**** *creator_montfleury *book_montfleury_fillecapitaine *style_verse *genre_comedy *dist1_montfleury_verse_comedy_fillecapitaine *dist2_montfleury_verse_comedy *id_monsieur-le-blanc *date_1672 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_monsieurleblanc Ma divine Moitié, vous n'en avez que faire : Si vous voulez me plaire, il faut changer de ton. Et m'enlevera-t-on ? On m'ouvrira la Porte. Que m'importe ? Hé bien, tant-pis pour eux. Il vaudroit mieux vous taire. L'on fait ce qu'on doit faire. Il faudroit financer. Je me ferois penser. Cependant, en un mot, comme en mille, De vos si mal placez, la suite est inutile : D'un soin tout different nous voulons nous piquer ; Vous de me contredire, & moy de m'en moquer. Penélope fut bien dix sans voir le sien. Ouvrez vostre fenestre, & voyez les passans, Je ne l'empesche pas. Je vous entens, j'ay tort de n'estre pas Cocu ; Je dois m'y préparer, ma Chere, & c'est dommage Qu'une Moitié semblable ait esté mon partage : Vostre honneur desormais ne me répond de rien, Et vous vous repentez d'estre Femme de bien. Mais enfin, voila vostre Morale, Voila le but où tend vostre Mercuriale. Il est vray, j'ay grand tort ; Par ce raisonnement vous me faites connoistre Que je ne le suis pas, mais que je devrois l'estre, Et que vostre devoir consiste desormais A me faire porter… Point de mais : Pour faire des Galans⁎, le prétexte est honneste. Laissez-moy, vous me rompez la teste, Vous me feriez encor quelque autre sot discours. Morbleu, laissez-moy, vous raisonnez toûjours. De pareils Animaux, la moitié d'une paire, Si l'on n'y tient la main, donne plus d'une affaire. Où diable a-t-elle pris ce beau raisonnement ? Veut-elle, concluant ainsi directement, Insinuer en moy, par ses raisons obliques, Le tranquille sang froid des Marys pacifiques ? Ou si quelque soupçon de mon nouvel amour L'a fait, pour m'imiter, servir de ce détour ? Mais voicy mon Neveu, je pense qu'il murmure. Qu'avez-vous, Chevalier de la triste Figure⁎? Quelque sept-&-le va, vous a-t-il mal traitté ? Quelque coup de cornet auroit-il transplanté, Par un nouvel effet d'un malheur sans resource, Dans un Corps étranger, l'ame de vostre bourse ? D'un pic & capot, le desordre outrageant, Vous auroit-il laissé sans joye & sans argent ? Sur un trente & un, quelque indiscret quarante, Ne vous a-t-il point fait visite trop frequente ? Ou bien si c'est d'ailleurs quelque nouveau malheur Qui fait faire une éclipse à vostre belle humeur ? Voila du fruit nouveau. Donques pour quelque Belle, Mon doucereux Neveu, vous en avez dans l'aisle ? J'en croy plus encor que vous n'en dites, Et je croy que l'on doit voir devant ses appas⁎ Les Roses & les Lys mettre pavillon bas. Mais vous trouverez bon, mon Cadet, qu'on vous dise, Qu'il est toûjours trop tost pour faire une sottise, Et que quoy que l'Amour vous promette de doux, Le nombre des Marys n'est que trop grand sans vous ; Qu'il faut quand l'Hymen⁎ tient nostre cœur en balance, Ensevelir l'Amour dans un drap de prudence ; Que j'ay pour en juger, suffisamment vescu, Et que dans la Famille il suffit d'un Cocu. Si je ne le suis pas, je suis en train de l'estre. Je voy tout le secret : Estant vostre Tuteur à vostre grand regret, Vous voulez que je parle au Père de la Belle. C'est à dire, en deux mots, Que ses biens à l'Hymen⁎ vous feront condescendre, Et que sur vostre front vous mettez, Place à vendre. Hé bien j'en suis d'accord ; mais sçaurons-nous son nom ? Comment ? Parlez-vous tout de bon? C'est… Morbleu, je meurs d'amour pour elle. Cette Belle seroit bien lasse de sa peau; Et vous estes pour elle un plaisant Etourneau⁎. Il est vray ; mais enfin ce seroit la tromper, Et dans un tel dessein je ne veux point tremper ; Car puis que vous voulez qu'enfin on vous le die, De quel air passez-vous & le temps & la vie ? Quoy que vous ne soyez que le Fils d'un Banquier, Vous vous faites nommer Monsieur le Chevalier, Et vous estes de ceux dont la Chevalerie N'eut jamais à Paris d'Ordre que l'Industrie ; De ces Gueux faineans, de qui l'air est cocquet, Dont le sort est écrit sur les os d'un Cornet, Dont les Commandeurs sont les Carmes & les Sannes, Et qui font chez Fredoc⁎ toutes leurs Caravannes Il faut que vous ayez toûjours dans vos Festins Des Escrocs qu'on ne voit que chez les Libertins, Des gosiers toûjours secs, puisqu'il faut qu'on s'explique, Des diseurs de bons mots, des brailleurs en Musique, De ces chanteurs oisifs, dont l'ardeur d'entonner Sur les charmes d'un Air hipoteque un Disner, Et qui payent chez vous, se trouvant dans leur centre, Aux dépens de leur voix, le tribut à leur ventre. Vous voulez faire en tout l'Homme de Qualité : Tanstot à la faveur d'un Carrosse emprunté, Bigarré du fatras de vingt modes nouvelles, Vous allez au grand trot, du Brelan, chez les Belles ; Et l'on vous voit au Cours, sur le déclin du jour, Aussi fier qu'un Bourgeois qui porte un deüil de Cour. Il n'est amour qui tienne, Vostre facon d'agir quadre mal à la sienne ; Vos parolis frequents, & souvent mal placez, Luy feroient bientost voir ses Loüis éclipsez, Et vous pourriez porter, vivant à vostre guise, Un bois de Cerf pour timbre, & J'en tiens pour devise. C'est un petit malheur dont je veux vous parer. Mais il n'en fera rien. & je n'en veux rien faire : Taisez-vous. Taisez-vous, vous dit-on, pupille suranné. Vous ne sçauriez mieux faire. Cecy n'est pas mon compte, & ce jeune Coquet A pû charmer Lucinde avecque son cacquet ; Puis qu'il l'aime à ce point, on peut l'aimer de méme. Cependant je l'adore, & depuis que je l'aime, Je n'ay point de repos⁎, je maigris tous les jours, L'Amour a mis chez moy la Raison en decours; Je la suis en tous lieux ; mais quoy que l'on en die, Je veux absolument rompre cette partie. Le dessein que je fais est un peu dangereux, Mais il faut hazarder, si l'on veut estre heureux ; Je l'aime, elle le sçait, mes soins l'ont fait connoistre : Voyons-la ; Que sçait-on ? je lui plairay peut-estre. Oüy, Madame Cato, vous m'en voyez charmé ; Et je viens de plaisir & de joye affamé, Voir si par un bonheur qui passe mon mérite, Je puis faire ceans⁎ une heureuse visite. Oüy, ma Chere, dy-moi, penses-tu qu'elle m'aime ? Quoy ? poursuis. Mon air luy plaist ? Elle m'aime ? La Friponne ! Instruis-moy de toute sa tendresse⁎. Va, va, si le succés peut feconder mes vœux, Je vous feray bientost mieux dormir toutes deux : Je veux que par mes soins vous soyez soulagées, Et que… Avec un peu de temps, je veux pourvoir à tout : Mais puis qu'à me souffrir Lucinde se résout, Ne la verray-je pas… Un Capitaine ! D'où ? Quel Homme est-ce ? Ces pestes d'Officiers sont querelleurs en diable. La peste ! Avec de tels Bréteurs il faut filer bien doux. S'il me voyoit ceans⁎… Je m'en vais faire un tour, & verray ta Maistresse Quand il n'y sera plus. Ne t'en mets point en peine. Mais si le Capitaine Vient à voir ma Figure⁎, & se tient insulté, Je me garantis mort à perpetuité. Hé bien va. Tout cecy passe la raillerie ; Je crains dans mon calcul de m'estre méconté. Ah que mal-à-propos le Diable m'a tenté ! Si je m'y connois bien, ce maudit Capitaine Ne feroit pas façon d'ensanglanter la Scene. Ouf, je tremble de peur dés que j'entens du bruit ; Le cœur me bat, je croy que c'est luy qui me suit. Que c'est bien employé ! N'ay-je pas une Femme Honneste, s'il en est ? qui m'adore dans l'ame ? Belle, & dont la vertu ne se peut contester ? Quelle démangeaison me prend de coqueter ? Et de venir chercher, par une sotte envie, Un moment d'entretien⁎ aux dépens de ma vie ? Ah dessus⁎ ce sujet que j'ay mal raisonné ! Mais si l'on m'y retient, je veux estre berné, Car j'en auray la fievre au moins une semaine. Ah morbleu, je suis mort, voicy le Capitaine. Je dançois la Bourrée, & le pied m'a glissé. Ce n'est rien : Mais que fait Monsieur le Capitaine ? Mon merite est petit, mais vos bontez sont grandes. Je n'en pense pas moins ; Mais je crains qu'on ne trouble un bonheur dont je doute, Et la peur quelquefois met la joy en déroute. Le facheux contretemps ! Je n'en ay pas envie. Tréve de compliment⁎, Où faut-il me cacher ? Je me fie à Cato, qui me trahit peut-estre. Ecoutons-les sans bruit, je pourray le connoistre. Je tremble. La Matoise, Est de plus d'un Mestier. L'éfrontée ! L'obligeante Cato luy va chercher la Belle. Morbleu, fut-il déjà dans sa Chambre avec elle. Il ne sort point d'icy. Le grand Fripon que paroist celuy-ci ! La peste ! C'est ma Femme ! La Gueuse ! La Coquine ! Fort-bien. Voila la Marchande de joye : L'affront que l'on me fait, ne m'est que trop connu, Et l'aveu⁎ qu'on en fait, n'est que trop ingénu. Voila de ces Serpens, de ces Pestes publiques, Qui trafiquent l'honneur par de sourdes pratiques, Et dont l'art secondant les soins d'un Favory, Feint de coëffer la Femme, & coëffe le Mary. Et vous, nostre Moitié, qui devenez commune, Vous avez donc des Gens qui vous cherchent fortune ? Pour le premier venu vous vous laisser tenter, Et souffrez sans façon qu'on vous vienne emprunter ? Eh parbleu, vous irez entre quatre murailles De vos foles amours faire les funerailles, Et vous irez aprendre en une autre Maison A mettre de niveau l'Amour & la Raison. Peut-estre qu'au moment que je tiens ce langage, Monsieur le Capitaine & ma Femme… Ah j'enrage. Ne nous contraignons plus, faisons du bruit, je veux Et les chercher & leur chanter poüille à tous deux. Mais s'il alloit me tuer ? Non, perdons cette envie, Il est plus d'une Femme, & l'on a qu'une vie; Il est mutin en diable, & Cato me l'a dit. Taisons-nous, attendons qu'elle… J'entens du bruit. C'est elle, Sortons ; assez longtemps c'est estre en sentinelle. Point du tout. Le moyen ? quand on voit des intrigues si drôles. Oüy sans doute, & cela ne se peut autrement. Bon ! ne sçay-je pas bien qu'il faut se divertir ? Monsieur le Capitaine aime fort cette Belle ? Et cette Damoiselle L'aime fort ? Presentement… je crois… Ta Maistresse sçaura, si tu luy veux apprendre, Que je suis son Valet. Trop loin. Il n'en est pas besoin. On le sçait trop bien, de par le Diable. Que l'on me laisse aller, je la verray dans peu. Adieu. Ma Femme ne vient point, elle se trouve bien, Et son honneur, je croy, fait bon marché du mien : Mon affront est certain, je sçais trop qu'on m'offence, Mais je ne sçay comment j'en dois tirer vangeance. Si je fais de l'éclat, tout Paris le sçaura, Et d'un doigt, pour le moins, chacun me montrera. Si je feins d'ignorer son amour & ma honte, Demain, sur nouveaux frais, j'en auray pour mon conte. Si je la fais raser de mon autorité, Elle se pourvoira contre ma cruauté : Les Juges là-dessus sont sans miséricorde. Si je la fais mourir, il y va de la corde. Comment diable punir un semblable Animal? Le remede par tout est pire que le mal. Chacun vit des effets dont on souffre les causes ; Car si, comme on devroit, on mettoit ordre aux choses, Pour le bien du public, n'établiroit-on pas Des Cocus consultants, comme des Avocats ? Leur conseil au besoin…Mais j'aperçoy la Belle, Et Monsieur l'Officier n'a plus que faire d'elle : Mon Neveu l'accompagne. Il faut dissimuler. Serviteur. Venez-vous de vous faire enrôler ? Venez-vous de voir faire Reveuë ? Les Belles du Marais font-elles leur Recruë⁎ ? Avez-vous mis en vain ces Mouches & ce Point? Et la Coëffeuse enfin… Taisez-vous, éfrontée ! Mon Dieu, mon cher Neveu, ce mystere vous passe, Vous parlez sans sçavoir : Taisez-vous ! vous ferez, Quand vous serez Cocu, comme vous l'entendrez. Je commence enfin à m'échauffer. Une Femme chez qui l'on aprend à coëffer, Ne vous ménage pas les lieux où l'on vous meine. Vous ne sortez jamais, & certain Capitaine Vous embrassant d'abord, bras dessus, bras dessous, N'a pas tanstot⁎ chez luy… Plaist-il⁎ : m'entendez vous ? A l'autre. Vous plaist-il de vous taire ? Enfin jusques au bout Vous pensez vous tirer d'affaire, en niant tout ? Vous croyez que quelqu'un, pour se faire de feste, M'a fait recit du bois dont on charge ma teste, Et que j'en fais grand bruit, quand je le crois le moins ; Mais voila la Partie, & voila les Témoins : J'ay veu de ces deux yeux leur abord & ma honte : C'est par moy que je sçay que j'en ay pour mon conte. Elle faisoit la Belle, il s'en disoit charmé ; Et la Friponne enfin l'a si bien empaumé, Que ce beau Capitaine a sans cerémonie Commandé, moy present, chez luy, sa Compagnie. D'un endroit où j'avois pris soin de me placer, Je les ay veu tous deux se parler, s'embrasser, Et cherchant à se voir une secrette voye, Faire de cent baisers un prologue à leur joye. Peste de l'étourdy : Cette teste à l'évent me prend pour quelque Gruë. Hé bien, qu'en dites-vous ? Ah voilà l'encloüeûre. Mallepeste, il y faisoit trop chaud ; Quand on risque sa vie, il n'est Femme qui tienne, Et j'avois ma raison, comme elle avoit la sienne. A d'autres là-dessus ; Je ne sçay que trop bien ce qu'il faut que j'en pense. Rentrez, morbleu, rentrez, & craignez ma vangeance, Je suis de vos amours un assez bon témoin. Mon Neveu, vous prenez trop de soin. Il est vray, je devrois avaler la pilule, Et dire galamment, sans me rendre importun, Que le mal n'est plus mal, quand il est si commun ; Me rendre sur ce point traitable comme un autre. C'est vostre sentiment, mais ce n'est pas le nostre ; De ces conseils benins, l'usage est bel & bon : Cependant… Vous estes un fat, & vostre esprit s'érige… Vous estes un sot avant terme, vous dis-je. On vous dit qu'on a veu. Et que croiray-je donc, ce que je ne voy pas ? Parbleu, vostre morale est d'un admirable Homme ! Lors que je parle à vous, faut-il vous croire à Rome ? Ou gager⁎ fortement, sur vostre beau discours, Que vous estes muet, quand vous jazez toûjours ? J'ay tout veu ; mon offence est-elle assez prouvée ? En quelque Lieu d'honneur où vous estiez aussy, Ce n'est pas pour tous deux une chose nouvelle. Et vous en répondez ? Corps pour corps ? Comment diable, aurois-je eu la berluë ? Comme vous dites. Il a presque raison. L'avis n'est point mauvais, & je puis aujourd'huy La convaincre de tout avec un peu d'adresse, Et je sçais un moyen… Serviteur. Il raisonne assez bien, je puis m'estre trompé, Et la peur peut enfin m'avoir préoccupé: La voyant de costé, la moindre ressemblance A pû de mes soupçons causer la violence: Je n'ay pû la bien voir ; mais je sçauray bientost Si l'amour conjugal est chez elle un defaut. Quelque précaution qu'elle mette en pratique, J'ay trouvé le secret de la voir sans replique: J'imagine le tour qu'elle prévoit le moins, Tâchons de voir Cato, j'ay besoin de ses soins, L'éclat de mes Loüis la tentera sans doute, Et je veux m'éclaircir enfin, quoy qu'il m'en couste; Cherchons-la, je prétens, en sortant de ces lieux, Que…Mais tout-à-propos elle s'offre à mes yeux. Pourquoy ? Voyons du style de la Belle. Depuis vostre depart je suis au desespoir, Et d'un ennuy si grand vostre absence est suivie, Que j'aime autant perdre la vie, Que l'esperance de vous voir. Venez me rassurer, si ma perte vous touche, Rétablir mon repos⁎ d'un mot de vostre bouche ; Et vous ressouvenez, pour ne m'alarmer plus, Et de me faire regler mon amour sur le vostre, Que les momens qu'on passe éloignez l'un de l'autre, Sont autant de momens perdus. LUCINDE. Le Billet est pressant, & la Sœur tient du Frere ; Tous deux aiment l'intrigue, & tous deux sans mistere Cherchent secrettement à ménager leurs feux⁎, Et la bonne Cato sert d'Agente à tous deux. Bien loin de s'en fâcher, elle n'en fait que rire. Il faut voir jusqu'au bout. Oüy, oüy, j'iray. Ma Femme y reviendra peut-estre, Et nous verrons beau jeu : Mais prens garde à ton Maistre, Il m'a tantost⁎ pensé faire mourir de peur. Viença, viença, j'ay bien autre chose à te dire. Comme tu fais plaisir à quiconque aime à rire, Et que tu sçais enfin, en faveur des galans⁎, Ce que chaque Quartier a d'honneurs chancelans, Serois-tu bien d'humeur à chercher une voye De ménager pour nous un quart-d'heure de joye. C'est à dire, en deux mots, Que la Coëffeuse peut beaucoup pour mon repos⁎ ; Que pour elle & pour toy je seray sans reserve, Si vous voulez… Enfin il n'est qu'un mot qui serve ; Voicy la question. J'aime autant qu'on le peut Cette belle Bourgeoise à qui ton Maistre en veut : Oüy, sa beauté tantost⁎ m'a charmé, je l'adore, Et je meurs du desir de la revoir encore. Si tu veux établir ton bonheur & le sien, Fais que j'aye avec elle une heure d'entretien⁎ ; Tu peux, pour me servir, employer ta Compagne, Ma Chere, mets pour moy la Coëffeuse en campagne. Rien, ma pauvre Cato ; Va, ce n'est que pour rire, Je ne luy veux parler qu'un moment. Je donne dix Loüis, Et ma Bague. Que tu fais de façons pour conclure une affaire ! Songe à bien ménager… Dy-moy, quand ce projet aura-t-il son effet ? Le plutost vaut le mieux. Quand verray-je la Belle ? Penses-tu que pour nous elle soit fort cruelle ? Où la verray-je enfin ? Elle n'y viendroit pas. Non, non, chez la Coëffeuse Je feray mieux l'aveu⁎ de ma flâme⁎ amoureuse. Je prévoy sa honte à mon aspect, Quand je verray ma Femme en quelque Lieu suspect. Je voy plus d'un Mary rire à teste levée, A qui mesme avanture est peut-estre arrivée. Cato, cela vaut fait. J'iray tantost⁎ chez toy. Feignons jusques au bout. Je vais revoir ma Femme, & veux à l'amiable A son honneur douteux faire amande honorable, Et feindre d'un discours, & d'un air composé, Pour la mieux abuser, d'estre des-abusé. Comment va nostre affaire ? Bon : Et le Capitaine ? Ce n'est pas sans sujet que ma peur est extréme ; Et tu sçais que tantost⁎… Mais comme de Bacchus Vénus aime l'aproche, As-tu pour son retour, quelque Mignonne en poche ? De l'humeur dont il est, tu dois prendre ce soin. C'est bien fait : Mais, dy-moi, verray-je ta Maistresse ? Pourray-je luy parler, & veux-tu t'employer… Pour finir l'embarras d'un amour qui me gesne⁎, Je veux tout hazarder, pour soulager ma peine : Aussi-bien, tost ou tard, Lucinde peut sçavoir Que c'est pour la tromper, que je cherche à la voir ; Et si le Capitaine en aprend quelque chose, Je suis un Homme mort ; Ainsi je me propose De voir si sur l'espoir d'estre ma Femme un jour, Lucinde me voudroit prester un peu d'amour ; Tâcher de l'engager, voir si par ma morale Sa sagesse pourroit avoir quelque intervalle ; Essayer si de nous rien ne la peut tenter, Et selon le succés, la suivre, ou la quitter. Lucinde est Fille & jeune, innocente, ingénuë, Peu de chose souvent leur donne dans la veuë ; Et quand on se prévaut de leur simplicité, On peut… Mais reprenons un peu de gravité, La voicy. Revenu d'une frayeur mortelle, Je ramene à vos pieds un Protestant fidelle, Passablement poltron : Mais nous autres Bourgeois, Qui faisons volontiers l'amour en tapinois, Nous n'aimons pas le bruit, & pour sauver la vie… S'il s'opose… Un peu. Sans vanité. Nous avons le bon air. Pour de la qualité… Oüy, Mignonne. La Semaine qui vient. Cela va sans dire. Si par quelque accident qu'on ne peut pas prévoir, Cet Hymen⁎ se devoit ou remettre, ou surseoir, Nous pourrons établir entre nous, sous silence, Un commerce galant d'Hymen⁎ de conscience, Diférer pour un temps les Bancs & le Festin, Payer au Dieu d'Hymen⁎ un tribut clandestin, En faveur de nos feux⁎ nous rendre un peu credules, Brûler de bonne-foy d'un amour sans scrupules, Faire moins un présent qu'un troc de nostre cœur, Laisser tranquillement meurir nostre bonheur, Et par quelques douceurs où nous puissions prétendre, Nous consoler souvent du déplaisir d'attendre. C'est un expedient qui peut nous rendre heureux. Ah c'est le plus commode, Le moins embarassant, & le plus à la mode. Quand d'un Hymen⁎ en forme on avance l'effet, Le jour qu'on se marie, on ne sçait ce qu'on fait. Dedans⁎ l'ardeur que cause un feu qui vient de naistre, On s'engage à l'Hymen⁎, sans la sçavoir connoistre ; Et le bonheur enfin s'y trouve rarement, Quand le caprice agit sans le discernement : Autant que l'on le peut, on doit, quoy qu'il arrive, En matiere d'Hymen⁎, faire une tentative. Devant tous les Humains, je soûtiens qu'il est vray, Que qui tend à l'Hymen⁎, en doit faire l'essay, Que la joye à ce Dieu doit servir d'entremise, Et que faire autrement, c'est faire une sottise. Oh, oh. Cela posé, Nous pourrons contracter un Mariage aisé ; Sans rien précipiter, nous pourrons, quoy qu'on die, Ordonner à loisir de la Cerémonie, Du Cadeau, des Habits : Quant à vos interests, Vous en déciderez, ainsi que des aprests. Si vous estes contente D'un Epoux possedant deux mille écus de rente, Je suis vostre Homme, & puis vous en faire present Quand je voudray, demain, ou bien en épousant ; Et pour vous faire voir à quel poinct je vous aime, Vous ferez le Contract, si vous voulez, vous-mesme ; Et vous pourrez de plus y mettre à vostre choix, Si vous le souhaitez, la clause des six mois. Comment…vous consentez… Elle a raison. Que c'est de gloire pour ma flâme⁎ ! Oüy, je proteste icy de n'aimer rien que vous, Et que pour mériter des sentiments si doux, Je seray moins sans vous que le corps n'est sans ombre : Je veux pour le prouver, par des baisers sans nombre, Devorer à genoux & ces mains, & ces bras. Morbleu, je suis perdu ! Ah tout doux, Monsieur le Capitaine. Je croyois avoir la teste à bas. Helas ! C'est une bagatelle. Nos affaires vont mieux. Feignons. Terriblement. Ah l'honneur m'en demeure. Il est bon, sur mon ame. Deux fois vingt mille écus parisis, pour le moins ; Et pour les augmenter, tous les jours je m'occupe. Le drôle croit avoir déjà trouvé sa dûpe. Ah trop d'honneur. Tant-s'en-faut. Me marier ? Monsieur L'Esperance ? Ne précipitons rien, s'il vous plaist. N'importe, diférons de grace, & pour raison. Ah me voila gasté ! N'en prenez pas la peine. Demeurez. Attendez. Ah, morbleu, que d'ennuis ! Monsieur… Je suis Un Homme… qui… Je vous dis que je suis… Il est vray. Mais, Monsieur… vous sçaurez… J'enrage. Monsieur, je suis, vous dis-je… J'ay pour certaine affaire… un certain embarras… Attendons à demain. Ah je voy bien qu'en vain je veux temporiser. Hé bien, si vous voulez en sçavoir davantage, Je suis… Marié, Monsieur, & j'en enrage. Ah la vie. Misericorde ! helas ! Moy ? Je suis trop pacifique, & c'est mon grand defaut. Ah cet ordre me tuë. Me mener à la Guerre ! Ah j'aime autant périr, J'y mourray tous les jours de la peur de mourir. Monsieur, de bonne-foy, je suis poltron en diable, Ayez pitié de moy, je suis inconsolable. J'aime autant le trépas, Que d'aller à la Guerre. J'iray, Monsieur, j'iray, quoy que poltron & vieux ; Et mourir pour mourir, le plus tard vaut le mieux. Camarade ? Le Gueux ! Ce Goujat, sans façon, Vit avec moy déjà de pair & compagnon. Fort-bien. Avec le temps nous en verrons bien d'autres. Quel équipage⁎, helas! ma peine est sans seconde; Il faut aller en Flandre, ou bien en l'autre Monde, Me voir en Garnison, pour me sauver de pis, Et quitter pour jamais la vie, ou mon Païs. C'en est fait, me voilà, malgré ma résistance, Soldat de la façon de Monsieur L'Espérance; Ce Fripon m'a donné deux écus malgré moy, M'a fait boire sans soif à la santé du Roy, A paré vingt Pié-plats⁎ de semblables jaquettes, A mis en marmotant mon nom sur ses tablettes, A troqué de son chef, sans consulter mon choix, En habit de Goujat, mon habit de Bourgeois; S'est moqué du malheur où mon amour m'expose, Et s'est fait mon Parain, pour m'appeler la Roze. Si pour me consoler, et pour servir le Roy, Tous les Cocus venoient en Flandre avec moy, Je pourrois me vanter, malgré la raillerie, D'aller en Garnison en bonne compagnie. Si je trouvois moyen de sortir de ceans⁎…. Mais j'aperçoy Cato, prenons mieux nostre temps. Elle pleure, je croy. Qu'as-tu, ma Chere? écoute; Hé bien? Il n'en a rien fait? Hé bien, dis, que veut-il? Quel malheur! Je croyois que tu m'allois apprendre Qu'il eust fait enrôler, pour l'envoyer en Flandre. Mais où diable vois-tu, toy qui me fais la mine, Qu'on enrôle les Gens, pour aimer leur Voisine? Quittons cet entretien⁎, Et me dis, aussi bien le souvenir me blesse, S'il n'est aucun moyen de tenir ta promesse Touchant cette Beauté qui venoit visiter… Elle vient visiter Monsieur le Capitaine? Si tu veux voir mes maux meslez de quelque joye, Cato, fait, s'il se peut, qu'un moment je la voye. Tu m'as fait espérer… Que fait le Capitaine? Profitons de ce temps, Cato. Comment? Va de sa part la prier de descendre; Dy-luy qu'il est icy. J'éteindray la chandelle, et luy parleray bas. Je n'attens pour partir, dedans⁎ cette occurrence, Que la commodité de Monsieur L'Espérance: Il est nuit; à mes feux⁎ cesse de t'oposer, Va… Mieux que je n'esperois, mes soins ont reüssy, Et j'auray le plaisir de partir éclaircy. Il vaut mieux, à mon sens, quelque soin qu'il en coûte, Estre seur une fois, qu'estre toûjours en doute ; Cet éclaircissement peut-estre produira… Plaist-il⁎ ? Ah j'enrage, mon Corps va changer de demeure. Quand partir? Non, & n'ay point mangé depuis que l'on me traitte… Comment donc, partir si promptement? Diférons, s'il se peut, d'une heure seulement. Mais… Prenez ces trois Loüis pour boire à ma santé, Et ne me forcez point… Allez. Sans argent, mille coups relançoient ma prière. J'entens venir quelqu'un, éteignons la lumière. Il suffit, laisse-nous : Ecoutons. C'est elle, c'est la voix. Dieu me damne, ma Chère, Je brûlois de vous voir, & ce dernier aveu⁎ Va porter à l'excés ce que je sens de feu; Vos bontez me font voir qu'il n'a rien qui vous blesse. Pour le bonheur que vostre amour m'anonce, Souffrez que ce baiser me serve de réponce. L'éfrontée! elle croit estre avec son Amant, Et reçoit ses baisers fort amiablement. Si je vous aimeray? La plaisante demande! On dit que vous avez un singe de Mary; N'auriez-vous point pour luy le cœur trop attendry? Sur quelque empressement que mon espoir se fonde, C'est vostre Epoux. Ah l'infame ! Vous passerez la nuit ceans⁎; & vostre Epoux… C'est parler sans enigme, & j'en ay pour mon conte. Ton sang, ame sans foy, va reparer ma honte; Je suis suffisamment instruit de tes amours. Le voila cet Epoux. Chacun sçait ses affaires. Vous sçaurez… On m'a fait… C'est un tour… C'est un affront, vous dis-je… Peste du babillard. Je n'ay pû m'en dédire, on m'a pris… Je prétens me vanger… Ah le maudit causeur! Je scay tout ce que je dois faire, Avant que vous fussiez le Fils de vostre Père, Pedagogue importun, dont le zele indiscret Me fait, malgré mes dents, gardien d'un secret. On vous dit que ceans⁎ on me fait violence, Qu'on m'a fait enrôler malgré ma resistance, Qu'avec une Recruë⁎ un certain grand Pendard M'alloit mener en Flandre un quart-d'heure plus tard. Jamais: Mais vous sçaurez que ce jeune éventé… Le voicy, vous allez en sçavoir davantage. Il n'est pas nécessaire. Il est vray, j'y consens, mais à condition… C'est une bagatelle; Mais jamais mon Neveu ne sera son Epoux, Qu'il ne se soit coupé la gorge avecque vous. C'est la condition que je mets à la chose. J'ay mis la Belle à prix, & c'est à vous de voir… Oüy. C'est que cet étourdy, Qui fait le goguenard⁎, qui rit, & qui se cache, Me fait… Cocu, puis qu'il faut qu'on le sçache. Cependant je le suis, & Monsieur la gouverne… Fort-bien. Vous n'avez pas une Belle là-haut, Qui vous vient visiter, qui souffre vos caresses? Non, car elle est la vostre. Si de la Belle en fait je me trouve l'Epoux, Hem? Je serois assez sot… Hé bien, vous l'entendez? Qu'en dites-vous? La baiser à mes yeux! Ventre. Oüy, je veux tout tuer. Qu'importe ? ame sans foy, peste de ta Famille. Quoy, c'est une Fille? Ah si je l'avois sçeu, que je l'eusse bourée! Mais pourquoy, s'il vous plaist, ce beau déguisement? Elle a parbleu raison, & l'avanture est drôle; Elle a, pour l'en blâmer, trop bien joüé son rôle: Mais puis-je m'assurer, Parent, que cet aveu⁎ Ne soit point un moyen de mieux couvrir leur jeu? Il seroit bon de voir, la chose est d'importance. Songeons à son repos⁎, pour celuy qu'il me rend. Encore un capitaine! Je pense qu'il en pleut. Vostre Hymen⁎ se fera, Mais ce sera demain, ou quand il vous plaira; J'y consens : Cependant je vay reprendre haleine; Et saluë humblement LA FILLE CAPITAINE. **** *creator_montfleury *book_montfleury_fillecapitaine *style_verse *genre_comedy *dist1_montfleury_verse_comedy_fillecapitaine *dist2_montfleury_verse_comedy *id_madame-le-blanc *date_1672 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_madameleblanc Où voulez-vous aller ? Je ne sçay point d'affaire… Il sera bientost nuit. Si vous revenez tard ? On tua l'autre nuit un Homme. A vingt pas du Logis, hyer on en vola deux Jusques à leurs Habits. Ne vaudroit-il pas mieux… Quand on aime un Mary… Si l'on vous attaquoit ? Et si l'on vous blessoit ? Cependant… Les momens, loin de vous, me semblent des années : Faut-il que sans vous voir je passe mes journées ? Et que loin d'un Epoux chery comme le mien… Quel chagrin croyez-vous que ce mépris me donne, A moy qui ne sors point, & qui ne vois personne, Qui toûjours renfermée, & seule, ne consens… De l'humeur dont vous estes, Il vous falloit pour Femme une de ces Coquettes Qui pres d'elle toûjours eust quelque Favory, Tout prest à reparer l'absence d'un Mary, Qui se fist, vous montrant une tendresse⁎ feinte, Un sujet de plaisir, du sujet de ma plainte, Et pour qui vostre cœur foiblement convaincu… Mais enfin ? Vous prenez mal la chose, & ce jaloux transport⁎ Explique à contre-sens… Mais je dis… Vous sçavez… Si… Je ne m'étonne plus de voir dans mon Epoux, Pour moy tant de froideur, & tant d'amour pour vous : Vostre beauté, Madame, à qui tout est possible, Peut forcer à se rendre une ame moins sensible : Vos appas⁎ sont si grands, & leur éclat est tel… On ne peut estre mieux, & j'aurois de la peine… J'ay promis à Damon de suivre vos avis. Mais si par mon Mary vous estes reconnuë… Est-il bien vray ? Helas ! quelque charmant que peut estre un Epoux, Que ne souffre-t-on point d'un Homme comme vous ? Ah ! si jamais le Sort secondoit mon envie… Je vous verrois tous les jours de ma vie. Entrons, puis que le Sort permet que je vous voye. Comment donc ? Je ne vous entens point. A de pareils discours je ne puis rien comprendre. Pour flater son amour, j'aurois trahy le vostre ? Que si vous m'avez veuë, Sans venir faire icy cet éclaircissement, Vous pouviez me confondre assez facilement ; Qu'il faloit vous montrer, cette voye estoit seûre. Que ne paroissiez-vous ? Il l'a resvé sans doute, & ne se souvient plus Que c'est l'effet d'un songe. A quoy passe le temps, Lucinde ? Que son humeur me plaist ! Je brûle de les voir, pour sçavoir quelle peur On luy veut faire encor. Parle, je sçais me taire. Ah ce doute m'offence. Hé bien ? Depuis quand es-tu folle ? Veux-tu qu'en profitant de tes bonnes leçons, Je donne rendez-vous… Tu prétens que son argent m'oblige⁎, Malgré ce que je dois… Pour la premiere fois ! Tu peux… Je commence à trouver ce discours ennuyeux : C'est porter un peu loin l'insolence à mes yeux ; Mais tu peux t'assurer que devant⁎ que je parte… Montre, je la connois… Je croy… Qu'elle est à mon Mary. Helas ! je crains Qu'il n'ait contre mes jours fait d'étranges desseins, Et que l'on ait trop loin poussé la raillerie. Il suffit, je te laisse. Oüy, je crains quand vous serez connüe… Vous voyez ce que je fais pour vous; Je fais tous mes plaisirs, du bonheur de vous plaire. Non, vous ne sçavez point jusqu'où va ma tendresse⁎, Combien de vous aimer je me fais une loy, Ny combien votre amour a de charmes pour moy. Jamais… M'aimerez-vous toûjours? Helas! que j'aprehende… Hors vous, tous les Hommes du Monde, Quelque soin que l'on prît à me prouver leurs feux⁎, Ne peuvent rien avoir de charmant à mes yeux : Enfin vous estes seul le maistre de mon ame, Mon cœur ne sent d'amour que pour vous. Je le veux bien pourveu que ce soit avec vous. Au secours. Pouvez-vous me blâmer, de baiser une Fille? **** *creator_montfleury *book_montfleury_fillecapitaine *style_verse *genre_comedy *dist1_montfleury_verse_comedy_fillecapitaine *dist2_montfleury_verse_comedy *id_lucinde *date_1672 *sexe_feminin *age_jeune *statut_maitre *fonction_fille *role_lucinde C'est un honneur pour moy qui passe mon attente. Et moy, j'attens mon Frere icy de jour en jour. Il n'est pas incommode, il est jeune & bien fait ; Sa preference bientost nous en rendra certaines ; Le Regiment du Roy n'a point de Capitaines Qui soient plus estimez, ny plus galans⁎ que luy. C'est luy faire injustice. Non, cet empressement n'est point si violent ; Damon aime le Jeu, mais Damon est galant⁎ ; Outre que la beauté dont le Ciel t'a pourveuë, Le rendra plus sensible au plaisir de ta veuë⁎. Cousine, j'aurois tort de t'en faire un mystere. Je veux bien t'avoüer que Damon m'a sçeu plaire, Que mon Frere revient, & qu'avec tant d'amour, Damon, pour m'obtenir, n'attend que son retour : Mais quoy qu'enfin sur tout ton humeur cherche à rire, Je le crois à couvert des traits de ta Satire ; Il est jeune, bien fait, galant⁎, riche, & je crois Qu'on ne peut me blâmer d'avoir fait un tel choix. C'est sur de tels sujets que ton esprit s'étend ; Sur le premier venu ta bile se répand ; Tu te plais à railler sans épargner personne ; Tu peux continuer sans que je m'en étonne ; Ton temps n'est pas venu, peut-estre quelque jour Tu pourras ressentir les effets de l'Amour. Plût au Ciel qu'un Hymen⁎ à tes yeux plein de charmes, Pour me vanger de toy, pût te coûter des larmes ! Pour lors la raillerie agiroit foiblement. Quoy, tu prétens toûjours estre railleuse & fiere ? Ce Portrait est galant ; & si rien ne t'engage… Est-ce ce qui vous trouble ? & seroit-il possible… Damon, ainsi que vous, vous m'en voyez surprise, Et sa derniere Lettre estoit assez précise. Ou quelque ordre impréveu l'a sans doute arresté. Mon Frere, si le Sort seconde son envie, Doit à la Garnison laisser sa Compagnie, Et venir à Paris passer le Carnaval, Et du moins en ce temps… Mon Frere est-il venu ? Le bonheur où j'aspire… Un Valet que mon Frere avoit depuis longtemps, Et qu'il a fait Sergent dedans⁎ sa Compagnie. Sçachons ce qui l'ameine, & puis qu'il est ainsi, Rentrons dans le Logis. J'aprehendois pour luy quelque incommodité. Sa Lettre me délivre De la peine où j'estois. L'attendras-tu ? Quoy, si-tost ? Mais quoy faire ? Il me mande qu'il vient, sans en marquer le jour. Quand pourrons-nous joüir du plaisir de sa veuë⁎ ? J'auray bien du plaisir à voir icy mon Frere : Mais vostre Oncle a-t-il sçeu de vous que vostre amour, Pour se donner à moy, n'attend que ce retour ? Car vous sçavez combien son aveu⁎ nous importe. Il est vray ; mais l'aveu⁎ de l'Oncle m'embarasse ; Je crains qu'il ne l'obtienne assez mal-aisément, Et qu'il ne soit surpris d'un pareil compliment⁎. Ma crainte cesseroit, si ç'en estoit la cause : Cet Oncle m'est suspect, tu veux sçavoir pour quoy ? C'est que ce Parent est amoureux de moy ; Il m'aime, à ce qu'il dit, d'une ardeur⁎ peu commune ; Il me suit en tous lieux, par tout il m'importune, S'obstine à m'en parler, voyant que sur ce poinct… Le bon sens avec luy paroist incompatible, Son abord est choquant, & sa mine risible ; Son air, quoy que Bourgeois, est fort particulier, Son entretien⁎ plaisant, & mesme familier. Monsieur le Blanc. Son corps fait cependant honneur à son esprit ; Il m'a par ses discours divertie & surprise ; Il ne dit pas deux mots sans dire une sottise ; Il choque en se montrant, beaucoup moins qu'en parlant, Et je crois… Ce n'est pas encore tout. Oüy sans doute, & ce Fou devroit estre lié. C'est qu'il est marié. Il a mesme une Femme bien faite, Il m'en fait un mystere, & me conte fleurette, Comme s'il aspiroit à me donner sa foy⁎. Oüy, certaines raisons me rendent scrupuleuse. A suivre cet avis je serois la premiere ; Mais il est de Damon & l'Oncle & le Tuteur, Et tu vois… Il doit le ménager : outre qu'il a son bien⁎, Tu sçauras que Damon doit heriter du sien : Comme il n'a point d'Enfans, tout ce bien le regarde ; Damon assurément le perd, s'il le hazarde, Et je ne prétens pas qu'il se prive pour moy… De peur de les broüiller, j'en ay fait un mystere ; Outre que c'est un feu que j'ay crû devoir taire. Le temps… Quel? S'il n'y veut consentir, Il faudra l'éprouver, & nous en divertir. Voila Monsieur le Blanc. Evitons-le, il pourroit m'aborder. Chaque jour Il me suit, il m'aborde, il me parle d'amour, Et mesme à nostre Hymen⁎ Damon dit qu'il s'opose. Je m'en estois doutée, & j'en sçavois la cause. Oüy, je luy dis à la Porte hyer au soir, Qu'à quelque heure aujourd'huy je prétendois le voir. Je feignis de l'aimer, je luy fis bonne mine, Et je suivis en tout l'ordre de ma Cousine. Hé bien… Sa Femme doit servir au stratagéme aussy, Et Damon s'est chargé de l'emmener icy ; Et comme dans la chose elle est interessée, Elle y contribûra, du moins c'est ma pensée. Il faut la recevoir. L'honneur que vous me faites, Me reproche en secret une civilité Dont mon respect pour vous devroit s'estre acquité ; Et les soins du Mary n'ont plus rien qui m'irrite, Puis qu'à son amour seul je dois cette visite. Ce qu'on en voit en vous, le rend plus criminel. Il n'en est pas besoin, car je la voy venir. Qu'elle est bien ! Qu'est-ce ? O Dieux ! Monsieur le Blanc, vous estes-vous blessé ? Je pense qu'il écrit. Prends garde qu'il ne vienne. Vous voyez jusqu'où va ma tendresse⁎ pour vous, Et combien le plaisir de vous revoir m'est doux : Vostre merite est tel, que quelques reprimandes… Verray-je tant d'amour fecondé par vos soins ? Vous ne répondez rien. Douter de mon amour ? lors que le vostre obtient… Je vous quitte à regret. Cato ? Qu'est-elle devenuë ? L'auroit-on retenuë ? Comment, nous suivoit-elle ? Elle estoit avec nous chez la Sœur de Damon. Et quoy faire ? Pourquoy ? Mais, dy-moy, Que contient-il ? Ton enjoûment, Cousine, a dequoy me surprendre. On peut sur ton début croire qu'avec le temps… Je t'avouë Que ton air goguenard⁎ merite qu'on te louë : Il seroit malaisé de mieux faire l'Amant, Et tu devrois estre Homme avec tant d'enjoûment. Tu pourrois te tromper. Mais puis que tu prétens porter plus loin la chose Avec Monsieur le Blanc, & que l'on s'y dispose, Il falloit retenir sa Femme. Outre qu'elle pouvoit nous estre necessaire, Son Mary pourroit bien chez luy, dans sa colere, Prenant ce qu'il a veu pour une verité, En venir avec elle à quelque extremité. J'aurois peur… La vostre assurément vous eust esté ravie : Mon Frere est si brutal, que je bénis le Sort D'avoir par ce moyen empesché vostre mort, Et je ne puis assez loüer vostre conduite : Mais comme ce malheur peut avoir quelque suite Qui feroit de l'éclat, empeschons-en le cours ; Faites, sans diférer, l'aveu⁎ de nos amours ; De grace, proposez nostre Hymen⁎ à mon Frere. Et pourquoy nous seroit-il contraire ? Vous estes riche ? Bien fait ? Ah je regarde en vous vostre seule Personne. Luy proposerez-vous… Dites donc ? S'il y veut consentir, si rien ne le retient, Quand épouserons-nous ? C'est l'unique bonheur où mon amour aspire. Quoy, je serois à vous ? Il est vray, c'en est un, mais il est dangereux : Un pareil Mariage… Que vous raisonnez juste ! Rien n'est plus obligeant. A vous dire vray, j'entens peu les affaires : Mais comme je vous crois enfin des plus sincéres, A suivre vos avis, mon amour se résout. Oüy, je consens à tout. Dés ce mesme moment vous avez une Femme. Vous voyez que pour vous je fais un grand effort : Mais pour m'en dispenser, mon amour est trop fort ; Vostre discretion jointe à vostre tendresse⁎, Seront, si vous m'aimez, le prix de ma foiblesse. Mon Frere… Avant que m'écouter, ne vous emportez pas! Je le niërois en vain. Oüy, mon Frere, il est vray, je ne m'en défens pas : De grace, à cet amour soyez plus favorable, Il m'a rendu des soins, il m'a trouvé aimable, Il m'adore, je l'aime, & vous pouvez sçavoir Ce que c'est que l'Amour, & quel est son pouvoir. L'Amour prend-il toûjours avis de la Raison ? Non, non, j'attens de vous une plus douce loy ; J'espere que le sang vous parlera pour moy ; Que malgré ce courroux⁎, vos bontez que j'implore, Donneront à mes pleurs un Amant que j'adore. Non, je ne puis penser que vous blâmiez ce choix, Sur tout quand vous sçaurez que c'est un bon bourgeois Qui m'aime d'une ardeur & sincére & constante, Qui m'offre, avec son cœur, deux mille écus de rente, Qui prétend m'épouser, & me donner la main, Si vous y consentez, mon Frere, & dés demain. Oüy. Mon amour affermy… Vous avez une Femme ? Oüy, je viens de sçavoir Que mon Frère, au plus-tard, arrivera ce soir. Si je sçay jusqu'où va pour moi vostre tendresse⁎, Vous connoissez pour vous combien je m'intéresse. Je ne puis jusques-là vous rien dire de plus: Mais sans perdre le temps en discours superflus, Voyons par quel moyen nous pourrons faire en sorte D'avoir pour cet Hymen⁎ l'aveu⁎ qui nous importe; Ma Cousine est là haut, et sans sortir d'icy, Nous en pourrons sçavoir… Mon Frere est arrivé, nous voila hors de peine. **** *creator_montfleury *book_montfleury_fillecapitaine *style_verse *genre_comedy *dist1_montfleury_verse_comedy_fillecapitaine *dist2_montfleury_verse_comedy *id_angelique *date_1672 *sexe_feminin *age_jeune *statut_maitre *fonction_fille *role_angelique Je suis libre à present, & maistresse de moy, Cousine, & je m'en vais passer huit jours chez toy. Laissons-là ces honneurs; de Parente à Parente, Doit-on toûjours avoir le compliment⁎ en main ? Mon Père est ce matin party pour Saint Germain : Comme il entre en quartier dans deux jours, son absence Me permet de répondre à mon impatience. Il faut nous divertir jusques à leur retour : Nous pourrons jusqu'au jour qu'il faut que je te quitte, Ou voir la Comedie, ou bien faire visite, A voir les Violons, masquer à petit bruit, Passer le jour au Jeu, et courir le Bal la nuit ; La Saison le permet ; & je veux bien te dire, Que jamais je ne fus tant en humeur de rire. Mais si ton Frere arrive icy lors qu'à souhait… Pour nous divertir donc, il faudroit qu'aujourd'huy Ce Frere si galans⁎, vint par Lettre de Change ; Car enfin les plaisirs demandent du meslange, Et nous n'aurons Damon qu'assez mal-aisément ; Les Dez, & le grand Jeu, l'occupent tellement, Qu'il n'est hors ce plaisir, rien qui le divertisse, Et les jours sont trop courts… Ne fais point avec moy la fine à contre-temps, Ce Chevalier t'en veut, je me connois en Gens ; Sur ce que j'en ay veu, je gagerois⁎ qu'il t'aime, Du moins c'est mon avis, & je crois qu'au tien méme Pour rendre ton bonheur à son amour égal, Le nom de ton Epoux ne luy siéroit pas mal. Il est bien malaisé qu'un tel Galant⁎ ne plaise : Ce moderne Adonis ne te vient voir qu'en Chaise, Du nom de Chevalier soûtient sa vanité, Contrefait à ravir l'Homme de Qualité ; Il ne tient presque rien de son peu de naissance, Il aime les plaisirs, & la grande dépense, Dans son ajustement ne veut rien de commun ; Il jouë à tous les Jeux, & ne gagne à pas-un ; De faire le Coquet ne fait aucun mystere, Et c'est pour un Epoux un fort bon caractere. Tu n'auras ce plaisir qu'assez mal-aisément. Je veux vivre toûjours, Cousine, à ma manière ; Et mon cœur ne sera pour l'Hymen⁎ attendry, Que quand on se pourra défaire d'un Mary Comme on fait d'un Habit qui n'est plus à la mode : Des manieres d'agir, j'aime la plus commode ; Sous un joug que je crains, mon esprit languiroit ; Je me fais des plaisirs que l'Hymen⁎ troubleroit ; On ne sçait ce qu'on fait souvent quand on se donne ; Pour n'aimer qu'un Mary, j'aime trop ma personne ; J'aime le Jeu, le Bal, la Dance, l'entretien⁎, J'aime à troubler des cœurs sans engager le mien, A tourner d'un Amant l'ardeur en ridicule, A vivre sans attache, & railler sans scrupule, A flater vingt Galans⁎ de l'espoir de ma main, Et mesme quelquefois à dauber le prochain : Si bien qu'à ces plaisirs donnant mon ame en proye, Des sottises d'autruy je me fais une joye, Et ne veux point troquer par de semblables nœuds Tant de plaisirs certains, contre un plaisir douteux. Celuy que j'aperçoy, te plaira davantage. Voicy ton Chevalier : & je lis dans ses yeux, Que si ton Frere estoit comme nous dans ces lieux, Au plaisir de te voir il seroit plus sensible. Quelque accident peut-estre altere sa santé. Nous aurons donc le Bal ! Eh mon Dieu, vous serez assez tost mariez : Quand au nom de Galant⁎ celuy d'Epoux succede, L'Hymen⁎ pour ces ardeurs devient un grand remede ; Et quelque soit l'amour dont vous brûliez tous deux, Un an de Mariage appaise bien des feux⁎. Que viens-tu donc nous dire ? elle est bonne, ou je meure. Bon ; j'aime cette saillie. Il se porte bien ? Ainsi l'Hymen⁎ dans peu va flater vostre amour. En vain Ton amour s'alarmoit, & toute autre en ta place… Parce qu'il a du bien, tu crains qu'il ne s'oppose ?... Oüy. Quel est donc ce Parent ? ne le connois-je point ? Ne me diras-tu point aussi comme on le nomme ? Ce doit estre un fort plaisant Homme ; Je ne le connois point, mais dessus ton recit… Ah, grands Dieux, le douloureux Galant⁎ ! Cousin, ordonne-luy quelques grains d'Elebore. Auroit-il pis encore ? Que peut-il donc avoir ? Ce Magot⁎ ? Et lors qu'impunément il se moque de toy, Je gage⁎ que tu fais la sotte, la honteuse. Ah ! si j'en estois cruë, avant qu'il fût demain, Ce Monsieur le Galant⁎ verroit bien du chemin, Et je le bernerois de la belle manière. Je voy bien ce qui te tient au cœur ; Tu crains aparemment que vangeant cet outrage, Ce Parent irrité ne nuise au Mariage. Sçait-il bien que son Oncle est amoureux de toy ? Si ce Parent refuse son aveu⁎, Croy-moy, laisse-moy faire, & nous verrons beau jeu: Je me charge du soin de le rendre traittable ; Je sçay, pour le berner, un moyen admirable. Je te le diray. Ah la bonne Figure⁎ ! Tu voudrois l'épargner ? ah c'est malice pure. Que j'auray de plaisir à rire à ses dépens ! J'y consens. L' Esperance ? mes Gens ? Bon cela. Souviens-toy… Chevalier, Dites-moy, sentons-nous un peu nostre Officier ? Que dites-vous de nous ? Ce port, cette manière, A vostre avis, ma Chere, est-elle Cavaliere ? Avons-nous le bon air ? Croyez-vous que le Roy Ait bien des Officiers qui soient faits comme moy ? Monsieur le Blanc, de moy, n'aura pas grand quartier⁎. Aparemment, voila vostre belle Parente, Je suis son Serviteur, & mesme sa Servante : Pour peu que vous vouliez seconder nos desseins, Vostre Epoux va tomber en d'assez bonnes mains ; Et ce tour doit vous faire admirer nostre zele, Puis que c'est un moyen de le rendre fidelle. Fort-bien. Cato, c'est toy qui dois le recevoir. Comment me reconnoistre ? il ne m'a jamais veuë, Ny mon Cousin non plus : Que craindroit on de luy ? Tout est bien concerté ; je prétens aujourd huy Vous donner un plaisir qui n'ait rien qui l'égale. Mais je les vois venir, entrons dans cette Salle. Cato, je te cherchois, & depuis mon retour A peine ay-je eu le temps de te dire bonjour. Il ne me souvient point de t'avoir embrassée. Il n'est pas sorty. J'ay l'ame embarassée, Et je me sens reduit à te dire en deux mots. A propos. Avant que de porter plus loin la confidence, Je veux sçavoir de toy, si pendant mon absence Ma Sœur sortoit souvent, ou bien si quelque Amant Ne la visitoit point un peu trop frequemment ? Une Fille à cet âge Est ordinairement plus coquette que sage. Par la mort, si quelqu'un s'y frotoit, Je lui feroit passer un fort méchant quart-d'heure. On fait bien, ou je meure. Changeons donc de discours. Dy-moy, par ton moyen, Ne sçaurois-je revoir cette jeune Bourgeoise… Cato, depuis deux ans J'ay songé mille fois à tous les doux momens Que j'ay passé pres d'elle, & de toutes les Belles… M'aimeroit-elle encor ? Hélas ! La verray-je ? Mais puis-je en esperer… Cato, va, s'il se peut, sçavoir de cette Belle, Si je la pourray voir ou ceans⁎, ou chez elle. Et pourquoy non ? Comment faisois-tu donc, lors que par intervalle Tu l'amenois ceans⁎ ? Que j'en conçois d'espoir ! Ne pers donc point de temps ; & si ton soin m'oblige⁎, Sois seûre… L'Esperance ? Viença. As-tu veu mon Cousin ? a-t-il fait ma Recruë⁎ ? Mais enfin l'as-tu veuë ? M'a-t-il fait vingt Soldats comme il m'avoit promis ? Sont-ils braves, à voir ? C'est parler de bon sens : Mais à la Garnison il faut mener ces Gens ; Comme tu ne m'es plus à Paris necessaire, Tu partiras… C'est fort bien raisonné. Oüy, j'ay l'ame contente ; Cato me fait revoir, pour flater mon attente, Cette jeune Beauté que tu vis une fois… Elles-mesme, & je dois… Tay-toy, Quelqu'un vient, laisse-nous, c'est elle que je voy. Que mon bonheur est grand ! Depuis que j'eus l'honneur de vous voir en ce Lieu, Rien ne m'a tant touché que ce funeste adieu ; L'absence a fait sentir à mon ame amoureuse Tout ce qu'elle a de rude. Mais puis que mon bonheur me fait vous retrouver, C'est en vous embrassant que je le veux prouver : Je veux, puisque pour moy vostre ardeur s'intéresse, Que mon empressement seconde ma tendresse⁎. Je crois en deviner la cause ; L'amour pour vostre Epoux, à mon bonheur s'opose. Hé bien ? Pour un Amant qui meurt pour vous d'amour, C'est & trop de bontez & de joye en un jour. J'ay pour vous une ardeur qui n'a rien qui l'égale : Mais comme tout le monde aborde en cette Salle, Ce Lieu n'est pas fort propre à vous bien recevoir, Et pour y souffrir, je sçais trop mon devoir. Cato ? Que luy veux-tu ? Tu l'apelles en vain. Je ne crois pas. Non. Il est vray ; mais je viens de l'envoyer en Ville, Et le soin que tu prens, Cousine, est inutile. Chercher Monsieur le Blanc. Pour lui rendre un Poulet de ta part. Il est fort galant⁎, & fort tendre. Ecoute, laisse-moy ménager ton amour ; Je veux me divertir tout le reste du jour, J'en sçay bien le moyen. Toy, sans me contredire, Ne t'informes de rien, & ne songes qu'à rire. Nostre Monsieur le Blanc a bien donné dedans ; Il croit de bonne-foy sa Femme… Si le Ciel m'avoit fait Homme, comme il le pense, Ma foy, j'aurois esté Coquet à toute outrance ; J'aurois sçeu, pour vanter ma peine & mon ardeur, Mentir en Courtisan, & jurer en Joüeur ; J'aurois, pour me pouvoir rendre maître d'une ame, Apellé les Cadeaux au secours de ma flâme⁎ ; J'aurois veu fréquemment les Belles sans témoins, J'aurois esté flateur, j'aurois rendu des soins, Et pressé de si pres les Blondes & les Brunes, Que j'aurois eu ma part des meilleures fortunes. Je ne sçay ; mais enfin, Un cœur pour m'échaper, m'auroit semblé bien fin. Point du tout ; Pour juger du dessein, attens jusques au bout. Damon prendra ce soin : il la mene, & se flate, En la justifiant, d'empescher qu'il n'éclate ; Il n'est pas violent, il connoit son humeur, Outre que leur défaite est preste. Tay-toy, je l'aperçois, évitons-le, & pour cause. Allons dans le Logis préparer chaque chose. L'Esperance ? Alte-là, vieux Magot⁎, vous vous baissez trop bas. Comment ! en ma presence Vous luy baisez la main, Faquin ? Vostre insolence A mon insçeu, ceans⁎, attente à mon honneur, Et vous venez chez moy pour suborner ma Sœur ? Et ma honte, & ta mort, également certaine, Feront voir… Que faut-il écouter ? Coquette que vous estes, Vous prestez donc ainsi l'oreille à ses sornettes ? Vous aimez ce vieux Singe ? il vous baise la main ? Par la mort… Vous sçaurez… On me l'avoit bien dit, que contre ma defense Vous voyiez un Pié-plat⁎ ceans⁎ en mon absence, Et que de vos amours on murmuroit tout-bas. L'amour dont il s'agit, aprend-il qu'une Fille, Et de nobles Parens, & d'illustre Famille, Doit faire un tel affront à tout une Maison ? Ah pour vous en punir, je prendray peu des vostres : Ce galant⁎ servira d'exemple à tous les autres. Vous aprendrez à respecter en moy Un Capitaine en pied du Regiment du Roy, Dieu me damne : Et pour vous, je vous tiendray bien fine, Si vous faites jamais l'amour à la sourdine. Monsieur a, dites-vous, deux mille écus de rente, Et veut vous épouser ? Vous estes contente De l'avoir pour Epoux ? En ce cas, je rengaîne, & je suis son amy. Excusez le transport⁎ qu'une douleur mortelle A causé contre vous. Vous aimez donc ma Sœur ? Et nous faites l'honneur De la vouloir choisir pour estre vostre Femme ? Vous avez amassé de grands biens par vos soins ? Bien loin de m'oposer à des feux⁎ si constans, Je veux contribuer à vous rendre contens : J'aime à voir tant d'amour, & déjà par avance Je vous aime en Beaufrere. Je pense Que pour l'Hymen⁎ mes soins ne vous déplairont pas. Je vais tout disposer de ce pas : Et pour vous faire voir combien je veux vous plaire ; L'Esperance? Va querir un Notaire. Je vous fais marier dans ce mesme moment. Comment ? Cette voye, En nous comblant d'honneur, assure vostre joye, Et quand l'amour est fort, il est hors de raison. Et pourquoy diferer ? Va, depesche, & l'ameine. Quelle est vostre raison ? Hé bien ? Comment ? quelles mines vous faites ! Ma Sœur dit que vous estes Un honneste Bourgeois ; & m'assure de plus, Que vostre revenu monte à deux mille écus. Je n'en veux pas sçavoir davantage. Cela suffit. Mais pour estre assuré de ma Sœur & de vous, Je prétens qu'à l'instant vous soyez son Epoux : C'est vous parler François, si vostre amour m'oblige⁎. Ces détours à la fin… Cela ne se peut pas ; Demain je prens la Poste, & je retourne en Flandre. Ma Sœur, ainsi que moy, se lasseroit d'attendre, Et je veux aujourd'huy vous la voir épouser. Quoy ? Vous avez une Femme, & subornez ma Sœur ? Ah ventre, vous mourrez ! Moy l'épargner ? Non, non, il faut qu'il meure. Il mourra de ma main. Hé bien, j'en suis d'accord, qu'on l'enrôle au plutost, Et le conduis demain avecque la Recruë⁎ A nostre Garnison. Tu répondras de luy. Hé bien, tu n'iras pas, Tu seras satisfait ; & je te vais, infame, Faire à travers ton corps, un passage à ton ame. Evitez ma presence, Coquette, & redoutez l'éclat de ma vangeance. Tu prends le bon party. Qu'on le fasse sans bruit Partir devant⁎ le jour, ou mesme cette nuit. Fais-le équiper de tout. Vous craignez? Ne vous allarmez point, je réponds de l'issuë. Hé bien ay-je bon air à faire le mutin? Il est entre les mains du brave l'Espérance: Il est, quoy que grossier, assez dépaïsé; Il en rendra bon compte. Je vous ay tanstot⁎ dit ce que vous devez faire. Cato secondera vos soins. Quant à l'effet… L'Espérance paroist, sçachons ce qu'il a fait. Mais où l'as-tu laissé? Il est bien étonné de se voir avec eux. Ah que pour mon dessein j'ay mal pris mes mesures! Avecque mon épée il blessera quelqu'un. Le brave L'Esperance entend à demy-mot. Il faut que ce discours fasse place à quelqu'autre. Commençons. Je suis faché, voulant me vanger d'un outrage, Que le sort soit tombé sur un de vos Parens; Mais je vous en viens faire l'excuse, & vous le rens: Malgré ce qu'il a fait, je vous en fais le Maistre, Et l'auroit épargné, s'il se fut fait connoistre. Comment! venir ceans⁎ pour suborner ma Sœur? Chez moi, morbleu, chez moi, la Sœur d'un Capitaine? Par la mort… Mais enfin je consens qu'on l'emméne Ou chez vous, ou chez luy, prest à nous allier; En faveur du Parens, je veux tout oublier; Je l'aime, sans sçavoir mesme comme on le nomme, Sa Figure⁎ me plaist, je le trouve brave Homme, Au rang de ses Amis je me mets aujourd'huy, Et veux, morbleu, casser un Verre avecque luy. A l'hymen⁎ de ma Sœur puisqu'il n'est plus contraire, Qu'on la fasse venir? Ne consentez-vous pas à une telle union… Dites-nous, qu'elle est-elle? Quelque difficulté… Je répons de sa foy, Tant qu'elle n'aura point d'autre Galant⁎ que moy. Si c'est de ma façon, je veux que l'on me berne; Vous le meriteriez, mais un certain defaut… Nous autres Officiers manquons-nous de Maistresses? Il est vray, j'en conviens, mais… Elle n'est point sa Femme, & je vous en répons. Je le veux bien. Cato, qu'on la fasse descendre. Vous l'emmenerez tout doucement chez vous. Calmez cette colere: Je veux vous faire voir combien j'ay sçeu luy plaire, Vous montrer jusqu'où vont les transports⁎ des Amans, Que vos yeux soient témoins de nos embrassements, Luy donner devant vous des marques de ma flame⁎, En avoir des faveurs : Et si c'est vostre Femme, Lors que quelque autre Objet aura sçeu me charmer, Que las de ses faveurs, ou cessant de l'aimer, Pour m'en débarasser, je voudray vous la rendre, Vous serez trop heureux encor de la reprendre. Je l'entens, vous serez à l'instant satisfait. Permettez qu'à leurs yeux, quelque soin qui les touche, Je prenne deux baisers sur cette belle bouche. Oüy, ma foy, c'est à mon grand regret; Aussi-bien est-il temps d'éventer ce secret. Pourquoy? pour vous montrer à faire le Galant⁎, Et vous aprendre, ayant une Femme bien faite, A n'aller point ailleurs debiter la sornette, A vous tenir content du nom de vostre Epoux, Sans chercher à tromper les Gens plus fins que vous. Il n'en est pas besoin, voila vostre Garent. Comment, le Capitaine? **** *creator_montfleury *book_montfleury_fillecapitaine *style_verse *genre_comedy *dist1_montfleury_verse_comedy_fillecapitaine *dist2_montfleury_verse_comedy *id_damon *date_1672 *sexe_masculin *age_jeune *statut_maitre *fonction_fils *role_damon Oüy, Madame, il est vray, ce long retardement Mettroit au desespoir le moins sensible Amant. Vostre Frere qui doit regler nostre Hymenée⁎, M'en semble pour jamais éloigner la journée : Depuis pres de deux mois j'attens de jour en jour Que quelque heureux moment m'annonce son retour ; Mon cœur plein d'un amour combatu par la crainte, N'a pour se soulager, que l'espoir & la plainte, Et me force à conter dans l'ennuy⁎ que je sens, Le nombre de mes maux, par celuy des momens. Pourveu que le succés mette fin à mes craintes, La joye & les plaisirs succederont aux plaintes : Mais s'il faut voir enfin mes feux⁎ sacrifiez… Ah, pour diminuer, mes flames⁎ sont trop belles. Madame, vostre Frere est sans doute arrivé. Sçais-tu quand il revient ? & peux-tu là-dessus Nous aprendre… Qu'est-ce que L'Esperance ? as-tu perdu le sens ? Puis qu'il revient sans luy, je crains bien qu'il n'oublie… Fort bien. Enfin il vient. Non ; mais enfin pour moy sa tendresse⁎ est trop forte, Pour ne pas aprouver l'éclat d'un si beau feu : Cependant comme il faut en ménager l'aveu⁎, Je vais pour l'obtenir, me rendre à sa demeure. Je vous quitte à regret, & reviens dans une heure. Non. Non. D'une autre passion mon ame sent l'atteinte ; Le Jeu n'a point de part au sujet de ma plainte ; Et je serois enfin heureux jusqu'à ce jour. Si le Jeu dans mon cœur n'eust fait place à l'Amour. Oüy, je cede, mon Oncle, à des charmes puissans, L'Hymen⁎ est le seul but du beau feu que je sens ; Jamais tant de vertu jointe à tant de mérites, N'a fait voir… Vostre Femme est trop sage, & fait assez connoistre… Loin que d'un tel soupçon mon feu soit alteré, Mon Oncle, sa vertu m'est un gage assuré : Je veux bien vous ouvrir mon ame avec franchise, Estant vostre Neveu, c'est par vostre entremise Que je dois ménager… C'est un Frere qu'elle a, qui doit disposer d'elle ; Il arrive à Paris dans peu pour voir sa Sœur : Dés qu'il sera venu pour faire mon bonheur, Parlez luy, l'interest d'une ardeur peu commune, Joint à ceux de l'Amour celuy de ma fortune : Cette Belle a du bien ; ma vie & mon repos⁎ Dépendent du succés… C'est Lucinde. Lucinde. Vous la pouvez connoistre, elle est jeune & belle. Pourquoy ne faut-il pas que ma flâme⁎ y prétende ? Si son merite est grand, la gloire en est plus grande. Songez que mon amour… Voulez-vous me reduire à ne rien esperer ? A l'amour que je sens devenez moins contraire Si mon cœur à l'aimer destiné… Je metais; & de peur de vous mettre en colere, Je m'éloigne de vous. Voila ce qui se passe, & ce que l'on résout ; En nous divertissant, nous en viendrons à bout. J'en fus, en l'aprenant, surpris comme vous l'estes. Ces discours obligeans font voir de part & d'autre Des soins que vostre Sexe usurpe sur le nostre. Je pourrois, pour l'entendre, estre assez complaisant : Mais comme un autre soin nous occupe à présent, Allons voir si tanstot⁎ vostre aimable Cousine Executera bien tout ce qu'elle imagine, Et si son enjoûement pourra bien soûtenir… Eh, mon Oncle, de grace… Mais si vostre dessein est de vous faire entendre, Expliquez… Qui peut vous avoir fait de tels discours ? Cela n'est pas possible ! Un projet si hardy Auroit pû s'estre fait… Il est vray, vous deviez vous montrer, & tout haut Luy dire… Mon Oncle… On doit pour une Femme avoir quelque scrupule. Cependant sur un simple soupçon Vous… Mais… Sur la foy de ses yeux, Croit-on que ce qu'on voit, soit ce qu'on sçait le mieux ? Il faut, pour avérer une semblable offence, D'avec la verité détacher l'aparence, Ne pas croire toûjours des sentiments si bas. L'étrange opinion ! Où l'aurois-je trouvée, Pour luy donner la main, & la conduire icy ? Je sors de chez ma Sœur, où j'estois avec elle : Elle n'a veu que nous, depuis qu'elle est dehors. J'en répons. Elle a trop de pudeur, & trop de retenuë, Pour souffrir… Outre que j'en répons, elle sçait son devoir : Vos yeux se sont trompez, vous avez crû la voir, Vous avez sans sujet blessé son innocence, Sans doute, & c'est l'effet de quelque ressemblance ; Non que si cet affront estoit bien avéré, Ce courroux⁎, à mon sens, ne fût trop modéré : Mais quand on blâme à tort des Femmes vertueuses, De semblables éclats ont des fuites fâcheuses. Des exemples du temps, faites-vous des leçons ; Les soupçons mal fondez, sont toûjours des soupçons ; Ces doutes indiscrets dont l'ame est obsédée, De l'affront qu'on se fait, laissent toûjours l'idée, Il n'est dans les esprits jamais bien effacé; Ce bruit fait son effet, quand on le croit cessé ; Sur la foy d'un Mary, le monde s'abandonne A taxer la pudeur de celle qu'il soupçonne, Et ne peut présumer, s'il a trop éclaté, Qu'elle ait de la vertu, puis qu'il en a douté. Si depuis peu sa conduite, D'un amour aparent vous fait craindre la suite, Eclaircissez-vous-en sans vous mettre en courroux⁎ ; Tâchez de la convaincre, & pour lors vangez-vous. De peur de vous détruire, Ne faites jusques-là rien qui puisse vous nuire ; D'un repentir sans fruit épargnez-vous l'ennuy. Je vous laisse. Est-il bien vray, Madame? Mon malheur désormais n'a plus rien qui m'étonne⁎; Et charmé de l'espoir que ce retour me donne, Je me flate de voir que mon cœur et mes soins, Apres un tel aveu⁎, ne vous plairont pas moins; Qu'en faveur d'un amour que vous avez fait naistre, Vous voudrez bien permettre au vostre de paraistre, Et soufrir que j'adjoûte, en me donnant à vous, Au nom de vostre Amant, celuy de vostre Epoux. Madame, la voicy. Vostre Cousine sent son petit Libertin. Oüy, sans doute. Que fait Monsieur le Blanc? Je pense… Il sera donc aisé… Il m'en souvient, Madame, et j'en fais mon affaire. Qui cause un tel desordre en ce Logis? Mon Oncle? En un tel equipage⁎! Vous, aller à la Guerre! A vostre âge! Un notable Bourgeois, un Homme de bon sens, Quitter, à nostre insçeu, Maison, Femme, Parens! Auriez-vous quelque méchante affaire? Quel desespoir vous chasse avec tant de mystere? Ah non, vous n'irez point. Je suis ferme en ce poinct. Il n'importe, Vous ne sçauriez avoir raison assez forte. Vangez-vous autrement. Et songez seulement Que vous devez… Qui l'a fait enrôler? Je m'en vais luy parler. L'auriez-vous insulté? Qu'a-t-il fait? quel outrage? & surquoy⁎ cette peur? Faites que promptement… D'un tel emportement, qui peut estre la cause? Mon Oncle, voulez-vous me mettre au desespoir? A vouloir son trépas, quel motif vous engage? En avez-vous reçeu quelque sensible outrage? J'ay, pour vous vanger, le cœur assez hardy; Mais je prétens sçavoir… Hé bien? Luy? Vostre Femme a pû… Mais enfin sçachons… Il faut la voir, & prendre… C'est un jeune emporté; Mais nous luy rabattrons tanstot⁎ sa vanité: Quand nous aurons de tout une entiere assurance, Vous verrez quelle part je prends dans cette offence. Je croy que c'est elle en effet. Dans sa Maison! Vous n'avez pas raison. Une Fille! Oüy, la chose est assurée. Non, vous pouvez l'en croire, apres cette assurance. **** *creator_montfleury *book_montfleury_fillecapitaine *style_verse *genre_comedy *dist1_montfleury_verse_comedy_fillecapitaine *dist2_montfleury_verse_comedy *id_l-esperance *date_1672 *sexe_masculin *age_sans-age *statut_serviteur *fonction_valet *role_lesperance Madame, Serviteur à vostre Compagnie, Fussiez-vous trente. Vostre Frere est gaillard, & ce Billet contient… Mieux qu'à luy n'apartient. Suivant l'ordre que j'ay d'avoir soin du Bagage, Je suis venu devant⁎ avec son Equipage⁎. Gernidié, quels chemins ! Allez, nostre Mulet A dancé sur la route un diable de Balet. Ah le maudit Païs en Hyver, que la Flandre ! Mon Capitaine vient, qui pourra vous l'apprendre. Bon ! Il beut l'autre jour tant à vostre santé, Que douze heures apres il estoit encor yvre. Moy ? Non, Il faut que je retourne à nostre Garnison. J'en enrage, ou la peste me tuë. Mordié, mener une Recruë⁎ : Mais avant que quitter les Fauxbourgs de Paris, Ma foy, je prétens boire avec mes bons Amis. Je veux renouveller certaine connoissance… Bonjour, Cato. Dés que le Commissaire aura fait la Revuë. On l'attendoit. Si-tost qu'il sera délogé, Ils sont vingt Officiers qui prendront leur congé. Allez, assurez-vous qu'il ne tardera guere. Elles vont toutes deux jaser jusqu'à demain, Et je meurs de soif. Plaist-il⁎, mon Capitaine ? Je sçay bien. Elle a l'air, dedans⁎ cet équipage⁎, De ces petits Fripons qu'on fait sortir de Page, Pour envoyer à Malte aprendre leur Mestier. Monsieur ? Oüy, je vous en répons. Il n'en a que dix-neuf, mais ils sont bien choisis ; Il ne faut point, Monsieur, apres eux, qu'on en cherche ; Ils sont, mordié, tretous aussi grands qu'une perche, Je les ay fait toiser moy-mesme dans sa cour, Ils ont six pieds de haut, & trois grands pieds de tour, Et des barbes, morbleu, qui les rendent plus graves… Morgué, s'ils n'etoient braves, Les voudrois-je emmener ? Demain, & j'en fais mon affaire ; Préparez de l'argent. Votre œil est aujourd'huy bien emmerillonné ! Vous avez vostre conte. Je sçay bien, je sçay bien, la Femme d'un Bourgeois, Qui venoit quelquefois vous tenir compagnie. Peste, qu'elle est jolie ! Dieu sçait si le Mary… plaist-il⁎, Monsieur ? A la fin, Dieu mercy, j'ons tout ce qui nous faut, Et je pourrons partir, si je voulons, bientost : J'ons Mousquets, Baudriers, Epées, Bandoulieres, Habits, Chapeaux, Souliers, avec dix-neuf bons Freres Qui ne cherchent qu'à rire ; & j'espere demain, Quand j'aurons bû trétous six coups de chaque main, Prendre joyeusement le chemin de la Flandre. Mon Capitaine, icy, m'avoit dit de l'attendre Un jour, ou deux; mais zeste, il viendra justement Comme je dance ; Il fait en quelqu'endroit l'Amant, Il cajole par tout & petites, & grandes ; Dieu sçait ce qui s'ensuit. Par ma foy, ces Flamandes Sont de bonne amitié. Quand je les visitons, Leurs Marys sont, morgué, plus doux que des Moutons : Il n'est point d'Officiers qui ne trouvent fortune ; Et jusqu'à leurs Valets, chacun à sa chacune. Le bon Païs que c'est, pour une Garnison ! Mais ce raisonnement n'est pas fort de saison, Allons tout préparer, & faisons diligence. Ah, Cato, ton Valet. Que veut-on ? me voila. Je suis prest à bien faire, & tu verras… Elle est, morgué, trop drôle : Elle m'a bien fait rire ; & le pauvre lourdaut… Je le veux, aussi-bien il faut que je t'en conte. Je te l'ay déjà dit, Mon amour est bien las de te faire crédit : Depuis plus de dix ans, tu sçais bien que je t'aime ; Pour un baiser, ou deux, veux-tu… Monsieur ? Tu n'en es pas quitte. On y va. Serviteur. Monsieur ? Eh Monsieur, Quartier⁎. Comme ce vieux Fou pleure. Eh ne le tuez pas : Morgué, vous sçavez bien qu'il nous faut vingt Soldats, Je n'en ons que dix-neuf, qu'il fasse le vingtiéme, Il portera fort bien un Mousquet. Vous-mesme. J'auray soin de l'aubade, Reposez-vous sur moy. Suivez-moy, Camarade. Je suis parbleu ravy que vous soyez des nostres. Ce que j'ons fait? Morgué, j'avons fait des merveilles: Si quelqu'un l'entend mieux, je donne mes oreilles. Vostre Monsieur le Blanc est un drôle de corps! Il voudroit, pour un bras, pouvoir estre dehors; Je viens de l'enrôler et d'orner sa Figure⁎, En me divertissant, d'un bon Habit de bure; De l'équiper de tout: Mais le régal estoit De voir, en l'habillant, comme il se tourmentoit; Pour en venir à bout, il falloit des machines, Et c'estoit le plaisir car il faisoit des mines Et des contorsions qui vous auroient fait peur: J'en ay ry tout mon soû. Je voudrois de bon cœur Que vous l'eussiez pû voir, la peste me renie; Cela valoit morgué mieux qu'une Comédie. Il tâche à se resoudre, et croit que de pas… Je l'ay laissé là-bas Avec ces aigres-fins que je mene à l'Armée, Qui luy souflent au nez du tabac en fumée; Plus ils faisaient les fous, plus il est sérieux. Oüy, ma foy, car ce sont d'assez bonnes Figures⁎. Bon ; Son épée, et rien, Madame, c'est tout un: Vous verrez là-dessus son attente trompée; J'ay tantost fait river le bout de son épée. Je ne nous mouchons pas de la patte d'un Sot, Madame, et Dieu mercy j'y mettons bien la nostre. Je l'entends, il a fait bande à part. Si vous voulez bien rire, écoutez-le à l'écart. Elle fait bien son rôle. Eh, la Roze? Que diable fais-tu là? Je nous en vons partir. Tout-à-l'heure⁎. As-tu ce qu'il te faut dedans⁎ ton Havre-sac? T'es-tu fait acheter des Pipes, du Tabac? Va, je boirons un coup tanstot⁎ à la Villette; Marche à moy. Il est morgué plaisant ! Veux-tu que pour te plaire, Avec mon Commandant je me fasse une affaire? Marche. Marche donc, ou tu seras traitté… Ah Monsieur de la Roze, Deux heures plus ou moins, ne font rien à la chose; Je partirons tanstot⁎, puis que vous le voulez; Je m'en vay boire un coup en attendant. **** *creator_montfleury *book_montfleury_fillecapitaine *style_verse *genre_comedy *dist1_montfleury_verse_comedy_fillecapitaine *dist2_montfleury_verse_comedy *id_cato *date_1672 *sexe_feminin *age_sans-age *statut_serviteur *fonction_servante *role_cato Ah que pour vostre amour j'ay de bonnes nouvelles ! Nous irons à la Nopce, & l'Hymen⁎ achevé… Non, ce n'est pas cela que je voulois vous dire. Moy ? Non, je n'en sçay rien non plus. Que l'Esperance vient d'arriver tout-à-l'heure⁎. Madame, le voicy. Bonjour, Monsieur de L'Esperance. Viens dans le Logis. Quoy, ce Monsieur le Blanc fait l'amoureux de vous, Comme s'il esperoit devenir vostre Epoux ? Et quoy que marié, ce Magot⁎ vous fait croire, Qu'à se donner à vous il met toute sa gloire ? Qu'il veut vous épouser ? Le Fourbe ! Mais enfin ce chagrin n'est pas fort de saison ; Vostre Cousine va vous en faire raison ; Le piege qu'on luy tend, flate vostre esperance, Je le trouve plaisant, & j'en ris par avance. Le hazard semble exprés pour cet Amant transy Envoyer les Habits de vostre Frere icy ; La Cousine en met un, en attendant qu'il vienne : Vous la verrez tanstot⁎ faire le Capitaine ; Elle est d'un enjoûement qu'on ne peut exprimer, Dans ce nouvel habit elle va vous charmer ; Et si Monsieur le Blanc est Homme de parole, Vous m'allez voir joüer un assez plaisant rôle. Sçait-il… Dieu sçait s'il va venir au Rendez-vous en feu, De l'humeur dont il est, apres un tel aveu⁎. Ce Singe vous croyant fole de sa Figure⁎, Voudra venir au fait, avant que de conclure, Et croira que ceans⁎ dés la premiere fois Il n'aura qu'à soufler, & remuer les doigts. Que nous pourrons donner, apres cette avanture, Aux Hommes trop coquets, de bonne tablature ! On leur garde, ma foy, des Filles de quinze ans ! C'est bien à des Marys à faire les Galans! Encor si ce Magot⁎ estoit un Homme à plaire… Eh… L'on verroit ce que l'on pourroit faire. Reposez-vous sur nous du succés de vos feux⁎, Nous allons le berner, en vous servant tous deux : Prenez-vous-en à moy, si vous n'estes contente. Mais Damon vient, je pense, avecque sa Parente. Je sçay bien ma leçon, je feray mon devoir. Vous sçavez que Lucinde a souhaité vous voir, Et qu'elle vous le dit elle-mesme hyer au soir. Ah Monsieur… Cent fois plus qu'elle-méme! Helas ! il luy semble si doux… Elle meurt, Monsieur, d'amour pour vous. Elle parle de vous, & soûpire sans cesse ; Elle passe les nuits à vous faire pitié ; Moy-mesme, de ses maux je soufre la moitié : Elle se plaint si fort, que la nuit toute entiere Je l'entens, & ne puis en clore la paupiere. Nous vous serons, Monsieur, bien obligées. Dans la Chambre prochaine Je croy qu'elle entretient Monsieur le Capitaine. Du Regiment du Roy. Son Frere ; Il est icy pour quelque temps je croy. Il vint, pour nos pechez, hyer au soir. Un petit enragé, qui ferraille sans cesse : Jamais Homme ne fut de si méchante humeur, Car il est étourdy, mutin, fier, querelleur, Brave comme un César, mais brutal, & capable… Quand la fougue le prend, Monsieur, pour moins d'un rien Comme on tuë un Poulet, il tuëroit un Chrestien : Mais aussi quelque jour il joüera de son reste ; Il en a tué dix depuis dix mois. Ce seroit fait de vous, Monsieur, il vous tuëroit, & toute nostre adresse… Quoy, sortir sans la voir ! Ah ce seroit, Monsieur, la mettre au desespoir. Pourquoy vous éloigner ? Mais si Lucinde sçait… Si ce n'est que cela, vous la pouvez attendre ; Je me garderay bien de vous laisser surprendre : Au pis aller, Monsieur, il faudra vous cacher. Allez, rassurez-vous, je m'en vay la chercher ; Si son Frere paroist, cachez-vous, je vous prie. Ah Monsieur, cachez-vous, le Capitaine vient. Sur peine de la vie, Gardez de vous montrer. Dans cet Apartement. Non. D'où vient donc, Monsieur, cet A propos ? Non, Monsieur. Elle estoit toûjours seule, & jamais ne sortoit, A moins que… On n'a garde, Monsieur. Elle est trop vertueuse, & l'on le sçait trop bien. Je vous entens, Monsieur ; Pourquoy non ? Elle m'a demandé vingt fois de vos nouvelles. En doutez-vous ? Pourquoy ne la verriez- vous pas ? Cette Belle, ma foy, seroit bien dégoûtée, Si vous ne luy plaisiez ; Car pour moy… Je vous répons, Monsieur, Qu'elle vous recevra du meilleur de son cœur. Pour chez elle, Monsieur, neant. C'est que je ne sçay point son Logis, ny son nom ; Comme elle est mariée, elle craint le scandale. La Veuve d'un Bourgeois Chez qui j'allois apprendre à coëffer autrefois, Quand je luy veux parler, va chercher cette Belle, Tandis que je l'attens, & pour raison, dit-elle, Taist son nom. Vous sçavez que par honnesteté Il faut garder en tout de la fidelité. Ce que je sçay le mieux de cette belle Brune, C'est qu'elle a pour Epoux un Chercheur de fortune, Un Pié-plat⁎ qui la fuit, & qu'on dit pour la voir, Qu'on va pour la coëffer. Vous aurez contentement, vous dis-je ; Cele ne pourra, si je n'en viens à bout. J'y cours, & je vous viens rendre raison de tout. A Vingt pas du Logis, j'ay rencontré Madame. Là-donc, comme elle fait la prude aupres de luy ! Quand vous ne nous seriez jamais veus qu'aujourd'huy. Monsieur ? Il faut faire sortir nostre Amoureux. Il s'est fallu, Monsieur, contraindre jusqu'au bout : Mais vous vous estes bien ennuyé ? Avec de jeunes Gens on fait d'étranges rôles. N'en faites point, Monsieur, de mauvais jugement, J'ay sur le point-d'honneur trop de délicatesse : Mais vous sçavez que quand on sert de la Jeunesse, Et qu'on y fait son compte, il vaut mieux consentir… Cela n'est pas croyable. Oüy, Monsieur. Ils se sont embrassez déjà plus de cent fois. Mais, Monsieur, où vous prendre, Si l'on vous veut parler ? Où logez-vous ? Je vous irois chercher. Dites vostre Logis, ma Maistresse est capable, L'ignorant… Puis que vous le voulez, adieu, Monsieur. Il meurt de jalousie, & de colere ensemble. J'ay bien joüé mon rôle ; & voila, ce me semble, Pour un commencement, assez bien débuté. Allons songer au reste, & rire en liberté. Je vous ay tant cherché, que j'en suis hors d'haleine : Ma foy, depuis une heure, & plus, je me proméne, Monsieur ; & graces à vostre opiniâtreté, J'ay bien esté grondée, & j'ay bien arpenté. Pour n'avoir pû dire vostre demeure, Lucinde s'est d'abord emportée, & sur l'heure M'a donné ce Billet, & m'a bien defendu De rentrer au Logis, qu'il n'ait esté rendu. Quoy que pour l'apaiser je ne sçeusse où vous prendre, La peur de l'irriter m'a fait tout entreprendre, Et m'a fait regarder d'icy jusques chez nous, Vingt Courtauts sous le nez, que je prenois pour vous, Ce Billet vous dira si sa peine est cruelle, Et si l'on doit… Il seroit à present trop tard pour en dédire ; Ils m'ont prise chez eux, Monsieur, pour estre à tout. Mais ne viendrez-vous pas ? Ne craignez rien de luy. Jusqu'au revoir Monsieur. Que veut dire cela ? Quoy, vous aimez Lucinde, & vous voulez en conter ? Si, comme tout se sçait, elle se peut douter De vostre amour nouveau, que pourra-t-elle dire ? Je ne puis, Cette Femme n'est pas… On verra ce que l'on pourra faire. Vous serez satisfait. Je ne croy pas, Monsieur ; & si vous luy parlez… Chez vous, si vous voulez. Je le veux. Je vous répons de tout. Ah, bonjour, L'Esperance. On te cherche par tout, & tu dois nous aider… Faut-il le demander ? C'est pour Monsieur le Blanc. Angelique elle-méme Prépare à le berner, un nouveau stratagéme : Pour en venir à bout, elle a besoin de toy. Dy-moi, N'a-t-elle pas joüé bien plaisamment son rôle Avec nostre Galant⁎ ? Tay-toi, nous parlerons de tout cela tantost⁎. C'est pour une autre fois ; ils sont tous là-haut ; monte Pour voir ce qu'on te veut. Veux-tu toy-méme Me laisser en repos⁎ ? Va. Peste du gros lourdaut ! voyez, qu'il prend de peine. Tu n'as qu'à revenir. M'en voilà hors d'haleine. Qu'il me tarde de voir nostre Galant⁎ icy ! Sa Femme, m'a-t-on dit, devoit s'y rendre aussy. Cependant l'heure approche, & je ne voy personne ; Il nous payera bien la peine qu'il nous donne. Le tour qu'on luy prépare est plaisant, sur ma foy ; Sa Femme devroit bien venir… Mais je la voy. Je craignois bien qu'icy vous ne pûssiez vous rendre. A vous attendre. Et moy, j'attens aussi que Monsieur vostre Epoux Vienne, comme il l'a dit, tantost⁎ au Rendez-vous. Angelique & Damon joindront leurs soins aux vostres. Elle plaist à bien d'autres. Si vous estiez d'humeur A garder un secret… Je puis vous confier une assez bonne affaire ; L'occasion vous rit, & je sçais un moyen, Si vous me promettez que vous n'en direz rien, De ménager pour vous… Vous sçaurez donc… Qu'un Galant⁎ d'importance Est amoureux de vous, & que pour vous gagner Il est dans le dessein de ne rien épargner : Outre ce que pour vous il aura de tendresse⁎, Il a des tas d'écus dont il vous fait maistresse ; Et son cœur & son bien sont à vous aujourd'huy, Si vous voulez passer une heure avecque luy. Je me suis engagée à vous porter parole, Et crû vous obliger⁎. Mon Dieu, que de façons ! Pourquoy non ? Oüy, ce Galant⁎, vous dis-je, Verra par des faveurs récompenser son choix, Et ce ne sera pas pour la premiere fois. Il me le semble, Et vous avez passé de bons momens ensemble. Nous ne jurons de rien, mais nous sçavons la Carte. Cependant le Galant⁎, pour vous voir, doit venir; J'ay donné ma parole, & prétens la tenir : Il m'a fort bien payée, & m'a donné sa Bague, Et des Loüis forts bons ; voyez si j'extravague. Cela se peut. C'est luy qui vous en veut. Depuis qu'il vous a veuë en ce lieu si docile, Il croit que vous allez chercher fortune en Ville, Qu'à faire des galans⁎ vous avez du panchant, Que c'est par mon moyen que vous trouvez Marchand ; Et prétend, pour régler son amour sur le vostre, Estre pour son argent, bien venu comme un autre. Hé bien, le verrez-vous tantost⁎ ? On va, pour l'apaiser, changer de batterie, Ne vous allarmez point. Dans une heure d'icy Vous en verrez l'effet. Mais quelqu'un vient icy, Rentrez, c'est vostre Epoux. Dites à ma Maistresse Qu'elle songe à son rôle. Eh tout ira fort bien. Allez, n'en craignez rien. Oh ce n'est pas de mesme, Il est hors du Logis, & pour tout aujourd'huy Il est avec un tas de Vauriens comme luy, Pour faire la débauche, & Dieu nous en délivre : Il faudra que tantost⁎ il creve, ou qu'il s'enyvre ; Et je croy, comme enfin il n'en fait pas façon, Que quand nous le verrons, il sera beau Garçon. Ma foy, je ne croy pas qu'il en ait grand besoin : C'est pour vous que je veux employer mon adresse. Oüy, Monsieur, attendez, je vay vous l'envoyer. Vous avez mis ceans⁎, Monsieur, tout en déroute; Et nostre Maitre…. Il est pis qu'enragé, Là-haut, en vous quittant, il a tout ravagé; Lucinde auroit sans nous essuyé sa colere, Il la vouloit tuer. Voyez la belle affaire! Non; mais devant⁎ qu'il soit nuit, Il la veut du Logis faire emmener sans bruit, Et veut que... La douleur m'empesche la parole. Qu'elle aille pour pleurer ses funestes amours, Passer dans un Couvent le reste de ses jours. Où voyez-vous qu'un Homme à qui l'on s'est fié, Cherche à tromper les Gens, quand il est marié? Sans vous flater, Monsieur, vous le méritez bien. Vous estes bien heureux… Elle est là-haut, Monsieur, elle y vient de monter. Voyant qu'à l'adoucir nostre adresse estoit vaine, Ne sçachant plus que faire, ou dequoy m'aviser, Je la viens d'amener, afin de l'apaiser. Comment faire, Monsieur? Il est avec sa Sœur. Comment s'y prendre? Ne verra-t-elle pas… Je n'ay pas le cœur de vous rien refuser, Je risque tout pour vous; Je vais querir la Belle; Quand vous nous entendrez, éteignez la chandelle. Monsieur, voilà Madame. Au secours, A l'aide. Ces transports⁎ vous sont-ils ordinaires? Estes-vous fou, Monsieur? Vous, insulter ceans⁎ une Femme d'honneur? Monsieur. Monsieur le Capitaine. N'en prenez pas la peine, Je le vais avertir. **** *creator_montfleury *book_montfleury_fillecapitaine *style_verse *genre_comedy *dist1_montfleury_verse_comedy_fillecapitaine *dist2_montfleury_verse_comedy *id_la-brie *date_1672 *sexe_masculin *age_sans-age *statut_serviteur *fonction_valet *role_labrie Monsieur le Blanc est proche du Logis ; On m'avoit commandé de voir par la fenestre, Et si-tost qu'il viendroit, d'en avertir mon Maistre.