Amour, le Dieu des Bois Implore ta toute puissance : Sauve-moi la douleur de revoir en ces lieux, Un Berger trop fatal au bonheur de racs igBazi’egay feux Profitant du dépit qui cauíà son absence, C’est coi qui pour fléchir.l’objet de tous mes voeux, M’as fait de Palémon prendre la ressemblance : Amour, le Dieu des Bois implore ta puissance : Sauve-moi la douleur de revoir en ces lieux Un Berger trop fatal au bonheur de mes feux. Quoi, toujours agité d’une douleur mortelle ! Peut-on aimer hélas ! Et ne pas ressentir Une crainte toujours nouvelle ?• L’aveu de mon ardeur fidèle D’une injuste frayeur aurait dû vous guérir. J’éprouve une peine cruelle, Tout semble m’annoncer que le Ciel en courroux Me prépare un coup terrible : Et je sens que mon coeur ne peut être sensible Qu’au malheur de me voir abandonné de vous. Si le bonheur de votre vie Dépend de ma fidèle ardeur, Croyez que Doris en son coeur Vous garde un sort digne d’envie. Non, vous ne m’aimez pas, et j’en crois la douleur Qu’éprouve en ce jour ma tendresse. Pour dissiper un soupçon qui me blesse À de nouveaux serments faut-il avoir recours. Jurez-moi par le Dieu qu’en ces Bois on révère Que le Berger qui vous sut plaire Sera toujours l’objet de vos tendres amours. Je jure par le Dieu qu’en ces Bois on révère Que le Berger qui m’a su plaire Sera toujours l’objet de mes tendres amours. Mais on vient. Terminons un discours trop sincère. Palémon sur ces bords, vient de frapper mes yeux. Que son retour me cause une mortelle peine! Et pourquoi craignez-vous un Rival malheureux ? Quand Palémon lassé d’une constance vaine Jura de ne plus voir ces lieux Doris à son départ ne fut que trop sensible On vit éclater un amour Que sa rigueur invincible Avait caché jusqu’à ce jour. Du Berger prenant l’apparence, Vous avez triomphé de l’objet de vos feux. Et ne prévois-tu pas que cette ressemblance Du Berger à son tour va seconder les voeux ? Tout respecte vos lois en ce séjour champêtre. Il ne vous reste plus qu’à vous faire connaître. L’amant le plus glorieux N’est pas toujours le plus aimable ; S’il était moins redoutable Souvent il n’en plairait que mieux. Celui qui plaît d’avantage N’est pas toujours le mieux traité. Heureux l’amant dont l’hommage Flatte l’orgueil d’une beauté ! Heureux l’Amant dont l’hommage Fait triompher la vanité. J’aperçois Palémon. Tâche, ami, de t’instruire Du soin qui dans ces lieux l’attire. Palémon, est-ce vous qu’en ces lieux je revois ? Vous qui d’une éternelle absence Vous étiez imposé la loi. Je viens revoir les lieux où j’ai pris la naissance. Vous y verrez toujours la charmante Doris. L’absence a triomphé du pouvoir de ses charmes : Et l’on ne verra plus mes larmes Nourrir son injuste mépris. Heureux mépris qui me dégage Des soins dont j’étais agité ! Plus j’ai souffert dans l’esclavage ; Plus je chéris ma liberté. Des plaisirs de l’indifférence Goûtez la charmante douceur : Ceux que promet l’Âmour n’ont qu’un charme trompeur. Des plaisirs de l’ïndifférence Goûtons la charmante douceur : Ceux que l’Amour promet pour récompense N’ont qu’un charme trompeur. Doris vers nous s’avance ; Fuyons un objet trop charmant. Sa présence à mon coeur ne cause point d’alarmes Bergers, m’est-il permis d’oser pour un moment D’un entretien secret troubler ici les charmes ? J’entretenais Arcas des biens pleins de douceur, Qu’un coeur indifférent trouve dans cet asile. Depuis quand Palémon vante-t-il le bonheur Qu’éprouve un coeur tranquille ? Depuis que j’ai perdu jusques au souvenir Des maux qu’Amour me fit souffrir. Malgré ses rigueurs, une ingrate Voudrait qu’on l’adorât toujours : Mais enfin l’orgueil qui la flatte, Écarte à jamais les amours. Ciel ! Quel est ce discours ? Et que voulez-vous dire ? Je dis que sous son Empire Doris n’aura plus le plaisir De me voir vainement soupirer, et gémir. Mais qu’a donc cet aveu qui doive vous surprendre ? Avez-vous dû prétendre Que mon coeur dans vos fers fût toujours arrêté ? Non, non. J’ai du prévoir que ta légèreté Serait le prix de ma faiblesse : Et que je perdrais ta tendresse Sitôt que mon amour aurait trop éclaté. Si les rigueurs des Belles De leur amour sont des preuves fidèles, Jamais amant ne fut plus fortuné que moi. Il te sied bien de te plaindre Des rigueurs que j’eus pour toi. Ah ! Plutôt à mes yeux, ingrat, cesse de feindre ; Et nomme-moi l’objet qui m’a ravi ta foi. L’objet qui m’enchante, Régnera toujours dans mon coeur. Liberté charmante ! Vous ferez toujours mon bonheur. L’Infidèle m’outrage après m’avoir trahie. Ô Ciel ! Punis sa perfidie. Ou plutôt terminant ma honte et mes malheurs, Dieux ! ôtez-moi la vie : Je ne puis être trop punie D’avoir aimé l’ingrat qui méprise mes pleurs. Bergère suspendez vos regrets et vos larmes, Celui qui reçut votre coeur, Brûle toujours pour vous de la plus vive ardeur ; Laissez les soins et les alarmes, À ceux qui vous offrent leurs voeux : Ce n’est point avec tant de charmes, Que l’on voit mépriser ses feux. Ciel ! Quel est ce prodige ? Et par quelle puissance, Vois-je ici deux bergers m’offrir les mêmes traits ? Plus amoureux qu’on ne le fut jamais, De Palémon j’ai pris la ressemblance. Ce n’est point Palémon qui frappe ici mes yeux ! Je suis le Dieu des Bois qu’on révère en ces lieux, Soumis à mon pouvoir suprême, Dryades et Sylvains sortez du fond des bois, De la beauté que j’aime, Venez reconnaître les loíis Sous votre empire, Nous nous rangeons tous, Le Dieu qui pour vous soupire, Règne sur nous. Pardonnez au stratagème, Que vient d’employer mon ardeur, C’est le Dieu d’amour lui-même. Qui sut l’inspirer à mon coeur. Je pardonne au stratagème, Que vient d’employer votre ardeur ; C’est le Dieu d’Amour lui-même, Qui me fait chérir mon erreur. D’une constance trop pénible Berger, vous n’avez pu supporter la rigueur, Un Dieu soumis et plus sensible, Par des soins assidus a su gagner mon coeur, Et je consens qu’il jouisse D’un bien qu’il doit moins à son artifice, Qu’à l’excès de son ardeur. Bergère, partagez la suprême puissance : D’un Amant glorieux ; Mais n’espérez pas que mes yeux, Soient les témoins d’un bonheur qui m’offense. Loin des lieux où l’on vient de ravir votre foi, Je vais pleurer un bien qui n’était dû qu’à moi. Redoublons l’ardeur extrême, Qui vient d’assurer mon bonheur, C’est le Dieu d’amour lui-même Qui sut tromper votre rigueur. Redoublons l’ardeur extrême, Qui vient d’assurer mon bonheur ; C’est le Dieu d’amour lui-même. Qui me fait chérir mon erreur. Qu’on applaudisse à ma victoire, Venez, Bergers, accourez tous : D’un triomphe si doux, Vous partagez la gloire. Fuyez loin de nous, Coeurs insensibles, Nos réduits paisibles, Sont-ils faits pour vous ? Votre indifférence Nous offense ; Nos ardeurs Condamnent vos froideurs. Si l’amour nous fait verser des larmes, Nos alarmes Ont des charmes Pour nos coeurs, D’un long esclavage Tôt ou tard il dédommage On trouve en ses faveurs Mille douceurs. Que les Dieux, que les Rois Viennent dans nos Bois, Chercher des Maîtresses sincères. Ce n’est que par nos bergères, Qu’un coeur bien enflammé, Peut se flatter d’être aimé. Viens, Amour, dans cette retraite ; Quitte ton arc et ton carquois : Et ne prend plus qu’une houlette , Pour ranger nos coeurs sous tes lois. Vous qui d’une beauté cruelle, Éprouvez l’injuste rigueur, Cherchez quelque ruse nouvelle, Pour faire approuver votre ardeur. Qu’importe comment on parvienne À vaincre une fière beauté, Pourvu que notre amour obtienne Le prix de sa fidélité ? Il n’est point de cruelle , Il n’est point de rebelle, Qu’un amant fidèle Ne désarme enfin. Tel quitte aujourd’hui sa bergère, Qui peut être le lendemain, Verrait son coeur moins sévère, Payer la flamme sincère, D’un heureux destin. Telle fait l’insensible, Qui gémir en son coeur D’une fierté pénible, L’Amour qui connaît son ardeur, Se rit de sa rigueur : On la voit fuir sans cesse L’objet de sa tendresse ; Mais son trouble et ses soupirs Trahissent ses désirs. Viens Amour dans cette retraite, Quitte ton arc et ton carquois. Et ne prend plus qu’une houlette, Peur ranger nos coeurs sous tes lois.