publié par Ernest FIEVRE février 2010
Ma fille.
J’ai six mille et quarante deux ducats de rente, et Don Alvar, mon cousin et prétendu beau-frère, est mon héritier si je n’ai point d’enfants.
On m’a dit qu’en me mariant avec vous j’en pourrais avoir autant que bon me semblera.
Venez donc dès aujourd’hui à l’Hostellerie d’Yllescas, où je vous attends pour traiter de l’un, et pour l’autre, nous y aviserons à loisir ; mais souvenez-vous que je suis dans une hostellerie, et qu’il y fait fort cher vivre en cette saison.
C’est pourquoi ne perdez point de temps, partez promptement, et mettez un masque avant que mon cousin vous aille trouver de ma part, car le soin de votre honneur commence déjà à me regarder, et vous ne devez point vous laisser voir que je ne le juge à propos.
Votre Mari Don Bertran de Cigarral.
Par devant Alonse Ruiz et Domingo Sanchez, Notaire Royaux à Tolède, s’est comparu Don Bertran de Cigarral, lequel de son bon gré, et sans aucune contrainte, a reconnu et confessé avoir reçu de Don Garcie de Contreras une sienne fille, avec ses taches bonnes ou mauvaises, se soumettant d’en faire au plutôt son épouse légitime, et de la lui rendre telle et aussi entière toutefois et quantes qu’elle lui pourra être demandée pour nullité de fait.
En témoin de quoi ils ont signé à Tolède ce 19. de Mai 1651.
Don BERTRAN DE CIGARRAL, ALONSO RUIZ, DOMINGO SANCHEZ.