclamer les instants les plus chers. Non, vous n'en doutez point, pour rendre à l'univers Nos actes, vos arrêts à jamais authentiques, Il faut dès cet instant qu'on les compose en vers. J'établis à la fois le précepte et l'exemple. Ce fut. Ce fut l'an mémorable où le Sénat d'Abdere, Acquit de déclamer le talent salutaire, Où Nicandre enflammé par un zèle si beau, Fut le père et l'honneur du théâtre au berceau; Que l'amoureux Lisis, la charmante Carite, La raison les guidant, les plaisirs à sa suite, Sur la foi de l'estime et l'ordre des amours, Obtinrent de l'hymen qu'ils s'aimeraient. Le coeur fit le serment, les parents l'approuvèrent, Et pour le confirmer sourirent et signèrent. Je suis plus sûr encor que vous signez le mien. La préparer ! Elle est prête. Je détruis par un mot ce grand étonnement ; Aimez Carite un seul moment, Vous ne verrez rien d'impossible. Plaçons-nous. Qu'on commence à l'instant. Parcourez, pesez mûrement Les plus doux plaisirs de la vie ; Ce qui vous rit dans un moment, Le moment d'après vous ennuie. Non rien ne plaît si constamment, Que de jouer la comédie. Quand l'objet qui trahit vos feux, À vous bien tromper s'étudie, Si vous êtes bien amoureux, S'il vous cache sa perfidie, Vous êtes encor trop heureux Qu'il ait joué la Comédie. Complaisant, doux, ingénieux, Damis plaira toute sa vie ; Vous ne lisez point dans ses yeux, Que votre sottise l'ennuie. Pour les sots, peut-on faire mieux Que de jouer la comédie. **** *creator_moncrif *book_moncrif_abderites *style_verse *genre_comedy *dist1_moncrif_verse_comedy_abderites *dist2_moncrif_verse_comedy *id_ARISTEME *date_1732 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_aristeme L'annonce a dû vous troubler, Il n'en est pas moins croyable. Quelle découverte admirable, Seigneur, je vais vous révéler ! La troupe la plus zélée Sans foins n'est pas rassemblée. Le goût du changement ou de la liberté, La fortune, l'amour, la haute dignité, Peuvent vous débaucher un acteur regrettable ; Le penchant le plus raisonnable, Par un frivole objet est souvent emporté : J'évite par mon art cet embarras extrême, De réunir longtemps les goûts et les humeurs ; Apprenez mon secret : je suis, moi seul, Les actrices et les acteurs. moi-même, Le projet est hardi ! vous en verrez l'issue : Une scène ou deux seulement, Vous suffiront pour bien juger du reste. Le moment De la reconnaissance et d'Électre et d'Oreste. Vous êtes le public, songez à vous placer : Allons, la troupe est prête. Égiste, enfin le sort va remplir ta vengeance, Tu vois ton ennemi tomber en ta puissance, Oreste est dans ces lieux, par Alecton conduit : Et tu vas le plonger dans l'éternelle nuit. Sous le nom d'assassin, il a cru me surprendre : D'Oreste, disait-il, j'apporte ici la cendre ; Mais malgré ce rapport adroitement tissu, À sa secrète horreur, mon coeur l'a reconnu. D'un mensonge inventé, je vais faire un oracle. Tu supposais ta mort, j'en aurai le spectacle: Électre qui d'un frère en toi voit l'assassin Te cherche, et d'un poignard va te percer le sein. Mais, il vient, et je vois Électre qui s'avance : Sortons , laissons au fort le soin de ma vengeance. Oreste, que ces lieux irritent ta douleur ! Palais d'Agamemnon, vous me frappez d'horreur ; Dieux ! Vous l'avez permis ; le meurtre de mon père, Est pour comble d'horreur, le crime de ma mère. Égiste a consommé ses barbares fureurs : Mais quelle est cette esclave ? Elle répand des pleurs ! Hé bien, la Troupe ? Et vous trouvez qu'Électre joue... Ah Seigneur ! Par combien de scènes Vais-je vous assurer d'un coeur reconnaissant. Vous êtes obéi, Seigneur, exactement ; Voici cet acte heureux, aimable dénouement ; Qui conduit à l'hymen. Oui. Hé pourquoi ? Oui. Moi ? Assurément. Mon espoir est tombé, sa flamme est applaudie, Mon rôle c'est l'amant ? L'époux sera le sien : Il est peu d'acteurs dans la vie Qui d'un rôle éternel, s'acquittent toujours bien. **** *creator_moncrif *book_moncrif_abderites *style_verse *genre_comedy *dist1_moncrif_verse_comedy_abderites *dist2_moncrif_verse_comedy *id_TERGALION *date_1732 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_tergalion Que vois-je ! Suis-je au Sénat ! C'est vous qui régissez l'État ? Seigneurs ! Des Sardiens vers Abdere envoie, Je viens serrer les noeuds de l'alliance antique, Que fonda la vertu, qu'affermit l'amitié... Quoi ! Vous m'interrompez ! Le commerce en tous les États, Est la source de la richesse ; Respectable Sénat, votre haute sagesse Sans doute ne l'ignore pas. Il est temps que Sardis unie avec Abdere, De cette ressource si chère fasse naître et fleurir l'avantage certain : Ô Mercure ! Protège un si juste dessein ! Que vois-je ! Quel est ce délire ! Sénateurs , répondez. On ne m'écoute pas. On m'outrage : La Grèce... Quel Démon vient donc les troubler ! Celui-ci me paraît plus sage ; Que dites-vous, Seigneur, de cet outrage ? Quel bruit ! Que d'impertinences ! Ce Sénat est majestueux : On ne peut faire avec eux, Qu'un commerce d'extravagances. **** *creator_moncrif *book_moncrif_abderites *style_verse *genre_comedy *dist1_moncrif_verse_comedy_abderites *dist2_moncrif_verse_comedy *id_DROMON *date_1732 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_dromon J'en ai tout l'air, d'accord ; Mon discours; j'en conviens, a l'entière apparence, De la plus haute extravagance: Je vous fais cependant un fidèle rapport. Votre billet à Nicandre est rendu. Le voici mot pour mot, je l'ai bien retenu : Seigneur, concevez-vous l'horreur qui me possède? Un monstre, ah quel époux pour ma fille Andromède ! Je veille et parle de bon sens. Ah ! Que si je l'osais je serais en furie. Comment ! Seigneur, j'aurai raison Pour la première fois peut-être de ma vie, Et n'en jouirai pas ? Écoutez moi patiemment, Et malgré-vous, vous m'allez croire : Comment aurais-je oublié, Que dès le grand matin, chagrin, estropié, Je fuis à votre suite arrivé dans Abdère, Où tout dormait tranquillement, où je pestais contre vous de colère, De n'en pouvoir faire autant. Je conte exactement, Impatient, comme à votre ordinaire, Ne m'avez-vous donc pas envoyé brusquement,. Chez votre futur beau-père, Chez Nicandre ? Avouez... Écoutez-moi toujours: chez Nicandre arrivé, N'ai-je pas trouvé Mirto son épouse si chère, Qui m'a reçu d'un air plein de bonté : L'agréable caractère! Elle aurait la docilité De parler un an sans se taire; Voici le vrai noeud de l'affaire : Lorsqu'à Nicandre enfin je me suis présenté, Je ne mens pas d'un mot, il était ajusté. Il m'a parlé d'une manière Véritablement singulière, Pour soutenir la gravité Du premier magistrat d'Abdere. Tenant un sceptre en main, marmottant de grands mots, Il était transporté d'une plaisante ivresse: Tantôt il me traitait de vainqueur, de héros, Et le moment d'après, il m'appelait Princesse. Seigneur, j'ai pour garant, outre ma probité, Mirto sa femme, et sa fille Carite : Ah les voilà ! Quelle félicité ! Vous l'allez voir ; la vérité Est ma vertu favorite. Dromon est un ivrogne. **** *creator_moncrif *book_moncrif_abderites *style_verse *genre_comedy *dist1_moncrif_verse_comedy_abderites *dist2_moncrif_verse_comedy *id_UNESCLAVE *date_1732 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_unesclave L'envoyé de Sardis se présente. Une troupe, Seigneur, se montre ambitieuse De vous plaire. Elle vient devant vous débuter. Ils ne font qu'un.