Arlequin vous donne aujourd’hui Une pièce bouffonne, Et quoi qu’elle vienne de lui Elle peut être bonne : Comme il est resté sans crédit Il fait tout de sa tête ; Heureux, s’il peut par son esprit Remonter sur sa bête. Vous croyez régner cette fois, Héros du Capitole, Et qu’Arlequin est aux abois Privé de la parole ; Mais il a fait peindre sa voix Pour soutenir son rôle. Je veux saluer ce laquais, Pourquoi le trouvez-vous mauvais ? Quand je lui fais la révérence Ce n’est pas me mésallier ; C’est le regarder par avance Comme un apprentis Maltotier. Le mariage est une affaire Qu’Isabelle a soin d’éviter, Elle fera comme sa mère Qui n’en a pas voulu tâter. Pour Isabelle mon amour En mille endroits s’est fait connaître, Et pour ses beaux yeux nuit et jour J’ai soupiré sous sa fenêtre : Elle se rit de mon ardeur, D’autres chatouillent mieux son coeur. Votre raison est claire, Mon teint est défleuri, Pour me guérir, mon père, Il me faut un mari. L’amour me fait la la la, L’amour me fait mourir. Un écolier lui tient au coeur, Un pédant cause ma langueur ; Léandre est l’amant d’Isabelle ; Mais s’il ne plaît pas a vos yeux, Je vous promets, foi de femelle, De les épouser tous les deux. Mon maître a fait un bouquet Vous allez avoir le fouet, Venir avec violence Corrompre mon innocence. Le fouet, le fouet, Vous allez avoir le fouet. Pour vous Léandre aujourd’hui je soupire, Abandonnez votre coeur à l’amour ; Sans vous j’expire, Si dans ce jour Nous n’allons faire ensemble quelque tour : Enlevez moi c’est ce que je désire. Nymphes dont les traits dangereux Font partout tant de malheureux, Chercheuses de pratique, Hé bien, Vous sentez l’Amérique, Vous m’entendez bien. Fuyez la femme et ses appas Croyez-moi, ne la voyez pas : On est presque toujours la dupe Des douceurs qu’elle fait sentir, Plus on s’approche de la jupe, Plus on est prêt du repentir. La femme ressemble aux ardents Qui nous égarent dans les champs : Elle brille, mais sa malice Met qui la suit, en grand danger De tomber dans un précipice Dont on ne peut se dégager. Quoi vous voulez voir l’histoire Des femmes de tous les temps, C’est un ténébreux grimoire Qui vous gâterait le sens. Des hommes lisez la vie Vous perdrez la sotte envie De suivre l’affreux chemin Qui conduit au féminin. La femme est venimeuse Cent fois plus qu’un serpent, Sa main est dangereuse À celui qui lui prend D’un air gai, etc. J’ai le pauvre cul tout en sang Vous en êtes la cause, Cherchez quelqu’autre courtisan, De vous aimer je n’ose. Mon maître et moi nous convenons, Que qui verra la fille Aura mille coups de bâton Et quelques coups d’étrille. Cachez votre Soyez plus modeste, Je n’ai pas dessein D’en tâter, ni du reste, Morguienne de vous, Quelle fille, Quelle fille, Morguienne de vous, Eh fis cachez vous.