--- identifier: boissy_apologiedusiecle creator: Boissy Louis de. date: 1734 title: L’apologie du siècle. , ou momus corrigé, comédie. --- L'APOLOGIE DU SIÈCLE OU MOMUS CORRIGÉ COMÉDIE EN VERS ET EN TROIS ACTES. Représentée par les Comédiens Italiens, pour la première fois, le premier Avril 1734. Le prix est de vingt-quatre sols. M. DCC. XXXIV. Avec approbation et Privilège du Roi. De Monsieur de BOISSY. # APPROBATION. J'ai lu par l'ordre de Monseigneur le Garde des Sceaux, du L'Apologie du Siécle ou Momus corrigé, Comédie en vers. À Paris le 6 Avril 1734. GALLYOT. # PRIVILÈGE DU ROI. LOUIS, par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre. À nos amés et féaux Conseillers les Gens tenant nos Cours de Parlement, Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand Conseil, Prévôt de Paris, Baillifs, Sénéchaux, leurs Lieutenants Civils, et autres nos justiciers qu'il appartiendra, SALUT. Notre bien amé PIERRE PRAULT, Libraire et Imprimeur à Paris, Nous ayant fait remontrer qu'il lui aurait été mis en main plusieurs petits Ouvrages qui ont pour titre, les Etrennes ou la Bagatelle, et autres Pièces de Théâtre du Sieur de Boissy, qu'il souhaiterait imprimer ou faire imprimer, et donner au Public, s'il Nous plaisait lui accorder nos Lettres de Privilège sur ce nécessaires ; offrant pour cet effet de les faire imprimer en bon papier et beaux caractères, suivant la feuille imprimée et attachée pour modèle sous le contre-scel des présentes, À CES CAUSES, voulant favorablement traiter ledit Exposant, Nous lui avons permis et permettons par ces présentes, de faire imprimer les dits Livres ci-dessus spécifiés, en un ou plusieurs volumes, conjointement ou séparément, et autant de fois que bon lui semblera, sur papier et caractères conformes à ladite feuille imprimée et attachée sous notre dit contre-scel, et de les vendre, faire vendre et débiter par tout notre Royaume, pendant le temps de dix années consécutives, à compter du jour de la date des dites Présentes. Faisons défenses à toutes sortes de personnes de quelque qualité et condition qu'elles soient d'en introduire d'impression étrangère dans aucun lieu de notre obéissance ; comme aussi à tous Libraires, Imprimeurs et autres, d'imprimer, faire imprimer, vendre, faire vendre, débiter ni contrefaire lesdits Livres ci-dessus exposés, en tout ni en partie, ni d'en faire aucuns extraits, sous quelque prétexte que ce soit, d'augmentation, correction, changement autrement, sans la permission expresse et par écrit dudit exposant ou de ceux qui auront droit de lui, à peine de confiscation des exemplaires contrefaits, de quinze cents livres d'amende contre chacun des contrevenants, dont un tiers à Nous, un tiers à l'Hôtél-Dieu de Paris, l'autre tiers au dit Exposant, et de tous dépens, dommages et intérêts ; à la charge que ces présentes seront enregistrées tout au long sur le Registre de la Communauté des Libraires et Imprimeurs de Paris, dans trois mois de la date d'icelle ; que l'impression de ces Livres sera faite dans notre Royaume et non ailleurs ; et que l'impétrant se conformera en tout aux Règlements de la Librairie, et notamment à celui du 10 Avril 1725 et qu'avant que de l'exposer en vente, le Manuscrit ou Imprimé qui aura servi de copie à l'impression du dit Livre, sera remis dans le même état où l'Approbation y aura été donnée, ès mains de notre très-cher et féal Chevalier Garde des Sceaux de France le Sieur Chauvelin ; et qu'il en sera ensuite remis deux Exemplaires dans notre Bibliothèque publique, un dans celle de notre Château du Louvre, et un dans celle de notre très cher et féal Chevalier Garde des Sceaux de France le Sieur Chauvelin ; le tout à peine de nullité des présentes. Du contenu desquelles sous mandons et enjoignons de faite jouir l'Exposant ou ses ayants cause, pleinement et paisiblement, sans souffrir qu'il leur soit fait aucun trouble ou empêchement que la copie des dites présentes, qui sera imprimée tout au long au commencement ou à la fin dudit Livre, soit tenue pour dûment signifiée, et qu'aux copies collationnées par l'un de nos amés et féaux Conseillers et Secrétaires, foi soit ajoutée comme à l'original. Commandons au premier notre Huissier ou Sergent de faire pour l'exécution d'icelles, tous Actes requis et nécessaires, sans demander autre permission et nonobstant clameur de Haro, Charte Normande et Lettres à ce contraires : CAR tel est notre plaisir. DONNÉ à Paris le trente-unième jour du mois de Janvier, l'an de grâce mil sept cens trente-trois, et de notre Règne le dix-huitième. Par le Roy en son Conseil, Signé, SAINSON. Et scellé du grand Sceau de cire jaune. Et au dos est écrit : Registré sur le Registre VIII de la Chambre Royale des Libraires et Imprimeurs de Paris, N° 487. Folio 466. conformément aux anciens règlements confirmés par celui du 28 février 1713. À Paris le premier Février 1733. Signé, G. MARTIN, Syndic. À PARIS, Chez PIERRE PRAULT, Quai de Gêvres, au Paradis. Représentée pour la première fois, par les Comédiens Italiens, le premier Avril 1734. # ACTEURS. – MOMUS. – UNE ACTRICE. – PHILINTE. – L'INDIFFÉRENT. – LE GÉNIE DU SIECLE. – TERPSICORE.La Scène est au Théâtre de la Comédie Italienne. # . ## SCÈNE PREMIÈRE. Momus, Une Actrice. L’ACTRICE. Quoi ! Momus, le soutien de notre comédie, Porte, au lieu de marotte, un bouquet à la main ? Son chef n'est plus orné du bonnet calotin ? MOMUS. Ce changement vous notifie, Qu'à fronder désormais je ne suis plus enclin. L’ACTRICE. Mais, quel est donc votre dessein ? MOMUS. De faire ici l'Apologie.... L’ACTRICE. De qui ? MOMUS.         De tout le genre humain. L’ACT[R]ICE. Oh ! Ce fera, je le parie, La Critique du siècle, avec art travestie, Sous les traits adoucis d'un éloge malin. MOMUS. Non, j'abjure la raillerie , Et je prétends louer de bonne foi. L’ACTRICE. Allons, Seigneur, vous vous moquez de moi ; On sait que vous aimez à rire, Et l'encens de Momus est un trait de Satire. MOMUS. Depuis, qu'en bien, tout le Monde est changé, Sachez que je suis corrigé. De la douceur que je respire, Ces fleurs sont un garant qu'on ne peut contredire, La Critique n'est plus de saison ; Et le siècle vit de façon, Qu'il ne convient plus d'en médire. II fait voir tant d'esprit, de candeur, de raison, Qu'en dépit qu'on en ait, il faut bien qu'on l'admire. Plein de sagesse, exempt d'abus, Des ridicules, d'injustices, Il m'oblige à changer d'humeur et d'attributs. À l'avenir je ne dois plus Faire la satire des Vices, Que par l'éloge des Vertus. L’ACTRICE. Je me rends à ce trait, vous n'êtes plus caustique. MOMUS. Les bonnes moeurs du temps m'ont rendus pacifique. Je vois tout par le beau côté ; Et, de tous les auteurs, je veux être imité. L’ACTRICE. [1] Mais jamais au panégyrique, Ces lieux ne furent consacrés ; Et de tout temps, sur la Critique, Nos revenus sont assurés ; Sans elle, serviteur au Théâtre Italique, MOMUS. Elle ne fait que l'avilir, Et ce n'est qu'en jouant qu'on le peut anoblir. L’ACTRICE. Seigneur, tel est notre malheur extrême. Nous ne pouvons, au temps présent Attirer à nos jeux Paris, qu'en l'amusant, Ni s'amuser qu'aux dépens de lui-même. MOMUS. Madame, c'était bon jadis Que le Public riait sans entendre finesse ; Mais aujourd'hui qu'il est des plus polis, Et que le moindre trait alarme ses esprits, Et choque sa délicatesse ; Que les portraits pair lui ne font saisis, Que pour les commenter contre l'auteur sans cesse ; Et qu'il les blâme, après les avoir applaudis, La Critique est funeste, et je vous l'interdis. L’ACTRICE. C'est vouloir nous ôter notre ressource unique : De tout Poète dramatique, Songez qu'elle est, Seigneur, le véritable lot. Il la professe en sage, et non pas en cynique ; S'il fronde la sottise, il épargne le sot : Ménageant, avec art, son pinceau satyrique, Il peint le siècle entier des plus fortes couleurs. Sans désigner personne, et sans noircir les moeurs, Il fait par ses écrits la censure publique Sous des noms empruntés, et des traits généraux ; Et comme en un miroir, dans ce tableau critique, Sans en être offensé, chacun voit ses défauts. MOMUS. Les applications sont toujours dangereuses, Et font naître souvent des disputes fâcheuses ; Écrivons pour la paix, non contre le repos. Pour plaire sagement, et sans qu'on nous redoute, Je veux,dans ce jour, essayer De tracer au Théâtre une nouvelle route, Et d'y louer sans ennuyer. L’ACTRICE. Carrière difficile, et délicat métier ! MOMUS. J'espère la remplir. L’ACTRICE.         Permettez que j'en doute. MOMUS. Allez, j'aurai toujours l'honneur de la frayer. L’ACTRICE, S’EN ALLANT. Par la louange vouloir plaire ! Le seul projet à lieu de m'effrayer ; Nous sommes ruinés, si Momus est sincère. ## SCÈNE II. Momus, Philinte. PHILINTE. Seigneur, je viens pour vous prier De me venger. MOMUS.     De qui? PHILINTE.         De l'Univers entier. [2] Contre lui, répandez un torrent d'épigrammes : Tirez à bout portant. Morbleu, point de quartier ; Déchirez, à l'envi, les hommes et les femmes. MOMUS. Que vous a fait le siècle ? Et par quelles raisons Excite-t-il chez vous une pareille rage ? PHILINTE. Parce qu'il est méchant de toutes les façons. MOMUS. Parlez plus poliment du siècle où nous vivons. PHILINTE. Quoi ! Vous voulez que je ménage [3] Un siècle si fripon ? MOMUS.         Corrigez ce langage, Le terme de fripon n'est plus du bel usage. II révolte l'oreille en ce temps épuré Où chaque mot qu'on dit doit être mesuré. La politesse veut... PHILINTE.         Ah ! Ventrebleu, j'enrage, Je ne trouve, en Amour, que des coeurs scélérats ; En amitié, que des ingrats. On me gruge au Palais ; au jeu, l'on me friponne, Et l'on me vole à la maison, : Chez le traiteur, On m'empoisonne, Et vouS ne voulez pas, contre toute raison, Que je traite aujourd'hui le siècle de fripon ? MOMUS. Grossièrement pourquoi le dire, Quand, par dès correctifs, vous pouvez l'adoucir. PHILINTE. Oh ! Commencez donc par m'instruire ; Qu'est-ce qu'un correctif ? Vous me ferez plaisir De m'expliquer le sens de ce mot qui m'arrête. MOMUS. C'est l'art, à le bien définir, De faire tout passer par le tour qu'on lui prête, Et de choisir toujours le nom le plus-honnête. PHILINTE. Pour m'enseigner cet art où vous semblez primer, Apprenez-moi d'abord comment je dois nommer Une friponne, une coquette, Dont la bouche me jure un amour fans égal, Et qui, l'instant d'après, me trahit en cachette, Et favorise mon rival ? MOMUS. Mais on la nomme une femme ordinaire, Qui fuit le train du monde, et qui, faite pour plaire, A l'esprit de jouir des droits de sa beauté. PHILINTE. C'est donner un beau masque à l'infidélité. Et l'ami déloyal qui m'enlève la Belle, Et qui m'emprunte mon argent Pour triompher de l'infidèle, Comment l'appelle-t-on, en ce siècle charmant ? MOMUS. Un ami faible, et que l'amour emporte : On doit avoir pitié d'un homme de la sorte. PHILINTE. Momus est bien compatissant. Et de quelle façon est-ce qu'il qualifie Un Procureur avide, et qui, sans modestie, De toutes mains reçoit double valeur, Et qui me vend à ma partie ? MOMUS. Mais-je l'appelle un Procureur. PHILINTE. [4] Un Chevalier de l'industrie, Qui de filer la carte ose professer l'art ? MOMUS. Un habile joueur qui fixé le hasard. PHILINTE. Un valet qui me Volé avec effronterie, Et qui vend mes habits sans ma permission ? MOMUS. Un pauvre diable qui s'oublie, Entraîné par l'occasion. PHILINTE. Un pareil discours m'édifie ; On ne peut pas, sur sa friponnerie, Excuser un coquin en termes plus civils. Et celui qui parvient, des emplois les plus vils, À des postes d'honneur qu'il arrache au mérite Par une voie oblique et des détours subtils ? MOMUS. Le modèle parfait dz la bonne conduite, Qui, devenu son propre créateur, Du fond de son néant a tiré sa grandeur. PHILINTE. Peste ! Quel éloge sublime ! Et celui qui voilant le noir dessein qu'il a, [5] Répand malignement un libelle anonyme, Contre son concurrent qu'il supplante par là ? MOMUS. Un politique adroit, qui croit tout légitime Pour arriver au but où tendent ses désirs. PHILINTE. Pour finir,en un mot ; comment est-ce qu'on nomme L'animal vicieux, esclave des plaisirs, Qui manque à tous ses devoirs ? MOMUS.         L'Homme Le plus puissant de tous, et des autres le Roi, Formé pour imposer, non pour subir la loi, PHILINTE. En ce siècle pervers, voilà comme l'on donne De favorables noms aux vices triomphants ; Par ces beaux correctifs et ces tours éloquents, Tout crime est excusé, toute action est bonne, Et l'on ne trouve plus de malhonnêtes gens. Moi, qui ne puis souffrir ce jargon qui m'irrite, Je parle à découvert contre les moeurs du temps, Et je donne à chacun le vrai nom qu'il mérite. J'appelle une maîtresse, au maintien hypocrite, Qui me trompe sous-main en feignant de m'aimer, Une coquette insigne, et qu'on doit enfermer : Et mon ami qui l'a séduite, Un perfide, un ingrat digne d'être noyé. Un valet qui me vole, un scélérat à pendre ; Un Procureur qui prend sans jamais rendre, Un fripon privilégié. Un Chevalier qui fait commerce de jouer, Pour escroquer et filouter l'espèce, Est un gentilhomme à clouer Sans quartier, sur la table où brille son adresse. Un homme qui parvient à des emplois brillants Par la bassesse et le pillage, [6] Un pied-plat qui devrait conduire l'équipage Dont il occupe le dedans. Celui de qui la noire calomnie Va semer contre nous des écrits clandestins, Et nous couvre d'ignominie, Le plus affreux de tous les assassins Qui nous ravit l'honneur bien plus cher que la vie. Le Roi des animaux est le pire de tous, Et ce siècle, celui des travers lés plus fous. Momus enfin, Momus qui justifie Ce que notre age a de plus odieux, Est le dernier de tous les Dieux ; Et, par sa lâche flatterie, Cent fois plus bas, plus méchant à mes yeux Que les mortels qu'il justifie. Adieu. Ton seul aspect me chasse de ces lieux, Vil apologiste du vice : Va, qui prend sa défense, en devient le complice. MOMUS, L’ARRÊTANT. Arrêtez-vous. Je ne souffrirai pas Que vous partiez avec l'idée injurieuse Qu'a du siècle et de moi votre âme furieuse. PHILINTE. Crois-tu donc me convaincre en retenant mes pas ? MOMUS. Entre notre age et vous je veux me rendre arbitre, Et devenir, en vertu de ce titre, De tous vos différends le pacificateur. PHILINTE. Moi ! Je récuse un tel médiateur. MOMUS. J'ai des moyens si bons à vous déduire, Que vous allez me croire, et dompter ce transport. PHILINTE. Mais lorsque, j'ai raison, comment peux-tu détruire... MOMUS. Oui, vous avez raison ; mais nous n'avons pas tort. PHILINTE. Ventrebleu ! Ce discours est digne qu'on l'admire. MOMUS. Vous allez en tomber d'accord. Prêtez-moi seulement une oreille docile. PHILINTE. Pour la rareté du fait, soit ; J'écoute, et je suspens ma bile. S'il se tire de là, je le tiens pour adroit. MOMUS. Votre plainte, Monsieur, est d'abord légitime: Des mauvais procédés dont on est la victime, Les exemples font familiers; Mais du siècle, après tout, ils ne sont pas le crime, C'est celui des particuliers. De quelques faux amis qu'on se trouve la dupe, De la fureur qui nous occupe, Tout l'Univers devient l'objet ; Nous nous prenons à lui du bien que l'on nous ôte, Et nous ne songeons pas que c'est souvent la faute Du mauvais choix que notre coeur a fait. PHILINTE. Ce raisonnement là me frappe, Je puis bien être dans le cas. MOMUS. Par ce discours qui vous échappe ; De votre erreur vous convenez tout bas ; Le siècle, à cet égard, n'est donc plus si blâmable ? Dans l'aveugle transport qui vous l'a peint coupable, Vous le voyiez en laid, et dans son vilain jour : Par un esprit plus doux, et d'un oeil équitable, Voyez-le en beau, Monsieur, à votre tour. La Justice jamais fut elle mieux rendue, Et l'Univers mieux policé ? La vérité fut-elle mieux connue ? Plus loin, dans la Nature, a-t-on jamais percé ? Jamais la Nation fut-elle plus polie ? Le Commerce plus sûr, et la Société Plus charmante et plus accomplie ? La Grâce au savoir s'y marie, L'agrément à l'utilité, La bienséance à la commodité. À l'enjouement la noblesse est unie, Et l'élégance à la solidité. C'est le siècle du goût, titre bien mérité ! Et, s'il a ses défauts comme les autres Ages, Convenez, avec moi, qu'ils sont bien compensés ; Et. que, par tous ses avantages, II enchérit en bien sur les siècles passés. PHILINTE. Ce portrait, quoique favorable, Est conforme à la vérite. J'ai trop crû la fureur dont j'étais agité ; J'ouvre les yeux, je sens qu'il est plus raisonnable De voir tout, ici-bas, par le plus beau côté. MOMUS. D'un si sage séjour que je suis enchanté ! Notre age n'a pas tort, j'ai su vous en convaincre ; Consentez donc que Momus aujourd'hui, Vous réconcilie avec lui ! PHILINTE. Je le veux de bon coeur. On est sûr de me vaincre Dès qu'on me montre la raison. MOMUS. Vous avez l'esprit droit, vous avez le coeur bon. Allez, joignez, plein d'une ardeur nouvelle, Au fonds de probité qui vous est naturelle, Trois couches de vernis de ce siècle poli, Et vous serez, Monsieur, un mortel accompli. PHILINTE. Je cours mettre à profit le conseil qu'on me donne, Mettre d'accord en ma personne L'homme du siècle avec l'homme d'honneur ; Sans nuire à la franchise, orner l'extérieur ; Joindre par un noble alliage Aux vertus du vieux temps, les vertus de notre âge ; La dépouillant de son austérité, Rendre agréable la sagesse, Et faire aimer la probité Sous les traits de la politesse. ## SCÈNE III. Momus, L'indifférent. L’INDIFFÉRENT. Je viens d'entendre vos discours, Seigneur Momus, qu'ils m'ont fait rire ! Vous serez le même toujours En éloge comme en satire MOMUS. Comment donc ? Que voulez-vous dire ? L’INDIFFÉRENT. Que votre esprit, par de subtils détours, Sais adroitement se conduire ? Mais tout le monde, cher Momus, [7] De ce prosélyte crédule Ne suivra pas le sot abus ; En entrant, en sortant je l'ai vu ridicule. MOMUS. De quel abus le taxez-vous ? Il reconnaît son injustice. L’INDIFFÉRENT. Premièrement, je blâme le courroux Qu'il a fait éclater si fost contre le vice. MOMUS. Il en est revenu. L’INDIFFÉRENT.         Par un autre caprice Qui doit le mettre au rang des fous. MOMUS. Comment ? L’INDIFFÉRENT.         D'une autre erreur sur le champ adoptée Vous avez rempli son esprit ; Cette victoire remportée Doit établir votre crédit. MOMUS. Quoi ! Vous riez d'un galant homme Qui connaît ses défauts, et veut s'en corriger ? L’INDIFFÉRENT. Oui c'est ainsi que votre orgueil le nomme, Mais ce n'est ainsi que l'on en doit juger. MOMUS. Et quelle idée est donc la vôtre ! Il blâmait tout le monde, et j'ai su lui prouver Qu'il est beaucoup de gens que l'on doit approuver. Vers lequel penchez-vous ? L’INDIFFÉRENT.         Ni vers l'un, ni vers l'autre. MOMUS. Oh, oh ! L’INDIFFÉRENT.         L'indifférence est le meilleur parti. Irai-je me fâcher contre un plat personnage, Et lui donner un démenti Sur toutes les vertus qu'il croit son apanage ? Si le sort à quelqu'un enfin a départi De rares qualités un brillant assemblage, Irai-je en l'admirant me croire anéanti ? Et le louer d'un bien qui n'est pas son ouvrage ? Car, Seigneur, en naissant chacun porte son lot. Faibles jouets de la nature, Chacun vient risquer l'aventure D'être bien ou mal fait, spirituel ou sot, Et nous ne nous formons l'esprit ni la figure. Mais l'éducation dompte le naturel, Et fait souvent en nous un changement extrême. L’INDIFFÉRENT. Ce changement est superficiel : Puisqu'il faut, jusqu'au bout, vous prouver mon système, Elle avance fort peu par tous ses vains efforts ; Elle a,beau plâtrer les dehors, Notre fonds est toujours le même. MOMUS. Mais je soutiens que son secours, Qu'à tort vous peignez inutile, Fait des merveilles tous les jours. L’INDIFFÉRENT. Oui, sur un naturel fertile ; Vraiment, je n'en doutai jamais, Puisqu'il sort de ses mains heureuses, Aussi brillant, aussi poli, Que de la main d'un Artiste accompli, Sortent les pierres précieuses. Qui, je conviens qu'il faut des soins au naturel, Au bon, car au mauvais, ce sont peines perdues. MOMUS. Convenez donc qu'aussi les louanges font dûes À ceux qui, l'ont reçu du Ciel. L’INDIFFÉRENT. C'est justement ce que je nie. J'en reviens à mon premier point, Que l'on possède un mince, ou bien un grand génie. Je ne méprise pas, mais je n'admire point. Un malheureux, à qui la Nature cruelle A même refusé sa plus simple faveur, En est assez puni par la douleur mortelle, Que lui cause en secret-cet excès de rigueur Qui l'avilit à ses yeux même, Sans que j'aille ajouter ençor à son malheur, En l'accablant du poids de mon mépris extrême, Et le perçant d'un ris moqueur : Un triomphe si bas, et qu'on obtient sans peine, Déshonore l'esprit , et fait outrage au coeur ; Alors, plus la victoire est pleine, Plus son éclat honteux dégrade le vainqueur. Quant à celui sur qui le sort propice A libéralement versé Tous les dons séducteurs qu'accorde son caprice, N'en est-il pas assez récompensé Par ces mêmes présents de son étoile heureuse, Et la comparaison flatteuse Qu'il fait de son mérite avec celui d'autrui ? II sent trop bien ce mérite suprême, Et nous devons nous reposer sur lui. Du soin de s'applaudir lui-même. MOMUS. Souffrez que je vous dise ici... L’INDIFFÉRENT. Adieu, vous me feriez un discours inutile ; Dans mon opinion, je suis toujours tranquille. Admirer, est d'un sot ; fronder, d'un étourdi ; Rester neutre, d'un homme sage ; Et je m'en tiens à ce dernier parti, Sans vous en dire davantage. ## SCÈNE IV. Momus, Le Génie du siècle. LE GÉNIE. Seigneur, je viens vous éclairer, Et vous servir de conducteur moi-même Dans la carrière où je vous vois entrer. Comme le monde a changé de système, Et qu'étant mal instruit, vous pourriez exalter Ce qui n'est plus digne de l'être, Ou taire ce qu'il faut vanter Il est bon, en ce jour, de vous faire connaître L'esprit qui le gouverne, et qu'on doit consulter. MOMUS. C'est m'obliger très fort ; mais daignez, je vous prie, M'apprendre votre nom avec vos qualités ? LE GÉNIE. Du siècle, en moi, vous voyez le génie : Remplissant l'univers de nouvelles clartés, J'ai des vieux préjugés vaincu la tyrannie ; De nos aïeux bornés corrigé les abus ; D'une constance ridicule Affranchi les Amours qui ne soupirent plus ; Dégagé l'amitié des devoirs superflus ; La probité, du poids d'un vain scrupule, Et j'ai créé d'autres vertus. MOMUS. Cette reforme est des plus belles ; On fait tout ce qu'on veut quand on a de l'esprit. Mais les vieilles vertus n'ont donc plus de crédit ? LE GÉNIE. Non. J'ai sur leur ruine établi les nouvelles. Ces contrôleuses éternelles Étaient dures à vivre, et d'un sot entretien. MOMUS. De m'avertir vous faites bien ; Car j'aurais, dans mon ignorance, Loué bêtement la Constance, La Candeur, la Fidélité, La Modestie et la Franchise, . La Bonne-Foi, l'Integrité. LE GÉNIE. Vous auriez fait une insigne méprise. Apprenez qu'aujourd'hui, la Candeur est sottise ; La Constance fadeur, ou défaut d'agréments ; La Modestie, un vice des plus grands, Qui par la crainte qu'elle excite, Ôte la grâce, étouffe les talents, Et fait souvent un sot d'un homme de mérite ; La Bonne Foi produit les plus petits esprits, Qui n'osant s'écarter de la marche commune, Ne font jamais un pas vers la Fortune ; L'intégrité, des gens durs, impolis, Sur qui ne peuvent rien les parents, les amis, Et qui refusent, tout aux Dames ; La Franchise, des étourdis ; Et la Fidélité fait les plus sottes femmes, MOMUS. J'ouvre les yeux et suis de votre avis Ces vertus-là ne sont pas de commerce. LE GÉNIE. Voilà pourquoi je les proscris, Et ne veux plus qu'on les exerce. Je leur substitue, en ce jour, L'Inconstance, qui de l'amour Fait un amusement au lieu d'un esclavage, Et rend illustre une aimable volage La juste Défiance, au coeur toujours couvert, Qui sait se déguiser sous un maintien ouvert, ; Et qui désigne un homme sage. La Bonne Opinion, ferme dans tous ses pas, Qui porte et met en jour le mérite qu'elle aide, Qui fait briller l'esprit que l'on possède, Et paraître souvent celui que l'on n'a pas. La, douce Politesse, et l'exacte Décence Que suivent les égards si respectés en France Qui parent les dehors sans gêner les désirs, Et leur servant de voile, augmentent les plaisirs, La Coquetterie attrayante, Au souris fin, au regard séducteur, Pour mieux plaire toujours décente, Se couvrant à demi d'un vernis de pudeur, Animant la beauté qu'elle rend plus piquante, Qui répand ses attraits jusques sur la laideur, Et forme, en épuisant son pouvoir enchanteur, La femme du grand monde, ou la femme charmante. La fine Politique, et le Manège adroit, Époux clandestin de l'Intrigue, Ami des Souterrains, et père de la Brigue, Qui cache, d'un rideau que personne ne voit, L'art de tout aplanir, et l'utile science D'aller à la Fortune avec rapidité,v Et d'une main que conduit la prudence, D'arracher ses faveurs avec impunité ; C'est ce Manège enfin qui compose d'essence, Du Génie élevé, de l'esprit transcendant, Qui franchit la barrière, et qui vole au plus grand. MOMUS. Oh, voilà pour le coup les vertus à la mode. La morale en est douce, et l'usage commode. LE GÉNIE. C'est d'agrément joint-à 1'utilité, Qui fait les vertus véritables ; Les miennes, douces et traitables, Ont cette double qualité ; Et, faites pour l'humanité, Sont utiles autant qu'aimables. MOMUS. Elles auront nombre de partisans, LE GÉNIE. Pour mieux prouver mon avantage Sur la sagesse du vieux temps, Examinons son plus parfait ouvrage. Quels font ces sages renommés, Ces mortels si parfaits que ses mains ont formés ? Des hommes singuliers, des esprits indociles, Des misanthropes noirs, des censeurs difficiles, Qui trouvent tout mauvais, et ne sont bons à rien ; Des vains déclamateurs, en maximes fertiles, Parés du nom de gens de bien, Et Citoyens très inutiles ; S'ils sont dans l'indigence, ils le méritent bien. Quels sont présentement ceux que je favorise, Et que j'ai pris soin de polir ? Des hommes accomplis que tout le monde prise, Qui joignent l'art de plaire à l'art de s'agrandir, Propres a tout, alliant les contraires, Amusants dans un cercle, utiles à l'État, Papillons en amour, Aigles dans les affaires, Polis dans le commerce, et vaillants au combat ; Comblés de gloire, ils sont dignes de leur éclat. MOMUS. À ces derniers que je préfère, Je donne, en ces instants, le prix sans balancer : Ils sont riches, brillants, le sort leur est prospère. Ce sont-là les Héros que je dois encenser ; Et c'est à vous que je veux plaire. Sur la vertu, quoique je la révère, Je me tairai, de peur de m'oublier. LE GÉNIE. À ses dépens Momus peut s'égayer. Gothique comme elle est, chacun vous l'abandonne. MOMUS. Mais mon métier est d'approuver. LE GÉNIE. Attaquez-la, Seigneur, vous n'offensez personne. MOMUS. J'offense tout le monde, et je vais le prouver. LE GÉNIE. Oh ! Cette saillie est fort bonne ! On vous défend d'être malin, Vous déguisez la pente où vous êtes enclin, Et vous sauvez par l'ironie ; J'applaudis de bon coeur à ce trait de génie, Et vous prenez de bon chemin. MOMUS. Moi ! Je ne raille points quoique vous puissiez dire ; Penser ainsi de moi, c'est vouloir me détruire, Car qu'est-ce qu'un railleur ? Un esprit sans égard, Qui ne respecte rien, qu'on fuit de toute part ; Haï de la moitié du monde qu'il déchire, Et craint ou méprise de l'autre qu'il fait rire. LE GÉNIE. Vous peignez un caustique, et non un fin railleur ; Songez que le plus sage est quelquefois rieur/ Avec raison, Paris s'offense, Qu'on fronde ouvertement et par profession ; Mais il est très permis en France De railler joliment et par occasion. Vous pouvez, en faisant la juste apologie Du goût du siècle et de ses moeurs, Vous pouvez en passant contre tous ses frondeurs, Exercer votre raillerie : Décochez-leur vos traits, mais d'une main polie. MOMUS. La mienne est mal adroite, et pourroit les meurtrir. Pour louer, volontiers, je suis prêt d'obéir, Car j'en ai fait un serment authentique Pour mon repos et pour mon bien ; Et dussai-je échouer dans le Panégyrique, J'aime mieux louer mal, que de médire bien. LE GÉNIE. Je ne puis m'empêcher d'en rire, Et je trouve le trait aussi neuf que charmant ; Momus qui me prie instamment De le dispenser de médire ! Adieu. Je vais, Seigneur, publier hautement, Que Momus a quitté, déposant son tonnerre, L'uniforme du régiment ; Qu'à l'avenir, toute la terre Peut être ridicule, et folle impunément, Et qu'il fait en ces lieux ; trafic de compliment ; Que sans contribuer à l'intrigue comique, Et sans servir au dénouement, Tout personnage épisodique, Il Peut à ses yeux paraître hardiment, Beauté, Laidron, Roturière, Marquise, Vieille, tendron piquant, Honnête homme, Fripon, Ignorant et Savant, Les vertus, les défauts, l'esprit et la sottise ; Que vous louez, enfin, tout indifféremment, Et qu'au premier venu d'une main libérale, Vous prodiguez d'encens dans cette salle, Sans savoir pourquoi, ni comment. MOMUS. Allez, vous me forcez de quitter l'ironie ; À mes yeux ne vous offrez plus. Si de ce siècle heureux vous étiez le génie, Vous seriez plus de cas des solides vertus. ## SCÈNE V ET DERNIÈRE. Momus, Terpsicore. TERPSICORE. Seigneur, la Muse de la Danse Vous fait son humble révérence. MOMUS. À louer vos brillants appas, Déesse, désormais ma bouche est destinée. TERPSICORE. Vraiment, Momus est galant cette année. MOMUS. La noblesse de vos pas, La mollesse de vos bras, La langueur de vos yeux, tant leur puissance est grande, [8] Enchantent tout Paris dans une sarabande ; De vous revoir il ne se lasse pas. TERPSICORE. Quel éloge ! La noblesse, De mes pas de mes bras, de mes yeux ! Parler de sarabande aujourd'hui ! Justes Dieux ! On voit bien qu'à louer Momus manque d'adresse, Et qu'en danse moderne il est peu connaisseur. MOMUS. J'ai crû que sur toute autre, excusez mon erreur, La danse grave avait la préférence. TERPSICORE. La danse grave ! Ha, ha ! C'est de la vieille danse Que vous nous parlez-là, Seigneur ! Qu'on ne me vante plus sa funèbre indolence, Elle assoupit les spectateurs ; Pour elle, désormais, pleine d'indifférence, Je l'abandonne aux Danseuses des Choeurs. Je vois qu'avec le Goût vous avez fait divorce. Apprenez qu'à présent la souplesse, la force, L'agilité sont mes premiers talents ; Qu'on m'admire par là dans le siècle où nous sommes, Et qu'à former des pas hardis, forts et brillants, Je ne le cède en rien aux hommes. MOMUS. On dansait autrefois, Madame... TERPSICORE.     On dansait ? MOMUS.         Oui, D'une manière très auguste. TERPSICORE. Dites, Momus, dites, pour parler juste, Qu'on marchait autrefois, et qu'on danse aujourd'hui : On ignorait mon art aimable. Depuis six ans, au plus, on sait former des pas ; De ce temps-là, je n'exagère pas, Je date seulement la danse véritable. MOMUS. J'ai pourtant vu de grands sujets. J'ai vu... TERPSICORE, CONTREFAISANT L’ANCIENNE DANSE.         Vous avez vu marcher comme je fais ; Vous avez vu la Danseuse novice, Partant ainsi du fond de la coulisse, Parcourir le Théâtre, et s'arrêter exprès Pour minauder avec un art extrême, Et lorgner le Parterre en lui tendant les bras, Se courber lentement, se relever de même, Sans se donner le soin ni l'embarras D'exprimer rien par ses pieds immobiles, Ni de faire briller ses jambes inutiles. MOMUS. Par son visage heureux, et par ses airs charmants, Elle jouait ses danses. TERPSICORE.         Je l'avoue. Mais je fais plus, car je les joue Et je les danse en même temps. Je réunis les deux talents. T Mais on a beau vanter l'expression touchante. Elle déploie sa jambe. Qui fait la danse au fond ; c'est la danse brillante, Elle se campe. C'est la position de nos pieds bien tournés, Elle marque ses pas. Ce sont nos pas bien dessinés ; C'est l'entrechat enfin, qui frappe, étonne, enchante : Pareil à la gerbe éclatante, Qui, s'élançant du sein de sa prison, Elle bat l'entrechat. Termine l'artifice, et forme un tourbillon. MOMUS. De votre pied léger l'audace est étonnante ! TERPSICORE. Je crois, de ma comparaison, Qu'elle doit rendre aux yeux la justesse frappante. MOMUS. Déesse, qui vous voit ne peut la critiquer. TERPSICORE. Comme dans une pièce il est de la prudence De finir par un trait qui la fasse claquer, Et que c'est même une science, De même, en un Ballet, on doit toujours finir Par un double entrechat qui le fasse applaudir, Elle 2bat le double entrechats. C'est l'épigramme de la Danse. MOMUS. Vous venez de m'assujettir, : Et, votre Danse que j'adore, Fait la gloire du siècle, aimable Terpsicore. TERPSICORE. Adieu. Je vais donner un Ballet de saison, Et cours me signaler par une danse unique Qui vous le fera trouver bon. [9] Erato doit louer tout le siècle en musique, Elle s'en va. MOMUS. Soutenant jusqu'au bout mon heureux changement, J'applaudis, sans le voir, le Divertissement. ## DIVERTISSEMENT. MENUET. XXXXX. Chantons du Citadin, Chantons les moeurs faciles, Chantons du Citadin L'esprit agréable et badin ; Les femmes sont civiles, Les maris sont tranquilles, Les tendrons savants Trompent à quinze ans Leurs bonnes Mamans. Air. Dans ce siècle tout est charmant, Tout est poli, tout est galant, Tout possède le don de plaire, Et le plus sot paraît brillant ; Avec beaucoup d'esprit on ment. On se trompe joliment, Et la beauté la plus sévère Ne l'est qu'un petit moment. ## VAUDEVILLE. XXXXX. Regardons en beau le monde, Trop poli pour qu'on le fronde. Approuvons également ; Qu'on pardonne, ou qu'on se venge, L'un est juste, et l'autre est grand ; Tout est digne de louange. Qu'à sa guise chacun aime, Ne blâmons aucun système. On doit suivre son penchant. C'est sagesse quand on change, Vertu quand on est constant : Tout est digne de louange. ------- [1] Panégyrique : Discours d'un Orateur fait à la louange d'une personne, ou d'une vertu extraordinaire, ou qu'on veut faire passer pour telle. [2] Epigramme : c'est une espèce de poésie courte, qui finit par quelque pointe ou pensée sublime. F Elle exprime souvent une pensée mordante envers une personne ou une oeuvre. [3] Fripon : Méchant, maraud, fourbe, coquin ; qui dérobe secrètement ; qui tâche à tromper ceux qui ont affaire à lui ; qui fait des gains illicites au jeu, ou dans le négoce, et qui est sans honneur et sans bonne foi. F [4] Industrie : Habileté à faire quelque chose, à exécuter un travail manuel. Cela est fait avec beaucoup d'industrie. Avoir de l'industrie. Une dangereuse industrie. L [5] Libelle : Ecrit qui contient des injures, des reproches, des accusations contre l'honneur et la réputation de quelqu'un. F [6] Pied-plat : Fig. et par mépris, pied plat, homme qui ne mérite aucune considération ; locution qui vient non du vice de conformation indiqué ci-dessus, mais d'une différence de chaussure entre les gens du peuple et les gentilshommes, ceux-ci portant des souliers avec des talons rouges très relevés, tandis que les ouvriers et les bourgeois portaient des souliers plats. L [7] Prosélyte : Nouveau converti à une foi religieuse. Par extension, un converti, un homme gagné à une doctrine. L [8] Sarabande : Ancienne danse d'origine espagnole, et dont l'air était à trois temps très lents. L [9] Erato : La muse qui préside à la poésie tendre et amoureuse. L