Dis-moi, ma petite Fanchon Que portes-tu dans ton giron Ô reguingué. Prends bien garde à ta marchandise Car aujourd’hui tout est de prise. Ne touches point à mes oeufs frais Pourquoi tant les mirer de près Ô reguingué. Veux-tu voir si dans la coquille Quelque petit poulet fourmille. Que faites-vous là cousin Vous mangez mon fromage Eh bien si vous avez faim Mangés en jusqu’à demain Courage, courage. Que cet objet est charmant Me ravit et m’enchante Quel bonheur pour un amant Qui de sa beauté naissante Peut cultiver la plante Et l’arroser souvent. Laissés en repos Notre minagère Comme J’en avons affaire Morguienne de vous Quel homme, quel homme Morguienne de vous. Tu te mets en colère Petit mari Va, je n’ai point affaire D’un favori Tu seras toujours mon bouchon Mon joli mignon Et qui te plaira Ô gai lanla. Avant que de finir la scène Inventons quelque jeu gaillard Pierrot laisse bander ta veine Nous jouerons a colin-maillard. Nous jouissons au bord de ce rivage D’un sort heureux, d’un tranquille repos Et de l’amour nous fuyons le naufrage Plus dangereux que la mer et ses flots. Quel objet, j’en suis attendrie En vain j’appelle ma fierté Ah faut-il lui sauver la vie Aux dépends de ma liberté. Tâchons avec cette eau de vie De sauver ces deux malheureux Ne trouverai-je point en eux Quelque signe de vie. Échappé du naufrage Je rends grâce au sort D’avoir sur ce rivage Abordé votre port Et vogue la galère. Sensible a votre malheur À votre triste aventure Je vous offre de bon cour Turelure Ma chambre et sa garniture Robin turelure... Vous ne connaissez pas Ce dangereux corsaire Mais moi qui suis son frère Je vous le dis tout bas Ne vous y fiez pas. Quoi de ce beau seigneur Vous vous dites le frère L’amour le fit pour plaire Et vous faites horreur Vous n’êtes qu’un menteur. Savez-vous la raison pourquoi Mon cadet est plus blanc que moi Liron falarirette On l’a fait de jour, moi de nuit Liron falariri. Pour m’avoir sauvé du naufrage Ma chère enfant Je veux vous prendre en mariage Dès à présent. Menez moi dans votre logis J’ai besoin de changer d’habits. Je vous le dis encor un coup Il est plus à craindre qu’un loup S’il met le pied dans la maison Croyez moi prenez bien garde À votre cotillon. Dans notre brillante jeunesse Livrons nos cours a la tendresse Laissons murmurer la vieillesse Qui languit sous le poids des ans Dans notre brillante jeunesse Ne songeons qu’a passer le temps Dans notre village Chacun vit content Fidèle et constant Même après le mariage Vivez-vous ainsi Bonnes gens d’ici. Jamais une belle Dans notre hameau Ne descend sur l’eau Pour se trouver à javelle Vivez-vous ainsi Bonnes gens d’ici. Oh, écoutez petits et grands Mon histoire et mes ardeurs Depuis vingt ans je sers mon maître Un fourbe, un scélérat, un traître Dont je n’ai touché que dix sols Et qui m’a bien roué de coups. Je tremble à chaque instant de peur Il vient d’occire le Commandeur Il a débauché tant de filles Des plus honorables familles Que je crains qu’un Diable aujourd’hui N’emporte son valet et lui. Ah, Messieurs sauvez-moi des coups De mon maître en courroux. Je vous payerai pinte a dix sols Pour vous enivrer tous. J’admire d’un poltron la gloire Qui croit établie sa mémoire Par un superbe monument On le prendrait pour Alexandre Mais son histoire le dément Le lâche n’a pu se défendre. Quoi, c’est donc là ce Commandeur Que votre bras a mis parterre Pour vous faire épouser sa sour Veut-il vous faire encor la guerre Ah pour le coup il a grand tort Il mérite bien d’être mort. Veux-tu nous faire l’honneur Commandeur Dont la mine me fait peur De venir chez nous sans suite Manger une carpe frite. Ô le Diable d’homme Je suis confondu Monsieur voila comme Il m’a répondu Il aime la carpe La peste soit du goulu Lanturelu lanturelu. Ainsi je commence a croire Qu’on aime à boire Chez les morts Ainsi je commence a croire Qu’on aime à boire Sur les sombres bords Que cette parque inévitable Vienne aujourd’hui pousser mes jours à bout Je me moque de tout à table. Puisque Platon permet qu’on soit à table Lieu délectable Je verrai le trépas d’un oil serein Et là-bas comme ici je boirai du bon vin. Voulez-vous savoir l’histoire Des femmes de mon temps On en voit mille à la foire Venir avec leurs galants L’époux tranquille Garde au logis les enfants Comme un bon Gille. D’une jeune brune Vous causez l’ardeur La fortune Et vous aurez son cour. Quelle est donc cette brune aimable Cher Arlequin, allons la voir Vite, qu’on ôte la table Je reviendrai souper ce soir. Si je ne suis de ce repas Ma foi je n’irai pas Faites-moi donner un couvert J’ai l’appétit ouvert. À venir souper je t’engage Je veux ce soir sur mon tombeau Te régaler d’un mets nouveau Auras-tu ce courage ? Vous n’êtes qu’un perfide amant Qui mérite un châtiment Quand on est si volage eh bien Doit-on prendre pour gage Vous m’entendez bien. Vous vous plaignez injustement Nous vous aimons fidèlement Par un contrat en forme eh bien Attendez nous sous l’orme Vous m’entendez bien. Tout ceci n’est que vision Je donne peu dans la chimère Et poussons jusqu’au bout l’affaire Nous verrons peut-être a la fin Que c’est un tour à la Jobbin. Quel Repas et quels mets funestes Commandeur sont-ce là les restes De ton Infernale Maison Mais je veux passer mon envie J’en mangerai fut ce un poison Et dût il m’en coûter la vie. Viens ici que je te régale Don Juan donne-moi la main C’est ici ton heure fatale Et ton repentir sera vain Le Ciel se venge enfin Des maux dont tu l’outrages C’est ainsi qu’un libertin Voit terminer son destin. Mes gages, mes gages. Ven...